Notes d`intention

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Notes d`intention
Notes d’intentions
1 - La scénographie
Il me faut en tout premier lieu savoir ou l’histoire va se dérouler, dans quel espace, et c’est à partir de cette
scénographie (choisi consciemment ou qui s’impose progressivement à moi) que va se définir tout le travail
dramaturgique.
En ce qui concerne les pièces dites de répertoire, il est évident que pour moi ce ne sera pas le décor (ni les
costumes) indiqué par l’auteur, mais une scénographie « contemporaine » qui sera proposée !
(Ce fût par exemple un cirque pour la Surprise de l’amour de Marivaux, et une maison miniature pour On
purge bébé… de Feydeau)
Pour Les « Femmes Savantes » c’est d’abord autour d’un grand lit incliné au centre du plateau, ou s’est réfugié
depuis longtemps « Chrysale », que s’est élaboré le décor : lit qui servira également par moments de refuge à
certains autres membres de la famille (structure sur système de trampoline !)
Le reste de la scénographie n’est qu’espace de circulations à différentes hauteurs : escaliers, paliers, podium,
déambulatoires, au service du reste de la famille, aux mains -et surtout aux corps- de la gent féminine et de leurs
invités !
La structure en métal et bois se veut « légère » afin de laisser tout l’espace aux jeux des comédiens.
Les costumes, quant à eux, emprunteront aux diverses modes -suivant le besoin et le caractère de chaque
personnage- du 17ème à nos jours ;
Cela pourra aller des perruques et des rubans de l’époque au pantalon de cuir !
Si vous prenez les chaussures de l’époque (fines et très pointues), vous remarquerez que cela est très
d’actualité !!!!!
2 - L’action et les personnages
Tout d’abord les personnages : ils fonctionnent par couple et la distribution a été pensée et élaborée en
constituant ces couples :
Chrysale et Ariste, son frère
Philaminte et Bélise , sa belle sœur
Armande et Henriette, sa sœur
Trissotin et Vadius, les poètes à la mode
Martine, la servante et le laquais
Et puis il y a Clitandre, le prétendant
Deux clans s’affrontent :
D’un côté, les femmes, voulant légitimement prendre le pouvoir et/où se libérer du joug des hommes ;
Comme moyens, l’accès au savoir et son apprentissage, mais en réalité, surtout leur pouvoir de séduction et leur
sensualité ! Elles ne cesseront donc pas d’afficher au public toute leur féminité et leurs appétits débordants !
... mais il ne faut pas le dire !....
Bien entendu tout mouvement de révolte et de libération comporte des abus et des exagérations (pas si loin de
nous, dans les années 60, le mouvement de libération des femmes !!!)
…en 2002, le salaire d’une femme est encore d’environ de 20% inférieur à celui de l’homme !
De l’autre côté, devant cette prise de pouvoir des femmes, les hommes, qui n’ont plus qu’à s’adapter et
« s’inscrire » dans ce qui leur reste comme place :
Alors, soit ils abandonnent, ou se suffisent à eux-mêmes, ou bien finissent par leur ressembler !… ou alors ils
en profitent !
… et de ce point de vue, on peut faire, là aussi, le pont avec l’actualité….
A l’encontre de la satyre féroce que Molière fait des femmes (mais qui n’était pas non plus tendre avec ses
compatriotes masculins !), la mise en scène tentera de faire ressortir la légitimité du combat de ces femmes et
de leurs appétits de vie, face à des hommes beaucoup plus timorés ou calculateurs !
Le pouvoir, l’argent, la confrontation des sexes et le glissement des identités mèneront la danse dans cette ronde
incessante !
Un chef de famille gros dormeur et gros mangeur
Un frère, aux tempes grisonnantes, uniquement préoccupé de son pouvoir de séduction auprès de son public
(principalement celui de la salle, ce qui lui fait jouer tout de face !…comme au 17eme !)
Deux poètes, « drag queen » avant l’heure, et qui, en s’identifiant aux femmes, peuvent très bien se passer
d’elles ! Sauf quant il s’agit de faire apprécier leurs poésies !
Et un amoureux -aux dents longues - qui « saute » sur tout ce qui bouge !
…….
Une nympho mytho…..
Une mère qui redevient femme
Une bonne de tous les bords qui s’amuse de ce foutoir et endosse tout les rôles pour se cacher,
Et deux filles rivales - mais complices - dont l’une veut s’échapper de cette maison, et la seule échappatoire à
cette époque, reste le mariage !
…En tout les cas, toutes des corps en appétit !....
3 - Dramaturgie, quelques questions …
En mettant en scène les Femmes Savantes, on monte quoi ?....
La pièce de Molière où le résultat de toutes les mises en scènes qui ont existé entre la date de sa création-1672et aujourd’hui en 2004 ?
Comment une œuvre s’imprègne-t-elle du temps qui passe et se présente-t-elle à nous ?
Nous parle-t-elle encore et comment ?
De quoi parle t-on quand on monte les Femmes Savantes ?
…de la pièce ?
…où de tout autre chose ?
Tout œuvre est-elle universelle ?
Le « respect » d’un texte, cela veut dire quoi ?………
Voila un certain nombre de questions que nous nous poserons et qui n’obtiendront probablement pas ou peu de
réponses !
Mais peu importe, elles auront été posées !
J.Ensor
4 - La distribution
Principalement une équipe qui a déjà travaillé avec la compagnie et qui connaît donc son approche du travail ;
Martine Lucciani, Babeth Fouquet, Arnaud Saury, Daniel Strugeon,
mais aussi
Thierry Cholet, Frédéric Guerbert, Karina Ketz rencontrés au cours de plusieurs stages de formations et
d’entraînements ;
Trois « nouveaux venus » : Emilie Laparre , Fanny Rousseau rencontrées dans les classes théâtre du Lycée Laure
Gatet de Périgueux et qui sont sorties en 2003 de l’école de l’ERAC de Cannes , ainsi qu’Hélori Philippot.
Et puis Etienne Dousselin pour les lumières (Lenz de Buchner et Du luxe et de l’impuissance de Lagarce)
Matthieu Chevet, régisseur général (Gouttes de silence, Lenz, Eden, Eden, Eden de P. Guyotat, Du Luxe et de
l’impuissance), Herve Rigaud pour la musique originale (musique originale du « Mouchoir » de A.J.
Rudefoucauld), Fanny Mandonnet et Michèle Bernet pour les costumes et les maquillages (Marivaux, Feydeau,
Beckett et stages)