COMMENT DÉFENDRE SON BUDGETFACE AUX FINANCEURS

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COMMENT DÉFENDRE SON BUDGETFACE AUX FINANCEURS
ARTICLE
L’ESSENTIEL
Article extrait de jurisassociations n° 432 du 1er février 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr
FINANCEMENT
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ANALYSE
FINANCIÈRE
COMMENT
DÉFENDRE SON
BUDGET FACE
AUX FINANCEURS
PUBLICS ?
 Le budget prévisionnel constitue
l’élément essentiel d’analyse
de la viabilité économique des
projets d’une association.
 Il est systématiquement
exigé dans les dossiers de
demande de subvention et sert
de support de dialogue avec les
financeurs publics sollicités.
Un budget prévisionnel se construit sur l’exercice à venir (une année
civile), mais il est conseillé de le bâtir sur trois exercices dans une
logique de pilotage et d’anticipation des difficultés éventuelles et des
besoins de financement. Les éléments constitutifs du budget prévisionnel diffèrent de ceux du plan de trésorerie, ce dernier recensant
l’ensemble des encaissements et décaissements prévus chaque mois.
À QUOI SERT LE BUDGET PRÉVISIONNEL ?
Le budget prévisionnel permet de déterminer la viabilité économique des projets : compte tenu des hypothèses liées à la mise
en œuvre des activités, les produits couvrent-ils l’ensemble des
charges ? Le résultat est-il équilibré ?
Le budget prévisionnel est le reflet des choix stratégiques de l’association. Il sert également de support de dialogue avec les financeurs publics sollicités pour soutenir les projets de l’association. Un
budget prévisionnel doit être suivi et actualisé en cours d’année afin
de permettre à l’association de
S’il est de plus en plus admis qu’une association peut
mesurer les éventuels écarts
et doit dégager des résultats pour se constituer une bonne assise
entre le réalisé et le prévisionnel
financière, comment l’expliquer à ses partenaires publics ? Plus
et apporter les mesures correcgénéralement, comment défendre son budget face à ses financeurs ?
tives qui s’avèrent nécessaires.
AUTEUR
TITRE
L
Cécile Katlama
Chargée de mission,
CNAR Financement – France Active
e compte de résultat prévisionnel ou budget prévisionnel
est la traduction chiffrée des décisions que prend une association et des projets qu’elle envisage. Il recense, sous forme de tableau
en deux parties, toutes les charges et tous les produits au cours d’un
exercice. Le budget prévisionnel se compose de trois parties :
 la partie exploitation recense tous les produits et toutes les charges
liés au fonctionnement courant ;
 la partie financière comptabilise les produits et les charges induits
par les choix de financement ;
 la partie exceptionnelle évalue les produits et les charges liés à des
opérations non récurrentes.
jurisassociations 432 - 1er février 2011
COMMENT CONSTRUITON LE BUDGET
PRÉVISIONNEL ?
Pour s’assurer de la fiabilité des
informations du budget prévisionnel, il est nécessaire de
reprendre toutes les hypothèses
sur les perspectives d’activité
de l’association dans le but de
mesurer leurs impacts sur les charges et les produits et de chiffrer les
résultats prévisionnels. Il convient pour cela d’estimer :
 l’ensemble des charges : charges externes induites par l’activité, charges de personnel, impôts et taxes s’il y a lieu, intérêts des
emprunts liés au financement de l’activité, amortissement des investissements, etc. ;
 l’ensemble des produits : cotisations, recettes d’activités économiques, subventions, etc.
Si une association dépose une demande de financement pour une
action ou un projet qui s’intègre au fonctionnement de la structure
existante, il est recommandé de présenter deux budgets distincts :
 un premier, relatif à l’action faisant l’objet de la demande de finan-
cement. Le budget de l’action doit comprendre les produits et les
charges générés par le projet ainsi qu’une partie des charges indirectes
(frais de structure) imputables à l’action. Il apparaît essentiel pour
l’association de bien évaluer le coût de l’action dans son ensemble et
d’estimer le montant des charges indirectes (une partie du loyer du
siège, de la masse salariale du personnel administratif, etc.) ;
 un deuxième budget portant sur la structure dans sa globalité doit
être présenté. Ce budget intégrera également les données concernant l’action envisagée.
Un modèle de budget prévisionnel sous format Excel est téléchargeable sur le site ww.solfia.org1. Les associations employeurs
peuvent également mobiliser le
dispositif local d’accompagnement (DLA). Sur la base d’un
diagnostic partagé de la situation et des projets de la structure, le DLA peut être amené
à préconiser et financer un
accompagnement à la mise en
place d’outils de gestion2.
Afin de donner des éléments de comparaison aux financeurs
publics, il est intéressant de disposer de données sur les budgets
de structures intervenant dans des champs d’action similaires à
celui de l’association, de taille et de fonctionnement comparables,
confrontées à des contraintes réglementaires et environnementales
analogues. Certaines fédérations associatives disposent de données
sur le modèle économique de leurs adhérents dont on peut extraire
certains ratios, supports à la présentation argumentée de son budget.
Valorisation de l’implication d’autres financeurs
Un financeur public sera sensible au cadre multipartenarial du
projet de l’association et au caractère mixte de ses ressources. Il
convient ainsi d’insister s’il y a lieu :
 sur l’implication d’autres cofinanceurs publics dans l’action ;
 sur la mobilisation de recettes économiques pour financer le
projet (cotisations, vente de prestations, etc.) ;
 dans le cas d’une sollicitation
de subvention d’investissement,
sur la participation d’autres
partenaires pour financer le
bien à acquérir (mobilisation
d’apports de fonds remboursables auprès d’organismes du
type France Active ou recours à
un emprunt bancaire) ;
 sur le contenu des contributions volontaires en nature3. Neutres en termes comptables, elles
permettent cependant de valoriser l’implication d’autres partenaires
(dans le cas d’une mise à disposition de locaux à titre gracieux, par
exemple) ainsi que l’implication des bénévoles, qui rendent compte
du caractère collectif du projet de l’association et permettent de relativiser le poids du financement public.
Le budget prévisionnel d’une
“
association constitue un véritable
outil d’aide à la décision pour les
financeurs publics
COMMENT PRÉSENTE-T-ON LE BUDGET PRÉVISIONNEL ?
Le budget prévisionnel d’une association constitue un véritable outil
d’aide à la décision pour les financeurs publics dans leur choix d’octroi
de financements. Plus une association sera transparente sur les
éléments de son budget et leur lien avec ses activités, plus elle instaurera une relation de confiance avec ses financeurs publics et plus ces
derniers seront disposés à lui apporter leur concours financier.
”
Nécessité de dégager un résultat excédentaire
Maîtrise des aspects qualitatifs et quantitatifs du projet
Avant de présenter un budget prévisionnel à un financeur public,
il convient de maîtriser parfaitement tous les aspects qualitatifs
et quantitatifs des activités de l’association et de s’être livré à une
analyse détaillée de leurs différents impacts. L’objectif est d’être en
capacité de démontrer le lien entre certains postes de charges et la
qualité ou la valeur ajoutée du service rendu par la structure. Par
exemple, une association qui présenterait un budget pour une activité d’accueil du jeune enfant devra expliquer le lien entre les postes
de charges du personnel et la qualité de l’accueil des enfants (en
particulier, renforcement de l’équipe lorsqu’un enfant handicapé
est accueilli, au moment des repas, etc.).
1. www.solfia.org est un site dédié aux
dirigeants associatifs qui souhaitent s’informer sur la recherche de financements
et sur les solutions d’accompagnement.
2. Plus d’informations sur le
DLA sur www.avise.org.
3. Voir définition sur www.solfia.org
> « Lexique ». Le dossier du prochain
numéro sera consacré à cette question.
4. Pour étoffer l’argumentaire sur la
nécessité pour les associations de
dégager des résultats, se reporter
au guide sur les fonds propres téléchargeable sur www.solfia.org.
La mise en œuvre d’une action doit permettre à l’association de
dégager un résultat excédentaire, raisonnable, et justifié par la structure. Cet excédent permettra à l’association de se constituer et/ou
de renforcer ses fonds propres pour faire face aux décalages de paiement des subventions – l’arrivée d’un nouveau partenaire financier peut créer des décalages de paiement et générer de nouveaux
besoins de trésorerie –, lancer de nouveaux projets, etc.4
Le budget prévisionnel, élément déterminant de l’analyse économique des projets de la structure, ne permet pas à lui seul de juger de
sa situation financière. Il convient pour cela de procéder également
à l’analyse des bilans passés de l’association. 
Cet article a été rédigé avec le concours de France Active
et du CNAR Financement.
1er février 2011 - jurisassociations 432
Article extrait de jurisassociations n° 432 du 1er février 2011. Reproduction interdite sans l’autorisation de Juris Éditions © Éditions Dalloz – www.juriseditions.fr
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