Intervention du Directeur de l`Agence mondiale antidopage
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Intervention du Directeur de l`Agence mondiale antidopage
16ème Colloque National de Lutte et de Prévention du Dopage Intervention du Directeur de l’Agence mondiale antidopage Monsieur Olivier NIGGLI Directeur in waiting de l’Agence mondiale antidopage Je suis toujours heureux de participer à ce colloque et c’est, en effet, pas la première fois que j’y participe. Le Code mondial antidopage révisé, adopté en 2013 à Johannesburg, est entré en vigueur le 1er janvier 2015. La première mission de l’AMA a consisté à s’assurer que les règles de toutes les organisations antidopage soient en conformité avec le nouveau Code. Notre programme se focalise désormais sur la bonne mise en pratique des règles antidopage. Sans cette conformité, le programme antidopage perd toute substance. A l’exception de quelquesuns, qui figurent sur notre site Internet, la plupart des pays sont en conformité. La France a beaucoup travaillé pour se doter d’une législation conforme au Code. La particularité de la France réside dans l’application des règles antidopage dans le cadre d’une législation complexe, qui rend les changements délicats, tant sur le fond que sur la forme. Je tiens à rendre hommage au Ministre et à ses équipes ainsi qu’à l’AFLD pour leur travail. La France est désormais dotée d’une législation plus performante et plus proche que jamais du Code mondial antidopage. En pratique, l’AMA dispose d’un nouveau programme d’évaluation, articulé autour de différents outils. En premier lieu, toutes les organisations antidopage devront remplir un long questionnaire, encore en développement, portant sur tous les éléments du code. Il permettra à l’AMA d’obtenir une vision d’ensemble de la situation et d’établir sa liste de questions encore à résoudre dans chaque pays. Chaque organisation y fera part de sa propre évaluation. En croisant les informations dont elle dispose, l’AMA organisera des vérifications sur le terrain. Il ne s’agit pas de mettre en défaut les organisations antidopage, mais de les aider à améliorer leur système, dans l’intérêt des athlètes. Une fois ce processus engagé, l’AMA établira un rapport circonstancié comprenant des propositions d’amélioration. Un dialogue s’instaurera alors avec les organisations antidopage. S’il ne fonctionne pas, un comité de mise en conformité indépendant, composé d’experts en matière de conformité, aura pour rôle de rassembler les éléments et de livrer des recommandations auprès de l’AMA, qui prendra une décision en dernière instance. Ce processus, certifié ISO, permettra d’élever globalement le niveau de la lutte antidopage. Il donnera également confiance aux athlètes qui sauront qu’un système efficace est mis en place pour leur protection. Une non-conformité pourra entraîner différentes exclusions, notamment celle du laboratoire et des conséquences relevant de la charte olympique ou des règles des FI. Récemment, la Russie et son agence antidopage, RUSADA, ont été déclarées en nonconformité, en raison de mauvaises pratiques. Le rapport a aussi mis en évidence l’existence d’un système parallèle au sein de l’athlétisme. Pendant la période de suspension de son agence la Russie a accepté de financer l’organisation de tests par l’agence anglaise (UKAD). Un programme de tests et de suivi des athlètes russes a pu être mis en place. La suspension du laboratoire pose également problème. 7 16ème Colloque National de Lutte et de Prévention du Dopage Si les échantillons urinaires peuvent être envoyés à d’autres laboratoires accrédités, les échantillons sanguins, indispensables pour le passeport de l’athlète, sont problématiques puisque le délai entre le prélèvement et l’analyse est limité. Le laboratoire de Moscou a accepté sa révocation et nous pouvons commencer la phase de réaccréditation de ce laboratoire. Avec l’aide de l’AMA, les tests sanguins, seront donc rapidement disponibles. En outre, des experts internationaux, employés par l’AMA, s’assureront que la reconstruction de l’agence russe s’effectue de façon adéquate. La présence des athlètes aux JO, quant à elle, relève uniquement de la compétence de la Fédération internationale d’athlétisme. Sur l’athlétisme, une enquête pénale est en cours et nous ne commentons pas les enquêtes en cours. Toutefois, je souhaite insister sur l’importance de la collaboration des athlètes et des donneurs d’alerte. Les organisations antidopage et les fédérations internationales sont limitées à la collecte des preuves et de témoignages volontaires. En l’espèce, l’AMA a bénéficié de la coopération de certains athlètes, certains en échange d’une réduction de leur suspension, et du travail journalistique d’une chaîne de télévision allemande. La commission s’est surtout attelée à vérifier les informations disponibles. L’AMA reçoit de nombreux appels à investigations dans différents pays. Cependant, si ces investigations ne sont pas basées sur des éléments concrets, les chances d’aboutir sont faibles. Il est donc important qu’une législation permette aux douanes et à la police d’intervenir, avec leurs moyens. Mettre en place ce type de législation dans les pays qui n’en disposent pas encore constitue un élément important. Le mouvement sportif et les organisations antidopage à leur niveau peuvent mettre en œuvre un système efficace encourageant les athlètes à collaborer. Pour ce faire, il faut leur garantir certaines protections : anonymat, réduction des sanctions, assurance que les informations fournies seront traitées, etc. Nos priorités pour l’avenir sont les suivantes : Le suivi de la mise en conformité et de l’application des règles, l’augmentation, au niveau mondial, du niveau de la lutte antidopage, la poursuite du développement du passeport de l’athlète, le renforcement du traitement l’information, le renforcement de l’éducation, des jeunes notamment. Enfin, le CIO a émis l’idée de créer une entité unique qui reprendrait les tests de toutes les fédérations internationales. Cette question est discutée dans les instances de l’AMA, avec les fédérations internationales et le CIO. Cette idée a le mérite de poser la question des conflits d’intérêts, réels ou supposés, des contrôles effectués par ces fédérations dans leur sport. La discussion va se poursuivre. Je souhaite que la France continue à être une nation active contre le dopage et un partenaire important de l’AMA. 8