Stimulation cérébrale profonde et maladie de Parkinson Deep brain
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Stimulation cérébrale profonde et maladie de Parkinson Deep brain
Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 http://france.elsevier.com/direct/ANNRMP/ Article original Stimulation cérébrale profonde et maladie de Parkinson Deep brain stimulation and Parkinson’s disease D. Boisson a,b,c a Service de rééducation neurologique, hôpital Henry-Gabrielle, hospices civils de Lyon, 20, route de Vourles, 69230 Saint-Genis-Laval, France b Service de rééducation, hôpital Pierre-Wertheimer, hospices civils de Lyon, 59, boulevard Pinel, 69500 Bron, France c Espace et action, Inserm unité 864, 16, avenue du Doyen-Lépine, 69500 Bron, France Reçu le 19 avril 2008 ; accepté le 19 avril 2008 Résumé Dix ans après la révolution thérapeutique, née de la découverte de la L-dopa, quelques équipes pionnières installaient la renaissance d’un nouveau traitement chirurgical stéréotaxique, mais non ablatif, issu de la révélation de l’intérêt de la stimulation à haute fréquence. Trois cibles sont retenues comme siège d’une inhibition fonctionnelle réversible : le noyau ventral intermédiaire (Vim), le pallidum interne (GPI) et le noyau sousthalamique (NST). La stimulation unilatérale ou bilatérale, modulable et éventuellement réversible a abouti à une collaboration médicochirurgicale exceptionnelle, dans des centres experts, autour du contrôle de la triade symptomatique de la maladie. Initialement, la stimulation est réservée aux formes évoluées de la maladie, après la période du contrôle médical des performances motrices, tandis que les effets péjoratifs de l’évolution comme du traitement s’installent. Puis, la recherche des critères de sélection et le contrôle rigoureux de la préparation au geste stéréotaxique comme de la période per- et postopératoire, en collaboration avec le patient et son entourage, ont amené progressivement les différentes équipes à un recours plus précoce à cette nouvelle option du traitement, réservé à des cas retenus dans une totale concertation médicochirurgicale. Les prémices d’un déclin cognitif et postural comme le stade de résistance avéré à la L-dopa tendent à devenir de vraies contre-indications. Malgré la relative faiblesse initiale des études contrôlées pour des effectifs limités de patients, la multiplication des études de suivi dans la durée, au sein d’études multicentriques de grande qualité, a permis de valider les pratiques dans le respect de différences liées aux compétences initiales des équipes. En Europe d’abord, la cible sous-thalamique s’est imposée ; elle tend à se généraliser. Un nouvel objectif s’impose, la recherche du maintien d’une qualité de vie pour le patient au-delà du seul bénéfice moteur. L’adaptation sociale chez un patient encore relativement jeune est aussi prise en compte. Si cette démarche de recherche clinique exemplaire, efficace pour le patient, n’a pas transformé le pronostic de la maladie à long terme ni réduit l’intérêt d’un traitement médical de mieux en mieux contrôlé, elle continuera d’enrichir la compréhension de la pathologie dégénérative et de son extension ; elle demeure sans doute riche d’avenir dans un contexte de progrès technologiques constant, probablement bien au-delà de la maladie de Parkinson. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Abstract Ten years after the therapeutic revolution that emerged from the discovery of L-dopa, some pioneer teams led the rebirth of a new nonablative stereotaxical surgical treatment, which came from the interest of high frequency stimulation. Three targets were retained as the main location of a reversible functional inhibition: Vim, GPI and STN. The unilateral or bilateral stimulation, adjustable and possibly reversible, led to an exceptional medicosurgical collaboration, within expert dedicated places, based on the control of the Parkinson’s disease’s (PD) triad. The stimulation was initially applied to the most advanced forms of PD, after the medical control period of the motor performance, when the pejorative effects of the evolution settled and/or when side effects of the treatment appeared. Subsequently, the research of selection criterions and the strict control of the stereotaxical procedure during the per- and postoperatory period, with the collaboration of the patient and his family, progressively brought different teams to an earlier indication of this new treatment option, up to now reserved for fully medicosurgical concerted cases. Apparition of cognitive and postural decline as well as the known resistance stage to L-dopa tend to become a real contra-indication. Despite the initial relative weakness of controlled studies with limited number of patients, the multiplication of follow-up studies among high quality multicentric cohorts enabled the validation of practices respecting the differences related to the initial background of each different team. In Europe first, the prevalence Adresse e-mail : [email protected]. 0168-6054/$ – see front matter # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. doi:10.1016/j.annrmp.2008.04.008 492 D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 of the subthalamic target is now to be generally admitted. A new objective is now imposing itself: trying to maintain the patient’s quality of life, beyond the only motor benefit. The social adaptation of a young patient is now also taken into account. If this exemplary clinical research approach, efficient for a few highly selected patients, has not transformed the long-term prognostic of the PD, it will continue to improve the comprehension of this degenerative pathology and its extension. It still remains hopeful for the future in the actual constant technological progress, and that probably beyond the only PD. # 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Maladie de Parkinson ; Traitement ; Stimulation cérébrale profonde Keywords: Parkinson’s disease; Therapy; Deep brain stimulation 1. Introduction La fréquence de la maladie de Parkinson, comme l’insuffisance des traitements médicaux alors disponibles, avait largement participé à l’essor de la chirurgie stéréotaxique, dès la fin des années 1950. Il s’agissait alors d’une chirurgie fonctionnelle ablative dont les cibles s’étaient progressivement concentrées vers le thalamus et le pallidum. Une compétence nouvelle, développée par quelques équipes très spécialisées, avait pour objectif l’atteinte, avec précision et reproductibilité, d’une cible choisie et minutieusement repérée radiologiquement [24]. Dix ans plus tard, à la fin des années 1960, l’application aux patients de la L-dopa thérapie constitue une véritable révolution thérapeutique née de la recherche pharmacologique moderne. Une étape supplémentaire marquante, autour de 1967, est la mise en évidence de l’intérêt d’une introduction progressive du traitement, pour améliorer la tolérance et repousser l’apparition des effets secondaires de type dyskinétique. La L-dopa, enrichie des différents agents dopaminergiques développés depuis, s’impose comme le chef de file d’une véritable révolution thérapeutique de la maladie de Parkinson. Elle le reste depuis. Pendant quelques années, seules certaines situations de tremblements, tremblements essentiels ou tremblements résistants à la dopathérapie continuent d’être traités chirurgicalement par la coagulation d’une cible thalamique, le noyau ventral intermédiaire (Vim). Pourtant, même si le traitement médical, L-dopa seul, puis en association aux inhibiteurs de la dopa-décarboxylase ou de la mono-amine-oxydase B (MAO-B) ou de la catéchol-O-méthyl transférase (COMT), et/ou autres agents dopaminergiques, ne cesse de s’enrichir, la décennie des années 1980 voit le retour de la chirurgie fonctionnelle, alors que la difficulté du contrôle par le seul traitement médical se confirme, tandis que la maladie évolue. Le déficit dopaminergique striatal et le dysfonctionnement du réseau cortico-sous-cortical qui en découle demeurent l’enjeu central dans le cadre d’une pathologie dégénérative progressive qui ne comporte toujours aucune thérapeutique étiologique. En règle générale, après huit à dix ans de traitement médical bien contrôlé parfois plus tardivement, les difficultés et les limites de la correction se confirment. Pour le patient, c’est la fin de la « lune de miel », pour la communauté scientifique neurologique, c’est l’émergence d’un nouveau regain d’intérêt pour une nouvelle chirurgie fonctionnelle stéréotaxique. La chirurgie ablative n’avait pas été abandonnée dans d’autres indications (dystonies, tics) moins fréquentes et non accessibles à un traitement médical spécifique. Les possibilités nouvelles de la stimulation cérébrale profonde ont transformé leur approche thérapeutique [27]. 2. La renaissance de la chirurgie fonctionnelle : la stimulation cérébrale profonde dans le cadre de la maladie de Parkinson, les origines d’une aventure pluridisciplinaire La stimulation électrique du système nerveux central à basse fréquence, excitatrice, avait été utilisée dans les années 1950 dans le cadre du traitement de la douleur [47]. Son intérêt avait été conforté par la description de structures endomorphiniques périacqueducales, comme par le succès de la théorie du gate control de la douleur [48] dans des situations physiopathologiques douloureuses variées. La découverte peropératoire et quasi fortuite [4] d’un effet inhibiteur réversible de la stimulation à haute fréquence, lors d’un geste de thalamotomie pour tremblements essentiels chez un patient éveillé, constitue une étape plus récente et particulièrement décisive pour l’avenir de la neurochirurgie fonctionnelle de la maladie de Parkinson : le concept d’inhibition fonctionnelle réversible des noyaux gris centraux parfois qualifié, initialement, de brouillage était né. En outre, la description d’un nouveau schéma fonctionnel des boucles cortico-sous-corticales, au niveau des ganglions de la base [1] qui s’accompagne d’une révision de l’interprétation de la maladie de Parkinson [9], participe au choix des cibles. L’expérimentation animale chez le singe MPTP, modèle animal reconnu de la maladie [5], confirme la correction de la triade symptomatique comme la reproductibilité et l’innocuité de la stimulation à haute fréquence (autour de 130 Hz). Pour quelques équipes d’experts formées à la stéréotaxie, ces techniques s’imposent alors comme une alternative à la chirurgie ablative. Aux différentes cibles de la chirurgie lésionnelle, Vim du thalamus, pallidum interne (GPI), vient s’ajouter le noyau sous-thalamique (NST), structure clé du contrôle moteur sous-cortical dont la destruction n’était pas envisageable, en particulier du fait du risque d’hémiballisme. La stimulation bilatérale à haute fréquence, réversible et modulable, chez un patient éveillé pendant le repérage stéréotaxique s’avère rapidement riche de promesses pour l’équipe pionnière grenobloise, où une cible favorite s’impose rapidement, le NST, tandis que la stimulation du pallidum D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 interne reste préférée par de nombreuses autres équipes dans le monde [68]. Après deux études préliminaires [57,41] où la stimulation à haute fréquence du NST confirme, chez le sujet parkinsonien, la qualité des résultats de l’expérimentation animale, tant sur le plan des effets antiparkinsoniens que sur celui des fluctuations motrices et des dyskinésies induites par la L-dopa, le choix de la chirurgie fonctionnelle s’oriente vers cette nouvelle cible. Les indications sont alors réservées aux formes sévères et évoluées de la maladie ; celles pour qui, malgré un traitement médical bien contrôlé, le bénéfice recherché l’emporte sur le risque opératoire forcément encouru [40]. Les résultats sont retrouvés dans une courte série canadienne menée en double insu [37]. À un an, il se confirme la possibilité d’une réduction significative de la dose journalière de L-dopa, en moyenne 50 %, associée à un bénéfice moteur important évalué par les scores II et III de l’échelle UPDRS, et à un contrôle très significatif des dyskinésies induites par le traitement [22]. Une étude rétrospective [35] sélectionne les formes à début précoce, avant 40 ans, mais traitées depuis 16 ans en moyenne avec des scores de Hoehn et Yahr élevés (2 à 3 en phase on, 4 à 5 en phase off), témoins d’une sensibilité à la L-dopa. Il s’agit d’une étude comparative, cinq cas de stimulations pallidales internes et huit cas de stimulations sous-thalamiques. Sous stimulation bilatérale chronique et dans les différentes situations de traitement, les effets moteurs favorables sont jugés comparables dans les deux populations concernées. La stimulation du GPI est capable d’interrompre instantanément les dyskinésies induites par le traitement, mais ne permet pas de diminuer les doses de L-dopa. Cet avantage est le témoin d’une différence d’action selon la cible. Mais il est compensé pour la stimulation de la cible NST par une remarquable possibilité de réduction du traitement médical dopaminergique dans le seul groupe NST [73]. Il se confirme aussi pour ces patients que le test à la dopa, proposé en période off après 12 heures de sevrage, constitue le meilleur marqueur prédictif quant aux résultats favorables de la stimulation du NST : les effets de la stimulation sont proches ou égaux, mais jamais supérieurs, à la meilleure réponse possible au traitement médical. En outre, dans la durée, l’effet anti-akinétique s’avère supérieur dans le groupe NST où l’aggravation des dyskinésies en phase on peut être corrigée par une nouvelle adaptation concertée du traitement. L’absence d’effets de la stimulation sur les symptômes « non moteurs », fatigue et apathie, incite à ne pas rechercher une interruption totale du traitement médical dopaminergique. La première étude contrôlée internationale du groupe Deep brain stimulation of the subthalamic nucleus or the pars interna of the globus pallidus in Parkinson’s disease (2001) [8] réunie les résultats colligés pour 96 patients stimulés au niveau du NST, d’une part, et pour 38 patients au niveau du GPI, d’autre part, au sein de 18 centres de référence pendant quatre ans, de 1995 à 1999. L’objectif est la généralisation du contrôle des pratiques, pour chaque équipe pluridisciplinaire : indication, contrôle des paramètres de stimulation pendant l’étape stéréotaxique de l’implantation, surveillance précise et évaluée 493 de la période postopératoire. Les possibilités de réversibilité du geste, le bénéfice supplémentaire des stimulations bilatérales et contrôlables dans la durée sont autant d’arguments décisifs malgré les risques inhérents au geste opératoire. L’accent est mis sur l’importance d’un partage des protocoles même si une évaluation commune indispensable aux études multicentriques doit se faire dans le respect des pratiques locales, dans une approche complète et organisée mais « pragmatique » dans un maximum de proximité autour des patients. Les différentes séries courtes rapportées dans la littérature sont venues confirmer la majorité de ces résultats en insistant sur la nécessité d’une sélection très rigoureuse des patients, tandis que la pratique du test à la L-dopa, en préopératoire, se généralisait [7,31,55,59,61,73]. Une nouvelle étude prospective grenobloise [33] confirme, sur cinq ans, la qualité et la durée des résultats moteurs (49 patients) avec une exception pour le langage qui n’apparaı̂t jamais amélioré. Malgré l’absence de groupe témoin, l’aggravation de l’apathie, des troubles de la posture et de la marche, parfois des fonctions cognitives apparaı̂t en lien avec l’histoire naturelle de la maladie et conforte l’intérêt d’une indication chirurgicale moins tardive chez des patients plus jeunes. Une première évaluation neuropsychologique de l’évolution postopératoire [2], 62 cas de formes évoluées de la maladie sélectionnés selon les critères d’inclusion en vigueur, confirme l’impression clinique partagée d’une absence de déficit cognitif significatif pendant la stimulation, quel que soit le site (NST ou GPI), alors qu’une altération de la fluence lexicale, en phase on de stimulation, est souvent constatée. Les résultats sont confirmés sous stimulation en aigu par une étude complémentaire [54]. Plusieurs études s’attachent à la recherche des critères cliniques du bon pronostic postopératoire [71,75] et confirment la qualité des critères d’inclusions classiques. L’évaluation très rigoureuse en préopératoire (un mois avant), puis en postopératoire (trois ou six mois après), alors que s’est installée une phase de stabilité des effets, explore la situation clinique par les différentes sections du score de l’UPDRS [18] (activité de la vie quotidienne [AVQ], de la section II ; « score axial » de la section III) dans les différentes situations possibles du traitement postopératoire. Les résultats de l’analyse statistique confirment que la sévérité des complications relatives au traitement médical, et en particulier les dyskinésies induites par la L-dopa, n’est pas un facteur prédictif. Pour certains, il serait plutôt, à long terme, un argument en faveur de la stimulation [71]. L’amélioration de l’autonomie motrice en période off du traitement, comme la diminution des dyskinésies au fil des semaines, pourrait traduire un fonctionnement plus favorable des boucles sous-corticales, témoignant du caractère plus régulier des effets du traitement à la dopa associé à la stimulation chronique. À l’inverse, la fréquence des réactions dépressives et/ou apathiques, parfois constatée malgré le respect des critères d’exclusion, pourrait correspondre à la diminution d’un effet cognitif complémentaire de la dopa chez des patients qui, traités depuis longtemps, auraient développé un certain niveau d’addiction au traitement [71,25]. 494 D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 L’étude multicentrique européenne et canadienne rapportée par Rodriguez-Oroz et al. en 2005 [60] compare les conditions d’évolution du traitement et le déclin relatif des effets à long terme. Il s’agit d’une nouvelle étude, dans la continuité de celle de 2000 [59], pour des patients suivis pendant quatre ans de plus. Les effets secondaires liés à l’implantation chirurgicale sont surtout fréquents pendant la période postopératoire au cours des premiers mois, tandis que l’adaptation du traitement doit s’effectuer dans la meilleure évaluation possible du rapport bénéfice/risque. À plus long terme, l’aggravation devient significative en période on du traitement médical, elle concerne les activités de la vie courante, la qualité de la marche et de l’équilibre ainsi que le déclin cognitif et la détérioration de l’humeur. Ainsi, l’existence d’une atteinte axiale débutante et/ ou d’un déficit cognitif débutant, même modérée, est reconnue comme un facteur péjoratif, au même titre que l’âge et la durée d’évolution de la maladie. La nécessité d’une évaluation multidisciplinaire, pré-, per- et postopératoire, bien au-delà de la seule évaluation de l’autonomie motrice, est largement confirmée. Pour chaque patient, c’est non seulement l’indication opératoire, mais aussi le moment de cette indication qui s’installe au cœur du débat. Les indications sont forcément limitées par la lourdeur méthodologique, le coût et le risque opératoire encouru, avec 2 à 3 % de complications hémorragiques ou infectieuses. Une évaluation au cas par cas du rapport bénéfice/risque est réalisée en concertation avec le patient et son entourage pour établir, en préopératoire, une sorte de contrat sur l’avenir. En moyenne, seuls 5 à 10 % des patients parkinsoniens sont concernés. Le délai imposé par l’augmentation de la demande dans les différents centres peut être mis à profit pour conforter l’indication et préparer le patient comme son entourage aux possibles difficultés de la période postopératoire. La participation peropératoire du patient, éveillé au moment de l’implantation, et si possible sevré de L-dopa depuis 12 heures, permet une surveillance clinique optimum des effets immédiats en présence et sous le contrôle de l’équipe multidisciplinaire. L’optimisation des paramètres de stimulation [50] confirme définitivement l’intérêt de la haute fréquence, tandis que le contrôle du voltage ( 3 V) constitue le facteur le plus critique du niveau d’activité sur la cible NST. La position optimale de l’électrode de stimulation pour un meilleur effet clinique et une moindre consommation d’énergie a été déterminée chez 14 patients à six mois de l’implantation au contact du bord de la région dorsolatérale du noyau [28]. Le suivi postopératoire doit bénéficier de la poursuite de la collaboration médicochirurgicale étroite instaurée lors de l’implantation [34]. L’augmentation progressive de l’intensité de stimulation, contemporaine de la diminution du traitement à la L-dopa, nécessite une compétence partagée quant aux conséquences motrices et non motrices de la stimulation chronique. L’ajustement doit se discuter au cas par cas. La possibilité d’une période de relative aggravation doit avoir été expliquée au patient. Si le contrôle de la rigidité et du tremblement est immédiat et stable, en relation très directe avec la stimulation, l’effet sur l’akinésie est plus secondaire, tandis que le risque d’aggravation avec dyskinésies et dystonies doit avoir été signalé au patient et à son entourage. Un résultat stable à trois mois de l’implantation est le plus souvent possible, les modifications des paramètres de stimulation à plus long terme sont en règle limitées. Un contrôle secondaire de la position correcte des électrodes est parfois nécessaire [49,51]. L’ajustement du traitement médical permet une réduction progressive d’environ 50 % des doses de L-dopa. Le sevrage total n’est plus un objectif. Le retour aux agents dopaminergiques est proposé secondairement après optimisation du traitement et stabilité des paramètres de stimulation. Certains effets secondaires sont plus directement liés au siège sous-thalamique de la stimulation du NST : dyskinésie, hypotonie, apraxie de l’ouverture des paupières, dysarthrie, déviation conjuguée des yeux, prise de poids progressive. Les effets limbiques ou cognitifs ne sont pas toujours faciles à distinguer des conséquences directes ou indirectes de la diminution du traitement dopaminergique. En France, dès l’année 1999, la direction des hôpitaux a soutenu financièrement quatre centres experts. Puis 11 nouveaux centres, qui avaient fait la preuve d’une compétence multidisciplinaire spécifique en 2001, ont été créés avec pérennisation des crédits depuis 2003. L’objectif est un développement par région, selon la densité de la population et dans les meilleures possibilités locales du contrôle des pratiques. En parallèle, une organisation nationale en réseau est nécessaire au suivi à long terme des patients porteurs d’une stimulation chronique implantée. Une approche épidémiologique complémentaire de santé publique est, elle aussi, indispensable à l’évaluation de l’impact médicoéconomique de l’utilisation de la stimulation cérébrale profonde dans le traitement de la maladie de Parkinson. 3. L’interprétation physiopathologique des effets de la stimulation cérébrale profonde Elle fait l’objet d’une abondante littérature, mais reste discutée. Les possibilités d’enregistrement électrophysiologiques peropératoires constituent une opportunité nouvelle quant au développement chez l’homme des résultats du modèle animal de la maladie. Le schéma d’organisation des voies parallèles directes et indirectes du système extrapyramidal est adopté par tous comme modèle théorique commun [1]. L’efficacité conceptuelle n’est pas contestable, mais ne permet en aucun cas une explication uniciste des effets de la stimulation cérébrale profonde. « Le paradoxe », évoqué par Marsden et Obeso dès 1994 [44], de l’efficacité de la stimulation du GPI et/ou du NST reste d’actualité, tandis que les possibilités de recherche clinique chez l’homme ne cessent de se diversifier dans une grande multidisciplinarité [13,21]. Au sein des équipes d’experts fortement spécialisés, les abandons de la stimulation par le patient sont décrits comme assez rares en l’absence de difficultés techniques ou infectieuses autour du geste d’implantation. L’intérêt des effets D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 cliniques, dont la robustesse est largement confirmée dans la durée, comme la reproductibilité des résultats, participe largement au développement des connaissances et à l’évolution des interprétations. Alors que les indications de la stimulation du Vim se sont limitées au traitement du tremblement essentiel invalidant, celles du GPI restent préférées par certaines équipes pour son efficacité sur les dyskinésies et sa possible meilleure tolérance. Au fil des ans, l’intérêt de la cible NST se confirme [72], d’abord en Europe où elle est considérée comme la meilleure cible de la stimulation cérébrale profonde chronique [74]. L’hyperactivité du NST s’avère d’une importance majeure quant à l’expression clinique de la triade symptomatique. Son origine reste débattue, mais l’hypothèse d’une hyperactivité des voies corticosubthalamiques, afférentes aux ganglions de la base, qui ferait du NST une structure d’entrée majeure et directe du système, plutôt qu’un relais sur la voie indirecte paraı̂t prometteuse [19]. Au-delà de l’organisation parallèle et somatotopique classiquement décrites, chaque noyau pourrait correspondre à un réseau particulièrement complexe et distribué où activation et inhibition participent avec précision au codage des paramètres temporels et spatiaux pour moduler le comportement, et en particulier le comportement moteur, à partir des informations convergentes nées du cortex sensorimoteur [52]. Les différentes approches de recherche clinique chez l’homme, neurophysiologique ou d’imagerie fonctionnelle, s’intéressent aux conséquences de la stimulation à haute fréquence sur l’activité cérébrale. Les études se multiplient dans des contextes variés, parfois controversés. Elles sont encore en débat. Certains points sont néanmoins validés par l’exploration en PET-scan [53,70] : la restauration de l’activation de la boucle fronto-striato-thalamique au cours du mouvement réalisé sous stimulation du NST est confirmée par l’imagerie. Celle-ci montre une augmentation d’activation de l’aire motrice supplémentaire (AMS) et du cortex préfrontal dorsolatéral. Cette activation est contemporaine d’une réduction de l’activité du cortex primaire et des circuits moteurs accessoires qui témoigneraient d’un contrôle inhibiteur des systèmes moteurs compensateurs. La stimulation du NST pourrait diminuer l’hyperactivité anormale du système corticosous-cortical constatée au repos sur le modèle animal comme chez le patient parkinsonien. Cette correction permettrait de restaurer la sélectivité spatiale de la commande en relation avec les aires sensorimotrices mises en jeu lors du mouvement. Une approche électrophysiologique complémentaire, au niveau du cortex sensorimoteur et prémoteur, explore la préparation motrice dont les altérations ont été décrites dès le stade précoce de la maladie chez le sujet parkinsonien et sont en partie corrigées par l’introduction du traitement à la L-dopa [10]. À un stade plus évolué de la maladie, la correction motrice introduite par la stimulation du NST s’avère, dans cette approche de recherche clinique, analogue et complémentaire de celle de la L-dopa. Les résultats électrophysiologiques recueillis au niveau de l’activité corticale pourraient bien refléter l’amélioration de la bradykinésie comme le meilleur contrôle des programmes moteurs compétitifs qui sont générateurs, chez 495 le patient mal corrigé par le traitement, de la rigidité et des mouvements anormaux caractéristiques des périodes off de fluctuations motrices [14]. L’effet correcteur spécifique de la haute fréquence, quant aux paramètres de la stimulation, est un autre élément d’importance. Les variations du degré de synchronisation des activités oscillatoires des ganglions de la base, en relation directe ou indirecte avec celles du cortex moteur, participent à l’organisation du pattern spatial et temporel du mouvement. L’efficacité spécifique de la haute fréquence (au-dessus de 70 Hz), si remarquable au niveau du NST, alors que la basse fréquence (5 à 10 Hz) est capable d’aggraver les signes moteurs [50] pourrait traduire un effet postsynaptique renforcé par la stimulation dans un système oscillant dont le fonctionnement normal résonne à 70 Hz [6], lors de l’organisation du mouvement volontaire normal chez le sujet sain. Un retentissement fonctionnel cortical comparable des deux approches complémentaires du traitement, stimulation à haute fréquence et L-dopa [36,76], est aussi suggéré par la pratique clinique : le remarquable effet prédicteur du test à L-dopa, comme la possibilité d’une économie contrôlée du traitement dans la période postopératoire, pour la cible sous-thalamique, pourraient en être le témoin. . . 4. Le partage des pratiques et la confrontation des résultats Au début des années 2000, l’évaluation des effets associés au bénéfice moteur se généralise. La qualité des études cliniques, poursuivies dans la durée, a confirmé l’abandon de tout espoir d’un effet neuroprotecteur chez l’homme. Une stimulation très précoce est jugée sans intérêt pour retarder le déclin moteur, d’autant plus que l’évolution de la maladie sous traitement médical permet de valider le diagnostic et la nature idiopathique de la maladie de Parkinson. Malgré son intérêt majeur, le traitement demeure exclusivement symptomatique [38,39]. Au stade de la possible indication opératoire, une recherche attentive des critères d’exclusion s’impose, dont certains sont de l’ordre de la faisabilité générale : conditions socioéconomiques, possibilités géographiques, facteurs de risques généraux ou traitements associés (anticoagulants, antécédent de phlébite. . .). Certaines études rétrospectives des échecs confirment largement l’intérêt d’une sélection très contrôlée [29,51]. Les réserves d’ordre neurologique ou neuropsychiatrique, quant à l’indication, sont confrontées à la nécessité d’une évaluation préopératoire plus globale (cognition, comportement, humeur) qui s’impose progressivement au sein des différentes équipes. Les protocoles et les évaluations se multiplient, tandis que la multidisciplinarité s’élargit : bilans neuropsychologiques, protocoles d’explorations contrôlées des fonctions exécutives, évaluation de plus en plus précise du statut familial et social du patient, de ses éventuels antécédents psychiatriques. Alors que le processus dégénératif évolue et risque de s’étendre au-delà de la dégénérescence nigrostriatale dopami- 496 D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 nergique, les effets de la stimulation, comme la sensibilité au traitement médical, risquent d’être compromis par l’âge et l’ancienneté de l’évolution. Ainsi, si l’état général est conservé, l’absence d’atteinte axiale au score UPDRS, l’absence de déficit cognitif préopératoire, la normalité de l’IRM sont autant de facteurs potentiels d’inclusion pour des patients arrivés au stade des fluctuations motrices incontrôlables et dont le test à la dopa a confirmé l’indication motrice [75,21]. L’idéal d’un profil cognitif prédictif favorable peut apparaı̂tre comme une nouvelle ambition qui s’inscrit dans une toute autre complexité, en l’absence de marqueurs comparables au test à la L-dopa pour les effets moteurs. Une revue très complète des multiples facettes de l’évaluation neuropyschologique du patient illustre particulièrement les difficultés et les limites de la démarche [65]. L’approche se doit d’être holistique, cognitive, neuropsychiatrique et psychosociale. L’évaluation quantifiée doit s’adapter aux réalités de l’équipe soignante et à la situation du patient. Elle s’accompagne d’une prise en charge personnalisée, régulière, coûteuse en temps et en énergie pour l’équipe soignante, aussi élargie que possible à l’environnement familial et social du patient dans la longue période de la préparation à la chirurgie. L’objectif, au-delà de la nécessaire détection précise des contre-indications, est la définition d’un pronostic des possibilités d’évolution du patient dans son contexte de vie. Le risque dépressif est fréquent au stade initial de la maladie de Parkinson où une atteinte débutante des fonctions exécutives, si elle se discute, peut justifier d’un traitement spécifique antidépresseur et anxiolytique. L’évaluation de la tolérance au stress et des capacités de participation active du patient à l’étape opératoire, lors du contrôle des paramètres de stimulation, est aussi un élément déterminant quant à l’indication. Une étude rétrospective [29] des conséquences comportementales de la stimulation cérébrale du NST illustre, à travers quelques cas cliniques, la remarquable variété des décompensations aiguës rencontrées parfois, alors que les antécédents psychiatriques avaient été méconnus dans la période préopératoire. Globalement, 15 sur 24 des patients opérés présentent, malgré la qualité du résultat moteur, des difficultés quant au retour à une nouvelle organisation de vie. La reprise professionnelle, comme la nouvelle adaptation à une vie familiale active, nécessite une prise en charge spécifique souvent délicate. Le résultat moteur n’est pas forcément accompagné, à terme, d’un bénéfice psychologique et d’une amélioration de la qualité de vie. L’évaluation des conditions d’adaptation sociale doit s’intégrer au bilan préopératoire. Le contrôle dans la durée du devenir [23] permet d’analyser, pour 70 patients suivis plus de trois ans, les différentes dimensions de l’évolution : pas de détérioration cognitive globale, mais aggravation possible de l’apathie et de la fluence verbale, témoignant de la détérioration des possibilités d’autoactivation du patient malgré le traitement ; risque confirmé de décompensation de l’humeur et du comportement en corrélation probable avec la fréquence de la dépression et du déclin des fonctions exécutives classiques chez le sujet parkinsonien vieillissant. Une exploration particulièrement précise et contrôlée des effets de la stimulation (NST ou GPI) sur les fonctions exécutives, chez 13 patients parkinsoniens évolués, sevrés depuis 12 heures de leur traitement médical, et explorés en situation on et off de la stimulation autour de la période opératoire [30], cherche à distinguer les effets globaux témoignant de la levée de l’inhibition fonctionnelle du cortex frontal — effet comparable à la levée de l’akinésie sur le plan moteur — à des effets plus spécifiques de la stimulation du système striatal : perception de la nouveauté et troubles de l’attention partagée. Aucune corrélation des résultats n’est possible quant à l’évolution des fonctions exécutives, aucune différence n’est retenue selon la cible. En outre, rien ne garantit, en particulier dans le cadre de la stimulation du NST, que les effets de celle-ci ne sont pas étendus au-delà du système striatal. Dans une approche complémentaire [63], les conséquences neuropsychologiques de la stimulation sous-thalamique sont étudiées chez 11 patients âgés et évolués, suivis de six à 12 mois en postopératoire. Malgré les bénéfices moteurs et l’amélioration de l’autonomie, l’évolution se rapproche, en postopératoire, du déclin cognitif rencontré dans le cadre de la paralysie supranucléaire progressive (PSNP) et confirme les réticences quant à l’indication de stimulation chronique chez des patients âgés arrivés à un stade évolué de leur maladie [11,17,58]. 4.1. La qualité de vie du patient : un nouvel objectif incontournable Au début des années 2000, certaines équipes soulignent la nécessité d’introduire aussi l’évaluation de la qualité de vie, en référence plus étroite avec la perception et le vécu du patient dans son évolution. Plusieurs échelles sont validées [3,20] et utilisées couramment comme outil commun : échelle générique : SF36, échelle spécifique : PDQ39 [45,46]. Si les deux domaines habituels, autonomie motrice et activité de la vie courante, sont franchement améliorés et confirment l’indication, les résultats sont souvent plus inégaux pour les autres aspects cliniques. La dépression et l’anxiété sont retenues comme les premiers facteurs prédictifs quant à l’évolution de la maladie dans sa globalité [15,29,71,75]. Pour 37 patients [16] sélectionnés dans le respect des critères d’exclusion habituelle, l’évaluation à un an des différents subscores de la PDQ39 révèle une dissociation entre les items physiques franchement améliorés et les autres items non moteurs, émotion, bien-être, communication, évalués par le malade lui-même. Malgré le retour à une nouvelle « lune de miel » relative, la dimension psychologique et mentale, comme l’incidence sociale, restent plus délicates à appréhender pour chaque patient. Une étude contrôlée hollandaise [69], pour des patients évalués à six mois, ne retient aucun lien entre la qualité de l’évolution motrice et le déclin neuropsychologique, labilité de l’humeur, plaintes cognitives, modification progressive du comportement social. Il est remarqué aussi qu’un déficit cognitif mineur n’est pas forcément la preuve d’un processus démentiel débutant chez un patient dont la vie risque d’être D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 transformée par la qualité du résultat moteur de la stimulation. Le retentissement du déclin des fonctions exécutives, qui risque de concerner l’entourage autant que le patient lui-même, s’avère à long terme un vrai facteur prédictif marqueur de l’évolution. Une grande étude multicentrique [12], 156 patients suivis quatre ans, où les patients sont sélectionnés par paires randomisées mais sans groupe témoin, concerne des sujets parkinsoniens évolués, âgés de moins de 75 ans. La comparaison s’effectue entre les patients stimulés chroniquement, en association avec le traitement L-dopa, et les patients seulement traités médicalement, dans les « meilleures conditions possibles » pendant six mois. L’objectif principal est l’évolution de la qualité de vie (évaluée par la PDQ-39) et la sévérité des signes moteurs en phase off du traitement médical. L’objectif secondaire est l’évaluation des dyskinésies, par le score UPDRS, partie II et l’échelle de Schwab et England. L’évolution cognitive est aussi évaluée par l’échelle de Matis et un bilan neuropsychologique complet. L’autoévaluation, par le patient, fait l’objet d’un suivi très régulier de l’état clinique, de demi-heure en demi-heure trois jours avant la chirurgie, puis à nouveau trois jours avant l’hospitalisation et à six mois de l’inclusion. Les résultats font état d’une amélioration d’environ 25 % de la qualité de vie chez les patients stimulés chroniquement. Si les complications sont plus graves dans le groupe opéré (un hématome intracérébral, un suicide), les complications du traitement sont plus nombreuses dans le groupe « traitement médical exclusif ». Les effets bénéfiques de la stimulation sont considérés comme bien supérieurs aux inconvénients du traitement médical seul. Dans tous les cas, les épisodes dépressifs et/ou apathiques représentent les éléments majeurs de l’évolution quant à la qualité de vie. Les résultats des études antérieures sont confirmés quant à l’absence de risques significatifs de détérioration cognitive ou neuropsychologique. L’étude pilote parisienne récente [67] reprend la même méthodologie, mais appliquée à des patients plus jeunes et surtout à un stade moins évolué de la maladie (6,8 1 an) avec des scores moteurs modérés (UPDRS III = 29 12). Les résultats sont favorables pour la population stimulée évaluée à six, 12 et 18 mois et méritent d’être contrôlés dans la durée. À 18 mois, la qualité de vie est améliorée de 24 % dans le groupe chirurgical avec un effet positif net sur les complications psychiatriques et l’anxiété. L’intérêt de la réduction des doses de L-dopa et du meilleur contrôle des dyskinésies est aussi largement retrouvé. Une étude multicentrique devrait venir confirmer l’intérêt de cette nouvelle stratégie pour des patients jeunes encore dopa-sensibles, et moins fragilisés dans leur vie sociale et familiale par l’évolution de la maladie. En 2006 [32], une méta-analyse du devenir des Parkinsoniens implantés au niveau du NST de 1993 à 2004 fournit, dans le détail, une excellente présentation quantifiée des résultats pour 37 cohortes de patients, soit 921 au total, alors que 20 000 patients avaient été implantés dans le monde. La diminution de score II UPDRS (activité de la vie courante) et des scores III (motricité), selon les conditions du 497 traitement médical sous stimulation chronique, est hétérogène et d’interprétation délicate du fait de la diversité des populations étudiées. Après la chirurgie, la réduction moyenne de la dose quotidienne de lévodopa (ou équivalent) est de 55,9 %, celle des dyskinésies est de 69,1 %, celle de la durée des périodes off au long de la journée est de 68,2 %. La complication la plus sévère, accident hémorragique lié à la stimulation, de fréquence très inégale selon les séries, est globalement de 3,9 %. Les complications les plus fréquentes sont les complications psychiatriques, d’ordre thymique et/ou comportemental. Elles sont souvent décrites comme contrôlées par un nouvel ajustement de la prise en charge multidisciplinaire du patient et de son entourage. Elles méritent une surveillance spécifique prolongée, le risque suicidaire est d’évaluation difficile, il justifie d’une attention particulière [75]. L’impact de la stimulation du NST sur l’amélioration de la qualité de vie est souligné. Il est évalué à 56 % pour les scores étudiés qui privilégient l’évaluation du bénéfice moteur et fonctionnel. Les modifications du moment de l’indication opératoire, à partir des années 2002, sont confirmées. L’indication ne privilégie plus les formes évoluées de la maladie [64], mais recherche les critères prédictifs de bon pronostic avec, tout particulièrement, le souci du maintien d’un statut socioprofessionnel chez un patient encore jeune pour qui un bénéfice prolongé, au-delà de cinq ans, devient l’objectif réaliste [66]. Si une nouvelle « lune de miel » témoigne des effets moteurs, la surveillance médicale dans la durée en postopératoire, au sein de l’équipe multidisciplinaire, doit s’organiser autour de la stimulation chronique. Certaines complications et/ou évolutions sont devenues classiques telles la prise de poids ou la détérioration de la fluence du langage et/ ou de la posture. Elles font l’objet de prises en charge spécifiques (conseils diététiques, prise en charge rééducative, kinésithérapique et orthophonique). Malgré la fréquence des épisodes dépressifs, le risque suicidaire souvent signalé dans la littérature, à l’occasion d’observations uniques, n’est pas vraiment confirmé. Il pourrait avoir été contrôlé par une surveillance postopératoire particulièrement complète des courtes séries suivies avec précision. Les effets à long terme, suivis jusqu’à quatre ou cinq ans au sein de larges cohortes, sans groupe témoin, confirment la qualité dans la durée du bénéfice moteur, tandis que la progression de la maladie s’accompagne d’une détérioration des résultats en phase on des performances motrices, marche, posture et expression orale, souvent associée à l’aggravation de l’apathie et du syndrome dysexécutif frontal débutant [62]. Au total, il peut apparaı̂tre, à la longue, un véritable contraste entre l’amélioration de la maladie et l’absence d’effet favorable sur le plan de l’adaptation sociale. Les décompensations psychiatriques sont d’interprétation et de contrôle délicat, particulièrement au stade du déclin confirmé chez le sujet âgé dont les possibilités de maintien à domicile s’épuisent [62]. Une mise au point récente [42], dans le cadre d’une étude multicentrique chirurgicale, compare les critères de sélection et les différentes pratiques alors que 400 centres experts ont implanté 30 000 patients en 2006. Elle confirme la qualité des 498 D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 pratiques sans retenir de contre-indication absolue quant à l’âge du patient. Si l’aptitude à la préparation au geste stéréotaxique et la qualité du bilan général sont les vrais marqueurs de l’indication, l’objectif est d’améliorer, dans la réalité du quotidien, la qualité de vie du patient et de son entourage dans son véritable contexte sociofamilial. Le choix de la cible reste le plus souvent lié au contexte géographie dans le respect des compétences des équipes expertes concernées. restent probables dans l’avenir, d’autres indications cliniques seront proposées dans le cadre de la neuropsychiatrie. Elles sont encore en cours d’investigation [72]. Pourtant, la stimulation cérébrale restera sans doute une indication privilégiée d’exception pour des patients parkinsoniens soumis à une sélection particulièrement précise et rigoureuse, et dont il faudra suivre l’évolution et les conditions du vieillissement. 4.2. L’avenir et ses perspectives [1] Alexander GE, Crutcher MD. Functional architecture of basal ganglia circuits: neural substrates of parallel processing. TINS 1990;13(7): 266–71. [2] Ardouin C, Pillon B, Peiffer E, Bejjani P, Limousin P, Damier P, et al. Bilateral subthalamic or pallidal stimulation for Parkinson’s disease affects neither memory nor executive functions: a consecutive series of 62 patients. Ann Neurol 1999;46:217–23. [3] Auquier P, Sapin C, Ziegler M, Tison F, Destée A, Dubois B, et al. Validation en langue française d’un questionnaire de qualité de vie dans la maladie de Parkinson : le Parkinson’s disease questionnaire - PDQ-39. Rev Neurol 2002;158(1):41–50. 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Recent La qualité des études multicentriques a permis d’optimiser les pratiques et la surveillance clinique des patients dans la durée jusqu’à quatre ou cinq ans. Elles ont contribué à la modification des indications quant au moment idéal de l’implantation, comme quant aux conditions générales de poursuite du traitement antiparkinsonien sous stimulation cérébrale chronique. Le niveau de preuve est encore intermédiaire (3 à 4 selon les critères habituels de la médecine factuelle). Pour des raisons éthiques évidentes, la réalisation d’études randomisées en double insu contre placebo qui représente le gold standard n’a pas pu être envisagée à grande échelle, alors que la qualité des résultats s’est confirmée cliniquement dans une démarche d’abord empirique. Goetz et al. 2005 [26] ont cherché à évaluer le niveau de preuves des différents traitements pharmacologiques et chirurgicaux de la maladie de Parkinson dans une revue de la littérature, réalisée entre 2001 et 2004. Ils considèrent que la stimulation profonde du NST peut être retenue comme une démarche thérapeutique innovante et efficace développée de façon parallèle à l’évolution des connaissances physiopathologiques de la maladie de Parkinson. Le bénéfice réel apporté au patient par la stimulation profonde du NST s’est confirmé au fur et à mesure que se sont affinées les conditions de stimulation, comme les critères de sélection des patients dans une approche multidisciplinaire très contrôlée. L’exploration récente de la localisation précise de la stimulation, par une approche en microélectrophysiologie peropératoire du NST, a été entreprise récemment chez deux patients qui avaient présenté un épisode maniaque postopératoire et accepté la reproduction des effets à l’occasion d’une étude en PET-scan. Les résultats sont largement en faveur d’une organisation en réseau au sein du noyau avec identification de sous-territoires qui pourrait témoigner d’un rôle intégrateur pour les différents composants moteur, cognitif et émotionnel du comportement. Cette situation anatomofonctionnelle pourrait participer aux effets non moteurs constatés souvent en aigu lors de la stimulation du NST [43]. Par ailleurs, une étude anglaise récente explore l’intérêt du déplacement de la stimulation vers la zona incerta (portion caudale) qui permettrait un effet moteur controlatéral plus sélectif [56]. D’autres modifications de la stimulation (basse fréquence), d’autres améliorations de précision et/ou de choix de la cible Références D. Boisson / Annales de réadaptation et de médecine physique 51 (2008) 491–500 [19] [20] [21] [22] [23] [24] [25] [26] [27] [28] [29] [30] [31] [32] [33] [34] [35] [36] [37] [38] [39] [40] developpments in Parkinson’s disease, 2. 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