CANNELLE EST MORTE, et maintenant?
Transcription
CANNELLE EST MORTE, et maintenant?
Pays de l’Ours-ADET : Association pour le Développement Durable des Pyrénées Centrales. Pays de l’Ours-ADET Place du Biasc 31 160 Arbas Tel : 05 61 97 48 44 - Fax : 05 61 97 48 68 [email protected] - www.paysdelours.com La Maison du Pays de l’Ours, à FOS 31 440 Tél / Fax : 05 61 79 82 95 Novembre 2004 N o SPECIAL Journal d’infos édité par Pays de l’Ours-ADET - Diffusion gratuite LE POINT SUR LA POPULATION D’OURS en p.2 CANNELLE EST MORTE, et maintenant? Le 1er Novembre, la femelle Cannelle, suitée par un ourson, a été abattue par un chasseur lors d’une traque au sanglier. Ce tragique évènement a eu lieu dans la vallée d’Urdos (vallée d’Aspe), dans une zone où la présence de l’ourse et de son ourson était bien connue de tous, en particulier des chasseurs qui ont malgré tout maintenue cette battue. Selon les premières déclarations du chasseur, l’ourse aurait défendu son ourson en chargeant un chien.Il aurait d’abord tiré en l’air afin d’effrayer l’ourse. Plus tard, elle aurait chargé à nouveau, et le chasseur, pris de panique, a tiré sur elle. Ce dernier plaide l’acte de légitime défense. Une enquête est en cours afin de reconstituer les faits. Les résultats de l’autopsie ont révélé que la balle est entrée dans le flanc de l’ourse et serait ressortie par l’arrière gauche. Elle n’a donc pas été tirée de face... D’autres constatations sur les lieux ne colleraient pas avec les déclarations du chasseur. L’analyse balistique nous dira à quelle distance le chasseur a tiré. Cet évènement a engendré de très vives et très nombreuses réactions. Jusqu’au Président de la République, Jacques Chirac, qui a déclaré en Conseil des Ministres qu’il s’agissait là d’“une catastrophe écologique”. Monsieur Lepeltier, Ministre de l’Écologie, est venu le 4 novembre dans les Pyrénées afin de se rendre compte de la situation par luimême et écouter tous les acteurs concernés Nous y étions et nous lui avons réaffirmé au nom de la coordination associative Cap Ours l’urgence de nouvelles réintroductions. L’ourson serait en vie Quant à l’ourson, orphelin de Cannelle, il serait encore en vie. Des traces fraîches l’attestent. Le Préfet a interdit la chasse et la fréquentation du secteur avec des chiens et le réseau Ours placera des compléments alimentaires sur le site, afin de lui faciliter la constitution des réserves de graisses nécessaires pour l’hiver. Ses chances de passer ce premier hiver si difficile sont réelles (les oursons de Mellba s’en étaient sortis en 1997), mais aléatoires et il faudra attendre le printemps 2005 pour le savoir. Une situation grave, mais pas désespérée Cannelle était la dernière ourse femelle de souche pyrénéenne. Il reste deux mâles, plus l’ourson, et son père, Néré, petit de Ziva, ayant élu domicile en Béarn. La souche pyrénéenne était de toutes façons déjà condamnée, et des lâchers étaient déjà indispensables depuis longtemps. Il est donc encore possible de sauver l’ours dans les Pyrénées : Il reste environ 18 ours sur toute la chaîne, dont 16 issus du programme de réintroduction en Pyrénées Centrales (cf carte page suivante). Cette réintroduction est une réussite, mais cette population n’est pas encore viable à long terme. C’est pourquoi nous réclamons de nouveaux lâchers d’ourses femelles dans le Béarn et dans les Pyrénées Centrales. Réintroduire l’ours, c’est sauvegarder un patrimoine autant naturel que culturel : son histoire est intimement liée à celle des hommes, il est un symbole, un emblème pour les Pyrénées. Du point de vue écologique, la présence de l’ours prouve que l’environnement dans lequel il évolue est riche et diversifié : Un atout exceptionnel pour les Pyrénées. Par ailleurs, le retour de l’ours offre une image dynamique aux Pyrénées. Autour de ce projet, des hommes se fédèrent, proposent de nouvelles bases pour l’avenir et le développement de leurs vallées. Et maintenant, Monsieur le Ministre ? Le Ministre de l’Ecologie, Serge Lepeltier, porte une grande responsabilité : il lui revient de décider du sort de l’ours dans les Pyrénées. Que peut il faire ? Nous n’imaginons pas qu’il poursuive la politique d’attente et d’observation qu’ont mené ses prédécesseurs. Ce que nous lui demandons avec détermination, c’est de décider et lancer le vrai grand programme de restauration des populations d’ours dans les Pyrénées et de lâcher des ours dès 2005. L’affirmer clairement serait déjà une étape très importante. Nous pourrions y travailler, dès maintenant, dans le respect de chacun, et avec les mesures d’accompagnement et de développement appropriées pour le pastoralisme et le tourisme. MOBILISATION GÉNÉRALE POUR L’OURS ! Vous vous en doutez, nous sommes entièrement mobilisés sur ce dossier. En moins d’un mois, nous avons rencontré deux fois le Ministre de l’écologie, Serge Lepeltier. Une première rencontre à Paris, le 22 octobre 2004 dans le cadre d’une délégation pyrénéenne de Cap Ours, avec le FIEP. Monsieur Lepeltier a bien noté nos demandes de restauration de populations d’ours viables sur l’ensemble de la chaîne pyrénéenne.Le 4 novembre dernier, nous avons de nouveau rencontrer Monsieur Lepeltier à Pau, lors de son déplacement sur le lieu de la mort de Cannelle. Il souhaitait rencontrer l’ensemble des acteurs concernés, nous lui avons rappelé nos positions et celles de Cap Ours. Il s’est engagé à prendre une position au sujet de l’ours avant la fin de l’année. Afin de “l’aider à prendre la bonne décision”, nous avons lancé dès le 5 novembre une pétition nationale pour sauver l’ours dans les Pyrénées. Signez-la, et surtout, diffusez la autour de vous : famille, collègues, amis, réseaux ... Plus nous aurons de signatures, plus nous avons de chances d’être entendus ! Par ailleurs, le Conseil d’Administration a voté à l’unanimité la candidature de nos territoires pour de prochains lâchers d’ours. En écho, la commune d’Arbas a fait de même et les deux délibérations ont été transmises au Ministre de l’Ecologie. Les associations préparent d’autres actions . Pour vous tenir informés, le meilleur moyen est de vous connecter sur notre site internet : www.paysdelours.com. Nous diffusons toutes les informations disponibles sur le forum notamment. LE POINT SUR LA POPULATION D’OURS DANS LES PYRÉNÉES Soit 15 ou 16 individus issus de la réintroduction, 17 ou 18 ours au total dans les Pyrénées. Important : Ceci est l’HYPOTHESE la plus probable actuellement, en fonction des informations disponibles. Elle est susceptible d’évoluer à tout moment, en fonction de nouvelles informations (venant des analyses génétiques, ou venant du suivi de terrain). Sources : ONCFS, réseau Ours brun. AUTOMNALES 2004 : PREMIER BILAN Les Automnales 2004 ont connu un record de fréquentation : près de 9000 personnes sur les deux week-ends à Arbas et à Massat ! Cette forte affluence montre bien le degré de sensibilisation et le potentiel de mobilisation du public vis-à-vis de l’ours. Pour preuve, près de 400 personnes ont participé aux grandes tables rondes à Arbas et à Massat, où les débats ont soulevé d’importantes questions, entre autres sur la cohabitation éleveurs-ours. Les conférences ont également été suivies avec succès, et nous avons eu de bons retours quant aux diverses expos. Les ateliers-enfants ont été plus qu’appréciés, par le jeune public, comme par leurs parents, soudain plus libres de choisir leurs activités! Le soir, les Automnales ont servi pas moins de 350 repas montagnards sur les deux week-ends. Autre succès incontestable : le concert de Magyd Cherfi, où plus de 600 personnes ont participé à cette belle fête. Nous espérons, pour les prochaines Automnales, un succès aussi grand, avec, en toile de fond, les nouvelles réintroductions...