Ste Thérèse de l`Enfant Jésus, carmélite, docteur de l`Église + 1897

Transcription

Ste Thérèse de l`Enfant Jésus, carmélite, docteur de l`Église + 1897
Ste Thérèse de l’Enfant Jésus,
carmélite, docteur de l’Église 1897 (A)
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 8, 14-17 ; Ps 130 ; Mt 18, 1-4
1er octobre 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Le mystère de la communion des saints
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face !
Si grande qu’on l’appelle sans crainte la « petite Thérèse ».
Quelle fécondité, frères et sœurs, que celle de cette vie
livrée à l’Amour miséricordieux du Seigneur !
Quel étonnant rayonnement
que celui de cette petite carmélite morte à 24 ans !
Comment comprendre cette fécondité,
comment expliquer ce rayonnement ?
Les raisons sont multiples.
Retenons-en une seulement ce matin :
la foi de Thérèse dans la communion des saints.
Si Thérèse a été et demeure d’une si extraordinaire fécondité,
c’est bien parce qu’elle en a eu le désir,
et parce que sa foi dans l’amour du Christ
l’a conduite à croire à la communion d’amour
qui circule dans son Corps mystique.
Arrêtons-nous au 17 juillet 1897.
Mère Agnès est au chevet de la jeune sœur mourante
qui cette nuit encore a très mal dormi.
Mère Agnès note les mots de Thérèse.
La voix est faible, mais les mots sont forts comme l’amour :
« Je sens que je vais entrer dans mon repos
mais je sens surtout que ma mission va commencer,
ma mission de faire aimer le Bon Dieu comme je l’aime,
de donner ma ‘petite voie’ aux âmes.
Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la Terre. »
Le lendemain, 18 juillet, elle ajoute :
« Le Bon Dieu ne me donnerait pas ce désir
s’Il ne voulait pas le réaliser. »
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Nous ne sommes pas loin ici
des derniers mots du grand Saint Dominique avant de mourir :
« Ne pleurez pas, je vous serai plus utile après ma mort
et je vous aiderai plus efficacement
que pendant ma vie. » (cité par CEC n° 956)
Cette foi dans la communion des saints
et dans la grâce qu’elle nous offre,
à nous qui sommes encore pèlerins sur cette terre,
n’est pas nouvelle pour Thérèse.
N’a-t-elle pas été marquée par ce songe
où elle vit Mère Anne de Jésus, fondatrice du Carmel en France,
qui lui parlait avec tant de douceur.
Et, ce jour de septembre 1896, elle écrivait :
« Je croyais, je sentais qu’il y a un Ciel,
et que ce Ciel est peuplé d’âmes qui me chérissent,
qui me regardent comme leur enfant. » (O.C. p. 223)
Thérèse qui se compare au petit oiseau
incapable de s’élever dans les airs par lui-même
se confie aux Aigles qui sont les saints et les anges :
« Les Aigles prennent en pitié leur petit frère,
le protègent, le défendent et mettent en fuite les vautours,
image des démons qui voudraient le dévorer. » (O.C. p.231)
Thérèse a confiance en ces Aigles qui volent dans le Ciel de Dieu :
« Je suis la plus petite des créatures,
je connais ma misère et ma faiblesse.
Je vous supplie donc, ô bienheureux habitants du Ciel,
je vous supplie de m’adopter pour enfant
et j’ose vous demander de m’obtenir
le double de votre amour. » (O.C. p.227)
« Tous les saints sont nos parents (O.C. p.1041),
s'exclame-t-elle un jour,
découvrant sa vraie famille, notre vraie famille.
Au Ciel, confie-t-elle,
on ne rencontre pas de regard indifférent » (p.1048).
Et, de fait, Thérèse est intimement convaincue
que le Ciel est pleinement en communion
avec l’Église de cette Terre.
C’est ainsi qu’un jour elle mettra en œuvre
toute son imagination et sa foi pour décrire à Céline
la liturgie céleste qui se déroulera au moment même
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où elle fera profession, ici bas au Carmel.
Et Thérèse de raconter en détail ce que feront les anges,
les saints, le Vierge Marie, mais aussi leur père, leur mère
et les quatre petits frères et sœurs de Thérèse et de Céline
qui les précédaient dans la gloire du Ciel.
« Nous sommes, disent ces derniers, les sœurs et les frères
de l’heureuse fiancée du Roi Jésus.
Hélène et sa soeur seront damoiselles d’honneur
avec les deux petits Joseph
qui les tiendront par la main... ». (O.C. p. 525)
Par delà le romantisme de cette scène évangélique,
il y a la foi de Thérèse.
Il y a la certitude que ceux qui la précédaient auprès de Dieu
étaient entièrement présents aux joies de cette Terre.
Aux joies mais tout autant aux peines :
« Je crois, écrit-elle à l'Abbé Bellière,
que les Bienheureux ont une grande compassion de nos misères,
ils se souviennent, qu’étant comme nous fragiles et mortels,
ils ont commis les mêmes fautes, soutenu les mêmes combats,
et leur tendresse fraternelle devient plus grande encore
qu’elle ne l’était sur la Terre.
C’est pour cela qu’ils ne cessent de nous protéger
et de prier pour nous. » (O.C. p. 622)
De même qu’il suffit d’une petite flamme vacillante
pour transmettre la lumière à un nombre incalculable de flambeaux,
de même il suffit de la prière d’une âme cachée
pour faire du bien sans mesure.
« Combien de fois ai-je pensé, confie Thérèse,
que je devais toutes les grâces que j’ai reçues
aux prières d’une âme qui m’aurait demandée au Bon Dieu
et que je ne connaîtrai qu’au Ciel. » (O.C. p. 1048)
Thérèse croit ainsi très fort à la prière
de ceux qui nous précèdent près du Seigneur.
Il n’est pas question de télépathie
ou d’obscures et occultes communications.
Car pour Thérèse, c’est bien un acte de foi.
Pour elle, tout ce mystère de la communion des saints
est centré sur le Christ, Tête du Corps mystique.
C’est par le Christ et dans le Christ
que l’amour est ainsi communiqué.
Ainsi en est-il aussi de ce que nous pouvons offrir :
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tout ce que nous offrons par amour
sera en effet recueilli par l’Église triomphante :
« L’Église du Ciel recueillera mes fleurs effeuillées par amour,
écrit Thérèse, et les faisant passer par tes divines mains, ô Jésus,
cette Église du Ciel jettera ces fleurs
ayant acquis par ton attouchement divin une valeur infinie,
elle les jettera sur l’Église souffrante,
afin d’en éteindre les flammes,
elle les jettera sur l’Église combattante
afin de lui faire remporter la victoire. » (O.C. p. 228)
C’est ainsi qu’en quelques lignes Thérèse décrit
d’une manière unique et admirable
le grand mystère de la communion des Saints,
où tout se fait par la grâce du Christ,
mais où rien ne peut se faire
sans la coopération de l’Église du Ciel et de l’Église de la Terre.
Frères et sœurs,
nous avons un nombre incalculable d’amis,
de frères et de sœurs qui sont plus proches de nous
que nous ne saurions l’imaginer
et qui font refléter sur nous
l’éclat immaculé de l’innocence et de tous les dons
que le Seigneur leur a prodigués. (O.C. p. 532)
Il y a tant de saintes et de saints qui prient pour nous :
nos saints patrons bien sûr,
et ces saints que nous aimons chacun parce qu’ils nous ont choisi,
et tout particulièrement Sainte Thérèse en ce jour béni!
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