LES FILLES DANS LES GANGS… « DES GARS DE LA GANG »

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LES FILLES DANS LES GANGS… « DES GARS DE LA GANG »
LES GANGS DE RUE, LES FILLES ET L’EXPLOITATION SEXUELLE À DES FINS
COMMERCIALES : CE QUE LA RECHERCHE AMÉRICAINE, CANADIENNE ET
QUÉBÉCOISE EN DIT
Chantal Fredette, M.Sc., candidate au doctorat, École de criminologie, Université de Montréal
Les gangs de rue, bien qu’ils ne représentent pas un phénomène nouveau, préoccupent la
population, les décideurs et les intervenants du Québec à un point tel qu’ils sont l’objet, depuis
quelques années déjà, d’une série de mesures de prévention, d’intervention et de répression
spécifiques issues du Plan d'intervention québécois sur les gangs de rue 2007-2010 (MSPQ,
2007). Les gangs de rue inquiètent de manière générale, en raison surtout de leur délinquance
et de leur violence que plusieurs jugent comme étant en augmentation (Hamel, Fredette, Blais
et Bertôt, 1998; Howell, Egley et Gleason, 2002; MSPQ, 2007; SPVM, 2005), mais aussi de
façon distinctive, en raison d’une problématique dont on les tient de plus en plus responsables,
celle de l’exploitation sexuelle des mineurs à des fins commerciales (Dorais, 2006; MSPQ, 2007;
SPVM, 2005). Le recrutement des jeunes filles par les gangs de rue aux fins d’exploitation
sexuelle préoccupe suffisamment les différents acteurs politiques, pénaux, sociaux et
communautaires pour que soit mis en place un programme de financement particulier qui
supporte, depuis bientôt trois ans, près d’une vingtaine de projets de prévention, de formation et
d’intervention spécifiques en la matière partout dans la province du Québec.
Tous ces efforts reposent sur la croyance que les phénomènes des gangs de rue et de
l’exploitation sexuelle des mineurs à des fins commerciales sont non seulement en expansion,
mais qu’ils sont aussi étroitement liés les uns aux autres. Plus encore, ces orientations se
basent sur la certitude que les gangs de rue méritent une attention toute particulière parce qu’ils
se distinguent fondamentalement des autres groupes criminels, tout comme leur implication
dans l’industrie du sexe se différencierait de ce que l’on connaît déjà du plus vieux métier du
monde. Pourtant, il n’existe à l’heure actuelle aucune démonstration empirique convaincante,
d’une part, de la progression des gangs de rue et de leur implication dans l’industrie du sexe et,
d’autre part, que cette dernière se distingue fondamentalement des pratiques d’autres groupes
ou individus criminels impliqués dans le marché du sexe. Il n’existe pas non plus de preuve
scientifique valable de la plus-value du gang dans l’évaluation des risques et de leur gestion ou,
si vous préférez, de la nécessité de développer des programmes d’intervention spécifiques aux
gangs de rue et à leurs membres.
Par ailleurs, malgré un nombre de plus en plus important d’études s’intéressant de manière
spécifique à la participation des filles aux gangs de rue (Bjerregaard et Smith, 1993; Campbell,
1984; Chesney-Lind et Hagedorn, 1999; Chesney-Lind, Shelden et Joe, 1996; Curry, 1998;
Curry, Ball et Fox, 1994; Dorais, 2006; Esbensen et Deschenes, 1998; Esbensen, Deschenes et
Winfree, 1999; Fournier, 2001; Fournier, Cousineau et Hamel, 2004; Joe et Chesney-Lind,
1995; Joe-Laidler et Hunt, 1997; Miller, 1998, 2001, 2002; Miller et Decker, 2001; Miller et
Brunson, 2000; Molidor, 1996; Moore et Hagedorn, 1996; Shelden, Tracy et Brown, 1996), force
est de constater qu’on ne sait encore que trop peu de choses sur la nature réelle de leurs rôles
et de leurs activités. Cela n’est sans doute pas étranger au fait que les données recensées dans
la littérature pour décrire le profil personnel et social des jeunes filles associées aux gangs de
rue, de même que leurs expériences, sont davantage génériques que spécifiques, c’est-à-dire
qu’elles caractérisent aussi bien les garçons membres de gangs que bien d’autres personnes
aux prises avec d’importantes difficultés. Autrement dit, le fait de provenir d’un milieu
socioéconomiquement défavorisé, d’avoir vécu dans un cadre familial instable ou même violent,
1
d’éprouver des difficultés scolaires et plus tard d’intégration au le marché de l’emploi1 jalonnent
l’essentiel des théories explicatives de nombreux problèmes psychosociaux, comme la
toxicomanie, la déviance, le jeu pathologique, la délinquance et la violence conjugale.
Une partie de tous ces problèmes réside dans la façon d’étudier le phénomène des gangs de
rue et des problématiques qui y sont associées. Les notions de gang de rue, de membre de
gang de rue ou de crime de gang de rue font encore l’objet d’intenses débats. De plus, les
informations recueillies sur la question sont également le sujets de polémiques en raison
d’importants problèmes de fidélité et de validité qui caractérisent les méthodes actuelles de
cueillettes de données (Guay et Gaumont-Casias, 2009; Jacobs, 2009; Kennedy, 2009; Klein,
2009). Cela dit, les énergies déployées au cours des dernières décennies pour étudier le
phénomène des gangs de rue et les problématiques qui y sont associées ont tout de même
permis de mieux connaître la place qu’occupe ces groupes dans l’univers de la criminalité et de
documenter les expériences des personnes qui s’y engagent. À la lumière des données
américaines, canadiennes et québécoises acquises à ce jour, le présent article propose un bref
portrait des connaissances recensées sur la question des gangs de rue, de leur implication dans
l’industrie du sexe et du rôle des filles dans les gangs. Il se divisera en trois parties distinctes.
Une première portera sur la question de la définition des gangs de rue et de l’ampleur du
phénomène. La seconde s’attardera plus spécifiquement à la question de l’exploitation sexuelle
des mineurs à des fins commerciales et de l’implication des gangs de rue dans l’industrie du
sexe. Enfin, la dernière partie traitera de la participation des filles au sein des gangs de rue,
premières actrices de la problématique de l’exploitation sexuelle en contexte de gangs au cœur
des préoccupations actuelles de la population, des décideurs et des intervenants du Québec.
Les gangs de rue: définition et ampleur
Dresser un portrait de la situation des gangs de rue au Québec, comme partout ailleurs en
Amérique, n’est pas une mince tâche. La mesure de l’ampleur et de la nature du phénomène se
heurte, en effet, à de multiples contraintes d’ordre conceptuel et méthodologique. En effet, bien
que de multiples définitions soient proposées depuis le début du dix-neuvième siècle, aucun
consensus n’est établi quant aux termes « gang » et, conséquemment, de « membre de gang »
ou « d’activité de gang ». À l’heure actuelle, la définition du gang de rue proposée par le Service
de police de la Ville de Montréal (SPVM) occupe une place de premier plan dans le paysage
québécois. Pour le SPVM (2005), le gang de rue est un regroupement plus ou moins structuré
d’adolescents et de jeunes adultes qui privilégient la force et l’intimidation du groupe pour
accomplir des actes criminels et ce, dans le but d’obtenir pouvoir et reconnaissance ou de
contrôler des sphères d’activités lucratives. Cette définition a d’ailleurs été retenue par le
Service du renseignement criminel du Québec (SRCQ), de sorte qu’elle se veut clairement la
référence des corps policiers de la province en la matière. Celle-ci n’est toutefois pas épargnée
par la critique. Pour certains, ce n’est pas parce que plusieurs s’entendent à propos d’une
définition d’un phénomène qu’elle le décrit de manière valide et fidèle (Klein et Maxson, 1989).
Les difficultés inhérentes à l’établissement d’une définition consensuelle du gang et, par
extension, du membre de gang et de crime de gang entraîne son lot de problèmes, notamment
lorsqu’il est question d’en estimer le nombre, d’en étudier l’évolution dans le temps et dans
l’espace ou, même, de comparer les différents travaux de recherche entre eux (qui, vous le
devinerez, n’utilisent pas toujours les mêmes définitions). Par ailleurs, le processus
d’identification des membres de gangs de rue par les organisations de prise en charge sociale
1
Le lecteur intéressé à en connaître davantage sur les caractéristiques personnelles et sociales des membres de gangs de rue est
invité à consulter Hébert, Hamel et Savoie (1997) qui proposent une recension de la littérature des plus éclairante sur la question.
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et pénale repose, dans une large mesure, sur les données policières (Guay et Gaumont-Casias,
2009), ce qui a pour effet de transposer d’une organisation à une autre les préoccupations en
matière d’identification, mais aussi les biais organisationnels. En raison des limites importantes
que l'on connaît de l'identification policière (Barrows et Huff, 2009; Guay et Gaumont-Casias,
2009; Jacobs, 2009; Kennedy, 2009; Klein, 2009), il est pour le moins questionnable, voire
préoccupant, qu'elle soit à la base, d’une part, de l’étiquetage d’un individu à titre de membre de
gang de rue et, d’autre part, du processus de prise en charge sociale et judiciaire. En d’autres
mots, avec un nombre de sources d’identification aussi restreint, les personnes reconnues
comme associées aux gangs de rue le sont en bonne partie parce que le renseignement policier
en a décidé ainsi. Cela signifie donc que les individus réputés être membres de gangs de rue
susceptibles d’être pris en charge dans le système social et pénal sont ceux chez qui le regard
policier s’est posé. Ainsi, les personnes engagées de manière plus sporadique dans le crime,
celles qui sont moins judiciarisées ou plus âgées, ou encore les filles, considérées davantage
comme des victimes par les autorités officielles, risquent de ne jamais être détectées par les
organisations policières à titre de membres de gangs de rue et, par conséquent, par les
organismes de prise en charge sociale et pénale. À l’inverse, les délinquants, surtout les
hommes, plus visibles ou appartenant à certains groupes ethniques spécifiques, de même que
ceux agissant en périphérie des gangs de rue, sont davantage susceptibles d’être identifiés à
titre de membres.
De ces faits, la tâche d’évaluer avec justesse l’ampleur et la nature du phénomène des gangs
de rue et des problématiques qui y sont associées (dont l’exploitation sexuelle à des fins
commerciales) s’avère extrêmement difficile. À défaut d’outils de mesure validés, la majorité des
estimations publiées reposent sur l’analyse de renseignements policiers qui, bien que
nécessaires aux opérations visant la répression de la criminalité des gangs, présentent, faut-il le
rappeler, des limites méthodologiques majeures et doivent donc être interprétés avec prudence
et réserve. Cela étant dit, l’Enquête policière canadienne sur les gangs, réalisée en 2002,
révélait la présence, au Canada, de 434 gangs composés de plus de 7 000 membres
(Chettleburgh, 2003). Quant à lui, le Service canadien de renseignements criminels (SCRC),
dans son rapport annuel sur le crime organisé au Canada publié en 2006, dénombrait plus de
300 gangs composés de 11 000 membres. Le nombre de ces groupes au Québec est estimé
entre 25 (Chettleburgh, 2003) et 50 (SCRC, 2006), la majorité exerçant leurs activités dans la
grande région métropolitaine de Montréal, faisant de celle-ci la ville québécoise la plus touchée
par le phénomène. De son côté, la Division du renseignement du SPVM compte une vingtaine
de gangs de rue sur l’ensemble de son territoire (SPVM, 2005). Soulignons que ces variations
dans les estimations du nombre de gangs sont tributaires des définitions utilisées, du processus
d’identification et, bien entendu, des critères utilisés pour les mesurer tel qu’illustré
précédemment. Enfin, s’il est juste d’affirmer qu’ils représentent une menace à la sécurité
publique et un défi pour les organismes voués à la prévention du crime, les gangs de rue
semblent demeurer, à la lumière des données existantes, un phénomène marginal qui ne
concernerait qu’une minorité de personnes.
L’exploitation sexuelle des mineurs à des fins commerciales : état de situation
Partout sur la planète, des hommes et des femmes sont impliqués dans l’industrie du sexe
(Bureau international des droits de l’enfant, 2000; Conseil du statut de la femme, 2002). À
l'heure actuelle toutefois, aucune étude ne permet d'évaluer avec certitude leur nombre ou
encore moins la proportion de celles d’âge mineur concernées par la problématique, pas plus
que de celles qui sont exploitées par les gangs à des fins sexuelles commerciales. Le contexte
d’illégalité et de clandestinité, la réprobation sociale, l’organisation du marché par le crime
organisé et l’accès limité au milieu, tant pour les chercheurs que les intervenants, sont au
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nombre des explications de l’absence de statistiques précises sur l’ampleur et la portée des
activités liées à l’industrie du sexe (Conseil du statut de la femme, 2002; Bureau international
des droits de l’enfant, 2000).
La définition de l’exploitation sexuelle varie considérablement d’une époque à une autre et d’une
école de pensée à une autre (Conseil du statut de la femme, 2002). L’image populaire accordée
au marché du sexe demeure néanmoins relativement stable à travers le temps, évoquant
d’abord et avant tout la prostitution de rue. Bien que cette manifestation soit la plus visible, elle
ne constituerait qu’une infime partie de la réalité de l’ensemble des personnes qui exercent des
activités prostitutionnelles. La définition de la prostitution sans doute la plus citée, au Québec à
tout le moins, est celle proposée par Hanigan (1997), soit le fait de pratiquer des activités
sexuelles en échange de biens ou de services, prioritairement, pour des motifs autres que ses
propres besoins sexuels et affectifs (p.110)2. En ce sens, la prostitution englobe beaucoup plus
que la prostitution de rue. Le cybersexe, les massages érotiques, les danses nues, les
photographies pornographiques et les services de lignes érotiques, par exemple, constituent
tout autant des actes de prostitution.
La prostitution est en forte majorité le fait de femmes qui proposent des services sexuels de
nature hétérosexuelle. À cet égard, la prostitution masculine se distingue de la prostitution
féminine dans la mesure où les échanges sexuels impliquent, presque exclusivement, des
personnes du même sexe. Par ailleurs, bien qu’il soit fréquent que des hommes hébergent et
supportent financièrement des garçons en échange de faveurs sexuelles, les proxénètes
seraient pratiquement absents du milieu de la prostitution masculine (Moïse, 2002). Pour leur
part, les jeunes filles pratiquent la prostitution souvent dans des zones dites protégées, telles
que les bars de danseuses nues, les salons de massages et les agences d’escortes. Aussi, il
est largement admis que ces établissements liés à l’industrie du sexe s’appuient, règle générale,
sur une économie souterraine souvent contrôlée par le crime organisé (Conseil du statut de la
femme, 2002; Poulin, 2002). En conséquence, les jeunes filles seraient plus vulnérables que les
garçons à être intégrées à des réseaux de prostitution contrôlés par différents groupes criminels,
dont possiblement les gangs de rue selon les données disponibles (Fleury et Fredette, 2002).
Cette organisation des pratiques contribue à camoufler les activités sexuelles commerciales et à
assurer, par exemple, la confidentialité aux clients (Conseil du statut de la femme, 2002).
De manière générale, le recrutement par les gangs criminels à des fins d’exploitation sexuelle
s’effectue par le biais de la séduction. Si certaines adolescentes se retrouvent sur le marché du
sexe à leur insu, d’autres, en quête d’amour et d’affection, abordent elles-mêmes les
souteneurs. Leurs caractéristiques personnelles (faible estime, insécurité, goût du risque) et
leurs expériences de vie (abus, isolement) les rendent vulnérables à être prises en charge par
des hommes associés aux gangs criminels qui leur offriront, en échange de leurs faveurs
sexuelles et leur engagement dans des activités sexuelles commerciales, hébergement,
attention et protection. De ce fait, les filles ciblées à des fins sexuelles par les gangs sont
rapidement piégées par l’impression d’accumuler des dettes envers les garçons qu’elles
côtoient, ces derniers contribuant largement à exacerber le sentiment de redevance.
Ces jeunes filles s’engagent dans des activités prostitutionnelles entre l’âge de 14 et 16 ans.
Fuir une situation pénible, survivre, faire de l’argent, se débrouiller, s’affirmer, contester,
s’amuser, obtenir du pouvoir et de l’affection sont au nombre des multiples motifs sous-jacents
leur engagement au sein des gangs et dans des activités sexuelles commerciales (Dorais, 2006;
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La définition présentée par Hanigan (1997) est inspirée de celle proposée par le Groupe de recherche-intervention
auprès des mineurs prostitués (1982).
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Fleury et Fredette, 2002). Plusieurs s’y engagent donc à la recherche d’une vie meilleure.
Certaines sont désespérées au point de croire n’importe quoi, surtout n’importe qui, à la
condition d’y voir la possibilité de modifier leur situation personnelle et sociale (Fredette, 2008).
Internet et le Cyberespace
Enfin, on ne peut passer sous silence l’avènement des formes modernes d’activités
prostitutionnelles et, en conséquence, de l’organisation des pratiques apparues avec l’arrivée
des nouvelles technologies de communication (Dorais, 2006, Conseil du statut de la femme,
2002). Dans un contexte de mondialisation des échanges commerciaux et d’ouverture des
frontières à la libre circulation des biens, le développement du marché sexuel à des fins
commerciales sur Internet n’a plus rien d’étonnant. À la manière des échanges commerciaux
traditionnels, le cyberespace augmente considérablement les opportunités et les capacités
criminelles (et tout autant les sources de profits) des individus et des groupes (Fredette, 2009).
En ce sens, au même rythme que l’éclosion des technologies de gestion en ligne évoluent les
possibilités de commercialisation des activités sexuelles (Valdez, 2001). Les gangs de rue
contemporains, composés de délinquants issus d’une génération éduquée à l’air du Net, ne
peuvent pas échapper à cette réalité. Cela dit, bien qu’il soit probable que certains gangs de rue
plus structurés et entretenant des alliances avec d’autres groupes du crime organisé puissent
participer aux structures virtuelles complexes servant de plateformes aux réseaux criminels
nationaux et transnationaux, il est plus légitime d’envisager que les membres de gangs utilisent
à des fins criminelles des lieux virtuels déjà existants (sites de rencontres, salons de clavardage,
communautés virtuelles publiques ou privées) de la même manière qu’ils utilisent les espaces
publics traditionnels (rues, parcs, écoles, centres commerciaux) (Fredette, 2009). À titre
d’exemple, la facilité d’accès à des photos d’adolescentes dévêtues qui s’exposent librement sur
des communautés virtuelles facilite sans doute l’identification de jeunes filles vulnérables à être
recrutées à des fins sexuelles commerciales. Il est, par ailleurs, excessivement difficile de
distinguer, dans un salon de clavardage par exemple, une conversation dite normale d’une
tentative de recrutement. Ceci s’explique sans doute par le fait que l’utilisation du cyberespace
par les gangs de rue, comme moyen de recrutement à des fins d’exploitation sexuelle
commerciale, soit davantage une question d’opportunités que d’organisation (Fredette, 2009).
Autrement dit, les gangs de rue utilisent tout probablement le Net comme lieu de repérage des
jeunes filles disposées à s’exposer sexuellement.
En somme, l’implication des gangs de rue dans l’industrie du sexe et l’organisation de leurs
pratiques en la matière semblent se calquer étroitement aux manières des autres groupes
criminels aussi engagés dans ce type de marché. Autrement dit, les gangs de rue n’ont pas
réinventé la roue ni le bouton à quatre trous! Il est donc hasardeux d’avancer que leur
engagement dans la commercialisation des activités sexuelles, ou même que leur méthode de
recrutement, puissent se distinguer fondamentalement des pratiques connues en la matière.
La participation des filles aux gangs de rue : acolytes ou esclaves?
La participation des filles aux gangs de rue est amplement reconnue, bien qu’il soit toujours et
encore difficile d’en évaluer l’ampleur et la nature réelles. La rareté des études menées auprès
des filles associées aux gangs, dont la proportion concernée par le phénomène est
statistiquement faible lorsque comparée aux hommes (variant entre 5% à 20% selon les
études), explique en majeure partie cette méconnaissance (Bjerregaard et Smith, 1993;
Campbell, 1984; Covey, Menard et Franzese, 1992; Curry et coll., 1994; Esbensen et
Deschenes, 1998; Fagan, 1996; Fournier, 2001; Fournier et coll., Joe et Chesney-Lind, 1995;
Miller, 2002; Shelden et coll., 1996). Cependant, le nombre de recherches portant
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spécifiquement sur la question de la participation des filles aux gangs de rue augmentent depuis
la fin des années 1990. Plusieurs études se sont spécifiquement intéressées à l’expérience des
filles dans les gangs de rue et font état de la victimisation, particulièrement celle sexuelle, qui
marquerait le parcours de ces dernières dans l’univers de ces groupes criminels (Campbell,
1984; Dorais, 2006; Fournier, 2001; Fournier et coll., 2004; Joe Laidler et Hunt, 1997; Miller,
1998; Molidor, 1996). Or, il appert que la victimisation caractérise également l’expérience des
garçons au sein des gangs de rue (Esbensen et coll., 1999; Fleury, 2008; Miller, 2002; Miller et
Decker, 2001; Miller et Brunson, 2000; Sanders, 1994). Plus encore, certains prétendent même
que les garçons seraient beaucoup plus vulnérables que les filles à être victimes de violences
physiques sérieuses (Miller et Decker, 2001). Il semble donc que la victimisation, exception faite
peut-être de celle sexuelle, ne soit pas l’apanage des filles au sein des gangs de rue. En fait,
l’expérience des gangs de rue réserve plusieurs surprises, dont l’escalade de la violence, à
laquelle la majorité des adolescents, filles et garçons confondus, ne s’attendaient pas. Une
escalade qui les piège en faisant d’eux à la fois des agresseurs, parce que responsables de
leurs actes de violence (en leur nom ou au nom du groupe), et des victimes, parce que proies
de la violence des autres (Hamel et coll., 1998; Sanders, 1994). Être auteur ou victime de
violence semble donc être les revers d’une même médaille pour toutes les personnes faisant
l’expérience des gangs de rue et ce, indépendamment de leur genre. Par ailleurs, Molidor
(1996) estime qu’il est inapproprié de percevoir les jeunes filles qui participent aux activités de
gangs de rue uniquement comme des victimes. En ce sens, Covey et ses collègues (1992)
ajoutent que le fait de réduire la participation des filles dans les gangs de rue à la victimisation
qu’elles y subissent est réducteur, dressant un portrait partiel de ce que celles-ci expérimentent
réellement au sein de ces groupes.
L’image donc de la victime, où seule la fonction d’accessoire est accordée aux adolescentes
associées aux gangs de rue, est de plus en plus remise en question. Les femmes sont depuis si
longtemps considérées comme dépendantes des hommes qu’on a mis de côté, à toute fin
pratique, la possibilité qu’elles puissent jouer des rôles similaires à leurs pairs masculins au sein
des gangs criminels. Pourtant, certaines occuperaient des positions comparables aux garçons
et seraient même encouragées à développer leurs propres créneaux d’activités criminelles
(Chesney-Lind et Hagedorn, 1999; Covey et coll., Klein, 1995; Miller, 2002; Molidor, 1996).
Force est donc de constater que les données recueillies à ce jour révèlent différentes façons de
saisir l’affiliation des filles aux gangs de rue qui se résumeraient essentiellement aux deux côtés
d’une médaille : d’un côté, les partenaires, de l’autre, les auxiliaires (Campbell, 1984; ChesneyLind et Hagedorn, 1999; Miller, 1998; Miller, 2002; Miller et Brunson, 2000; Klein, 1995, Valdez,
2001).
Les partenaires, les acolytes
Alors que certaines filles sont ciblées et recrutées par les gangs à des fins économiques et
sexuelles, d’autres, apparemment de plus en plus nombreuses, détiendraient des statuts et
assumeraient, en conséquence, des responsabilités comparables, voire supérieures, à leurs
acolytes masculins (Chesney-Lind et Hagedorn, 1999; Covey et coll., Klein, 1995; Miller, 2002;
Molidor, 1996). Il n’existerait toutefois que très peu de gangs de rue composés uniquement de
filles. Le cas échéant, bien qu’ils puissent posséder une certaine autonomie au plan criminel, les
gangs ne regroupant que des membres féminins demeureraient des annexes aux gangs
composés principalement d’hommes (Klein, 1995). La majorité des filles se joignent à des
groupes criminels mixtes, c’est-à-dire composés à la fois d’hommes et de femmes (Miller, 2002).
Bien que leurs conduites criminelles soient moins sérieuses et moins fréquentes que celles de
leurs pairs masculins, les jeunes filles agissant à titre de partenaires au sein des gangs de rue
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passent plus souvent à l’acte que les garçons contrevenants qui ne sont pas associés à ces
groupes criminels (Covey et coll., 1992; Klein, 1995). Aussi, les filles engagées dans des
activités criminelles de gangs apprendraient de mieux en mieux à utiliser la violence afin
d’obtenir un meilleur statut au sein des groupes auxquels elles adhèrent, à un point tel que
certaines sont qualifiées d’hyper violentes et d’amorales (Covey et coll., 1992; Fredette, 2008;
Miller, 2002; Molidor, 1996).
Les auxiliaires, les accessoires, les esclaves
Les rapports de genre dans les gangs de rue (comme dans plusieurs groupes criminels
d’ailleurs) étant stéréotypés, il n’est malheureusement pas surprenant que les filles utilisées à
des fins accessoires y soient surreprésentées. Le machisme, la misogynie, l’agressivité, la
domination et les exploits sexuels sont, en effet, incontestablement valorisés au sein des gangs
de rue (Dorais, 2006; Fleury, 2008; Totten, 2000). Dans ces groupes criminels, seuls les
hommes, la défense de leur honneur et l’expression de leur virilité comptent véritablement
(Dorais, 2006). Ceux-ci se représentent souvent la femme de manière clivée, c’est-à-dire d’un
côté la madone, soit l’épouse qui vaut la peine d’être aimée, et de l’autre la putain, soit la
libertine qui satisfait le plaisir immédiat. Ceci ne peut qu’influencer les relations que les membres
masculins établissent avec leurs pairs féminins au sein des gangs de rue. À ce titre, il apparaît
étonnant que la question des relations entre les hommes et les femmes au sein des gangs de
rue n’ait que très peu retenu l’attention des chercheurs à ce jour. En effet, mises à part deux
études recensées, soit celle de Fleury (2008) et de Totten (2000), la littérature reste silencieuse
sur le sujet. Les travaux exploratoires de ces derniers révèlent pourtant l’importance du rôle,
mais surtout en fait de la perception, que les garçons associés aux gangs de rue entretiennent à
l’égard de la masculinité. Ces derniers étant généralement exposés à des modèles familiaux
favorisant la domination masculine et la violence envers les femmes, il n’est pas surprenant de
constater que l’agression au sein des gangs de rue s’impose comme principal mode
d’expression de la masculinité et colore les relations entre les sexes. Puisque la madone doit
être irréprochable et dévouée au bien être de son mari et des enfants (donc invariablement
éloignée de toutes activités jugées immorales), la majorité des filles qui fréquentent les gangs
sont naturellement identifiées comme des putains dont on peut se servir dans l’immédiat. Le
mépris et l’insensibilité sont ouvertement manifestés à leur endroit, ce qui justifie le traitement à
titre d’objets sexuels monnayables qui leur est réservé au sein des gangs de rue (Dorais, 2006;
Totten, 2000).
Les filles ciblées par les gangs de rue à des fins sexuelles commerciales ne tiennent donc que
des rôles auxiliaires. De ce fait, elles ne sont pas considérées à titre de partenaires, mais
uniquement comme un moyen, parmi tant d’autres, d’amasser des profits (Fleury et Fredette,
2002; Fredette, 2008). Tenues de se soumettre aux garçons qu’elles côtoient et victimes
d’exploitation psychologique, économique, physique et sexuelle, elles ne participent
essentiellement qu’à la vie sociale du gang et ne possèdent ni le statut ni la reconnaissance
accordés aux autres membres du groupe (Dorais, 2006; Fleury et Fredette, 2002).
Enfin, l’affiliation aux gangs des adolescentes recrutées à des fins sexuelles commerciales
répond davantage à leurs besoins insatiables d’amour plutôt qu’à des incitatifs directement liés
aux gangs de rue, mis à part sans doute pour les idéaux promis (liberté, autonomie, plaisir,
sensations fortes, attention, bien-être). Or si les bénéfices sont vécus intensément au tout
départ, les méfaits au plan physique, émotif, comportemental et social à moyen et long terme
sont malheureusement trop nombreux (stress, abus d’alcool et d’autres drogues, infections
transmises sexuellement (ITS), VIH, grossesses précoces ou non-désirées, désensibilisation à
la sexualité et à l’affectivité, dysfonctions sexuelles et perte d’estime de soi). Néanmoins,
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plusieurs jeunes filles persistent dans leur engagement en raison de l’espoir qu’elles fondent sur
les possibilités de retrouver le Don Juan qu’elles ont rencontré à l’origine, soit cet homme tendre
et doux qui leur a promis de prendre soin d’elles. À la manière donc des femmes victimes de
violence dans le cadre de leur relation amoureuse, les jeunes filles recrutées par les gangs à
des fins sexuelles commerciales ne souhaitent pas a priori quitter l’être aimé. Elles souhaitent
simplement que la violence cesse (Fleury et Fredette, 2002). Ainsi, tant et aussi longtemps
qu’elles ne remettent pas en question l’amour que leur porte leur amoureux et leurs amis du
groupe, elles persisteront dans le gang et ce, même au prix de l’exploitation dont elles sont
victimes.
Entre le partnership et l’avilissement... Des besoins et des risques distincts?
En somme, bien qu’à travers le monde la majorité des jeunes filles affiliées aux gangs criminels,
en raison notamment de la misogynie des hommes qui les composent, soient exploitées tant au
plan psychologique, économique, physique et sexuel, il semble erroné de croire qu’elles soient
toutes uniquement des subalternes et des exécutantes. L’état actuel des connaissances ne
permet toutefois pas d’évaluer ce qui distingue, au niveau personnel et social, les filles plus
vulnérables à être ciblées par les gangs à des fins sexuelles commerciales de celles qui
adoptent une trajectoire similaire aux garçons contrevenants qui les composent. La quête
affective souvent inassouvie, insatiable et toujours insatisfaisante des premières, et l’ambiguïté
des secondes face à leur féminité et leurs besoins de respect et de pouvoir seraient au nombre
des éléments à considérer (Fredette, 2008).
En conclusion
Les gangs de rue font l’objet d’une importante attention médiatique qui n’est pas sans influencer
le sentiment d’insécurité de la communauté citoyenne. L’image actuelle des gangs de rue au
Québec, comme nouvelle menace à la sécurité publique (MSPQ, 2007; SPVM, 2005), tire ses
origines d’une série d’évènements violents qui leur ont été publiquement attribués à la fin des
années 1990 et au début des années 2000. Ces évènements ont mené à d’importantes
opérations policières, comme celle visant le démantèlement d’un réseau de prostitution juvénile
dans la Ville de Québec (Guay et Fredette, à paraître). Nommée « Opération Scorpion », cette
enquête policière, combinée à la notoriété de bon nombre d’individus ayant fait l’objet
d’arrestations, a nettement mis à l’avant scène l’implication des gangs de rue dans l’industrie du
sexe, faisant de l’exploitation sexuelle des mineurs à des fins commerciales une préoccupation
majeure pour la population, les décideurs et les intervenants du Québec.
Les difficultés concernant la mesure et l’étude des gangs de rue, de leurs membres et de leurs
activités, sont pour une bonne part liées au fait qu’ils sont perçus comme des entités
fondamentalement distinctes d’autres bandes criminelles, d’autres délinquants ou d’autres
victimes. Les gangs de rue sont considérés comme des groupes bien particuliers, et
l’appartenance à un gang ou la participation à ses activités, à la manière d’un diagnostic
médical, est perçue comme un « état » (Guay et Fredette, à paraître). Or, il n’existerait pas de
différence fondamentale entre les gangs de rue et d’autres groupes criminels, pas plus qu’il
n’existerait de différences entre les délinquants associés aux gangs de rue et les individus
engagés sérieusement dans un mode de vie criminel, ou encore entre les jeunes filles
exploitées par les gangs de rue à des fins sexuelles commerciales et les autres femmes
œuvrant dans l’industrie du sexe. Tous, à divers degrés, proviennent de foyers en difficulté, sont
impulsifs, voient leurs besoins les plus fondamentaux non-répondus par les institutions en place,
flânent, trainent, boivent, partagent des valeurs déviantes et présentent des troubles graves de
la conduite. Néanmoins, pour plusieurs acteurs politiques, pénaux et sociaux, il existe une
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frontière perçue comme utile, bien qu’invisible, entre le gang de rue et le crime organisé, entre le
membre et le non-membre, entre la jeune fille qui est exploitée en contexte de gang et l’autre
par un truand de la rue (Guay et Fredette, à paraître). Or, à ce jour, l’utilisation de la notion de
gang de rue ou de membre de gang de rue n’a pas permis de saisir réellement le caractère
distinctif de ces groupes et de leurs protagonistes, pas plus qu’elle n’a offert de levier
intéressant et sérieux pour mettre en place des interventions efficaces et en mesurer les effets
(Guay et Fredette, à paraître).
Les gangs de rue sont un système plastique, au même titre que toute structure sociale. La
majorité des personnes qui s’y associent le font de manière transitoire, de sorte que la
composition de ces groupes est en constante mutation (Guay et Fredette, à paraître). C’est dire
que tous ne sont pas faits pour la vie de gang, que tous n’y trouvent pas leur compte.
À ce jour, la grande majorité des études sur les gangs de rue et les problématiques qui y sont
associées, et en conséquence la plupart des pratiques de prévention, d’intervention et de
répression qui en découlent, se heurtent aux limites conceptuelles et méthodologiques
responsables de descriptions génériques et statiques de ces groupes hétérogènes de
délinquants, aux manifestations variées et sur laquelle peu de gens s’entendent (Guay et
Fredette, à paraître). De ces faits, chercheurs et praticiens doivent sortir des sentiers battus,
laisser de côté leurs vieux repères pour en développer de nouveaux et accepter que ce que l’on
sait aujourd’hui sur les gangs de rue et leurs activités est sans doute déjà révolu.
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