René est l`incarnation du héros romantique et du

FRANÇOIS RENÉ DE CHATEAUBRIAND: « RENÉ» (1802)
L’automne me surprit au milieu de ces incertitudes : j’entrai avec ravissement dans le mois des
tempêtes. Tantôt j’aurais voulu être un de ces guerriers errant au milieu des vents, des nuages et
des fantômes ; tantôt j’enviais jusqu’au sort du pâtre que je voyais réchauffer ses mains à l’humble
feu de broussailles qu’il avait allumé au coin d’un bois. J’écoutais ses chants mélancoliques, qui me
rappelaient que dans tout pays le chant naturel de l’homme est triste, lors même qu’il exprime le
bonheur. Notre cœur est un instrument incomplet, une lyre où il manque des cordes, et où nous
sommes forcés de rendre les accents de la joie sur le ton consacré aux soupirs.
Le jour, je m’égarais sur de grandes bruyères terminées par des forêts. Qu’il fallait peu de chose
à ma rêverie ! une feuille séchée que le vent chassait devant moi, une cabane dont la fumée
s’élevait dans la cime dépouillée des arbres, la mousse qui tremblait au souffle du Nord sur le
tronc d’un chêne, une roche écartée, un étang désert où le jonc flétri murmurait ! Le clocher
solitaire s’élevant au loin dans la vallée a souvent attiré mes regards ; souvent j’ai suivi des yeux
les oiseaux de passage qui volaient au-dessus de ma tête. Je me figurais les bords ignorés, les
climats lointains où ils se rendent ; j’aurais voulu être sur leurs ailes. Un secret instinct me
tourmentait : je sentais que je n’étais moi-même qu’un voyageur, mais une voix du ciel semblait
me dire : « Homme, la saison de ta migration n’est pas encore venue ; attends que le vent de la
mort se lève, alors tu déploieras ton vol vers ces régions inconnues que ton cœur demande. »
« Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre vie ! »
Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure, ne
sentant ni pluie, ni frimas, enchanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur.
RÉFLEXION PERSONNELLE:
René est l’incarnation du héros romantique et du « mal du siècle». Réfléchissez sur
ce thème à l’aide de vos connaissances personnelles.(300 mots environ)
RÉDACTION DE LA RÉFLEXION PERSONNELLE
Le "Mal du siècle" est un sentiment, un état d'âme qui a caractérisé la première génération
romantique. Ce malheur intérieur a été manifesté à travers quelques grandes œuvres littéraires
du XIXème siècle, dans lesquelles on retrouve son incarnation: le héros romantique.
Mais, comment réagir face à une existence décevante? Pour répondre à cette question, on va
analyser, d'abord, quelles sont les caractéristiques du héros romantique. Après, on va traiter
comment le héros fait face à ce sentiment.
Le héros romantique souffre pour son existence médiocre. Il a grandi sous l'Ancien Régime et
après, condamné à vivre dans un monde qu'il ne comprend pas, plein de révolutions et angoisse.
Il est incapable de renoncer au passé. Le héros qui a caractérisé toute la première génération
romantique est "René", personnage de Chateaubriand. En souffrant du "mal du siècle", il éprouve
une profonde mélancolie, le "vague des passions", comme cet écrivain a défini cette condition
intérieure. C'est un sentiment qui, selon l'auteur, précède le développement des passions et
provoque une fracture dans l'âme humaine. L'homme éprouve un sentiment de lassitude,
d'impuissance à vivre. Il consacre sa vie à l'introspection, à l'isolement parce qu'il se sent
catapulté dans la réalité sans certitudes. Après, on va voir comment le héros réagit à cette
existence décevante.
Le héros romantique fuit sa douleur mais, au même temps, la cultive pour la transformer en
poésie, en art. Premièrement, il voit le voyage comme moyen de libération. Il se sert de la
méditation et de la contemplation de la nature pour échapper de son existence. Il considère la
nature une mère accueillante, son abri, dans laquelle il retrouve un refuge de la déception, de la
souffrance. On a une autre représentation de la nature dans les "Méditation poétiques" de
Lamartine. Dans cette œuvre, il exhorte à la contemplation de la nature qui est soit consolatrice,
soit cause de souffrance intérieure à cause de la grandeur de la création. Pour Lamartine, la poésie
est un besoin intime et, comme Chateaubriand soutient, toute sa vie est concentrée dans le rêve,
dans l' imagination. Les derniers thèmes sont la fugacité du temps, traitée dans les" Mémoires
d'outre tombe" mais surtout la mort. Pour le poète romantique, la mort est l'étape finale de son
voyage, la fin de la souffrance humaine.
En conclusion, à travers cette réflexion, on a analysé les caractéristiques du "mal du siècle",
sentiment éprouvé par le héros romantique. En second lieu, on a traité les modalités à travers
lesquelles le héros incarnant le malheur intérieur du poète, échappe de la réalité décevante.
Son existence divisée entre réalité et rêve lui provoque un bouleversement déchirant de sa
conscience. Il ne peut pas vraiment échapper; donc, il se réfugie dans les arts. Ce malaise est
aussi présent dans le symbolisme français.
Fabiana Gargia- Classe 4^G - A.S. 2014-15
Lycée Linguistique International Aristosseno Tarente
Docenti : prof. Sergio Mulas-Sabine Scheck