Johnny Hallyday - JUKEBOX MAGAZINE

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Johnny Hallyday - JUKEBOX MAGAZINE
JOHNNY HALLYDAY EN CONCERT
On a longtemps cru tout savoir
sur les enregistrements de scène
de Johnny Hallyday dans la
première moitié des années 60,
période que beaucoup considèrent
comme la plus flamboyante de
sa carrière. Le corpus il est vrai
se limitait à trois albums bien
connus : le 25 cm Vogue « Johnny
Hallyday Et Ses Fans Au Festival
De Rock’n’Roll » au Palais des
Sports de Paris en février 1961 ;
les deux 30 cm Philips « Olympia 62 » et « Olympia 64 », au
célèbre music-hall parisien. Ces
belles certitudes volent en éclat
en juin 1993 quand, pour les 50
ans de Johnny, Canal +
programme une Nuit Hallyday
consacrée à l’ensemble de sa
carrière. L’occasion pour les
fans éberlués de découvrir des
documents étonnants, provenant
notamment de télévisions étrangères, sur des concerts en 1961
et 1963 inconnus et particulièrement délectables. On réalise
dès lors que l’on ne connaît que
la partie émergée d’un iceberg
audio-visuel insoupçonné.
D
éjà en 1991 on a découvert avec curiosité,
lors de la première réédition en CD des
Olympia 1962 et 1964, les morceaux
inédits qui, faute de place, n’avaient pu figurer
sur les pressages vinyles originaux. Puis, comme
si un signal avait été donné, petit à petit, et
jusqu’à récemment, des documents inattendus
refont surface : films sur cassettes VHS puis
DVD, enregistrements privés ou repiquages
radio, etc. Il faut être indulgent à leur égard tant
l’intérêt musical et historique est essentiel. Le
changement de maison de disques du chanteur,
ces dernières années, oblige son ancien label,
afin de continuer à alimenter le marché, à puiser
dans ses archives et à publier, enfin, certains
Olympia légendaires dont on commençait à
désespérer de pouvoir les écouter un jour.
D’autre part, parmi la multitude d’ouvrages
consacrés à Johnny, il existe quelques pépites
qui se détachent du lot : témoignages des
protagonistes et reportages qui livrent des
informations sur la vie en tournée, l’évolution du
répertoire et les concerts radio diffusés. Enfin,
il faut saluer le travail de Jacques Leblanc,
au sein de Juke Box Magazine, qui n’a de
cesse d’apporter des renseignements inédits
et précieux. Ils n’hésitent pas à torde le cou
aux idées reçues avec des documents rares,
souvent inédits. Les archives écrites, filmées
ou enregistrées sont donc aujourd’hui à peu
près bien connues à défaut d’être encore toutes
disponibles. Aussi, le moment est venu de
mettre tous ces éléments à plat sur les premières
années de la carrière de Johnny Hallyday, non
plus à travers ses disques studio mais par le
biais de ses captations en public, radio ou télé,
représentatifs du talent de celui que même ses
détracteurs saluent du qualificatif de bête de
scène. On ne peut parler des titres en public
sans évoquer sa carrière, ses tournées, ses
musiciens et même ses guitares.
1960-65
La face cachée d’une discographie (1)
Il n’est pas inutile, pour clore ce préambule, de
rappeler l’intérêt de ces documents en public,
réalisés dans des conditions très différentes de
celles d’aujourd’hui. Il n’y avait pas de camions
transportant la logistique avec toute une cohorte
de techniciens, mais simplement Johnny, son
chauffeur-garde du corps, son imprésario et ses
musiciens entassés dans deux grosses voitures
avec les bagages, les instruments et les amplis
dans le coffre voire sur le toit. Le matériel de
sonorisation était moins puissant et performant
que de nos jours et les instruments peu ou pas
repris dans la sono, le public se contentant du
son des amplificateurs individuels. Il n’y avait
pas de fond de scène avec projections et biensûr ni fumigène ni pyrotechnie. Les éclairages
étaient sommaires. Les concerts drainaient
des spectateurs moins nombreux que dans
les années 1990 et 2000, mais le rapport avec
l’artiste était plus intense et réciproquement.
C’est pourquoi ces enregistrements sont si
précieux car les morceaux ne sonnent pas sur
scène comme sur les disques, les conditions
techniques sont moins bonnes et les musiciens
ne sont pas toujours ceux qui jouent en studio.
Quant à Johnny, qui souvent n’apprend les titres
que juste avant de les mettre en boîte, il se les
approprie vraiment en tournée, soit à l’époque
les deux tiers de son temps en modifiant
même parfois l’interprétation, le rythme et les
arrangements ou, plus rarement, les paroles.
Le répertoire change constamment au gré de
son humeur ou de son actualité car Johnny sort
un super 45 tours tous les trois mois et il faut
intégrer ces nouveaux morceaux et en retirer
d’autres. C’est pourquoi la recherche de ces
rares captations s’apparente à une quête entre
le puzzle et la chasse au trésor. Ce que ces
chansons perdent (parfois) en qualité technique,
elles le gagnent en spontanéité, feeling et
dynamique, et l’émotion qu’elles dégagent est
toujours palpable plus d’un demi-siècle plus
tard.
JE ME SENS SI SEUL
En 1958, Jean-Philippe Smet a quinze ans
quand il a la révélation du rock’n’roll en voyant
au cinéma ce qu’il croit être un western, Loving
You (Amour frénétique), avec Elvis Presley.
Dès lors, Johnny, qui gratte déjà la guitare
depuis trois ans, et chante, de temps à autre,
un répertoire très éclectique en supplément du
numéro de danse de sa cousine Desta et de son
mari Lee Halliday, sent germer en lui l’ambition
de devenir l’Elvis français. Lee, de nationalité
américaine, qui lui tient en quelque sorte lieu de
père, ne trouve pas l’idée absurde, selon une
bonne logique famille de gens du spectacle ! Il
lui achète sa première vraie guitare, une Solist,
de fabrication française, qui présente l’avantage
de pouvoir être utilisée en acoustique ou,
branchée sur un ampli, en électrique. JeanPhilippe Smet prend le nom d’artiste de Johnny
Halliday. Au cours de 1958 il teste son répertoire
devant ses copains. A cette occasion quatre
morceaux sont enregistrés chez les parents de
Jean-Pierre Guerlin, à Bécon-les-Bruyères, sur
un dictaphone avec le guitariste Philippe Duval.
Soit « Je Me Sens Si Seul », qu’il reprendra
officiellement en 1974, sa propre version française du « Heartbreak Hotel » d’Elvis Presley,
et « Tutti Frutti » de Little Richard, et, toujours
inédits, en possession de François Jouffa,
« Money Honey » et « Premier Amour » (« Don’t
Leave Me Now »), aussi d’après Elvis. Peut-on
considérer ces morceaux comme enregistrés en
public ? Oui car on entend distinctement des
copains de Johnny taper des mains sur « Tutti
Frutti ».
Les deux premiers titres figurent dans le coffret
« Souvenirs Souvenirs » (Sony-BMG-Vogue)
de 2006, puis sur le 25 cm « Studio/Public
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