Freshfields, cabinet de l`année

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Freshfields, cabinet de l`année
ANALYSETRENDS LEGAL AWARDS
25 ans de présence en Belgique
Freshfields,
cabinet de l’année
e bureau bruxellois de
Freshfields décroche le
titre de cabinet de l’année.
Le jury des Trends Legal
Awards récompense une
équipe d’avocats de haut
vol qui affiche de solides
performances en 2015.
Freshfields s’est investi l’année dernière
dans un grand nombre de dossiers de premier plan. Le cabinet bruxellois a conseillé
AB InBev, l’un de ses plus fidèles clients,
dans le cadre de l’acquisition du plus grand
brasseur sud-coréen Oriental Brewery,
pour 5,8 milliards de dollars. Freshfields
est intervenu aux côtés de Holcim dans le
dossier de fusion avec Lafarge, visant à
créer un géant mondial du ciment. L’équipe
a fourni ses précieux conseils à l’entreprise
américaine Perrigo, qui signe la plus grosse
opération M&A en Belgique en 2014
avec le rachat de la société de Marc
Coucke Omega Pharma, pour 3,6 milliards
d’euros.
Freshfields a aussi joué un rôle dans la
mutation du paysage médiatique flamand
en conseillant le câblo-opérateur Telenet
pour l’acquisition d’une participation de
50% dans la société De Vijver, propriétaire
des chaînes Vier et Vijf. Solvay, autre client
historique de Freshfields, a également bénéficié du support juridique de la firme pour
accompagner sa joint-venture avec Ineos
pour former un acteur européen majeur
dans la production de PVC.
L
Magic Circle et ancrage belge
La participation de Freshfields à ces dossiers emblématiques démontre la solidité
de l’ancrage belge de cette structure inter30 23 AVRIL 2015 | WWW.TRENDS.BE
nationale faisant partie du fameux Magic
Circle qui rassemble les cabinets globaux
les plus en vue. «Il y a 25 ans, nous sommes
partis de rien. Petit à petit, la pratique belge
est devenue majoritaire. Aujourd’hui, nos
plus grands clients sont belges», souligne
l’avocat associé Vincent Macq, qui dirige
le département corporate de Freshfields.
Le cabinet conseille des entreprises
comme Delhaize, Fluxys, Quick, SNCB,
Tessenderlo, Univeg ou Brussels Airport.
L’équipe belge intervient partout dans le
monde pour des clients comme Solvay ou
AB InBev. «Nos clients nous connaissent
et reconnaissent les valeurs que l’on partage avec eux: le dépassement de soi, l’esprit d’entreprise. Nous essayons toujours
de combiner expertise juridique et économique. Nous connaissons le business de
nos clients, nous travaillons avec eux, avec
leurs équipes», insiste le managing partner Thomas Janssens, qui dirige également
le département antitrust du cabinet.
Vincent
Macq
PHOTOS : PG
Le cabinet d’avocats Freshfields reçoit le titre de «Best law firm»,
décerné à l’occasion des Trends Legal Awards 2015.
Thomas
Janssens
Deborah
Janssens
La force de la structure réside aussi
dans son vaste réseau international.
Le cabinet d’origine britannique (fondé
en 1743) a fusionné en 2000 avec deux
bureaux germaniques pour former
Freshfields Bruckhaus Deringer. La
firme compte environ 2.500 avocats
dans le monde, basés dans 16 pays.
Elle a également établi des liens forts avec
des bureaux partenaires dans les pays où
elle n’est pas directement présente.
Si Freshfields est une structure internationale, son management local assure
bénéficier d’une grande latitude dans la
gestion du bureau bruxellois. «La stratégie est globale dans les chiffres, mais
nous avons une très grande indépendance», assure l’avocat associé Vincent
Macq.
M&A, le retour
Le bureau bruxellois de Freshfields
compte environ 90 avocats dont 17 associés. Il gère des dossiers en droit des
Laurent
Garzaniti
affaires au sens large, avec des pratiques
bien développées en corporate M&A,
competition, employment, banking and
finance, tax, dispute resolution et real
estate. Si les dossiers en droit social ont
pris de l’ampleur durant les dernières
années de crise suite aux restructurations d’entreprises, le créneau des fusions
et acquisitions (M&A, ou mergers &
acquisitions) a repris de plus belle en
2014. «Le marché des M&A est reparti
comme dans les années 2000», se réjouit
Vincent Macq.
La bonne santé du marché a permis
au cabinet de poursuivre sa politique de
recrutement, qui tourne autour d’une
dizaine d’avocats recrutés chaque année
(15 environ avec les stagiaires). A en croire
ses associés, l’ambiance chez Freshfields
serait studieuse mais (relativement)
décontractée. «Nous visons l’excellence,
mais nous ne nous prenons pas trop au
sérieux», explique Vincent Macq.
z GILLES QUOISTIAUX
Chris Sunt
Le palmarès
Pour la deuxième année consécutive,
Roularta (éditeur de TrendsTendances) organise les Trends Legal
Awards, un événement qui récompense les bureaux d’avocats et
juristes d’entreprise les plus performants en Belgique. Les lauréats sont
choisis par un jury indépendant.
Les prix principaux sont décernés
au meilleur juriste d’entreprise et
au meilleur cabinet d’avocats
de Belgique. Dans ces catégories, les
candidats doivent défendre une présentation devant le jury. Huit prix spéciaux sont également décernés aux
bureaux d’avocats actifs dans différentes spécialités du droit des affaires.
Pour ces derniers, les candidats doivent présenter un dossier écrit au jury,
présidé par un membre de la rédaction de Trends-Tendances. La composition et les rapports des jurys sont
disponibles sur www.trendslegal.be.
D Meilleur cabinet d’avocats
Geert
Verhoeven
Axel
Haelterman
Freshfields
D Meilleur juriste d’entreprise
Marleen Vandendriessche
(Brussels Airport Company)
D Meilleur cabinet en droit
des sociétés
Linklaters
D Meilleur cabinet en fiscalité
Freshfields
D Meilleur cabinet
en banque & finances
Liedekerke
D Meilleur cabinet
en concurrence & antitrust
Covington
Meilleur
cabinet en droit social
D
Lydian
D Meilleur cabinet
en immobilier & construction
DLA Piper
D Meilleur cabinet en IP, IT & TMT
Bird & Bird
D Meilleur cabinet
en litiges & arbitrage
NautaDuthil
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ANALYSETRENDS LEGAL AWARDS
le meilleur juriste d’entreprise est marleen
Va nde ndr ie s s c he (Bru s se l s a ir por t compa n y )
La machine à écrire
de l’aéroport
Marleen Vandendriessche (Brussels Airport Company) se voit décerner le Trends Legal
Award 2015 du meilleur juriste d’entreprise. Dans l’ancienne entreprise publique, le rôle de
son équipe a évolué de répondeur juridique à prestataire de services proactif.
’équipe de Marleen Vandendriessche a accompagné
l’évolution de l’aéroport de
Zaventem durant une période
mouvementée. Ces 20 dernières années, Brussels Airport Company
est passée du statut d’institution d’Etat
à celui d’organisation commerciale.
«L’environnement a changé très rapidement, signale la juriste de 49 ans, arrivée
il y a six ans en provenance de General
Motors. Mais cela fait de Brussels
Airport Company un lieu de travail intéressant, stimulant et donc attrayant.»
D’un point de vue juridique, l’entreprise est l’héritière de la société anonyme
de droit public Brussels International
Airport Company (BIAC), de l’ancienne
Brussels Airport Terminal Company et
de la Régie des voies aériennes. En 2004,
le gestionnaire de fonds d’infrastructure
australien Macquarie a acquis trois quarts
du capital du gestionnaire d’aéroport,
pour en revendre 30% à l’Ontario
Teachers’ Pension Plan (un fonds
canadien qui gère les pensions d’enseignants) en 2011. La Société fédérale de participations et d’investissement (SFPI) détient les 25% restants.
L’exploitant de l’aéroport a enregistré un chiffre d’affaires de 428,6
millions d’euros en 2013.
L’équipe de Marleen Vandendriessche
ne traite pas uniquement les baux immobiliers, les contrats commerciaux (boutiques, restaurants, etc.), les dossiers de
financement et sociaux, mais aussi des
législations moins courantes comme les
marchés publics, le traitement des sols
et les nuisances sonores. Et ce, dans un
contexte juridique spécifique, puisque
Brussels Airport Company a aussi une
mission d’intérêt général et opère dans
un cadre très régulé.
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PG
L
MARLEEN VANDENDRIESSCHE
«En qualité de membre de la direction,
j’ai accès à toutes les informations et
l’équipe juridique peut participer aux
réflexions à un stade plus précoce.»
Marchés publics
Cela n’est pas sans conséquence sur la
recherche de fournisseurs. Ces dernières
années, le département juridique a beaucoup travaillé sur les marchés publics
dans le cadre de la construction du
Connector, ce bâtiment qui relie le terminal et la jetée A. Cet investissement
de 75 millions d’euros était le plus grand
projet de construction de l’aéroport
depuis l’ouverture de la jetée A en 2002.
Outre le droit des marchés publics et de
la construction au sens strict, il fallait
également conclure des contrats avec
l’architecte, le bureau d’études et l’entrepreneur, ainsi que les conventions
liées à l’exploitation des boutiques, l’achat
des machines screening et l’aménagement intérieur. L’équipe a également
soutenu d’autres départements qui veillent sur l’infrastructure, les opérations,
la sécurité, l’environnement et l’informatique.
«Nous devons appliquer rigoureusement la législation en matière de
marchés publics, explique Marleen
Vandendriessche. C’est une matière très
technique, qui n’est guère connue des
autres collègues.» Son département organise des cours destinés à affûter la legal
awareness des autres départements,
notamment en matière de marchés
publics. De plus, elle a rédigé des documents modèles et de nouvelles conditions de livraison pour les marchés
publics de ce type afin d’automatiser
autant que possible le travail.
«Cela a assoupli le processus de négociation, affirme-t-elle. L’encadrement
du Connector est un bel exemple de la
manière dont des juristes peuvent aider
une entreprise dans la phase initiale
d’un projet. Nous cultivons une approche
très différente d’il y a 10 ans par exemple, lorsqu’on attendait des juristes
qu’ils résolvent des problèmes une fois
qu’ils étaient apparus.»
porte de graves risques juridiques. C’est
une perte de temps pour le management,
et cela complique également l’élaboration de solutions. A présent, nous allons
émettre une mise en garde plus tôt, qui
permettra de ne devoir procéder qu’à de
légères adaptations dans un cadre juridique réaliste.»
Autonomie juridique
«Nos collègues des autres départements nous considèrent comme un client
interne, que nous voulons inciter à faire
preuve d’une plus grande autonomie.
Nous avons ainsi plus de temps pour
nous attaquer à des questions juridiques
complexes plus rapidement et à un plus
stade plus précoce», explique Marleen
Vandendriessche.
Selon une enquête de l’Institut de jeunesse d’entreprise, trois juristes d’entreprises sur quatre ont constaté une
augmentation de leur impact dans l’entreprise ces dernières années. Et un tiers
d’entre eux font partie du comité de
direction. Marleen Vandendriessche
aussi est membre de la direction, au
contraire de son prédécesseur.
«J’ai ainsi accès à toutes les informations et l’équipe juridique peut participer aux réflexions plus rapidement, poursuit-elle. Nous évitons ainsi de devoir
rectifier une décision déjà prise à un stade
beaucoup plus tardif parce qu’elle com-
«Nos collègues des
autres départements
nous considèrent
comme un client
interne, que nous
voulons inciter à faire
preuve d’une plus
grande autonomie.»
Plus de demandes, plus de travail
Une implication plus étroite entre les
juristes et le reste de l’entreprise accroît
cependant le nombre de demandes. Une
analyse SWOT (acronyme issu de l’anglais: strengths /forces, weaknesses/faiblesses, opportunities/opportunités,
threats/menaces) menée par l’équipe
juridique en 2014 a révélé une augmentation de la charge de travail pour le département juridique.
«Nous sommes victimes de notre
propre succès, reconnaît Marleen
Vandendriessche. C’est cependant ma
tâche que de veiller à ce que mon département dispose de moyens suffisants
pour travailler convenablement. Notre
équipe a accueilli un juriste supplémentaire. A présent, nous sommes cinq.
De plus, nous faisons appel à des collaborateurs externes du bureau USG Legal
ou à nos cabinets d’avocats pour amortir les pics d’activités temporaires, comme
lors de la construction du Connector ou
le refinancement de Brussels Airport
Company.»
Autre constatation de l’analyse
SWOT: les collaborateurs de Marleen
Vandendriessche doivent également traiter toutes sortes de questions semijuridiques. «Nous sommes presque devenus la machine à écrire de l’entreprise.
Faut-il réduire ce flux de questions qui
sont moins pertinentes d’un point de vue
juridique à première vue? Lorsqu’une
question de ce type nous est soumise,
c’est le signe que nos collaborateurs présument que le dossier comporte bel et
bien des aspects juridiques. Nous allons
donc formuler des réponses à toutes les
questions, éventuellement avec le personnel non juridique. Cela relève de notre
fonction de facilitateur.»
z HANS BROCKMANS
Grand nettoyage dans le portefeuille d’avocats
La juriste d’entreprise
Marleen Vandendriessche
a fait le grand nettoyage
dans le portefeuille
d’avocats de Brussels
Airport Company. Il y a
cinq ans, l’entreprise
collaborait encore avec 26
cabinets. L’opinion des
juristes et autres collaborateurs a été analysée par
avocat et par cabinet.
Après une brève procédure
de sélection, l’exploitant
d’aéroport n’a gardé que
cinq cabinets par domaine
de spécialité. Une nouvelle
évaluation a suivi il y a un
an. Désormais, Brussels
Airport Company travaille
principalement avec
Freshfields, Allen & Overy,
Stibbe, Lydian et Publius.
Les conditions de fonctionnement avec les cabinets
ont été revues. Pour de
nouvelles missions, BAC
travaille si possible sur
base forfaitaire, et non
selon des heures
facturables plus difficiles à
prévoir. «Cela n’est pas
toujours possible pour les
grands bureaux classiques,
explique Marleen
Vandendriessche. Mais
les cabinets plus jeunes
acceptent généralement
cette manière de
procéder.»
Le professeur écossais
Richard Susskind (auteur
de The end of Lawyers ?)
prévoit une réduction
des frais juridiques des
entreprises de 30 à 50%.
Ce qui aura un effet sur la
hauteur des honoraires des
avocats.«Chez nous, il
n’est question d’aucune
économie linéaire, réplique
Marleen Vandendriessche.
Au contraire, nos moyens
augmentent avec l’élargissement des tâches.
Naturellement, nous
devons également
respecter notre budget.
Mais si nous sommes
confrontés subitement à un
dossier juridique inattendu,
il est possible d’obtenir une
rallonge après concertation
avec le management.
Nous n’allons pas engager
des avocats moins chers
qui seraient moins
compétents.»
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