INTERVIEW DE THIERRY ESCAICH « J`ai besoin de l`action »

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INTERVIEW DE THIERRY ESCAICH « J`ai besoin de l`action »
INTERVIEW DE THIERRY ESCAICH
Paris-Normandie 17 septembre 2009
« J'ai besoin de l'action »
Thierry Escaich a inauguré il y a deux ans le nouvel orgue d'Evreux
CONCERT.Thierry Escaich lance demain vendredi le deuxième festival Orgue et Musique sacrée à Evreux avec
l'ensemble Sequenza 9.3.
La deuxième édition du Festival Orgue et Musique sacrée commence demain vendredi, à la cathédrale d'Evreux, avec un
hommage à Johann Sebastian Bach. L'ensemble vocal Sequenza 9.3, dirigé par Catherine Simonpietri, interprétera avec
l'organiste Thierry Escaichle Nun Komm der Heiden Heiland du cantor de Leipzig. A cette pièce écrite au XIIesiècle illustrant
l'adoration dans l'attente du Rédempteur s'ajoutent les cinq partitions écrites par Valéry Aubertin, Pierre-Adrien Charpy, Thierry
Escaich, Eric Lebraun et Vincent Paulet à partir de ce choral. Entretien avec Thierry Escaich, titulaire des orgues de SaintEtienne-du-Mont et un des meilleurs organistes de sa génération.
Vous revenez à Evreux après avoir inauguré ce nouvel orgue il y a deux ans.
Thierry Escaich: «C'est un orgue merveilleux au niveau esthétique et sonore qui se prête aussi bien pour la musique de Bach
que la musique contemporaine. Pascal Quoirin est un rare facteur en France à avoir une personnalité. Il a ainsi réussi un orgue
néoclassique qui a une personnalité».
Vous ouvrez le festival avec notamment «Sanctus», une de vos pièces écrites d'après le vocal de Bach.
«Je ne me suis pas servi des paroles. Je n'ai pas non plus retenu le thème. J'ai gardé la mélodie qui est belle, qui est la fois
tonale et modale. Elle vient du grégorien et a un côté intem- porel. Pour cette pièce, j'ai en tête l'idée du canon que Bach a
exploité. Moi, je la pousse à l'extrême. Sanctus commence en douceur pour se renforcer au milieu avant de terminer en une
longue méditation».
Est-ce que Bach est un compositeur qui vous a particulièrement nourri?
«La musique de Bach nourrit forcément. Chez Bach, il y a une sorte de perfection d'écriture. Sa musique découle facilement.
C'est une évidence. Il y a une évidence du discours».
Quelle relation existe-t-il entre Thierry Escaich interprète et Thierry Escaich compositeur?
«L'un nourrit l'autre. Ma carrière de compositeur me prend beaucoup de temps. La composition d'une pièce peut me prendre six
mois. Pendant ce moment, on va loin dans l'élaboration. Cependant le fait de jouer sur l'instrument accélère mon travail. A
l'orgue, je peux faire naître des choses. Je peux tester. Il peut me venir une idée lors d'une improvisation. Jouer me ramène
également à la réalité et ne freine pas la spontanéité. La musique, ce n'est pas que de l'écrit. C'est de l'oral qui s'écrit. L'écrit
permet à l'œuvre de rester».
Composez-vous toujours au piano?
«Au piano et aussi librement mentalement. Pour composer, j'ai aussi besoin de l'action. Il y a bien sûr un passage par le piano
qui permet de malaxer les sons».
Est-ce la transcription de votre monde intérieur?
«Oui, c'est dans ce sens-là que ça se passe. Néanmoins, j'ai un principe d'écriture. J'ai besoin de visualiser la pièce avant de
l'écrire. Et ce du début jusqu'à la fin. Elle est là dans les grandes lignes. Je ne veux pas commencer par un blocage».
Propos recueillis par Maryse Bunel

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