Vol.2 N°3 - Eurosurveillance

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Vol.2 N°3 - Eurosurveillance
Vol. 2 N°3
MARS / MARCH 1997
BULLETIN EUROPÉEN SUR LES MALADIES TRANSMISSIBLES / EUROPEAN COMMUNICABLE DISEASE BULLETIN
FUNDED BY DGV OF THE COMMISSION OF THE EUROPEAN COMMUNITIES
FINANCÉ PAR LA DGV DE LA COMMISSION DES COMMUNAUTÉS EUROPÉENNES
RAPPORT DE SURVEILLANCE
SURVEILLANCE REPORT
Surveillance de la résistance antimicrobienne
chez l’homme, dans les denrées alimentaires
et le bétail au Danemark
Surveillance of antimicrobial resistance
in humans, food stuffs and livestock
in Denmark.
1
HC Wegener 1, F Bager 1, FM Aarestrup2
Centre Danois des Zoonoses
2
Département de Microbiologie, Laboratoire Vétérinaire Danois, Copenhague, Danemark
1
Contexte
Background
La résistance croissante des bactéries pathogènes aux agents antibactériens soulève,
à travers le monde, le problème de l’utilisation de plus en plus répandue de ces agents
dans la production animale, pouvant générer le développement de bactéries résistantes
ou de gènes de résistance qui peuvent être transférés à des bactéries qui causent des
maladies à l’homme. Dans l’intérêt des consommateurs et plus largement de la santé
humaine et animale, le ministre danois chargé de l’Agriculture et de la Pêche et le ministre
chargé de la Santé ont demandé en 1995 au Laboratoire Vétérinaire Danois, à l’Agence
Danoise pour l’Alimentation et au Statens Serum Institut de collaborer pour la surveillance
et la recherche dans le domaine de la résistance antimicrobienne.
A general increase in antimicrobial resistance among pathogenic bacteria is
causing concern worldwide that the widespread use of antimicrobial agents in animal
production may promote the development of resistant bacteria or resistance genes
that can be transferred to bacteria that cause disease in humans. In the interest
of consumer safety and the health of animals and humans the Danish ministers of
Agriculture and Fisheries, and Health in 1995 asked the Danish Veterinary Laboratory,
Danish Food Agency, and Statens Serum Institut to collaborate in the surveillance
and research of antimicrobial resistance.
HC Wegener 1, F Bager 1, FM Aarestrup2
Danish Zoonosis Centre
2
Department of Microbiology, Danish Veterinary Laboratory, Copenhagen, Denmark
Objectives
Objectifs
A programme entitled “Danish Integrated Antimicrobial Resistance Monitoring and
Research Programme” (DANMAP) has been set up with the following objectives:
• monitor the occurrence of antimicrobial resistance in bacteria in livestock animals,
food, and humans;
• monitor the consumption of antimicrobials by humans and animals;
• detect and quantify spread of resistant bacteria and resistance genes from
animals to man;
• provide guidelines for medical and veterinary antimicrobial chemotherapy to
ensure that they continue to be used prudently.
Le programme intégré danois de recherche et de surveillance de la résistance aux
antibactériens a été mis en place avec les objectifs suivants :
• surveiller la survenue de résistances bactériennes aux antimicrobiens chez les animaux
du bétail, dans l’alimentation et chez l’homme ;
• surveiller la consommation animale et humaine d’antimicrobiens ;
• détecter et quantifier la propagation de bactéries résistantes ou de gènes de résistance
de l’animal à l’homme ;
• fournir des recommandations sur les chimiothérapies antimicrobiennes médicales
et vétérinaires pour s’assurer qu’elles continuent à être utilisées avec prudence.
Principle
Principe
The surveillance system compares resistance patterns in bacteria (identified to
species level) isolated from livestock, food, and humans, using identical or comparable
methods. The bacterial isolates are selected to be representative samples of infections
in the populations under investigation (see below). Bacteria are identified to species
level because different species may differ in their intrinsic resistance or tendency
to develop resistance to antibiotics. Bacterial species also differ in their animal
reservoirs, and therefore in their exposure to antimicrobials. We monitor both pathogenic and indicator bacteria. Bacteria suitable as indicators are those which are
frequently isolated from a broad range of healthy animal hosts and other sources. ➤
Le système de surveillance compare les profils de résistance des bactéries (identifiées
à l’échelon de l’espèce) isolées dans le bétail, dans les aliments et chez l’homme en utilisant
des méthodes identiques ou comparables. Les isolats bactériens sont selectionnés de
façon à être représentatifs des infections touchant les populations étudiées (voir ci-dessous).
Les bactéries sont identifiées selon leur espèce car les espèces peuvent différer par leur
résistance propre ou par leur tendance à développer des résistances aux antibiotiques.
Les espèces bactériennes diffèrent également par leurs réservoirs animaux, ce qui peut
faire varier leur exposition aux antibiotiques. La surveillance concerne à la fois des ➤
S
Rapports de surveillance /
Surveillance reports
Note éditoriale /
Editorial note
Rapport d’investigation /
Outbreak report
O
M
M
A
I
R
E
/
C
O
N
T
E
N
T
S
• Surveillance de la résistance antimicrobienne chez l’homme, dans les denrées alimentaires et le bétail au Danemark
Surveillance of antimicrobial resistance in humans, food stuffs and livestock in Denmark
• Surveillance de la sensibilité aux antibiotiques des Salmonella (France)
Surveillance of Salmonella sensitivity to antibiotics (France)
• La surveillance de la résistance antimicrobienne chez l’homme et l’animal en Europe
Antimicrobial resistance in humans and animals in Europe
• Rapport préliminaire d’une épidémie internationale d’infections à Salmonella anatum associées à un lait maternisé, 1997
Preliminary report of an international outbreak of Salmonella anatum infection linked to infant milk powder, 1997
Dans les bulletins nationaux... / In the national bulletins...
Contacts / Contacts
“Ni la Commission
Européenne, ni aucune
personne agissant
en son nom n’est
responsable de l’usage
qui pourrait être fait
des informations
ci-après.”
“Neither the European
Commission nor any
person acting on behalf
of the Commission
is responsible for the
use which might be
made of the following
information.”
➤ bactéries pathogènes et des bactéries utilisées comme indicateurs. Ces dernières
sont celles qui sont fréquemment isolées à partir d’une grande variété d’animaux hôtes
en bonne santé ainsi que d’autres sources ; elles permettent de comparer les niveaux de
résistance pour une même espèce bactérienne. Ce système sert de base pour estimer
les niveaux de résistance chez les animaux et chez l’homme et, en les comparant à ceux
des bactéries trouvées dans les aliments, estimer l’importance du passage de la résistance
des animaux à l’homme.
Surveillance de la résistance de bactéries isolées chez l’homme
Le Statens Serum Institut est responsable de la surveillance des résistances apparaissant
parmi les bactéries pathogènes et celles utilisées comme indicateurs, isolées chez l’homme.
Il s’occupe aussi de la détermination du lien entre ces résistances et la prise d’antibiotiques dans le traitement des infections humaines.
Dans les études préliminaires, des isolats bactériens seront collectés chez des personnes
en bonne santé fréquentant des lieux où l’utilisation d’antimicrobiens est considérable (par
exemple, les hôpitaux et les fermes) ainsi que chez celles peu exposées aux antimicrobiens
(par exemple, les ouvriers de l’industrie). On en dégagera des informations sur le degré
de variation dans la population saine. Les bactéries examinées seront : Escherichia coli,
entérocoques, Staphylococcus aureus, staphylocoques coagulase négative et salmonelles.
Nous avons établi un système pour collecter des échantillons représentatifs de bactéries
pathogènes à partir des laboratoires de diagnostic (E. coli, E. cloacae, Klebsiella pneumoniae,
Haemophilus influenzae, Pseudomonas aeruginosa, Neisseria meningitidis, Staph. aureus,
staphylocoques coagulase négative, Streptococcus pyogenes, Strept. pneumoniae, Strept.
haemolyticus et entérocoques) et des bactéries d’origine animale (Salmonella, Campylobacter
coli/jejuni, Yersinia enterocolitica, et Listeria monocytogenes), isolées chez l’homme à
partir des prélèvements cliniques soumis pour diagnostic.
Surveillance de la résistance de bactéries isolées dans les aliments
L’Agence Danoise pour l’Alimentation est responsable de la surveillance des résistances
aux antimicrobiens pour les bactéries se multipliant dans les aliments. La surveillance est
basée sur :
• des indicateurs bactériens (E. coli, Enterococcus faecalis et E. faecium qui font partie
de la microflore de plusieurs types d’aliments et qui sont souvent utilisés pour évaluer
l’hygiène alimentaire) ;
• des bactéries d’origine animale transmissibles à l’homme (Campylobacter coli/jejuni,
Yersinia enterocolitica, Salmonella, Staph. aureus et L. monocytogenes, qui sont souvent
à l’origine des infections alimentaires au Danemark).
Différents types d’aliments crus sont étudiés : le bœuf, le porc, le poulet, les œufs,
les produits laitiers, le poisson, les légumes et les fruits. Les bactéries sont isolées selon
un schéma précis au niveau de 12 centres régionaux chargés de l’inspection alimentaire,
et expédiées à l’Agence Danoise pour l’Alimentation où l’on vérifie leur identité et où l’on
détermine leur susceptibilité aux agents antimicrobiens. Les isolats sont contrôlés pour
la résistance aux antimicrobiens utilisés comme activateurs de croissance et à ceux utilisés
comme agents thérapeutiques.
Surveillance de la résistance des bactéries isolées dans le bétail
Le Laboratoire Vétérinaire Danois est responsable de la surveillance des résistances
antimicrobiennes survenant dans le bétail et de la détermination du lien entre ces résistances
et l’utilisation des antimicrobiens dans le bétail.
Les bactéries soumises aux tests de résistance sont collectées en continu et concernent :
• les pathogènes animaux les plus courants au Danemark. Les isolats sont collectés
à partir d’échantillons soumis pour diagnostic. Les pathogènes animaux inclus jusqu’à présent
sont Actinobacillus pleuropneumoniae, Staph. hyicus, Staph. aureus, et staphylocoques
coagulase négative ;
• des bactéries d’origine animale transmissibles à l’homme (Salmonella, Campylobacter
coli/jejuni et Yersinia enterocolitica) ;
• des indicateurs bactériens (E. coli et entérocoques).
Les bactéries responsables de zoonoses et les indicateurs bactériens sont isolés à
partir d’échantillons fécaux de veaux, porcs et poulets, collectés lors de l’abattage. Deux
cents échantillons provenant de porcs et de poulets et 75 provenant de veaux sont collectés
tous les trois mois.
Des prélèvements systématiques et randomisés sont collectés par le personnel chargé
de l’inspection de la viande dans tous les abattoirs du pays proportionnellement au nombre
de bêtes abattues.
Les isolats bactériens sont testés pour leur résistance aux antimicrobiens utilisés
comme activateurs de croissance et à ceux utilisés en thérapeutique.
Les tests de résistance sont généralement réalisés par l’utilisation d’un test de diffusion
sur plaque pour les antibiotiques utilisés en thérapeutique et par la détermination de la
concentration minimum inhibitrice pour ceux utilisés uniquement comme activateurs de
croissance.
➤ They are included to enable levels of resistance of the same bacterial species
to be compared. This system provides the basis for estimating levels of resistance
in animals and humans and, by comparing these with the levels of resistance found
in bacteria isolated from food, estimating the extent to which resistance is spread
from animals to man.
Surveillance of resistance in bacterial isolates from humans
The Statens Serum Institut is responsible for the surveillance of resistance
among pathogens and indicator bacteria isolated from humans and for relating this
to the use of antibiotics for the treatment of human infections.
In preliminary studies, isolates of bacteria will be collected from healthy people in
settings where considerable use of antimicrobials is made, e.g. hospitals and farms,
as well as from people not highly exposed to antimicrobials, e.g. industry workers.
This will provide information on the degree of variation in the normal population.
We will examine Escherichia coli, enterococci, Staphylococcus aureus, coagulase
negative staphylococci, and salmonella.
We have established a system to collect representative samples of pathogenic
bacteria (E. coli, E. cloacae, Klebsiella pneumoniae, Haemophilus influenzae,
Pseudomonas aeruginosa, Neisseria meningitidis, Staph. aureus, coagulase negative
staphylococci, Streptococcus pyogenes, Strept. pneumoniae, Strept. haemolyticus
and enterococci) from diagnostic laboratories and zoonotic bacteria (salmonella,
Campylobacter coli/jejuni, Yersinia enterocolitica, and Listeria monocytogenes),
isolated from clinical specimens submitted for diagnosis.
Surveillance of resistance in bacteria isolated from food
The Danish Food Agency is responsible for monitoring the occurrence of
antimicrobial resistance in foodborne bacteria. The surveillance is based on:
• indicator bacteria (E. coli, Enterococcus faecalis and E. faecium, which are
part of the microflora of several types of food and are often used as parameters
of food hygiene);
• zoonotic bacteria and human pathogens (Campylobacter coli/jejuni, Yersinia
enterocolitica, salmonella, Staph. aureus and L. monocytogenes, which commonly
cause foodborne infections in Denmark).
The following types of raw food are monitored: beef, pork, chicken, egg, milk
products, fish, vegetables, and fruit. The bacteria are isolated according to a specified
plan at 12 regional centres for food inspection, and shipped to the Danish Food Agency
where their identity is verified and their susceptibility to antimicrobial agents determined.
Isolates are monitored for resistance against antimicrobial growth promoters and
therapeutic antimicrobial agents.
Surveillance of resistance in bacteria isolated from livestock
The Danish Veterinary Laboratory is responsible for monitoring the occurrence of
antimicrobial resistance in livestock and for relating this to the use of antimicrobial
agents in livestock.
Bacteria for resistance testing are collected continuously and represent:
• animal pathogens (the bacteria most commonly associated with disease in
Denmark. The isolates are collected from samples submitted for diagnosis. Animal
pathogens included at present are: Actinobacillus pleuropneumoniae, Staph. hyicus,
Staph. aureus, and coagulase negative staphylococci);
• zoonotic bacteria (salmonella, Campylobacter coli/jejuni and Yersinia enterocolitica);
• indicator bacteria (E. coli and enterococci).
The zoonotic and indicator bacteria are isolated from faecal specimens collected
from calves, pigs, and broilers when slaughtered. Two hundred specimens are
collected from pigs and broilers and 75 from calves every three months.
Systematic random samples are collected by meat inspection staff in slaughterhouses all over the country in proportion to the number of animals slaughtered.
Bacterial isolates are tested for resistance against:
• antimicrobial growth promoters;
• therapeutic antimicrobial agents.
Resistance testing is currently performed using a tablet diffusion test for therapeutic
antibiotics and minimum inhibitory concentration determinations for antimicrobial
agents used for growth promotion only.
Collation of data and reporting of results
The Danish Zoonosis Centre is responsible for analysing all the data and reporting
the results every six months. All data on the origin and antimicrobial susceptibility
of bacterial isolates are compiled and stored in a central database. The levels of
resistance observed within each bacterial species collected from different sources
will be compared, as will changes in resistance with time. Furthermore, these data
will be analysed with respect to the use of antimicrobial agents in livestock and
humans in Denmark.
Collecte des données et rapport des résultats
Le Centre Danois des Zoonoses est responsable de l’analyse de toutes les données
et de l’édition d’un rapport semestriel sur les résultats. Toutes les données sur l’origine
et la sensibilité aux antimicrobiens des isolats bactériens sont compilées et enregistrées
dans une base de données centrale. Les niveaux de résistance observés pour chaque
espèce bactérienne collectée à partir des différentes sources seront comparés ainsi que
leur évolution dans le temps. Par ailleurs, ces données seront analysées en tenant compte
de l’utilisation des agents antimicrobiens chez l’homme et l’animal au Danemark.
Des recherches seront développées parallèlement au programme de surveillance.
L’effet de pression de sélection des antimicrobiens sur la flore et le développement de la
résistance seront étudiés sur des modèles animaux et in vitro. Les mécanismes et le
contexte génétique de la résistance seront étudiés par des techniques moléculaires sur
des isolats bactériens résistants.
RAPPORT DE SURVEILLANCE
Research will be carried out alongside the surveillance programme. The effect
of selective pressure of antimicrobials on the microbial flora and the development
of resistance is being studied using animal models and in vitro models. The mechanisms
and genetic background for resistance are being investigated in resistant bacterial
isolates using molecular techniques.
Contacts:
Niels Frimodt Møller or Frank Espersen, Statens Serum Institut, Artillerivej 5, DK-2300 Copenhagen S Denmark
Tel: +45 32 68 32 68 - Fax: +45 32 68 38 73
Bodil Jacobsen or Jørgen Schlundt, Danish Food Agency, Mørkhøj Bygade 19, DK-2860 Søborg Denmark
Tel: +45 31 69 66 00 - Fax: +45 39 66 01 00 - e-mail: [email protected]
Anders Meyling, Danish Veterinary Laboratory, Bülowsvej 27, DK-1790 Copenhagen V Denmark
Tel: +45 35 30 01 00 - Fax: +45 35 30 01 20 - e-mail: [email protected]
Henrik C. Wegener, Danish Zoonosis Centre, Bülowsvej 27, DK-1790 Copenhagen V Denmark
Tel: +45 35 30 01 00 - Fax: +45 35 30 01 20 - e-mail: [email protected]
SURVEILLANCE REPORT
Surveillance de la sensibilité aux antibiotiques
des Salmonella
Surveillance of antibiotic resistance
in Salmonella
A Brisabois 1, I Cazin 2, 4, J Breuil 3, E Collatz 2
1
Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires (CNEVA), Paris, France
2
Laboratoire de Recherche Moléculaire sur les Antibiotiques, Paris, France
3
Collège de Bactériologie, Virologie et Hygiène des Hôpitaux de France
4
Hôpital Saint-Louis, Paris, France
A Brisabois1, I Cazin 2, 4, J Breuil 3, E Collatz 2
1
Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires (CNEVA), Paris, France
2
Laboratoire de Recherche Moléculaire sur les Antibiotiques, Paris, France
3
Collège de Bactériologie, Virologie et Hygiène des Hôpitaux de France
4
Hôpital Saint-Louis, Paris, France
Introduction
Introduction
L’Organisation Mondiale de la Santé
a dernièrement signalé l’augmentation
alarmante de l’incidence de souches de
Salmonella résistantes aux antibiotiques qui
serait due à l’utilisation des antibiotiques
dans les élevages intensifs.
En France jusqu’à ces dernières années,
les salmonelles isolées en clinique humaine
ne présentaient en général pas ou peu de
résistance aux antibiotiques et le traitement
antibiotique (non systématique) d’une salmonellose ne posait pas ou peu de problèmes
thérapeutiques.
Cependant depuis une vingtaine d’années, le Centre de sérotypage du CNEVAParis effectue une surveillance de la
résistance aux antibiotiques des souches
qu’il reçoit ; parallèlement le CNEVA-Lyon a
constitué un réseau de surveillance de la
résistance aux antibiotiques des principales
bactéries pathogènes chez les bovins et,
en particulier, des salmonelles.
C’est ainsi que récemment il a été noté
une progression rapide de la résistance et
multirésistance aux antibiotiques des
souches de Salmonella typhimurium isolées
chez l’animal (1,2) et l’homme (3,4).
Le Laboratoire de Recherche Moléculaire
sur les Antibiotiques a engagé une étude
en collaboration avec le CNEVA-Paris visant
à comparer les phénotypes de résistance
aux antibiotiques et la distribution des gènes
codant pour la b-lactamase de souches
S. Typhimurium, soit isolées en médecine
humaine, soit d’origine animale, principalement d’origine bovine (5). En effet, différents types de ß-lactamase ont déjà été
identifiés chez Salmonella : TEM-1, TEM-2,
OXA-1 sont les plus fréquents, SHV-1
semble prédominant en Afrique tandis que
PSE-1 et PSE-2 sont habituellement détectés
chez Pseudomonas aeruginosa.
Matériel et méthodes
1. Souches bactériennes
et sensibilité aux antibiotiques
Cent quatre vingt deux souches de
S Typhimurium isolées en 1994, résistantes
à l’ampicilline, ont été étudiées ; 82 d’entre
elles ont été adressées par les hôpitaux du
Collège de Bactériologie, Virologie et
Hygiène des hôpitaux de France et les cent
autres ont été adressées au Centre de
Sérotypage des Salmonelles du CNEVAParis par les laboratoires vétérinaires départementaux et les autres laboratoires publics
et privés avec lesquels il est en relation.
L’origine géographique des souches était
nationale sans prédominance régionale.
La résistance aux antibiotiques de
l’ensemble des souches a été testée pour :
l’ampicilline, la pipéracilline, la céfalotine, la
céfopérazone, le céfamandole, le céfuroxime,
l’association amoxicilline-acide clavulanique,
la ticarcilline-acide clavulanique, la ceftazidime, la ceftriaxone, la tétracycline, la
streptomycine, la kanamycine, la tobramycine,
la gentamicine, l’amikacine, le chloramphénicol, les sulfamides, le triméthoprimesulfaméthoxazole, l’acide nalidixique.
2. Préparation des sondes
et technique d’hybridation
Les sondes ADN spécifiques ont été
préparées à partir des souches de référence suivantes : Escherichia coli K12 (PBR
322) pour TEM-1 ; E. coli K12 (p453) pour
SHV-1, P. aeruginosa PA 038 (RPL 11) pour
PSE-1, P. aeruginosa PA 038 (R159) pour
PSE-2 et E. coli K12 (R46) pour OXA-2 et
intégrase. Ces sondes spécifiques des
différents gènes ont été obtenues par la
technique de PCR.
La mise en évidence de fragments d’ADN
homologues à ces gènes présents ➤
The World Health Organisation has
recently pointed out an alarming increase
in the incidence of antibiotic resistant
strains of salmonella, which are due to the
use of antibiotics in intensive breeding.
In France, until recent years, no or few
cases of antibiotic resistant Salmonellas
were isolated in clinical practice and the
antibiotic treatment (not given routinely)
of salmonellosis was rarely a therapeutic
issue.
For two decades, however, the serotyping centre of Centre National d’Etudes
Vétérinaires et Alimentaires (CNEVA) in
Paris has been surveying the antibiotic
resistance of strains received. In parallel,
CNEVA-Lyon has set up a surveillance
network to monitor anti-microbial resistance
among pathogenic bacteria that are
commonly isolated from cattle and, in
particular, salmonella strains.
A rapid increase in the incidence of
antibiotic resistance and the emergence
of multiresistant strains of Salmonella
typhimurium isolated from animals (1,2)
and humans (3,4) has recently been
observed through these networks.
The Laboratoire de Recherche
Moléculaire sur les Antibiotiques
(LRMA) has collaborated with CNEVAParis to compare the phenotypes of
antibiotic resistance and the distribution
of genes encoding for b-lactamase of
S. typhimurium strains isolated either
from humans or from animals, mainly
cattle (5). Different types of ß-lactamase
have already been identified in
salmonella: TEM-1, TEM-2, OXA-1 types
are the commonest, SHV-1 type seems
to predominate in Africa, and PSE-1 and
PSE-2 types are usually detected in
Pseudomonas aeruginosa.
Materials and methods
1. Bacteria strains
and antimicrobial sensitivity
One hundred and eighty-two ampicillin resistant strains of S. typhimurium
isolated in 1994 have been compared;
82 from humans collected by hospitals
of the “Collège de Bactériologie, Virologie
et Hygiène des hôpitaux de France”
and 100 from animals sent by the local
veterinary laboratories and other public
or private laboratories to the Salmonella
Serotyping Centre of CNEVA-Paris.
Strains were tested for resistance
throughout France to the following
antibiotics: ampicillin, piperacillin,
cefalotine, cefoperazone, cefamandole,
cefuroxime, combinations of amoxycillin
with clavulanic acid and ticarcillin with
clavulanic acid, ceftazidime, ceftriaxone,
tetracycline, streptomycin, kanamycin,
tobramycin, gentamicin, amikacin,
chloramphenicol, sulphonamides, trimethoprim sulphamethoxazole, and nalidixic acid.
2. Preparation of probes
and hybridation technique
The DNA specific probes were prepared
using a polymerase chain reaction (PCR)
from the following reference strains:
Escherichia coli K12 (PBR 322) for TEM-1,
E. coli K12 (p453) for SHV-1, P. aeruginosa
PA 038 (RPL 11) for PSE-1; P. aeruginosa
PA 038 (R159) for PSE-2, and E. coli
K12 (R46) for OXA-2 and integrase.
The detection of DNA fragments
homologous to these genes on the strains
tested was achieved by hybridisation on
nylon membrane with the same probes
marked with fluorescein. ➤
➤ sur les souches testées a été réalisée
par la technique d’hybridation sur membrane de nylon à l’aide de ces mêmes
sondes marquées à la fluorescéine.
Résultats
L’analyse des phénotypes de résistance
a montré une fréquence élevée (>80%) de
résistance aux tétracyclines, aux sulfamides,
à la streptomycine et au chloramphénicol
dans les deux groupes d’origine différente
(tableau 1). La résistance à l’ampicilline n’est
jamais apparue isolée, elle était associée
à au moins quatre antibiotiques chez 78%
des souches humaines et 83% des souches
animales. La répartition des profils de résistance était très comparable dans les deux
groupes de souches, un phénotype majoritaire associait à l’ampicilline, la résistance
aux sulfamides, à la streptomycine, au chloramphénicol et à la tétracycline ; il a été
retrouvé chez respectivement 76% et 73%
des souches humaines et animales.
L’analyse de la distribution des gènes
de résistance à l’ampicilline codant pour
une ß-lactamase a permis de montrer la
présence majoritaire de deux types de
gènes répartis de façon similaire dans les
deux groupes. Le type TEM était retrouvé
chez respectivement 20% et 22% des
souches humaines et animales, le type
CARB chez respectivement 73% et 77%
d’entre elles. Il a été retrouvé la présence
simultanément des types TEM et CARB dans
cinq souches. Une seule souche humaine
possédait le gène pour la ß-lactamase
OXA-2 (tableau 2).
D’autre part, le gène codant pour
l’intégrase était présent chez 62 souches
d’origine humaine et chez 89 souches
d’origine animale et associé au gène de
b-lactamase de type CARB pour 60 souches
humaines et 77 souches animales ; ce gène
était également présent chez 12 des 22
souches animales possédant une ß-lactamase de type TEM.
Discussion
La présence du gène de type CARB
chez 78% de S. Typhimurium aussi bien
d’origine animale que humaine paraît surprenante, en effet celui-ci est habituellement
retrouvé chez les Pseudomonas. Ce gène
est localisé sur un intégron, nouvelle famille
d’éléments génétiques dans lesquels de
multiples déterminants de résistance peuvent s’insérer, sous forme de séquences
mobiles par recombinaison site-spécifique
à l’aide de l’intégrase.
Ces résultats suggèrent l’acquisition et
la diffusion concomittante chez les souches
de S. Typhimurium d’origine humaine et
animale, d’intégrons véhiculant des gènes
de résistance multiple, y compris le gène
codant pour la ß-lactamase de type CARB.
Ces premiers résultats renforcent
l’hypothèse d’une potentielle acquisition de
résistance aux antibiotiques des souches de
Salmonella par recombinaison et transfert
entre elles ; certaines souches possédant
tout le matériel génétique nécessaire au
transfert des gènes de résistance.
Les raisons et les modalités de l’acquisition apparemment massives de ces structures par S. Typhimurium restent à déterminer.
Cependant il est bien connu que la source
habituelle de la contamination humaine est
d’origine animale et que les animaux constituent le principal réservoir de Salmonella
permettant ainsi leur dissémination, et assurant leur pérennité.
Il paraît alors possible d’établir une relation entre la résistance observée des
souches isolées dans les élevages et celles
isolées en médecine humaine mais il existe
également une pression de sélection en
milieu hospitalier qui contribue fortement à
➤ Results
Over 80% of strains from both human
and animal sources showed resistance
to tetracyclines, sulphonamides, streptomycin, and chloramphenicol (table 1).
Ampicillin resistance was never found
in isolation, and was associated with
resistance to at least four antibiotics
in 78% of human strains and 83% of
animal strains. Resistance patterns were
similar among strains from humans and
animals: the commonest phenotype
comprised resistance to ampicillin,
sulphonamides, streptomycin, chloramphenicol, and tetracycline and was found
in 76% of human and 73% of animal
strains.
Tableau 1
Fréquence des résistances aux antibiotiques chez S. typhimurium
résistantes à l’ampicilline
Table 1
Rates of antibiotic resistance in ampicillin-resistant S. typhimurium
Origine des souches / Origin of strains
Antibiotiques /
Antibiotics
Humaine / Human
N = 82
%
95
95
93
78
1,2
1,2
0
5
Tetracycline
Sulphonamides
Streptomycin
Chloramphenicol
Trimethoprim - Sulfamethoxazole
Kanamycin
Gentamicin
Nalidixic acid
Animale / Animal
N = 100
%
99
88
88
91
10
2
2
12
Tableau 2
Type de ß-lactamases présentes chez S Typhimurium
résistantes à l’ampicilline
Table 2
Type of ß-lactamase found in ampicillin-resistant S. typhimurium
Souches humaines /
Human strains
Souches animales /
Animal strains
%
20,7
73,2
4
1
%
22
77
1
0
ß-lactamase
TEM
CARB
TEM + CARB
OXA-2
l’augmentation des résistances de souches
isolées dans cet environnement.
Toutes ces observations sont préoccupantes et engendrent une mobilisation des
organismes publics et scientifiques concernés par ce problème. Cela incite à entreprendre des travaux de surveillance et de
recherche sur le sujet faisant intervenir
simultanément les organismes vétérinaires
de surveillance en santé animale, hygiène
alimentaire et les structures de surveillance
médicale.
Ampicillin resistance was caused for
the most part by two genes encoding
for a ß-lactamase with a similar distribution in both groups. The TEM type
was found in 20% of human and 22% of
animal strains, the CARB type in 73%
and 77% respectively. Both TEM and
CARB types were found in five strains.
Only one human strain had the gene
encoding the ß-lactamase (table 2).
The gene encoding integrase was
found in 62 human and 89 animal
strains associated with CARB-type gene
encoding ß-lactamase for 60 human
strains and 77 animal strains; this gene
was also found in 12 of the 22 animal
strains with TEM-type ß-lactamase.
Discussion
The presence of the CARB-type gene
in 78% of S. typhimurium from both
human and animal origins seems
surprising since it is usually found in
pseudomonas. This gene is located on
an integron, a new family of genetic
components into which many resistance
agents can fit, in a form of mobile
sequences, by specific site recombination under the effect of integrase.
These results suggest that integrons
carrying multiple resistance genes
encoding CARB-type ß-lactamase have
been acquired and spread in S. typhimurium of human and animal origin.
These preliminary results strengthen
the hypothesis that salmonella strains
may acquire antibiotic resistance by
recombination and transfer between
them; some strains having all the
genetic material required for transfer of
resistance genes.
The reasons and the means of this
apparently widespread acquisition of
these structures by S. typhimurium are
still to be explained. Animals are known
to be the main reservoir of Salmonella
and a common source of human
contamination, however, ensuring their
dissemination and persistence. A link
between resistance observed among
strains isolated from animals and in
human medicine could be established,
therefore, but a selective pressure
also exists in hospital environments that
strongly contributes to the increasing
resistance of strains isolated in such
environments.
All these observations are alarming
and have mobilised public and scientific
institutions. Surveillance and research
programmes should be undertaken with
the collaboration of veterinary, food
hygiene, and public health institutions.
References
1. Brisabois A, Fremy S, Moury F, Oudard C, Piquet
C, Pires Gomes C. Inventaire des Salmonella 19941995. Edition du CNEVA.
2. Martel JL, Chaslus-Dancla E, Coudert M, Lafont
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salmonelles d’origine bovine en France. Med Mal
Infect 1996; 26: 415-9
3. Breuil J, Berger N, Dublanchet A et le collège BVH.
Sensibilité aux antibiotiques de 2800 souches de
salmonelles et shigelles isolées en France en 1994.
Med Mal Infect 1996; 26: 420-5
4. Casin I, Brisabois A, Berger N, Breuil J, Collatz E.
Phenotypes et genotypes de résistance de 182
souches de Salmonella serotype typhimurium résistances à l’ampicilline d’origine humaine et animale.
Med Mal Infect 1996; 26: 426-30.
5. Lee LA, Puhr ND, Malonet EK, Bean NH, Tauxe RV.
Increase in antimicrobial-résistant Salmonella infections in the United States, 1989-1990. J Infect Dis
1994; 170: 128-34.
NOTE ÉDITORIALE
La surveillance de la résistance antimicrobienne
chez l’homme et l’animal en Europe
L
EDITORIAL NOTE
Monitoring antimicrobial resistance in humans
and animals in Europe
C
e passage possible de la résistance bactérienne aux antibiotiques de l’animal
à l’homme est un problème croissant à l’échelon mondial. Ceci est illustré par
l’interdiction de l’utilisation de l’avoparcine comme promoteur de croissance dans les
élevages qui prendra effet le 1er avril 1997 dans les pays de l’Union Européenne. Pour
donner une perspective européenne à l’article danois de H. Wegener, F. Bager et FM.
Aarestrup, des questions ont été posées aux membres du Comité Editorial de
Eurosurveillance sur la surveillance de la résistance antimicrobienne dans leur pays. Les
questions étaient simples mais le sujet était compliqué : l’absence de système national
de surveillance et la nécessité d’obtenir la coopération de plusieurs disciplines différentes
ont fait que les représentants nationaux ont pu avoir quelques difficultés pour répondre
de façon précise et exhaustive.
oncern about possible transfer of bacterial resistance to antibiotics from
animals to humans is growing at an international level. This is illustrated
by the ban of avoparcin use as a growth promoter in livestock which will take effect
in the European Union on 1 April 1997. To give a European perspective to the Danish
paper by Henrik Wegener and colleagues, members of the editorial board of
Eurosurveillance were asked a few questions about surveillance of antimicrobial
resistance in their countries. The questions were simple but as the subject is
complicated, requiring the cooperation of several different disciplines, without a
national surveillance system, it may have been difficult for national representatives
to answer fully and accurately.
Nous avons reçu des réponses d’Angleterre et du Pays de Galles, de Belgique, du
Danemark, d’Espagne, de Finlande, de France, d’Irlande, des Pays-Bas et du Portugal.
We received replies from Belgium, Denmark, England and Wales, Finland, France,
Ireland, the Netherlands, Portugal, and Spain. All these countries were undertaking
some surveillance or research into antimicrobial resistance.
L’Angleterre et le Pays de Galles, la Belgique, le Danemark et l’Espagne possèdent
des dispositifs d’études plus ou moins systématisés de la résistance antimicrobienne chez
l’homme, le bétail et autres animaux, et dans l’alimentation. La Finlande et les Pays-Bas
surveillent la résistance chez l’homme et le bétail, mais de façon non systématique pour
l’alimentation et les autres animaux.
Belgium, Denmark, England and Wales, and Spain monitor antimicrobial resistance
in humans, livestock, food, and other animals. Finland and the Netherlands monitor
resistance in humans and livestock but not systematically in food or other animals.
En Angleterre et au Pays de Galles, plusieurs groupes travaillent sur la résistance. Le
National External Quality Assessment System (NEQAS) gère le contrôle de qualité des
antibiogrammes. L’Unité de Référence des Antibiotiques du laboratoire des infections
hospitalières du PHLS au Central Public Health Laboratory (CPHL) développe la surveillance
de quatre façons. Actuellement, elle étudie les isolats qui lui sont adressés, analyse les
résultats rapportés par les laboratoires cliniques et mène des enquêtes ponctuelles ; de
plus, elle envisage de mettre en place un système de laboratoires sentinelle. La Division
d’Investigation Vétérinaire et le Laboratoire Vétérinaire Central de l’Agence des Laboratoires
Vétérinaires testent la résistance aux antibiotiques d’un certain nombre de pathogènes isolés
chez des animaux ainsi que dans leur environnement ou dans leur nourriture. Les informations
sur la résistance antimicrobienne des salmonelles sont recueillies et publiées chaque
année et il est question actuellement d’étendre ces études à d’autres micro-organismes.
Le Laboratory of Enteric Pathogens du PHLS teste et contrôle la résistance des salmonelles
aux antibiotiques en incluant celles qui proviennent des produits alimentaires.
In England and Wales several groups monitor resistance. The National External
Quality Assessment System (NEQAS) provides quality control of antibiotic testing.
The Antibiotic Reference Unit of the PHLS Laboratory of Hospital Infection at the
Central Public Health Laboratory (CPHL) is approaching surveillance in four ways. It
already studies referred isolates, analyses results reported from clinical laboratories,
and conducts occasional surveys. It is considering setting up a sentinel laboratory
system. The Veterinary Investigation Division and Central Veterinary Laboratory of the
Veterinary Laboratory Agency carry out antimicrobial testing of a number of animal
pathogens isolated from animals, their environment, and feeds. Information about
antimicrobial resistance of salmonellas is collated and published every year, extending
this to other organisms is currently being considered. The PHLS Laboratory of Enteric
Pathogens tests and monitors antimicrobial resistance of salmonellas including
isolates from food samples.
Il existe en France un Centre national de référence de la résistance aux antibiotiques
chez l’homme et plusieurs laboratoires microbiologiques de référence étudient la résistance aux antibiotiques dans leur domaine d’expertise (salmonelles, shigelles, staphylocoques). Une structure nationale se met en place pour améliorer la coordination de ces
réseaux. Le Centre National d’Etudes Vétérinaires et Alimentaires de Paris étudie la
résistance des salmonelles aux antibiotiques utilisés en médecine humaine et vétérinaire
à partir de souches isolées chez les animaux destinés à la consommation et dans les
produits alimentaires.
France has a national centre for antibiotic resistance in humans, and several
microbiological reference laboratories study antibiotic resistance in their areas of
expertise (salmonellas, shigellas, staphylococci). A national structure is being set
up to improve the coordination of these networks. The National Centre of Veterinary
and Food Studies in Paris investigates the resistance of salmonellas to antibiotics
used in human and veterinary medicine from strains isolated from livestock and
food products.
L’Irlande ne possède pas de programme national mais des tests de routine pour la
résistance aux antibiotiques sont réalisés ponctuellement sur des échantillons humains
ou provenant d’animaux de bétail. Les infections à salmonelles survenant dans le bétail
sont actuellement surveillées mais sans qu’elles soient reliées à des études chez l’homme
ou dans l’alimentation.
Ireland has no national programme but specimens from individual human and
livestock cases are tested routinely for antimicrobial resistance. Salmonella infection
in livestock is monitored at the moment but is not linked to surveillance of humans
or food.
Le Centre de Résistance aux Antibiotiques de l’Institut national de la santé du Portugal,
en collaboration avec 12 laboratoires, a une activité de surveillance uniquement pour
certains pathogènes humains (Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenza, Neisseria
meningitidis et Neisseria gonorrhea). Pour les animaux, le Portugal conduit des études
sur Escherichia coli chez les porcs et les bovins depuis 1980, et sur Campylobacter jejuni
et C. coli chez les oiseaux et les porcs depuis 1993.
Portugal’s Antibiotic Resistance Centre of the National Institute of Health monitors
human pathogens alone in collaboration with 12 laboratories. The surveillance studies
consider Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae, Neisseria meningitidis,
and Neisseria gonorrhoeae. For animals, Portugal has carried out studies on
Escherichia coli in pigs and cattle since 1980, and on Campylobacter jejuni and C. coli
in birds and pigs since 1993.
En Espagne, le Centre National de Microbiologie possède des informations ponctuelles
sur la résistance antimicrobienne de souches isolées chez l’homme et très rarement chez
les animaux ou dans l’alimentation. Il n’existe pas de programme de surveillance comme
celui décrit au Danemark bien qu’il soit prévu d’en monter un.
The National Microbiological Centre in Spain has limited information on antimicrobial resistance from strains isolated from humans and very rarely from animals
and/or food. No monitoring programme for antimicrobial resistance akin to that in
Denmark exists, but there are plans to establish one.
L’Espagne, la Finlande, la France, l’Irlande, les Pays-Bas et le Portugal ne surveillent
pas la transmission des bactéries résistantes et des gènes de résistance des animaux à
l’homme. Au Danemark, les bactéries “indicateurs”, c’est-à-dire celles qui sont communes
à l’homme et à l’animal comme E. coli, les salmonelles ou les entérocoques, sont
surveillées pour leur résistance à divers antibiotiques. Les bactéries sont typées et leur
mécanisme de résistance (génétique) est évalué. En Angleterre et au Pays de Galles, la
transmission est étudiée par des groupes de recherche spécifiques, mais il n’existe pas
comme au Danemark de système centralisé ni de base de données. ➤
Finland, France, Ireland, the Netherlands, Portugal, and Spain do not monitor
the spread of resistant bacteria and resistance genes from animals to humans. In
Denmark indicator bacteria, i.e. those which are common to humans and animals such
as E. coli, salmonellas, enterococci, are monitored for resistance against different
antibiotics. The bacteria are typed and their resistance mechanisms (genetic) areevaluated. In England and Wales the spread is monitored by specific research groups but
there is no centrally coordinated scheme or database akin to that in Denmark. ➤
➤ Deux pays ont ajouté quelques informations complémentaires. Le Danemark a
décrit une association entre Enterococcus faecium (vanA) résistant à la vancomycine et
l’usage d’Avoparcine, un glycopeptide utilisé comme promoteur de croissance pour les
porcs et la volaille.
Au Portugal, l’Institut national de la santé a initié une étude sur la résistance antimicrobienne sur 500 souches de Campylobacter d’origine humaine, animale ou environnementale. La prévalence de la résistance aux macrolides et à la quinolone a augmenté
de façon significative dans les souches isolées dans des échantillons de poulet et dans
des prélèvements de personnes présentant des infections d’origine alimentaire.
RAPPORT D’INVESTIGATION
➤ Two countries gave additionnal information. Denmark described an
association between vancomycin resistant Enterococcus faecium (vanA) with the
use of avoparcin, a glycopeptide used as a growth promotor in pigs and poultry.
The Portuguese National Institute of Health is conducting a study of antibiotic
resistance in 500 campylobacter strains from humans, animals, and the
environment. The prevalence of macrolide and quinolone resistance have increased
significantly in strains isolated from chicken samples and specimens from humans
with foodborne infections.
OUTBREAK REPORT
Rapport préliminaire d’une épidémie internationale
d’infections à Salmonella anatum associées à un lait
maternisé.
Preliminary report of an international outbreak
of Salmonella anatum infection linked to infant
formula milk.
Unités ayant collaboré à l’investigation internationale*
International Investigation Collaborating Units*
* Public Health Laboratory Service (PHLS) Laboratory of Enteric Pathogens, PHLS Communicable Disease Surveillance
Centre, PHLS Statistics Unit, Scottish Centre for Infection and Environmental Health, Glasgow, Scottish Salmonella
Reference Laboratory, Glasgow, Réseau National de Santé Publique, Paris, Centre National de Référence des Salmonella
et Shigella, Institut Pasteur, Paris, Direction Générale de l’Alimentation, Paris, Direction Générale de la Concurrence
de la Consommation et de Répression des Fraudes, Paris, Institute for Hygiene and Epidemiology, Bruxelles, réseau
de surveillance européen Salm-Net (action concertée de Union Européenne financée par la DG XII dans le cadre du
programme BIOMED).
* Public Health Laboratory Service (PHLS) Laboratory of Enteric Pathogens, PHLS Communicable Disease
Surveillance Centre, PHLS Statistics Unit, Scottish Centre for Infection and Environmental Health, Glasgow,
Scottish Salmonella Reference Laboratory, Glasgow, Réseau National de Santé Publique, Paris, Centre
National de Référence des Salmonella et Shigella, Institut Pasteur, Paris, Direction Générale de l’Alimentation,
Paris, Direction Générale de la Concurrence de la Consommation et de Répression des Fraudes, Paris,
Institute for Hygiene and Epidemiology, Brussels, European Union Salm-Net surveillance network
(EU concerted action funded by DG XII within the BIOMED programme).
Introduction
Introduction
En Angleterre et au Pays de Galles, le
nombre d’isolats de Salmonella anatum
provenant de nourissons (âgés de 1 à 11 mois)
était plus élevé que prévu en novembre,
décembre 1996 et début janvier. Le
Laboratory of Enteric Pathogens (LEP) du
Public Health Laboratory Service (PHLS)
confirma cette augmentation et une enquête
démarra à la fin du mois de janvier 1997.
Initialement, 12 cas d’infection à S. anatum
survenus chez des nourrissons britanniques,
8 en Angleterre et 4 en Ecosse, furent identifiés par le PHLS Communicable Disease
Surveillance Centre (CDSC) et le Scottish
Centre for Infection and Environmental
Health (SCIEH). L’âge de ces cas orientait
la recherche du véhicule possible de l’infection vers l’alimentation des nourrissons.
La base de données internationale de SalmNet fut examinée et tous les collaborateurs
des pays européens participants furent
consultés sur l’éventuelle survenue de cas
dans leur pays.
contactées par téléphone par un des deux
enquêteurs du CDSC et du SCIEH. Un
questionnaire standardisé était utilisé pour
enregistrer des informations détaillées
concernant les aliments et les liquides
consommés par chacun des cas durant les
trois jours précédant la maladie ou précédant l’entretien pour les témoins.
Les parents de tous les nourrissons
ayant été infectés par S. anatum depuis le
30 octobre 1996, y compris les cas inclus
dans l’étude cas-témoins, ont eu un entretien
pour connaître la date de survenue et la
durée de la maladie, une éventuelle hospitalisation et les différents types d’aliments
et de liquides consommés avant leur maladie.
L’étude des isolats de S. anatum de 39
cas survenus récemment au Royaume Uni
comprenant les 12 cas de l’étude castémoins fut réalisée au LEP par analyse des
profils plasmidiques et par électrophorèse
en champ pulsé (pulsed-field gel electrophoresis, PFGE). Les isolats de S. anatum
provenant de France furent également
examinés.
The number of isolates of Salmonella
anatum from infants (aged 1 to 11
months) in England and Wales was
higher than expected in November and
December 1996 and early January. The
Public Health Laboratory Service (PHLS)
Laboratory of Enteric Pathogens (LEP)
recognised the increase and an investigation began in late January 1997.
Initially, 12 cases of S. anatum infection
in infants in the United Kingdom
(UK) were identified by the PHLS
Communicable Disease Surveillance
Centre (CDSC) and the Scottish Centre
for Infection and Environmental Health
(SCIEH), eight in England and four in
Scotland. The age of these cases
directed suspicion at baby food as a
possible vehicle. Salm-Net’s international
salmonella surveillance database was
examined and national collaborators
in all participating European countries
were asked about recent cases in their
countries.
Résultats
Methods
L’étude cas-témoins montra que la
maladie était fortement associée à la
consommation d’un lait maternisé particulier.
Dix des 12 cas avaient consommé ce
produit contre 3 des 40 nourrissons-témoins
(odds ratio 62, p<10 ). Aucun autre facteur
de risque n’était associé à la maladie.
Au 10 février, l’enquête avait identifié
22 cas d’infection à S. anatum chez des
nourrissons de septembre 1996 à janvier
1997 dans 3 pays différents : 13 en
Angleterre et 4 en Ecosse, 4 en France et
un en Belgique (tableau 1). Aucun décès n’a
été rapporté. L’augmentation des cas rapportés chez les nourrissons continua en
décembre 1996 et janvier 1997 (figure 1).
Within 24 hours of the increase being
recognised, a case control study began.
It was conducted over a 48 hour period
in England and Scotland to test the
hypothesis that recent S. anatum infections
in infants were associated with consumption of a particular baby food. Mothers
or general practitioners of cases nominated age and neighbourhood matched
control infants. None of the control households with which contact was made refused
to participate. Mothers of the first 12 cases
ascertained (whose ages ranged 2 to 8
months, mean 4.9 months) and 40
control infants (age range 1 to 9 months,
mean 4.6 months) were interviewed by
Méthodes
Une étude cas-témoin démarra dans les
24 heures suivant la détection de l’augmentation anormale des cas. En Angleterre
et en Ecosse, 48 heures ont été nécessaires pour tester l’hypothèse d’une
association entre les infections récentes
de S. anatum chez les nourrissons et la
consommation d’un aliment particulier.
Grâce aux indications des mères et des
médecins généralistes des cas, on contacta
des foyers-témoins ayant des nourrissons
appariés aux cas sur l’âge et le voisinage.
Tous acceptèrent de collaborer. Les mères
des 12 premiers cas vérifiés (dont l’âge
allait de 2 à 8 mois, moyenne de 4,9 mois)
et des 40 nourrissons-témoins (de 1 à
9 mois, moyenne de 4,6 mois) furent
-6
telephone by one of two interviewers
from CDSC and SCIEH. A standardised
questionnaire was used to record details
of the foods and liquids fed to each of
the case infants in the three days before
they became ill and to the control infants
in the three days before the interview.
Parents of all infant cases of S. anatum
since 30 October 1996, including those in
the case control study, were interviewed
to establish the onset dates and duration
of illness, whether their children had
been admitted to hospital, and the types
of food and liquids consumed before
becoming ill.
Isolates of S. anatum from 39 recent
cases in the UK, including the 12 in
the case control study, were studied by
plasmid profile analysis and by pulsedfield gel electrophoresis (PFGE) at LEP.
Isolates of S. anatum from France were
also studied.
Results
The case control study showed that
illness was strongly associated with
consumption of a particular infant formula
milk. Ten of the 12 cases were reported
to have been fed this product compared
with three of the 40 control infants (odds
ratio 62, p<10 ). No other risk factors
were associated with illness.
By 10 February the investigation had
identified 22 cases of S. anatum infection
in infants from September 1996 to
January 1997 in four different countries,
13 in England, 4 in Scotland, 4 in France,
and one in Belgium (table 1). No deaths
were reported. The increase in cases
reported in infants continued through
December 1996 and January 1997
(figure 1).
The 17 cases in England and Scotland
-6
Résultats microbiologiques
L’analyse moléculaire des isolats du
Royaume Uni a montré que 9 des 12 isolats provenant des nourrissons inclus dans
l’étude cas-témoins possédaient un seul
plasmide d’environ 50 megadaltons (Mda)
et un isolat avait non seulement ce plasmide mais aussi deux autres (40 et 45
Mda). Les 10 nourrissons avaient tous
consommé le produit incriminé. Les deux
isolats de nourrissons qui n’avaient pas
consommé ce produit ne présentaient pas
de plasmide.
Les autres isolats de S. anatum collectés en Angleterre et Pays de Galles furent
également examinés ; 10 provenaient de
nourrissons et dataient de 1994 et 17
autres provenaient d’adultes et de nourrissons et dataient de janvier 1996 à janvier
1997. Quatre différents profils de plasmide
furent identifiés dans les isolats de 1994
mais aucun ne correspondait à celui trouvé
dans les isolats associés au produit incriminé. Cinq des 17 isolats de 1996/1997
possédaient seulement le plasmide de 50
MDa ; trois de ces isolats provenaient de
nourrissons qui avaient consommé le produit
incriminé ; pour les deux autres, l’un provenait d’un enfant de 3 ans de la même famille
et l’autre, d’une mère de nourrissons qui
avaient consommé le produit. On identifia
8 différents profils plasmidiques dans les
12 isolats restants.
Cinq isolats de S. anatum de nourrissons inclus dans l’étude cas-témoins et possédant le plasmide de 50 MDa furent testés
par PFGE. Tous avaient une empreinte iden-
Tableau 1
Table 1
Isolats récents de Salmonella anatum
rapportés à Salm-Net
Recent Salmonella anatum isolates reported to Salm-Net
Pays
Country
Période de réception
des isolats
Period when isolates
received
Nombre
total
Total
number
N° d’isolats
de nourrissons
N° of infants
isolates
Oct 1996 - Jan 1997
7
0
Oct 1996 - Jan 1997
21
13
Oct 1996 - Jan 1997
3
0
Oct 1996 - Jan 1997
5
1
1996
9
0
Oct 1996 - Jan 1997
6
4
Oct 1996 - Jan 1997
4
0
1996
27
0
Sept 1996 - Jan 1997
18
4
1996
1
0
1996
22
0
1996
7
0
Oct 1996 - Jan 1997
3
0
1996
1
0
1996
8
0
Oct 1996 - Jan 1997
1
0
Allemagne /
Germany
Angleterre /
England
Autriche /
Austria
Belgique /
Belgium
Danemark /
Denmark
Ecosse /
Scotland
Espagne /
Spain
Finlande /
Finland
France /
France
Irlande /
Ireland
Italie /
Italy
Norvège /
Norway
Pays-Bas
Netherlands
Portugal /
Portugal
Suède /
Sweden
Suisse /
Switzerland
tique de macrorestriction de l’ADN. L’isolat
ayant en plus les deux autres plasmides différait seulement par la présence d’un fragment d’ADN supplémentaire d’environ
40 000 paires de base. Cinq des 12 autres
isolats de 1996/97 testés par PFGE présentaient des empreintes d’ADN distinctes
qui différaient entre eux mais aussi avec
les isolats de l’enquête cas-témoins. De ces
résultats on en déduit que l’épidémie était
causée par une seule souche définie par
son empreinte d’ADN.
L’analyse moléculaire des 4 isolats de
S. anatum des nourrissons infectés en
France a été réalisée par le LEP. ➤
were aged between 1 and 7 months
at the time of their illness and 15 of
the cases had been fed the implicated
infant milk formula. The average
duration of their illness was 20 days,
and four cases were admitted to
hospital.
In France, the mothers of the four
cases identified were interviewed using
the same questionnaire as used in the
UK. Three cases had gastroenteritis and
one was asymptomatic. None was
admitted to hospital. Dates of isolation
of S. anatum ranged from the beginning
of September 1996 to the end of
Figure 1
Isolats de S. anatum chez des nourrissons en Europe.
Isolates of S. anatum in infants in Europe.
10
Belgique / Belgium
Nombre d’isolats / Number of isolates
En Angleterre et en Ecosse, les 17 cas
étaient âgés de 1 à 7 mois au moment de
leur maladie et 15 de ces cas avaient
consommé le lait maternisé incriminé. La
durée de la maladie était en moyenne de
20 jours et 4 cas furent hospitalisés.
En France, le même questionnaire que
celui du Royaume Uni fut utilisé pour les 4
cas identifiés. Trois cas présentaient une
gastroentérite et un cas était asymptomatique. Aucun ne fut hospitalisé. Les isolats
de S. anatum ont été réalisés à partir du
début du mois de septembre 1996 jusqu’à
fin janvier 1997 (figure 1) et les cas étaient
âgés de 4 à 7 mois. Les cas étaient isolés
géographiquement. Deux des cas avaient
consommé un lait maternisé du même fabricant provenant de la même usine que le
produit impliqué dans les cas au Royaume
Uni. Le cas asymptomatique, qui avait été
testé pour une recherche de salmonelles
en raison de la survenue d’une infection à
S. typhimirium chez un enfant de 6 ans de
la même famille, avait consommé un autre
produit du même fabricant. Le quatrième
cas n’avait consommé aucun produit de ce
fabricant.
En Belgique, la mère du cas répondit
également au même questionnaire, mais la
maladie avait débuté en Italie et la mère et
l’enfant y étaient repartis avant qu’on n’ait
pu obtenir plus de détails.
8
Ecosse / Scotland
France
6
Angleterre et Pays de Galles / England and Wales
4
2
0
Septembre 96
September
Octobre 96
October
Novembre 96
November
Décembre 96
December
Janvier 96
January
January 1997 (figure 1) and the age of
the cases from 4 to 7 months. The
cases were not clustered geographically.
Two of the cases had consumed an
infant formula milk made by the same
manufacturer at the same plant as the
product implicated in the UK cases. The
asymptomatic case, who had been
screened for salmonella because of the
occurrence of S. typhimurium infection
in a 6 year old sibling, had been fed a
different product made by the same
manufacturer. The fourth case had not
received any product from this manufacturer.
In Belgium, the mother of the case
was also interviewed using the same
questionnaire, but it transpired that the
illness had begun in Italy and the mother
and infant had returned before further
details could be obtained.
Microbiological results
Molecular analysis of the UK isolates
showed that nine of the 12 isolates
from infants in the case control study
possessed a single plasmid of about 50
megadaltons (MDa) and one had this
plasmid plus two additional plasmids (40
and 45 MDa). All 10 infants had consumed
the implicated product. The two isolates
from infants who were not fed the
implicated product were plasmid free.
Other isolates of S. anatum in England
and Wales were also examined; 10 from
infants during 1994 and 17 from adults
and infants from January 1996 through
January 1997. Four different plasmid
profiles were identified in the isolates
from 1994, none of which resembled
the pattern found in the isolates associated with the implicated product. Five
of the 17 isolates from 1996/97 had
the single 50 MDa plasmid; three of
these isolates were from infants who
had been fed the implicated product,
the others were from a 3 year old sibling
and a mother of infants who had been
fed the implicated product. Eight different
plasmid profiles were identified in the
remaining 12 isolates.
Five isolates of S. anatum from infants
in the case control study that possessed
the 50 MDa plasmid were studied by
PFGE. All had an identical macrorestriction DNA fingerprint. The isolate
with the two additional plasmids differed
only in having an extra DNA fragment of
about 40 kilobase pairs. Five of the 12
other isolates from 1996/97 examined
by PFGE had distinct DNA fingerprints,
which differed from each other and from
isolates from the case control study.
From these results it was concluded that
the outbreak was caused by a single
strain defined by DNA fingerprinting.
Four isolates of S. anatum from
infants in France were sent to LEP for
molecular analysis, of which results are
available for three isolates. ➤
PA R T I C I PA N T S
➤ One was plasmid-free and two possessed a plasmid of
about 50 MDa; one of these isolates also possessed an
additional plasmid of 70 MDa coding for resistance to ampicillin and sulphonamides. When studied by PFGE the two
plasmid-carrying isolates had pulsed-field profiles corresponding to that of the UK epidemic strain whereas the plasmidfree strain had a completely different pulsed-field profile.
The two plasmid-carrying isolates were from cases identified
in September and October who had consumed infant
formula milk from the same plant as the UK cases.
Control measures
Le lait maternisé incriminé était produit dans une usine en France
à partir de lait en poudre qui pouvait provenir de deux unités de séchage,
l’une basée en France et l’autre aux Pays-Bas. Cette usine produit une
gamme d’aliments pour bébé pour l’exportation dans plusieurs pays
et la composition du lait maternisé incriminé est formulée spécialement
pour le marché britannique.
Le 24 janvier 1997, le produit incriminé fut retiré de la vente
au Royaume Uni, le public fut alerté et les ministères des pays de
l’Union Européenne informés grâce au système “d’échange rapide
d’information”.
En France, S. anatum n’avait pas été détectée dans les échantillons
de produits analysés en routine par l’entreprise ni dans ceux présents
sur le marché ou conservés sur le site inspectés par les autorités
sanitaires dans les derniers 15 mois. Toutefois, l’usine fut fermée pour
désinfection. On a établi que les laits incriminés en France et au
Royaume Uni avaient été produits à partir d’un même lot de matière
première. Le 7 février 1997, le lait maternisé produit à partir de ce
lot dans l’usine française était retiré de la distribution en France.
The infant formula milk implicated was produced in a
factory in France using dried milk that may have originated
from either of two spray drying plants, one in France and
the other in the Netherlands. This factory produces a range
of baby foods for export to different countries in addition to
the implicated formula milk that is specially formulated for
the UK market.
On 24 January 1997 the implicated product was withdrawn from sale in the UK, a public warning was issued, and
agencies in other European Union countries were informed
through the “rapid exchange of information” system.
In France, S. anatum has not been detected by inspection
of routine product samples or samples taken by inspection
authorities in the past 15 months of production and from the
factory’s environment. Nevertheless, the factory has been
closed for cleaning. It was established that the implicated
formula milk in France and the UK had been produced from
the same batch of raw materials. On 7 February 1997 the
infant formula milk produced from this batch in the French
factory was withdrawn from distribution in France.
Conclusion
Conclusion
Les résultats de l’analyse des empreintes moléculaires des isolats
de S. anatum, l’étude cas-témoins et le détail des aliments consommés par d’autres cas, montrent qu’un lait maternisé particulier,
produit en France, était bien la source de l’épidémie d’infections à
S. anatum chez des nourrissons survenue fin 1996 et début 1997.
Une surveillance active des cas d’infections à S. anatum est maintenue dans l’Union Européenne. Des enquêtes menées par l’entreprise
et les autorités sanitaires sont toujours en cours pour identifier la
source primaire de la contamination.
The results of the molecular fingerprinting of the S. anatum
isolates, the case control study, and the food consumption
histories of other cases together provide overwhelming
evidence that a particular infant formula milk, manufactured in
France, was the source of an outbreak of S. anatum infection
in infants in late 1996 and early 1997. Active surveillance
of cases of S. anatum infection in infants in the European
Union is continuing. The company and food safety authorities
are conducting investigations that aim to reveal the primary
cause of the contamination.
Mesures de contrôle
■ Note de dernière minute
S. anatum du même profil plasmidique que la souche impliquée
dans l’épidémie a été isolée à partir d’un sachet non entamé de lait
maternisé retrouvé au foyer d’un cas récent. Les résultats du PFGE
sont attendus.
■ Last minute note
S. anatum of the same plasmid profil as the epidemic
strain has been isolated from an unopened sachet of the
formula milk retrieved from the home of a recent case. The
result of PFGE are awaited.
8th European Congress of Clinical Microbiology and Infectious Diseases
(8th ECCMID)
25 - 28 May 1997
Lausanne, Switzerland
The 8th ECCMID is devoted to the most recent developments in clinical microbiology,
as well as to the epidemiology, pathophysiology, prevention and treatment of infectious diseases.
A symposium on major issues for surveillance and control of infectious diseases in Europe
will be co-organized by the EuroSurveillance Editorial Board and the Congress Scientific Committee.
RESPONSABLES SCIENTIFIQUES /
SCIENTIFIC EDITORS
• J.C. Desenclos
Réseau National de Santé
Publique - Saint-Maurice - France
• J. Drucker
Réseau National de Santé
Publique - Saint-Maurice - France
• N. Gill
P.H.L.S - Communicable Disease
Surveillance Centre - London United Kingdom
• S. Handysides
P.H.L.S - Communicable Disease
Surveillance Centre - London United Kingdom
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EDITORIAL BOARD
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SCIEH Weekly Report - Scotland
• A. Dias
Saúde em Números - Portugal
• S. Handysides
Communicable Disease Report England and Wales
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Bulletin Epidémiologique
Hebdomadaire - France
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Social Security - Greece
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Boletín Epidemiológico Semanal Spain
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Bulletin Infectieziekten Netherlands
• W. Kiehl
Epidemiologisches Bulletin Germany
• L. Thornton
Infectious Diseases Bulletin Ireland
• F. Van Loock
Epidemiologisch Bulletin van de
Gezondheidsinspectie van de
Vlaamse Gemeenschap Santé et communauté - Belgium
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION /
MANAGING EDITOR
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Centre Européen pour la
Surveillance Epidémiologique
du Sida - Saint-Maurice - France
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du SIDA - 14 rue du Val d’Osne
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ISSN: 1025 - 496X
IMPRESSION : PRISME 2000
➤ Les résultats ont été disponibles pour trois d’entre eux : l’un ne
possédait pas de plasmide et les deux autres possédaient le plasmide
de 50 MDa. De plus, un de ces isolats possédait également un
plasmide de 70 MDa codant pour une résistance à l’ampicilline et aux
sulphonamides. Le profil moléculaire des deux isolats possédant le
plasmide de 50 MDa, analysé par PFEG, correspondait à celui de la
souche impliquée dans l’épidémie au Royaume Uni alors que celui de
l’isolat sans plasmide était complètement différent. Les deux isolats
possédant le plasmide provenaient de cas, identifiés en septembre et
octobre, qui avaient consommé du lait maternisé produit dans la même
usine que celui responsable des cas britanniques.