Les fables à l`école (XIX° - XXI° siècles) : un
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Les fables à l`école (XIX° - XXI° siècles) : un
Les fables à l’école (XIX° - XXI° siècles) : un patrimoine européen ? Les fables et La Fontaine à l’école d’un siècle en Suisse. Une comparaison des manuels du primaire et du secondaire. Colloque international HELICE Bordeaux, les 6, 7 et 8 novembre 2013 Christian RONVEAUX Chloé GABATHULER GRAFE Université de Genève Si La Fontaine est l’auteur scolaire le plus « classique », au sens de Chervel (2006), celui que l’école a rendu le plus présent depuis 3 siècles, cette présence a une histoire et des significations qui ont varié au fil des siècles. Entre la « morale en action », pour pasticher le titre du recueil de récits et d’anecdotes exemplaires de Bérenger (1787/1813) et l’auteur dont on réhabilite la langue parfaite et le style inimitable, c’est bien le même texte et le même auteur, mais pris dans des assemblages qui vont déterminer les contours d’un savoir utile (Schneuwly, 1994). Les manuels d’enseignement nous renseignent doublement sur les fables et La Fontaine comme objet(s) d’enseignement scolaire(s). Les manuels sont d’abord des recueils de textes. Par la place que les fables occupent dans les recueils, ces derniers informent sur le statut du texte à lire, d’abord. Pour quelle visée d’éducation ou d’instruction La Fontaine apparait-il parmi d’autres fables, voire d’autres récits exemplaires, à la manière des Faits mémorables et anecdotes instructives de Bérenger et Guibaud (1787/1813) ? Occupe-t-il la place d’un auteur mineur dans une histoire littéraire qui considère, avec révérence, les auteurs majeurs du « grand siècle classique » ? Par les traitements opérés sur les textes, les manuels sémiotisent l’intelligible de l’enseignable, ensuite. Quels objets sont enseignés par la médiation de telle tâche de récitation expressive ? Vers quels apprentissages conduisent les tâches de réécriture de la fable ? Nous portons notre questionnement sur l’empan d’un siècle d’école publique suisse et par la comparaison de manuels contrastés et choisis, ceux du primaire et ceux du secondaire. Cette comparaison se justifie par l’existence, jusqu’aux années septante, de deux « ordres » d’enseignement séparés, en francophonie tout au moins (Prost, 1992). Voilà donc la délimitation de notre corpus : des manuels de lecture pour le primaire (Clause, 1988 ; Tinembart, 2004), qui s’adressent aux élèves qui ont passé les premiers apprentissages de la lecture et doivent automatiser les procédures par un exercice ; des manuels de littérature pour le secondaire, recueils de textes, chrestomathies et anthologies. Sur l’échelle d’un siècle, de 1882 à 1990, nous faisons l’hypothèse d’une variation contrastée selon les deux « ordres » d’enseignement : au primaire la responsabilité d’installer, par le récit exemplaire ou la fable, les règles de bonne conduite morale ; au secondaire la charge de mettre en place, progressivement, un enseignement systématique de la littérature au moyen des outils euristiques de Lanson, considérant La Fontaine comme un auteur du patrimoine et la fable comme un genre mineur. Cette recherche est exploratoire. Notre contribution mettra l’accent sur la clarification des options méthodologiques d’une analyse qui se veut résolument didactique. Nous considérons comme essentielle la notion de transposition didactique à partir de laquelle le chercheur reconstitue le savoir utile élaboré par l’école. Les manuels n’ont pas pour fonction de former des professionnels de la littérature, mais plutôt de former à des manières de penser, de parler et d’écrire selon une progression historiquement déterminée. Elle pose l’hypothèse d’une transformation profonde de la discipline français et de ses domaines dont la littérature, depuis la création de l’école publique, sous l’effet des grandes réformes des années septante. L’analyse des fables et de La Fontaine dans les manuels relève de cette visée de documenter l’histoire des choix posés par l’école sur les savoirs littéraires utiles. Notre comparaison comportera deux volets et se déclinera en deux interventions distinctes, selon les « ordres » d’enseignement : 1. L’ordre du primaire : Des exemplae aux textes d’auteur, Chr. Ronveaux 2. L’ordre du secondaire : La Fontaine : auteur et fabuliste, Chl. Gabathuler Bibliographie Bérenger, L.-P. & Guibaud, E. (1787/1813). La morale en action ou Elite de faits mémorables et d’anecdotes instructives. Paris : Briand. Clause, G. (1988). Le livre de lecture, récit d’aventures et véhicule de savoir : « Une famille » et « Les neveux du capitaine Francoeur ». Les cahiers aubois d’histoire et d’éducation, 1. Jean, I. (1979). La Fontaine condamné à l’école. Enfances et cultures, 1. 86-93. Prost, A. (1992). L’enseignement s’est il democratise ? Paris : PUF. Schneuwly, B. (1995). De l’utilité de la notion de transposition didactique. In J.-L. Chiss, J. David & Y. Reuter (Ed.), Didactique du français. Etat d’une discipline (pp. 47-62). P. : Nathan. Tinembart, S. (2004). Manuels de lecture au XIXe siècle. Enjeux et controverses dans les choix des manuels de lecture des écoles primaires vaudoises. Mémoire de DEA. Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation. Université de Genève.