Approche gériatrique
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Approche gériatrique
DE LA FRAGILITE DE LA PERSONNE AGEE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE (à propos de 2 cas) Dr P. LERMITE 12 OCTOBRE 2010 2 Vision dynamique sujet autonome sujet fragile sujet autonome Sujet dépendant Glissement Période de fragilité t DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE • CAS N° 1 : Mme Raymonde. Née en 1922 ( 88 ans ) Piéton renversée par une voiture le 3/01/2009 Pas de trauma crânien ni perte de connaissance/ Fracture fémur G. ostéosynthèse le 4/01/09 suites simples. Admise en SdS le 19/01/09 ( J + 16 ) « …Lucide, consciente,apyrétique, EG moyen… » Quitte les SdS le 24/02/09 ( = 35 jours ) « Etat DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE …satisfaisant, marche avec déambulateur, périmètre limité : appui non total. Escarres des 2 talons. » Entrée en EHPAD : GIR 4 3 semaines plus tard : 2ème chute. Consultation 1 mois après : fracture itérative. Toute tentative de reprise de la marche échoue : « véritable panique correspondant à un syndrome post-chute. » DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Toutes les tentatives ont provoqué plusieurs chutes. Mme R. se déplace en Fauteuil roulant. ( Mais le plus souvent on la déplace.) DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Cas N° 2 Mr. Robert né en 1929 Piéton renversé par un chien le 24/09/2003 : Pas de trauma. crânien, ni de perte de connaissance. Est relevé rapidement. Reste à son domicile. Deux jours plus tard : douleur thoracique vive; une radio. montre une fracture costale. Il est hospitalisé 15 jours plus tard pour : AEG et douleurs persistantes. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE D’abord en Réa. pour drainage d’un hémothorax, puis en Médecine polyvalente. Au total : 20 jours. Admis en SdS : Son état fonctionnel se dégrade. Admis en RF 3 mois plus tard : il y demeure 9 jours. « …Syndrome post-chute, troubles neuropsy. DTS, troubles de la mémoire immédiate, ralentissement général, initiatives extrêmement rares… » DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Admis en hébergement temporaire : 1 mois, puis pendant 2 jours et de nouveau en RF à temps partiel. En RF il est noté : « …la marche en hypercyphose lente, peu assurée…le manque d’initiative reste l’obstacle majeur.. Transferts impossibles sans aide… » Mr R entre en SLD. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Dans les deux cas : une personne âgée ( 88 et 80 ans ), apparemment « autonome » en tout cas peu dépendante, vivant seule ou en couple à son domicile se retrouve institutionnalisée après un traumatisme : chute provoquée avec fracture mais sans trauma. crânien. Cette conséquence aurait-elle pu être évitée? DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Mme Raymonde : Ancienne conductrice de cars, veuve, 2 enfants, était suivie pour HTA, Hypercholestérolémie, cataracte (non opérée) Aucune aide à domicile (sauf sa fille) Aucun bilan cognitif. Pourtant ces derniers mois, Mme R. était un peu « téméraire », voulant toujours effectuer des voyages en voiture (elle conduit) longs de plusieurs centaines de Kms. Alors qu’elle a eu plusieurs accidents… Son médecin lui prescrit du Rivotril* DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Lorsque je l’examine 18 mois après l’accident : Le langage est fleuri, le discours est changeant, passant du « coq à l’âne », très distractible, avec une attention très faible. L’humeur est plutôt euphorique; Mme R. rit facilement de peu de choses. La présentation est normale. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE TESTS : MMS = 20 / 30 (calcul = 0, rappel = 1) 5 Mots = 9 / 10 ( 2+2i – 0+4i ) Horloge = 2 / 7 BREF = 10 / 18 TMT A = 140 sec (N=111 / âge) TMT B = impossible Praxies = assez peu perturbées. Lebert – Pasquier = 3 / 4 NPI : dysphorie, euphorie, désinhibition DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE La mémoire autobiographique est très perturbée: confusion des dates des évènements, récents ou anciens. L’actualité est ignorée Parfois elle ne sait plus se servir de la sonnette, s’habiller… Le Scanner ne montre pas de lésion focale. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Mr. Robert : 73 ans au moment de l’accident fin 2003 Profession : Ancien militaire. Autonomie pour les AVQ. Terrain Vasculaire+++ Début 2000 : 1ère consultation neuro. pour : « difficultés sur le plan cognitif » L’examen retrouve des oublis, une DTS, des troubles exécutifs, mais une autonomie « correcte ». Le MMS est à 23/30. Scanner et scintigraphie montrent une AC/SC et une hypofixation frontale droite. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Deux ans plus tard, la situation s’aggrave, selon son épouse : pertes de mémoire +++ troubles du langage troubles du comportement agressivité, opposition troubles de l’équilibre, chutes… Huit mois plus tard : test de Dubois = 6/10 Diagnostic : Démence vasculaire. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Quelques semaines plus tard : son épouse meurt. Quatre mois plus tard : il est renversé par un chien. Retard dans la prise en charge. La réadaptation devient très difficile. Apparition d’ une Astasie-abasie. Accentuation des troubles du comportement…. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Lorsque je le vois, 5 ans après le traumatisme : L’interrogatoire est impossible; a chaque question, la réponse est identique : « Qu’est-ce que ça peut vous f… . » L’examen est quasi impossible : Mr. R. est prostré dans son fauteuil. Il ne peut plus donner son nom, sa date de naissance… Aucun test n’est réalisable. Il cherche à donner des coups. Grasping majeur. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Le GIR est à 1 Il n’est pas SMTI. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Où se situe la fragilité chez ces deux patients ? En commun on retrouve : Facteurs médicaux : poly-pathologie Facteurs cognitifs : diagnostiqués ou non Facteurs psychologiques : Veuvage récent, DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Où se situe la fragilité chez ces deux patients ? Facteurs sociaux : solitude, récente ou plus ancienne. Facteurs d’autonomie : chutes, instabilité à la marche, astasie-abasie … DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Pourquoi la repérer ? Pour prévenir la décompensation et l’aggravation lors de la survenue d’une crise. Dans les deux cas présentés : après un traumatisme : chute provoquée et lésion osseuse, deux PA, vivant à domicile ont été contraintes d’entrer en SLD. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE ET CECI EST « RENTABLE » SUR TOUS LES PLANS. Rappelons-nous : Canicule 2003 : 12000 décès de PA de plus de 75 ans. (80% des décès). Pays de la Loire ( 4000 décès suite à une chute. ( 126000 hospitalisation pour fracture. (2005) DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE ET CECI EST « RENTABLE » SUR TOUS LES PLANS. 15 % des séjours hospitaliers concernent les plus de 75 ans alors qu’ils ne représentent que 8 % de la population. ( 2005 ) DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Après une EGS, la prévention doit être organisée : Prévention primaire, secondaire ou tertiaire. Pour les deux cas présentés, aucune n’a été mise en œuvre : par exemple : Soins de type « classique » en primaire, c’està dire non intégrés. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Comment la repérer ? Le plus efficace est l’ Evaluation Gériatrique Standardisée. ( EGS ) Ceci pour obtenir une évaluation précise de la situation afin d’adapter la stratégie de prise en charge. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE En prévention primaire : outre les traitements de toutes les pathologies et déficits, y intégrer les facteurs psycho-sociaux : Grand âge, isolement, nutrition… polymédication, dépressions masquées… DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE En prévention secondaire : L’EGS prend toute sa valeur : recherche des constituants de fragilité : critères de Strawbridge : Neuro-musculaires Nutritionnel Cognitif Sensoriel cotation DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE En prévention tertiaire : Au moment ou après la crise (le plus tôt possible) lorsque celle-ci n’a pu être évitée. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Pour les cas décrits (l’un ou l’autre ou les deux) : le syndrome de la tortue la désadaptation psychomotrice le syndrome d’immobilisation le syndrome confusionnel le risque iatrogénique le syndrome de cachexie inflammatoire le syndrome de glissement les décompensations en cascade. DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Pour une prévention de l’incapacité irréversible : Prise en charge médicale rapide Traitement étiologique – suppléments protéiques Réduction de la poly-médication Réafférentation Lutte contre le repos abusif Aide à la marche précoce Reconditionnement à l’effort DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Pour une prévention de l’incapacité irréversible : Plan de soins médico-social : Intervention de plusieurs professionnels de santé quotidiennement. Evaluation sociale. Suivi gériatrique. sujet autonome sujet fragile sujet autonome Sujet dépendant Glissement Période de fragilité Facteur précipitant t DE LA FRAGILITE A L’EVALUATION GERONTOLOGIQUE Pour une prévention de l’incapacité irréversible : MAIS, LE DEPISTAGE PAR L’EGS RESTE LE MOYEN LE PLUS PERFORMANT POUR PREVENIR LES CRISES OU EN MINIMISER LES CONSEQUENCES