conception des lignes de production par des
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conception des lignes de production par des
S’adapter à la situation tout en conservant une vision d’avenir TECHNOLOGY CONCEPTION DES LIGNES DE PRODUCTION PAR DES INGÉNIEURS INTERNES L’industrie automobile est frappée de plein fouet par la crise économique. Le Groupe Alro (Dilsen-Stokkem), une entreprise familiale belge spécialisée dans la peinture de voitures et de camions, a été contraint de réduire sa voilure en Belgique. Et en Chine, il a dû se défaire d’une joint-venture qui n’avait pas deux ans. La société a cependant investi cet argent dans de nouvelles installations. Et en a profité pour améliorer sa compétitivité. Par Alfons Calders D ans sa filiale slovaque, le Groupe Alro a démarré en 2012 une ligne de laquage automatisée. Un investissement et un projet d’ingénierie qui ont été décidés en 2009, en pleine crise. Sans rogner sur la qualité des installations, Alro a réussi à limiter le coût de son investissement à deux niveaux. D’abord en profitant de ses connaissances en coating : les responsables belges de la production et de la maintenance ont conçu eux-mêmes les lignes automatisées. Ensuite, en s’adressant à un fournisseur chinois pour la construction en acier, fournisseur trouvé grâce à l’expérience acquise en Chine dans la joint-venture. Cette approche a eu une influence positive sur le coût total de l’investissement. Par ailleurs, le concept a été mis au point grâce à une simulation numérique qui est utilisée aujourd’hui pour optimaliser la planification journalière. Les connaissances fondamentales accumulées pendant la construction, gérée de près par l’entreprise, et la simulation employée dans le planning quotidien rendent l’exploitation plus 52 RV/Alro La conception de la ligne de laquage automatique du site slovaque a été optimalisée via une simulation numérique. flexible et moins chère. Ce qui se traduit par des prix plus compétitifs. Cette expérience est aujourd’hui recyclée dans des projets d’optimalisation plus limités. Dans un avenir proche, de nouvelles lignes vont être construites en utilisant la même méthode de travail. Le fin mot de l’histoire, c’est une PME belge qui réussit à améliorer sa compétitivité dans un contexte de crise aiguë. Industrie Technique & Management s’est entretenu avec Carl Bruyneels, directeur technique et Davy Roox, ingénieur en automatisation du Groupe Alro. INVESTIR EN PLEINE CRISE Lors du lancement de la filiale slovaque en 2006, une petite ligne de laquage a été installée. Ensuite, on a construit une installation KTL (Kathodische TauchLackierung, bain de laquage électrostatique) de même qu’une ligne de laque à poudre brillante. En 2010, un projet d’envergure a été lancé: une installation à poudre mate. L’ingénierie a été pour la première fois prise en charge par l’entreprise elle-même. INDUSTRIE TECHNIQUE & MANAGEMENT ● SEPTEMBRE 2013 Avec d’excellents résultats. Déjà à l’époque, elle appliquait une politique particulière (qu’elle appelle le principe McDonald) : dans toutes les usines d’Alro – en Belgique comme en Slovaquie – toutes les lignes utilisent de façon standardisée un seul modèle de contrôleur, la gamme S7 des PLC de Siemens. En outre, toutes les commandes des lignes sont également standardisées, avec les mêmes écrans, les mêmes symboles, les mêmes ordres... Les commandes de toutes les machines sont donc familières à tous les opérateurs, ce qui est pratique quand il s’agit de donner des formations et d’organiser des postes multifonctionnels. Cette standardisation est étendue à tous les composants de l’installation. Alro s’est lors rendu compte qu’il y avait une opportunité dans le marché pour une installation de laque liquide pour les plastiques. L’objectif ambitieux que l’entreprise s’est alors fixé était de réaliser une machine ‘state-of-the-art’ dans les domaines de la flexibilité, du temps d’encours, du respect de l’environnement et TECHNOLOGY des performances économiques. Ceci, en respectant bien entendu les normes de qualités en vigueur dans l’industrie automobile. Alors que la logistique autour de la chaîne de laquage s’effectue manuellement (dépôt et collecte des pièces, enlèvement, emballage des pièces et évacuation des paquets de pièces terminées), le laquage liquide, lui, est entièrement automatisé. C’est obligatoire pour obtenir la qualité exigée. Toujours pour des raisons de qualité, toute l’installation devait être construite en respectant les prescriptions des salles blanches. INGÉNIERIE EN INTERNE ET FOURNITURES BON MARCHÉ La direction d’Alro a décidé de faire réaliser cette ligne de laquage liquide par une équipe de projet constituée de ses propres spécialistes en ingénierie appartenant à plusieurs départements. Ensemble, ils ont commencé à esquisser le concept sur papier puis ont cherché des fournisseurs. Pour la construction en acier, ils se sont adressés à des Chinois que l’entreprise connaissait. Au total, ils ont livré 250 tonnes d’acier (construction de base de l’installation et des systèmes de transport, structure de base et couverture du four et de la salle blanche...). Pour les éléments à la périphérie du laquage (appareils d’injection et de dosage), on a fait appel à Graco, mais les installations ont été entièrement construites et gérées en interne. Pour l’automatisation, l’entreprise a travaillé dans la phase de l’ingénierie avec Siemens, mais ici aussi tout a été assemblé et programmé en interne. Les systèmes de filtration viennent d’Europe. Et là où c’était possible, on a récupéré du matériel devenu disponible à cause de l’optimalisation des lignes de production de l’usine de Genk, rendue inévitable par la crise. On peut affirmer que 60% de l’installation vient d’Asie et 20 % de fournisseurs européens. Les 20 % restants sont constitués de matériaux de récupération. UN LOGICIEL DE CONCEPTION 3D GRATUIT Il était nécessaire de concevoir la construction globale avec beaucoup de précision. D’ailleurs, la ligne de laquage devait être installée dans un hall existant. À certains endroits, il a fallu construire jusqu’à quelques centimètres de la charpente. Il était donc indispensable de donner aux sous-traitants des plans très détaillés. Ce projet en 3D a été réalisé par le personnel d’Alro qui a utilisé un logiciel libre, le programme de CAO en 3D SketchUp de Google. Il existe aussi une version payante, avec plus d’options, mais elles n’étaient pas indispensables pour ce projet. Ce logiciel est si convivial qu’on peut l’utiliser sans avoir suivi de formation préa- RV/Alro En Slovaquie, le site produit à 90 % pour l’assemblage automobile bien représenté dans la région. La sous-traitance du laquage pour le secteur de la mobilité Alro a été fondé en 1976 par Luc Thijs. L’entreprise a grandi dans les environs de Genk et est aujourd’hui un groupe constitué des business units suivantes: Alro SA, WCAAlro SA, Recitech SA. S’y ajoutent des sociétés qui n’opèrent pas dans le coating: Metes, Metech, Agis et Aercon. La division Traitement de surfaces est spécialisée dans le laquage de pièces en plastique et en métal pour les voitures, les camions, les véhicules industriels... En fonction du client et du matériau, différents processus de traitement sont proposés: activation, phosphatage, laquage par électrophorèse, laquage liquide et laquage poudre (mat ou brillant). Alro se charge de toute la chaîne logistique, de la collecte des pièces non traitées jusqu’à la livraison (en juste à temps) des produits finis (qui font parfois l’objet d’un montage). Parmi ses clients, l’entreprise compte notamment Volvo, DAF, Scania, VW, Audi, Skoda, BMW, Opel et Porsche. Depuis plusieurs années, Alro est confronté au déménagement de ses clients de l’industrie automobile en l’Europe de l’Est. Alro conserve en Belgique son siège et ses principales unités de production, mais pour suivre son marché, la société a fondé en 2006 une filiale slovaque (Alro Slovakia SRO). Elle n’est pas destinée à transférer la production belge vers un pays à bas salaire pour augmenter les marges. Elle s’adresse aux clients qui se sont établis dans la région. Il arrive qu’Alro ne puisse pas honorer une commande au prix demandé en produisant en Belgique parce que cela ne serait pas rentable. Dans ce cas uniquement, Alro examine si les prix de la filiale slovaque peuvent être compétitifs. En réalité, les clients et les produits sont différents: la Belgique travaille à 80% avec l’industrie des poids lourds (beaucoup de couleurs, petites séries et un point fort: la société peut laquer de très grandes pièces). Seuls 20% de la production belge sont destinés à l’assemblage automobile. En Slovaquie en revanche, on produit à 90% pour l’assemblage automobile bien représenté dans les environs (peu de couleurs, grandes séries, avec comme point fort, des itinéraires de transport courts). SEPTEMBRE 2013 ● INDUSTRIE TECHNIQUE & MANAGEMENT 53 TECHNOLOGY S’adapter à la situation tout en conservant une vision d’avenir RV/Alro RV/Alro La nouvelle ligne a été construite et automatisée en six mois sur base des modèles numériques. lable. Il permet de dessiner en 3D, de standardiser des objets et de les réutiliser (les armoires électriques par exemple), de parcourir l’installation, de faire les coupes nécessaires... TEST VIRTUEL AVANT LA CONSTRUCTION En s’appuyant sur les fichiers DWG du modèle 3D, un modèle de simulation du fonctionnement de la chaîne de laquage et de sa périphérie logistique a été réalisé avec l’aide du logiciel PLM de Siemens. Cards PLM Solutions (Pays-Bas), un Platinum Partner de Siemens PLM Software, s’en est chargé, en se basant sur un ensemble d’instructions rédigées par Alro. Ce modèle a été utilisé par Alro pour vérifier la construction de la ligne. Il est en effet possible de tester le fonctionnement complet de la ligne en fonction de différentes charges et de détecter des goulets d’étranglement éventuels à un stade précoce... Grâce à ces analyses, la ligne a été optimalisée, ce qui a permis de gagner beaucoup de temps lors de la construction réelle. La construction et l’automatisation ont été achevées en six mois. Dans le cadre de l’automatisation, Siemens a apporté son aide pour la configuration matérielle. Mais ce sont les techniciens d’Alro qui ont programmé les PLC (avec une communication safety et Profinet intégrée), les drives (G120 et S120 avec système Cliq), le RFID, la visualisation (sur la base de PC, avec des panneaux confortables et mobiles basés sur le réseau sans fil). Malgré le fait qu’au sein de l’usine slovaque des techniciens étaient présents lors de la construction et qu’ils ont rapidement acquis de l’expérience dans l’exploitation et la maintenance, on a fait appel au soutien des autres usines. Via Profinet et l’Internet de l’entreprise, l’installation peut être contrôlée à distance. Toutes les commandes et toutes les données sont toujours directement accessibles. 54 UNE RÉALISATION À LA POINTE DE LA TECHNIQUE La ligne de laquage a été inaugurée en 2012. Sa flexibilité repose sur son architecture et sur sa commande. Elle commence par un prétraitement chimique en cinq étapes. Il y a ensuite dix robots, les uns utilisés pour le moirage et le reste pour la pulvérisation proprement dite de la laque. L’étape finale est le séchage au four. La commande est conçue de manière telle que toutes les applications nécessaires (laques à base d’eau ou de solvant, multicouche, couleurs mates ou brillantes) peuvent être mises en œuvre dans une seule installation. En cas de peinture multicouche, la commande s’assure que les pièces concernées soient envoyées automatiquement plusieurs fois et dans le bon ordre à travers la ligne. RV/Alro Toutes les usines d’Alro utilisent de façon standardisée la gamme S7 des PLC de Siemens. INDUSTRIE TECHNIQUE & MANAGEMENT ● SEPTEMBRE 2013 La réduction des coûts repose évidemment sur la flexibilité de la ligne, mais aussi, dans une large mesure, sur le logiciel de planification spécialement développé pour la circonstance. Il est relié à la prise de commandes et prend appui sur la simulation qui a été conçue pour l’ingénierie. Quand un planning est créé, une simulation vérifie que la production ne risque pas d’être engorgée tout en ayant une charge suffisante. On peut effectuer ce contrôle en très peu de temps et tester des variantes pour optimaliser la production. Ce qui permet de générer le jour précédent le meilleur ordre de succession possible pour alimenter la ligne. Un autre facteur d’économie est obtenu en maximalisant la disponibilité. D’une part, les spécialistes de la maintenance connaissent la ligne par cœur: le responsable de la production en Slovaquie a été fait partie dès le début de l’équipe d’ingénierie et les techniciens locaux ont participé à la construction de l’installation. D’autre part, la simulation préalable a permis de détecter les éléments qui pourraient former un engorgement en cas de panne. Ces éléments font donc l’objet d’un entretien préventif. Les coûts de production diminuent aussi parce que l’on s’est intéressé très attentivement aux économies de matières premières et d’énergie lors de la conception de l’installation (la récupération et la réutilisation de l’énergie ont été appliquées partout où c’était possible). Un exemple. En pilotant les ventilateurs avec des régulateurs de fréquence, la gestion de l’air peut être régulée de façon très efficace. Lors des pauses, on passe automatiquement à un mode d’économie d’énergie. Il y a suffisamment de rétroactions pour réaliser le suivi de la production et le contrôle a posteriori des coûts. Ainsi, l’approvisionnement et l’évacuation des pièces s’effectuent avec un système de transport Power&Free. Les supports de transport sont équipés de RFID: à chaque moment, on dispose de toutes les données sur les pièces à laquer ou déjà laquées (position dans la ligne, paramètres techniques du processus pendant le laquage, consommation de laque et de durcisseur, travaux correctifs éventuels...). Grâce à ces données, le planning peut aussi être corrigé en ligne en s’appuyant sur les dernières informations. Avantage pour Alro et ses clients? L’entreprise est capable de fournir des produits de qualité à des prix serrés et en respectant un timing strict. ● www.industrie.be