Le chalet suisse
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Le chalet suisse
POCKET - Le Chalet suisse - 108 x 177 - 7/2/2008 - 10 : 43 - page 7 Dimanche Ce n’est pas moi, c’est lui. Je l’ai laissé faire ce qu’il voulait me faire et je suis retournée à ma place. Lui, par contre, a changé de compartiment. Il est monté en gare de Solothurn, et je ne l’aurais pas remarqué s’il n’était venu s’asseoir à côté de moi. À ce moment, lorsqu’il se tenait debout, dans l’allée, et qu’il m’a demandé si j’attendais quelqu’un, je n’ai pas regardé son visage, j’ai seulement débarrassé la place libre à côté de moi de mes affaires qui s’y trouvaient. Le train n’était pas encore reparti que j’étais déjà retournée à la lecture de mon roman. Pendant toute cette partie du voyage, jusqu’à ce qu’on arrive aux montagnes, je n’ai pas fait attention à lui. Plusieurs fois j’ai senti son regard posé sur moi alors qu’il feignait de regarder par la fenêtre. Je ne suis pas dupe. Mais pas naïve 7 POCKET - Le Chalet suisse - 108 x 177 - 7/2/2008 - 10 : 43 - page 8 non plus. Qu’un homme observe une femme est dans l’ordre des choses. Je l’ai laissé me regarder à la dérobée en lui laissant penser que je ne remarquais rien. Plusieurs fois, dans les longues courbes que décrivait le train, j’ai senti le tissu de son pantalon contre ma jambe. Malgré l’hiver et la destination de ce voyage, j’ai décidé ce matin de porter une jupe longue, prenant à titre de précaution une petite boîte de collants neufs dans mon sac à main. Peu à peu, l’effleurement inconstant du tissu contre ma jambe s’est mué en un contact régulier. Puis de plus en plus pressant. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai réellement pris conscience de la présence de cet homme à côté de moi, et tout en gardant les yeux fixés sur mon livre, j’ai brutalement perdu toute la concentration nécessaire à la lecture. Le contact physique était quasi permanent lorsqu’il entreprit d’abandonner son magazine, puis, feignant l’ennui et l’envie de s’endormir, il posa les mains sur ses genoux. Il ne fallut pas longtemps pour que je constate du coin de l’œil le glissement de ses doigts en direction de mes cuisses, mais nous étions trop loin pour que le rapprochement puisse se faire sans paraître intentionnel. Il a dû s’en rendre compte, et il a préféré interrompre la progression de ses mains peu avant qu’elles ne touchent la banquette, les replaçant, en douce, à plat contre ses cuisses. 8