GenèveSociété

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JEUDI 29 JANVIER 2009
TRIBUNE DE GENÈVE
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Quatre femmes de tête
aux postes et CV taille XXL
Un forum consacre la valeur ajoutée du sexe prétendument faible dans l’économie.
ADÉLITA GENOUD
E
n ces temps de chahut financier plané-
taire, les femmes ont leur carte à jouer.
C’est ce qu’allèguent les observateurs
avisés de la chose économique, comme
Klaus Schwab, fondateur du World Economic
Forum, himself.
Ainsi, en organisant à Genève la première
plate-forme* sur la valeur ajoutée des femmes
dans le marché du travail, Caroline Miller ne s’est
pas trompé de cible. Ce sont donc plus de 150
leaders féminins, issus de multiples secteurs, qui
ont répondu à l’invitation de la présidente de
Career Women’s Forum. Il est vrai que l’association, pour la mise en valeur professionnelle des
femmes via le «réseautage», avait également convié à la tribune des leaders et dirigeantes d’entre-
$ La financière
$ La scientifique
La tête bien pleine. De culture
franco-polonaise, elle a décroché son baccalauréat quatre ans
avant ses camarades de classe.
Son curriculum vitae a la taille
d’une encyclopédie. Prix français du Top manager 2006, elle
a occupé une multitude de postes de manager à France Télécom et Accord Group. Aujourd’hui, elle est vice-présidente de Corporate Finance,
group controller de Firmenich.
En clair, la femme la plus haut
placée du groupe. Elle dit que la
balle est dans le camp des femmes. A condition d’oser s’affirmer. «Nous avons quelques
beaux atouts dans notre jeu.
Proactives, nous savons en
outre déléguer efficacement.» Il
faut ensuite que la chance
s’ajoute au talent.
Etudes longues, très longues au
Canada puis au Collège de
France. A 33 ans, elle décroche
un poste à la Faculté de médecine de Genève. Option: neurosciences. Sa spécialité: la maladie
d’Alzheimer et celle de Parkinson. Notamment. Ann C. Kato,
qui a passé trente ans aux commandes du département médical, ne se plaint pas de son sort.
Même si pour parvenir à se
hisser au sommet de la pyramide, elle a dû mettre les bouchées doubles. Quelques différences entre les deux sexes? «Les
femmes sont plus généreuses de
leur temps et plus habiles en
matière de communication.» La
biologiste a un regret: le manque
de mentors qui permettraient
aux jeunes pousses de s’épanouir.
$ La super RH
$ La senior partner
Elle parle cinq langues. Sans
faute de syntaxe ou de vocabulaire. «Normal!» affirme-t-elle,
elle a vécu dans divers pays.
Directrice des ressources humaines d’Alcoa (leader américain de
l’aluminium), elle a suivi ses études à Oxford. Autant dire qu’il
lui a fallu faire ses preuves pour
s’affirmer dans un milieu industriel viril. Elle affirme que l’ascension des femmes passe inévitablement par une politique familiale efficace. Sans structure
d’appui (crèches en nombre suffisant), nul couple ne peut s’épanouir professionnellement. Et les
entreprises? La compétence des
femmes est aujourd’hui démontrée. Il ne manque plus qu’à
«éduquer» les grands managers
pour qu’ils jouent davantage la
carte féminine.
Elle est atypique. Médecin généraliste, elle a renoncé à ses consultations pour suivre une formation dans une école de commerce. Du coup, elle a
rapidement rallié les rangs d’un
grand groupe pharmaceutique
suisse. Aujourd’hui, senior partner d’Index Ventures, elle est
aussi une star européenne des
biotechnologies. Réaliste et pugnace, elle assure que les femmes doivent se hisser toutes seules aux premières places. «Personne ne nous tracera de voie
royale. Et c’est tant mieux car
c’est un fabuleux challenge.»
Pour cette boulimique de travail,
le management n’est pas une
affaire de genre mais d’individus. Alors? «Les femmes doivent
oser la différence et vaincre leur
manque de confiance en elles.»
Yolanta de Cacqueray
Caroline Welch-Ballentine
Silvio Berlusconi n’est décidément
pas un cadeau pour les Italiennes
Chaque semaine, nous
épinglons ces petits
agacements que provoque
le machisme ordinaire.
S
ilvio Berlusconi nous avait
habitué aux sorties improbables qui suintent le
sexisme. La dernière en date
est tout simplement magique. Après que deux
viols ont été commis
dans la région de
Rome, il a déclaré à la
population inquiète qu’il
était impossible de
parer aux risques: «Il
faudrait tellement de soldats,
puisqu’il y a tant de belles filles
italiennes, que cela ne sera
jamais possible!» Ben tiens, c’est
nouveau! Seules les jolies femmes risquent le viol? Et moi qui
pensait bêtement qu’il s’agissait
d’une perversion. Et puis tous
les hommes sont-ils des violeurs
en puissance? Suite aux réactions provoquées par sa petite
phrase, il Cavaliere a précisé
qu’il fallait y voir un «compliment» aux Italiennes. Que ceux
qui craignent que le tribun se
soit fait lifter le cerveau en
même temps que le
visage se rassurent. En
2007, il avait conseillé
à une jeune femme,
lors d’une émission
télévisée, d’épouser un
homme riche pour
remédier à ses problèmes d’argent. En 2005, il a créé
un incident diplomatique en
déclarant «avoir dû user de tous
ses talents de play-boy» auprès
de la présidente finlandaise. So
charming! Le pire, c’est qu’il ne
voit pas en quoi c’est machiste…
prises internationales de haut vol. Points saillants
de l’ordre du jour: «L’adaptation des entreprises
pour préserver les compétences» et «La place des
femmes dans une économie diversifiée».
En matière de carrière, il est vrai que la Suisse, à
l’instar de sa voisine hexagonale, est loin derrière
les pays du Nord. Les premiers culminent à 10%
de managers féminins et les seconds en comptent
environ 30%. Mais en dépit de cet écart paritaire,
la Genève internationale abrite dans ses murs
quelques figures de proue de la finance, de la
recherche scientifique ou encore de la biotechnologie. Rencontre express avec quatre patronnes
convaincues et convaincantes.
* «Wave, Women’s Added Value in the
Economy» était également animée par notre
confrère Pascal Vuistiner de «Bilan».
Ann. C. Kato
Michèle Ollier
Se pavaner en robe bustier: le dernier chic
Chez les stars, c’est LA tenue à
exhiber. Dernière preuve en date,
la très glamour cérémonie des
Golden Globes 2009, le 11 janvier.
La robe bustier y a joué les invitées d’honneur. Ce soir-là, Eva
Longoria, Eva Mendes, Anne Hathaway, Heidi Klum ou encore
Penélope Cruz ont fait la nique
aux frimas. Sans oublier bien sûr
la superstar de cette sauterie hollywoodienne, Kate Winslet.
Sacrée meilleure actrice, elle a
aussi réussi l’exploit de brandir
ses statuettes vers le ciel, sans se
soucier d’un éventuel caprice de
sa robe bustier Yves Saint Laurent. Car les femmes qui en ont
essayé une un jour le savent bien:
loi de la gravité oblige, elle a une
fâcheuse tendance à glisser, faisant craindre une échappée de
téton. «On fait comme Angelina
Jolie sur le tapis rouge, comme
ceci», sourit Ferida Aslani-Bulatovic, vendeuse chez Bon Génie, à
Lausanne, en feignant de remonter sa tenue. Mouais, un peu bof
l’effet… «Non», assure la dame,
selon qui Mme Michou sera ravie,
au contraire, de pouvoir imiter les
people.
Descendante du corset
Bonne nouvelle, nul besoin
d’avoir un buste sculptural pour
se passer de bretelles. «J’ai vendu
une taille 46 à une cliente», rapporte encore Ferida Aslani-Bulatovic, référence faite à un modèle
de robe de cocktail. «Elle lui allait
très bien, mettant en valeur sa
poitrine.» Certaines seront toutefois bien inspirées d’opter pour
une autre coupe. «Mieux vaut ne
pas avoir la carrure trop large et
la poitrine trop menue», conseille
Suzanne Schmidt, styliste gene-
voise, cofondatrice de la griffe
Satir. «Elle est très près du corps,
il n’y a pas de jeu entre la peau et
le vêtement. Beaucoup de femmes
ne s’y sentent pas à l’aise…» Une
réminiscence – douloureuse – de
son ancêtre, le corset?
Effectivement, la robe sans bretelles en est une variante allégée.
«Elle doit le jour à l’apparition
d’étoffes plus légères et stretch,
comme le tulle ou le nylon, lesquelles étaient réservées jusqu’alors à l’armée», explique Elizabeth Fischer, professeur en histoire de la mode à la Haute Ecole
d’art et de design, à Genève. «Ces
matières ne devaient pas nécessairement reposer sur les épaules,
contrairement au corset. D’où
l’apparition de bustiers enserrant
la taille. Il fallait bien que cela
tienne à quelque part!»
Estelle Trisconi
Kate Winslet. Par chance, sa
robe bustier griffée Yves Saint
Laurent n’a pas malencontreusement glissé lorsque la jeune
femme a levé sa statuette.
(EPA)