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Chapitre 9 Assistance médicale à la procréation Introduction L'échographie dans le cadre de la Procréation médicalement assistée (PMA) comporte deux étapes distinctes : le bilan initial, en général réalisé entre J3 et J5 du cycle, et la surveillance des traitements inducteurs de l'ovulation. Si la première étape renvoie pour le détail à d'autres chapitres, la seconde, plus spécifique aux procédures de PMA, sera davantage développée. Elle nécessite une bonne connaissance des facteurs d'infertilité, en particulier pour la prévention des risques d'hyperstimulation et pour la compréhension des traitements utilisés. Bénéficier d'une bonne connaissance des protocoles de stimulation utilisés permet, sans se substituer au médecin en charge de la PMA, d'être plus engagé auprès des patientes et d'échapper à la routine du dénombrement de follicules. Technique, réglage, indications utiliser un bon agrandissement de l'ovaire et la mesure des follicules un par un (fig. 9-1). Ce dernier point est particulièrement important sous stimulation, la mesure groupée des follicules étant forcément fausse puisqu'elle ne prendra pas en compte le plus grand diamètre de chacun des follicules. La palpation abdominale est parfois indispensable pour abaisser un ovaire en position haute, antérieure qui n'est pas spontanément dans le champ de la sonde endovaginale. Cette situation se rencontre assez souvent après chirurgie, en particulier après césarienne, alors que l'endométriose, elle, fixe souvent les ovaires en rétro-utérin où ils sont aisément accessibles pour l'échographiste, bien que parfois collés l'un à l'autre (kissing ovaries). Le comptage folliculaire peut aujourd'hui bénéficier de nouveaux logiciels 3D (SonoAVC chez General Electric) (fig. 9-2). Leur utilisation nécessite un apprentissage rapide. Il convient néanmoins d'utiliser une méthode rigoureuse et de connaître Échographie La technique d'examen endovaginale du pelvis a déjà été décrite. Nous ne rappellerons donc que l'essentiel : l'examen doit être réalisé vessie vide, avec une sonde endovaginale de 5 MHz à 12 MHz, en mode harmonique – surtout pour le comptage folliculaire. Ovaires Le comptage folliculaire se fait de façon « manuelle » en 2D, l'opérateur s'efforçant de les compter tous (de 2 à 10 mm) et doit pour cela Fig. 9-1. Mesure d'un follicule en mode 2D classique : mesure de la plus grande longueur et de la largeur. Échographie endovaginale Doppler-3D © 2014, Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés 0002082354.INDD 201 3/3/2014 11:39:16 AM 202 Échographie endovaginale Doppler-3D Quel que soit le mode de dénombrement des follicules, sur le plan sémantique, on distingue : • les follicules dominants mesurant entre 15 et 30 mm ; • les follicules intermédiaires mesurant entre 10 et 14 mm ; • les microfollicules inférieurs à 10 mm. Endomètre A L'endomètre est mesuré sur la coupe sagittale médiane de l'utérus, le faisceau ultrasonore étant le plus perpendiculaire possible à l'endomètre. On peut pour cela s'aider de la palpation abdominale, la tonalité de l'endomètre n'étant appréciable que si le faisceau ultrasonore est perpendiculaire (cf. fig. 2-23). Doppler couleur B Fig. 9-2. a : Mesure automatique des follicules par SonoAVC. b : Résultat : les différents follicules sont mesurés selon leurs trois dimensions avec calcul automatique de la dimension moyenne. les limites de la technique. La sonde endovaginale doit rester bien immobile pendant l'acquisition qui dure quelques secondes. L'apnée de la patiente est parfois utile. Le résultat est parfait si l'image de base l'est : l'ovaire doit être vu dans sa plus grande dimension, sans écho de répétition, sans cône d'ombre. La proximité des battements de l'artère iliaque externe, la position haute de l'ovaire, les kystes para-ovariens sont source d'artéfacts et nécessitent des corrections. En pratique, si les conditions locales sont favorables, le résultat est satisfaisant, reproductible et plus rapide que l'acquisition « manuelle ». On estime qu'avec les logiciels dont on dispose aujourd'hui, le comptage 3D ne nécessite aucune correction dans 60 % des cas. 0002082354.INDD 202 Le Doppler couleur en PMA trouve deux indications principales. • Lors du bilan initial, pour parfaire le bilan morphologique. En effet, il apporte des arguments quand il est peu aisé de rapporter une hétérogénéité du myomètre à un myome ou à l'adénomyose. Le myome comporte des vaisseaux périphériques alors que l'adénomyose ne modifie que modérément le trajet des vaisseaux de disposition radiaire du myomètre. Il apporte une aide notable dans le diagnostic de malformation artérioveineuse myométriale ou paramétriale. Il aide à caractériser les masses annexielles (cf. chapitres 4–5 et 6). • Le Doppler donne des informations plus spécifiques au domaine de la PMA. La vascularisation sous-endométriale (fig. 9-3) a été étudiée en Doppler énergie et on a établi, selon des protocoles de recherche, une corrélation entre la majoration de la vascularisation sous-endométriale tout au long du cycle et le taux de grossesse spontanément ou sur des cycles stimulés. La corrélation est mauvaise en pratique courante, l'absence de réglage standardisé des paramètres Doppler ne permettant pas une analyse fiable de la vascularisation sous-endométriale dans la surveillance des cycles induits. Au demeurant, il existe une voie de recherche destinée à établir un protocole d'étude reproductible de la vascu- 3/3/2014 11:39:17 AM Chapitre 9. Assistance médicale à la procréation A 203 L'enregistrement se fait en cycle naturel, sur chaque artère utérine repérée en Doppler couleur, au niveau de la crosse de l'artère en para-isthmique, sur le segment vertical le plus proximal de l'artère. Certains praticiens ne demandent le Doppler des artères utérines qu'à la suite d'échecs implantatoires. L'enregistrement du Doppler des artères utérines sur des cycles induits est peu courant, des valeurs hautes, en pratique rarement retrouvées, ayant une bonne valeur prédictive négative, mais des valeurs normales ayant une faible valeur prédictive positive et ne permettant pas l'adaptation du traitement inducteur. L'étude de la morphologie des courbes vélocimétriques des artères utérines appartient aujourd'hui au domaine de la recherche. Il est au demeurant utile lors du transfert d'embryon, on le verra. Examen initial dans un contexte d'infertilité B Fig. 9-3. a : Doppler énergie : mise en évidence des vaisseaux radiés et des les artères basales en situation juste sous-endométriale. b : Enregistrement des flux vélocimétriques au niveau des artères basales. larisation sous-endométriale, dans les cas particuliers d'échec d'implantation et d'infertilité inexpliquée. Doppler pulsé Le Doppler pulsé des artères utérines fait en revanche partie du bilan initial de l'infertilité. L'hypothèse posée est celle d'une corrélation entre la baisse des résistances vasculaires et la réceptivité endométriale. Normalement, au cours du cycle, la résistance des artères utérines chute parallèlement à l'augmentation de l'œstradiol. En pratique, on enregistre le flux des artères utérines lors de l'examen initial. Si l'index de pulsatilité est satisfaisant, on ne renouvelle pas l'enregistrement en phase lutéale. En revanche, si l'index de pulsatilité est supérieur à 3, on préfère le contrôler au moment théorique de l'implantation ovulaire, soit vers J21. 0002082354.INDD 203 Anomalies utérines Entre J3 et J5, l'endomètre est fin (inférieur à 5 mm), plutôt hyperéchogène en raison du flux menstruel et de son abrasion. Il est médian. À ce terme, il peut être difficile de mettre en évidence un polype muqueux. S'il est de petite taille, il se confond avec le matériel menstruel. Il est parfois suspecté par la mise en évidence d'un pédicule vasculaire au sein de l'endomètre. Tout doute sur la réalité de l'image doit amener à un contrôle en phase proliférative avant toute stimulation. Rarement, la sono-hystérographie peut être nécessaire pour affirmer l'existence d'un polype dont on connaît l'effet délétère, surtout s'il siège à proximité d'un orifice ostial. Parallèlement, la polypectomie améliore la réceptivité de l'endomètre. Longueur de la cavité (hystérométrie) : la cavité utérine doit être mesurée avec rigueur, ceci ayant un impact sur la réimplantation embryonnaire. Il convient de mesurer sur l'axe sagittal la cavité en réalisant un tracé de distance avec le track-ball de l'échographe (fig. 9-4). L'étude du myomètre s'attache dans le cadre d'une infertilité à diagnostiquer d'éventuels myomes 3/3/2014 11:39:17 AM 204 Échographie endovaginale Doppler-3D parfois vu en échographie seulement par voie suspubienne. L'information est utile à l'échographiste pour l'examen ultérieur. Elle informe le praticien en charge de la ponction. Elle précise les difficultés et limites de l'examen échographique. Sa fixation à l'utérus ou contre la paroi abdominale évoque le développement d'adhérences (post-chirurgicales, dans le cadre d'une endométriose ou après une infection régionale). Volume Fig. 9-4. Mesure de la hauteur totale de la cavité utérine par tracé de ligne depuis le fond de la qualité jusqu'à l'orifice externe du col. Ici une cavité normale avec une hystérométrie mesurée à 79 mm. sous-muqueux ou retentissant sur le trajet de la ligne cavitaire. On précisera la possibilité d'exérèse d'un myome sous hystéroscopie (taille, mur de sécurité). La reconnaissance d'une adénomyose est importante, l'impact négatif de l'adénomyose sur l'implantation ovulaire ou embryonnaire étant établie. Toutefois, signalons qu'il n'existe pas de traitement réel de l'adénomyose. L'existence de cicatrices (césarienne ou autre) sera documentée. L'échographie couplée au Doppler permet le diagnostic de malformation artérioveineuse myométriale ou paramétriale parfois secondaire à une révision utérine ou à une grossesse molaire. Le bilan initial s'attache à préciser l'existence d'une malformation utérine : si le diagnostic d'une malformation de groupe 2 (utérus bicornes) n'amène pas à réparation, les malformations de groupe 3 (utérus cloisonné corporéal, total ou subtotal, cervico-isthmique) font envisager la réparation. On sait qu'une cloison, même mineure, diminue les chances de grossesse. Parallèlement, la résection du septum d'un utérus cloisonné améliore significativement les chances de grossesse. Ovaires : position, volume, CFA, parenchyme Position L'accessibilité des ovaires et, éventuellement, leur mobilité à la palpation sont précisées. Il est toujours utile de signaler un ovaire d'accès difficile, 0002082354.INDD 204 Il est calculé automatiquement après mesure de ses 3 dimensions obtenue sur une image divisée. Les valeurs normales du volume ovarien dépendent de l'âge. On considère le volume comme augmenté au-delà de 10 cm3 – ou surface supérieure à 5 cm2 (critère du syndrome des ovaires micropolykystiques). Un volume inférieur à 4 cm3 peut indiquer, sans être spécifique, une insuffisance ovarienne. En fait, le comptage des follicules antraux est un bien meilleur indicateur de la réserve ovarienne que le volume. Comptage des follicules antraux Ce dénombrement est, combiné aux dosages hormonaux- FSH, 17 béta-œstradiol et surtout Hormone Anti-Müllérienne (AMH), un excellent indicateur de la réserve ovarienne. Il est normal entre 7 et 15 follicules par ovaire, mais ces chiffres sont fonction de la performance de la sonde endovaginale utilisée, de l'échogénicité de la patiente et de la minutie de l'examinateur. En revanche, il est pour une patiente donnée tout à fait stable d'un cycle à l'autre. Seules de mauvaises conditions d'examen peuvent amener à le recontrôler (gaz, position haute de l'ovaire). Le nombre de follicules antraux constitue un élément important pour le choix thérapeutique. La disparition des plus petits follicules témoigne souvent d'une insuffisance ovarienne débutante. Parenchyme ovarien La structure des ovaires doit être finement analysée. Repérer un endométriome de 20 mm ou plus est aisé, mais visualiser des endométriomes infracentimétriques l'est moins. Les petites plages en gris intermédiaire seront d'autant mieux vues que l'image sera 3/3/2014 11:39:19 AM 205 Chapitre 9. Assistance médicale à la procréation bien agrandie, améliorée par la pression abdominale manuelle (cf. chapitre 1, « Généralités – Principes techniques »). Dans d'autres cas, on repèrera les autres kystes organiques (kystes liquidiens purs ou « borderline », kyste dermoïde, etc.). La présence d'endométriomes amène à rechercher les localisations profondes de l'endométriose, en sous-péritonéal antérieur ou postérieur, sur les trompes. Insistons à ce stade sur l'importance du bilan exhaustif de l'endométriose dans le contexte d'une infertilité : d'abord en tant qu'élément causal, mais aussi parce que les lésions endométriosiques font l'objet d'un traitement dans certains cas avant la procédure PMA. La plupart des équipes indiquent l'exérèse des hématosalpinx si une FIV est envisagée, afin de faciliter la ponction folliculaire. En revanche, la discussion est aujourd'hui ouverte quant à l'opportunité de ponctionner les endométriomes. Il convient d'opposer le bénéfice en terme de facilité et de limitation des risques infectieux lors de la ponction et le risque de détérioration du parenchyme ovarien sain. Trompes Leur visibilité en échographie témoigne d'une pathologie, infectieuse ou endométriosique et contre-indique l'hystérosalpingographie. Étude Doppler des artères utérines On l'a vu, n'est pas systématiquement demandée. Si les index de pulsatilité sont normaux en début de cycle, ils le seront en phase lutéale. En revanche, on se garde de les considérer comme définitivement pathologiques s'ils sont élevés au début du cycle et on les contrôle à J21. Induction de l'ovulation mono ou paucifolliculaire Indications • L'anovulation et les dysovulations. • L'insémination intra-utérine avec sperme du conjoint (IAC) ou don de sperme (IAD) se fait selon les équipes et les résultats antérieurs sur cycle spontané ou sur cycle stimulé avec monitorage. Il s'agit dans ce cas d'optimiser les condi- 0002082354.INDD 205 tions de l'insémination en repérant et/ou en déclenchant l'ovulation et d'optimiser également les paramètres de fertilité (glaire, endomètre). • En cas de trompe perméable unique, on est parfois amené à stimuler l'ovulation pour raccourcir le délai d'obtention d'une grossesse. • En cas d'infertilité inexpliquée, on tente par la stimulation douce l'optimisation des paramètres de fertilité. On fait de même en cas d'insuffisance ovarienne débutante. Comptage initial des follicules Il se fait idéalement à J2- J3. Le but est le décompte exact des follicules dont nous avons déjà vu la technique et le diagnostic de kyste fonctionnel qui obligerait à reporter la stimulation si le bilan hormonal confirmait leur interférence. Ce bilan initial permet aussi de noter un kyste paraovarien qu'il conviendra, en cours de stimulation de ne pas confondre avec un follicule. Le choix de la stimulation et la prédiction de réponse ovarienne dépendent du bilan initial de l'infertilité déjà réalisé (clinique, échographie et bilan hormonal). Quand débuter le monitorage ? En général, le premier contrôle a lieu entre J8 et J10. Parallèlement, les dosages d'œstradiol et de LH sont prescrits. • l'ovaire : on mesure sa plus grande dimension et chacun de ses follicules, en particulier chaque follicule dominant et chaque follicule intermédiaire. Le décompte des microfollicules est moins important que lors des stimulations multifolliculaires et son exhaustivité doit prendre en compte son intérêt et sa faisabilité. Elle ne doit pas se faire au détriment de la rigueur nécessaire au comptage des follicules les plus volumineux. Ceux-ci seront mesurés avec soin dans une dimension s'ils sont ronds, dans 2 dimensions s'ils sont ovales, avec présentation des résultats donnant les deux dimensions ou calculant le diamètre moyen. La mesure se fait sur une image bien agrandie et bien contrastée. 3/3/2014 11:39:19 AM 206 Échographie endovaginale Doppler-3D • l'endomètre : lors de la croissance folliculaire, il est franchement hypoéchogène et homogène. Il reflète l'imprégnation œstrogénique et il est en ce sens bien corrélé au développement folliculaire. L'exception est la stimulation par le citrate de clomifène, on le verra. Quels sont les signes de la maturité folliculaire et de la réceptivité endométriale ? Le monitorage a atteint son terme quand on obtient un, deux ou trois follicules supérieurs ou égaux en diamètre moyen à 18 mm. Les follicules restent parfaitement trans-sonores ; l'apparition d'une échogénicité interne ou d'un épaississement de la paroi du follicule fait craindre une lutéinisation précoce inopportune, en particulier si on envisage une insémination. Parallèlement, l'endomètre s'est épaissi et, de façon idéale, est bien hypoéchogène, homogène, symétrique. Il mesure 7 mm au moins. Un endomètre trop fin résulte parfois d'une maturation folliculaire trop rapide, comme on l'observe chez des patientes à ovulation spontanée précoce ; ceci invite lors de la prochaine stimulation à utiliser une induction plus faible. Un endomètre épais est encore en terme de fertilité sujet à controverses ; son effet délétère n'est pas admis par tous. En pratique, cette situation se rencontre surtout au cours des stimulations multifolliculaires. La présence de glaire cervicale témoigne de l'imprégnation œstrogénique (fig. 9-5). Particularité de la stimulation par Citrate de Clomifène Ce type de stimulation, assez couramment utilisée dans les infertilités inexpliquées et les syndromes des ovaires micropolykystiques, se singularise par ses effets anti-œstrogènes et son impact marqué sur le développement folliculaire. Sous Citrate de Clomifène, la croissance folliculaire est de 2 à 3 mm par jour et le follicule n'est mûr qu'à partir de 20 mm. Il peut atteindre une grande taille sans prendre la signification d'un 0002082354.INDD 206 Fig. 9-5. J 14. Col utérin : lame anéchogène endocervicale correspondant à de la glaire. Fig. 9-6. Traitement par citrate de Clomifène. Endomètre hyperéchogène, fin. kyste folliculaire. Le déclenchement de l'ovulation est parfois inefficace avec lutéinisation sur place du follicule dominant. L'endomètre a surtout une évolution plus capricieuse de par l'effet anti-œstrogène de la molécule, plus ou moins compensée par la sécrétion folliculaire. Assez souvent, l'endomètre reste hyperéchogène ou de tonalité intermédiaire, peu épais (fig. 9-6). Il nécessite alors une administration supplémentaire d'œstrogène pour assurer sa réceptivité. Induction de la stimulation en vue d'une FIV Indications de la FIV La FIV est indiquée en cas de salpingectomie bilatérale, d'obstruction tubaire bilatérale et dans les cas d'infertilité masculine qui ne sont plus du ressort des inséminations. Ces dernières indications représentent une part croissante des procédures de FIV 3/3/2014 11:39:22 AM 207 Chapitre 9. Assistance médicale à la procréation (FIV-ICSI ; FIV-IMSI). Il existe d'autres indications plus marginales comme l'insuffisance ovarienne. Protocoles longs, protocoles courts Les protocoles FIV se font selon plusieurs modalités qu'il convient de connaître dans la mesure où elles indiquent des paramètres de monitorage différents. La stimulation de multiples follicules va entraîner une augmentation du taux d'œstradiol qui peut induire, à un certain seuil, le pic de LH déclenchant l'ovulation ce qui doit être évité. Au cours du protocole long, on utilise un agoniste de la Gonadotrophin Releasing Hormone ; il s'agit d'une molécule entrant en compétition avec la GnRH qui vient se fixer sur les récepteurs de l'antéhypophyse. Elle entraîne une sécrétion immédiate, intense, brève de Gonadotrophines, connue sous le terme d'effet « flare-up ». Administré à J20 du cycle précédant la FIV, l'effet « flare-up » ne s'applique pas aux petits follicules qui seront stimulés le cycle suivant. Ils y sont insensibles. En revanche, l'effet de blocage des récepteurs de l'antéhypophyse demeure maximal au moment des règles, persistant au-delà. Il rend l'antéhypophyse insensible à la montée du taux d'œstradiol et le pic de LH ne se produira pas. Parallèlement, les follicules ne seront stimulés que par les gonadotrophines exogènes, l'antéhypophyse étant bloquée. Les molécules utilisées sont d'origine urinaire (Ménopur® ou Fostimon®) ou obtenues par génie génétique (Gonal F® contenant de la FSH ou Pergoveris® associant FSH et LH, Ovitrelle® contenant une hCG recombinante utilisée pour déclencher l'ovulation). Au cours du protocole court, on administre les agonistes de la GnRH en début de cycle pour que les follicules bénéficient de l'effet « flare-up » de l'agoniste et de l'effet des gonadotrophines exogènes. La LH libérée par l'antéhypophyse n'aura pas d'effet sur les follicules de petite taille qui, en début de cycle, n'y sont pas sensibles. Une alternative au protocole court avec agonistes est le protocole court avec antagonistes de la GnRH, utilisés pour empêcher le pic de LH et éviter une ovulation 0002082354.INDD 207 prématurée. Ce protocole plus simple ne nécessite pas un freinage préalable, limite le nombre d'injections et réduirait le risque d'hyperstimulation par absence d'effet « flare-up ». Les principales molécules utilisées sont le cétrorélix (Cétrotide®) et le ganirélix (Orgalutran®). Les antagonistes ne sont administrés qu'au moment où les follicules sont réceptifs à un pic de LH soit à partir de 12 mm de diamètre. Bien que les protocoles varient d'une équipe à l'autre, l'administration de l'antagoniste se fait vers le septième jour de la stimulation. Examen initial : J2-J4 Son but est d'éliminer un kyste fonctionnel et de réaliser un décompte précis des follicules antraux avant la stimulation. De façon idéale les follicules antraux sont tous de petite taille. L'existence de follicules de taille comprise entre 2 et 4 mm et de follicules de 7 à 9 mm fait envisager une cohorte folliculaire hétérogène où seuls les plus gros follicules seront recrutés. Un follicule de plus de 10 mm peut être interprété comme un follicule dominant qui répondra isolément à la stimulation. L'homogénéité de la cohorte folliculaire peut être obtenue par l'administration d'œstrogènes pendant le cycle précédant la FIV. Ce traitement coïncidera avec un endomètre plus épais (jusqu'à 4–5 mm au moment des règles). L'endomètre est fin hyperéchogène avant stimulation. Sa mesure de l'ordre de 2–3 mm dépend de l'hématométrie de la période menstruelle. Les appareils les plus récents permettent de distinguer l'endomètre très fin, linéaire, hyperéchogène des débris menstruels moins échogènes non linéaires. Les dosages hormonaux avant stimulation, surtout utiles en protocole long, portent sur l'œstradiol (inférieur à 500 ng/mL), la LH (inférieure à 2 ng/ml), la progestérone (inférieure à 0,5 ng/ mL). Ces dosages s'assurent du bon freinage anté-hypophysaire. Quand débuter le monitorage sous stimulation ? Dès le début de ce chapitre, le principe de surveillance des cycles stimulés a été posé : il repose sur 3/3/2014 11:39:22 AM 208 Échographie endovaginale Doppler-3D l'association des dosages hormonaux (œstradiol et LH) et sur les données échographiques. Le calendrier des échographies découle du type de protocole et des dosages hormonaux, en particulier du taux d'œstrogène – mais également des facteurs d'infertilité reconnus. On souligne qu'un syndrome des ovaires micropolykystiques, un nombre élevé de follicules au départ avec taux d'AMH élevé, un antécédent d'hyperstimulation amèneront à une surveillance accrue. Contrôle au 6e jour de stimulation En l'absence de risque d'hyperstimulation, on se contente d'un dosage hormonal ; en principe, à ce stade de la stimulation, l'œstradiol est compris entre 100 et 500 ng/ml et le taux de LH est faible. Un taux d'œstradiol supérieur à 500 ng/ml incite à la réalisation d'une échographie, afin de savoir s'il résulte de multiples petits follicules en développement qui font craindre une hyperstimulation ou si, au contraire, un follicule dominant, poussant isolément, l'explique. La rupture de la cohorte folliculaire avec émergence d'un follicule dominant peut entraîner l'annulation de la stimulation. L'endomètre, à ce stade, est hypoéchogène, homogène, en triple bande. Il mesure environ 6–7 mm. Contrôle au 8e jour de stimulation L'échographie est réalisée, en même temps que les dosages hormonaux (œstradiol, LH). Les follicules ont poussé et sont mesurés un à un avec un bon contraste et un bon agrandissement. On donne une valeur pour les follicules ronds, deux mesures orthogonales ou la moyenne de ces mesures pour les follicules ovales. L'important est la rigueur du dénombrement permettant de vérifier l'homogénéité de la cohorte folliculaire et le contrôle de la concordance avec le taux d'œstradiol. On considère que chaque follicule en voie de maturation délivre 100 à 200 ng/ml d'œstradiol. L'endomètre après 8 jours de stimulation mesure environ 6 à 8 mm d'épaisseur et est parfaitement homogène, hypoéchogène. 0002082354.INDD 208 Contrôle au 10e jour de stimulation et au-delà La cohorte folliculaire s'est développée et la difficulté de mesure peut résulter de la contiguïté des follicules responsable de leur déformation, ce qui gêne leur mesure ; on envisage le déclenchement de l'ovulation si l'on obtient au moins 4 follicules de diamètre moyen supérieur à 16 mm. Parallèlement l'endomètre doit être d'épaisseur comprise entre 8 et 14 mm, et rester homogène. Toute hyperéchogénicité périphérique de l'endomètre doit faire craindre le défaut de blocage du pic de LH avec ovulation inopportune (et de façon concomitante augmentation du taux de progestérone). Réimplantation : endomètre, épaisseur, concordance, intérêt du Doppler Le moment de l'implantation embryonnaire dépend de l'évolution in vitro, mais également des données échographiques. L'endomètre : il doit mesurer au moins 8 mm. À la suite de la ponction et du déclenchement de l'ovulation, il est de type sécrétoire hyperéchogène en périphérie, encore hypoéchogène au centre. Le Doppler : il n'est demandé qu'en cas d'échec implantatoire et pas systématiquement. En Doppler-énergie, on constate au moment de la réimplantation une riche vascularisation sousendométriose, mais elle est difficilement quantifiable et non utilisée comme facteur prédictif de grossesse. En revanche, le Doppler pulsé enregistré sur les artères utérines permet une analyse quantitative et qualitative des flux. On admet qu'un index de pulsatilité des artères utérines supérieur à 3 est défavorable à une implantation ovulaire. On propose alors de différer l'implantation et de traiter la patiente par aspirine. Certains auteurs, et ceci semble être une voie prometteuse, s'attachent à l'analyse de la courbe 3/3/2014 11:39:22 AM Chapitre 9. Assistance médicale à la procréation vélocimétrique des artères utérines. Ils considèrent comme favorable l'absence de tout notch protodiastolique. Un notch peu profond ne serait pas corrélé à un défaut rédhibitoire de réceptivité de l'endomètre alors qu'un notch atteignant la ligne de base ou a fortiori un reverse-flow serait très défavorable. On retrouve ainsi l'évolution de la courbe vélocimétrique des artères utérines de la femme jeune vers la femme ménopausée. La corrélation, à défaut d'être scientifique, est intuitive. Hyperstimulations ovariennes L'hyperstimulation ovarienne se définit par la lutéinisation massive des follicules matures et intermédiaires obtenus lors d'une d'une stimulation pour FIV. En pratique, il existe deux facteurs déclenchants : l'administration d'hCG et la grossesse elle-même. La première correspond à l'hyperstimulation précoce et survient 3 à 10 jours après le déclenchement de l'ovulation. La seconde survient 1 à 17 jours après le déclenchement de l'ovulation. Le mécanisme de cette HSO est incomplètement connu. Il y aurait activation de phénomènes vasculaires locaux avec majoration de la perméabilité capillaire. Ces phénomènes ne résultent pas de l'augmentation de l'œstradiol, mais plutôt de la LH ou de la molécule déclenchante. Le système prorénine-rénine-angiotensine et des substances vaso-actives sécrétées par la granulosa (VGEF) entraîneraient une élévation de la sérotonine, de l'histamine et des prostaglandines. L'augmentation de la perméabilité capillaire amènerait à une fuite de liquide vers les séreuses avec son risque d'hypovolémie et de thrombose. Facteurs de risque Avant toute stimulation Ce sont les ovaires micropolykystiques et les ovaires très folliculaires lors de l'échographie initiale. La riche vascularisation du stroma ovarien est également un facteur de risque mais n'est pas utilisée en pratique courante. 0002082354.INDD 209 209 En cours de stimulation En cas de fécondation naturelle sur un cycle stimulé, les risques d'HSO sont parallèles au nombre de follicules de diamètre supérieur à 15 mm. En pratique, ce risque doit être pris en compte s'il existe plus de 4 follicules de diamètre supérieur ou égal à 15 mm. Le taux d'œstradiol permet d'ajuster la conduite thérapeutique. Un taux supérieur à 1 000 pg/ml contrindiquera le déclenchement. Certains auteurs préconisent de repérer l'hypervascularisation stromale, mais ceci n'est pas entré dans la pratique quotidienne. En cas de FIV, le risque d'HSO est pris en compte quand le taux d'œstradiol est supérieur à 1 500 pg/ml et/ou quand il existe plus de 10 follicules mûrs par ovaire. De nombreux follicules intermédiaires augmentent le risque d'HSO. Après le déclenchement de l'ovulation, la grossesse simple et surtout multiple est un facteur aggravant. La conduite à tenir dépend de l'historique d'éventuelles stimulations antérieures, du taux d'œstradiol, du nombre de follicules. En pratique, si le risque est faible, on déclenche, mais on ne soutient pas la phase lutéale par de l'hCG et on surveille biologiquement et échographiquement. Et on ne réimplante qu'un embryon. Si le risque est intermédiaire (seuil d'œstradiol de 3 500 pg/ ml), on déclenche et on congèle tous les embryons. Si le risque est élevé (œstradiol supérieur à 5 000 pg/ml ou plus de 20 follicules mûrs ou intermédiaires par ovaire), on arrête la stimulation et on administre des agonistes ou antagonistes. Le rôle de l'échographiste, participer à la « stadification » de l'HSO : • stade 1 : les ovaires sont volumineux mais inférieurs à 8 cm. La biologie est normale ; • stade 2 : les ovaires mesurent entre 8 et 12 cm. Il existe des douleurs pelviennes et des troubles digestifs. On note un épanchement péritonéal modéré. Biologiquement, l'hématocrite est inférieur à 45 % et les globules blancs sont inférieurs à 15 000/mm3 (fig. 9-7) ; • stade 3 : les ovaires sont supérieurs à 12 cm. Il existe une ascite et inconstamment un épanchement pleural. Biologiquement, l'hématocrite est supérieur à 45 %, les globules blancs à 15 000 mm3, le bilan hépatique est perturbé ; 3/3/2014 11:39:22 AM 210 Échographie endovaginale Doppler-3D amenant à recourir aux FIV-ICSI. Une autre voie de développement est liée au « retard » de la première grossesse. Devant cette évolution sociétale, malgré l'absence actuelle de texte du législateur, il est néanmoins vraisemblable qu'un jour les médecins prendront en charge la vitrification ovocytaire des futures mères. Pour en savoir plus Fig. 9-7. Hyperstimulation. Très volumineux ovaire mesurant 97 × 72 mm. Multiples corps jaunes. Lame liquidienne modérée en péri-ovarien. • stade 4 : les signes généraux sont marqués : ascite tendue, épanchement pleural avec dyspnée, accidents thrombo-emboliques. Biologiquement : hémoconcentration, insuffisance rénale… Les ovaires de l'HSO peuvent atteindre plus de 20 cm. Ils sont occupés par de multiples kystes plus ou moins échogènes (hémorragiques), contigus. L'épanchement péritonéal est recherché bien sûr à l'étage pelvien mais aussi au niveau des gouttières pariéto-coliques et autour du foie. La complication pelvienne à redouter quand les douleurs pelviennes s'intensifient brusquement est la torsion de l'annexe : l'ovaire déjà volumineux augmente encore de volume. En faveur de la torsion, on note la baisse de la vascularisation du stroma ovarien qui dans le cadre de l'HSO était nettement majorée. En conclusion La connaissance des différents aspects échographiques des stimulations ovariennes est d'autant plus nécessaire que ces procédures se développent en raison de la montée des infertilités masculines 0002082354.INDD 210 Bosteels J, Kasius J, Weyers S, Broekmans FJ, Mol BW, D'Hooghe TM, et al. Hysteroscopy for treating subfertility associated with suspected major uterine cavity abnormalities. Cochrane Database Syst Rev 2013 Jan 31 ; 1, CD009461. Bosteels J, Kasius J, Weyers S, Broekmans FJ, Mol BW, D'Hooghe TM, et al. Treating suspected uterine cavity abnormalities by hysteroscopy to improve reproductive outcome in women with unexplained infertility or prior to IUI, IVF, or ICSI. J Gynecol Surg 2013 Aug ; 10(3) : 165–7, Epub 2013 May 7. Campo S, Campo V, Benagiano G. Adenomyosis and infertility. Reprod Biomed Online 2012 Jan ; 24(1) : 35– 46, Epub 2011 Oct 13. Carbillon L, Perrot N, Uzan M, Uzan S. Doppler ultrasonography and implantation : a critical review. Fetal Diagn Ther 2001 Nov-Dec ; 16(6) : 327–32. Ng EH, Chan CC, Tang OS, Yeung WS, Ho PC. Changes in endometrial and subendometrial blood flow in IVF. Reprod Biomed Online 2009 Feb ; 18(2) : 269–75. Ng EH, Yeung WS, Ho PC. Endometrial and subendometrial vascularity are significantly lower in patients with endometrial volume 2.5 ml or less. Reprod Biomed Online 2009 Feb ; 18(2) : 262–8. Ng EH, Chan CC, Tang OS, Yeung WS, Ho PC. 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