Impressions maçonniques d`un étranger en
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Impressions maçonniques d`un étranger en
Impressions maçonniques d’un étranger en Afrique. Avant de partir pour l’Afrique du Sud, j’avais consulté la « toile » pour chercher une Loge que je pourrais visiter dès mon arrivée. Le site de la GLSA (Grand Lodge of South Africa) donne les coordonnées très complètes de ses ateliers mais peu, malheureusement, ont créé un site internet. La respectable Loge: ”De Goede Verwachting – n° 23” « La Bonne Espérance » en Afrikaans, est celle dont le site m’a paru le plus intéressant. J’ai envoyé un message au Vénérablerable Maître et quelle ne fut ma surprise d’avoir une réponse non du Vénérable, ni du secrétaire, mais d’un frère… congolais/Brazzaville, donc parlant français. Roger-Claude L… est Compagnon en passe de recevoir l’exaltation. Nous avons correspondu avant mon départ de France et bien entendu, nous nous sommes rencontrés à Cape Town. Le but de cet essai « d’impressions » n’est pas de parler de Roger-Claude quoique puisse être intéressant le sujet mais d’essayer de coucher sur le papier virtuel mon ressenti dans un milieu maçonnique différent du mien c'est-à-dire « français » (tous rites confondus). Le sujet me parait intéressant à trois titres. Le premier touche au fond, le deuxième à la forme et le troisième aux questions que m’ont inspirées quelques différences (de forme) notables que j’ai pu constater. LE FOND : Sur ce point, il convient de se référer à l’histoire de la fondation de la GLSA, document que j’ai traduit et consultable aux bons soins de notre F∴ Alain. Cette obédience indépendante est reconnue par UGLE (Grand Loge Unie d’Angleterre) donc « régulière » et le rite majoritairement pratiqué est une sorte de mixte entre l’ « emulation working », que nous français, appelons à tort « rite émulation » et le REAA. Peut-être est-il d’inspiration hollandaise ? Ce rite n’a semble-t-il pas de nom particulier sauf peut-être celui de la GLSA… Car sur les rituels des différents degrés il n’y a mention que de l’obédience : « GLSA » et du degré considéré. Ce qui n’empêche pas les FF∴ de suivre le cursus des loges de perfection du Suprême Grand Conseil du REAA d’Afrique du Sud jusqu’au 3333ème degré (Je plaisante bien sûr)… Quoiqu’il en soit, l’esprit de la F∴M∴ universelle est bel et bien là. Les fondamentaux sont respectés (au-delà de toute référence aux « lands marks » dits de régularité). The craft teaches us to know ourselves, so that we may not only to try to become a better person, but also by our example hope there is some rub off the rest of society. The allegories what masons call “charges” allow studying the rational investigation of being, knowledge and right conduct. Le “métier” nous apprend à nous connaître nous-mêmes, aussi devons-nous non seulement essayer de devenir nous mêmes meilleurs, mais aussi, par notre exemple espérer améliorer la société. Les allégories (symboles) que les maçons appellent « charges » conduisent à la recherche rationnelle de l’être, à la connaissance et à la bonne conduite. [extrait de la constitution de la GLSA] Force est de reconnaître que nos constitutions maçonniques françaises, si diverses soit-elles, ne disent pas autre chose. En résumé, la GLSA qui a son origine au sein du Grand Orient des Pays Bas (GEN) est une Obédience régulière dont le rite le plus communément pratiqué, quoiqu’au nom indéfini, tient du REAA et de l’emulation working. Considérant la « régularité », je dois reconnaître que j’ai été gentiment « tuilé ». Non pas pour savoir si j’avais quelque connaissance en faux robinier, ou si j’étais un vrai frère la gratouille aux cinq points parfaits, mais si ne n’appartenais pas au G∴O∴d∴F∴ ! L’HORREUR ! Je me demande ce qui se serait passé si j’avais dit OUI ou simplement que le GPDG entretient des liens d’amitié avec ces mécréants athées et que je suis très fraternellement accueilli par une Loge du G∴O∴ ? M’auraient-ils expulsé ? Mais comme ils n’ont ici aucune idée de la complexité de la F∴M∴ française… ! J’ajouterai que ce tuilage sympa a été fait par le Vénérable et un « suprême illustrissime » (comme seuls savent les engendrer les anglais ou notre glnf) lequel est, après 60 ans de maçonnerie «passé adjoint du grand maître de l’Obédience ». J’en finirai avec ce sujet en soulignant que ma régularité maçonnique n’a pas été évoquée par d’autres FF∴, ce qui me conforte dans l’idée qu’il n’y a que les « mamamouchis » qui s’inquiètent de ce genre de (faux ?) problème. LA FORME : Le rythme de travail des ateliers est d’une tenue par mois. Mais chose curieuse, les loges ne tiennent séance dans leur propre Temple que pour les cérémonies importantes : Installations, initiations, augmentations de salaire…les autres tenues sont consacrées aux visites des Loges amies lorsque celles-ci, bien sûr organisent des tenues importantes. Ces visites sont inscrites au registre de la Loge comme étant des tenues à part entière. Cela se passe de la façon suivante : les FF « recevant » entrent seuls dans le Temple et le Vénérable procède à l’ouverture des travaux. Pendant ce temps, la loge « visiteuse » se tient sur les parvis autour du Vénérable qui ouvre les travaux « virtuellement ». Lorsque tout le monde est prêt, le tuileur « extérieur » de la Loge visitée frappe à la porte du Temple, le Vénérable demande aux surveillants… etc., etc. Les FF de la Loge visiteuse sont introduits par le MdC, chacun prend sa place sur les colonnes, seuls le Vénérable est conduit à l’Orient. À la fermeture des travaux de la loge qui reçoit, tout le monde sort (dans l’ordre) et la Loge visiteuse se retrouve seule sur les parvis où le Vénérable ferme les travaux. Donc pas de tenue consacrées comme en France à la lecture de planches, morceaux d’architecture, impressions d’initiation et autres sujets à l’étude des Loges.1 1 ème Voir 3 partie QUESTIONS Le Temple Tous les Temples d’Afrique de Sud n’ont pas son importance. Celui-ci est l’unique Temple de l’immeuble maçonnique « Masonry hall » de Cape Town. Stuc et moulures, symboles de tous les côtés… style Temple Groussier du GO ou Grand Temple de la GL… 20 FF∴ là-dedans et l’on a l’impression qu’il n’y a personne ! Donc pas d’autres Temples, sauf un « mini Temple » installé en sous-sol et consacré exclusivement aux exaltations (très impressionnant). Le Rituel. J’ai fait remarquer dans la première partie que le rituel tenait tant du REAA que de l’émulation. Il y a un peu du RER également (Willermoz aurait-il aussi visité des Loges Néerlandaises ?). Détails : Le passé maître se tient à la gauche du Vénérable (au RER à sa droite). Les 2 surveillants se tiennent à l’occident comme aux rites français et RER. Les 3 piliers (S, F & B) entourent le pavé mosaïque comme aux REAA et RER et représentent les ordres architecturaux ioniques, dorique et corinthien comme au REAA mais pas au RER où ils sont sans style particulier. Les colonnes sont à l’intérieur du Temple : « J » au N-O & « B » au S-O Compte tenu de la grandeur de ce Temple, l’autel avec le VLS, l’équerre et le compas, est très éloigné du plateau du Vénérable, ce qui lui impose de se déplacer fréquemment notamment lors des initiations et passage au 2ème degré. Le rituel est récité par cœur et la cérémonie est rythmée par des chants repris par tous les FF∴ comme à « emulation working », mais il n’y a pas de diacre. En face du MdC se tiennent l’Orateur et l’Ambassadeur (chargé de recevoir les visiteurs) ; pas de F∴ Expert mais deux couvreurs : 1 intérieur, 1 extérieur. Un F∴ architecte mais pas d’élémosinaire… Et pas question de s’assoupir ! Pas de fauteuils mais des banquettes très inconfortables, même pour les Vénérables visiteurs ! Cet atelier qui n’a ni organiste ni chanteur (qui ne sont pas des offices), fait appel à des FF∴ d’autres Loges Pour les sorties, le Vénérable demande au MdC de diriger la manœuvre. Ce dernier indique l’ordre de « formation » qu’il conduit jusqu’à la porte. (Les FF∴ de la colonne du nord fermant la marche). Il y a deux signes, le signe pénal utilisé lorsque l’on s’adresse au Vénérable et le signe de « révérence » pour le reste (main droite sur le cœur). Et la parole ne circule pas non plus comme ça, n’importe comment sur les colonnes. Lorsque le Vénérable demande si quelqu’un a quelque communication à faire pour le bien de la Maçonnerie en général ou celui de la Loge en particulier… personne ne moufte ! Les salutations fraternelles des visiteurs se font à la demande du Vénérable. En commençant par l’Orient ! Attention ! So British, n’est-il pas ? Donc pas de sac aux propositions non plus… ce qui, compte tenu de ce qui précède, me parait évidemment inutile… Pour le « fun » enfin, les FF∴ ne se font pas d’accolade fraternelle (peut-être au 3ème degré ?) mais simplement la griffe du 1er degré. Donc pas d’effusion comme dans nos ateliers aux chaleureux épanchements d’une joyeuse bonne humeur fraternelle (nous sommes des latins non ?). Ici règne le British Style ! Il ne faut pas confondre. Mais je ne dis pas que leur fraternité est artificielle. J’ai eu plaisir d’assister à une initiation. Description sommaire : Le candidat est ni nu ni vêtu (bien entendu) mais sa chemise est remplacée par une chemise en lin sans col du style de celles que l’on voit sur des croquis anciens que l’on peut trouver dans les bons ouvrages maçonniques. Il est « coaché» par un F∴ de l’atelier tenant le rôle de « préparateur », sacré boulot quand on sait que tout est fait « par cœur »… la tirade d’exhortation style émulation dure un bon moment. Et en plus le préparateur est seul pour faire accomplir les voyages… Le candidat est conduit dans une chambre de préparation (cabinet de réflexion) où il répond à 3 questions. Mais pas de testament philosophique et le document n’est pas brûlé par le Vénérable, mais enregistré par le secrétaire. Le moment venu le Vénérable fait couvrir et tous les FF∴ se retrouvent dans une anti chambre plongée dans une demie obscurité où l’on fait venir le candidat sans bandeau. Laïus du préparateur au candidat à qui est dévoilée une statue symbolisant le silence. Re laïus et tout le monde partage du pain que l’on trempe dans un peu de sel et boit de l’eau au même verre. Sortie du candidat (avec bandeau cette fois) conduit par le préparateur sur les parvis où est installée une sorte d’échelle… j’ai cru un moment que le pauvre allait la franchir et passant de l’autre côté, ne pouvait que se casser le nez ! Pas du tout ! Aller et retour par la même voie, comme disent les alpinistes. Et re laïus du préparateur Retour du candidat dans son cabinet et des FF∴ dans le Temple. Chant et introduction du candidat. Devant le plateau du 2ème Surv : coupe d’amertume, pas de quoi faire la grimace…chant ; Début des voyages. Pour l’air, le tonnerre manque un peu de fureur, c’est le couvreur qui fait ça depuis le diable vauvert et je serai étonne que le candidat y entende quoique ce soit, surtout pour la petite musique marquant le retour à la sérénité ! et cela ne dure que quelques secondes. Circumambulatons dextrocentriques au cours desquels le récipiendaire monte est descend trois « petites » planches à bascule (rien à voir avec l’échelle précédente), une au nord, une à l’Orient, la dernière au midi… chant ; Le candidat est conduit devant l’autel et le Vénérable se déplace pour lui demander s’il persiste dans sa démarche… Deuxième voyage Pour l’eau, le 1er Surv trempe allègrement les 2 mains du candidat dans un broc et le 2ème Surv les lui essuie. Circumambulation etc. Chant, 3ème voyage. Le feu est « soufflé » par un frère de la colonne du nord grâce à un moderne chalumeau à gaz ; ils n’ont peut-être pas de lycopode ici ? 3 fois autour du pavé mosaïque : une fois au nord, une fois à l’Orient et une fois au sud… chant ; fin des voyages. Le candidat est reconduit devant l’autel et le Vénérable se déplace à nouveau pour lui faire prêter serment. Long, très long discours du Vénérable…celui que nous, nous « lisons ». Puis les deux Surv rejoignent le Vénérable avec leurs épées. Mais pas des épées de chez nous genre maçonnique rouillées, petites et tout ! Des sabres militaires vraiment bien astiqués… qui sont placés en formant un triangle très artistiquement symbolique au dessus de la tête du candidat et sur lesquels le Vénérable donne les 3 coups qui constituent le récipiendaire Franc Maçon. Le F∴ secrétaire lui remet son tablier et ses gants. Formation de la chaîne d’Union dans laquelle le nouveau F∴ vient se placer à l’Occident entre les deux Surv. La chaîne d’Union fait quelques vagues mais ne rompt point. Le bandeau est retiré… et le Vénérable fait tirer une batterie d’allégresse (mais comme au RER et au RF, pas de miroir style REAA). Tout le monde reprend sa place et le nouveau F∴ est rejoint par le Passé maître qui lui transmet les signes, attouchements et mots + explications (tout par cœur) puis une nouvelle exhortation lui est délivrée par un des FF∴ de l’atelier. Il reçoit alors toute une bibliothèque : un exemplaire des constitutions de la GLSA, le rituel du degré etc… Le nouveau F∴ est présenté aux 2 Surv qui le questionnent sur les signes, mots et attouchements. Puis est reconduit sur la colonne du Nord. Le frère préparateur se livre alors avec le 2nd Surv au jeu des 28 questions / réponses du catéchisme…. Devant les yeux ébahis du nouveau F∴ et de votre serviteur ! Le nouveau F∴ couvre le Temple pour aller se rhabiller. Le Vénérable ferme les travaux et tout le monde sort « en ordre » comme décrit précédemment. Direction la salle des banquets. Les santés rituelles sont tirées à une allure de hussards…et on ne s’éternise pas ! Nous sommes rentrés en Loge à 20 :00 (pile) et sortis de table à 22h50 ! Lors d’une initiation, chez nous c’est un coup de 01h du mat’… QUESTIONS : Je reviens un instant à notre F∴ R.C. pour évoquer les questions qu’il n’a pas manqué de me poser sur les différences entre nos rituels. Difficile de lui décrire dans le détail les différents rituels inhérents aux rites que nous pratiquons en France : RF, REAA, RER, émulation, Memphis Misraïm, scottish Rite, York etc… Je lui ai répondu que si la forme présentaient quelques différences, le fond était bien le même. Le plus important à mon avis ne réside pas dans les détails, puisque l’essentiel est là : accepter un nouveau F∴, l’intégrer dans l’égrégore de la Loge et le conduire à faire des progrès en F∴M∴ pour être à même d’améliorer son environnement : la société. Et cela que l’on croit au GADL’U ou pas… Mais en ce qui concerne mon vécu récent, je me suis posé les questions suivantes sur des différences qui m’ont paru notables : - l’absence de tenues au cours desquelles les FF∴ présentent une planche ? Et par voie de conséquence : - l’absence de réunions d’instruction menées par les surveillants - les visites « tenues » aux Loges amies ? - l’entrée des visiteurs après l’ouverture des travaux alors qu’ils participent à la fermeture ? - le mode de présentation des salutations des visiteurs sur demande du Vénérable ? - le signe de révérence ? Pour l’initiation en particulier : - le rôle prépondérant (voire exclusif) du préparateur ? - la phase « pain et eau » à l’extérieur du Temple ? - les deux salles de préparation (cabinet de réflexion + chambre de préparation) ? Avec : - la statue symbolisant le silence ? - l’épreuve de l’échelle hors du Temple ? - la coupe d’amertume au plateau du 2nd Surv ? - le feu aux trois points cardinaux ? (correspondance avec les trois planches à bascule ?) - la répartition entre différents officiers de la Loge des propos tenus au candidat ? - la lecture du catéchisme (questions réponses) par le préparateur et le 2nd Surv ? En fait c’est sur le symbolisme de ces différences que je me suis interrogé. Je vous laisse en faire autant. En conclusion, je dirai que j’ai été assez impressionné par ce que j’ai vu et entendu. Je sais très bien que chaque atelier a sa personnalité, ici comme ailleurs et je me garde bien de généraliser. Néanmoins, dans cette Loge, force m’a été de constater que tout est mené à la baguette, je dirais même tambour battant. Il n’y a pratiquement pas de temps morts, ce qui a mon avis donne un rythme trop rapide et enlève de la « souplesse » à la tenue (dans le sens rythmique musicale du terme). Le candidat n’a pas le temps de souffler. Nous savons tous très bien que nous ne retenons qu’une très faible partie de ce qui nous est dit à ce moment là. Alors quand il est soumis à un tel train d’enfer… ! Que lui reste-t-il de ce qu’il a vécu ? Aura-t-il le réflexe de « revenir » seul et d’initiative sur cette phase essentielle de sa vie maçonnique par l’étude de son rituel, puisqu’il ne recevra pas d’instruction par les Surv∴. Quel Maître fera-t-il ? J’ai bien peur également que l’apprentissage par cœur du rituel éloigne les FF∴ de son étude « rationnelle ». J’entends par là que leur seul souci semble être de pouvoir réciter et qu’ils ne vont pas au-delà, à savoir l’étude du pourquoi et du comment. Mais cela n’est-il pas vrai aussi pour nos FF∴ français à « emulation working ». Enfin j’avouerai que je n’ai malheureusement pas trouvé beaucoup de chaleur dans cette Loge. Et ce n’est pas du à la barrière de la langue. En revanche et c’est peut-être à cause de ma culture latine, j’ai ressenti une rigidité très anglosaxonne dans le souci du strict respect de la règle. Je rappelle que j’ai intitulé cette « planche » : impressions ! C’est-à-dire qu’il ne s’agit que de décrire l’effet « subjectif » que cette expérience a produit sur moi. Elle a été très enrichissante au demeurant puisqu’elle m’a permis au moins de me poser quelques questions et d’en parler pendant 5 pages. A tous, que la sagesse, la force et la beauté vous accompagnent dans votre vie et vous donnent la joie de participer au Grand’ œuvre. Fraternellement, MYL, le pèlerin errant. Voir dans les pages suivantes les informations concernant la G L S A LE COMMENCEMENT La Compagnie hollandaise des Indes orientales a ouvert en 1652 un comptoir commercial à la pointe septentrionale de l'Afrique du Sud, «KAAPSTADT, CAPE TOWN, le Cap de Bonne-Espérance », aux fins de ravitaillement en produits frais des navires sur la route de l'est vers l'Inde. La franc-maçonnerie néerlandaise fondée en 1756 était en pleine expansion. De nombreux capitaines de navires étaient francs-maçons, il fut naturel qu’une Loge se fonde dans ce port, à mi-chemin des Indes sous la bannière du Grand Orient des Pays-Bas (Great East of Nederland – « GEN ») qui s’est intéressé très tôt « 1764 » à la Ville du Cap. En 1771, le F∴ Abraham van der Weijde, commandant de bord d'un voilier naviguant entre la Hollande et l'est de l'Inde, fut nommé vice-Grand Maître à l'étranger, avec l'autorité nécessaire pour fonder des Loges, sous réserve de ratification ultérieure par la Grande Loge (GEN). Arrivé au Cap le 24 avril 1772 il a animé une réunion maçonnique à laquelle dix Frères répondirent. Dix jours plus tard, il a délivré une patente pour la création de la Respectable Loge « De Goede Hoop » (R∴ ∴L∴ ∴ de la Bonne Espérance) laquelle s’est vue attribuer le n ° 12 sur le registre des Loges de la GEN. Ratification du 1er Septembre 1772. EGALITE SOCIALE ET RELIGIEUSE Du fait de sa situation, la vie de la Loge De Goede Hoop dépendait de la présence des visiteurs et malgré sa possibilité de conférer plusieurs degrés, elle n’attirait pas les résidents locaux. Principalement en raison de la rigidité des attitudes sociales et religieuses confinées de la société locale, qui se composait essentiellement de deux grandes classes : les « Entreprises officielles » et les « habitants libres ». En raison de la politique rigide de la Compagnie, les domestiques n’étaient pas autorisés à commercer ni posséder leurs propres terres tant qu’ils n’étaient pas relevés de leurs obligations contractuelles vis-à-vis de la Compagnie ; ce n’était qu’alors, devenus libres, qu’ils pouvaient s'installer dans le Bourg de Cape Town. Le principe philosophique maçonnique d’égalité au sein de la Loge violait la structure sociale de la cité (Cape Town) au sein de laquelle était maintenue la différence entre les fonctionnaires de la Compagnie et les bourgeois libres. Sans oublier l’interférence répandue de la religion. Ceci eut pour résultat la mise en sommeil de la Loge en avril 1781. Il fallu attendre 1794 pour voir ses feux rallumés lorsque d’influents représentants de la Compagnie s’y intéressèrent tel que Johannes Andries Truter, qui devint plus tard le président du tribunal de la ville. Ce qui eut pour effet d’offrir une certaine protection de la chaire maçonnique vis-à-vis de la Compagnie. Alors que les membres précédents étaient par nature de “passage”, de plus en plus d’initiés étaient nés localement ou premiers résidents de la ville ce qui inféra une stabilité certaine. LES HOLLANDAIS ACCUEILLENT LES BRITANNIQUES La situation politique en raison de la guerre entre la Hollande, la France et l'Espagne d'une part et l'Angleterre d'autre part, fut à l’origine de l’occupation de la ville du Cap en cours de création. Cet état de fait rejaillit sur la francmaçonnerie locale. Sous l'occupation britannique en 1795, les Loges militaires suivants l’Orient de leurs régiments s’établirent au Cap. Cela provoqua un nouvel essor de l'artisanat mais sans inciter pour autant la création de nouvelles Loges. Une nouvelle impulsion a été donnée à la franc-maçonnerie par la prise en charge par la République Batave en 1802 et avec l'arrivée dans la région du viceGrand Maître hollandais Jacob de Mist, qui devint le premier vice-Grand Maître National, (constitution hollandaise). Sa première priorité fut de rétablir la présence des Hollandais au Cap et la franc-maçonnerie fut une des voies qu’il utilisa pour y parvenir. Vint le retour des Loges militaires britanniques et la deuxième occupation de la colonie du Cap. Le commandant en chef était maçon et le vice-Grand Maître National qui vit en lui un allié l’invita à la R∴Loge « De Goede Hoop » où une batterie d’allégresse fut tirée en son honneur. DES LOGES SONT CREEES SOUS LES AUSPICES ANGLAISES ECOSSAISES ET IRLANDAISES Toutefois l’afflux de membres anglophones dans les Loges provoqua de la tension et une inévitable scission. Les anglophones se retirèrent en 1811 pour fonder la première Loge anglaise : La Loge Britannique. « British Lodge ». Ce fut la première implication maçonnique permanente de la Grande Loge d’Angleterre. Les circonstances politiques et économiques : la Grande Rupture (le grand Trait) avec le départ de plusieurs milliers de citadins vers le nord, eurent des effets néfastes sur la franc-maçonnerie. La prospérité relative « du Cap » pendant les années 1850 a entraîné l’afflux de colons anglais, puis le développement de la côte Est, celui de la colonie du « Natal » et revitalisa l’artisanat. La franc-maçonnerie anglaise se propagea vers les régions de l’Est alors que la maçonnerie hollandaise se réfugia dans l’arrière pays aussi loin que le permettait la toute récente République des Etats libres d’Orange et du Transvaal. Là encore, l’usage de l’anglais dans les Loges hollandaises posa des problèmes et aboutit à la création de la première Loge sous Constitution Ecossaise : R∴L∴ la Croix du Sud. La première Loge sous Constitution Irlandaise « R∴L∴ Abercorn » fut fondée en 1896. Il y avait donc à ce moment quatre Constitutions maçonniques présentes en Afrique Australe ! PROPOSITIONS POUR FORMER UNE GRANDE LOGE UNIE Dès 1875 il y eut des appels pour la création d’une Grande Loge Unie, où tous les francs-maçons seraient en mesure de trouver un « foyer ». La même ouverture fur renouvelée en 1892, mais bien que 500 francs-maçons se soient réunis à cet effet à Kimberley, la proposition de former une Grande Loge-Unie a été rejetée à une faible majorité. Des initiatives similaires ont été lancés plus tard, mais en vain. Il faut dire que les quatre Constitutions ont travaillé ensemble dans une grande harmonie contribuant à maintenir l’adhésion de nombreux maçons. Certains temples ont même été détenus conjointement par des Loges des différentes instances, et de même, de nombreux fonds de bienfaisance ont été gérés conjointement. Certaines loges des instances irlandaise et écossaise ont même fondé des Loges travaillant en afrikaans. La situation se détériora évidemment pendant la guerre Anglo – Boer, mais de nombreux récits de maçons rappellent que de chaque côté, des maçons respectèrent leur serment maçonnique et sauvèrent d’autres FF∴ sauvant ainsi les Temples de la destruction. Peut être que les circonstances politiques : la recrudescence de la « Afrikanerdom » et la monté en puissance de la campagne pour une République Sud-Africaine, permirent à la recherche d’une Grande Loge d’Afrique du Sud de prendre un nouvel élan. FORMATION DE LA GRANDE LOGE DE L'AFRIQUE AUSTRALE L'incapacité de faire quelque progrès dans la formation d'une Grande LogeUnie incita certains FF∴ de la Constitution « Néerlandaise » à créer pour la totalité de l’Afrique du Sud une "Grand Loge», sous le titre de " Ordre maçonnique Sud africain ". Son premier président, ses Grands Officiers et les FF∴ ont été investis le 13 Mars 1952. Sa formation était irrégulière parce que la procédure officielle n'avait pas été respectée et par conséquent, les quatre Obédiences en Afrique du Sud interdirent à leurs membres d'assister aux réunions de la nouvelle instance. Le mouvement a lutté avec son unique Loge jusqu'à la formation de la Grande Loge de l'Afrique australe en 1961. Il se dissout alors et ses 61 membres restants signèrent un serment d'allégeance à la toute nouvelle Grande Loge. Il est ironique que la formation d'une « South African Grand Lodge », après tous les efforts au niveau local, soit en fait imputable à des événements au sein de Grandes Loges maçonniques européennes. En effet, il faut rappeler que, pendant l'occupation nazie de l'Europe, la franc-maçonnerie a été pratiquement détruite. La franc-maçonnerie en Hollande, a cessé d'exister et a permit à la composante maçonnique Sud-africaine de faciliter le rétablissement du Grand-Orient des Pays-Bas après la guerre. Des Grandes Loges de toute l'Europe ont repris force et vigueur après la guerre et le problème se posa de savoir quelles Grandes Loges devaient être reconnues comme «régulières». Dans son effort pour la formation des Grandes Loges, le Grand Maître du « GEN » proposa d'accepter les Grand Orients qui ne se conformaient pas aux anciens « land marks », les deux plus importants étant la croyance en un Dieu révélé et la présence de la Bible pendant les travaux en Loge. Il en est résulté de graves désaccords avec les Grandes Loges : d'Angleterre, d'Irlande et d'Écosse, qui ont menacé de retirer leur reconnaissance au « GEN ». Cela aurait de graves effets sur les Loges du GEN en Afrique du Sud qui ont été en étroite coopération avec les LL∴ de ces Obédiences. Il semblerait que les dirigeants des loges « Néerlandaises» n’étaient pas conscients des sombres nuages qui menaçaient. Quand la rupture dans la relation entre le GEN et les trois Grandes Loges devint imminente, le Grand secrétaire Anglais informa de la situation les districts Sud Africains. Cela provoqua la consternation car, comme il a déjà été évoqué, il y avait une grande coopération entre les Loges des quatre Obédiences: Fonds de bienfaisance et temples sont en copropriétés. Le colonel Colin Graham Botha, qui était à l'époque vice-Grand Maître National en Afrique du Sud, a écrit une lettre au Grand Maître, Brother MW Davidson, exprimant son inquiétude. Le hasard a voulu que le Grand Maître lui écrive le même jour, l'informant qu’il serait sans doute judicieux de créer une Grande Loge de l'Afrique australe Indépendante. LE PREMIER GRAND MAÎTRE DE LA G∴ ∴L∴ ∴S∴ ∴A∴ ∴ Cette graine semée engendra d’intenses négociations – la création de cette Grande Loge n’était plus qu’une question de temps ! Les trois Grandes Loges essayèrent d'abord d'orienter les négociations dans le sens d'une Grande Loge-Unie, mais le 22 avril 1961, la Grande Loge de l'Afrique australe fut créée, avec pour premier Grand-Maître le colonel Colin Graham Botha. Une seule Loge Sud Africaine choisit de rester au sein de la GEN, contrairement à son nom: "Maak Eendrag Mag" (l'Union fait la Force). Il en fut de même pour les sept LL∴ du territoire qui devint la Rhodésie. En 1981, il fut admis que la Grande Loge n’aurait pas l'extérieur des frontières de la République d'Afrique du consentement des trois Grandes Loges, le nom de Grand Loge fut remplacé par: « Grand Lodge of South Africa » - Grande Sud. de compétence à Sud et avec le d’Afrique Australe Loge d’Afrique du Trad: F∴ Y-L M Traduction du texte rédigé en 1990 par le T∴Ill∴F∴ George Groenewald, OSM alors Grand Maître de la G∴L∴S∴A∴. From an address given in 1990, by MW Bro. George Groenewald, OSM, (the then) Grand Master of the Grand Lodge of South Africa. PM VM SEC TRES OR MC AMb AUTEL Coussin TAPIS DE LOGE SP 2nd S J Couvreur ARc B 1er S FP