Pompes et moteurs
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Pompes et moteurs
Pompes et moteurs par Louis MARTIN Ingénieur de l’École nationale supérieure d’hydraulique de Grenoble Chef du service Prospective de Poclain Hydraulics 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 Technologie suivant les gammes de pression ................................. Ordre de grandeur pression - puissance - débit ....................................... Quelques critères pour le choix de la pression de service....................... Classes de technologies suivant la pression............................................. Évolution actuelle. Limites prévisibles ...................................................... BM 6 031 - 2 — 2 — 3 — 3 — 4 2. 2.1 2.2 2.3 Notion de cylindrée ................................................................................. Définitions. Formules .................................................................................. Cylindrées fixes, réglables ou variables .................................................... Similitude. Gamme de produits ................................................................. — — — — 4 4 4 5 3. 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 3.6 3.7 3.8 Description technologique.................................................................... Pompes à engrenages................................................................................. Pompes à palettes ....................................................................................... Pompes à pistons ........................................................................................ Moteurs à engrenages orbitaux ................................................................. Moteurs semi-rapides à palettes ................................................................ Moteurs rapides à pistons .......................................................................... Moteurs semi-rapides à pistons radiaux ................................................... Moteurs lents à pistons radiaux ................................................................. — — — — — — — — — 7 7 9 10 13 14 14 16 16 4. 4.1 4.2 4.3 4.4 Quelques problèmes classiques de conception .............................. Régularité de cylindrée ............................................................................... Équilibrage. Portance hydrostatique.......................................................... Fuites ............................................................................................................ Frottements. Lubrification. Pertes .............................................................. — — — — — 18 18 21 22 24 5. 5.1 5.2 5.3 5.4 5.5 5.6 Performances et rendements ............................................................... Vitesses minimale et maximale. Influence de la viscosité ....................... Pressions minimale et maximale. Facteur de service .............................. Rendement volumétrique ........................................................................... Modèle mathématique ................................................................................ Rendement mécanique ............................................................................... Rendement total .......................................................................................... — — — — — — — 24 24 25 25 25 26 26 Références bibliographiques ........................................................................ — 27 n dit souvent que la pompe est le cœur d’une transmission hydrostatique. Son rôle est primordial, car c’est dans la pompe que l’énergie mécanique est transformée en énergie hydraulique, sous forme de pression et de débit. L’hydrostatique, qui emploie des pompes volumétriques, ne s’est développée qu’à partir de l’époque où les pompes sont devenues des organes lubrifiés par le fluide qu’elles compriment. Pour les moteurs hydrauliques, les technologies utilisées s’inspirent généralement de celles des pompes, avec en plus quelques particularités spécifiques, résultants de leur grande variété. Il ne faut pas oublier dans l’évolution des composants le rôle joué par le fluide, permettant, par ses qualités lubrifiantes, les performances du matériel actuel. O Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 1 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Les parts de marché des applications hydrostatiques restent croissantes dans la plupart de leurs domaines d’emploi. On peut seulement déplorer un recul des servomécanismes hydrauliques au détriment des servomécanismes électriques en aviation et en robotique. En revanche, les matériels agricoles, de travaux publics et de manutention intègrent de plus en plus de composants hydrostatiques dans leurs chaînes cinématiques, en remplacement de boîtes de vitesses ou de convertisseurs de couple hydrocinétiques. Cet article fait partie d’une série couverte par l’introduction « Transmissions hydrostatiques et organes de transmission ». Dans cette même série, on trouvera les articles « Circuits de transmission hydrostatique » et « Assemblage et conception de circuits ». 1. Technologie suivant les gammes de pression 1.1 Ordre de grandeur pression - puissance - débit Les transmissions hydrostatiques se rencontrent dans une gamme de puissance de 1 à 1 000 kW, les dimensions les plus courantes étant entre 10 et 100 kW. La puissance P (en kilowatts) transmise par un débit q (en litres par minute) mesuré à la pression p (en bars) est : p q P = ---------600 Nota : on rappelle que La figure 1 montre les valeurs courantes de pression, de débit, et donc de puissance, de transmissions classiques. 100 < q < 1 000 L/min En zone A 200 < p < 600 bar Transmissions très haute pression : — pompes et moteurs à pistons uniquement ; — fonctions très spécialisées, généralement circuit fermé ; — rendement élevé. Exemple type : translation d’engin chenillé. 30 < q < 300 L/min En zone B 120 < p < 360 bar Transmissions haute pression : — pompes et moteurs à pistons, à palettes ou à engrenages ; — fonctions diversifiées ; tous types de circuits ; — rendement bon. 1 bar = 105 Pa 1 L/min ≈ 1, 7 × 10 – 5 m 3 ⁄ s . Historique 10 00 5 4 kW 3 A 2 1,4 B 0k 10 2 W C kW D 10 10 9 8 7 6 5 4 W BM 6 031 − 2 6 x 102 1k Au 19e siècle, et même avant, existaient des pompes à pistons et à clapets, capables de refouler de l’eau jusqu’à des pressions voisines de 100 bar. Mais les parties mécaniques de ces pompes, embiellages et coulisseaux, comparables à ceux des machines à vapeur étaient lubrifiés à la graisse, donc lourds et encombrants. Ce n’est qu’au début du 20e siècle qu’apparurent les ancêtres des composants actuels : la pompe Janney (en 1906 aux ÉtatsUnis), première pompe axiale à barillet et à plateau inclinable ; la pompe Hele-Shaw (en 1912 en Angleterre), première pompe radiale à cylindrée variable ; la pompe Thoma (en 1930 en Allemagne), première pompe à barillet et à bielles. Depuis cette époque, les perfectionnements principaux portent sur les équilibrages hydrostatiques des pièces frottantes, sur les matériaux et traitements thermiques utilisés, et enfin sur la précision des machines-outils permettant des ajustements précis et des états de surface fins. Le principal développement des technologies hydrostatiques s’est réalisé dans la seconde partie du vingtième siècle. L’aviation d’abord, puis les engins mobiles poussèrent à l’allègement et à la fiabilisation. Les composants de base : pompes, moteurs, vérins sont personnalisés en fonction de leur domaine d’emploi. Cela explique la coexistence de plusieurs technologies. p (bar) E 3,2 x 101 1 2 5 10 2 5 102 2 5 103 q (L/min) Les zones A, B, C, D et E sont définies au paragraphe 1.1 Figure 1 – Domaine d’emploi des transmissions hydrostatiques Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS Exemple type : la majorité des applications. 9 < q < 90 L/min En zone C 70 < p < 210 bar Transmissions moyenne pression : — pompes et moteurs à engrenages ou palettes ; — mouvements discontinus, généralement circuit ouvert ; — rendement médiocre. Exemple type : outil portatif du genre scie ou presse. Sont figurées sur le même graphique les zones D et E qui représentent respectivement le domaine courant des asservissements et celui des commandes. Ne sont pas figurés les circuits de graissage (très basse pression). 1.2 Quelques critères pour le choix de la pression de service 1.2.1 Pertes de charge Le premier critère est celui des pertes de charge consenties dans la partie tuyauterie de la transmission. Suivant la longueur du circuit, les dimensions des tuyauteries, des raccords et des valves, ces pertes de charge représentent couramment entre 5 et 30 bar. En valeur relative par rapport à la pression utilisée, elles peuvent représenter entre 1 et 20 % de pertes. Le choix d’une haute pression de service permet de conserver un rendement élevé même en cas de distance importante. Le petit calcul suivant permet de mieux chiffrer cette influence. Pour un débit q de 90 L/min, on choisit une conduite de 18 mm de diamètre intérieur D. Le calcul de la perte de charge pour une viscosité ν de 3 × 10 –3 m2/s (30 cSt) se fait de la façon suivante [1] : — vitesse moyenne de l’écoulement : 4q - ≈ 6 m/s ; u = ----------π D2 — nombre de Reynolds : uD 600 × 1, 8 Re = -------- = -------------------------- = 3 600 ; ν 0, 3 — perte de charge pour 1 m de tuyauterie (coefficient de perte de charge Λ = 0,04 et une masse volumique ρ = 880 kg/m3) : L 1 1 880 ∆ p = Λ ------ × --- ρu 2 = 0, 04 × ---------------- × ---------- × 6 2 D 2 0, 018 2 = 35 200 Pa = 0, 35 bar . Une conduite de 10 m de long entraîne une perte de charge de 3,5 bar et compte tenu des raccords cette perte sera plutôt de 5 bar. Si la transmission fonctionne à 100 bar, cela représente 5 % de perte, si elle fonctionne à 500 bar cela représente 1 % de perte. Si maintenant, pour le même débit de 90 L/min, on choisit une tuyauterie de 15 mm de diamètre intérieur, la vitesse devient 8,6 m/s et la perte de charge augmente (0,61 bar/m). Cette perte de charge reste compatible avec les circuits haute et très haute pressions. 1.2.2 Volume de l’installation Un second critère important est le volume de l’installation. Nous verrons plus loin [BM 6 050] que les volumes des composants sont fonction des débits installés ; par exemple, la quantité d’huile du circuit, donc le volume du réservoir, est directement proportionnelle au débit. Pour une puissance à transmettre, l’adoption d’une pression faible entraîne l’obligation d’un débit important, donc un volume et un poids d’autant plus grands. C’est la raison principale du succès des solutions haute pression sur les engins mobiles. 1.2.3 Complexité En contrepartie, le fonctionnement à haute pression nécessite des technologies plus complexes car, pour conserver des rendements volumétriques corrects, il faut assembler les pièces mobiles avec des jeux très faibles et utiliser des constructions spéciales. Une simple remarque permet d’évaluer ces difficultés : une pression de 500 bar entraîne dans toute pièce en contact avec le fluide une contrainte minimale de 50 MPa (5 kgf/mm2) ; les déformations qui en découlent sont de l’ordre de 4 µm/cm pour de l’acier. On conçoit que la technologie haute pression nécessite une mécanique robuste et précise. 1.3 Classes de technologies suivant la pression On trouve d’une part trois grandes classes de technologies qui sont : — technologie à base d’engrenages, — technologie à base de palettes, — technologie à base de pistons. Mais d’autre part, à l’intérieur de chacune de ces classes, des variantes permettent d’atteindre des performances plus ou moins poussées. — La métallurgie et les traitements : suivant l’emploi d’alliage léger, de fonte grise, de fonte à graphite sphéroïdal, d’acier ordinaire ou d’aciers alliés, on obtient des composants capables de contraintes de plus en plus élevées. Pour les frottements, le bronze et les traitements de surface permettent des pressions spécifiques et des vitesses élevées. — Les paliers : les dimensions et la nature des roulements ou des paliers lisses conditionnent les durées de vie avec des pressions élevées. – L’équilibrage : le terme d’équilibrage est employé chaque fois que l’appui hydrostatique entre deux pièces limite les contraintes à l’intérieur d’une pièce ou le contact métallique à l’interface. L’appui hydrostatique est le produit de la pression par la surface sur laquelle elle s’exerce. L’équilibrage permet de transmettre des efforts entre des pièces fixes ou mobiles. – La distribution : le passage du fluide des orifices de la pompe ou du moteur aux chambres de compression peut se faire par des dispositifs à clapets ou à lumières dont l’étanchéité est plus ou moins sensible au niveau de la pression. On distingue par exemple les dispositifs à jeu fixe et ceux à jeu contrôlé. – Light duty et Heavy duty : les qualificatifs LD et HD (série légère et série lourde) se retrouvent dans de nombreuses classes et donnent une indication sur le coefficient de sécurité guidant la conception. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 3 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ 1.4 Évolution actuelle. Limites prévisibles N La tendance à utiliser des pressions de plus en plus élevées pour les mêmes fonctions explique la plupart des évolutions technologiques de ces dernières années. M q Il semble que les niveaux de pression aujourd’hui utilisés ne soient plus remis en question. Les évolutions futures des matériels seront plutôt influencées par le recherche du coût minimal et de la banalisation dans les faibles puissances. p a pompe volumétrique On peut remarquer que certaines limites en pression viennent non du matériel lui-même mais des accessoires, par exemple les tuyauteries, flexibles et joints statiques. p q N Une autre constatation va dans le même sens : dans chaque pompe ou moteur hydraulique on trouve des fonctions purement hydrostatiques et d’autres mécaniques (arbres, paliers, éventuellement freins). Si l’augmentation de pression tend à réduire le volume de la partie hydrostatique, celui de la partie mécanique reste inchangé, donc le gain est faible. M b moteur hydraulique Les pressions courantes (actuellement de 300 à 450 bar), resteront sans doute la limite pour la majorité du matériel à venir, pendant de nombreuses années. M couple N vitesse de rotation p pression q débit Figure 2 – Pompe volumétrique et moteur hydraulique 2. Notion de cylindrée 2.1 Définitions. Formules Une pompe volumétrique transforme une énergie mécanique en énergie hydraulique (figure 2a) : ( couple M × vitesse N ) → ( pression p × débit q ) a pompe à cylindrée fixe b pompe à cylindrée réglable, circuit ouvert c pompe à cylindrée réglable, circuit fermé Un moteur hydraulique transforme une énergie hydraulique en énergie mécanique (figure 2b ) : ( pression p × débit q ) → ( couple M × vitesse N ) La cylindrée C est le volume de fluide passant dans la pompe ou le moteur (théoriquement sans pertes) pour un tour de rotation : q ( L/min ) = C ( L/ tr ) × N ( tr/min ) p (bar) = 0, 63 M (m.daN) / C (L/tr) d pompe à cylindrée variable e pompe multicylindrée La cylindrée s’exprime en litres par tour (L/tr) ou centimètres cubes par tour (cm3/tr), plus rarement en centimètres cubes par radian (cm3/rad). 2.2 Cylindrées fixes, réglables ou variables f moteur à cylindrée fixe g moteur à cylindrée réglable h moteur à cylindrée variable i moteur multicylindrée On dit qu’une pompe, ou un moteur, a une cylindrée fixe quand cette cylindrée ne peut être modifiée en fonctionnement. Une cylindrée est réglable si elle peut être modifiée de façon volontaire en cours de fonctionnement et quelles que soient les conditions de pression et de débit. Les réglages se font le plus souvent de façon lente et précise. Une cylindrée est variable quand elle change automatiquement de valeur en cours de fonctionnement suivant une condition de pression, ou de débit, ou de vitesse, ou de puissance. Cette variation est généralement rapide. Quelques symboles graphiques sont rassemblés sur la figure 3. BM 6 031 − 4 pilotage interne pilotage externe Figure 3 – Symboles graphiques des pompes et moteurs Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS 2.3 Similitude. Gamme de produits En inclinant les coordonnées de lg C et lg N, on fait apparaître une troisième graduation : lg C + lg N = lg (CN ) = lg q 2.3.1 Définition qui représente le débit maximal passant dans le composant. On dit qu’une gamme de produits est en similitude quand les dimensions des pièces de ces produits sont dans un rapport sensiblement constant par rapport aux dimensions correspondantes du modèle de base. Ce rapport est le coefficient de similitude λ (figure 4). Il s’en déduit que les cylindrées sont dans le rapport λ3, que les efforts à contrainte égale sont dans le rapport λ2, etc. Les performances sont aussi liées au coefficient de similitude, notamment la vitesse maximale : si N0 et N1 sont les vitesses maximales de modèles semblables, on aura : N1 = λα N0 . Le coefficient α est caractéristique d’une gamme de produits. Exemple : pour une gamme où les accélérations (ou les forces centrifuges) sont prépondérantes, on aura α = – 0,5. Pour une gamme où les vitesses relatives des pièces (ou les pertes de charge) sont prépondérantes, on aura α = – 1. 2.3.2 Similitude de deux pompes. Représentation graphique d’une gamme de produits La cylindrée et la vitesse maximale d’un composant hydraulique peuvent être portées sur un graphique à échelles logarithmiques. Ainsi les composants d’une gamme se retrouvent alignés sur une droite : 1 1 1 1 --- lg C – --- lg N = --- lg C 0 – --- lg N 0 α α 3 3 Cette représentation permet donc de classer directement les composants d’après leur débit maximal, ce qui, pour du matériel capable de la même pression, correspond aussi à une échelle de puissance maximale. La figure 5 donne, dans le cas des moteurs hydrauliques, un exemple de cette représentation. 2.3.3 Vitesses spécifiques Dans les turbines hydrauliques (cf. articles spécialisés de ce traité), on a coutume de classifier les technologies d’après la vitesse spécifique qui est la vitesse d’une turbine ramenée par similitude à une puissance conventionnelle. De la même manière, pour un composant hydrostatique, on peut définir une vitesse spécifique comme étant la vitesse du composant semblable suivant un coefficient α = – 1 et acceptant le débit conventionnel de 150 L/min. Entre le composant de vitesse N, de cylindrée C, de débit q = NC et le composant de référence de vitesse spécifique Ns , de cylindrée Cs et de débit qs = Ns Cs = 150 L/min, on a les relations : Ns λ = -------- N 1⁄α Cs 1 ⁄ 3 Ns Cs 1 ⁄ ( 3 + α ) qs 1 ⁄ ( 3 + α ) = -------- = ----------------- = ------- C NC q donc qs α ⁄ ( 3 + α ) qs – ( 1 ⁄ 2 ) q q N s = N ------- = N ------- = N ------- = N --------- q q 150 qs Exemple : calculons la vitesse spécifique d’un moteur de 75 cm3/tr pouvant tourner à 600 tr/min : — son débit maximal sera : 0, 075 × 600 = 45 L/min ; — sa vitesse spécifique sera : 45 N s = 600 ---------- ≈ 330 tr/min. 150 La notion de vitesse spécifique peut être utilisée pour des pompes, des moteurs et aussi des récepteurs mécaniques entraînés par les moteurs hydrauliques. A titre de comparaison et avec les conventions ci-avant, on peut dresser le tableau 1. Tableau 1 – Vitesses spécifiques de quelques mécanismes L0 Mécanismes Ns tr/min L1 L1 = l L0 Figure 4 – Similitude de deux pompes Voiture particulière (roue motrice) 1 700 Hélice marine pour bateau 1 100 Roue de camion routier 1 050 Turbine hydraulique de 10 m de chute 800 Roue d’engin de chantier (chargeuse) 500 Éolienne à pales orientables 160 Roue de chariot élévateur 140 Treuil de manutention 40 Barbotin d’engin chenillé 20 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 5 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Vitesse (tr/min) 10 12 17 15 20 25 30 60 55 50 45 40 35 120 100 90 80 70 170 150 200 250 300 600 550 500 450 400 350 10 Cylindrée (cm3/tr) 1 000 900 800 700 Débit (L/min) 12 10 0 00 10 00 90 0 0 80 00 0 7 00 6 000 5 5 00 50 0 0 45 0 0 0 4 00 35 0 0 30 0 0 25 12 17 15 20 25 30 20 00 17 0 15 0 00 Moteurs lents 40 < Ns < 200 tr/min PH MS PH MSE Hagglunds Viking Moteurs semi-rapides 200 < Ns < 1000 tr/min SAI GM Staffa HMB Calzoni MR Moteurs rapides 1000 < N < 5000 tr/min Rexroth A2FM Volvo F11 Vickers MFD 00 7 0 8 0 9 0 10 0 30 35 40 45 50 55 60 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 00 25 00 15 12 17 10 00 90 0 80 0 70 0 60 550 0 50 0 45 0 40 0 35 0 30 0 20 0 25 25 30 20 0 1 7 0 15 0 70 60 55 50 45 40 35 0 0 10 90 80 12 0 12 1 0 20 0 17 0 15 00 90 80 00 12 00 1 000 9 0 80 0 70 0 600 55 0 50 0 45 0 40 0 35 0 30 0 25 70 60 55 50 45 40 35 00 20 00 7 1 00 15 Figure 5 – Graphique cylindrée C - vitesse N - débit q BM 6 031 − 6 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS 2.3.4 Moteurs rapides, semi-rapides et lents A l’aide du graphique C-N-q (cylindrée, vitesse, débit ; figure 5) on peut délimiter des zones de vitesses spécifiques telles que : 40 < N s < 200 tr/min : moteurs lents, 200 < N s < 1 000 tr/min : moteurs semi-rapides, Ce type de pompe, très courant, dans les circuits très basse pression (graissage, gavage ou circulation), n’est pratiquement plus utilisé dans les transmissions où il a laissé la place aux modèles à équilibrage axial. Les principaux constructeurs sont : Casappa et Bosch. Quelques constructeurs présentent des gammes basse pression : Kracht, Webster. 1 000 < N s < 5 000 tr/min : moteurs rapides. Ces limites arbitraires correspondent en fait à trois types de constructions que nous examinerons aux paragraphes 3.4, 3.5, 3.6, 3.7 et 3.8. Pour les pompes le classement est plus simple, elles sont toutes rapides car leur vitesse spécifique est adaptée à celle des moteurs électriques et diesels qui s’échelonnent de 1 000 à 3 000 tr/min. 3. Description technologique 3.1 Pompes à engrenages 3.1.1 Pompes à engrenages externes sans équilibrage axial Ces pompes (figure 6) se composent d’un pignon menant, d’un pignon mené, réunis dans un même carter par une enveloppe cylindrique et deux flasques latéraux. Le fluide, entraîné dans le creux des dents, passe de l’entrée (aspiration) à la sortie (refoulement), par l’extérieur des engrenages. Les sommets et les flancs des dents forment une étanchéité relative par rapport au carter, c’est-à-dire que le fluide sous pression peut fuir par l’espace ménagé entre les pièces mobiles et les pièces fixes (jeu). Le rapport de conduite des engrenages est légèrement supérieur à 1, c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une dent de chaque engrenage en contact avec l’autre [2]. Les résultantes radiales des efforts de pression sont transmises aux axes qui s’appuient sur les flasques par des paliers lisses ou des roulements. Les résultantes axiales des efforts de pression sont portées par les flasques qui ont ainsi tendance à s’écarter l’un de l’autre. L’augmentation de jeu qui en résulte limite l’utilisation de ces pompes à des faibles pressions (70 bar). La surface sur laquelle s’exerce la pression d’équilibrage est délimitée par des joints toriques J maintenus dans des gorges de forme adaptée. La section d’appui faisant directement face à la section d’équilibrage, la déformation du flasque est une compression pure qui n’engendre pas de défaut de planéité. Ainsi, l’usure latérale des flasques par les pignons est très faible malgré les jeux assurant un bon rendement volumétrique. Les flasques et le carter de ces pompes sont souvent en alliage léger, ce qui donne un très bon rapport masse/puissance. Exemple : une pompe de 30 cm3/tr tournant à 1 500 tr/min, débite 45 L/min et fournit 11 kW à 150 bar de pression de refoulement. Une telle pompe a une masse de moins de 3 kg ; sa puissance massique atteint 3,7 kW/kg. Ces pompes sont simples et robustes mais assez sensibles à la pollution. De plus elles sont généralement bruyantes car les vibrations de pression provoquées dans les volumes morts des zones d’engrènement se répercutent directement au carter. Certains dispositifs de décompression ou la combinaison de deux engrenages déphasés permettent de réduire en partie ce bruit. Les principaux constructeurs sont : Bosch, Casappa, Commercial, Dowty, HPI, Parker et Salami. Engrenage menant Aspiration (entrée) Figure 6 – Pompe à engrenages externes sans équilibrage axial p Flasques Joint torique Engrenage mené Pignon mené p=0 Refoulement Flasques latéraux Aspiration Carter Ces pompes (figure 7) possèdent de part et d’autre de leurs engrenages des flasques mobiles qui viennent s’appuyer sur les engrenages et maintenir ainsi en fonctionnement un jeu très faible de l’ordre de 1 à 5 µm. Refoulement (sortie) Pignon menant 3.1.2 Pompes à engrenages externes à équilibrage axial Carter Figure 7 – Pompe à engrenages externes à équilibrage axial Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 7 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Aspiration Roulement à billes Refoulement Engrenages Clavette Étages Arbre Joints toriques Engrenage interne Aspiration Pignon Figure 8 – Pompe à engrenages internes simple Figure 9 – Pompe à engrenages internes à plusieurs étages en série Dans ces pompes (figure 8), l’engrenage menant est plus petit que l’engrenage mené. La zone d’étanchéité sur les extrémités des dentures est réalisée par une pièce en forme de croissant de lune, dont la surface est plus petite que dans la pompe à engrenage externe de même cylindrée. Pignon menant Refoulement L’alimentation en fluide et le refoulement se font par des lumières latérales. L’engrenage mené n’a pas de palier central ; il s’appuie sur le carter par toute sa surface cylindrique. Les pertes par frottement de cet engrenage sont le point faible de ce type de pompe. Ces pompes, relativement compactes, sont utilisées à des pressions situées entre 50 et 100 bar. Pour des pressions plus élevées, il existe des montages de plusieurs étages en série comme sur la figure 9. Aspiration 3.1.3 Pompes à engrenages internes sans équilibrage Joints toriques Refoulement Pignon mené Les principaux constructeurs sont : Bucher et Trunninger. Figure 10 – Pompe à engrenages internes à profils conjugués 3.1.4 Pompes à engrenages internes à profils conjugués Dans ces pompes (figure 10), l’engrenage interne n’a qu’une dent de moins que l’engrenage externe. Pignon menant Pignon mené Aspiration Les points de contact entre les deux engrenages se font simultanément sur tout le tour de chacun. Les espaces délimités par deux dents successives sont donc constamment croissants ou décroissants, ainsi l’aspiration et le refoulement se font sur un demi-tour complet. Ces pompes sont les plus compactes de toutes, mais leur pression de service et leur rendement sont limités. Elles sont souvent employées comme pompes de gavage de pompes haute pression. Les principaux constructeurs sont : Gérotor et Danfoss. Flasques Carter 3.1.5 Pompes à engrenage internes à équilibrage radial Cette pompe (figure 11) reprend en partie la disposition des pompes du paragraphe 3.1.3, mais en plus : — le refoulement se fait par des trous radiaux percés dans l’engrenage extérieur ; — la lamelle d’étanchéité est réduite à la longueur minimale ; — l’appui de l’engrenage externe sur le carter se fait par l’intermédiaire d’un palier à faible surface frottante et alimenté par la pression de refoulement ; — l’équilibrage latéral des flasques d’étanchéité est réalisé. BM 6 031 − 8 Refoulement Refoulement Figure 11 – Pompe à engrenages internes à équilibrage radial La construction de cette pompe est plus complexe que les précédentes (§ 3.1.1 à § 3.1.4). Elle réunit cependant plusieurs caractéristiques intéressantes qui en font une technologie en forte croissance : — fonctionnement courant à des pressions de 300 bar, — rendement mécanique élevé, rendement volumétrique moyen, — bon niveau sonore. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS Volume de la chambre maximal Palette pr pa pr Aspiration pa Refoulement Stator pr a radial b axial Rotor pr pression radiale pa pression axiale Volume de la chambre minimal Figure 12 – Équilibrages de la pompe à engrenages internes Figure 13 – Pompe à palettes à cylindrée fixe La figure 12 montre les efforts radiaux et axiaux proportionnels à la pression de refoulement. 3.2.2 Pompes à cylindrée variable Les sections d’appui étant directement opposées aux sections soumises à la pression, les déformations des pièces sont réduites le plus possible. La variation de cylindrée d’une pompe à palettes est obtenue par variations de l’excentration de l’anneau stator par rapport à l’axe du rotor (figures 14 et 15). Le principal constructeur est Eckerlé, fabriqué sous licence par Voith. 3.2 Pompes à palettes 3.2.1 Pompes à cylindrée fixe Ces pompes (figure 13) fonctionnent en poussant le fluide de l’aspiration vers le refoulement avec des cloisons mobiles appelées palettes. Le basculement de cet anneau (figure 14) est provoqué par un ressort et un vérin. Suivant les conditions d’alimentation de ce vérin, on peut obtenir des variations de cylindrée liées à la pression, à la puissance ou à une autre condition de fonctionnement du circuit. On dit que la cylindrée est régulée. La plus courante est la régulation à maintien de pression, c’est-à-dire que la cylindrée est maximale tant que l’on n’atteint pas une pression préréglée. Puis, quand cette pression est obtenue, la cylindrée prend automatiquement la valeur qui permet au débit de maintenir cette pression dans le circuit. Dans le dispositif le plus simple, ces palettes coulissent dans des fentes et viennent s’appuyer sur un stator circulaire. Anneau stator Le volume compris entre le rotor, le stator, des flasques et deux palettes successives varie de façon cyclique sur un tour de pompe. La compression et la détente se font lors des passages aux points morts, c’est-à-dire dans les positions où les volumes emprisonnés passent par leur maximum et leur minimum. L’appui des palettes sur le stator est obtenu par des ressorts ou par la force centrifuge ou encore par la pression de refoulement admise à la base de la palette. Le fonctionnement de ces palettes entraîne de nombreux problèmes de frottement. D’une part sur le stator, le frottement se fait métal sur métal et à grande vitesse. D’autre part sur le flanc des palettes la pression provoque un porte-à-faux de la palette et des pertes de rendement mécanique. Donc, malgré son apparente simplicité, cette pompe est relativement fragile et limitée en pression (150 bar). Elle réclame des usinages très précis et une métallurgie bien adaptée. C’est aussi principalement pour ce type de pompe que les spécifications de fluides sont sévères en additivation antiusure [3]. Ressort Rotor Figure 14 – Pompe à palettes à cylindrée variable Compensateur Refoulement Compensateur Refoulement Les variantes technologiques portent sur la forme des palettes et notamment de leur extrémité frottante. Les flasques sont le plus souvent à équilibrage axial analogue à celui des pompes à engrenages (§ 3.1.2). Les pièces constituant le cœur de la pompe, c’est-à-dire le rotor, le stator et les palettes, ont une largeur identique à quelques micromètres près, donc sont appairées et livrées en cartouche. Dans leur utilisation à cylindrée fixe, ces pompes sont de plus en plus supplantées par les pompes à engrenages. Les principaux constructeurs sont : Atos, Denison et Vickers. Aspiration Aspiration Stator a cylindrée maximale Stator b cylindrée minimale Figure 15 – Variation de cylindrée Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 9 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Palette double (P1 , P2) Refoulement Flasque de poussée Rotor Refoulement Aspiration Anneau statorique Aspiration Figure 16 – Pompe à rotor équilibré (doc. Rexroth) Ces pompes sont généralement utilisées à 140 bar environ. Elles sont assez silencieuses et permettent des circuits complexes, même dans les petites puissances. Aspiration Les principaux constructeurs sont : Atos, Parker, Racine et Rexroth. 3.2.3 Pompes à rotor équilibré Dans les pompes précédentes (§ 3.2.1 et § 3.2.2), les efforts de pression entre rotor et stator tendaient à les écarter, c’est-à-dire qu’ils avaient une résultante radiale importante. C’est la raison principale de leur limite en pression car cette résultante entraîne des déformations et des surcharges de palier. Dans la construction à rotor équilibré (figure 16) les zones de pression sont symétriques par rapport à l’axe de rotation, donc leur résultante est nulle. Arbre L’avantage est de limiter les déformations aux contraintes axiales et d’avoir des paliers réduits. La difficulté est d’avoir un usinage de la came à très bon état de surface bien qu’il ne soit pas circulaire. Par ailleurs, la cylindrée est évidemment fixe. Dans le dessin présenté, il y a, en plus, des palettes doubles qui autorisent des tolérances un peu plus larges sur les fentes du rotor. L’appui des palettes se fait par alimentation sélective de leur base. Pour la version moteur de cette pompe il y a des ressorts qui maintiennent les palettes en appui en absence de pression. Refoulement La pression de service va jusqu’à 210 bar et la durée de vie est supérieure aux précédentes (§ 3.2.1 et § 3.2.2). Clapet plat Lumière latérale Piston Plateau Aiguilles Ressorts de rappel Les principaux constructeurs sont : Rexroth et Vickers. Figure 17 – Pompe Citroën 3.3 Pompes à pistons 3.3.1 Pompes à plateau-came oscillant Ces pompes existent dans plusieurs versions ; nous allons décrire deux réalisations. 3.3.1.1 Pompe Citroën L’arbre de la pompe (figure 17) a une extrémité inclinée par rapport à son axe, supportant une butée à billes qui oblige un plateau à osciller à chaque rotation. Sur ce plateau viennent s’appuyer des aiguilles jouant le rôle de bielles qui poussent des BM 6 031 − 10 pistons, comprimant un ressort de rappel et refoulant l’huile emprisonnée derrière le piston. Le refoulement se fait par des clapets plats situés au fond de l’alésage, s’ouvrant pour laisser échapper l’huile et se refermant sous l’effet d’un ressort de rappel et de la pression dans l’orifice de sortie. L’alimentation en huile se fait par une lumière latérale dans l’alésage, découverte en fin de course de sortie de piston. L’ensemble des pièces mobiles de la pompe baigne dans le carter qui sert de réserve commune à l’aspiration de tous les pistons. Les refoulements de tous les pistons sont regroupés sur un seul orifice de sortie. Cette pompe a une cylindrée fixe. Elle peut tourner indifféremment dans les deux sens. Son rendement est bon pour une gamme Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS 3.3.1.2 Pompe Leduc Suivant les modèles et les pressions de service, les roulements portant l’arbre-plateau sont à billes, coniques ou à galets. Les patins sont en bronze massif, les douilles de coulissement des pistons sont en bronze mince. Le plateau et les pistons sont en acier traité et rectifié. Le plateau-came oscillant est monobloc avec l’arbre de la pompe (figure 18). Ces pompes sont normalement à cylindrée fixe. Certains modèles existent à cylindrée réglable. Dans ce cas, le plateau a une inclinaison qui peut être modifiée en cours de fonctionnement. de vitesse de 300 à 3 000 tr/min. Sa robustesse et sa simplicité en font une pompe avantageuse pour les petites puissances (1 à 3 kW). La pression normale de fonctionnement est de 160 bar. Les pistons sont appuyés sur ce plateau par l’intermédiaire de patins qui glissent sur le plateau et rotulent sur l’extrémité sphérique du piston. Le rappel du piston en position sortie est réalisé par un ressort F interne au piston. L’alimentation du piston est faite par l’intérieur du patin qui défile devant une lumière du plateau-came pendant la course d’aspiration. Le refoulement est contrôlé par un clapet en fond d’alésage. Les pompes de ce type sont robustes, peu sensibles aux pollutions et de bon rendement. Leur durée de vie est principalement conditionnée par leurs roulements. Suivant les modèles elles passent de 1 à 150 kW pour une puissance massique d’environ 2 kW/kg. La pression de fonctionnement est, suivant les modèles, de 210, 300 à 450 bar. D’autres pompes axiales à bloc cylindre fixe existent dont le fonctionnement peut être comparé à ces pompes : notons entre autres : Bieri, Bucher et Dynex. Les débits de refoulement des pistons sont regroupés par trois, par cinq ou par six pistons. 3.3.2 Pompes en ligne à vilebrequin Dans ces pompes (figure 19), les pistons sont groupés trois par trois. Ils s’appuient sur un vilebrequin à trois parties excentrées et déphasées de 120°. L’aspiration se fait par des lumières dans le vilebrequin, le refoulement par des clapets dans les culasses. Refoulement Aspiration Patin Piston Ressort La liaison entre pistons et vilebrequin est faite par des patins en bronze, équilibrés par poussées hydrostatique et hydrodynamique. Les culasses au nombre de 2, 3, 4 ou 6 permettent de pomper des débits égaux mais indépendants, c’est-à-dire à des pressions différentes. Les efforts mécaniques sur le vilebrequin étant relativement équilibrés, ces pompes ont des durées de vie importantes même à fonctionnement continu en haute pression (par exemple 5 000 h et 350 bar). Toutes ces pompes sont à cylindrée fixe et existent dans des gammes de 20 à 500 kW ; elles sont fabriquées par Poclain Hydraulics. D’autres pompes à pistons radiaux existent, par exemple en étoile, à distribution par clapets ou par glaces, à cylindrée fixe ou variable ; notons entre autres : Atos, Bosch, Danfoss, Paul et Rexroth. Arbre Clapet Plateau-came oscillant Figure 18 – Pompe Leduc Lumière Piston Patin Lumière Vilebrequin Culasse Clapet Figure 19 – Pompe en ligne à vilebrequin Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 11 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ 3.3.3 Pompes à barillet 3.3.4 Pompes à bielles De loin la plus répandue des pompes à pistons (figure 20), le barillet est un bloc cylindres tournant dont les alésages sont parallèles à l’axe de rotation. Les pistons ajustés dans ces alésages viennent s’appuyer sur un plateau incliné par l’intermédiaire de patins rotulant sur leur extrémité. Le mouvement de va-et-vient des pistons est provoqué par l’inclinaison du plateau qui peut être variable. La cylindrée de la pompe varie ainsi en fonction de l’inclinaison du plateau et peut même changer de signe. Ces pompes (figure 21) sont aussi connues sous le nom de pompes à axe brisé. La distribution de l’huile dans les alésages résulte du mouvement relatif du barillet par rapport à la glace de distribution comportant deux lumières en forme de haricot. Suivant les variantes de construction, le barillet est monobloc avec l’arbre et la glace est flottante, c’est-à-dire plaquée sur le barillet par des plots de poussée, ou bien la glace est monobloc avec le carter et le barillet est flottant, c’est-à-dire entraîné par des cannelures de l’arbre tout en ayant la possibilité de glisser sur cet arbre, l’effort de plaquage sur la glace étant donné par les pistons. Ces pompes possèdent de nombreux points délicats de fonctionnement. Citons entre autres : — le frottement des pistons dans leurs alésages, la résultante de l’effort transmis par le patin au piston étant en porte-à-faux par rapport à ce piston : — le frottement du patin sur le piston ; — le frottement du patin sur le disque de glissement ; — le rappel des patins en position sortie par une grille ; — le frottement du barillet sur la glace de distribution. Le barillet contenant les pistons tourne autour d’un axe incliné par rapport à l’axe de l’arbre de la pompe. Les pistons s’appuient sur un plateau fixé sur l’arbre de la pompe. La glace de distribution, plane ou sphérique, équilibre la poussée des pistons sur le barillet. L’entraînement en rotation du barillet est réalisé suivant les cas par un engrenage conique (figure 21) ou par un tripode homocinétique (figure 22). Nota : on pourra également consulter l’article Joints de cardan [4] dans ce traité. La solution la plus simple et qui permet la variation de cylindrée est l’entraînement du barillet par les pistons eux-mêmes. Cela peut être réalisé par des bielles dont une partie conique vient s’appuyer sur l’intérieur du piston (figure 23). Cela peut aussi être réalisé directement par des pistons coniques dont seule l’extrémité sphérique fait étanchéité. Dans ce cas il y a un segment d’étanchéité qui frotte sur l’alésage en acier. Les pompes à bielles sont compactes et de bon rendement. Par rapport aux pompes axiales à barillet (§ 3.3.3) elles n’ont pas de pertes dues au porte-à-faux des pistons. Elles permettent des cylindrées fixes ou variables. Piston Il en résulte une certaine fragilité et une sensibilité aux pollutions [BM 6 060]. De même, les rendements sont rapidement affectés par un fluide de mauvaise qualité ou une température élevée. La raison principale de leur succès vient de la possibilité de réaliser des variations de cylindrée en circuit ouvert comme en circuit fermé, donc de s’adapter à un grand nombre de réglages et de régulations. Les variantes de commande de cylindrée sont d’ailleurs soit mécaniques, soit hydrauliques, soit électriques et avec des caractéristiques de précision et de rapidité remarquables. Les puissances massiques sont couramment de 2 à 3 kW/kg, mais ces pompes nécessitent généralement des accessoires qui en compliquent l’emploi : pompes de gavage, filtration. De plus, leur bruit peut être un handicap. Suivant les gammes, les pressions nominales sont de 210, 300 ou 450 bar. Glace de distribution Arbre d’entraînement Barillet Les principaux constructeurs sont : Axial Pump, Bondioli, Commercial, Eaton, Kawasaki, Linde, Oligear, Parker, Rexroth et Sauer. Figure 21 – Pompe à bielles (doc. Volvo) Glace de distribution Plots de poussée Barillet Plateau Patin Plots de poussée Piston Figure 20 – Pompe à barillet BM 6 031 − 12 Tripode homocinétique Figure 22 – Pompe à bielles à entraînement central Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS — l’arbre de la pompe ne traverse pas, donc ne permet pas d’entraîner d’autres mécanismes ; — en cas de variations cylindrée, le débit sortant d’une pièce mobile nécessite une construction compliquée pour accéder à l’extérieur. Barillet Piston Bielle La pression courante de ces pompes est 300 bar. Les principaux constructeurs sont : HMT, Kawasaki, Linde, Rexroth et Volvo. 3.4 Moteurs à engrenages orbitaux Ces moteurs sont considérés comme étant des moteurs lents (§ 2.3.4). Ils utilisent le mouvement orbital d’un engrenage (rotor) à l’intérieur d’un engrenage externe (stator). Figure 23 – Pompe à bielles à entraînement par les pistons Cependant, elles possèdent les handicaps suivants : — l’effort du plateau-came est tenu par des roulements dont la fatigue limite la durée de vie de la pompe ; Carter de roulement Arbre de sortie (principal) Les profils des dents des engrenages sont comparables à ceux de la pompe décrite en 3.1.4 (figure 10), ou bien, sur les modèles les plus récents, l’engrenage externe est composé de rouleaux cylindriques insérés dans un carter en fonte (figure 24). Engrenage Engrenage Rouleau externe interne cylindrique Carter de la valve de distribution Arbre à cardan (intermédiaire) Arbre d’entraînement de la valve de distribution Rouleau cylindrique Distributeur rotatif Engrenage externe Engrenage interne Figure 24 – Moteur lent à engrenages (doc. Danfoss) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 13 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Engrenage externe Rouleau Engrenage interne Lumières d’alimentation Orifices d’alimentation Distributeur Rotor à arbre traversant Figure 25 – Moteur VIS (Valve In Star) (doc. Eaton Char Lynn) L’engrenage interne, ayant une dent de moins que l’engrenage externe, fait un tour complet sur lui-même quand son centre a tourné autour de l’axe du moteur autant de fois qu’il y a de dents sur l’engrenage externe. L’alimentation des cavités définies entre les dents des deux engrenages se fait par un distributeur rotatif entraîné par l’arbre principal. Le couple moteur est transmis de l’engrenage interne à l’arbre principal par un arbre intermédiaire, oscillant autour de l’axe du moteur, et dont les extrémités, taillées en cannelures coniques, forment un accouplement à cardan. Ces moteurs, mis au points par Eaton entre 1950 et 1955, ont été construits sous licence par Danfoss, puis, étant maintenant dans le domaine public, sont fabriqués aussi par : Adan, Orbmark, Samhydraulik, et TRW. Les performances en puissance et en pression sont limitées à quelques dizaines de kilowatts et 210 bar (300 bar en pointe). Les rendements sont assez médiocres, dus surtout à des fuites importantes. Le gros intérêt de ce type de moteur est leur compacité et leur faible prix. L’encombrement axial de ces moteurs peut être réduit en incorporant la distribution dans l’engrenage interne, comme représenté sur la figure 25. Stator annulaire (4 cames) Palettes Figure 26 – Moteur à palettes (doc. Dynex) On obtient ainsi plusieurs cylindrées différentes dans un seul moteur. Les principaux constructeurs sont : Dynex, Mitsubishi, Rineer, Teves. 3.6 Moteurs rapides à pistons 3.6.1 Moteurs axiaux à cylindrée fixe Ces moteurs (figure 27) reprennent la construction générale des pompes à barillet (§ 3.3.3) et figure 20. 3.5 Moteurs semi-rapides à palettes Comme dans les pompes à palettes (§ 3.2), le fluide transite par des chambres délimitées par un rotor, un stator et deux palettes coulissant dans des fentes du rotor. Mais dans ces moteurs (figure 26), le stator est constitué de 4 ou 6 cames (ou montéesdescentes), ce qui permet d’avoir une cylindrée importante et des rotations régulières à bas régime. Les vitesses courantes pour des moteurs à cylindrée de 1 000 cm3/tr sont entre 200 et 300 tr/min. Ce sont donc des moteurs semi-rapides. Le rendement et la pression de service sont limités par des fuites, car les surfaces d’étanchéité se situent entre des pièces soumises à de fortes poussées axiales. La pression maximale est en général limitée à 200 bar. Le rotor est équilibré radialement. Il y a grand nombre de palettes, situées sur un diamètre permettant le passage d’un arbre creux. Ces moteurs sont donc avantageux sur des machines où le passage central sert à la circulation de fluides (extrudeuses et machines de forage). Un autre avantage de ce type de moteur vient de la possibilité de grouper une partie des secteurs d’alimentation sur le même orifice. BM 6 031 − 14 Plaque de rappel Aiguilles Rotule Cale Barillet Cale Ressort de rappel Figure 27 – Moteur axial à cylindrée fixe Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique Circlips Glace __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS maximale du plateau est généralement de 18° ; l’inclinaison minimale β est entre 5° et 10°. Sifflet Le décalage de l’axe de pivotement a 2 conséquences : — la résultante des efforts de pression sur les pistons tend à faire basculer le plateau-came vers sa position à cylindrée maximale. Il suffit donc, pour réduire cette cylindrée, de placer un vérin antagoniste de chaque côté du plateau alimenté avec la même pression. L’encombrement radial du moteur n’est pas augmenté, comme c’est le cas pour les pompes, par les dispositifs de basculement ; — à cylindrée réduite, les volumes morts dans les pistons sont réduits par rapport à ceux des pompes ayant le même barillet, mais un pivotement de plateau-came centré sur l’axe du barillet. Les pertes par compressibilité sont donc réduites. Lumière Glace de pompe Glace de moteur Les principaux constructeurs sont : Kayaba et Rexroth. Figure 28 – Différence entre glaces de pompe et moteur 3.6.3 Moteurs à bielles Il y a cependant plusieurs particularités : — le carter est maintenu en basse pression par un retour de fuites qui n’existe pas dans les pompes puisque celles-ci aspirent dans le réservoir ; — la glace de distribution possède 4 sifflets de progressivité aux extrémités de ses lumières, car cela correspond au fonctionnement dans les 2 sens de rotation, alors qu’une pompe, qui tourne toujours dans le même sens, n’a que 2 sifflets (voir figure 28) ; — il n’y a pas sur les moteurs les accessoires que l’on rencontre sur les pompes : soupapes, clapets de gavage, valve d’échange [BM 6 050, figure 2]. On remarque sur la figure 27 que le moteur représenté a sa glace fixe et son barillet flottant. Le ressort de rappel du barillet contre la glace sert également à appuyer la plaque de rappel des pistons sur les patins. Les principaux constructeurs sont : Eaton, Rexroth, Sauer, Vickers. 3.6.2 Moteurs axiaux à cylindrée variable La variation de cylindrée de ces moteurs (figure 29) est obtenue par le pivotement du plateau-came autour d’un axe perpendiculaire à l’axe du moteur, mais non concourant avec celui-ci. L’inclinaison ,, ,, ,, Plateau came Billes β b , ,, BP HP Glace Comme les pompes à bielles, les moteurs ont un barillet incliné par rapport à l’arbre de sortie. Les angles d’inclinaison sont entre 20° et 40°. Pour les moteurs à cylindrée fixe, on retrouve tous les systèmes de liaison en rotation exposés au § 3.3.4. Pour les moteurs à cylindrée variable, la liaison ne peut se faire que par un axe de synchronisation (figure 30) ou par l’appui latéral des pistons. La glace de distribution doit être déplacée avec le barillet et transmettre le fluide sous pression à la plaque arrière. Le vérin ((cylindre de servopiston) actionnant le déplacement du barillet et de la glace peut être commandé de diverses façons : — en tout ou rien, les deux positions extrêmes du barillet étant stables ; on dit que le moteur est « flip-flop » ; — progressivement en fonction de la pression d’alimentation ; on a l’équivalent d’un passage de vitesse automatique ; — progressivement en fonction d’un courant électrique de commande, permettant de réaliser des asservissements couplés avec la commande de la cylindrée de la pompe. Les cylindrées les plus courantes des moteurs rapides sont entre 40 et 100 cm3/tr, pour des puissances de 20 à 100 kW. Du fait de leur compacité (4 à 6 kW/kg), ils s’intègrent facilement dans des ensembles mécaniques pour constituer des motoréducteurs spécialisés. Comme pour les pompes, leur handicap principal est le bruit. Les principaux constructeurs sont : Linde, Rexroth, Sauer et Volvo. a Vérins Sélecteur Pilotage a : plateau en butée sur sa position inférieure b : plateau en butée sur sa position supérieure BP et HP basse et haute pressions Figure 29 – Moteur axial à cylindrée variable (doc. Kayaba) Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 15 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Orifice de pilotage Plaque arrière Limiteur de Segment de la cylindrée distribution minimum Glace mobile de distribution Roulement à aiguilles Distributeur Barillet Arbre Vérins Piston Patin hydrostatique Piston Roulements coniques Chambre oscillante Figure 31 – Moteur semi-rapide à pistons radiaux (doc. SAI) Axe de synchronisation Cylindre servopiston Bielle Équilibrage du distributeur Figure 30 – Moteur à bielles à cylindrée variable (doc. Sauer) Patin hydrostatique Came mobile (vilebrequin) 3.7 Moteurs semi-rapides à pistons radiaux Ces moteurs semi-rapides ont des pistons radiaux disposés en étoile autour d’un vilebrequin. Joint tournant Ressort Ils ont généralement 5 ou 7 pistons. Cette disposition en étoile permet d’avoir des diamètres de pistons importants, donc des cylindrées élevées pour un encombrement donné. Il y a une grande variété de réalisations, conséquence des différentes variantes de cinématique du piston et du mode d’alimentation des pistons. Pour réaliser l’appui du piston sur le vilebrequin, trois types de montages sont utilisés : — les pistons coulissent dans des chemises oscillantes ; ils s’appuient sur une couronne sphérique par l’intermédiaire d’un patin hydrostatique ; la couronne tourne par rapport au vilebrequin, en transmettant son effort par un roulement à aiguilles (figure 31) ; — les pistons coulissent dans des alésages usinés dans le carter du moteur ; ils s’appuient sur une couronne polygonale par l’intermédiaire d’un patin hydrostatique ; les pistons sont maintenus plaqués contre la couronne par des ressorts logés à l’intérieur des pistons ; — les pistons coulissent dans des alésages usinés dans le carter du moteur ; à l’intérieur de chaque piston, une bielle rotule dans un berceau sphérique ; le pied de bielle cylindrique glisse sur le vilebrequin par l’intermédiaire d’un patin hydrostatique (figure 32). Pour réaliser la distribution, plusieurs types de montages sont utilisés : — des conduits logés dans le carter font communiquer chaque piston avec un distributeur plan possédant 2 lumières, et étant entraîné en rotation par l’arbre ; l’équilibrage axial de ces lumières est réalisé par deux vérins excentrés alimentés par les deux orifices du moteur (figure 31) ; — une distribution cylindrique joue le même rôle que la distribution plane, mais son équilibrage est radial et consiste en lumières supplémentaires à côté des lumières de distribution et du côté opposé (figure 32) ; — d’autres distributions par tiroirs, ou par lumières usinées dans le vilebrequin, ne sont pas représentées dans cet article. La figure 32 représente en outre une solution de variation de cylindrée, obtenue par coulissement de la came formant vilebre- BM 6 031 − 16 Arbre Pilotage grande cylindrée Pilotage petite cylindrée Carter Piston Figure 32 – Moteur semi-rapide à cylindrée variable (doc. Kawasaki) quin, par rapport à l’arbre. Cette solution de cylindrée variable est rarement utilisée. Les principaux constructeurs sont : Dusterloh, Kawasaki, Pleiger, Ruston, S.A.I. Calzoni, Dinamicoil, 3.8 Moteurs lents à pistons radiaux La technologie des moteurs lents à pistons radiaux a nettement évolué ces dernières années, permettant des performances intéressantes en pression, en vitesse et en puissance. Les gains de poids obtenus et la facilité d’adaptation expliquent l’élargissement de leur champ d’application : transmissions d’engins de chantier comme les compacteurs, d’engins agricoles comme les pulvérisateurs, ou d’engins de manutention comme les chariots élévateurs. Aux fabricants traditionnels de ces technologies : Poclain Hydraulics, Hagglunds, Flender, Mac Taggart, sont venues s’ajouter des sociétés spécialisées jusque-là dans les moteurs rapides : Rexroth, Sauer. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS Pour les moteurs de grosse cylindrée (de 5 000 à 200 000 cm3/tr), la technologie courante utilise des cames à deux pistes parallèles comme sur le moteur Marathon. Pour des moteurs de cylindrée plus faible (de 100 à 15 000 cm3/tr), la came a une seule piste sur laquelle roule directement le galet poussé par le piston. Galet principal ■ Modèle Marathon : moteur à pistons radiaux et à galets sur paliers hydrostatiques (figure 33) Des pistons radiaux s’appuient sur une came par l’intermédiaire de galets qui roulent sur la came et qui glissent sur un palier lisse alimenté par la pression motrice du piston. Cela constitue donc un palier hydrostatique ayant des pertes par frottement extrêmement faibles (coefficient de frottement inférieur à 0,001) même pour des vitesses faibles. La figure 34 représente une coupe à grande échelle du piston et du galet. On remarque la cavité sous le galet alimentée par la pression motrice du piston. La surface projetée de la cavité (rectangulaire) est sensiblement égale à la section du piston. Un gicleur limite le débit d’alimentation du palier hydrostatique. La composante orthoradiale de la réaction du galet (donc celle qui donne le couple moteur au bloc cylindre) et transmise au bloc cylindre par des galets latéraux. Ces galets étant à aiguilles occasionnent très peu de pertes, ce qui donne pour ces moteurs un rendement mécanique excellent pour toute la gamme de vitesses (0 à 100 tr/min en général). Gicleur Piston Figure 34 – Coupe du piston Marathon (doc. Hagglunds) Le bloc cylindres recevant les pistons est monobloc avec l’arbre de sortie du moteur. La résultante axiale des efforts de pression sur le distributeur est équilibrée par une butée de distribution à rouleaux. Des moteurs de ce type peuvent fournir des couples de 40 000 à 700 000 N.m. Ils sont surtout utilisés dans des applications à fonctionnement continu de forte puissance (100 à 1 000 kW) pour entraîner des treuils, des tambours, des moulins, des malaxeurs, des roues à godets et des tapis roulants. Came Segment Bloc cylindre Arbre Distributeur ■ Modèle G4 : moteur à pistons radiaux et à galets sur paliers élastohydrodynamiques (figure 35) Des pistons radiaux s’appuient sur la came par l’intermédiaire de galets qui roulent sur elle et qui glissent sur un palier lisse logé à l’intérieur du piston. La dimension du galet cylindrique est suffisamment réduite pour qu’il entre dans l’alésage, logement du piston. Le guidage latéral des galets est fait par des segments métalliques fixés sur le bloc cylindre. Palier Piston Galet Came Coussinet Galet principal Figure 35 – Moteur lent G4 (doc. Poclain Hydraulics) Distributeur Butée de distribution Palier Piston Arbre bloc cylindre Le palier lisse est un coussinet Co composé de trois matériaux différents : une tôle support en acier, une couche de billes de bronze fritté et une couche de matière plastique adhérisée sur le bronze. Seule la matière plastique est en contact avec le galet. La figure 36 représente une coupe à grande échelle du piston, du coussinet et du galet. L’angle de portée du galet dans le coussinet (empreinte) varie suivant la pression sous le piston entre 50 et 110°. Les coefficients de frottement du galet sur le coussinet sont faibles en statique (entre 0,1 et 0,03) et chutent très rapidement dès qu’il y a un mouvement. Leurs valeurs suivant les charges et les vitesses sont comprises entre 0,005 et 0,001, ce qui donne un très bon rendement mécanique même à partir de faibles vitesses de rotation (1 à 2 tr/min) du moteur. Galet latéral Figure 33 – Moteur lent Marathon (doc. Hagglunds) L’explication de ces performances réside dans le régime élastohydrodynamique établi entre le galet et le coussinet. Le film d’huile séparant les deux pièces est rapidement de hauteur supérieure aux aspérités de la surface du galet (de l’ordre de 0,1 µm). Il se stabilise Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 17 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Si q est le débit passant dans le moteur ou la pompe pour la position ϕ, Cϕ , cylindrée ponctuelle pour la position ϕ, est la limite de q/N quand p → 0 . Galet La cylindrée moyenne C est alors : ∫ 2π 1 C = ------2π 50° 110° Coussinet Piston 0 C ϕ dϕ On retrouve bien la définition donnée au paragraphe 2.1. Le rapport de cylindrée est la valeur µϕ = Cϕ / C. Le maximum et le minimum de µϕ sont les irrégularités absolues. La moyenne quadratique de (1 – µϕ ) est appelée la dispersion de cylindrée IC telle que : Figure 36 – Coupe du piston G4 (doc. Poclain Hydraulics) par déformation de la matière plastique proportionnellement à la charge et la résistance au glissement n’est donnée que par la viscosité du fluide. Les efforts axiaux de la distribution sont équilibrés par le palier. L’arbre de sortie représenté sur la figure 35 peut recevoir une jante, ce qui réalise une roue hydraulique. Le même arbre peut avoir une forme différente pour recevoir un pignon, un tambour ou un accouplement. Le montage du bloc cylindre et de la glace de distribution permet facilement d’ajouter un deuxième arbre de sortie, un frein ou un passage central dans l’arbre principal. Les gammes de vitesses de rotation (de 300 tr/min pour les petits moteurs de cylindrée inférieure à 0,5 L/tr jusqu’à 100 tr/min pour les moteurs de 10 L/tr) permettent d’entraîner en direct des roues d’engins agricoles ou de travaux publics jusqu’à 30 km/h. Les autres utilisations courantes sont la motorisation de treuils de pêche, entraînements de fraises, les tarières, les malaxeurs, les extrudeuses. En plus de Poclain Hydraulics qui en a été le promoteur, de nombreuses sociétés fabriquent des variantes de ce moteur : Rexroth, Renold, Partek et plus récemment Oliostip, Dinamicoil, Sauer et Hagglunds. 4. Quelques problèmes classiques de conception 4.1 Régularité de cylindrée 4.1.1 Définition La cylindrée définie au paragraphe 2.1 pour un moteur ou une pompe est la cylindrée moyenne pour un tour de ce moteur ou de cette pompe. La valeur instantanée de la cylindrée est définie de la même manière comme le rapport du débit passant par la pompe ou le moteur par la vitesse angulaire de cette pompe ou de ce moteur. La cylindrée instantanée peut être une fonction de la position angulaire de la pompe ou du moteur. Cette cylindrée ponctuelle est alors irrégulière et on définit les coefficients d’irrégularité suivants. 4.1.1.1 Calcul Si N est la vitesse angulaire pour la position ϕ dϕ N = ------dt BM 6 031 − 18 1 I C2 = ------2π ∫ 2π 0 ( 1 – µ ϕ ) 2 dϕ 4.1.1.2 Conséquences sur le fonctionnement Ces coefficients d’irrégularité et de dispersion sont importants pour le fonctionnement dynamique des pompes et des moteurs. En effet, nous avons déjà vu (§ 2.1) que la cylindrée permet non seulement de relier le débit à la vitesse, mais aussi de relier le couple à la pression. Une irrégularité de cylindrée entraîne donc une variation de couple pour une pression constante, ou plus généralement les valeurs instantanées des vitesses, débits, pressions et couples peuvent présenter des variations d’autant plus grandes que la cylindrée est irrégulière. 4.1.2 Obtention de la constance de cylindrée Certains types de moteurs hydrauliques ont naturellement des cylindrées ponctuelles constantes. Par exemple, les moteurs à vis ou les moteurs à palettes à compensation de volume. En revanche, les moteurs à engrenages, ou les moteurs à pistons à une course par tour, ont des variations qui peuvent être calculées d’après le nombre de dents ou de pistons. 4.1.2.1 Exemples d’irrégularités pour les moteurs à engrenages et à pistons axiaux Pour un moteur à engrenages à profil classique les valeurs de µmin et de IC en fonction du nombre de dents sont : Nombre de dents 7 9 11 13 15 µmin .................................. (%) 63 71 76 80 82 IC....................................... (%) 16 13 11 9 8,5 Pour un moteur à pistons axiaux, le tableau équivalent est : Nombre de pistons 3 5 7 9 11 µmin .................................. (%) 91 97 98 99 99 IC....................................... (%) 4,2 1,5 0,75 0,46 0,3 4.1.2.2 Irrégularités pour les moteurs à pistons radiaux Pour un moteur à pistons radiaux et à plusieurs courses par tour, le problème se présente de façon différente car le concepteur a la liberté de choisir le profil de la came pour réaliser une cylindrée Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS grande vitesse car il sert aussi à assurer des décompressions de volumes morts. dx dϕ Ces angles morts ont pour effet de diminuer la cylindrée réelle du moteur. De plus ils se présentent de façon cyclique et génèrent des vibrations à fréquence égale à la vitesse de rotation multipliée par le nombre de cavités. IV III III Étudions en détail le phénomène sur un moteur à pistons axiaux. La courbe de débit élémentaire d’un piston et une sinusoïde (figure 38). II I II 0 Un angle mort de 2 ϕ 0 a pour effet de tronquer la sinusoïde. p /n 2p/n 3p/n 4p/n 5p/n ϕ IV = I + II + III de 0 à 2p/n De 2p/n à 4p/n, on retrouve la courbe III De 4p/n à 5p/n, on retrouve la courbe II Quand on compose les cylindrées des différents pistons (figure 39), on obtient des arcs de sinusoïdes, mais au lieu d’en avoir 2n par tour, on en obtient n d’une longueur (π/n + 2ϕ0) et n d’une longueur (π/n – 2ϕ0). La cylindrée moyenne est alors : sin ( π ⁄ 2 n ) C = C max ----------------------------- cos ϕ 0 π ⁄ 2n Figure 37 – Graphique de vitesse pour moteur à pistons radiaux et la cylindrée minimale Cmin = Cmax cos[(π/2n) + ϕ0] ponctuelle constante. Expliquons brièvement le principe : le profil de la came est défini par la fonction x (ϕ ) donnant la position des pistons par rapport à leur point mort bas en fonction de la position du moteur. La cylindrée ponctuelle est obtenue en additionnant les déplacements élémentaires des pistons moteurs. S étant la section de ces pistons, on a dans le cas de trois pistons moteurs : 2π S C = ----------- ( d x 1 + d x 2 + d x 3 ) dϕ donc π cos [ ( π ⁄ 2 n ) + ϕ 0 ] µ min = ------- ----------------------------------------------2 n sin ( π ⁄ 2 n ) cos ϕ 0 Exemple : pour un moteur à 7 pistons, au lieu d’avoir µmin = 0,967 (§ 4.1.2), on obtient µmin = 0,947 pour ϕ0 = 5°. Pour IC , on obtient : La condition C = Cte = # s’écrit donc : d x1 d x2 d x3 # ---------- + ---------- + ---------- = ----------dϕ dϕ dϕ 2π S Une infinité de profils de cames répond à cette condition. Pour définir complètement la fonction x (ϕ ), il faut se donner des conditions supplémentaires, par exemple de minimum de rayon de courbure ou de maximum de vitesse. IC = π π --- + sin --- cos 2 ϕ 0 π n n ------- × ----------------------------------------------- – 1 8n π sin 2 ------- cos 2 ϕ 0 2n Donc toujours pour 7 pistons et ϕ0 = 5° IC = 1,36 %. Pour un moteur à 5 pistons et à n cames le résultat est donné par la figure 37. Les parties de courbes dx /dϕ se correspondent dans des intervalles déphasés de 2π/n. Les courbes I, II et III sont les portions de courbes correspondantes déphasées. On distingue les zones de début et de fin de course où l’on peut aménager des plats, permettant l’alimentation sans à-coups de débit. Dans les autres zones, les pentes sont complémentaires de façon que leurs somme soit nulle. dx dϕ 2ϕ0 0 p 2p ϕ Avec une telle définition de la came, on a théoriquement : µϕ = Cte = 1 et IC = 0 En réalité, il faut tenir compte des tolérances de fabrication consécutives aux procédés de copiage de la came. 0 à 2p = 1 tour de moteur 2ϕ0 angle mort Figure 38 – Courbe de vitesse élémentaire d’un piston de moteur axial 4.1.3 Facteurs d’irrégularité des moteurs Nous avons vu (§ 4.1.2) que certains moteurs ont, d’après leur définition géométrique, une irrégularité de cylindrée. D’autres facteurs d’irrégularité interviennent et ils sont de trois sortes différentes. C 4.1.3.1 Irrégularités dues à la distribution Que ce soit un moteur à engrenages, à palettes ou à pistons, il faut, entre le passage alimentation et retour, un certain déplacement angulaire pendant lequel la cavité active n’est pas alimentée ; de même, entre le passage retour et alimentation. On appelle ce déplacement angle mort de distribution. Cet angle est d’autant plus grand que l’on veut limiter les fuites à haute pression et les bruits à ϕ0 0 p/n ϕ0 2p/n 3p/n 4p/n ϕ ϕ0 demi-angle mort Figure 39 – Courbe de cylindrée instantanée d’un moteur axial Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 19 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ Pour les moteurs à pistons radiaux à plusieurs courses par tour, l’irrégularité de distribution peut être supprimée en prévoyant des angles morts de came placés aux mêmes positions angulaires que les angles morts de distribution. De cette façon, la cylindrée ponctuelle n’est pas modifiée par la distribution. Barillet Piston 4.1.3.2 Irrégularités dues aux équilibrages Dans les moteurs hydrauliques possédant des rendements élevés, et surtout dans ceux qui peuvent travailler à haute pression, on a recours à des équilibrages hydrostatiques. C’est-à-dire que les efforts principaux donnés par la pression sont équilibrés par des films d’huile en pression alimentés par les cavités motrices. Ces équilibrages se rencontrent dans les pompes à engrenages haute pression (§ 3.1.2 et § 3.1.5), dans les pompes axiales (§ 3.3.3) et dans les pompes et moteurs ayant une distribution plane. Glace de distribution Plateau Figure 40 – Pompe axiale à nombre impair de pistons Il est en général assez facile d’obtenir un équilibrage moyen qui, à vitesse élevée, maintient un film d’huile d’épaisseur constante. En revanche, pour les vitesses faibles ou en statique, les équilibrages ponctuels sont rarement constants. Le cas le plus classique est celui des pompes axiales où la distribution est équilibrée par l’effort des pistons (figure 40). Mais le fait qu’il y ait, suivant les positions angulaires, un nombre différent de pistons en pression donne un effort axial variable. p + pr Moteur ϕ pr Butée Charge La variation d’équilibrage suivant la position angulaire du moteur se traduit par une variation d’efforts de frottement qui vient en déduction du couple utile du moteur. Il se produit des points durs lors de la rotation lente des moteurs. Ce sont ces irrégularités plus ou moins importantes qui font que le moteur est capable ou non de tourner régulièrement à basse vitesse. ,,,,, ,,,,, ,, ,, ,, pr pression de retour ϕ position angulaire Figure 41 – Essai statique à pression constante 4.1.3.3 Irrégularités de compressibilité Réducteur Dans les angles morts d’alimentation il y a variation de pression des cavités motrices par compressibilité des volumes morts. Cette variation de pression est normalement indépendante de la pression d’entraînement (s’il n’y a pas de dispositif de progressivité). Moteur de retenue Couplemètre Elle se traduit par un couple résistant au moment de la compression et un couple moteur au moment de la décompression. p + pr C’est donc une irrégularité de couple comme celle due à l’équilibrage. pr Ce sont principalement ces deux irrégularités qui sont mesurées pendant les essais statiques et à basse vitesse. N2 = Cte Moteur mesuré N pr pression de retour Figure 42 – Essai à basse vitesse constante et pression constante 4.1.4 Méthodes de mesures et de qualification (uniquement pour les moteurs) Les méthodes d’essai sont nombreuses et leur mise en œuvre est compliquée par la variété de gamme et de principe des moteurs hydrauliques ; seules les principales sont exposées ci-après. Essai statique à pression constante Le moteur est maintenu en équilibre par un couple résistant supérieur à la valeur du couple de démarrage (figure 41). Le surplus de couple est encaissé par un appui et une butée. L’alimentation est faite avec une pression p constante et éventuellement une contrepression pr si celle-ci est fonctionnelle. On diminue la charge progressivement jusqu’au déplacement du moteur. Le couple ainsi mesuré est le couple statique pour la pression p et la position angulaire ϕ au moment de l’appui. Essai statique à couple constant Essai à basse vitesse constante et pression constante Le dispositif nécessite un couplemètre sur l’arbre de sortie du moteur (figure 42). La vitesse de rotation est maintenue constante à la valeur N par un réducteur homocinétique associé à un entraînement à vitesse constante N2. Le moteur est alors alimenté à pression constante et on lit le couple et le débit en fonction de ϕ. Le réducteur utilisé dans ce cas (roue et vis sans fin) ayant un rendement très faible, le moteur rapide de retenue a un couple à fournir faible et même négatif. Essai à basse vitesse constante et débit constant Avec le même dispositif mécanique (figure 42), on alimente à débit constant et on mesure le couple et la pression. Essai à couple constant et débit constant Le dispositif expérimental est le même que le précédent (figure 41), mais au lieu de faire décroître la charge, on fait croître la pression. Ce dispositif demande un récepteur à couple constant (vérin couple ou coupleur à poudre) difficile à mettre en œuvre surtout pour les moteurs à couple élevé. Le couple constant est le couple statique pour la pression p au moment du début du mouvement. On fixe alors une valeur du couple et, pour un débit d’alimentation donné, on enregistre la pression et la vitesse. BM 6 031 − 20 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique , ,, ,,,,, ,,, ,, __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS 4.2 Équilibrage. Portance hydrostatique Patin Nota : le lecteur pourra également consulter l’article Butées et paliers hydrostatiques dans ce traité [5]. Piston Barillet S' p 4.2.1 Description Quand deux pièces voisines sont séparées par une couche mince de fluide, la pression de ce fluide sur les surfaces donne une poussée qui tend à écarter les pièces. On dit que l’on a portance. Si la pression est liée à la vitesse relative des pièces (effet de coin d’huile) on dit que l’on a portance hydrodynamique. Si la pression est liée à une cause indépendante de la vitesse on dit que l’on a portance hydrostatique. Cette portance peut être utilisée pour transmettre des efforts entre deux pièces fixes ou deux pièces en mouvement relatif. Quand l’effort en question est donné par une enceinte en pression, on dit que la portance équilibre cet effort. Plateau S section du piston S’ surface d’appui du patin Figure 43 – Patin équilibré de pompe axiale r dr r2 4.2.2 Exemple r r1 Un exemple classique permet de comprendre l’avantage et les contraintes d’un équilibrage. Il s’agit du patin de pompe axiale s’appuyant sur le plateau de la pompe (figure 43). L’huile enfermée derrière le piston de section S donne une poussée F sur le piston qui s’appuie à son tour sur le patin S 0 p1 p1 p h F=pS avec p pression derrière le piston. Cette huile arrive aussi à l’intérieur du patin et donne sur la surface inférieure S ’ du patin une poussée F’=pS’ Si F ’ > F, le patin décolle, il y a fuite importante. Si F ’ < F, F – F ’ poussée résultante est assurée par frottement. On a donc intérêt à diminuer le plus possible F – F ’. Dans les cas courants, on a : 0,95 F < F ’ < 0,98 F Figure 44 – Graphique de pression sous un patin Si λ est constant le long de l’écoulement, l’équation précédente s’intègre simplement lg r 2 – lg r p = p 1 ------------------------------lg r 2 – lg r 1 La force résultante est : F ′ = p 1 π r 12 + On dit que l’on équilibre à 95 % ou 98 %. ∫ r2 p 2π r dr r1 2 2 π lg r 2 – lg r 2 soit F ′ = p 1 --- ------------------------------2 lg r 2 – lg r 1 4.2.3 Calcul Le calcul de la répartition de pression sous le patin permet de déterminer cet équilibrage en fonction des valeurs de viscosité, de température et de jeu. Supposons pour ce calcul que le patin est parallèle et immobile à une distance h de sa plaque de glissement (figure 44). L’huile admise au centre du patin fuit sous celui-ci par écoulement laminaire. Si sa viscosité dynamique est λ, la vitesse moyenne d’écoulement u en un point du film hydrostatique à la distance r est telle que u dp ------- = 12 λ ------dr h2 Avec 2π r h u = q, q est le débit de fuite de l’intérieur vers l’extérieur du patin, donc : 6λ q dr -----d p = ------------π h3 r La section équivalente F ’/p1 n’est donc fonction dans ce cas-là que des dimensions géométriques du patin, l’équilibrage du patin est constant. 4.2.4 Influence des caractéristiques du fluide En réalité, la viscosité λ dépend de la température, de la pression, et même dans une certaine mesure de cisaillement, c’est-à-dire du gradient de vitesse dans le film. Pour les huiles minérales classiques en écoulement isothermique ou adiabatique, la viscosité suit des lois de la forme : λ = λ0 eαp avec λ0 viscosité à la pression atmosphérique et à la température de fin d’écoulement : α = 1, 7 × 10 –3 bar–1 en écoulement isothermique, α = 3, 9 × 10 –3 bar–1 en écoulement adiabatique, Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 21 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ (ces valeurs de α sont relatives à une huile HV 46 à 50 °C). L’équation différentielle du film est donc de la forme : Pour un premier calcul approché, nous supposons les deux pièces immobiles et centrées. La loi de Poiseuille appliquée à l’écoulement entre les deux parois donne : 6 λ0 q d r dp - --------------- = --------------π h3 r eα p u p --- = 12 λ -----2< h dont la solution est : avec 1 ---------------------------------------------------------------------------------------1 p = --- lg ( lg r – lg r 1 ) α ----------------------------------- ( 1 – e –α p1 ) + e –α p1 ( lg r 2 – lg r 1 ) La poussée F ′ = p 1 π r 12 + ∫ r2 2π rp dr p < λ u h pression derrière le piston, longueur d’étanchéité, viscosité dynamique, vitesse moyenne de l’écoulement, jeu au rayon. Pour p = 300 bar = 30 MPa, r1 est donc fonction de α, ce qui explique que l’équilibrage varie en fonction des fluides employés et de leur valeur de α. < = 15 mm = 15 × 10 –3 m, λ = 20 cP = 2 × 10 –2 Pa.s, h = 15 µm = 15 × 10 –6 m, on obtient u ≈ 1, 9 m/s 4.3 Fuites et le débit q = π ∅hu = π × 3 × 10 –2 × 15 × 10 –6 × 1, 9 ≈ 2, 7 × 10 –6 m 3 ⁄ s. L’ordre de grandeur est donc 2,7 cm3/s. 4.3.1 Importance des fuites Dans les pompes et moteurs, de nombreuses pièces fonctionnent avec des jeux, c’est-à-dire des espaces où l’huile en pression peut fuir. Toute fuite correspond à une perte d’énergie et pour cela est l’objet d’un soin particulier. La variation de fuite suivant la position angulaire de la pompe ou du moteur est un élément important pour la régularité de fonctionnement (vibration à grande vitesse et rendement à basse vitesse). Les fuites interviennent dans les distributions, dans les pistons, dans les patins, dans les flasques de palettes ou d’engrenages. Elles font intervenir le plus souvent des écoulements laminaires et sont donc très sensibles à la viscosité du fluide. Nous allons donner (§ 4.3.2 et § 4.3.3) deux exemples de fuites classiques avec leur ordre de grandeur. , , Prenons un piston de 30 mm de diamètre ∅ , de 30 µm de jeu h, et faisant étanchéité sur une longueur < variant de 45 à 15 mm (figure 45). Piston 2π ( 1 + sin ϕ ) 3 dϕ = 2, 5 0 On obtient donc 6,7 cm3/s. Une fuite de 6,7 cm3/s à 300 bar représente une perte de puissance P f = 6, 7 × 10 –6 × 30 × 10 6 ≈ 200 W. Par comparaison, le piston de 30 mm de diamètre, de course de 30 mm, et travaillant à 10 cycles/s transmet une puissance Par ailleurs, la longueur d’étanchéité variant de 15 à 45 mm et la pression n’étant appliquée au piston que pendant la moitié du temps, la fuite moyenne du piston n’est que de 1,7 cm3/s et la puissance moyenne perdue de : P f′ = 1, 7 × 10 –6 × 30 × 10 6 ≈ 50 W. ø 4.3.3 Fuites et équilibrage au niveau d’une distribution , BM 6 031 − 22 ∫ Ce simple calcul d’ordre de grandeur montre donc que : — les jeux entre pièces mobiles faisant étanchéité ne doivent pas trop dépasser la dizaine de micromètres ; — les viscosités cinématiques habituelles, comprises entre 10–3 et 5 × 10 –3 m2/s (10 et 50 cSt) aux températures de fonctionnement, correspondent à des fuites non négligeables, ce qui explique l’importance à accorder aux stabilisations de température [BM 6 060]. Alésage Figure 45 – Piston dans son alésage 1 ------2π P = 30 × 10 6 × 7 × 10 –4 × 3 × 10 –2 × 10 = 6 300 W. 4.3.2 Fuite entre un piston et son alésage p = 300 bar Le fait que le piston soit décentré (ce qui est le cas général) multiplie cette fuite par : q Dans une distribution de moteur ou de pompe, les orifices d’alimentation des pistons défilent devant des lumières alternativement en haute et basse pression. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS 3/4p dI 1/ Iso 2p B ds dx p B p p /44) p (33/ A 4)pp (1/ C A C A (1/2) 1/2pp C B ba B 30° A re Ligne de courant α p 4p) 1(1//4 A lumière d’alimentation en haute pression B lumière de retour en basse pression C lumière d’un piston α position angulaire du bloc cylindres par rapport au distributeur Figure 47 – Détail de réseau pour calculs de fuites et poussée hydrostatique Figure 46 – Lignes isobares dans une distribution plane de moteur lent 15° La figure 46 montre les réseaux de fuites tracés sur la surface entre le distributeur et le bloc cylindres du moteur de la figure 35. On distingue sur cette figure : les lumières A du distributeur (6 régulièrement réparties si le moteur possède 6 cames), les lumières B du distributeur (en basse pression), et les lumières C des pistons (8 régulièrement réparties dans ce moteur qui possède 8 pistons). Toutes les lumières de ce moteur sont circulaires, mais l’analyse des réseaux peut être faite avec des lumières de forme quelconque. La position angulaire du bloc cylindres par rapport au distributeur est repérée par l’angle α. Quand α varie de 0 à 30°, le réseau se déforme et la pression dans chaque élément de la surface varie. On peut calculer pour chaque position le débit total de fuites à partir des lumières A et la résultante de poussée entre les deux pièces (poussée hydrostatique). Ce calcul se fait avec les hypothèses suivantes : — la distance h entre les deux pièces est constante ; — la viscosité λ dans l’écoulement est constante. En reprenant la formule de Poiseuille appliquée à un élément de surface ds défini par la distance d < entre 2 lignes de courant et la distance dx entre 2 isobares (figure 47), on obtient le débit élémentaire dq traversant d < : λu λ dx dp dp d q = uh d < et ------- = 12 ------2- donc ------- = ------- 12 -----3d< dx dq h h Cette relation entraîne que, pour des carrés élémentaires d x = d < , le débit traversant un côté du carré est proportionnel à la chute de pression sur l’autre côté du carré. On dit que le réseau est conforme. En tout point, les lignes de courants sont perpendiculaires aux isobares. On peut ainsi intégrer rapidement le débit total sortant d’une lumière en comptant les carreaux tangents au contour de la lumière. La figure 47 donne le détail d’une partie du réseau pour une valeur de α. Les résultats de calculs peuvent se mettre sous la forme : h3 Q = Z α p ---------12 λ Le coefficient Zα se calcule pour un secteur élémentaire de la glace (par exemple 30°), puis pour l’ensemble des secteurs, où les angles α des différentes lumières C sont déphasés de 7°30’ (1/4 de 30°). On appelle Zα ce coefficient total de fuites pour l’ensemble de la glace. Le choix d’un angle mort de distribution (figure 48) influe sur le coefficient Zα . ϕ ϕ A B C A Ztα Fhtα 200 ϕ = 15’ 200 150 ϕ = 30’ 150 ϕ = 45’ 100 ϕ = 15’ ϕ = 30’ ϕ = 45’ ϕ = 1° 100 ϕ = 1° 50 50 0 2 4 6 8 α 0 2 4 6 8 α A lumière d’alimentation en haute pression B lumière de retour en basse pression C lumière d’un piston ϕ angle mort de distribution Figure 48 – Angle mort de distribution. Influence sur les fuites et la poussée hydrostatique Comme pour le calcul des débits de fuites, on peut calculer la poussée hydrostatique Fhα pour un secteur élémentaire de 30°, puis pour l’ensemble de la glace Fhtα . Contrairement au débit de fuites, la poussée hydrostatique est peu influencée par la valeur de l’angle mort de distribution (figure 48). 4.3.4 Valeurs numériques Pour préciser les ordres de grandeur et les méthodes d’utilisation des calculs précédents (§ 4.3.3), nous allons faire l’application Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 23 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ numérique dans le cas d’une glace définie par les éléments suivants : — jeu h = 4 µm = 4.10–6 m — viscosité moyenne λ = 0,017 Pa.s (19 cSt) — pression d’alimentation p = 400 bar = 4.107 Pa. La valeur de la fonction Ztα pour une distribution de moteur à 6 cames et 8 pistons, telle que représentée au § 4.3.3, et avec un angle mort de distribution de 45’, varie entre 81 et 97 (valeur moyenne Z(tm) = 88). 5. Performances et rendements 5.1 Vitesses minimale et maximale. Influence de la viscosité On en déduit le débit de fuites moyen : 4 ⋅ 10 7 × ( 4 ⋅ 10 –6 ) 3 ph 3 Q = Z ( tm ) ---------- = 88 --------------------------------------------------- m 3 ⁄ s 12 × 0, 017 12 λ 2, 25 ⋅ 10 –7 = ----------------------------- m 3 ⁄ s = 1, 1 ⋅ 10 –6 m 3 ⁄ s = 1, 1 cm 3 ⁄ s 0, 204 Ce débit de fuites représente aussi 0,066 L/min et, à la pression de 400 bar, une perte de puissance de 44 W. La plupart des pompes et des moteurs sont mis au point pour une vitesse de rotation de référence appelée vitesse nominale. Par rapport à cette vitesse, ils peuvent accepter, sous certaines conditions, des vitesses plus élevées. Ils ont donc une vitesse maximale. Dans certaines technologies, le bon fonctionnement n’est assuré qu’au-dessus d’une vitesse minimale, par exemple quand les portances sont hydrodynamiques. Nous allons préciser ces deux notions. 4.4 Frottements. Lubrification. Pertes Les frottements se font suivant trois grandes catégories : — frottement hydrostatique, — frottement hydrodynamique, — frottement mixte. Dans les deux premiers cas, il n’y a pas contact direct du métal sur le métal antagoniste. C’est la viscosité du fluide qui est prépondérante. Dans le frottement mixte, il y a contact partiel sur les aspérités des deux métaux en présence. La nature des matériaux, leur état de surface et éventuellement leur traitement superficiel ainsi que les qualités lubrifiantes du fluide déterminent les performances possibles et les rendements. Les frottements mixtes acier sur acier et acier sur fonte sont conditionnés par les capacités antiusure des fluides. Les additivations antiusure classiques des huiles minérales [3] consistent à fixer sur les surfaces métalliques une pellicule de composés organométalliques à faible énergie de cisaillement permettant ainsi le rodage et l’écrêtage des aspérités sans pointe de température, c’està-dire sans grippage. Les frottements mixtes acier sur bronze dépendent surtout des propriétés antioxydantes du fluide, liées entre autres à son acidité. En effet, les températures obtenues sur les pièces en bronze provoquent, dans les cas de charge sévère, la décomposition des additifs, puis l’oxydation de l’huile elle-même avec formation de dépôts et modification de composition de la surface frottante. 5.1.1 Problèmes posés par les grandes vitesses L’augmentation de la vitesse de rotation d’un moteur ou d’une pompe de cylindrée donnée a pour conséquence : — d’augmenter le débit passant dans tous les orifices, — d’augmenter les vitesses relatives des pièces en mouvement, — d’augmenter les accélérations des pièces en mouvement alternatif. L’augmentation de débit entraîne des pertes de charge qui, en général, sont indépendantes de la viscosité et sont fonction du carré de la vitesse. L’augmentation de vitesse des pièces frottantes provoque des pertes en général proportionnelles à la vitesse et fonction de la viscosité quand les portances sont hydrostatiques et hydrodynamiques. De plus, les capacités en effort et en vitesse des pièces frottantes sont généralement limitées par les températures locales engendrées par le frottement. On aboutit donc à la notion de puissance maximale limitant la zone d’utilisation, indépendamment de la vitesse maximale. L’augmentation des accélérations crée des efforts parasites qui aboutissent soit à des vibrations, soit à des limites de bon fonctionnement (décollement de pièce, cavitation ou surpression). Pour bien utiliser un composant il est utile de savoir quel est le phénomène physique qui définit sa vitesse maximale. 5.1.2 Problèmes posés par les faibles vitesses Les capacités antiusure des huiles hydrauliques sont maintenant un sujet bien connu et maîtrisé par les pétroliers. Les pertes par frottement sont relativement faibles pour les frottements hydrostatiques et hydrodynamiques. Il faut noter qu’elles varient avec la viscosité. Les pertes par frottement mixte sont généralement plus importantes et surtout provoquent des usures. Les coefficients de frottement peuvent être très différents dans ces cas-là, variant entre la valeur classique pour le frottement sec (0,2 à 0,3) et la valeur en film mince (< 0,01). Le fait que la plupart des mouvements sont alternatifs et à charge variable est très favorable pour la stabilisation en température des pièces et pour l’apport de lubrifiant sur les surfaces sollicitées. BM 6 031 − 24 Le fonctionnement à basse vitesse peut entraîner des irrégularités dues aux variations de cylindrée (§ 4.1). Il peut aussi correspondre à un changement de régime de lubrification qui donne des variations de couple dans le temps. Ce phénomène entraîne un fonctionnement saccadé connu sous le nom de stick slip. Une additivation spéciale du fluide permet d’atténuer les effets du stick slip [BM 6 060]. Les vitesses minimales des composants sont rarement indiquées sur les fiches techniques. Il est bon de savoir que des technologies sont mieux adaptées que d’autres pour le fonctionnement à très basse vitesse. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS 5.2 Pressions minimale et maximale. Facteur de service 5.2.1 Pression minimale Pour un moteur, la pression minimale d’admission correspond, pour une vitesse donnée, à l’ensemble des pertes internes du moteur. Si le circuit d’alimentation n’est pas capable de maintenir cette pression à l’entrée du moteur, il y a risque de cavitation, c’està-dire formation d’une cavité gazeuse à l’intérieur du moteur. Cela est toujours dangereux et provoque des chocs, des vibrations et des casses de pièces. Pour éviter cela, principalement pendant les périodes de survitesse ou de décélération, on installe sur le circuit d’alimentation des clapets antiretour fournissant un débit complémentaire en cas de besoin et permettant de maintenir une pression minimale aux bornes du moteur. Ces clapets et ce circuit auxiliaire sont couramment appelés clapets de gavage et circuit de gavage (figure 49). Les valeurs courantes des pressions de gavage sont 5 bar ou 10 bar. 5.2.3 Facteur de service Un composant hydraulique fonctionne rarement à pression et vitesses constantes. Quand un cycle de fonctionnement est bien défini dans le temps, on peut s’intéresser au coefficient KS tel que : 1 K S = --τ avec τ N et p N0 et p0 α et γ ∫ τ 0 N α p γ ----------dt N0 p0 durée du cycle, vitesse et pression au temps t du cycle, vitesse et pression maximales, exposants relatifs à la technologie de la pompe ou du moteur. Exemple : un moteur où la fatigue des roulements est l’élément principal donne α = 1 et γ = 3 ; un moteur où l’usure par frottement est prépondérante donne α = 2, γ = 1. Ce facteur de service KS sert à comparer des utilisations différentes, donc à estimer les durées de vie et les périodes d’entretien du matériel. Exemple : sur un engin de travaux publics, les fonctions de levage ont un facteur de service faible (0,1 à 0,2), les fonctions de translation ont un facteur moyen (0,4 à 0,5) et les fonctions de terrassement un facteur élevé (0,9 à 1). 5.2.2 Pression maximale La pression maximale de service est déterminée par des considérations de sécurité, de fiabilité, de durée de vie et de rendement. Précisons chacun de ces points. ■ La pression entraîne dans les pièces internes de la pompe ou du moteurs des contraintes. Les matériaux utilisés ont des contraintes maximales admissibles, des limites élastiques et des limites de fatigue. La sécurité de fonctionnement est représentée par le rapport entre la contrainte de rupture et la contrainte pour la pièce la plus chargée. Les coefficients de sécurité classiques pour les pièces élémentaires sont de 3 à 4. ■ La pression entraîne des déformations de pièces, des rattrapages de jeux ou des variations d’épaisseur de film d’huile. C’est donc un des éléments qui, conjugué avec d’autres comme la température, la pollution ou les vibrations, entraîne la casse d’une certaine proportion de composants au bout d’un temps donné. C’est un des paramètres de la fiabilité du matériel. ■ La pression entraîne sur les pièces frottantes une usure qui peut être un des éléments de la durée de vie du composant. Notons aussi que les phénomènes de fatigue, par exemple dans les roulements, donnent généralement la durée de vie du composant et sont fonction de la pression. ■ Les fuites sont fonction de la pression ainsi qu’il est indiqué au paragraphe 4.3. Le niveau maxima de fuite admissible correspond donc en général à la pression maximale. 5.3 Rendement volumétrique Les fluides hydrauliques employés dans les composants hydrostatiques sont peu compressibles. Aux pressions employées actuellement cette compressibilité n’est cependant pas négligeable. Nous verrons plus en détail les valeurs usuelles de compressibilité et leur conséquence sur le fonctionnement dynamique des circuits [BM 6 060]. Ici nous allons seulement examiner les conséquences de la compressibilité sur le rendement volumétrique. Comme ordre de grandeur, nous prenons un coefficient moyen β = 15 000 bar. A chaque compression d’un volume V d’huile à la pression p, il faut un déplacement v tel que : p v = --- V β pour p = 300 bar, v = 0,02 V. Dans une pompe ou un moteur, en plus du volume de compression utile correspondant à la cylindrée, il y a un certain volume mort. Suivant le système de distribution, la compression de ce volume mort est récupérée ou perdue. Le calcul précédent montre que l’ordre de grandeur de cette perte représente 2 à 4 % du débit utile pour une pression de 300 bar. Cette perte est proportionnelle à la fois à la vitesse et à la pression. Les autres pertes volumétriques sont les fuites dont nous avons donné des exemples au paragraphe 4.3. 5.4 Modèle mathématique On appelle pa , qa , Na et M a les variables adimensionnelles des pression, débit, vitesse et couple du moteur ou de la pompe, c’est-àdire telles que : Clapet Pmin Moteur Distributeur p p a = -----p0 q q a = -----q0 N N a = ------N0 M M a = -------M0 avec p0, q0, N0 et M 0 valeurs maximales de ces pressions, débit, vitesse et couple, reliées par les relations (cf. § 2.1) : q 0 = CN 0 Figure 49 – Circuit de gavage pour moteur hydraulique 0, 63 p 0 = ------------- M 0 C Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique BM 6 031 − 25 POMPES ET MOTEURS __________________________________________________________________________________________________________________ 5.5 Rendement mécanique avec C cylindrée de la pompe ou du moteur. Le modèle mathématique d’une pompe sans pertes est : pa = Ma qa = Na Les pertes mécaniques des pompes et des moteurs sont engendrées par des frottements de toute nature et par des pertes de charge d’écoulement qui peuvent être assimilées à des frottements internes du fluide. L’expression des pertes est donnée par le modèle mathématique du paragraphe 5.4 où les coefficients b3 et d3 représentent les frottements mixtes dont les exposants α et β donnent la variation suivant les caractéristiques des matériaux. Le modèle mathématique d’une pompe avec pertes est : q a = N a – a 1 – a 2 M a – a 3 M a2 – a 4 M a N a p = M a – b 1 N a – b 2 N a2 – b 3 N aα p aβ Le modèle mathématique d’un moteur avec pertes est : Le rendement mécanique du moteur est M a ⁄ p a et le rendement mécanique de la pompe est p a ⁄ M a . N a = q a – c 1 – c 2 p a – c 3 p a2 – c 4 p a q a M a = p a – d 1 q a – d 2 q a2 – d 3 q aα p aβ 5.6 Rendement total Les coefficients a1 et c1 correspondent aux fuites fonctionnelles. Les coefficients a2 et c2 correspondent aux fuites laminaires et sont fonction de la viscosité. Le rendement énergétique ou total du moteur est M a N a ⁄ ( p a q a ) , et celui de la pompe est p a q a ⁄ ( M a N a ) . En effet paqa représente l’énergie hydraulique fournie au moteur ou restituée par la pompe et M a N a représente l’énergie mécanique fournie à la pompe ou restituée par le moteur. La figure 50 représente les performances, les pertes et les rendements d’un moteur pour des conditions de température et de viscosité. Dans le plan paqa on distingue : — les courbes isovitesse Na = 0,1, Na = 0,2, etc. ; — les courbes isocouple M a = 0, 1, M a = 0, 2, etc. ; — les courbes isorendement total (en tiretés) ; — les limites de fonctionnement pa = 1, qa = 1 et P0 = 0,42 p0q0. La même représentation peut être utilisée avec des échelles dimensionnelles, telles que celles de la figure 51. Les coefficients a3 et c3 correspondent aux fuites dues aux déformations des pièces. Les coefficients a4 et c4 correspondent aux fuites de compressibilité. Nous verrons au paragraphe 5.6 la représentation graphique d’un tel modèle mathématique. Le rendement volumétrique est qa / Na pour une pompe et Na / qa pour un moteur. Exemple : un exemple numérique de modèle mathématique de moteur est donné aux conditions optimales de viscosité par : N a = q a – 0, 002 – 0, 007 p a – 0, 022 p a2 – 0, 028 p a q a M a = p a – 0, 010 q a – 0, 043 q a2 – 0, 005 q a–0, 3 p 0a , 5 p0 = 450 bar 0,4 0,5 4 0,9 0,4 p 0,95 00 0q 0 0,9 0,6 0,5 42 0,6 0,6 0, a 0,5 0, 93 0,9 2 0,7 = qq == qq 0 0,8 0,7 0,8 P 0,8 90 0, 0,7 0,9 0 0, ,2 85 Ma = 1 0,9 0,3 1 Na = 0,1 0,8 0 pa 0,4 0,3 4 3 0,9 0,3 0,9 0,92 0,2 0 , 90 0,2 0,1 0,8 5 0,1 0,8 0 0 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1 qa pa , qa , Ma , Na variables adimensionnelles respectivement de pression, débit, couple et vitesse de rotation (par rapport à la valeur maximale de ces variables d’indice zéro) courbes d’isorendement Cas d’un moteur H G3I ; fluide à 50 °C, viscosité cinématique de 36 x 10–6 m2/s (36 cSt), puissance maximale P0 = 0,42 q0p0 BM 6 031 − 26 Figure 50 – Exemple de rendement adimensionnel Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique __________________________________________________________________________________________________________________ POMPES ET MOTEURS p0 0, 85 40 q 0,95 12 00 100 4 0,9 0 == 7755 kkW X 80 1 500 200 00 60 300 P 2 000 90 0, 0, 93 0,9 2 M = 2 500 m.daN 400 0,8 0 N = 20 tr/m in p (bar) 1 000 0,94 2 0,93 0,9 100 500 0 , 90 0,8 5 0,8 0 0 0 100 200 240 q (L/min) M N p0 P0 q0 couple vitesse de rotation pression maximale puissance maximale débit maximal courbes d’isorendement Cas d’un moteur H 20 1C de 1979 cm3/tr ; fluide à 50 °C, viscosité cinématique de 36 x 10–6 m2/s (36 cSt) Figure 51 – Exemple de rendement dimensionnel Références bibliographiques Dans les Techniques de l’Ingénieur, traité Génie mécanique [1] GUILLON (M.) et BLONDEL (J.-P.). – Rappel des lois de l’hydraulique. 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