Banc d`essai : convertisseur numérique analogique NuForce DAC-9

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Banc d`essai : convertisseur numérique analogique NuForce DAC-9
Banc d'essai : convertisseur numérique
analogique NuForce DAC-9
Avec son modèle DAC-9, la société américaine NuForce se positionne nettement sur le marché
du convertisseur numérique analogique de début de haut de gamme. Si l'on précise qu'à sa
conception très audiophile, sa qualité de fabrication et ses résultats sonores s'ajoute la
possibilité de l'utiliser en préamplificateur grâce à sa sortie audio paramétrable en sortie à
niveau variable, voilà qui rend la bête très intéressante.
QUOBUZ - PAR PHILIPPE DAUSSIN | HI-FI BANCS D'ESSAI | 20 MAI 2012
NuForce n'est pas une marque inconnue des lecteurs de la rubrique Hi-Fi Qobuz puisque nous avons
déjà testé le modèle Icon HDP de cette marque américaine née en 2005 et qui propose des
amplificateurs numériques, des DAC, des DAC avec amplificateur ou avec amplificateur pour casque,
des enceintes, etc.
Nu Force s'est également fait une grande renommée parmi les amateurs d'audio et de vidéo de haute
qualité en "boostant" les performances audio des excellents lecteurs de Blu-ray Oppo en remplaçant
leur carte de conversion numérique analogique par des cartes spécifiquement développées par ses
soins, dont le lecteur BDP-93, devenant BDP-93NE/NXE.
Le DAC-9 qui fait l'objet de ce banc d'essai fait partie des produits High End de NuForce, bien que son
prix de 1700 € qui représente déjà une certaine somme, reste raisonnable dans cette catégorie de la
Hi-Fi où les prix sont parfois si délirants que l'on peut alors à juste raison se demander ce qui peut les
expliquer...
Présentation
Disponible en noir ou en blanc, le DAC-9 NuForce se présente avec une façade anguleuse
proéminente à multiples pans coupés et semble sorti tout droit d'un film de science-fiction.
Le large plexiglas rouge situé en milieu de façade masque deux affichages situés à ses extrémités.
Celui de gauche indique le numéro de la source sélectionnée (de 1 à 6) et le volume de la sortie
préamplifiée, tandis que celui de droite affiche la fréquence d'échantillonnage du signal numérique
reçu.
Le bandeau supérieur en plexiglas masquant des chiffres de 1 à 6 et deux petites flèches, l'une
pointant vers le bas et l'autre vers le haut est en fait le "clavier" de la façade. Les chiffres représentent
les entrées et les flèches permettent la diminution ou l'augmentation du volume de la sortie
préamplifiée.
La partie inférieure gauche accueille deux prises casque, l'une au standard Jack 3,5m (combinée avec
une entrée S/PDIF optique) et l'autre au standard Jack 6,35. Le bouton situé à l'opposé permet de
régler le volume du casque.
La connectique
Le DAC-9 dispose de six entrées numériques, toutes compatibles avec des signaux 24 bits à 192 kHz.
Il dispose bien sûr d'une entrée USB, de quatre entrées S/PDIF (trois coaxiales, dont une à baïonnette
noté BNC3, qu'il faudra relier par un câble 75 ohms muni de connecteurs BNC mâle, et une optique),
et d'une entrée numérique symétrique au standard AES/EBU. A noter que l'entrée S/PDIF à
baïonnette et l'entrée Cinch au-dessus d'elle ne peuvent être raccordées simultanément.
Les signaux audio analogiques sont disponibles en asymétrique sur prises Cinch et aussi en
symétrique sur connecteur professionnel XLR. Le niveau de sortie peut être fixe (utilisation comme
source) ou variable (utilisation comme préamplificateur) par un paramétrage réalisé depuis la
télécommande et le clavier de la face avant.
La fabrication
Le boîtier du NuForce DAC-9 est entièrement réalisé en aluminium brossé anodisé noir, comme un
véritable appareil de haut de gamme, et sa façade aux lignes si particulières est usinée dans un bloc
d'aluminium massif.
La structure de ce boitier constitué d'un profilé en "U" avec deux rebords inférieurs sur lesquels est
fixé le fond, lui-même doublé par une plaque d'aluminium, lui confère une excellente rigidité.
A l'intérieur on découvre deux grands circuits imprimés, l'un accueille l'alimentation et l'autre la partie
conversion numérique analogique, le filtrage, ainsi que l'interface USB sur une petite carte
additionnelle.
On trouve également deux autres petits circuits, l'un à même la façade accueille les modules
d'affichage et l'autre, perpendiculaire à celle-ci, est équipé des prises casque et du potentiomètre de
volume.
Un transformateur toroïdal de taille respectable se charge de d'alimenter le DAC-9 en énergie et reçoit
un capot de blindage d'un magnifique rouge pompier !
L'alimentation
L'alimentation du NuForce DAC-9 est de type "linéaire", c'est à dire qu'elle utilise un transformateur
fournissant des tensions secondaires sinusoïdales à la fréquence de 50 Hz, tension qui vont être
transformées en tensions continues par des opérations de redressement et de filtrage.
Contrairement aux alimentations à découpage qui sont de véritables générateurs de rayonnement
électromagnétique du fait des fronts raides provoqués par le découpage, rayonnement qui peut être
transmis à l'électronique, voire à d'autres appareils, les alimentations linéaires sont exemptes de bruit
de fonctionnement et sont particulièrement prisées des audiophiles et des puristes.
Sur l'alimentation du DAC-9, les tensions redressées sont filtrées par des condensateurs chimiques
de qualité fabriqués sur cahier des charges NuForce et dont la valeur n'est pas indiquée mais qui doit
avoisiner les 10.000 µF.
On dénombre également sur cette alimentation six régulateurs de tension, l'un de type LD50V
fournissant du 5V à l'électronique de gestion, un régulateur +12V et un -12V, probablement destinés à
l'alimentation des amplificateurs opérationnels utilisés dans le filtrage, deux régulateurs positifs
ajustables de type LM317 et un négatif ajustable de type LM337.
On remarque dans la partie gauche de la carte un circuit intégré à quatre rangées de broches. Il s'agit
du micro contrôleur de gestion du DAC-9, de type PIC16F44 du fabricant Microchip.
Interface USB
Le circuit d'interface USB, monté sur sa propre carte utilise un circuit programmable dont le logiciel
assurant le transfert des données depuis le port USB d'un ordinateur a été développé par NuForce.
Cette conception modulaire permettra de changer facilement cette interface si le constructeur lui
apporte de futures améliorations.
Les entrées numériques S/PDIF coaxiales et AES/EBU sont interfacées par des transformateurs (dont
on aperçoit l'un d'eux sur la photo), tandis que l'interface optique fait usage d'un récepteur spécifique.
Conversion numérique analogique et filtrage
L'interface entre les différentes entrées numériques du DAC-9 est réalisée par un DIR (Digital
Interface Receiver) Asahi Kasei AK4113 capable de commuter six sources numériques stéréo 24 bits
avec une fréquence d'échantillonnage jusqu'à 216 kHz.
Le signal numérique est ensuite transmis à deux performants convertisseurs numérique analogique
Burr-BrownPCM1798, capables de traiter des flux numériques jusqu'à 24 bits à 192 kHz et travaillant
en parallèle afin d'améliorer le rapport signal sur bruit du DAC-9.
NuForce utilise pour le filtrage des signaux issus de ces convertisseurs un filtrage passif qu'il a
baptisé Passive IV Digital Output Filter, utilisant des condensateurs à couche plastique dont les
qualités en audio sont reconnues et qui ne fait pas usage de contre réaction.
On remarque cependant la présence de deux amplificateurs opérationnels à très faible bruit National
Semiconductor LME49860, probablement utilisés en étages "tampons" (ou buffer en anglais) encore
appelés "adaptateurs d'impédance".
Volume et symétrisation des signaux audio
Le NuForce DAC-9 qui offre la fonction préamplificateur est muni d'un réglage de volume électronique
Burr-BrownPGA2310 réagissant aux ordres de la télécommande ou aux touches de la façade.
En plus des sorties audio stéréo analogiques standards (asymétriques) sur prises Cinch, cet appareil
dispose de sorties audio symétriques sur connecteurs professionnel de type XLR.
Les signaux symétriques sont réalisés à partir de circuits intégrés spécialisés Burr-Brown DRV134, ce
qui garantit une symétrie quasi parfaite de ceux-ci.
La sortie casque dispose de son propre amplificateur intégré de conception NuForce dont le volume
est commandé par le potentiomètre en façade.
Utilisation et écoute
Pour utiliser le DAC-9 avec un PC ou un Mac, il faudra installer les driver que l’on peut télécharger ici,
et surtout bien prendre connaissance des recommandations données par le constructeur.
Le début de ce joli mois de mai 2012 n’ayant pas été avare en journées maussades, j’avais, à juste
raison, emmené le DAC-9 à mon domicile en ce jeudi de Pentecôte pour procéder à l’écoute. A cela
s’ajoutait le fait que cet appareil disposant de sorties audio à niveau variable, il m’était possible
d’utiliser cette fonctionnalité à mon domicile, contrairement à mon lieu de travail où nous ne disposons
pas de "blocs" d’amplification.
Mes enceintes personnelles étant en effet des modèles actifs multi amplifiés, je leur ai raccordé
directement le DAC-9 (via des transformateurs symétriseurs audio Sowter), bénéficiant ainsi du trajet
le plus court possible qui me permettrait d’apprécier sans intermédiaire le "son" de ce DAC-9,
méthode dont je ne pense pas qu’elle puisse être sujette à critique.
D’autre part, comme nous avons lu très récemment qu’une certaine presse écrite allait bientôt publier
"de vraies évaluations entre ces téléchargements et la lecture de CD correspondants" dans un article
dont nous nous sommes fait l'écho pour d'autres raisons, je n’ai pas manqué de procéder (de
nouveau) moi-même à ce genre d’exercice avec le NuForce DAC-9 qui m'offrait diverses possibilités
de comparaison instantanée grâce à ses nombreuses entrées, et dont le compte-rendu, qui pourra
peut-être sembler long à certains, me semble être une sorte de "droit de réponse" aux propos cités cidessus.
Pour ce, j’ai raccordé le DAC-9, d’une part en USB à un EEEPC, et d’autre part à un (ancien mais
excellent) lecteur de DVD-Audio Technics DVD-A10 (désolé de ne pas disposer de matériel de plus
haut de gamme) en liaison S/PDIF avec un câble numérique coaxial de qualité.
Cela m’a permis, dans un premier temps, de faire une écoute comparative entre la version CD et la
version "téléchargée Qobuz" de la Fantasia on British Sea Songs de Sir Henry Wood, dans
l’excellente interprétation, chez Naxos, de Paul Daniel conduisant l’English Northern Philharmonia, un
de mes "classiques" auquel je reviens régulièrement pour évaluer le matériel.
En effet, en à peine un quart d’heure, cette œuvre propose une grande richesse de timbres, des
passages intimistes joués tout en finesse, comme des passages très dynamiques, et bien sûr la
complexité musicale du jeu d’un orchestre symphonique générant un large spectre sonore dans un
espace important, le tout extrêmement bien enregistré. En bref, tout ce dont j’ai besoin pour me faire
rapidement, et objectivement, je pense, une idée des qualités sonores d’un appareil. Au-delà, à mon
avis, c’est pour le plaisir, ou pour le remplissage.
Concernant l’écoute, déjà je peux dire que je n’ai perçu aucune différence de niveau sonore entre
l’entrée USB (avec le volume de Foobar au maximum) et l’entrée S/PDIF coaxiale, ce qui n’est pas
sans importance car les différences de niveau sonore sont loin d’être innocentes dans l’appréciation
que l’on peut avoir d’un résultat sonore et celles-ci, de leur simple fait, peuvent conduire à trouver un
résultat sonore meilleur qu’un autre.
Il m’a également été impossible de déceler des différences dans la restitution sonore entre ces deux
entrées, et ce en comparaison instantanée, la lecture du CD et celle de Foobar ayant été
synchronisées, je pouvais passer en un clin d'oeil d’une entrée à l’autre sans rupture de continuité
musicale.
En écoutant la Fantasia on British Sea Songs, j'ai pu caractériser la restitution sonore du NuForce
DAC-9 en disant, pour simplifier, que celle-ci se montre extrêmement élégante. Cet appareil ne fait
absolument pas dans l’esbroufe ni dans l’artifice plaisant mais vite fatigant car pas naturel, au
contraire il montre une petite tendance à lisser un peu ce qui pourrait accrocher dans les zones
médium et aigu.
Ainsi les violons offrent une sonorité nettement plus douce que celle offerte par nombre de
convertisseurs, et peut-être aussi moins proche de leur son naturel, mais on notera que le léger
tintement du triangle au fond de l’orchestre se détache de l'orchestre avec suffisamment d’acuité, bien
que l’instrument semble être fait d’un métal un peu plus doux. Quant au grave, il descend bien en se
montrant ferme et précis.
Bien que j’aime particulièrement les appareils offrant le plus de détails possible qui permettent
quasiment de "toucher" à l’original, la restitution sonore du DAC-9 m’a donc paru extrêmement
agréable, avec, entre autres, et c'est un point important à mes oreilles que je tiens à préciser, des
extinctions de notes paraissant très naturelles. Et même si j'ai trouvé que la dynamique paraissait
légèrement contenue, cette restitution offre un bel équilibre, génère un très bel espace sonore et fait
montre d’une grande élégance.
Ensuite, je me suis servi de mon lecteur DVD-A10 pour comparer la restitution sonore du DVD-Audio
de la Symphonie Alpestre de Richard Strauss par Rudolf Kempe dirigeant la Staatskapelle de Dresde
(24 bits à 48 kHz stéréo envoyé en S/PDIF par câble coaxial au DAC-9), avec la restitution de cette
même oeuvre "rippée" en stéréo sur mon EEEPC, également en 24 bits à 48 kHz, et lue depuis
Foobar2000 en mode Kernel Streaming. En effet, comment aurais-je pu comparer un fichier en haute
définition téléchargé sur Qobuz avec sa version physique alors que celle-ci n'existe pas ?
J'ai retrouvé, à l’écoute de la Symphonie Alpestre en haute définition, la même signature sonore,
équilibrée, élégante et un peu "apaisante" du DAC-9, en particulier avec des cuivres qui n'agressent
pas lors des forte. Là encore, pas de différences perceptibles entre les deux modes d’écoute (USB et
S/PDIF), mais le format 24 bits à 48 kHz creuse la différence en termes de dynamique sur la version
CD de cette œuvre qui comporte des envolées "décoiffantes" qui s'expriment mieux avec 24 bits
qu’avec 16 bits.
Cela s'entendait nettement en écoute comparative instantanée avec la version CD de cette œuvre. De
même que les faibles écarts de dynamique étaient mieux mis en valeur, ce qui peut se comprendre
sachant qu'avec 16 bits on dispose de 65 536 pas de tension alors qu'avec 24 bits leur nombre est de
16 777 216 (256 fois plus), ce qui offre une résolution en tension largement meilleure du fait d'un
codage beaucoup plus précis, et donc une aptitude supérieure à révéler les nuances les plus faibles
en termes de dynamique.
Pour terminer, quelques mots sur la sortie casque, sur laquelle nous avons raccordé un B&W P5,
sortie qui utilise, comme nous l'avons vu, son propre amplificateur. Sa restitution m’a semblé un peu
plus vive et fouillée qu’avec les sorties préamplifiées, d'un bel équilibre tonal, et se révèle de très
bonne qualité.
Et je confirme, à la suite de cette écoute au casque au cours de laquelle j'ai également procédé à une
comparaison instantanée entre les versions CD et DVD-Audio de la Symphonie Alpestre, que le gain
en dynamique de la version 24 bits est net, sans que j'ose cependant aller jusqu'à dire que c'est le
jour et la nuit.
Pour preuve, après un fortissimo de l'ensemble de l'orchestre qui est plus marqué en 24 bits, lorsque
la musique revient à un niveau normal, les niveaux sonores des deux versions redeviennent
rigoureusement identiques (les deux lecteurs utilisés, un Panasonic DVD-RA61 pour lire la version
DVD-Audio, et un Sony DVP-NS05V pour lire la version CD, étaient tous deux reliés au DAC-9 par
cordon optique, afin de bénéficier d'une liaison identique).
En conclusion, le DAC-9 de NuForce joue bel et bien dans le clan des appareils audiophiles en
affichant une certaine personnalité sonore que se refuserait un appareil aspirant stricto sensu
à une reproduction haute fidélité. Cette personnalité sonore est faite d’équilibre et d’élégance,
édulcorant très légèrement les messages sonores qui n’en charment que plus les oreilles. Au
niveau des possibilités tant en connectique qu’en décodage des formats audio, c’est le sans
faute, et il propose deux sorties casque, la fonction préamplificateur et son entrée USB peut
être "upgradée" par le simple remplacement d'une petite carte d'interface. Un appareil très
recommandable.
Formats reconnus