Domaine 6

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Domaine 6
Domaine 6
Matériaux, chimie et énergie
Eric Lafontaine
Responsable adjoint
du domaine
scientifique
Philippe Masclet
Bruno Mortaigne
Responsable
Responsable
du domaine scientifique
du domaine
(jusqu’à juillet 2010)
scientifique
Thèmes
• Matériaux micro ou nano architecturés,
• Matériaux composites nanocomposites, matériaux pour applications
thermo-structurales,
• Matériaux fonctionnels
• Dimensionnement, modélisation et simulation des procédés et des comportements,
• Chimie des systèmes anticorrosion,
• Chimie et procédés alternatifs pour le développement durable,
• Détection des toxiques chimiques et explosifs,
• Physico chimie des matériaux énergétiques,
• Concepts relatifs aux économies et à la gestion des sources fossiles,
• Nouveaux carburants de synthèse,
• Piles à combustibles,
• Stockage électrochimique,
• Systèmes robustes pour la récupération des énergies renouvelables.
Priorités 2011-2012
•
•
•
•
•
•
Matériaux multifonctionnels (furtivité, adhésion, fonctions combinées,...)
Concepts avancés pour blindage et protection
Ecoconception, procédés alternatifs durables
Miniaturisation des techniques de détection de toxiques
Stockage chimique à haute fiabilité pour production d’énergie instantanée
Récupération d’énergie renouvelable en environnement non coopératif
L
es matériaux, la chimie et l’énergie sont intimement liés dans l’organisation de la matière
et de ses différents états. Ce domaine est transversal à la fois du fait d’un nombre important d’applications civiles et militaires, mais aussi vis-à-vis de ses
propres thématiques.
Le domaine scientifique ne peut pas ignorer les enjeux et défis sociétaux actuels et futurs dont il fait
l’objet dans le contexte international, à savoir la recherche d’alternatives et de solutions à la raréfaction
des énergies fossiles et bon marché, à l’évolution
géostratégique et technologique liée à l’approvisionnement des matières premières et à l’obligation
de contribuer autant que possible et en toutes circonstances au respect de l’environnement et aux
réglementations en vigueur le concernant (REACh).
Ces aspects transverses et duaux ne doivent pas cependant masquer les spécificités d’emploi et de performances dont la défense a besoin, et qui sont à la
base des enjeux technologiques du domaine scientifique.
ENJEUX SCIENTIFIQUES
POUR LA DÉFENSE
Les orientations scientifiques du domaine visent,
d’une part, à induire et à susciter des ruptures et
progrès technologiques décisifs en vue de besoins
de défense finalisés, et, d’autre part, à laisser le
champ ouvert à de nouvelles opportunités ou découvertes qui façonneront à leur tour de nouvelles
conditions d’emploi.
Le domaine est présenté selon les trois thématiques
principales qui le constituent, en fonction des applications défense concernées :
- les aspects Matériaux sont ainsi centrés sur les
capacités d’endurance et de résistance face aux
conditions sévères spécifiques (chocs mécaniques, hautes températures, sollicitations statiques et dynamiques), ainsi que sur les capacités
fonctionnelles destinées au contrôle d’interactions
physiques (propriétés électromagnétiques, acoustiques pour le camouflage, matériaux piézoélectriques, fenêtres optiques, métamatériaux, …) ;
- la multifonctionnalité des matériaux est recherchée en priorité ;
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POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
- les aspects liés au stockage de l’énergie et à la production d’énergie sont présentés de façon globale,
selon les besoins spécifiques envisagés (puissance,
autonomie) en liaison avec les axes thématiques
concernés. Les thèmes relatifs aux matériaux et la
chimie pour l’énergie (stockage électrochimique,
carburants et propergols, hydrogène) se rattachent
naturellement à ce chapitre.
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- les aspects Chimie concerneront essentiellement
des aspects de synthèse et de procédés en vue
de la neutralisation ou de la détection de la menace chimique ou biologique. Les techniques de
lutte contre la corrosion, les traitements de surface, ainsi que les thèmes liés à la protection de
l’environnement et au respect des réglementations
liées à l’environnement, appartiennent également
à ce chapitre. La problématique des composés pyrotechniques actuels ou futurs est également évoquée dans cette partie (fortement reliée à celle de
la détection) ;
● les matériaux à rhéologie complexe (rhéoépaississants),
● la modélisation multiéchelle des structures et leur
relation avec le comportement en fatigue sous
impact, la simulation des effets dynamiques au
cœur de la matière (éclats, fragmentation), avec
en finale la compréhension de leur comportement.
Dans le domaine des matériaux de structure, l’accent est mis sur les avancées permettant de conserver la rigidité et l’endurance en association avec la
légèreté, mais aussi avec la facilité de réparation,
voire d’autoréparation. Ces besoins appellent des
innovations concernant, notamment :
● les nouveaux constituants de matériaux composites à matrices organiques (nouvelles résines
thermoplastiques, nouveaux concepts de fibres
hautes performances, nano composites),
● les concepts d’assemblage rapides, adhésifs et
collages avancés,
● la mise au point de nouveaux alliages métalliques
légers.
ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES :
MATÉRIAUX
● les technologies de contrôle non destructif et l’intégration de capteurs intelligents.
1. ENDURANCE FACE
AUX SOLLICITATIONS
MÉCANIQUES ET EFFORTS
STRUCTURAUX
Cet axe du domaine fait l’objet d’attention de la plupart des documents d’orientation de recherche civils ou militaires, en France comme à l’étranger. Les
thèmes abordés vont de l’allègement au maintien de
l’intégrité des structures (tenue en fatigue, choc...),
l’autoréparabilité et la maîtrise du cycle de vie des
matériaux. L’amélioration du comportement des
matériaux de protection, des blindages et des perforants sont également abordés. Ils apparaissent ainsi
dans les programmes US de la National Science Fundation (NSF), comme dans ceux du Defense Science
Office (DSO), mais également au programme du ministère chinois des sciences et technologies (MOST).
Les applications civiles de cet axe font également
l’objet de l’attention des instances européennes (en
particulier du programme cadre de recherche et développement PCRD) et des initiatives françaises du
domaine (appel à projet Matériaux et procédés de
l’ANR, programme matériaux du CNRS).
Les besoins mentionnés se réfèrent surtout aux objectifs capacitaires de l’ensemble des systèmes de
forces, et aux besoins liés à la sécurité. Les orientations scientifiques s’appliquent aux matériaux euxmêmes et a leur procédé d’élaboration et comprennent notamment :
● les matériaux à grains ultrafins et les alliages
à haute résilience, les alliages métalliques
amorphes (verres métalliques massifs),
● les nouveaux procédés d’obtention de matériaux
complexes nanostructurés (Spark Plasma Sintering, ...), et nanocomposites (renforts et fibres de
nanotubes),
L’axe aborde également les aspects liés à la compréhension de la nocivité des défauts, leur propagation
et leurs conséquences en service, afin de conduire
à une meilleure estimation de la durée de vie des
structures et du potentiel résiduel.
2. MATÉRIAUX POUR HAUTES
TEMPÉRATURES ET UTILISATION
EN ENVIRONNEMENT
THERMOMÉCANIQUE EXTRÊME
Les matériaux et constituants concernés par ces
contraintes extrêmes se trouvent dans les éléments
moteurs (aubes, disques, carters), les parois de
tuyères, et sur les surfaces exposées à l’échauffement (pointes avant de missiles, tuyères, vannages
pour guidage, etc.).
Il est donc naturel de retrouver cet axe au rang des
préoccupations de recherche des grandes nations
aéronautiques (US et France notamment), et ses
thèmes font l’objet de la feuille de route de nombreux
organismes publics de l’aéronautique (ONERA,
DLR, DSTL...) ou de motoristes industriels (groupe
SAFRAN (SNECMA, SPS, Turboméca), Rolls Royce,
Pratt et Whitney…). Les matériaux à très haute température jouent également un rôle important dans
le confinement des hautes énergies, ainsi qu’en témoignent les actions menées par le CEA, ainsi que
par des acteurs internationaux tels que le ministère
des sciences et techniques du Japon (MEXT).
Cet axe joue un rôle important dans la préparation
de ruptures capacitaires du système de forces Engagement et Combat et pour les applications aérospatiales en général (aéronefs, hélicoptères, drones,
missiles, engins spatiaux…).
POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
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Les principales orientations de l’axe sous tendent
l’exploration :
● des céramiques avancées pour barrières thermiques et des applications à très haute température (propulsion ionique) et les évolutions dans
les procédés associés,
● des superalliages métalliques ou intermétalliques, ainsi que des matériaux C/C ou C/SiC, et
l’évaluation des nouveaux matériaux comme les
géopolymères,
● des composites à matrice métallique et/ou céramique, à haute endurance à la fatigue thermomécanique, et les procédés de fabrication associés,
● de la modélisation et de la compréhension des effets observés en présence d’impuretés extérieures
au moteur.
Figure 6.1 : Matériau composite fonctionnel
(en vue d’applications piézoélectriques) – REI
Les recherches et études afférentes à cet axe sont
menées en étroite corrélation avec les experts du
métier matériaux de la DGA dans le cadre de programmes d’études amont (PEA) et en lien étroit avec
les programmes de recherches propres de l’ONERA.
3. MATÉRIAUX FONCTIONNELS
AVANCÉS ET SYSTÈMES
INTELLIGENTS.
L’optimisation des systèmes, de leur coût et de leurs
propriétés requièrent aujourd’hui des capacités multifonctionnelles (structures allégées, conductivité,
magnétisme, transparence, discrétion optique ou
acoustique, …) en particulier dans le domaine de
la furtivité et des antennes, des fenêtres (IR, Radar,
Sonar), du contrôle électroactif de vibrations, ou de
déformées, des transducteurs pour sonar...
Les applications des matériaux fonctionnels, et la
recherche de nouvelles combinaisons (multi-physique, multiéchelle) font l’objet de nombreuses réflexions : en France, le CNRS y consacre une partie
du programme matériaux, ainsi que l’ANR (notamment dans le programme Matériaux Procédés). Le
CEA mène également de nombreux travaux en lien
avec cet axe, au service d’applications vers l’électronique, les capteurs, l’énergie, … A l’étranger, on retrouve cet axe à une place importante des agences
de la défense (US-DSO, UK-DSTL), mais également
dans les appels d’offre civils (MEXT Japon, PCRD
Europe).
Il est à noter que, d’un point de vue capacitaire, cet
axe sert la quasi-totalité des systèmes de forces et
recoupe également des thématiques des domaines
scientifiques Photonique, Nanotechnologies, et
Ondes électromagnétiques et acoustiques.
Les orientations de l’axe concernent d’une part :
● les matériaux à bande interdite et les métamatériaux à propriétés spectrales reconfigurables, autoadaptatives ou non ;
● les systèmes à propriétés couplées, ainsi que la simulation des effets, et les procédés d’élaboration
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Figure 6.2 : Exemple de métamatériau pour
application électromagnétique (Thèse).
physico-chimiques utilisés
bio-mimétisme, …).
(auto-organisation,
Et d’autre part :
● les matériaux et métamatériaux à signature
contrôlée dans le spectre des ondes acoustiques ;
● les composés électroactifs piézoélectriques à haut
coefficient de couplage et les procédés de synthèse associés ;
● l’intégration de matériaux intelligents via des
technologies actives ou semi-actives pour le
contrôle de forme ou de réponse acoustique.
Cet axe recèle, une part importante des approches
nanométriques appliquées aux matériaux et s’inscrit en droite ligne des thématiques matériaux de
la Stratégie Nationale de Recherche Innovation
(SNRI).
ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES :
CHIMIE
Le segment de la chimie, souvent associé à celui des
procédés de synthèse et d’analyse, préfigure de ce
fait la quasi-totalité des applications du domaine.
Sans négliger cet aspect transversal, le thème
chimie est principalement décliné ici sur les axes
POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
● détection et traitement de surface en vue de se
protéger contre la corrosion et les agents agressifs ;
● traitements de surfaces et fonctionnalisation
(matériaux pour la protection et la détection de
toxiques chimiques ou explosifs, ainsi que pour la
protection contre la corrosion,
1. SURFACES ET INTERFACES :
TRAITEMENT,
FONCTIONNALISATION
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suivants (à l’instar des principaux sujets d’intérêt
relevés dans les organismes de R et D de défense
aux US, au Japon, et en Europe – principalement UK
et D) :
Cet axe aborde aussi bien les aspects spécifiques
liés à la fonctionnalisation des surfaces et au greffage de molécules que les composés pour les applications de détection et de piégeage réactif, et notamment :
● les molécules et matériaux empreintes ou surface
de nano capteurs en vue de la détection d’espèces chimiques et biologiques ;
● matériaux pour la pyrotechnie (propulsion et détonique).
● les traceurs en phase gazeuse ou liquide (chromophores, luminophores, X-réactifs).
Ce thème assure par ailleurs une veille scientifique
dans le domaine des procédés durables (chimie
douce, catalyse éco compatible) et de l’emploi de
matériaux alternatifs éco-sourcés. Ces derniers aspects sont fortement soutenus par le domaine civil
en France (programme Chimie Développement Durable Innovation de l’ANR, cofinancé par la DGA) et
en Europe (FP7).
Ces applications à la détection souvent ultime sont
très présentes au niveau des besoins défense et sécurité en particulier aux USA (Darpa, DSO) ou au
Japon (Riken).
La surface des matériaux au regard de ses interactions physico-chimiques avec le milieu extérieur est
également l’un des thèmes de cet axe, avec principalement :
● les dépôts ou structurations fonctionnels superhydrophobes ou superhydrophiles ;
● les traitements de surfaces, la lubrification et la
réduction des frottements solides ;
● les interfaces en général (collage, soudage... ) et
l’étude de leur comportement.
2. COMPORTEMENT FACE AUX
AGRESSIONS CHIMIQUES,
BIOCHIMIQUES,
ÉLECTROCHIMIQUES
Figure 6.3 : Nanofibres et nanotubes de
dioxyde de titane autoassemblés en vue
de l’autodécontamination de textiles par
photocatalyse d’oxydation sous UV (REI).
Les traitements chimiques et biochimiques jouent
un rôle essentiel pour conférer aux matériaux des
propriétés spécifiques dans leur environnement
fonctionnel et des propriétés couplées (capteurs –
séparation – catalyse), leur comportement dans ce
domaine étant aussi qualifié en termes d’éco-compatibilité.
Les thématiques concernées par ces comportements conduisent à étudier les matériaux d’inhibition d’effets polluants et contaminants, et notamment :
● les revêtements antisalissures en milieu marin
compatibles avec la réglementation sur la protection de l’environnement (biocides) ;
● les matériaux et technologies de décontamination
et de dépollution, en particulier les techniques appuyées sur la catalyse, la complexation, le filtrage
en ambiance confinée.
Figure 6.4 : Approche nanoconstructive
- fonctionnalisation de graphène par
groupement benzyle (REI).
Cet axe aborde également les études de solutions
nouvelles pour l’inhibition d’effets oxydo-réducteurs (corrosion sous toutes ses formes), et pour la
détection et la prévention de tels effets pour tous
milieux. Il inclut les efforts de recherche sur les revêtements de protection avancés compatibles avec
POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
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les règlements sur le développement durable. les
travaux menés viennent en complément des actions
engagées dans le cadre de PEA du métier matériaux,
(nouveaux matériaux de protection, modélisation
des phénomènes électrochimiques des coques de
navire...) cette problématique étant fortement dimensionnante dans les systèmes d’armes aériens
et navals et nécéssitant une bonne compréhension
fondamentale des mécanismes de dégradation.
3. MATÉRIAUX ÉNERGÉTIQUES :
PROPERGOLS, EXPLOSIFS
Ce dernier axe du thème « Chimie » concerne les
matériaux énergétiques pour les explosifs (pyrotechniques) et pour la propulsion (carburants et
propergols solides, liquides et hybrides) où il vient
en appui des aspects mentionnés dans le segment
Energie du domaine. Les principaux thèmes d’intérêt sont liés :
● à l’augmentation des performances des matériaux pour la propulsion, tout en garantissant les
niveaux de sécurité requis,
● à la prévision et aux contrôles des phénomènes
d’instabilités dans les mélanges réactifs, afin de
mieux maîtriser, diversifier et sécuriser l’utilisation de ces systèmes.
ORIENTATIONS SCIENTIFIQUES :
ENERGIE
La satisfaction des besoins énergétiques de la défense prend le plus souvent un caractère éminemment dual, mais reste la garantie incontournable
de l’efficacité des forces. Ainsi, cette partie du domaine participe principalement aux capacités des
systèmes de forces protection et sauvegarde (P&S),
projection mobilité et soutien (PMS), ainsi qu’engagement et combat (E&C).
L’analyse des spécificités des besoins défense qui
permet de tracer les principaux axes d’effort scientifique peut être établie à partir de la combinaison des
capacités souhaitées :
● en puissance (impulsionnelle, transitoire, ou
continue),
● en quantité d’énergie stockée (autonomie),
● en compacité du moyen de stockage (portabilité).
1. BESOINS EN PUISSANCE
EN ÉNERGIE : GESTION
DES SOURCES FOSSILES
ET ALTERNATIVES
Cet axe concerne les applications récurrentes les
plus consommatrices des systèmes : mobilité des
aéronefs, des bâtiments, des véhicules, alimentation
de systèmes de combat nouveaux (utilisant l’énergie
électrique, sous forme impulsionnelle ou continue).
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La plupart des nations (USA, Canada, Europe, Japon) ont ainsi prévu des plans de réduction et d’économie d’énergies fossiles permettant d’assurer une
présence opérationnelle minimale. D’autres pistes
de progrès sont déjà citées dans le domaine civil, et
font aussi l’objet d’attention de la part d’organismes
spécifiques de la défense (Service des essences des
armées, services de soutien des forces) ou civils
(ANR, CEA, CNRS). On y trouve en particulier :
● la gestion intelligente et l’amélioration des fonctionnements des systèmes moteurs (avec en vue
près de 25 % d’économie envisagée à terme) ;
● les matériaux énergétiques (ergols et propergols)
à haute impulsion spécifique (faisant intervenir
des composants nanométriques) et haute sécurité d’emploi ;
● les carburéacteurs et biocarburants de synthèse
futurs, et l’utilisation de la bio-masse, les applications prometteuses liées à l’hydrogène, en tant
que combustible (principal ou d’appoint) dans des
moteurs « Diesel-Hydrogène » notamment ;
● certains développements liés aux piles à combustibles de forte puissance (100 kW et plus) dont
quelques prototypes sont déjà en cours de démonstration.
Enfin, le besoin énergétique en configuration de
bases déportées, pourrait à terme s’appuyer sur
des technologies d’énergies renouvelables (basées
par exemple sur le principe de centrales solaires à
concentrateur, ou encore d’aérogénérateurs).
2. BESOINS EN AUTONOMIE
ET COMPACITÉ : UN SECTEUR
EN PLEINE ÉVOLUTION.
Cet axe concerne la plupart des applications de
l’énergétique « nomade ». Ce défi, hautement relevé
par le domaine civil dans les applications des technologies de l’information et de la communication,
intéresse également les applications défense : énergie embarquée par le combattant pour les différents
systèmes de localisation, de détection, de transmission et de calcul, appoint des systèmes pour
veille discrète, alimentation de capteurs abandonnés. La spécificité des besoins défense a trait à la
disponibilité et la fiabilité des solutions (stockage,
sûreté et durcissement aux impacts). Certaines nations parmi lesquelles on retrouve encore les USA
(DARPA, DSO) le Japon (NEDO) mais également les
européens (UK, D) ont lancé des actions fortes en
directions des technologies d’énergie embarquée ou
renouvelable, tout comme la France au travers des
recommandations de la SNRI.
Les orientations comprennent en particulier :
● les micropiles à combustible (à catalyseurs et
interfaces nano composites), ainsi que les biopiles ;
● le stockage solide de l’hydrogène (hydrures métalliques, récepteurs nanoporeux, stockage sans
métal ...), les micro sources thermoélectriques,
POLITIQUE ET OBJECTIFS SCIENTIFIQUES ÉDITION 2010 - ORIENTATIONS 2011-2012
● les éléments de nouveaux capteurs photovoltaïques tout organique, ou hybride, ainsi que les
composés bio-photovoltaïques (protéines photosensibles) ;
● les cellules solaires à spectre étendu et rendement
accru, pour une meilleure ergonomie d’intégration (cellules souples intégrées aux vêtements,
panneaux enroulables pour l’emport) ;
● l’ensemble des techniques de récupération d’énergie mécanique (systèmes piézoélectriques).
3. PUISSANCE ET COMPACITÉ :
LES DÉFIS DU STOCKAGE
AU SERVICE DU COMBATTANT
Ce dernier axe, qui reste prioritaire pour le domaine,
concerne les solutions propres à doter les unités et
combattants projetés d’une capacité de libération
contrôlée d’énergie instantanée très élevée (répétitive ou non). Cet axe transversal au domaine est fortement marqué par les technologies des matériaux
(céramiques et polymères), de la chimie et de l’électrotechnique. Les nombreux thèmes qu’il recèle
sont à nouveau au programme du développement
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voire bio-thermoélectriques (micro-composants
thermoélectriques biocompatibles) ;
scientifique des nations dont les USA, le Japon, l’Europe (et prochainement la Chine) sont des acteurs
majeurs. On y recense en particulier :
● les techniques et matériaux pour le stockage
d’énergie électrique : meilleure robustesse et capacité des électrodes de condensateurs, amélioration de la fiabilité, nanocomposites, ... ;
● les nouvelles techniques électrochimiques pour la
mise en oeuvre de batteries de puissance accrue
(ex : filière lithium), et matériaux d’électrolytes et
d’interfaces associés ;
● les techniques et matériaux utilisés pour la gestion de la thermique dans les applications de
l’électronique de puissance : drains et ponts thermiques, isolants thermiques à conductivité électrique réglée, commutation haute énergie.
Cet axe fait l’objet d’une synergie accrue avec l’ANR
(programme «stock-e») pour les thèmes les plus
duaux ou de périmètres d’applications élargis.
Le secteur de l’énergie est aujourd’hui un secteur en
pleine évolution. Les recherches en composés d’intercalation préfigurent ainsi les performances de demain et permettront d’atteindre des capacités inédites pour les applications de puissance instantanée
(micro-ondes de forte puissance, flash laser, lanceur
électromagnétique, radar ultralarge bande, ....).
Actions prioritaires 2011– 2012
Dans le domaine des Matériaux :
Dans le domaine de la Chimie :
● la recherche de matériaux, de procédés et de
concepts permettant de répondre à la multifonctionnalité pour optimisation de la masse des matériels par rapport à l’éfficacité recherchée. On favorisera le recours a la modélisation et a la simulation
multiéchelle des relations entre la structure et les
propriété des matériaux. On se focalisera plus spécifiquement sur :
● des procédés nouveaux seront recherchés afin
d’intégrer la notion d’eco-conception aux matériels de défense et faire en sorte que les acteurs
concernés soient associés à la démarche du
meilleur coût à la fois financier et écologique,
- les solutions avancées pour améliorer encore l’efficacité des matériaux de blindage et de protections
resteront un axe privilégié des recherches (gains
de masse, comportement multiphysique, …) ;
- le maintien en condition opérationnelle des systèmes sera recherché par les concepts de matériaux autoréparants, ou autoadhérents, avec en
filigrane des approches nouvelles dans le domaine
du collage, des matrices organiques, des procédés, des moyens de contrôle et de détection des
défauts ;
● un seuil devra être franchi dans les matériaux à
comportement optique et électromagnétique, en
intégrant les aspects multispectraux (fenêtres,
maîtrise des signatures) et le contrôle en temps
réel des propriétés (reconfigurabilité, matériaux
commandables).
● le développement de techniques de détection haut
débit en opération sera recherché également afin
de mieux assurer la prévention des combattants
face aux menaces chimiques ou radiochimiques
et les méthodes de neutralisation ou de décontamination associées.
Dans le domaine de l’Energie :
● des méthodes de stockage chimique à haut degré
de densité d’emport et de fiabilité/sécurité (ex :
stockage hydrogène solide) devront permettre
le fonctionnement de systèmes de production
d’électricité en toutes circonstances (Pile à combustible nomade, ...),
● l’amélioration du rendement et de l’ergonomie
d’utilisation de sources d’énergie renouvelables
(eolien, solaire, thermique, mécanique, …) en
environnement non coopératif (capteurs photovoltaïques ou thermoélectriques robustes) sera
recherchée. ■
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