Images de soi ou de Fukushima - La Chaux-de

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Images de soi ou de Fukushima - La Chaux-de
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SAMEDI 12 MARS 2016 y“’“y
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LA CHAUX-DE-FONDS Vernissage de trois expositions, dont la traditionnelle Biennale.
Images de soi ou de Fukushima
CONTEXTE
C’est un Musée des beaux-arts rénové qui rouvre ses portes aujourd’hui
à La Chaux-de-Fonds (notre édition
d’hier). Trois expositions seront vernies pour l’occasion: la traditionnelle
Biennale d’art contemporain, «Nous
ne faisons que passer» et «Regards
d’enfants syriens en exil». Visite.
AU FIL DE LA LIGNE DES HORLOGERS
On aime à penser se balader au fil d’un itinéraire inspiré d’un road trip dont l’issue est incertaine. Le décor planté, nous savons d’emblée que nous n’allons pas nous y ennuyer. Le
chemin nous menant de Besançon à La Chaux-de-Fonds en passant par Le Locle, Mamirolle, Avoudray, Gilley ou Morteau nous entraîne dans des endroits pour le moins étranges.
Les photographes Pablo Fernandez (La Chaux-de-Fonds) et Hervé Dez (Paris) nous invitent
à nous plonger dans une aventure visuelle unique. Qui à part eux prendrait le temps de s’arrêter à chacune de ces stations de la ligne des horlogers? En général, les voyageurs ne font
que passer sur cet axe. Cela signifierait-il pour autant que cette zone se réduit à un non-lieu,
où finissent par se confondre zones agricoles, résidentielles, artisanales et industrielles, entrecoupées d’infrastructures de transport toujours plus envahissantes? Les images rapportées par les deux photographes relatent une réalité plus complexe. Ils sont allés à la rencontre de la population qui y habite et y travaille, en s’intéressant tout particulièrement aux jeunes
qui sont appelés à s’y projeter, élèves de diverses institutions de formation professionnelle
essaimées tout au long de la ligne. } FAB
DOMINIQUE BOSSHARD
La Biennale d’art contemporain, c’est,
d’abord, un rendez-vous d’une pérennité
exceptionnelle. Depuis 150 ans en effet, le
modus operandi n’a guère varié: les artistes viennent eux-mêmes déposer leurs
œuvres au Musée des beaux-arts de La
Chaux-de-Fonds (MBA), pour les soumettre à l’appréciation d’un jury – rien ne
se choisit sur dossier. Très fréquentée par
le public, la vitrine peut s’avérer extrêmement valorisante... Et l’expérience se
teinter de frustration pour celles et ceux
qui repartent bredouilles au terme d’une
sélection qui, forcément, se teinte d’une
part de subjectivité.
+ Du 13 mars au 22 mai. Vernissage ce soir à 17h.
●
REGARDS D’ENFANTS SYRIENS EN EXIL
La violence du conflit armé en Syrie est incontestablement l’un des plus grands drames humanitaires que le monde ait connus: il a contraint des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à fuir. Le Liban a accueilli à lui seul un million et demi de réfugiés syriens, ce qui équivaut à un quart de sa population. Qu’ils soient destinés à des réfugiés politiques,
climatiques ou à des migrants, ces camps deviennent au fil du temps de véritables lieux de
vie à ciel ouvert. Entre 2013 et 2014, des volontaires de l’ONG Zakira ont visité, avec le soutien de l’Unicef, une soixantaine de camps de réfugiés. Le photojournaliste libanais Ramzi
Haidar était lui aussi du voyage, afin d’enseigner les bases de la photographie. Il a ensuite
distribué 500 appareils photo jetables à des enfants vivant dans des conditions extrêmement
précaires. Le projet «Lahza 2» offre une perspective inhabituelle sur la migration, battant en
brèche de nombreux clichés. Au fil des photos et malgré la gravité de la situation, nous découvrons ébahis des visages d’enfants souriant, jouant dans la neige ou au ballon. Les paysages reflètent les changements de saison. On découvre un sens de l’organisation sans
faille afin de se protéger d’une énième tempête. Sur certaines images, nous pouvons également constater que des matériaux (bois, vieilles couvertures, palettes, bâche en plastique)
ont été récupérés pour se protéger d’éventuelles nouvelles intempéries. } FAB
«Un véritable défi»
La Biennale, c’est aussi une formidable
prise de température de l’art actuel, tel
qu’il se décline chez les artistes en lien –
affectif, géographique, la contrainte n’est
pas extrême – avec le canton de Neuchâtel, à qui l’événement est dédié. L’occasion de discerner quelques tendances,
comme l’effacement progressif de l’art
abstrait, la présence de plus en plus prégnante de la photographie parmi les œuvres présentées, ou la réflexion autour
des images existantes.
«A chaque Biennale, l’accrochage représente pour nous un véritable défi», relève
Lada Umstätter, la conservatrice du
MBA. Allusion faite à une diversité de
sujets et de médiums a priori rétifs à
toute forme de cohérence. Et pourtant...
Des thématiques sont apparues. Ainsi,
de nombreux artistes appréhendent les
bouleversements du monde sur le mode
de l’introspection ou de l’intime. Le portrait – celui que brosse, très proche de la
photographie, Jennifer Mermod de l’emblématique Markus Jura Suisse, par
exemple – ou l’autoportrait – celui de
+ Du 13 mars au 9 octobre. Vernissage ce soir à 17h.
●
«Der Erfolg» de Jennifer Mermod, un cliché de «Nous ne faisons que passer», le regard d’un
enfant syrien sur les camps, «Le Havre» de Raymond L’Epée. PIERRE BOHRER/PABLO FERNANDEZ-HERVE DEZ
l’artiste Miriam Lubin en petite fille – filtrent ce rapport au monde non dénué
d’inquiétude et de questionnements. A
l’image, encore, du travail de Xavier Voirol: en huit photographies de fruits et de
légumes entachés de pourriture, il revisite l’un des grands thèmes de la peinture, la Vanité. Du coup, son «petit théâtre» réaffirme la fragilité et la finitude de
toute chose ici bas...
D’autres observent frontalement les
réalités économiques, écologiques et so-
ciales qui tissent l’actualité. On retiendra
l’époustouflant triptyque de Guy Oberson, qui saisit à la pierre noire la vague dévastatrice de Fukushima. Ou la vidéo de
Marie Reber, «Don’t Smile, Normal», qui
pose un regard très intrigant sur la décharge fumante de Maputo, au Mozambique, et ceux qui sont contraints de l’écumer pour survivre. Est-il possible
d’observer l’autre sans aucune ambiguïté? On s’est également arrêté sur les images en noir et blanc de Boris A, qui s’attar-
dent sur les objets banals de l’existence
dans la zone de Tchernobyl, vestiges empreints d’une poignante nostalgie...
D’autres artistes encore s’inscrivent
dans une démarche que Lada Umstätter
qualifie de postmoderne, en se référant
aux flots d’images et aux codes qui alimentent internet et les réseaux sociaux.
Laurent Pheulpin réussit un amalgame
très parlant de l’obsession de l’éternelle
jeunesse et des ans l’irréparable outrage.
Geneviève Petermann, elle, récupère
avec une bonne dose d’humour et de fantaisie les messages et les portraits diffusés
sur les sites de rencontres, avec une série
de toasts et de tranches de fromage intitulée «Croque-Messieurs». }
LA 72E BIENNALE est organisée par la
Société des amis du musée (SaMba),
du 13 mars au 22 mai au Musée
des beaux-arts de La Chaux-de-Fonds.
Vernissage ce soir à 17h.
165 artistes ont tenté leur chance cette
année (un record!), 46 ont été retenus.
PRIX Les Prix de la Biennale (décerné
par le jury), de la fondation HugueninDumittan (décerné par le comité
de la SaMba), les Prix du public et
des jeunes critiques (décerné par un
jury d’enfants) seront remis le 29 avril.
= LE LIVRE DE LA SEMAINE
= TROIS QUESTIONS À...
EVELYNE
LECLERCQ
ACTRICE,
EX-ANIMATRICE TV
REPÈRES
«C’est un vrai bonheur de faire rire une salle entière»
Pourvu qu’il soit heu-reux!
Après des années sans nouvelles, Nadège débarque soudainement dans la vie
d’Hubert, son ancien compagnon de
classe. Déjà à l’époque, tout les opposait.
Aujourd’hui, Hubert est un vieux garçon à
la vie sexuelle inexistante. Au contraire,
Nadège est sexy, aguicheuse et manipulatrice... «Ma colocataire est une garce»,
pièce de Fabrice Blind et Michel Delgado,
est un grand succès du théâtre de boulevard. La comédie a été jouée déjà plus de
5000 fois à ce jour. Pour cette version, Hubert est incarné par Maurice Risch, rendu
célèbre pour ses rôles auprès de Louis de
Funès dans la série des «Gendarmes». Le
personnage de Nadège est interprété
quant à lui par Evelyne Leclercq, l’ancienne speakerine de TF1 ayant animé
l’émission «Tournez manège» dans les
Taaa taadaamm!! Oyé, oyé! Avis à la population! Le roi
Grobull, «taureau-tyran craint et respecté», décide que le
grand jour de marier son fils Jean-Georges est enfin arrivé!
Pour faciliter le choix de son fiston, il fait venir les plus belles vaches de la région. Mais aucune ne trouve grâce à ses
yeux. Qu’à cela ne tienne! Grobull veut bien que son fils
choisisse une autre demoiselle (tant que ce n’est pas une
chèvre!) pourvu qu’il soit heu-reux! Car c’est bien cela le
plus important, non? Arrivent alors les plus belles truies.
Mais encore une fois, Jean-Georges ne trouve pas chaussure à son pied. Les autres espèces, plus jolies les unes que
les autres, n’y changeront rien… Car le cœur de Jean-Georges est déjà pris… Et pas par celle que l’on croit! Un livre qui
aborde les préjugés et les stéréotypes avec humour et panache. Une mise en scène délicieuse de personnages
subtils et expressifs fait que cette histoire nous rend tout
simplement heu-reux!
«Heu-reux!»,
Et c’est bien ça le plus
Christian Voltz,
Le Rouergue Jeunesse
important, non? }
années 1980-1990. Nous avons pu la joindre par téléphone.
Qu’est-ce qui vous a amenée à participer à cette comédie à succès?
On me l’a proposé, tout simplement. Je
fais du théâtre depuis une trentaine d’années, plutôt des comédies. Celle-ci fonctionne très bien, il y a juste deux personnages très drôles. Lorsqu’on m’offre de
jouer dans une bonne pièce, je suis ravie
de l’accepter.
Qu’aimez-vous dans le théâtre de
boulevard? Le préférez-vous au
théâtre classique?
J’ai commencé en jouant du classique,
avec «Don Juan» de Molière. Avec les comédies de boulevard, je me régale. Faire
rire les gens est vraiment jouissif. Certains
se complaisent dans les drames, moi
non, j’adore jouer la comédie. C’est un
vrai bonheur de faire rire une salle entière.
Qu’avez-vous trouvé au théâtre qui
manque à la télévision?
Cela n’a rien à voir, ce sont deux métiers
complètement différents. On ne peut pas
vraiment comparer l’un et l’autre. Le seul
point commun est d’être du spectacle. Je
ne peux pas expliquer pourquoi, mais je
trouve le théâtre beaucoup plus difficile
que la télévision. } RAFFAELE PRACCHI
+ Neuchâtel temple du Bas, me 16 mars à 20h,
●
location: Strapontin, 032 717 79 07; La Chauxde-Fonds, l’Heure bleue, di 24 avril à 15h,
location: TPR, 032 967 60 50 ou www.tpr.ch
MARIE-ANNE
AEBY
LIBRAIRIE
LE RAT CONTEUR
NEUCHÂTEL