Économie du savoir : dossier

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Économie du savoir : dossier
Analyse de Bruno RICHARDOT
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I2D - Information, données & documents
n°2, juin 2015
©ADBS
Économie du savoir : dossier
N° de Savoirs, 2014, n°34. – ISBN 978-2343-03181-1 : 13 € (diffusion L’Harmattan)
Jean-Pierre Bouchez, Corinne Baujard, Claire Duchesne, Nathalie
Gagnon
UNE SYNTHÈSE COMPLÈTE SUR L’ÉCONOMIE DU SAVOIR
Qui veut savoir rapidement ce qui s’est dit de l’économie du savoir sera ici comblé. L’auteur nous livre
une authentique synthèse bibliographique ou plutôt documentaire : sur un fonds de 80 références ne
sont mobilisées que les idées et les informations qui permettent à l’auteur de la synthèse d’étayer et
d’illustrer la problématique qui est la sienne.
Cette problématique, nous la connaissons : Marie-France Blanquet en a fait état lorsqu’elle présentait
pour Doc-SI1 l’ouvrage que Jean-Pierre Bouchez publia en 2012, L'économie du savoir : construction,
enjeux et perspectives. De cet ouvrage, la présente note de synthèse reprend, d’une part, la seconde
partie, intitulée « Un nouveau régime de croissance autour de l'économie de la connaissance et de
l'innovation » (p. 147-230), en en condensant drastiquement le propos et, d’autre part, la conclusion (p.
353-362).
L’auteur commence par exhiber ce qu’il appelle les « composantes de l’économie du savoir », c’est-à-dire le savoir, les finances, les
nouvelles technologies de l’intellect et le territoire, autant de pôles dont les « liaisons interactives » produisent la « dynamique de
l’économie du savoir ». Dans ce fonctionnement apparaissent assez nettement les antagonismes entre le pôle du savoir et celui des
finances, au sein d’une relation « globalement asymétrique » qui débouche fatalement sur la privatisation et la « marchandisation
excessive du savoir », dit l’auteur, avec la captation et la codification des connaissances, la propriété intellectuelle étant qualifiée de
dispositif ambivalent où le brevet finit par empêcher l’innovation.
Parmi les pistes évoquées pour libérer l’innovation, outre la nécessaire sanctuarisation des dépenses publiques d’investissement en
R&D et en éducation, l’auteur revient à un concept forgé par l’économiste néoclassique Paul A. Samuelson au milieu des années cinquante, celui de « bien public mondial ». Un bien public satisfait en même temps à deux exigences : celle de « non rivalité » (bien inépuisable, sa consommation par un usager ne réduisant pas la consommation par les autres) et celle de « non exclusion » (bien dont
l’accès n’est pas soumis à condition, d’où sa gratuité notamment). Le fameux rapport publié par la PNUD en 1999 (Global public goods)
mettait le savoir au rang des biens publics mondiaux...
Qui veut savoir rapidement ce qui s’est dit de l’économie du savoir sera ici servi. Mais qui veut se poser les bonnes questions au sujet
du savoir et de son économie pourra poursuivre sa route avec Jean-Pierre Bouchez, par exemple en lisant son ouvrage de 2012. Et,
comme disait Pierre Caspar, éditorialiste de la livraison de Savoirs, « face à l’amplitude et à la complexité de cette analyse, nous pouvons nous demander ce qui peut avoir un impact direct sur nous ; en particulier lorsqu‘on exerce les ʺ métiers du savoirʺ chers à Jean
Pierre Bouchez ».
Les documentalistes et autres gestionnaires de l’information ne sont-ils pas des professionnels du savoir, ces « piétons du savoir » dont
parlait Serge Cacaly il y a trente ans2 et dont Suzanne Briet revendiquait haut et fort la teneur intellectuelle du métier il y a plus de
soixante ans ?∎
1
http://www.adbs.fr/l-economie-du-savoir-construction-enjeux-et-perspectives-jean-pierre-bouchez-preface-de-bernard-ramanantsoa-133935.htm?RH=ACCUEIL
2
« Les piétons du savoir : la profession de documentaliste en France aujourd'hui ». Compte rendu de l'enquête sur la situation des documentalistes en France en
1984. Documentaliste-Sciences de l’information, 1985, vol. 22, n°6, p. 208-215