procession pénitentielle de l`église saint

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procession pénitentielle de l`église saint
PROCESSION PÉNITENTIELLE
DE L'ÉGLISE SAINT-ANSELME
À LA BASILIQUE SAINTE-SABINE SUR L'AVENTIN
MESSE, BÉNÉDICTION ET IMPOSITION DES CENDRES
HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI
Basilique Sainte-Sabine
Mercredi des Cendres, 9 mars 2011
(Dans le texte ci-dessous, vous trouverez en italique les paroles de Sa Sainteté
Benoît XVI pape émérite, et en gras, mes propres commentaires).
Chers frères et sœurs!
Nous entamons aujourd’hui le temps liturgique du carême avec le rite suggestif de
l’imposition des cendres, à travers lequel nous voulons prendre l’engagement de
convertir notre cœur vers les horizons de la Grâce.
Le temps du carême ne doit pas être considéré simplement comme un rituel, un
temps où l'on effectue des actes et des privations extérieurs, comme s'abstenir de
manger telle ou telle chose par exemple. C'est un temps qui nous est donné pour
que s'opère une conversion réelle de notre cœur, de notre intériorité. Voici déjà un
point très important de cette homélie du pape Benoît XVI ; il nous fixe l’orientation
de ce temps de carême : nous allons vers la Grâce.
En général, dans l’opinion commune, ce temps a parfois une connotation de tristesse,
de grisaille de la vie. En revanche, il est un don précieux de Dieu, c’est un temps fort et
dense de significations sur le chemin de l’Église, c’est l’itinéraire vers la Pâque du
Seigneur.
Nous devons considérer ce temps du carême comme un "don précieux de Dieu",
nous dit le pape Benoît XVI. Il ne doit pas être vécu comme un fardeau, dans la
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tristesse, car cette dernière féconde la lourdeur, elle nous paralyse et, par
conséquent, elle fait que nous n'avons pas vraiment envie de vivre pleinement ce
temps qui nous est donné.
Les lectures bibliques de la célébration de ce jour nous offrent des indications pour
vivre en plénitude cette expérience spirituelle.
Le pape Benoît XVI accorde beaucoup d'importance à la liturgie des lectures
bibliques. Nous pouvons y voir nous-mêmes une invitation à nous plonger
davantage dans la liturgie que l’Église nous propose à travers la Parole de Dieu
pendant ce temps du carême, à prendre du temps pour la méditer.
"Revenez à moi de tout votre cœur" (Jl 2,12). Dans la première lecture, tirée du livre
du prophète Joël, nous avons entendu ces paroles par lesquelles Dieu invite le peuple
juif à une repentance sincère et non de pure forme. Il ne s’agit pas d’une conversion
superficielle et passagère, mais bien d’un itinéraire spirituel qui concerne en
profondeur les attitudes de la conscience et suppose une intention sincère de repentir.
Prenons garde, nous aussi chrétiens, de ne pas tomber dans ce travers qui consiste
à nous repentir simplement dans la forme, de manière superficielle. Chacun est
invité à vivre une véritable repentance intérieure, là où il se trouve, se souvenant
que Dieu seul « sonde les reins et les cœurs » (Jr 11, 20). Le pape Benoît XVI évoque
un "itinéraire spirituel" qui suppose d'adopter une certaine attitude intérieure,
d'être en vérité avec soi-même, sans se culpabiliser pour autant.
Le prophète s’inspire de la plaie de l’invasion des sauterelles qui s’était abattue sur le
peuple en détruisant les récoltes, pour inviter à une pénitence intérieure, à se lacérer
le cœur et non les vêtements (cf. 2, 13). Il s’agit donc de mettre en œuvre une attitude
de conversion authentique à Dieu — revenir à Lui —, en reconnaissant sa sainteté, sa
puissance, sa majesté. Et cette conversion est possible parce que Dieu est riche en
miséricorde et grand dans l’amour.
Voici le point qui m'interpelle le plus dans cette homélie : ce n'est pas nous qui
rendons possible notre propre conversion, ce ne sont pas les efforts que nous
faisons, les décisions que nous prenons de moins manger ou de moins boire, de
limiter telle ou telle chose... Si notre conversion est possible, c'est, en vérité,
uniquement à cause de la grande miséricorde de Dieu, du grand amour qu'Il a pour
toi et moi ! C'est Lui et Lui seul qui donne à chacun cette possibilité de se tourner
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vers Lui, ce désir de revenir à Lui. Bien sûr, il nous laisse libre : il attend simplement
notre "oui". C'est à nous qu'il revient de le lui donner... Ainsi, ce qui importe
réellement, au-delà des choses que nous avons décidé de mettre en pratique, c'est
que nous nous tournions vers Lui, que nous reconnaissions qui Il est et que nous lui
soyons reconnaissants pour ce désir de conversion qu'Il met en nous.
Sa miséricorde est régénératrice, elle crée en nous un cœur pur, renouvelle
intimement un esprit ferme, en nous restituant la joie du salut (cf. Ps 50, 14).
Je trouve réellement très fort, très puissant, ce que nous dit ici le pape Benoît XVI à
propos de la miséricorde divine : elle ne réside pas simplement dans le pardon des
péchés, elle est "régénératrice", elle "crée en nous un cœur pur" ! Pour moi, la plus
grande miséricorde divine, le plus grand cadeau que Dieu nous fait, c'est ce pouvoir
qu'il a donné à chaque personne qui accueille Jésus de devenir "enfant de Dieu" (Jn
1, 12), cette nouvelle naissance qu'Il nous donne. Dieu ne nous abandonne pas à
notre état de vieil homme. Dans sa grande miséricorde, Il nous a donné la
possibilité d'être enfantés par Lui, par adoption en Jésus-Christ. Et c'est cet homme
nouveau ainsi créé qui peut recevoir et accueillir ce "cœur pur", pas le vieil homme.
D'où l'importance de nous convertir toujours davantage et de revenir toujours plus
vers Dieu.
Dieu, en effet, — comme dit le prophète — ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il
se convertisse et vive (cf. Ez 33, 11). Le prophète Joël ordonne, au nom du Seigneur,
que se crée une atmosphère pénitentielle propice : il faut sonner du cor, convoquer
l’assemblée, réveiller les consciences. Le temps quadragésimal nous propose ce
contexte liturgique et pénitentiel, un chemin de quarante jours au cours desquels faire
l’expérience de manière concrète de l’amour miséricordieux de Dieu. Aujourd’hui
retentit pour nous l’appel "Revenez à moi de tout votre cœur" ; aujourd’hui, c’est nous
qui sommes appelés à convertir notre cœur à Dieu, toujours conscients de ne pas
pouvoir réaliser notre conversion seuls, avec nos forces, parce que c’est Dieu qui nous
convertit.
Ce passage insiste à nouveau sur l'appel qui nous est fait pendant ce temps du
carême à nous convertir de tout notre cœur. Il nous rappelle que cela ne peut se
réaliser que par Dieu car c'est Lui et Lui seul qui convertit. Cette période de
quarante jours est un temps propice pour faire le point sur notre relation avec Dieu
et sur nous-mêmes car nous sommes toujours tous plus ou moins pris par nos
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occupations... De la même manière que nous prenons, de temps à autre, des
vacances pour reposer notre corps et notre esprit, nous avons aussi besoin de ce
temps pour revenir à Dieu dans la joie, pour expérimenter son amour et sa
miséricorde.
Il nous offre encore son pardon, en nous invitant à revenir à Lui pour nous donner un
cœur nouveau, purifié du mal qui l’opprime, pour nous faire prendre part à sa joie.
Notre monde a besoin d’être converti par Dieu, il a besoin de son pardon, de son
amour, il a besoin d’un cœur nouveau.
Pour finir, je vous propose de prendre un temps de silence et de méditer ces
paroles du pape Benoît XVI, de contempler le Seigneur à travers une icône, un
crucifix ou bien tout simplement en nous-mêmes puisque nous sommes temples de
Dieu ! Oui méditons, contemplons, prenons toujours plus conscience que le
Seigneur nous offre son pardon, qu'Il nous invite sans cesse à revenir à Lui, pour
nous-mêmes, parce qu'Il désire nous donner un cœur nouveau. Il nous attend
simplement, il ne nous impose rien car l'Amour ne s'impose pas.
Bonne méditation, bonne contemplation et bon retour vers Dieu, notre Père éternel,
rempli de miséricorde, dans la joie et le bonheur d’être sauvés en permanence par
Jésus le Christ notre Dieu et notre Sauveur ! Amen.
Par Jean-Marie Élie Setbon, avec la collaboration de Sophie Déplanque.
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