Le retour de la cerise noir

Transcription

Le retour de la cerise noir
Le retour de la cerise noir
L'urbanisation galopante a fait de la noire de Montreux - une cerise - une espèce en voie
d'extinction. Pour que son goût ne reste pas qu'un souvenir, les jardiniers de la Ville
mettent en vente 57 plants de cerisiers.
Aix a ses Calissons, Cambrai ses Bêtises. Et Montreux - ô surprise -joue aussi la gourmande au
nombre des villes aptes à titiller les papilles gustatives. Sa cerise - la noire de Montreux - à l'appui.
Difficile à croire, non? Pourtant l'histoire, même hors les frontières suisses, atteste de l'existence
d'un fruit «sucré, fin, vineux, rafraîchissant dont les hommes et les oiseaux sont friands».
En revanche, tenter un «j'aimerais un kilo de noires de Montreux» au marché hebdomadaire est
aujourd'hui peut-être un peu risqué! Le fruit - à l'origine rapporté du Caucase par un général
romain - a eu son heure de gloire sous l'appellation «Montreux». «De l'après-guerre jusqu'aux
années 70», précise même Pierre-Vincent Cochard qui, longtemps, a tenu étal sous le Marché
couvert. «Pourquoi on nous en demandait? Parce qu'elle était bonne! Malheureusement, nos arbres
ont vieilli, et nos téntatives pour replanter ont échoué.»
En résumé... toute l'histoire de cette variété de guigne qui, peu à peu, a disparu des vergers
montreusiens. Par la faute, aussi, de la pression urbanistique.
La dernière qui sonne
Sous son tablier de chef jardinier, Bertrand Nanchen observait le phénomène: «La noire de
Montreux? On en parle toujours, mais difficile d'en trouver une à croquer. Les rares spécimens
fleurissant encore vieillissent, il fallait agir pour ne pas perdre cette variété.»
Dont acte! Alimentée par trois arbres repérés à Montreux, la nursery n'avait plus qu'à faire ses
preuves sous l'oeil expert du Dr ès sciences Roger Corbaz. Ne materne pas qui veut la noire de
Montreux, et il fallait s'assurer de l'authenticité du produit! En effet... des trois donneurs, seuls
deux se sont révélés originaux. Ils ont permis 90 greffages, qui ont débouché sur 57 plants mis en
vente dès aujourd'hui. Avec, au bout du compte, le pactole pour la commune de Montreux? «II
s'agit de préserver le patrimoine, l'opération n'a aucune visée pécuniaire», rétorque Bertrand
Nanchen.
Cerise sur le gâteau
Née comme un fruit du hasard - parce qu'issue de rapport de bons voisinages au nom desquels on
s'offrait les fruitiers à greffer - la noire de Montreux est donc à nouveau promise au savant
alignement sur une tarte prête à crépiter au four. Ou alors, au tonneau! Les connaisseurs disent
qu'elle donne une eau-de-vie très appréciée...
24heures-Riviera Chablais - FLORENCE MILLIOUD HENRIQUES
La cerise noir de Montreux (Prunus avium) est un arbre de la famille des Rosacées, à feuilles
caduques oblongues dentées, à écorce fine ayant tendance à s'exfolier, à fleurs blanches
pédonculées par petits groupes, à fruits charnus rouge foncé ou noirs, sucrés ou acides. C'est l'une
des deux espèces de
cerisiers sauvages à
l'origine des variétés
cultivées.
Roger Corbaz (à gauche)
et Bertrand Nanchen,
heureux d'avoir redonné
vie à une variété locale de
cerises qui a une
réputation internationale.
Exportée, la noire de
Montreux aurait aussi été
cultivée dans la région de
Montbéliard jusqu'en
1945.
Le service des Espaces
verts de Montreux met en
vente au prix coûtant, soit
75 francs, 57 plants de
cerisiers de Montreux
prêts à être mis en terre.
Réservation indispensable
au 021 989 87 20.
Le délai court jusqu'au 6
avril 2007 (Stock épuisé)

Documents pareils