18. HoReCa et bruit - Environnement.Brussels

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18. HoReCa et bruit - Environnement.Brussels
Les données de l'IBGE : "Le bruit à Bruxelles"
18. HORECA
1998
ET BRUIT
1.Introduction
Si le secteur HoReCa (Hôtels, Restaurants et Cafés) est une source incontestée de nuisances sonores, la
réalisation d’un inventaire localisé (cadastre) du bruit engendré par les hôtels, restaurants et cafés reste
difficile à exécuter: Nous ne disposons ni de la localisation de tous les établissements, ni de mesures
acoustiques pour chacun d’eux.
La majorité des établissements ne sont pas soumis à permis d’environnement. Les permis concernent en
effet les établissements comportant une salle de fête de plus de 200 m2(1). La bonne volonté de l’exploitant
entre fortement en ligne de compte lorsqu’il s’agit de maîtriser le bruit émis.
Les données aujourd’hui disponibles proviennent de mesures effectuées dans le cadre du contrôle des
normes en vigueur, suite à des plaintes déposées par des voisins. Comme les appareils ont été placés dans
des habitations mitoyennes aux établissements incriminés, les informations concernent le bruit perçu à
l’intérieur.
Avec 31% des plaintes, le secteur HoReCa occupe la première place parmi les plaintes enregistrées par le
département Inspectorat de l’IBGE. Enfin, une étude réalisée en 1998 auprès des communes bruxelloises(3)
place ce secteur en première position des plaintes enregistrées par la commune et la police.
En Région de Bruxelles-Capitale, une multitude de fonctions urbaines se côtoient, parmi elles les fonctions
de loisirs et d’habitation, aux aspects et implications parfois à priori contradictoires. En effet, les
établissements de type HoReCa fonctionnent principalement le soir, la nuit et le week-end, quand la plupart
des personnes sont libres de leurs occupations professionnelles. Mais ce sont également les moments où les
gens se reposent de leur journée ou de leur semaine et pendant lesquels ils aspirent au calme.
Cette fiche présente trois études de cas: un débit de boissons, un restaurant et un night-club. Ce sont des
cas type représentant bien le secteur concerné.
Chaque mesure est accompagnée d’une mesure de bruit de fond pour quantifier l’augmentation due à
l’activité.
2.Cas 1: débit de boissons
Un débit de boissons engendre deux types de nuisances sonores: celles directement liées à l’exploitation de
l’établissement (en particulier, l’émission de musique) et celles liées au comportement des clients qui entrent
et sortent du café.
Des mesures ont été effectuées dans une habitation voisine pour analyser l’impact de la musique sur
l’environnement (figure 18.1). Les autres sources de bruit n’ont pas été analysées, le bruit lié au
comportement étant difficilement quantifiable.
Les mesures ont été prises la nuit entre 0h00 et 0h30 dans la pièce la plus exposée de l’habitation voisine.
Le niveau de bruit de fond est de 25 dB(A). Lorsque la musique est en fonctionnement, ce niveau atteint
28,6 à 35,2 dB(A), soit une augmentation de 3,6 à 10,2 dB(A). Une telle variation du niveau de bruit, qui en
journée peut ne pas perturber les riverains peut gêner le sommeil la nuit, et de ce fait devenir une nuisance.
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Figure 18.1 : Résultats des mesures du bruit d’un débit de boissons engendré par l’émission de musique,
réalisées en continu dans une habitation voisine de l’établissement, n = 8 (IBGE, 1994)
Le problème peut être résolu de plusieurs manières: l’exploitant de l’établissement peut modifier son
comportement en diminuant le niveau d’émission de la musique; changer la position des baffles peut parfois
améliorer la situation (par exemple, en les déplaçant du mur mitoyen vers un endroit moins sensible); un
limitateur de bruit peut être installé sur la chaîne d’amplification de l’installation de sonorisation; enfin,
l’exploitant peut isoler son établissement de manière à réduire la propagation du bruit à travers le mur
mitoyen (il doit alors veiller à ce que le son ne se propage pas par les fenêtres et portes ouvertes) et d’autre
part, en sensibilisant ses employés au respect du voisinage.
Si des solutions techniques existent pour réduire le bruit directement lié à l’exploitation de l’établissement
(musique, hotte, conditionnement d’air, etc.) et peuvent être suggérées voire recommandées, la situation
n’est pas aussi simple pour le bruit lié au comportement des clients à l’extérieur de l’établissement
(nuisances sonores dues aux cris, claquements de portières, klaxons, etc.); la seule solution passe par la
sensibilisation des clients au respect du voisinage. Cette sensibilisation peut se faire à plusieurs niveaux:
Etat fédéral, Région et Commune.
3.Cas 2: restaurant
Cette deuxième étude de cas porte sur un restaurant où le bruit provient de spectacles musicaux le weekend, du fonctionnement des cuisines (hotte et bruits de vaisselle) et du comportement des clients. Il s’agit
de nouveau de nuisances sonores liées directement et indirectement à l’exploitation de l’établissement.
Les problèmes liés à l’exploitation d’un restaurant (types de nuisances sonores et créneaux horaires) sont du
même ordre que ceux d’un débit de boissons.
Une première campagne de mesures en continu a été réalisée pour quantifier le niveau de bruit des sources
sonores d’ambiance (cris, rires et applaudissements du public présent lors des spectacles) et des sources
sonores musicales perçues dans une chambre à coucher de la maison voisine (figure 18.2).
Les mesures ont été prises entre 22h45 et 0h15. Des niveaux de bruit de fond de 23,3 et 23,6 dB(A) ont
été relevés. Les sources sonores d’ambiance engendrent un niveau de bruit de 32,6 dB(A), et de 34,4 et
37,4 dB(A), soit une augmentation respectivement de 9,3 dB(A), et de 10,8 et 13,8 dB(A).
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Figure 18.2 : Résultats des mesures du bruit engendré par les sources sonores d’ambiance du restaurant,
réalisées en continu dans une habitation voisine de l’établissement, n = 3 (IBGE, 1994)
La seconde source sonore analysée est la musique. La figure 18.3 présente les niveaux de bruit enregistrés
entre 22h45 et 23h30 dans la même chambre à coucher de la maison voisine.
Le niveau de bruit de fond est de 25 dB(A). Lorsque la musique est en fonctionnement, le niveau de bruit
atteint 29,9 à 32 dB(A), soit une augmentation de 4,9 à 7 dB(A). Dans le cas présent, le niveau de bruit est
davantage influencé par l’ambiance suscitée par les spectacles que par l’émission de musique.
Figure 18.3 : Résultats des mesures du bruit engendré par les sources sonores musicales du restaurant,
réalisées en continu dans une habitation voisine de l’établissement, n = 4 (IBGE, 1994)
Le restaurant a été isolé sur le plan acoustique et un système de conditionnement d’air a été installé pour
compenser la fermeture des fenêtres. Suite à ces aménagements, une nouvelle source sonore est apparue: le
conditionnement d’air. Une nouvelle campagne de mesures a été réalisée pour quantifier l’impact des
différentes sources. La figure 18.4 présente les résultats obtenus pour le conditionnement d’air, la musique
et les sources sonores d’ambiance.
Les mesures ont été prises le week-end (du vendredi 19h au lundi 7h). Le niveau de bruit de fond est de 37,4
dB(A). On constate une augmentation de ce niveau de bruit de 10,3 dB(A) pour le conditionnement d’air, de
13,8 dB(A) pour la musique et de 15,4 dB(A) pour les sources d’ambiance.
L’isolation de l’établissement n’a donc pas apporté d’amélioration suffisante. Le problème de la perception
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jour/nuit du niveau de bruit par les voisins du restaurant est le même que dans la première étude de cas.
Les solutions aux nuisances sonores comportent d’une part des mesures techniques et d’autre part la
sensibilisation de la clientèle.
Figure 18.4 : Résultats des mesures du bruit du restaurant, réalisées dans une habitation voisine de
l’établissement, n = 3 (IBGE, 1995)
4.Cas 3: night-club
Les nuisances sonores sont liées soit directement à l’exploitation de l’établissement (en particulier,
l’émission de musique à forte intensité), soit indirectement (comportement bruyant des clients à la sortie de
l’établissement).
Les nuisances sonores d’un night-club sont particulièrement ressenties le week-end. Le créneau horaire de
fonctionnement est un peu différent de celui des cafés et restaurants, car il s’étend jusqu’à des heures
avancées de la nuit, voire jusqu’aux petites heures du matin.
Le problème lié à l’émission de musique à forte intensité est double: elle se propage à travers les murs, mais
aussi à chaque ouverture de la porte d’entrée de l’établissement.
Une première campagne de mesures en continu a été réalisée pour quantifier le niveau sonore engendré par
l’émission de musique tel qu’il est perçu dans une chambre d’une habitation voisine du night-club (figure
18.5).
Les mesures ont été prises entre 0h30 et 2h30. Le niveau de bruit de fond est de 27,2 dB(A). L’émission de
musique engendre un niveau de bruit de 33 à 38,9 dB(A), soit une augmentation de 6,2 à 11,7 dB(A). Il s’agit
d’une variation importante du niveau sonore.
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Figure 18.5 : Résultats des mesures du bruit du night-club, réalisées en continu dans une habitation voisine
de l’établissement, n = 11 (IBGE, 1994)
Les conclusions des deux études de cas précédentes sur la perception du bruit restent identiques, avec un
paramètre supplémentaire qui est celui de l’étalement du créneau horaire dans la nuit.
Un sas acoustique a été placé à l’entrée de l’établissement. De nouvelles mesures ont été réalisées dans la
chambre des voisins pour attester de l’efficacité de ces travaux.
La figure 18.6 présente les résultats obtenus entre 23h15 et 1h15 pour la mesure des sources sonores
musicales du night-club. Ces mesures ont également été effectuées dans la même chambre mitoyenne à
l’établissement incriminé.
Les niveaux de bruit de fond relevés sont de 25,3 et 27,2 dB(A). Les comportements bruyants des clients
de l’établissement élèvent ces niveaux respectivement à 42,2 et 41,3 dB(A), soit des augmentations de 14,1
et 16,9 dB(A). Le caractère impulsif de ces types de bruit sont de nature à les rendre particulièrement
gênants pour les riverains, d’autant plus qu’ils se produisent en période nocturne.
Figure 18.6 : Résultats des mesures du bruit engendré par les sources sonores d’ambiance du night-club,
réalisées en continu dans une habitation voisine de l’établissement, n = 2 (IBGE, 1995)
La figure 18.7 présente les résultats des mesures prises entre 23h45 et 1h15 pour les sources sonores
d’ambiance (cris, claquements de portières, klaxons, etc.).
Sans musique, le niveau de bruit de fond relevé est de 30,2 dB(A). L’émission de musique engendre un niveau
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de bruit de 37,2 à 41,3 dB(A), soit une augmentation de 7 à 10,8 dB(A).
Figure 18.7 : Résultats des mesures du bruit engendré par les sources sonores musicales du night-club,
réalisées en continu dans une habitation voisine de l’établissement, n = 10 (IBGE, 1995)
Une des solutions efficaces pour réduire les nuisances sonores d’un night-club est la pose d’un sas
acoustique à l’entrée (elle se justifie moins dans le cas d’un café ou d’un restaurant). Toutefois, elle est
souvent refusée par les services de protection incendie pour des raisons de sécurité en cas d’évacuation de
l’établissement.
Malgré tout, cela peut s’avérer insuffisant et d’autres moyens doivent être mis en œuvre pour améliorer la
situation: sensibilisation des clients (le niveau sonore choisi est parfois fortement lié à l’appréciation de la
clientèle d’où un refus de la part de l’exploitant de baisser la musique), isolation acoustique chez l’exploitant
et position judicieuse des éléments amplificateurs.
5.Conclusions
Les activités présentées dans ces trois études de cas génèrent une augmentation appréciable du niveau
sonore perçu chez les voisins. Bien que le niveau de bruit mesuré dans un night club soit plus élevé que celui
d’un café ou d’un restaurant, les bruits perçus dans l’habitation voisine sont du même ordre étant donné les
normes d’isolation acoustiques plus sévères.
L’exploitant peut-il être tenu responsable des nuisances provoquées par ses clients en-dehors de son
établissement ? Lorsque l’établissement est soumis à permis d’environnement, une clause de responsabilité
concernant le comportement des clients de l’établissement peut être insérée. Des expériences pilotes de «
contrat de confiance » ont montré des résultats encourageants.
Le problème des nuisances sonores liées directement ou indirectement à l’exploitation d’établissements de
type HoReCa, soulève le problème de la mixité des fonctions urbaines. Tout doit être mis en œuvre pour
permettre aux différentes fonctions de la ville de se côtoyer en harmonie. Deux types d’action peuvent être
entrepris pour diminuer l’inconfort du voisinage. Il s’agit de mesures techniques après études approfondies
et garanties de résultats, et de la sensibilisation des clients.
Sources
1.
Ordonnance relative aux permis d’environnement du 5 juin 1997 (M.B. 26.VI.1997) complétée par les
articles et l’annexe encore en vigueur de l’ordonnance relative au permis d’environnement du 30 juillet
1992 (M.B. 29.VIII.1992), modifiés par l’ordonnance du 23 novembre 1993 (M.B. 26.XI.1993).
2.
« Les Nuisances Acoustiques en Région de Bruxelles-Capitale », Enquête réalisée par InterEnvironnement Bruxelles, à l’initiative de l’IBGE, 36 pp., 1996.
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3.
« Enquête auprès des administrations communales sur les nuisances sonores », Enquête réalisée par le
bureau ESHER-Environnement, à l’initiative de l’IBGE, 94 pp., 1998.
4.
Documents et Base de données, IBGE, Inspectorat de l’environnement
Autres fiches à consulter
Carnet "Le Bruit à Bruxelles"
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1. Perception des nuisances acoustiques en Région de Bruxelles-Capitale
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2. Notions acoustiques et indices de gêne
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3. Impact du bruit sur la gêne, la qualité de la vie et la santé
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14. Chauffage, ventilation, conditionnement d’air et bruit
•
15. PME et bruit
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36. Traitement et analyse des plaintes relatives au bruit
•
37. Normes de bruit et valeurs guide utilisées en Région de Bruxelles-Capitale
•
41. Cadre légal bruxellois en matière de bruit
Auteur(s) de la fiche
BOULAND Catherine, DELLISSE Georges, DUSSART Jean-Rodolphe, STEFIANI Ismaël
Date de mise à jour : 1998.
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