L`aéroport de Beyrouth renforce sa position de hub aérien

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L`aéroport de Beyrouth renforce sa position de hub aérien
L’aéroport de Beyrouth renforce sa position
de hub aérien
TRANSPORTS
Si le lancement de plusieurs liaisons avec Beyrouth confirme la
bonne santé de l'activité de l'aéroport, son impact sur le
secteur touristique est plus difficile à établir.
Philippe HAGE BOUTROS | OLJ
20/05/2016
Malgré une conjoncture économique toujours plombée par la situation politicosécuritaire au niveau local et régional, cinq compagnies aériennes ont décidé
d'assurer de nouveaux trajets à partir de l'Aéroport international de Beyrouth
(AIB). « Le consensus entre les membres du gouvernement autour des questions
sécuritaires a permis au Liban de rester une destination sûre en dépit des
répercussions des conflits régionaux », affirme le ministre du Tourisme, Michel
Pharaon, pour expliquer cette tendance.
Cinq nouvelles lignes
Première compagnie à avoir ouvert le bal le 30 mars, Fly Baghdad assure la
liaison entre l'AIB et l'aéroport international d'Erbil, dans le Kurdistan irakien.
« Nous programmons 4 vols de 50 à 170 personnes par semaine, avec des taux
de remplissage qui oscillent entre 50 % et 100 % », explique une source à la
compagnie aérienne. Le 2 mai, c'est au tour du Suisse Germania Flug AG de
commencer à assurer deux nouveaux vols directs entre Zurich et Beyrouth.
« L'ouverture de cette ligne 4 ans après qu'Edelweiss Air a arrêté de relier les
deux villes a été adoptée pour répondre à la demande d'une clientèle composée
à majorité d'expatriés libanais », indique Walid Temsah, le président de Tala
Tour. L'opérateur et revendeur de Germania Flug AG au Liban annonce déjà un
taux de remplissage moyen de 80 % pour ce vol direct d'une capacité maximale
de 216 passagers.
Même enthousiasme du côté de Czech Airlines, la compagnie tchèque qui a
célébré il y a une semaine la réouverture prochaine du vol direct reliant l'AIB à
l'aéroport de Prague. « Nous allons assurer deux vols hebdomadaires de 144
passagers chacun à partir du 20 juin », confirme Nayla Aswad, la présidente de
Tala Tour, mandataire de Czech Airlines au Liban, avant de rappeler que la
compagnie aérienne avait dû suspendre ce trajet en 2012, dans le cadre d'une
opération de restructuration de la compagnie orchestrée par le gouvernement
tchèque.
En sus, deux compagnies spécialisées dans le transport de fret, le Turc MNG
Airlines et le Britannique Cargologic, ont récemment demandé l'autorisation aux
autorités libanaises de relier l'AIB à Istanbul et Amsterdam, respectivement.
« MNG Airlines a déjà reçu le feu vert des autorités en fin de semaine dernière,
tandis que Cargologic doit encore attendre quelques jours pour être fixé »,
confie une source proche de l'AIB. Une actualité qui confirme l'augmentation
constante des activités de fret à l'AIB. Entre 2012 et 2015, le volume de
marchandises transitant par la capitale a augmenté de 13,7 %, à 92 689 tonnes.
Effondrement des revenus touristiques
Une bonne santé encore plus manifeste s'agissant du transport de passagers ces
dernières années, le nombre de ces derniers étant en hausse de 25 % entre 2011
et 2015, à environ 7 millions. « L'AIB est un hub régional et son activité
augmente régulièrement depuis cinq ans malgré la crise syrienne », martèle le
président de l'association des agences de voyage et de tourisme au Liban (Attal),
Jean Abboud. « Une hausse accompagnée par celle – assez régulière depuis cinq
ans – des ventes de titres de voyage au Liban, dopées par la demande en
provenance de Syrie qui s'est rabattue sur le marché libanais depuis le début du
conflit syrien en 2011 », ajoute-t-il. Selon l'Attal, ces dernières ont ainsi
augmenté d'environ 4 % en 2015 en glissement annuel, à 750 millions de dollars.
Pour autant, ces chiffres ne reflètent pas la situation du secteur touristique
libanais, dont les revenus se seraient effondrés de moitié entre 2010 et 2015, à
environ 4 milliards de dollars, selon le Conseil mondial du travail et du tourisme
(WTTC). Or, si les chiffres du ministère affichent bien une augmentation de
12,1 % du nombre de touristes au Liban en 2015, à 1,5 million de visiteurs, cette
performance reste bien en deçà des 2,1 millions de voyageurs recensés en 2010.
« Pour ne rien arranger, les ventes de titres de voyage ont reculé de 14 % à fin
avril, signe que la demande syrienne est elle aussi en train de s'essouffler »,
alors que le nombre de passagers à l'AIB a augmenté de 6 % sur la même
période, à 2,08 millions, soupire M. Abboud.
Un constat qui ne décourage pas pour autant le ministre du Tourisme, qui
évoque de son côté le cas de Lot Polish Airlines, qui assure depuis le 31 mars 5
trajets directs par semaine – au lieu de 2 – entre Varsovie et Beyrouth. « Une
décision liée à la hausse du nombre de pèlerins polonais désirant visiter des
sites religieux au Liban », expose Sayid Kambargi, le directeur du bureau de
représentation de la société au Liban. « C'est la preuve que le pays a les moyens
de rebondir, malgré les différents handicaps qui l'ont plombé pendant de longs
mois, à l'image de la crise des déchets », considère M. Pharaon.