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Couleur de Peau: Miel
Réalisateurs : Laurent Boileau et Jung
Genre : animation
Année de réalisation : 2012
Durée : 75 minutes
Public : tout public
Adapté du roman graphique éponyme, Couleur de Peau : Miel revient sur des moments-clés
de la vie de Jung, enfant coréen adopté : l’orphelinat, l’arrivée en Belgique, la vie de famille,
l’adolescence difficile… Il nous raconte les événements qui l’ont conduit à accepter ses
mixités. Le déracinement, l’identité, l’intégration, l’amour maternel, tout comme la famille
recomposée et métissée, sont abordés avec poésie, humour et émotion. Un récit autobiographique.
Avant d’être un film d’animation, Couleur de Peau : Miel est avant tout une bande dessinée
dont la parution a débuté en 2007.
Si on se réfère à l’étymologie du mot « autobiographie » - auto = soi, bios = vie, graphein =
écrire, mais aussi dessiner - on se rend compte que Couleur de Peau : Miel répond
parfaitement au code d’un récit autobiographique, Jung fait le récit de sa propre vie, relatant
avec son crayon, puis via la caméra, les événements et sentiments qui ont jalonné son histoire
personnelle.
Le caractère autobiographique du récit est suggéré dès le début du film, avec des photos et des
vidéos d’époque, montrant Jung au contact de sa nouvelle famille. Ainsi on peut constater les
deux temps utilisés dans tout récit autobiographique, à savoir le temps de l’écriture – ici, pour
l’adaptation cinématographique, il s’agit des images réelles montrant Jung narrateur -, et le
temps du souvenir, narré en images d’animation.
A ce titre, l’analyse d’un extrait du film pourrait s’avérer pertinente, notamment le passage
compris entre la 4ème minute et la 9ème minute, où le récit jongle entre récit des souvenirs, via
les images filmées en Super 8 d’époque et les images d’animation, et récit au temps présent,
rétrospectif, via les images de Jung en train de dessiner. A noter les passages de séquences en
images Super 8 aux images d’animation, symbole du travail autobiographique entrepris par
Jung.
Une quête d’identité.
Le film met l'accent sur la quête identitaire du personnage, à plusieurs niveaux. Il aborde en
premier lieu la question de l'adoption.
Jung ne porte jamais sur sa famille adoptive un regard de reproche, cependant le film révèle
les difficultés que peuvent rencontrer les enfants adoptés. Il peut être intéressant de les relever,
afin de permettre aux élèves de prendre conscience de l’existence de l’autre en tant qu’autre
moi, et de leur permettre ainsi d’opérer une certaine décentration, en les confrontant à la
souffrance d’autrui et à la différence.
La quête d’identité conduit même l’adolescent à appréhender ses origines devenues floues
pour lui-même par le prisme de sa culture d’adoption, où la Corée se fond dans un lointain
asiatique, ce qui lui permet de renouer, pense-t-il, avec ses origines et ainsi de donner corps à
sa différence.
La question de l'identité peut être également abordée à partir du personnage de la mère. La
question de la filiation est centrale dans le film, et liée à l'adoption. L'abandon initial d'un
enfant par ses parents et en particulier par sa mère est un traumatisme dont il s'accommode en
général avec la plus grande difficulté. La représentation de la mère dans le film est à ce titre
intéressante : image fantasmée ou unique souvenir de Jung, elle reste une silhouette dont le
visage n'est pas dévoilé. Elle est pour Jung la douceur et lorsqu'il se voit à ses côtés, c'est
entouré de ses bras et de son affection. En regard et en contraste, la mère belge distribue les
punitions, jusqu'aux châtiments corporels, le met parfois très durement à l'écart (la "pomme
pourrie"), ne fait pas preuve de patience (l'apprentissage du vélo) et pose des règles très
strictes. On peut également noter que le portrait de la mère biologique est esquissé en creux en
opposition avec celui de la mère adoptive. Aux cris de la mère belge répond le mutisme de la
mère biologique, aux châtiments corporels, le cercle rassurant des bras.
Enfin, la dernière séquence du film montre la réconciliation et l'acceptation mutuelle entre
Jung et sa mère adoptive. La quête du personnage est terminée : il a trouvé sa place, au
carrefour de métissages culturels.