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10 2011 OCTOBRE vol. 06 Gratuit JQR FASHION Par-er QR REVUE QUALITÉ Brosses à habits faites main EDOYA La brosse à habits EDOYA « Betsu Atsurae » (« sur mesure ») [Spécial] Yoshino – Kôya – Kumano nouveau Le café, un monde en pleine évolution Vu par Hiroshi Sawada Nouvelle série Nous avons demandé à des passantes élégantes rencontrées dans la rue leur humeur du moment. INSTANTANÉ DE RUE Sur les chemins de pèlerinage de Kii fre.jqrmag.com 03 2 011 Octobre S O M M A I R E (Édition d' Octobre 2011 Diffusion le 7 septembre) 05 07 OUVERTURE TORAYA CAFÉ,Aoyama Reportage de JQR Photograph /Satoru Naito Sur les traces du 11 mars Le grand séisme de l’est du Japon. Les bénévoles à l’œuvre pour reconstruire 20 nouveau 09 Le café, un monde en pleine évolution Nouvelle série Nous avons demandé à des passantes élégantes rencontrées dans la rue leur humeur du moment. INSTANTANÉ DE RUE Vu par Hiroshi Sawada 10 18 02 2 011 Octobre Yoshino – Kôya – Kumano 22 Sur les chemins de pèlerinage de Kii Par-er REVUE QUALITÉ Brosses à habits faites main EDOYA La brosse à habits EDOYA « Betsu Atsurae » (« sur mesure ») Comité de rédaction JQR FASHION 41 A suivre [Essai] 44 Le culte des beaux esprits Le Japon et moi -Quand la modernité naît de la tradition Françoise Moréchand Jun Ai Shikomi Junmai SHARAKU Éditeur et rédacteur en chef Jun Shinozuka Rédacteurs Jun Nakaki Shozo Izuishi Tanehide Egami Kyoko Ohtsu Shinichi Hanawa Maki Taguchi Ryuichiro Matsubara Dai Furusawa Fumio Maruyama [High-Tech Industry Innovation Agency] Directeur Mode Souta Yamaguchi Yumi Yamaguchi Directeur Web Tokuhisa Maruyama Assistance de la rédactionHigh-Tech Industry Innovation Agency Designer Wakako Kawasaki Programmation Integral Corp. Masaya Mutoh((NO DESIGN)) Rédaction Digital Lights Inc. Akari Sugawara((NO DESIGN)) Traduction Manabiya Inc. [Critique de mode] [Producteur exécutif à l’École de Cuisine Egami] [Co-représentant de Ramsar Network Japan] [Economiste et professeur à l’Université de Tokyo] [Auteur de récits de voyage] Rédaction JQR 2-1-14 Sarugaku-cho, Chiyoda-ku Tokyo 101-0064 03-3518-2270 Publicité JQR (Integral Corp.) 2-1-14 Sarugaku-cho, Chiyoda-ku Tokyo 101-0064 03-3518-4488 fre.jqrmag.com 2 011 Octobre 03 OUVERTURE CE MOIS TORAYA CAFÉ,Aoyama Photos : Kohji Kanatani Texte : Yoko Yagi PLAT URL 東京ドームシティ 小石川橋 後楽園 東京ドーム ホテル 壱岐坂上 駅 道橋 線水 三田 都営 壱岐坂下 本郷二 新壱岐 坂 慶應義塾大学 A1出口 三田二丁目 神田川 秋葉 原→ 庭のホテル 東京 三崎町 三田三丁目 Gelée d’azukicha* sauce bicolore (630 yens). Délice réservé aux palais fins, c’est日本料理 晴山 une combinaison d’azukicha 田町駅西口 non sucré et gélifié (à l’agar-agar) avec deux sauces : l’une, parfumée au rhum, doit sa couleur au haricot rouge tandis que l’autre est à田町駅 base de pâte de り 通 haricot 田 blanc sucrée. 桜 線 幹 * Eau de cuisson de haricots rouges, appréciée pour ses propriétés 道新 médicinales. 東海 PLAN D’ACCÈS PLAT 通り 白山 Palais Impérial d’Akasaka Immeuble Aoyama vers Shibuya Koban, poste de police de proximité Station Aoyama-Icchome Avenue Aoyama vers Akasakamitsuke Bureau de poste d’Aoyama 1er sous-sol de l’Aile Ouest de l’Immeuble Shin-Aoyama Toraya Café Aoyama Immeuble Honda vers Roppongi vers Nishi-Azabu 慶應義塾大学 Troisième café ouvert par l’une des plus vieilles 慶大正門前 enseignes de la pâtisserie japonaise 2 011 Octobre Le Toraya Café est un nouveau concept de café proposé par Toraya, célèbre enseigne de la pâtisserie japonaise. Avec la participation au projet de Tomoko NAGAO, coordinatrice culinaire, le pâtissier historique crée un univers de douceurs inventif autour de la pâte de haricot sucrée ou an en japonais, fonds de commerce de Toraya, associée à des ingrédients d’origine occidentale. Inauguré en juin dernier après les deux cafés de Omotesando Hills et Roppongi Hills, le Toraya Café Aoyama a ceci de particulier qu’il propose pour la première fois un menu petit déjeuner. Les clients matinaux constitués principalement de 日比谷通 り Aoyama-Icchome sur les lignes Tokyo Metro et Toei est la station de métro la plus proche, reliée directement à l’immeuble Shin-Aoyama. 04 定山源泉 公園 30 places. L’intérieur du café est à la fois simple et moderne avec 湯の滝 pour 定山渓観光協会 couleur dominante le blanc qui fait ressortir le vert – référence au maccha (thé vert en poudre) - des chaises et canapés. C’est le premier café TORAYA à proposer un menu petit-déjeuner. Il y a également un certain nombre de desserts et de plats exclusifs. 中山峠 外堀通り 東口 http://toraya-cafe.co.jp/ 長寿と健康の 足つぼの湯 三田 慶大正門前 三田四丁目 水道橋 ←新宿 日比谷通 り 東京ドーム 岩戸観音堂 ↑巣鴨 小石川 後楽園 An Paste Koppe (600 yens), petit pain à la pâte ogura-an* et au fromage blanc. Le goût sucré de la pâte s’harmonise à merveille avec l’acidité du fromage blanc. Il est servi avec une boisson au choix : café, thé anglais ou hojicha**. (Les bocaux de pâte an à tartiner, au fond de la photo, ne sont pas inclus dans ce plat.) *Pâte de haricot rouge sucrée qui, n’étant pas passée au chinois, contient des haricots entiers. ** Thé grillé salariés en route vers leur travail apprécient, entre autres, le toast ou le petit pain三田 tartinés de pâte an aux haricots, spécialité à succès de la maison dont l’accord avec le pain est merveilleux à l’égal d’une confiture. Afin de tirer le meilleur parti de son emplacement idéal tout près d’une station de métro, le troisième Café Toraya se veut accessible : les desserts sont offerts en portions raisonnables pour garder des prix doux, et la généreuse gamme de produits à emporter, au premier rang desquels les gâteaux secs, fait le bonheur de tous ceux qui, tôt le matin, ont soudain besoin d’un petit cadeau à offrir. Quand vous avez envie d’une petite douceur ou de vous offrir un peu de luxe... c’est le Toraya Café Aoyama qui vous donnera une « petite» mais intense satisfaction. Toraya Café Aoyama 1-1-1 Minami-Aoyama, Minato-ku, Tokyo 1er sous-sol de l’aile ouest de l’Immeuble Shin-Aoyama Tél 03-3451-0141 08h00~20h00 (dernière commande à 19h30) en semaine 11h00~18h00 (dernière commande à 17h30) le samedi Fermé le dimanche, les jours fériés et pendant les fêtes de fin d’année 2 011 Octobre 05 Reportage de Correspondance d’Ishinomaki Le grand séisme de l’est du Japon. Les bénévoles à l’œuvre pour reconstruire Sur les traces du11 mars Texte et photographies : Christine Lavoie-Gagnon [ Troisième partie ] Ishinomaki n’est plus un tableau de Dali nauséabond. 11 mars 2011. Sous ma table à dîner pour me particulier la ville d’Ishinomaki, dont les dégats protéger des pots et verres qui me tombent et les travaux sont les plus lourds. Combien de sur la tête, je suis témoin en direct de ma télé maisons avons-nous néttoyées de boue et de du désastre du Tsunami. Moment débris? Combien de planchers et murs avons- d’irréalité, confusion, peur, tristesse. Quatre nous arrachés pour arrêter la moisissure de jours plus tard, j’ai les deux pieds dans la ronger les maisons? boue, les yeux qui voient et le cerveau qui ne comprend pas, je suis sur place pour Aujourd’hui, six mois après le désastre, on ne filmer les lieux. La caméra ne rendra cependant reconnait plus la ville d’Ishinomaki. Le travail jamais à l’écran les quartiers malaxés, les des forces de la défense, des groupes de bateaux, voitures et articles de maison qui ne bénévoles et de la municipalité est visible. devaient pas être côte-à-côte, les odeurs de Nous ne sommes plus dans un tableau de Dali vehicules en feu, la vision des soldats nauséabond, nous sommes dans une ville en enveloppant calmement les corps tant bien que reconstruction. Le refuge de l’école élémentaire mal repêchés dans les mares à perte de vue Minato ne compte plus que 95 personnes sur laissées par la vague meurtrière, les 2000 initiales et il devrait fermer ses le bruit tintant des sirènes et par dessus tout, portes fin septembre. La plupart des gens ont le froid et la neige glaciale. été relocalisés dans des habitations temporaires, vivent au second étage de leur De témoignage en témoignage, les survivants maison, ou louent de petits appartements en de Tohoku me redonnent une leçon de vie. ville. Contrairement à mon appréhension, les gens veulent crier à la terre entière la mausvaise Cependant le gros de la tâche n’est qu’à venir. expérience qu’ils viennent de vivre, ils nous Il faut reconstruire. La ville, les maisons, demandent d’écouter leur histoire et de la certes, mais aussi les entreprises, les diffuser à travers le monde. Entre les larmes et manufactures, le marché du travail. Tout a été la joie d’être en vie, ils demandent mon aide. anéanti par le Tsunami. Ishinomaki, qui La tâche est inima-ginablement immense. souffrait déjà du vieillissement de la population, perd ses jeunes. Une grande partie de la C’est cet appel à l’aide qui m’a rammenée ville le long du litoral ne pourra être quelques jours plus tard sur place, cette fois reconstruite en zone résidentielle, car le sol avec des gens forts et bien équipés pour ai- s’est affaissé de quelques 80 cm par endroits. der à nettoyer les dégats. Plusieurs se sont L’incertitude règne. joints à nous par la suite et nous avons formé un groupe bien déterminé à ne pas lais- L’urgence n’est plus à la boue et au ménage, ser tomber les gens jusqu’à ce que la vie re- elle est à la réorganisation, à la motivation, à prennent son cours normal dans la région, en l’espoir. Christine Lavoie-Gagnon 06 2 011 Octobre Christine Lavoie-Gagnon, originaire du Québec, Canada, vit au Japon depuis plus de 17ans. Elle gère une boîte de communi-cation à Tokyo, mais vous la retrouvez plus assurément à Ishinomaki avec NADIA, qu’elle a fondé pour venir en aide aux sinis-trés. 2 011 Octobre 07 da Ap rès Hir osh i Sa wa air e d’O sak a. art iste . Ori gin dui ts Ba rist a. Lat te ric ant de pro fab un z che y ren con tre avo ir tra vai llé à Se att le. Il par t étu die r son alim ent air es, pas sio n. Ap rès dev ien t une qui art s le te le lat à nou vea u dan on, il tra vai lle nce nda épe ind ret our au Jap nd son air e, pui s pre , il obt ien t le sec teu r alim ent caf é. En 20 08 au rer sac r » pou r se con de « fre e pou ion du mo nde RE AM ER titr e de cha mp re le caf é ST 20 10 , il ouv En . ect ion art dir te la lat t il ass um e MP AN Y don CO FF EE CO tec hni que . Le café, un monde en pleine évolution Vu par Hiroshi Sawada N°1 Photos/ Kohji Kanatani Texte/ Yoko Yagi La beauté du latte art : une garantie de saveur Connaissez-vous le latte Art ? Ce mot évoque pour de nombreuses personnes les motifs que l’on dessine avec un bâtonnet à la surface d’un café latte. Mais le latte art que je pratique est différent. Je me sers d’un pichet pour verser du lait chaud dans la tasse et je réalise ainsi toute une variété de motifs bien plus sophistiqués qu’une simple feuille ou un cœur. Le latte art trouve son origine en Italie. Il a traversé l’océan et s’est diffusé à Seattle où il a évolué pour Latte! devenir le « free pour » art latte. Cette technique résultera en un café latte dont la beauté visuelle et la saveur varieront grandement en fonction du niveau de celui qui le prépare. C’est là tout l’intérêt du « free pour » art latte. Tous les ans, Seattle accueille un concours de « free pour » art latte où les baristi du monde entier rivalisent d’habileté. Pourquoi la technique du « free pour » où un simple pichet est utilisé dans la réalisation des motifs les plus variés a-t-elle connu un tel développement ? Selon moi, c’est parce que le « free pour » a quelque chose de palpitant, comme la planche à roulettes ou la planche à neige. « Si je continue sur ma lancée, je vais prendre une bûche », « En versant comme ça, le lait risque de déborder de la tasse avant que je termine mon dessin ». Voilà ce qu’on se dit tout en tentant sa chance. l’on goûte dans les deux cas. Les Américains, surtout les habitants de la côte ouest, adorent perfectionner leur technique tout en se faisant peur, dans le domaine du sport comme dans celui de la culture (et bien sûr celui du café). Je crois que c’est cela qui m’a plu et qui continue de me fasciner. En fait, le « free pour » art latte est à l’origine un moyen de prouver la saveur du cafe latte. Du café et du lait, voilà tout ce qu’on utilise. Si le café n’est pas bien moulu, si l’expresso n’est pas bien passé dans le percolateur, il ne prendra pas cette belle nuance de brun qui sert de fond. On aura beau verser du lait, le contraste ne sera pas réussi. Le lait demande lui aussi les soins les plus attentifs. Si on parvient à moduler précisément la température pour obtenir une mousse tout en finesse, la note sucrée du lait gagnera en profondeur et en plus, le dessin sur l’expresso aura une qualité bien lisse. En d’autres termes, on ne peut pas parler de « free pour » latte art si le goût du café et l’art ne vont pas main dans la main. Malheureusement, le « free pour » latte art n’est pas bien connu au Japon. En commençant cette série, je serais heureux de faire connaître son attrait à un plus grand nombre de personnes. Et j’espère aussi pouvoir vous transmettre les réflexions que m’inspire jour après jour le café. C’est le même genre de frisson que STREAMER COFFEE COMPANY 1-20-28 Shibuya, Miyakawa building, rez-de-chaussée, Shibuya-ku, Tokyo Tel. : 03-6427-3705 http://streamercoffee.com/ 08 2 011 Octobre fe i L e e ff o C o y Tok 2 011 Octobre 09 Yoshino – Kôya – Kumano Sur les chemins de pèlerinage de Kii En 2004 ont été enregistrés sur la liste du patrimoine mondial de l’ Unesco les « sites sacrés et chemins de pèlerinage dans les monts Kii ». Des chemins à proprement parler inscrits au patrimoine mondial de l’ humanité, c’ est quelque chose de peu de commun, et ce même à l’ échelle internationale. A cheval sur les trois préfectures de Nara, de Wakayama et de Mie, cette immense région montagneuse en devenant le théâtre de la pratique de l’ ascétisme montagnard, a vu naître avec le temps trois sites sacrés, différents par leurs origines comme par leurs contenus, ainsi que les chemins les reliant entre eux. Ce lieu influença grandement l’ essor de la religion et de la culture au Japon. Photos : Satoru Naitô Informations recueillies par : la rédaction de JQR Préfecture de Nara Temple Kimpusen-Ji Zao-Dô Sanctuaire Niukanshôbu-Jinja Sanctuaire Niutsuhime-Jinja Salon de thé Yataté Préfecture de Mie Mont Yoshino Sanctuaire Yoshino Mikumari-Jinja Chemin de Kôyasan Chôishimichi Mont Kôya Préfecture de Wakayama Sanctuaire Kumano Hongu-Taisha Sanctuaire Kumano Hayatama-Taisha Le festival du feu, qui a lieu le 14 juillet de chaque année, au sanctuaire Kumano Nachi-Taisha. Dans une chaleur ardente, on défile dans les escaliers en pierre en portant des torches de pin enflammées d’environ 50 centimètres de diamètres et pouvant peser une cinquantaine de kilos. 10 2 011 Octobre Chemin Kumano Kodô Koh Chemin Kumano Kodô Nak Chemin Kumano Kodô Ôhe Chemin Kumano Kodô Isej Sanctuaire Kumano Nachi-Taisha Chemin de Ôminé Okugaké Chemin de Kôyasan Chôish 2 011 Octobre 11 Le Zao-Dô, bâtiment principal du temple Kimpusen-Ji qui aurait été fondé par En No Gyôja. En 1874, le Shugendô est interdit par le gouvernement Meiji, et le Kimpusen-Ji est temporairement aboli et récupéré pour la vénération du culte Shintô. Mais en 1886, il est restauré en tant que temple bouddhiste par la secte Tendai. En 1948, la secte bouddhiste Kimpusen Shugen Honshû affirme son indépendance et, en s’articulant autour du Zao-Dô (trésor national) en fait son temple principal. Le chemin de pèlerinage aux 75 lieux de cultes et sites sacrés au fond de la montagne. pratique de l’ascèse et la magie). Là, montagnards (les Yamabushi) pratiquent temps anciens, un endroit célèbre pour afin de se laver de ses péchés et dans la montagne abrupte et profonde ses remarquables cerisiers. A partir de impuretés, il s’adonna au péril de sa vie une ascèse rigoureuse. Des montagnes l’extrémité nord de la chaîne de à des mortifications. Pendant une vénérées car abritant les dieux, une montagnes de Ôminé, sur une arête ascèse, alors qu’il allait atteindre la culture du Shugendô transmise jusqu’à d’environ 8 kilomètres orientée vers le bouddhéité en son corps, il vît nos jours, un environnement religieux sud, s’étend une dense forêt restée apparaître la divinité Zao Gongen. En intact malgré les années, c’est tout un inchangée depuis jadis. Quand le No Ozunu sculpta dans du bois de paysage culturel qui a été inscrit au printemps arrive, aux alentours de la cerisier sauvage des représentations de patrimoine mondial de l’Unesco. gare de Yoshino, commencent à fleurir Zao Gongen qui furent célébrées à les mille cerisiers du bas, suivis des travers les montagnes de Yoshino. Le temple Kimpusen-Ji, fondé dit-on par mille cerisiers du milieu, des mille cerisier sauvage était devenu un bois En No Gyôja, abritant la divinité Zao cerisiers du haut et des mille cerisiers saint, et ceux qui se rendaient dans la Gongen. Le Zao-Dô, dans lequel on du fond, déroulant tel un tapis de montagne pour prier continuèrent à en vénère Kongô Zao Gongen, est la couleurs ravissantes en direction du planter. Ce détail historique expliquerait deuxième plus grande construction en sommet de la montagne. Devant un tel la profusion de cerisiers à Yoshino. bois du Japon, juste après le Tôdai-Ji Le mont Yoshino est, depuis des YOSHINO 吉野 12 2 011 Octobre paysage, on comprend aisément Le chemin qu’En No Gyôja aurait On trouve aussi au mont Yoshino le abritant le grand Bouddha de Nara. Zao pourquoi Hideyoshi Toyotomi est venu ouvert pour la pratique de l’ascèse, Gongen est la divinité principale du contempler les fleurs, accompagné de connu sous le nom de chemin de Shugendô. Ce site figure également sur 5000 vassaux. Puis quand vient Ôminé Okugakémichi, couvre environ la liste du patrimoine mondial de l’automne, les visiteurs sont tout aussi 170 kilomètres et relie Yoshino à l’humanité. nombreux à venir admirer les Kumano. Cette route qui longe les gracieuses couleurs des feuilles montagnes de Ôminé est le plus sont classés patrimoine mondial de rougies. escarpé de tous les chemins de l’Unesco, comme le sanctuaire Yoshino pèlerinage de Kumano. On y trouve 75 Mikumari-Jinja ou le sanctuaire montagnes de plus 1000 mètres lieux de cultes et sites sacrés que le Yoshimizu-Jinja. Sur les vieux chemins composant le massif du mont Yoshino pèlerin visite un par un en pratiquant reliant Yoshino à Kumano, on peut qu’au 8e siècle, le sorcier En No Ozunu l’ascèse. littéralement sentir le cours du temps C’est dans cet ensemble de (aussi appelé En No Gyôja) est venu Plus de 1300 années se sont pour pratiquer le Shugendô (mouvement écoulées, et aujourd’hui encore le religieux syncrétique reposant sur la chemin perdure, de nombreux ascètes D’autres bâtiments du Mont Yoshino s’écouler sur sa peau. 2 011 Octobre 13 Le chemin ouvert par Kôbô Daishi où se succèdent les Gorinsotoba En 2016, le monastère du mont Kôya alphabet siddham évoquant des que comme Kôbô Daishi s’y rendait à fêtera ses 1200 ans. Tout commence vénérables divinités du bouddhisme neuf reprises chaque mois pour voir sa en l’an 816 quand Kôbô Daishi, rentré tantrique, le nom d’un donateur, ou mère, on attribua au bourg le nom de de la Chine des Tang, berceau de la encore la date de son érection. Kudoyama (« la montagne des neuf fois »). civilisation, rapporte au Japon le Miraculeusement, l’intégralité de ces Quelques mètres plus loin se trouve le Shingon (une école bouddhiste 216 bornes est restée intacte. En sanctuaire Niukanshôbu-Jinja. Kôbô tantrique) et entame la construction parcourant ce chemin, il est non Daishi le fit construire afin d’y vénérer d’un Dôjô pour permettre au Sangha (la seulement possible d’admirer le même Niu-Kôyamyôjin, la déesse tutélaire du communauté monastique) de pratiquer paysage que voyaient nos ancêtres, Jinson-In, au moment de sa fondation. l’ascèse. mais également de profiter de la vue La construction de style architectural sur la plaine de Kinokawa. C’est pour Kasuga est magnifique. et parmi les 7 chemins de pèlerinage cela qu’aujourd’hui ce chemin, en plus 7 kilomètres après le point de départ, qui mènent à son sommet, il en est un d’être un lieu de prière, connaît une on trouve le sanctuaire Niutsuhime- qui est enregistré sur la liste du grande popularité en tant qu’itinéraire Jinja. Face à sa teinte vermillon, son patrimoine mondial de l’Unesco: le touristique. De plus, le chemin aux pont japonais, sa porte « Rômon » et chemin de Kôyasan Chôishimichi. bornes en pierre du mont Kôya mène à son impressionnant bâtiment principal, Il s’agit un parcours de 23 kilomètres quatre constructions inscrites au on vénère la déesse locale Niu-Myôjin construit juste après la fondation du patrimoine de l’humanité. et son enfant Kariba-Myôjin, le dieu qui Le Mont Kôya culmine à 800 mètres, monastère du mont Kôya, qui a pour 14 2 011 Octobre guida Kôbô Daishi au sommet de la montagne. point de départ le temple Jison-In, dans en pierre a pour point de départ le le bourg de Kudoyama. C’était, jusqu’à temple Jison-In. La mère de Kôbô l’époque d’Edo, le chemin de Daishi, alors très âgée, avait fait le de thé Yataté, on se rend au temple pèlerinage le plus fréquenté. déplacement depuis le temple Zentsû- Kongôbu-Ji. De là, il reste encore Ji, dans la préfecture de Kagawa, afin environ une heure de marche avant mètres (109m = 1 Chô, ancienne unité de voir de ses propres yeux le d’arriver à la tombe de Kôbô Daishi. de longueur japonaise), se dressent des monastère du mont Kôya que son fils Depuis le Jison-In, c’est un parcours de Gorinsotoba, des colonnes de pierre avait fondé. L’accès au mont Kôya 8 heures de marche. Il est amusant de semblables à des bornes routières. Sur étant à l’époque interdit aux femmes, progresser carnet en main pour y chacune de ces bornes figurent des elle ne pût rejoindre Kôbô Daishi et dût appliquer les tampons de chaque étape. informations comme une inscription en séjourner au temple Jison-In. Il est dit Le long du chemin, tous les 109 KÔY A 高 野 Le chemin de pèlerinage aux bornes Après avoir fait une pause au salon ➡扌 Des deux côtés des deux kilomètres de chemin séparant l’entrée d’Omotesandô et la tombe de Kôbô Daishi se dressent des cyprès que l’on dit plusieurs fois centenaires. Non loin sont érigés des monuments en mémoire de personnes de tous temps. Quand on passe le portique du sanctuaire Niutsuhime-Jinja, on trouve un joli pont dessinant la forme d’une arche. Son reflet dans l’étang est tout aussi splendide. 2 011 Octobre 15 Les vieux chemins menant au Kumano Sanzan au charme inchangé, dont les traces de pas ne s’effacent jamais. Il existait le terme de « Shinbutsu sanctuaire Shingu était lié au Bouddha distance de 88,8 kilomètres est appelé Shûgô » pour désigner le lien Yakushi Nyôrai, et le Kami du la route Nakahechi. Les autres sont la syncrétique entre les Kami (divinités sanctuaire Nachi au Bouddha Senju route de Kohechi reliant le mont Kôya shintô) propres au Japon et la religion Kannon. En conséquence, le site de et le Kumano Sanzan sur 43,7 bouddhiste arrivée de l’extérieur, mais Kumano fut déclaré Terre Sainte, et les kilomètres, la route Ôhechi longue de désormais, le site de Kumano Sanzan empereurs retirés y multiplièrent leurs 10 kilomètres qui longe la côte ouest se charge d’en garder les vestiges. Le visites pour prier. Par exemple, de la péninsule de Kii et mène au Kumano Sanzan désigne l’ensemble l’empereur Goshirakawa s’y rendit à 34 Kumano Sanzan, et enfin la route Iseji, des trois grands sanctuaires Kumano reprises, et l’empereur Gotoba 28 fois. de 54,2 kilomètres qui relie le Hongu-Taisha, Kumano Hayatama- Le nombre de ces visites est gravé sur sanctuaire Ise-Jingû au Kumano Taisha et Kumano Nachi-Taisha, une stèle, dans l’enceinte du sanctuaire Sanzan. Un total de 4 routes toutes cependant plus de 3000 sanctuaires Kumano Hayatama-Taisha. On dit qu’à inscrites au patrimoine l’humanité. Kumano disséminés à travers tout le l’époque une seule visite depuis Kyôto Le chemin de pèlerinage le plus Japon dépendent de cet ensemble. On prenait entre deux et trois mois, on populaire parmi ces quatre est la route ne peut être que surpris quand on voit imagine donc bien l’envergure d’un tel d’Iseji. Fréquentée également dans le de ses yeux l’envergure du bâtiment voyage. Les empereurs étaient cadre du Sankin Kôtai (système de principal du Kumano Sanzan. Et accompagnés par de nombreuses résidence alternée des seigneurs l’absence de sculptures ainsi que sa personnes pour ces visites à Kumano, féodaux), elle a été construite assez forme et sa disposition particulières ce qui attira le regard du peuple, et la large pour laisser passer les chaises à sont des choses que l’on ne peut voir nouvelle se répandit. porteurs, et est couverte de pavés. De dans aucun autre sanctuaire. Les trois grands sanctuaires évoqués nombreux ouvriers de l’époque d’Edo Le Kumano Sanzan a été influencé par sont enregistrés sur la liste du ont dû les poser avec grand soin. Ils le syncrétisme shintô-bouddhiste, et patrimoine mondial de l’Unesco, mais sont taillés dans différents formats et dès l’époque de Heian, on croyait en les temples Seiganto-Ji et placés tel un grand puzzle, aussi les « Kumano Sansho Gongen » (les Fudarakusan-Ji, qui selon le processus agréables à fouler du pied qu’à trois divinités principales de Kumano). de syncrétisme shintô-bouddhiste regarder. Et le paysage depuis le col de Autrement dit, l’idée que « les divinités entretenaient des relations étroites Magose-tôge est assez splendide pour bouddhiques sont l’état originel des avec le sanctuaire Nachi-Taisha, nous faire oublier la fatigue Kami » fît son apparition, et l’on figurent aussi sur cette liste. conséquente à la longue marche. commença à penser que le Kami du L’un des chemins de pèlerinage Sur les chemins de Kumano Kodô au sanctuaire Hongu était associé au (= chemins de Kumano Kodô) reliant charme inchangé, les traces de pas ne Bouddha Amida Nyôrai, que le Kami du Kyôto au Kumano Sanzan sur une s’effacent jamais. KUMANO 熊 野 La pagode à trois étages du temple Seiganto-Ji et la cascade de Nachi, fière de posséder la plus haute chute du Japon. Le vif rouge vermillon resplendit dans le vert profond. 16 2 011 Octobre Il pleut beaucoup sur les chemins de Kumano Kodô, la végétation y est donc luxuriante. Les routes ont été conçues de façon à éviter les glissements de terrain en cas de grosse pluie. 2 011 Octobre 17 QR 1 Grâce à une technique manuelle de montage en deux longueurs, les pointes souples des soies brossent les vêtements sans en abîmer le tissu. Quality Review Betsu Atsurae spéciale laine : 15,750 yens Betsu Atsurae universelle : 15,750 yens Tête en merisier rouge. Brosses à habits faites main EDOYA Brosses à habits faites main EDOYA La brosse à habits EDOYA « Betsu Atsurae » (« sur mesure ») Photos / Satoru Naito Reportage et texte / Dai Furusawa textile. La demande en brosses à racine, qui sert de support aux poils vêtements augmentant, Edoya s’est plus longs. Les pointes irrégulières sont lancée dans la fabrication de cet ensuite ajustées et égalisées. C’est la article. « brosse universelle », qui convient à Edoya propose de nombreuses brosses une large gamme de vêtements, des à habits, parmi lesquelles la ligne haut plus délicats aux costumes d’homme. de gamme « Betsu Atsurae » (« sur Ce sont des soies de cochon noir qui mesure »). Edoya est allé chercher à sont utilisées pour la brosse « Betsu Ce n’est qu’après la Restauration de l’étranger les soies de qualité Atsurae » spéciale laine. Les soies Meiji que les Japonais ont commencé à supérieure qui sont la clé de la étant pliées en leur milieu, les pointes porter des vêtements à l’occidentale. Ils performance des brosses. Les soies et les racines ont la même longueur, ce ont dû hésiter avant de passer du utilisées actuellement sont des soies qui donne une brosse plutôt dure et kimono à ces étranges habits de porc provenant de Chongqing en permet de détacher les poussières occidentaux…ou bien ont-ils senti, une Chine : elles ont le corps et la réfractaires mêlées au cœur des fibres. fois parés de ces atours malaisés, souplesse requis qui en font les soies La quantité de poussières détachées du qu’ils étaient à l’aube d’une nouvelle idéales pour détacher les saletés et vêtement dépend de la qualité de la ère? poussières qui adhèrent aux fibres du brosse. Il va sans dire que si on vous Edoya a été fondée en 1718, du temps vêtement. Les soies de porc naturelles tape sur l’épaule, il vaut mieux éviter de Yoshimune, 8ème shogun de la ne dégagent pas qu’un nuage de poussière se dégage ! lignée des Tokugawa, quand la maison d’électricité statique : adieu, les a reçu son nom du shogun. A poussières qui viennent se recoller l’époque, les pinceaux étaient des après le brossage et outils indispensables à la fabrication l’exaspération qui s’ensuit ! des cloisons en papier shôji, ou pour Les soies sont rassemblées en touffes recouvrir des objets d’une couche de qui sont insérées une par une à la main laque. La fabrication des pinceaux était dans des petits trous pratiqués dans sans nul doute une industrie majeure. une tête en bois selon la technique dite Au fil du temps et de du montage en deux longueurs. Les l’occidentalisation des modes de vie soies sont pliées à la racine pour après Meiji, Edoya a commencé à former un V, qui est inséré dans la base fabriquer des brosses en tous genres en bois. L’une des branches du V, celle en plus des pinceaux. Edoya a sa des pointes, est ainsi formée de boutique dans le quartier longues soies souples, alors que l’autre d’Odenma-cho à Nihonbashi où après- branche, courte et dure, est constituée guerre prospéraient les grossistes en de la partie des soies proche de la Le travail soigné d’une maison de tradition vous aide à prendre soin des vêtements que vous aimez. Pratique, cette brosse de voyage se glisse dans la poche poitrine d’un costume. Elle est fournie avec son étui en plastique. Le manche est en ébène, une essence de bois parmi les plus recherchées. La Si on la recharge au chargeur grande est brosse blanche vitesse, une pile peut être rechargée une brosse à en 75 min au plus rapide. « Chargeur cachemire, la noire, grande vitesse pour piles AA et AAA, une brosse à laine. avec vitesse double et 2vitesse triple 415 yens pièce. » (prix en vigueur : environ \3 000) Pour plus d’informations, merci de contacter : Edoya, Odenma-cho 2-16, Nihonbashi, Chuo-ku, Tokyo. Tél 03-3664-5671 18 2 011 Octobre 2 011 Octobre 19 Les questions du mois Nous avons demandé à des passantes élégantes rencontrées dans la rue leur humeur du moment. INSTANTANÉ DE RUE [Les réponses de Marina] Q1 Quel plat est, selon vous, le symbole de qualité à la japonaise ? Q2 Où allez-vous maintenant ? Q3 Faites-vous quelque chose pour vous prémunir contre les séismes ? [Les réponses de Nina] Q1 sushi Q2 gare de Harajuku Q3 j’ai un kit de survie. Q1 nikujaga (pommes de terre au bœuf) Q2 magasin d’American Apparel Q3 rien □ Profession : étudiante □ Âge: 19 ans □ Nom: Rié Robe : d’occasion Chaussures : JEANASIS Montre : DIESEL Boucles d’oreille pour oreilles percées : TOYO-HYAKKATEN Sac : d’occasion □ Profession : salariée □ Âge: 24 ans Pièce du haut : H&M Pièce du bas : ZUCCA □ Nom: Marina □ Nom: Nina □ Profession: étudiante de l’Université Bunka-Gakuen □ Âge: 18 ans □ Profession : sans emploi fixe □ Âge: 26 ans Pièce du haut : d’occasion(KINJI) Pièce du bas : d’occasion(PANAMA BOY) Chaussures : Dr. Martens Tablier : d’occasion(HAKUi) Accessoire de cheveux : fait main Sac : d’occasion(HAKUi) 20 2 011 Octobre [Les réponses de Rié] Q1 Q2 Q3 sushi un salon de coiffure rien □ Nom: Yuki Yukata (kimono d’été en coton) : Bushoan Chaussures : Yurakucho Marui [Les réponses de Yuki] Q1 sushi Q2 quartier d’Omotesando Q3 je réduis ma consommation d’électricité. 2 011 Octobre 21 JAPAN QUALITY REVIEW JQR MODE Publication Media Globale en Ligne 2011 October Vol.3 Par-er IKI Par exemple, la faiblesse des prix, la texture agréable des matériaux – qu’ils soient naturels ou synthétiques – ou encore ces vêtements sur lesquels sont imprimés le logo de la marque et qui remplissent une fonction de code social, on L’expression japonaise «Komata no kireagatta onna» (littéralement: une femme à la silhouette effilée) est dite exprimer l’idée d’une femme chic, mais à quelle partie du corps se réfère le mot «komata», cela n’est pas clair. L’espace entre le pouce et l’index du pied, la cheville, ou peut dire que notre époque réclame que l’on puisse tout comprendre à première vue (au premier toucher). De plus, en ce qui concerne l’érotisme, nombreux sont ceux qui plaident pour une méthode directe qui consiste à exposer la peau, et encore une fois, nous encore la nuque, il semblerait y avoir plusieurs théories à propos de la région du corps que désigne «komata». Mais, quoiqu’il en soit, il n’y a pas d’erreur quant au fait que l’on voyait l’essence du «iki», même parmi les parties du corps de la femme, dans celles qui se font pas au quotidien l’objet sommes loin du chic. Ce n’est pas que je rejette les choses faciles à comprendre, mais je pense qu’il y a problème si elles sont les seules à exister. La controverse avec le «iki» n’a bien sûr pas trait qu’à l’érotisme. L’expression «une chic attention» nous le fait comprendre, le chic considère que les endroits que désigne «komata» sont ceux que l’on voit furtivement dans les mouvements quotidiens, il faut qu’ils fassent preuve non d’un sex appeal qui s’expose, mais d’un érotisme d’ordinaire caché qui se dévoile de manière allusive l’espace d’un instant. Un érotisme caché. Si on va dans ce sens, on peut percevoir le « iki » dans les vêtements de Yohji Yamamoto par exemple. Le noir, couleur asexuel, utilisé en abondance, et cet charme caché dans des vêtements aux formes qui ne font preuve d’aucune ostentation quant aux lignes du corps, sont à l’extrême opposé de ce que l’on qualifie de sexy dans le monde occidental. Yohji Yamamoto raconte souvent qu’il y a de moins en moins de femmes à qui vont les vêtements qu’il crée, mais cela est peutêtre quelque chose de naturel. Car dans notre époque actuelle, où l’on préfère ce qui est simple et facile à comprendre, ce qui a du chic est au contraire moins adéquat. c’est aussi une courtoisie qui prend en compte la volonté d’autrui, et qui, plutôt que de s’exprimer de manière directe, reste invisible et cachée. Surtout dans le domaine du design, ce genre de courtoisie semble être un élément facile à intégrer. Le design, qui tout en ne révélant pas ses intentions prend en considération les utilisateurs, ne peut être compris à première vue. Et peut-être que, même en utilisant (en portant) l’objet, il faudra du temps pour se rendre compte. Mais il semble nécessaire, même envers les objets, de prendre le temps de les comprendre petit à petit. En bref, le «iki» est une chose qui recèle une intention difficile à comprendre à première vue, et que l’on peut définir, si vous me permettez cette expression, comme étant une trahison de l’apparence. Son essence diffère parfois de l’aspect extérieur, il combine parfois des éléments qui se contredisent. Il ne faut cependant pas pour autant en arriver à la conclusion élémentaire que « l’important, c’est le contenu ». Car l’apparence est tout aussi importante, et la question est celle de la différence ou du clivage entre l’apparence et le contenu. Hiroshi Ashida : né en 1978. Université de Kyoto, recherches dirigées en cursus doctoral, interruption approuvée. Assistant conservateur à l’Institut du Costume de Kyoto. Par-oles 01 Texte◉Hiroshi Ashida d’un fétichisme, existe une nuance sexuelle. En employant le terme «sexuel», nous ne montrons aucun retenue, mais en réalité, il s’agit d’une affaire d’ « érotisme ». Si on La confrontation entre le contenu et l’apparence, c’est de là que naît le «iki» (le chic) d’une fixation du regard. Ni au fait que cette expression suggère que dans cet oeil, qui regarde ces détails tendant à devenir l’objet La structure du «iki» donne à voir les trois momentums suivants: la «coquetterie», le «courage» et la «résignation». (Shuzo Kuki, La Structure de l’iki) Chaussettes ◉ DIGAWEL Des tons qui alternent les couleurs primaires et que l’on enferme dans ses chaussures. Accoutrement coquet avec lequel on s’exprime uniquement lorsque l’on retire ses chaussures. Noir / Rouge ¥ 2 625 chacune DIGAWEL (DIGAWEL) Sac Furoshiki ◉ Wagu Ce furoshiki teint grâce à la technique traditionnelle dite « teinture par réserve » peut être utilisé en tant que sac éco contemporain. De la tradition dans votre quotidien. ¥ 2 625 WISE・WISE tools (WISE・WISE tools) Robe ◉ Y’s Robe au design tombant tout droit jusqu’aux hanches, et d’un noir d’ébène descendant jusqu’aux mollets. Elle révèle la beauté intérieure en cachant la féminité de l’aspect extérieur. ¥ 54 600 Y’s (Y’s bureau d’information) Accessoires en bambou ◉ Takayuki Shimizu Takayuki Shimizu utilise du bambou de Beppu, dans la région de Oita, qu’il coupe en fines lamelles. Afin de conserver la texture initiale, il les empile sans les râcler et leur donne forme en les tressant. Pour accompagner un mode de vie résolu. Parure de coiffure ¥ 2 100 / Boucles d’oreillles ¥ 3 150(Rin) Eventail ◉ Eventail Motoshibu Co-création entre la tradition longue de 300 ans de la ville de Takashima, dans la préfecture de Shiga, réputée en tant que région de production de montures d’éventails, et un designer de Kyoto. La profondeur de ces coloris particuliers est rendue possible grâce à l’utilisation du tanin de kaki datant du Japon ancien. Innovation en harmonie avec la tradition. 9 800 Atelier SEN-KOTSU (THE COVER NIPPON) ¥ 63 000 / veste ¥ 28 350 / pantalon anglasad(anglasad) T-shirt à message ◉ Taro Okamoto, Shinro Otake, AZ T-shirt standard qui diffuse un message audacieux. Pour se draper d’un message en toute simplicité. Taro Okamoto T ¥ 3 000 / Fondation Commémorative Taro Okamoto pour la Promotion de l’Art Contemporain (Mémorial Taro Okamoto) / Shinro Otake T ¥ 3 150 / AZ ¥ 7 140 (mikirihasshin) ¥ 14 700 MIYAO (MIYAO) Zori ◉ Atelier Mihashi Des zori à nulle autre pareilles faites avec les patrons utilisés pour les teintures des motifs Edo Komon. Un luxe exclusif. ¥ 29 400 Atelier Mihashi (THE COVER NIPPON) (gauche) ¥ 6 000 / (centre) ¥ 18 000 / (droite) ¥ 5 000 S.nakaba (mikirihasshin) Veste ◉ AKIRA NAKA Veste aux motifs élaborés mettant en scène la féminité, et qui alterne audacieusement des materiaux différents. Une élégance hors norme. ¥ 81 900 AKIRA NAKA(ESTEEM PRESS) Cardigan ◉ near.nippon Cardigan fait de matériaux agréables et qui ressemble, à première vue, à une veste. A porter sans faire de manières, justement parce que le design en est chic. ¥ 26 250 near.nippon(near.co.ltd) Sac ◉ monacca Sac qui utilise les fines découpes de bois, ordinairement jetées, du village de Umaji dans la préfecture de Kochi. La richesse de ces matériaux jetés pour un accessoire de mode raffiné. ¥ 29 400 monacca(Rin) Setta ◉ anglasad Paire de setta trouvant leur inspiration chez Tora-san, connu pour être le héros de la série de films “Otoka ha tsurai yo” (C’est dur d’être un homme). A porter avec insouciance comme pour des sandales. ¥ 14 800 anglasad(anglasad) Chapeau ◉ Education From Young Machines Chapeau en laine sur la surface duquel sont dessinées des roses menues. Classique et attachant. ¥ 15 750 Education From Young Machines (GUILD PRIME Shibuya) Broche ◉ ARTS&SCIENCE Soie délicate teinte avec audace, et ornée de motifs de fleurs de prunier. Un pétale de couleur pour votre parure. (gauche) ¥ 14 700 / (centre) ¥ 4 200 / (droite) ¥ 3 990 ARTS&SCIENCE (ARTS&SCIENCE Marunouchi, OVER THE COUNTER BY ARTS&SCIENCE) Naito Bijoux ◉ S.nakaba Bijoux fabriqués à la main avec des matériaux jetés. Leur design, novateur et chaleureux, s’inspire de la nature. Par-ures 02 - 03 Photo◉Satoru Jupe ◉ MIYAO Motifs simples et alternance osée de coton et de dentelle. Jupe pleine d’audace et d’esprit ludique. L’avant-garde de la voie Royale. Costume ◉ anglasad Ces motifs qui rappellent les arabesques s’inspirent des “vêtements sacrés” portés par l’ethnie des Ainus lors de leurs prières aux Dieux. Le costume lui-même en devient sacré. Veste en matériau spécialement contracté par le select shop mikirihasshin. Design qui met en décalage l’image stéréotypée de « l’uniforme d’écolier », en utilisant des boutons couleur de lait, des coutures faites à la main et un tissu ivoire lamé. Uniforme d’écolier ¥ 47 250 keisuke kanda × mikirihasshin (mikirihasshin) Cardigan arborant le logo de « l’éléphant », l’icône de la marque. L’oeil est attiré par ses coutures blanches faites à la main, ainsi que par son alternance de tissus sur les différentes parties du corps. Le créateur s’attache au fait que la ligne du cou soit légèrement asymétrique. Cardigan cousu à la main (divers tons de noir) ¥ 35 700 keisuke kanda(candyrock) Geta (coutures rouges) : ces geta, qui semblent appartenir à un écolier effronté des temps jadis, ou encore à Tora-san déambulant dans la ville, sont formées de manière authentique avec leur planche en paulownia et leurs deux dents. A porter dans un esprit de contradiction humoristique : « des getas comme pour le faire exprès ». Getas (coutures rouges) ¥ 18 900 keisuke kanda(candyrock) keisuke kanda réinterprète le blouson à sa sauce et décore le jersey de l’école, qui était le plus réputé des vêtements « moches et qui font honte », avec des coutures blanches faites à la main et une alternance de tissus aux différences subtiles de tons. Haut de jersey unique, article de référence keisuke kanda(candyrock) Dans ce monde de la mode où, depuis la tendance vers l’importabilité où nous mènent les concepts, jusqu’aux vêtements de style extra-terrestre des films de sciencefiction de seconde classe, ou auxquels sont attachés des ours en peluche, quel que soit le « vocabulaire du design » qui nous attend au tournant, nous ne nous étonnons plus de rien, mais les vêtements que nous révèle keisuke kanda ainsi que sa manière de les présenter continuent à nous surprendre. Par exemple, la ligne homme de la Au style « stéréotype de l’écolier » qui remonte à l’ère Showa, avec ces boutons bon marché en plastique à l’effigie du sceau de l’école, ou la couleur inchangée de l’uniforme, ont été ajoutées les coutures à la main que l’on connaît bien, mais le tissu blanc d’ivoire finement lamé d’or, et la coupe de petite taille qui rappelle les vêtements de femmes, ajoutent une touche de raffinement. La haute technicité et l’attention au travail bien fait, ne sont pas spécifiques à la collection de cette saison, mais constituent le fil d’Ariane vêtements » pour être plus précis), et de les distribuer. Il lui est arrivé de lancer un défilé de mode de type accidentel dans le train du matin où montaient et descendaient les passagers ordinaires, ou de mettre en oeuvre une collection avec pour décor la tour de Tokyo et pour mannequin une actrice porno. Sa première boutique exclusive qui doit s’ouvrir cet automne, n’est pas un simple magasin ordinaire, mais, ô surprise ! est un bar. collection automne/hiver 2011. Des tricots et des jeans auxquels ont été rajoutés des coutures à la main sans ambition (ce n’est ni dans la lignée de la « chaleur des choses faites à la main », ni dans celle du « méticuleux travail manuel », mais on dirait plutôt le devoir à faire à la maison du cours sur les tâches domestiques d’un écolier de primaire). Un blouson jersey qui rappelle le jersey-sac à patates du temps de l’école. Un éléphant qui ressemble à un logo de marque comme on en voit souvent du côté du design de keisuke kanda. C’est un ami rencontré alors qu’il était étudiant à l’université de Waseda qui a incité le designer keisuke kanda à se plonger dans la mode. Érudit, détenteur d’une large connaissance tant en littérature qu’en sous-culture, ce que portait cet ami qui était plus mature que les gens du même âge de son entourage, c’étaient des marques telles que Seditionaries, Comme des Garçons ou Undercover. Cet ami, nous dit-il, a fait prendre conscience à Kanda, qui éprouvait A partir d’août est lancé le projet en collaboration avec le photographe Masashi Asada intitulé « le devoir à la maison de la photo de classe ». Asada a repensé et détourné le principe de la « photo de famille un jour de fête », avec des « photos en cosplay » de sa propre famille. Grâce à la mise en scène d’une atmosphère décontractée et à l’utilisation de motifs clichés, il fait paradoxalement ressurgir la structure de la « photographie » ou de la « mode ». Les oeuvres de Asada et de des vêtements de golf, mais dont la trompe, si on regarde de près, est un pénis. Rien que le son du mot « zob» est la personnification telle quelle de l’esprit de drôlerie des garçons, du temps où l’on passait la pause de la résistance quant au fait d’attacher de l’importance aux vêtements, que « en réalité, la mode est du même côté que la littérature ». Kanda baptise les vêtements qu’il crée luimême de « anti-mode ». Il dit qu’il Kanda ont cela en commun qu’elles font vaciller les limites. Tout en y mettant une ardeur sincère et en y intégrant une philosophie de pensée, keisuke kanda continue à mettre en oeuvre entière à se tordre de rire. Cependant, est-ce que ce design se positionne dans le territoire du dit « art extrême » ? Pas vraiment. Par exemple, l’ « uniforme d’écolier », créé en collaboration avec le select shop « mikirihasshin ». « souhaite créer des vêtements qui donnent l’impression d’être montré du doigt par derrière » (depuis son compte Twitter), et il semble également remettre en question en permanence la signification même du fait de présenter ses vêtements (« l’image de ses des concepts que les gens ne peuvent quitter des yeux. Comment nous étonnera-til la prochaine fois ? Comment nous fera-t-il rire ? Je suis dans l’attente et impatiente de le savoir. Kyoko Ozawa. Née en 1976 à Gunma. Quitte l’Université de Tokyo après l’obtention d’un doctorat. Attachée temporaire de recherche pour le « Global COE Program » University of Tokyo Center for Philosophy (UTCP). ◉Satoru Naito Texte◉Kyoko Ozawa T-shirt sur la poitrine duquel brille le disque solaire rouge du Japon, et orné d’un travail d’aiguille au fil rouge. C’est justement parce que ce symbole a tendance à se charger d’une signification excessive, que l’on veut le porter avec confiance et style. T-shirt cousu à la main (disque solaire japonais) ¥ 17 850 keisuke kanda(candyrock) Par-ticulier 04- 05 Photo Troisième épisode: keisuke kanda Alors qu’il imite le vintage de Levi’s, des détails amusants ont été ajoutés à ce pantalon en jean tels que des gros pois peints à la main de manière aléatoire, des coutures grossières piquées à la main également, et des rapiéçages cousus à l’arrière. Jean cousu main (à pois) ¥ 33 600 keisuke kanda(candyrock) Le « iki »’ n Par-entés 06 - 07 Photo ◉ Takemi Yabiku [FEMME](P.6、8、10、12), Maki Taguchi (P.7、9、11、13)Maquillage, coiffure ◉Tsukushi IchikawaMannequin◉Sayo Akasaka (P.8、12), Shohei Yamashita (P.10, 14)Texte◉Hiroshi Ashida Kaori Shinohara (esthéticienne / Kaminarimon) Chemisier ¥ 28 140 ANTIQUE / the Virgin Mary, Robe ¥ 16 590 ANTIQUE / the Virgin Mary, Maillot de corps ¥ 5 040 USED / the Virgin Mary, Jupe ¥ 21 000 ONNA:) / the Virgin Mary Manteau ¥ 126 000 SOMARTA / ESTEEM PRESS Chemise ¥ 31 500 SOMARTA / ESTEEM PRESS Boucles d’oreilles ¥ 35 000 S.nakaba / S.nakaba Coiffe article de référence S.nakaba/S.nakaba ’ ’ Endiguer une avant-garde débordante avec du classique. Que les esthétiques des parures se confrontent. est pas le stylé. Le « iki » ne peut se contenir dans un modèle qui a été parachevé. Permettons-nous donc de trahir l impression, cette impression d une dentelle élégante et féminine. Par-entés 08 - 09 ’ ’ ’ ’ Hideo Oshima (acteur / Senso-ji) Veste ¥ 71 400 anglasad / anglasad, Pantalon ¥ 26 250 anglasad / anglasad Après que le japonisme a connu du succès dans le monde occidental, l est et l ouest ont fusionné d une étrange manière. La touche japonaise intégrée aux vêtements occidentaux rompt l harmonie pré-établie et donne naissance à un équilibre différent. Manteau ¥ 178 500 araisara / ESTEEM PRESS Pantalon ¥ 54 600 araisara / ESTEEM PRESS Corset ¥ 47 250 araisara / ESTEEM PRESS Ceinture article de référence araisara / ESTEEM PRESS Par-entés 10 -11 Maho Kambara (employée de magasin/ Nakamise) Escarpins remake de baskets ¥ 31 500 POTTO / mikirihasshin, Masque-écouteurs en baskets article de référence POTTO / mikirihasshin, Sac / ESTEEM PRESS Sac ¥ 45 150 motonari ono / ESTEEM PRESS Coiffe ¥ 115 500 Stephen Jones / test, Robe ¥ 52 500 SOMARTA / ESTEEM PRESS Collants ¥ 16 800 SOMARTA / ESTEEM PRESS Ceinture ¥ 11 760 motonari ono / ESTEEM PRESS Chaussures ¥ 46 200 motonari ono / ESTEEM PRESS Gants ¥ 29 400 motonari ono ’ Une chaussure perchée sur la tête, comme Elsa Schiaparelli, adepte du surréalisme. Des baskets informelles changées en escarpins chics. Un esprit ludique qui ne s en tient pas à la forme et qui détourne les intentions. PHENOMENON/ THE CONTEMPORARY FIX Ras de cou ¥ 25 000 S.nakaba / S.nakaba Bague ¥ 120 000 S.nakab / S.nakaba Lunettes de soleil ¥ 26 250 LINDA FARROW / test, Chemise ¥ 35 700 PHENOMENON / THE CONTEMPORARY FIX Pantalon ¥ 37 800 PHENOMENON/ THE CONTEMPORARY FIX Boléro ¥ 36 750 PHENOMENON / THE CONTEMPORARY FIX Chaussure ¥ 45 150 PHENOMENO / THE CONTEMPORARY FIX Bretelles ¥ 6 300 ’ On ne sait pas à quoi pense ce clown loufoque. En dépit de son apparence, c est justement parce qu il porte une attention sincère à autrui, qu il sait comment émouvoir. Par-entés 12-13 ’ ’ Iccho (Blogueur de mode / Hanayashiki) Chapeau \ 23 100 CHRISTOPH COPPENS / destination Tokyo, Cravate \16 800 CHRISTOPH COPPENS/ destination Tokyo JAPAN QUALITY REVIEW JQR MODE Publication Media Globale en Ligne 2011 octobre Vol.3 Editeur en Chef / Directeur de Publication ◉ Jun Shinozuka Directeur Mode / Styliste ◉ Souta Yamaguchi Directeur Artistique ◉ Masaya Mutoh (No Design) Designer ◉ Akari Sugawara (No Design) Planning ◉ Integral Corporation 〒101-0064 2-1-14 Sarugakucho, Chiyoda-ku, Tokyo 101-0064 03-3518-4488 Publication ◉ JQR Editorial Department 2-1-14 Sarugakucho, Chiyoda-ku, Tokyo 101-0064 03-3518-2270 Information Magasins/Marques ◉ anglasad 03-5768-0744 ARTS&SCIENCE Marunouchi 03-5224-8651 destination Tokyo 03-3350-5027 DIGAWEL 03-6452-3220 ESTEEM PRESS 03-5428-0928 GUILD PRIME Shibuya 03-6419-3091 MIYAO 03-6804-3494 near.co.ltd 0422-72-2279 OVER THE COUNTER BY ARTS&SCIENCE 03-3400-1009 Rin 03-6418-7020 S.nakaba 0427-82-2374 test, 03-5775-1537 THE CONTEMPORARY FIX 03-6418-1460 THE COVER NIPPON 03-5413-0658 the Vigin Mary 03-6427-4709 WISE・WISE tools 03-5647-8355 Mémorial Taro Okamoto 03-3406-0801 mikirihasshin 03-3486-7673 Candyrock SARL 03-3318-6206 Y’s bureau d’information 03-5463-1540 fre.jqrmag.com Le Japon et moi Un essayiste -Quand modernité nait de la tradition- VOI. Françoise Moréchand Différences de cultures Françoise Moréchand 4 私と日本 Dans cette série, Le Figaro ne parle pas du je reçus très vite une petite boîte remplie de Japon. Je vais donc faire ma propre liste. Le « sakura mochi » autrement dit « gâteau des journaliste aurait pourtant pu citer le sushi, arrivé cerisiers », emblème des gâteaux du printemps... en force en France en même temps que les La pâte en est de haricot sucré, entouré d’une manga. feuille de cerisier macérée dans de l’eau légèrement salée pour donner un contraste subtil Avant même de parler « tofu » (fromage de soja), entre le sucre et le sel. Consommé avec un thé « o miso »,( pâte de soja fermentée), riz cuit à vert, c’est à mourir de plaisir ! Et sans trop de l’eau, sushi et autres spécialités japonaises qui calories ! sont excellentes pour la santé et vous préservent disons le franchement, n’est pas considéré de l’obésité, il faut mentionner les gâteaux, On ajoutera à ce que nous pourrions prendre aux comme de la cuisine. « okashi ». Japonais avec grand avantage : les dîners qui se En bonne Française, c’est aussi mon avis. Tous sont à base de pâte de haricots sucrée prennent tôt et la présentation des plats digne Mais le journaliste du Figaro estime que nous sans jamais aucune matière grasse ce qui permet d’un tableau. Le journal Le Figaro, le quotidien le plus lu en devrions respecter davantage ce genre de d’éviter les dégâts de santé des gâteaux France, publie en juillet une série d’articles nourriture. Il explique que savoir gérer le feu de occidentaux. intitulés « Le goût des autres ». Il s’agit braise et la cuisson (ni trop grillé ni trop cru), ne Comme le reste de la cuisine japonaise, les d’éplucher les cultures des autres pays, surtout, pas envoyer des éclats de graisse partout , gâteaux suivent les saisons. cette fois, en ce qui concerne la table. servir quand c’est prêt, ni trop chaud ni trop froid, Un souvenir : j’arrivais au Japon au printemps et Le Figaro prend chaque pays et analyse ce qu’on mérite le respect. Quels aspects de la culture culinaire Japanaise les Francais derraient-ils piquer? Nous voilà bien loin des hamburgers… peut prendre absolument, et ce qu’on ne doit pas piquer. Et puis il continue la liste en faisant l’apologie du doggy bag. Voici les conclusions tirées par le journaliste du Là, je suis d’accord. En France on ose pas. Ça Figaro sur les États Unis. ne fait pas chic. En vérité, en France, laisser une miette sur son assiette relève de la pire mauvaise Ce qu’on pourrait leur piquer, dit-il, c’est rire au éducation. On ne se comporte pas comme cela restaurant . quand la moitié du monde crève de famine. Il est vrai qu’en France, on ne rit pas beaucoup à Mais si vraiment nous laissons dans l’assiette, le table. Manger pour nous est une activité sérieuse doggy bag est une bonne solution. Et puis le où on est là pour apprécier les mets et pour chien de la maison sera content. discuter du dernier film. On rit surtout quand quelqu’un se met à raconter des histoires drôles. Quand au hamburger que les Français se sont Personnellement, ce style me convient approprié,( beaucoup moins que les Japonais), le parfaitement. Mais le journaliste du Figaro, plus journaliste n’a pas l’air contre. américanisé que moi, estime qu’on pourrait rire Il y a jouté même le Coca Cola et le banana split !!! plus, comme les Américains. Bon, admettons, si ce n’est qu’une fois par mois. Pour moi, les rires américains sont si bruyants qu’aux autres tables, on ne s’entend plus parler. Après avoir aussi fait ces compliments sur le C’est insupportable. Coca Cola et le banana split, il conclue sur ce qui ne faut absolument pas leur piquer : l’obésité. Là nous sommes tous d’accord. Mais pour éviter Le Figaro enchaîne sur le barbecue qu’il trouve l’obésité, il y a une solution : se nourrir à la intéressant de leur emprunter.. japonaise. Cuisine traditionnelle évidemment. Pour les Français, le barbecue reste primitif, et, 41 2 011 Octobre 2 011 Octobre 42 Un nihonshu à déguster dans un verre à vin. Le culte des beaux esprits Vol. 6 Jun Ai Shikomi Junmai Miyaizumi Meijo Co, Ltd. Higashisakae-machi 8-7, Aizuwakamatsu-shi, département de Fukushima. Tél 0242-27-0031 http://www.miyaizumi.co.jp/ ● Alcool : 16% ● Seimai-buai (pourcentage de riz restant après polissage du grain) : 60% ● Nihonshu-do (densité) : +0,5 ● Acidité : 1,5 ● Riz : Yume no kaori (produit par l’exploitation Kamimawatari Yume Noujou, Minato-machi, Aizuwakamatsu-shi) ● Contenance : 1,8 l ● Prix : 2310 yens (taxes comprises) SHARAKU ●Texte / Kaori Haishi (sommelière en nihonshu), photos / Susumu Nagao Toute l’émotion d’un nishonshu brassé avec amour fruité ne veut pas dire exclusivement trait d’union, rehausse la saveur de sucré. Sa fraîche acidité forme un chacun. Buvez-le entre 10 et 12 degrés. équilibre admirable avec un côté brut qui Trop rafraîchi, sa saveur se durcira et il fait son apparition, en final, sur la pointe perdra la moitié de son moelleux. Sortez- Quand je pense à un jeune brasseur plein des pieds. Il a un doux parfum de ferment le du réfrigérateur un peu avant de le d’élan, c’est tout d’abord le visage de lactique qui lui vient du riz avec lequel il déguster : il sera à point quand de fines Yoshihiro Miyamori de la brasserie est fait. Verre après verre après verre, on gouttelettes d’eau commenceront à perler Miyaizumi qui me vient à l’esprit : toujours ne s’en lasse toujours pas. sur la bouteille… en train de décrypter l’air du temps et de En accompagnement, osez de fines J’allais oublier : non, ce n’est pas une lancer de nouveaux défis, il concocte des tranches de pomme. Deux saveurs coquille, là, sur l’étiquette collée au goulot sakés qui font soupirer d’aise les aigres-douces ensemble : voilà qui peut de la bouteille. C’est bien Jun Ai (« amour amateurs. Il y a dans sa posture virile et surprendre, mais qui s’accorde bien. pur ») et non pas « Junmai » (« alcool de sans affectation quelque chose qui Saupoudrez les pommes d’une touche de riz pur »). Une petite attention typique de évoque les loyalistes de la fin du sel, elles n’en seront que plus délicieuses. M. Miyamori qui cache en fait un grand Shogounat. J’aimerais que vous ressentiez par souci du détail. L’amour de la fabrication On pourrait croire que l’alcool produit par vous-mêmes que les sakés de belle du saké et l’amour envers Fukushima, son un vaillant brasseur doit forcément être un facture se satisfont de fruits en terroir : chaque goutte recèle plusieurs saké ultra-sec et viril, mais en fait, il n’en accompagnement. Je recommande aussi formes d’amour. Ressentez sur votre est rien. Le Jun Ai Shikomi Junmai les plats vinaigrés, comme la salade de palais la force d’esprit qui est celle de ce SHARAKU est moelleux en bouche avec seiche et concombre à la vinaigrette brasseur. une saveur fruitée à la séduisante acidité sanbaizu, ou encore les ailes de poulet évocatrice des pêches blanches. Mais mijotées au vinaigre. L’acidité, véritable 2 011 Octobre 44