10Gratuit - JAPAN QUALITY REVIEW

Transcription

10Gratuit - JAPAN QUALITY REVIEW
10
2011
OCTOBRE
vol. 06
Gratuit
JQR FASHION
Par-er
QR REVUE QUALITÉ
Brosses à habits
faites main EDOYA
La brosse à habits EDOYA
« Betsu Atsurae »
(« sur mesure »)
[Spécial]
Yoshino – Kôya – Kumano
nouveau
Le café, un monde
en pleine évolution
Vu par Hiroshi Sawada
Nouvelle série
Nous avons demandé à des
passantes élégantes rencontrées
dans la rue leur humeur du moment.
INSTANTANÉ DE RUE
Sur les
chemins
de
pèlerinage
de Kii
fre.jqrmag.com
03
2 011 Octobre
S O M M A I R E
(Édition d' Octobre 2011 Diffusion le 7 septembre)
05
07
OUVERTURE
TORAYA CAFÉ,Aoyama
Reportage de JQR
Photograph /Satoru Naito
Sur les traces du 11 mars
Le grand séisme de l’est du Japon. Les bénévoles à l’œuvre
pour reconstruire
20
nouveau
09 Le café, un monde
en pleine évolution
Nouvelle série
Nous avons demandé à des
passantes élégantes rencontrées
dans la rue leur humeur du moment.
INSTANTANÉ DE RUE
Vu par Hiroshi Sawada
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02
2 011 Octobre
Yoshino – Kôya – Kumano
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Sur les
chemins
de pèlerinage
de Kii
Par-er
REVUE QUALITÉ
Brosses à habits
faites main EDOYA
La brosse à habits EDOYA
« Betsu Atsurae »
(« sur mesure »)
Comité de rédaction
JQR FASHION
41
A suivre [Essai]
44
Le culte des beaux esprits
Le Japon et moi -Quand
la modernité naît
de la tradition
Françoise Moréchand
Jun Ai Shikomi
Junmai
SHARAKU
Éditeur et rédacteur en chef
Jun Shinozuka
Rédacteurs
Jun Nakaki
Shozo Izuishi
Tanehide Egami
Kyoko Ohtsu
Shinichi Hanawa
Maki Taguchi
Ryuichiro Matsubara
Dai Furusawa
Fumio Maruyama [High-Tech Industry Innovation Agency]
Directeur Mode
Souta Yamaguchi
Yumi Yamaguchi
Directeur Web
Tokuhisa Maruyama
Assistance de la rédactionHigh-Tech Industry Innovation Agency
Designer
Wakako Kawasaki
Programmation
Integral Corp.
Masaya Mutoh((NO DESIGN))
Rédaction
Digital Lights Inc.
Akari Sugawara((NO DESIGN))
Traduction
Manabiya Inc.
[Critique de mode]
[Producteur exécutif à l’École de Cuisine Egami]
[Co-représentant de Ramsar Network Japan]
[Economiste et professeur à l’Université de Tokyo]
[Auteur de récits de voyage]
Rédaction JQR
2-1-14 Sarugaku-cho, Chiyoda-ku
Tokyo 101-0064
03-3518-2270
Publicité JQR (Integral Corp.)
2-1-14 Sarugaku-cho, Chiyoda-ku
Tokyo 101-0064
03-3518-4488
fre.jqrmag.com
2 011 Octobre
03
OUVERTURE CE MOIS
TORAYA CAFÉ,Aoyama
Photos : Kohji Kanatani Texte : Yoko Yagi
PLAT
URL
東京ドームシティ
小石川橋
後楽園
東京ドーム
ホテル
壱岐坂上
駅
道橋
線水
三田
都営
壱岐坂下
本郷二
新壱岐
坂
慶應義塾大学
A1出口
三田二丁目
神田川
秋葉
原→
庭のホテル 東京
三崎町
三田三丁目
Gelée d’azukicha* sauce bicolore (630 yens). Délice réservé aux
palais fins, c’est日本料理 晴山
une combinaison d’azukicha 田町駅西口
non sucré et gélifié (à
l’agar-agar) avec deux sauces : l’une, parfumée au rhum, doit sa
couleur au haricot rouge tandis que l’autre est à田町駅
base de pâte de
り
通
haricot
田 blanc sucrée.
桜
線
幹
* Eau de cuisson de haricots rouges, appréciée pour ses
propriétés
道新
médicinales.
東海
PLAN D’ACCÈS
PLAT
通り
白山
Palais Impérial d’Akasaka
Immeuble
Aoyama
vers Shibuya
Koban, poste de police de proximité
Station Aoyama-Icchome
Avenue Aoyama
vers Akasakamitsuke
Bureau de poste
d’Aoyama
1er sous-sol de l’Aile Ouest
de l’Immeuble Shin-Aoyama
Toraya Café Aoyama
Immeuble
Honda
vers Roppongi
vers Nishi-Azabu
慶應義塾大学
Troisième café ouvert par
l’une des plus
vieilles
慶大正門前
enseignes de la pâtisserie
japonaise
2 011 Octobre
Le Toraya Café est un nouveau concept
de café proposé par Toraya, célèbre
enseigne de la pâtisserie japonaise.
Avec la participation au projet de Tomoko
NAGAO, coordinatrice culinaire, le
pâtissier historique crée un univers de
douceurs inventif autour de la pâte de
haricot sucrée ou an en japonais, fonds de
commerce de Toraya, associée à des
ingrédients d’origine occidentale.
Inauguré en juin dernier après les deux
cafés de Omotesando Hills et Roppongi
Hills, le Toraya Café Aoyama a ceci de
particulier qu’il propose pour la première
fois un menu petit déjeuner. Les clients
matinaux constitués principalement de
日比谷通
り
Aoyama-Icchome sur les lignes Tokyo Metro et Toei est la station de
métro la plus proche, reliée directement à l’immeuble Shin-Aoyama.
04
定山源泉
公園
30 places. L’intérieur du café est à la fois simple et moderne avec
湯の滝
pour 定山渓観光協会
couleur dominante le blanc qui fait ressortir le vert – référence
au maccha (thé vert en poudre) - des chaises et canapés. C’est le
premier café TORAYA à proposer un menu petit-déjeuner. Il y a
également un certain nombre de desserts et de plats exclusifs.
中山峠
外堀通り
東口
http://toraya-cafe.co.jp/
長寿と健康の
足つぼの湯
三田
慶大正門前
三田四丁目
水道橋
←新宿
日比谷通
り
東京ドーム
岩戸観音堂
↑巣鴨
小石川
後楽園
An Paste Koppe (600 yens), petit pain à la pâte ogura-an* et au
fromage blanc. Le goût sucré de la pâte s’harmonise à merveille avec
l’acidité du fromage blanc. Il est servi avec une boisson au choix :
café, thé anglais ou hojicha**. (Les bocaux de pâte an à tartiner, au
fond de la photo, ne sont pas inclus dans ce plat.)
*Pâte de haricot rouge sucrée qui, n’étant pas passée au chinois,
contient des haricots entiers.
** Thé grillé
salariés en route vers leur travail
apprécient, entre autres, le toast ou le petit
pain三田
tartinés de pâte an aux haricots,
spécialité à succès de la maison dont
l’accord avec le pain est merveilleux à
l’égal d’une confiture. Afin de tirer le
meilleur parti de son emplacement idéal
tout près d’une station de métro, le
troisième Café Toraya se veut accessible :
les desserts sont offerts en portions
raisonnables pour garder des prix doux, et
la généreuse gamme de produits à
emporter, au premier rang desquels les
gâteaux secs, fait le bonheur de tous ceux
qui, tôt le matin, ont soudain besoin d’un
petit cadeau à offrir.
Quand vous avez envie d’une petite
douceur ou de vous offrir un peu de luxe...
c’est le Toraya Café Aoyama qui vous
donnera une « petite» mais intense
satisfaction.
Toraya Café Aoyama
1-1-1 Minami-Aoyama, Minato-ku, Tokyo
1er sous-sol de l’aile ouest de l’Immeuble Shin-Aoyama
Tél 03-3451-0141
08h00~20h00 (dernière commande à 19h30) en semaine
11h00~18h00 (dernière commande à 17h30) le samedi
Fermé le dimanche, les jours fériés et pendant les fêtes
de fin d’année
2 011 Octobre
05
Reportage de
Correspondance d’Ishinomaki
Le grand séisme de l’est du Japon.
Les bénévoles à l’œuvre pour reconstruire
Sur les traces du11 mars
Texte et photographies : Christine Lavoie-Gagnon
[ Troisième partie ]
Ishinomaki n’est plus un tableau de
Dali nauséabond.
11 mars 2011. Sous ma table à dîner pour me
particulier la ville d’Ishinomaki, dont les dégats
protéger des pots et verres qui me tombent
et les travaux sont les plus lourds. Combien de
sur la tête, je suis témoin en direct de ma télé
maisons avons-nous néttoyées de boue et de
du désastre du Tsunami. Moment
débris? Combien de planchers et murs avons-
d’irréalité, confusion, peur, tristesse. Quatre
nous arrachés pour arrêter la moisissure de
jours plus tard, j’ai les deux pieds dans la
ronger les maisons?
boue, les yeux qui voient et le cerveau
qui ne comprend pas, je suis sur place pour
Aujourd’hui, six mois après le désastre, on ne
filmer les lieux. La caméra ne rendra cependant
reconnait plus la ville d’Ishinomaki. Le travail
jamais à l’écran les quartiers malaxés, les
des forces de la défense, des groupes de
bateaux, voitures et articles de maison qui ne
bénévoles et de la municipalité est visible.
devaient pas être côte-à-côte, les odeurs de
Nous ne sommes plus dans un tableau de Dali
vehicules en feu, la vision des soldats
nauséabond, nous sommes dans une ville en
enveloppant calmement les corps tant bien que
reconstruction. Le refuge de l’école élémentaire
mal repêchés dans les mares à perte de vue
Minato ne compte plus que 95 personnes sur
laissées par la vague meurtrière,
les 2000 initiales et il devrait fermer ses
le bruit tintant des sirènes et par dessus tout,
portes fin septembre. La plupart des gens ont
le froid et la neige glaciale.
été relocalisés dans des habitations
temporaires, vivent au second étage de leur
De témoignage en témoignage, les survivants
maison, ou louent de petits appartements en
de Tohoku me redonnent une leçon de vie.
ville.
Contrairement à mon appréhension, les gens
veulent crier à la terre entière la mausvaise
Cependant le gros de la tâche n’est qu’à venir.
expérience qu’ils viennent de vivre, ils nous
Il faut reconstruire. La ville, les maisons,
demandent d’écouter leur histoire et de la
certes, mais aussi les entreprises, les
diffuser à travers le monde. Entre les larmes et
manufactures, le marché du travail. Tout a été
la joie d’être en vie, ils demandent mon aide.
anéanti par le Tsunami. Ishinomaki, qui
La tâche est inima-ginablement immense.
souffrait déjà du vieillissement de la population, perd ses jeunes. Une grande partie de la
C’est cet appel à l’aide qui m’a rammenée
ville le long du litoral ne pourra être
quelques jours plus tard sur place, cette fois
reconstruite en zone résidentielle, car le sol
avec des gens forts et bien équipés pour ai-
s’est affaissé de quelques 80 cm par endroits.
der à nettoyer les dégats. Plusieurs se sont
L’incertitude règne.
joints à nous par la suite et nous avons formé un groupe bien déterminé à ne pas lais-
L’urgence n’est plus à la boue et au ménage,
ser tomber les gens jusqu’à ce que la vie re-
elle est à la réorganisation, à la motivation, à
prennent son cours normal dans la région, en
l’espoir.
Christine Lavoie-Gagnon
06
2 011 Octobre
Christine Lavoie-Gagnon, originaire du Québec, Canada, vit au Japon depuis plus de 17ans. Elle gère
une boîte de communi-cation à Tokyo, mais vous la retrouvez plus assurément à Ishinomaki avec
NADIA, qu’elle a fondé pour venir en aide aux sinis-trés.
2 011 Octobre
07
da
Ap rès
Hir osh i Sa wa
air e d’O sak a.
art iste . Ori gin
dui ts
Ba rist a. Lat te
ric ant de pro
fab
un
z
che
y ren con tre
avo ir tra vai llé
à Se att le. Il
par t étu die r
son
alim ent air es,
pas sio n. Ap rès
dev ien t une
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s le
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le lat
à nou vea u dan
on, il tra vai lle
nce
nda
épe
ind
ret our au Jap
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air e, pui s pre
, il obt ien t le
sec teu r alim ent
caf é. En 20 08
au
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CO FF EE CO
tec hni que .
Le café, un monde
en pleine évolution
Vu par Hiroshi Sawada N°1
Photos/ Kohji Kanatani Texte/ Yoko Yagi
La beauté du latte art :
une garantie de saveur
Connaissez-vous le latte Art ? Ce
mot évoque pour de nombreuses
personnes les motifs que l’on dessine
avec un bâtonnet à la surface d’un
café latte. Mais le latte art que je
pratique est différent. Je me sers
d’un pichet pour verser du lait chaud
dans la tasse et je réalise ainsi toute
une variété de motifs bien plus
sophistiqués qu’une simple feuille ou
un cœur.
Le latte art trouve son origine en
Italie. Il a traversé l’océan et s’est
diffusé à Seattle où il a évolué pour
Latte!
devenir le « free pour » art latte.
Cette technique résultera en un café
latte dont la beauté visuelle et la
saveur varieront grandement en
fonction du niveau de celui qui le
prépare. C’est là tout l’intérêt du
« free pour » art latte. Tous les ans,
Seattle accueille un concours de
« free pour » art latte où les baristi
du monde entier rivalisent d’habileté.
Pourquoi la technique du « free pour »
où un simple pichet est utilisé dans
la réalisation des motifs les plus
variés a-t-elle connu un tel
développement ? Selon moi, c’est
parce que le « free pour » a quelque
chose de palpitant, comme la
planche à roulettes ou la planche à
neige. « Si je continue sur ma
lancée, je vais prendre une bûche »,
« En versant comme ça, le lait risque
de déborder de la tasse avant que je
termine mon dessin ». Voilà ce qu’on
se dit tout en tentant sa chance.
l’on goûte dans les deux cas. Les
Américains, surtout les habitants de
la côte ouest, adorent perfectionner
leur technique tout en se faisant
peur, dans le domaine du sport
comme dans celui de la culture (et
bien sûr celui du café). Je crois que
c’est cela qui m’a plu et qui continue
de me fasciner.
En fait, le « free pour » art latte est
à l’origine un moyen de prouver la
saveur du cafe latte. Du café et du
lait, voilà tout ce qu’on utilise. Si le
café n’est pas bien moulu, si
l’expresso n’est pas bien passé dans
le percolateur, il ne prendra pas cette
belle nuance de brun qui sert de
fond. On aura beau verser du lait, le
contraste ne sera pas réussi.
Le lait demande lui aussi les soins
les plus attentifs. Si on parvient à
moduler précisément la température
pour obtenir une mousse tout en
finesse, la note sucrée du lait
gagnera en profondeur et en plus, le
dessin sur l’expresso aura une qualité
bien lisse. En d’autres termes, on ne
peut pas parler de « free pour » latte
art si le goût du café et l’art ne vont
pas main dans la main.
Malheureusement, le « free pour »
latte art n’est pas bien connu au
Japon. En commençant cette série,
je serais heureux de faire connaître
son attrait à un plus grand nombre de
personnes. Et j’espère aussi pouvoir
vous transmettre les réflexions que
m’inspire jour après jour le café.
C’est le même genre de frisson que
STREAMER COFFEE COMPANY
1-20-28 Shibuya, Miyakawa building,
rez-de-chaussée, Shibuya-ku, Tokyo
Tel. : 03-6427-3705
http://streamercoffee.com/
08
2 011 Octobre
fe
i
L
e
e
ff
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C
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y
Tok
2 011 Octobre
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Yoshino – Kôya – Kumano
Sur les
chemins
de pèlerinage
de Kii
En 2004 ont été enregistrés sur la liste du
patrimoine mondial de l’
Unesco les « sites
sacrés et chemins de pèlerinage dans les
monts Kii ». Des chemins à proprement parler
inscrits au patrimoine mondial de l’
humanité,
c’
est quelque chose de peu de commun, et ce
même à l’
échelle internationale. A cheval sur
les trois préfectures de Nara, de Wakayama et
de Mie, cette immense région montagneuse en
devenant le théâtre de la pratique de l’
ascétisme
montagnard, a vu naître avec le temps trois sites
sacrés, différents par leurs origines comme par
leurs contenus, ainsi que les chemins les reliant
entre eux. Ce lieu influença grandement
l’
essor de la religion et de la culture au Japon.
Photos : Satoru Naitô
Informations recueillies par :
la rédaction de JQR
Préfecture de Nara
Temple Kimpusen-Ji
Zao-Dô
Sanctuaire Niukanshôbu-Jinja
Sanctuaire Niutsuhime-Jinja
Salon de thé Yataté
Préfecture de Mie
Mont Yoshino
Sanctuaire Yoshino Mikumari-Jinja
Chemin de Kôyasan
Chôishimichi
Mont Kôya
Préfecture de Wakayama
Sanctuaire Kumano Hongu-Taisha
Sanctuaire Kumano Hayatama-Taisha
Le festival du feu, qui a lieu le 14 juillet de chaque année, au sanctuaire Kumano Nachi-Taisha. Dans une chaleur ardente, on défile dans les escaliers en pierre
en portant des torches de pin enflammées d’environ 50 centimètres de diamètres et pouvant peser une cinquantaine de kilos.
10
2 011 Octobre
Chemin Kumano Kodô Koh
Chemin Kumano Kodô Nak
Chemin Kumano Kodô Ôhe
Chemin Kumano Kodô Isej
Sanctuaire Kumano Nachi-Taisha
Chemin de Ôminé Okugaké
Chemin de Kôyasan Chôish
2 011 Octobre
11
Le Zao-Dô, bâtiment principal du temple Kimpusen-Ji qui aurait été fondé par En No
Gyôja. En 1874, le Shugendô est interdit par le gouvernement Meiji, et le Kimpusen-Ji
est temporairement aboli et récupéré pour la vénération du culte Shintô. Mais en 1886,
il est restauré en tant que temple bouddhiste par la secte Tendai. En 1948, la secte
bouddhiste Kimpusen Shugen Honshû affirme son indépendance et, en s’articulant
autour du Zao-Dô (trésor national) en fait son temple principal.
Le chemin de pèlerinage aux 75 lieux de cultes et sites sacrés
au fond de la montagne.
pratique de l’ascèse et la magie). Là,
montagnards (les Yamabushi) pratiquent
temps anciens, un endroit célèbre pour
afin de se laver de ses péchés et
dans la montagne abrupte et profonde
ses remarquables cerisiers. A partir de
impuretés, il s’adonna au péril de sa vie
une ascèse rigoureuse. Des montagnes
l’extrémité nord de la chaîne de
à des mortifications. Pendant une
vénérées car abritant les dieux, une
montagnes de Ôminé, sur une arête
ascèse, alors qu’il allait atteindre la
culture du Shugendô transmise jusqu’à
d’environ 8 kilomètres orientée vers le
bouddhéité en son corps, il vît
nos jours, un environnement religieux
sud, s’étend une dense forêt restée
apparaître la divinité Zao Gongen. En
intact malgré les années, c’est tout un
inchangée depuis jadis. Quand le
No Ozunu sculpta dans du bois de
paysage culturel qui a été inscrit au
printemps arrive, aux alentours de la
cerisier sauvage des représentations de
patrimoine mondial de l’Unesco.
gare de Yoshino, commencent à fleurir
Zao Gongen qui furent célébrées à
les mille cerisiers du bas, suivis des
travers les montagnes de Yoshino. Le
temple Kimpusen-Ji, fondé dit-on par
mille cerisiers du milieu, des mille
cerisier sauvage était devenu un bois
En No Gyôja, abritant la divinité Zao
cerisiers du haut et des mille cerisiers
saint, et ceux qui se rendaient dans la
Gongen. Le Zao-Dô, dans lequel on
du fond, déroulant tel un tapis de
montagne pour prier continuèrent à en
vénère Kongô Zao Gongen, est la
couleurs ravissantes en direction du
planter. Ce détail historique expliquerait
deuxième plus grande construction en
sommet de la montagne. Devant un tel
la profusion de cerisiers à Yoshino.
bois du Japon, juste après le Tôdai-Ji
Le mont Yoshino est, depuis des
YOSHINO
吉野
12
2 011 Octobre
paysage, on comprend aisément
Le chemin qu’En No Gyôja aurait
On trouve aussi au mont Yoshino le
abritant le grand Bouddha de Nara. Zao
pourquoi Hideyoshi Toyotomi est venu
ouvert pour la pratique de l’ascèse,
Gongen est la divinité principale du
contempler les fleurs, accompagné de
connu sous le nom de chemin de
Shugendô. Ce site figure également sur
5000 vassaux. Puis quand vient
Ôminé Okugakémichi, couvre environ
la liste du patrimoine mondial de
l’automne, les visiteurs sont tout aussi
170 kilomètres et relie Yoshino à
l’humanité.
nombreux à venir admirer les
Kumano. Cette route qui longe les
gracieuses couleurs des feuilles
montagnes de Ôminé est le plus
sont classés patrimoine mondial de
rougies.
escarpé de tous les chemins de
l’Unesco, comme le sanctuaire Yoshino
pèlerinage de Kumano. On y trouve 75
Mikumari-Jinja ou le sanctuaire
montagnes de plus 1000 mètres
lieux de cultes et sites sacrés que le
Yoshimizu-Jinja. Sur les vieux chemins
composant le massif du mont Yoshino
pèlerin visite un par un en pratiquant
reliant Yoshino à Kumano, on peut
qu’au 8e siècle, le sorcier En No Ozunu
l’ascèse.
littéralement sentir le cours du temps
C’est dans cet ensemble de
(aussi appelé En No Gyôja) est venu
Plus de 1300 années se sont
pour pratiquer le Shugendô (mouvement
écoulées, et aujourd’hui encore le
religieux syncrétique reposant sur la
chemin perdure, de nombreux ascètes
D’autres bâtiments du Mont Yoshino
s’écouler sur sa peau.
2 011 Octobre
13
Le chemin ouvert par Kôbô Daishi où se succèdent les Gorinsotoba
En 2016, le monastère du mont Kôya
alphabet siddham évoquant des
que comme Kôbô Daishi s’y rendait à
fêtera ses 1200 ans. Tout commence
vénérables divinités du bouddhisme
neuf reprises chaque mois pour voir sa
en l’an 816 quand Kôbô Daishi, rentré
tantrique, le nom d’un donateur, ou
mère, on attribua au bourg le nom de
de la Chine des Tang, berceau de la
encore la date de son érection.
Kudoyama (« la montagne des neuf fois »).
civilisation, rapporte au Japon le
Miraculeusement, l’intégralité de ces
Quelques mètres plus loin se trouve le
Shingon (une école bouddhiste
216 bornes est restée intacte. En
sanctuaire Niukanshôbu-Jinja. Kôbô
tantrique) et entame la construction
parcourant ce chemin, il est non
Daishi le fit construire afin d’y vénérer
d’un Dôjô pour permettre au Sangha (la
seulement possible d’admirer le même
Niu-Kôyamyôjin, la déesse tutélaire du
communauté monastique) de pratiquer
paysage que voyaient nos ancêtres,
Jinson-In, au moment de sa fondation.
l’ascèse.
mais également de profiter de la vue
La construction de style architectural
sur la plaine de Kinokawa. C’est pour
Kasuga est magnifique.
et parmi les 7 chemins de pèlerinage
cela qu’aujourd’hui ce chemin, en plus
7 kilomètres après le point de départ,
qui mènent à son sommet, il en est un
d’être un lieu de prière, connaît une
on trouve le sanctuaire Niutsuhime-
qui est enregistré sur la liste du
grande popularité en tant qu’itinéraire
Jinja. Face à sa teinte vermillon, son
patrimoine mondial de l’Unesco: le
touristique. De plus, le chemin aux
pont japonais, sa porte « Rômon » et
chemin de Kôyasan Chôishimichi.
bornes en pierre du mont Kôya mène à
son impressionnant bâtiment principal,
Il s’agit un parcours de 23 kilomètres
quatre constructions inscrites au
on vénère la déesse locale Niu-Myôjin
construit juste après la fondation du
patrimoine de l’humanité.
et son enfant Kariba-Myôjin, le dieu qui
Le Mont Kôya culmine à 800 mètres,
monastère du mont Kôya, qui a pour
14
2 011 Octobre
guida Kôbô Daishi au sommet de la
montagne.
point de départ le temple Jison-In, dans
en pierre a pour point de départ le
le bourg de Kudoyama. C’était, jusqu’à
temple Jison-In. La mère de Kôbô
l’époque d’Edo, le chemin de
Daishi, alors très âgée, avait fait le
de thé Yataté, on se rend au temple
pèlerinage le plus fréquenté.
déplacement depuis le temple Zentsû-
Kongôbu-Ji. De là, il reste encore
Ji, dans la préfecture de Kagawa, afin
environ une heure de marche avant
mètres (109m = 1 Chô, ancienne unité
de voir de ses propres yeux le
d’arriver à la tombe de Kôbô Daishi.
de longueur japonaise), se dressent des
monastère du mont Kôya que son fils
Depuis le Jison-In, c’est un parcours de
Gorinsotoba, des colonnes de pierre
avait fondé. L’accès au mont Kôya
8 heures de marche. Il est amusant de
semblables à des bornes routières. Sur
étant à l’époque interdit aux femmes,
progresser carnet en main pour y
chacune de ces bornes figurent des
elle ne pût rejoindre Kôbô Daishi et dût
appliquer les tampons de chaque étape.
informations comme une inscription en
séjourner au temple Jison-In. Il est dit
Le long du chemin, tous les 109
KÔY
A
高 野
Le chemin de pèlerinage aux bornes
Après avoir fait une pause au salon
➡扌 Des deux côtés des deux kilomètres de chemin séparant
l’entrée d’Omotesandô et la tombe de Kôbô Daishi se dressent
des cyprès que l’on dit plusieurs fois centenaires. Non loin sont
érigés des monuments en mémoire de personnes de tous temps.
Quand on passe le portique du sanctuaire
Niutsuhime-Jinja, on trouve un joli pont
dessinant la forme d’une arche. Son reflet dans
l’étang est tout aussi splendide.
2 011 Octobre
15
Les vieux chemins menant au Kumano Sanzan au charme inchangé,
dont les traces de pas ne s’effacent jamais.
Il existait le terme de « Shinbutsu
sanctuaire Shingu était lié au Bouddha
distance de 88,8 kilomètres est appelé
Shûgô » pour désigner le lien
Yakushi Nyôrai, et le Kami du
la route Nakahechi. Les autres sont la
syncrétique entre les Kami (divinités
sanctuaire Nachi au Bouddha Senju
route de Kohechi reliant le mont Kôya
shintô) propres au Japon et la religion
Kannon. En conséquence, le site de
et le Kumano Sanzan sur 43,7
bouddhiste arrivée de l’extérieur, mais
Kumano fut déclaré Terre Sainte, et les
kilomètres, la route Ôhechi longue de
désormais, le site de Kumano Sanzan
empereurs retirés y multiplièrent leurs
10 kilomètres qui longe la côte ouest
se charge d’en garder les vestiges. Le
visites pour prier. Par exemple,
de la péninsule de Kii et mène au
Kumano Sanzan désigne l’ensemble
l’empereur Goshirakawa s’y rendit à 34
Kumano Sanzan, et enfin la route Iseji,
des trois grands sanctuaires Kumano
reprises, et l’empereur Gotoba 28 fois.
de 54,2 kilomètres qui relie le
Hongu-Taisha, Kumano Hayatama-
Le nombre de ces visites est gravé sur
sanctuaire Ise-Jingû au Kumano
Taisha et Kumano Nachi-Taisha,
une stèle, dans l’enceinte du sanctuaire
Sanzan. Un total de 4 routes toutes
cependant plus de 3000 sanctuaires
Kumano Hayatama-Taisha. On dit qu’à
inscrites au patrimoine l’humanité.
Kumano disséminés à travers tout le
l’époque une seule visite depuis Kyôto
Le chemin de pèlerinage le plus
Japon dépendent de cet ensemble. On
prenait entre deux et trois mois, on
populaire parmi ces quatre est la route
ne peut être que surpris quand on voit
imagine donc bien l’envergure d’un tel
d’Iseji. Fréquentée également dans le
de ses yeux l’envergure du bâtiment
voyage. Les empereurs étaient
cadre du Sankin Kôtai (système de
principal du Kumano Sanzan. Et
accompagnés par de nombreuses
résidence alternée des seigneurs
l’absence de sculptures ainsi que sa
personnes pour ces visites à Kumano,
féodaux), elle a été construite assez
forme et sa disposition particulières
ce qui attira le regard du peuple, et la
large pour laisser passer les chaises à
sont des choses que l’on ne peut voir
nouvelle se répandit.
porteurs, et est couverte de pavés. De
dans aucun autre sanctuaire.
Les trois grands sanctuaires évoqués
nombreux ouvriers de l’époque d’Edo
Le Kumano Sanzan a été influencé par
sont enregistrés sur la liste du
ont dû les poser avec grand soin. Ils
le syncrétisme shintô-bouddhiste, et
patrimoine mondial de l’Unesco, mais
sont taillés dans différents formats et
dès l’époque de Heian, on croyait en
les temples Seiganto-Ji et
placés tel un grand puzzle, aussi
les « Kumano Sansho Gongen » (les
Fudarakusan-Ji, qui selon le processus
agréables à fouler du pied qu’à
trois divinités principales de Kumano).
de syncrétisme shintô-bouddhiste
regarder. Et le paysage depuis le col de
Autrement dit, l’idée que « les divinités
entretenaient des relations étroites
Magose-tôge est assez splendide pour
bouddhiques sont l’état originel des
avec le sanctuaire Nachi-Taisha,
nous faire oublier la fatigue
Kami » fît son apparition, et l’on
figurent aussi sur cette liste.
conséquente à la longue marche.
commença à penser que le Kami du
L’un des chemins de pèlerinage
Sur les chemins de Kumano Kodô au
sanctuaire Hongu était associé au
(= chemins de Kumano Kodô) reliant
charme inchangé, les traces de pas ne
Bouddha Amida Nyôrai, que le Kami du
Kyôto au Kumano Sanzan sur une
s’effacent jamais.
KUMANO
熊 野
La pagode à trois étages du temple Seiganto-Ji et la cascade de Nachi, fière de posséder
la plus haute chute du Japon. Le vif rouge vermillon resplendit dans le vert profond.
16
2 011 Octobre
Il pleut beaucoup sur les chemins de Kumano Kodô,
la végétation y est donc luxuriante. Les routes ont
été conçues de façon à éviter les glissements de
terrain en cas de grosse pluie.
2 011 Octobre
17
QR 1
Grâce à une
technique manuelle
de montage en
deux longueurs, les
pointes souples des
soies brossent les
vêtements sans en
abîmer le tissu.
Quality Review
Betsu Atsurae spéciale laine : 15,750 yens
Betsu Atsurae universelle : 15,750 yens
Tête en merisier rouge.
Brosses à habits faites main EDOYA
Brosses à habits faites main EDOYA
La brosse à habits EDOYA
« Betsu Atsurae » (« sur mesure »)
Photos / Satoru Naito
Reportage et texte / Dai Furusawa
textile. La demande en brosses à
racine, qui sert de support aux poils
vêtements augmentant, Edoya s’est
plus longs. Les pointes irrégulières sont
lancée dans la fabrication de cet
ensuite ajustées et égalisées. C’est la
article.
« brosse universelle », qui convient à
Edoya propose de nombreuses brosses
une large gamme de vêtements, des
à habits, parmi lesquelles la ligne haut
plus délicats aux costumes d’homme.
de gamme « Betsu Atsurae » (« sur
Ce sont des soies de cochon noir qui
mesure »). Edoya est allé chercher à
sont utilisées pour la brosse « Betsu
Ce n’est qu’après la Restauration de
l’étranger les soies de qualité
Atsurae » spéciale laine. Les soies
Meiji que les Japonais ont commencé à
supérieure qui sont la clé de la
étant pliées en leur milieu, les pointes
porter des vêtements à l’occidentale. Ils
performance des brosses. Les soies
et les racines ont la même longueur, ce
ont dû hésiter avant de passer du
utilisées actuellement sont des soies
qui donne une brosse plutôt dure et
kimono à ces étranges habits
de porc provenant de Chongqing en
permet de détacher les poussières
occidentaux…ou bien ont-ils senti, une
Chine : elles ont le corps et la
réfractaires mêlées au cœur des fibres.
fois parés de ces atours malaisés,
souplesse requis qui en font les soies
La quantité de poussières détachées du
qu’ils étaient à l’aube d’une nouvelle
idéales pour détacher les saletés et
vêtement dépend de la qualité de la
ère?
poussières qui adhèrent aux fibres du
brosse. Il va sans dire que si on vous
Edoya a été fondée en 1718, du temps
vêtement. Les soies de porc naturelles
tape sur l’épaule, il vaut mieux éviter
de Yoshimune, 8ème shogun de la
ne dégagent pas
qu’un nuage de poussière se dégage !
lignée des Tokugawa, quand la maison
d’électricité statique : adieu, les
a reçu son nom du shogun. A
poussières qui viennent se recoller
l’époque, les pinceaux étaient des
après le brossage et
outils indispensables à la fabrication
l’exaspération qui s’ensuit !
des cloisons en papier shôji, ou pour
Les soies sont rassemblées en touffes
recouvrir des objets d’une couche de
qui sont insérées une par une à la main
laque. La fabrication des pinceaux était
dans des petits trous pratiqués dans
sans nul doute une industrie majeure.
une tête en bois selon la technique dite
Au fil du temps et de
du montage en deux longueurs. Les
l’occidentalisation des modes de vie
soies sont pliées à la racine pour
après Meiji, Edoya a commencé à
former un V, qui est inséré dans la base
fabriquer des brosses en tous genres
en bois. L’une des branches du V, celle
en plus des pinceaux. Edoya a sa
des pointes, est ainsi formée de
boutique dans le quartier
longues soies souples, alors que l’autre
d’Odenma-cho à Nihonbashi où après-
branche, courte et dure, est constituée
guerre prospéraient les grossistes en
de la partie des soies proche de la
Le travail soigné d’une
maison de tradition vous
aide à prendre soin des
vêtements que vous aimez.
Pratique, cette brosse
de voyage se glisse
dans la poche poitrine
d’un costume. Elle
est fournie avec son
étui en plastique. Le
manche est en ébène,
une essence de bois
parmi les plus
recherchées. La
Si on la recharge au chargeur
grande est
brosse blanche
vitesse, une pile peut être
rechargée
une brosse à
en 75 min au plus rapide.
« Chargeur
cachemire,
la noire,
grande vitesse pour piles
AA
et AAA,
une brosse
à laine.
avec vitesse double et 2vitesse
triple
415 yens
pièce.
» (prix en vigueur : environ \3 000)
Pour plus d’informations, merci de contacter : Edoya, Odenma-cho 2-16, Nihonbashi, Chuo-ku, Tokyo.
Tél 03-3664-5671
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2 011 Octobre
2 011 Octobre
19
Les questions du mois
Nous avons demandé à des passantes élégantes rencontrées dans
la rue leur humeur du moment.
INSTANTANÉ DE RUE
[Les réponses de Marina]
Q1 Quel plat est, selon vous, le symbole de qualité à la japonaise ?
Q2 Où allez-vous maintenant ?
Q3 Faites-vous quelque chose pour vous prémunir contre les séismes ?
[Les réponses de Nina]
Q1 sushi
Q2 gare de Harajuku
Q3 j’ai un kit de survie.
Q1 nikujaga (pommes de terre au bœuf)
Q2 magasin d’American Apparel
Q3 rien
□ Profession : étudiante
□ Âge: 19 ans
□ Nom: Rié
Robe : d’occasion
Chaussures : JEANASIS
Montre : DIESEL
Boucles d’oreille pour oreilles percées : TOYO-HYAKKATEN
Sac : d’occasion
□ Profession : salariée
□ Âge: 24 ans
Pièce du haut : H&M
Pièce du bas : ZUCCA
□ Nom: Marina
□ Nom: Nina
□ Profession: étudiante de l’Université Bunka-Gakuen
□ Âge: 18 ans
□ Profession : sans emploi fixe
□ Âge: 26 ans
Pièce du haut : d’occasion(KINJI)
Pièce du bas : d’occasion(PANAMA BOY)
Chaussures : Dr. Martens
Tablier : d’occasion(HAKUi)
Accessoire de cheveux : fait main
Sac : d’occasion(HAKUi)
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2 011 Octobre
[Les réponses de Rié]
Q1
Q2
Q3
sushi
un salon de coiffure
rien
□ Nom: Yuki
Yukata (kimono d’été en coton) : Bushoan
Chaussures : Yurakucho Marui
[Les réponses de Yuki]
Q1 sushi
Q2 quartier d’Omotesando
Q3 je réduis ma consommation d’électricité.
2 011 Octobre
21
JAPAN QUALITY REVIEW
JQR MODE
Publication Media Globale en Ligne
2011 October Vol.3
Par-er
IKI
Par exemple, la faiblesse des prix, la texture
agréable des matériaux – qu’ils soient naturels
ou synthétiques – ou encore ces vêtements sur
lesquels sont imprimés le logo de la marque et
qui remplissent une fonction de code social, on
L’expression japonaise «Komata no kireagatta
onna» (littéralement: une femme à la silhouette
effilée) est dite exprimer l’idée d’une femme
chic, mais à quelle partie du corps se réfère
le mot «komata», cela n’est pas clair. L’espace
entre le pouce et l’index du pied, la cheville, ou
peut dire que notre époque réclame que
l’on puisse tout comprendre à première vue
(au premier toucher). De plus, en ce qui
concerne l’érotisme, nombreux sont ceux qui
plaident pour une méthode directe qui consiste
à exposer la peau, et encore une fois, nous
encore la nuque, il semblerait y avoir plusieurs
théories à propos de la région du corps que
désigne «komata».
Mais, quoiqu’il en soit, il n’y a pas d’erreur
quant au fait que l’on voyait l’essence du «iki»,
même parmi les parties du corps de la femme,
dans celles qui se font pas au quotidien l’objet
sommes loin du chic. Ce n’est pas que je rejette
les choses faciles à comprendre, mais je pense
qu’il y a problème si elles sont les seules à
exister.
La controverse avec le «iki» n’a bien sûr pas
trait qu’à l’érotisme. L’expression «une chic
attention» nous le fait comprendre, le chic
considère que les endroits que désigne
«komata» sont ceux que l’on voit furtivement
dans les mouvements quotidiens, il faut
qu’ils fassent preuve non d’un sex appeal
qui s’expose, mais d’un érotisme d’ordinaire
caché qui se dévoile de manière allusive
l’espace d’un instant.
Un érotisme caché. Si on va dans ce sens, on
peut percevoir le « iki » dans les vêtements
de Yohji Yamamoto par exemple. Le noir,
couleur asexuel, utilisé en abondance, et cet
charme caché dans des vêtements aux formes
qui ne font preuve d’aucune ostentation quant
aux lignes du corps, sont à l’extrême opposé
de ce que l’on qualifie de sexy dans le monde
occidental.
Yohji Yamamoto raconte souvent qu’il y a
de moins en moins de femmes à qui vont
les vêtements qu’il crée, mais cela est peutêtre quelque chose de naturel. Car dans notre
époque actuelle, où l’on préfère ce qui est
simple et facile à comprendre, ce qui a du chic
est au contraire moins adéquat.
c’est aussi une courtoisie qui prend en compte
la volonté d’autrui, et qui, plutôt que de
s’exprimer de manière directe, reste invisible
et cachée.
Surtout dans le domaine du design, ce genre
de courtoisie semble être un élément facile à
intégrer. Le design, qui tout en ne révélant
pas ses intentions prend en considération les
utilisateurs, ne peut être compris à première
vue. Et peut-être que, même en utilisant (en
portant) l’objet, il faudra du temps pour se
rendre compte. Mais il semble nécessaire,
même envers les objets, de prendre le temps
de les comprendre petit à petit.
En bref, le «iki» est une chose qui recèle une
intention difficile à comprendre à première
vue, et que l’on peut définir, si vous me
permettez cette expression, comme étant une
trahison de l’apparence. Son essence diffère
parfois de l’aspect extérieur, il combine parfois
des éléments qui se contredisent. Il ne faut
cependant pas pour autant en arriver à la
conclusion élémentaire que « l’important,
c’est le contenu ». Car l’apparence est tout
aussi importante, et la question est celle de la
différence ou du clivage entre l’apparence et le
contenu.
Hiroshi Ashida : né en 1978. Université de Kyoto, recherches dirigées en
cursus doctoral, interruption approuvée. Assistant conservateur à l’Institut du
Costume de Kyoto.
Par-oles 01 Texte◉Hiroshi Ashida
d’un fétichisme, existe une nuance sexuelle.
En employant le terme «sexuel», nous ne
montrons aucun retenue, mais en réalité,
il s’agit d’une affaire d’ « érotisme ». Si on
La confrontation entre le contenu et l’apparence, c’est de là que naît le «iki» (le chic)
d’une fixation du regard. Ni au fait que cette
expression suggère que dans cet oeil, qui
regarde ces détails tendant à devenir l’objet
La structure du «iki» donne à voir les trois
momentums suivants: la «coquetterie», le
«courage» et la «résignation». (Shuzo Kuki, La
Structure de l’iki)
Chaussettes ◉ DIGAWEL Des tons qui alternent les couleurs primaires et que l’on enferme dans ses chaussures. Accoutrement coquet avec lequel on s’exprime uniquement lorsque l’on retire ses chaussures.
Noir / Rouge ¥ 2 625 chacune DIGAWEL (DIGAWEL)
Sac Furoshiki ◉ Wagu Ce furoshiki teint grâce à la technique traditionnelle dite « teinture par réserve » peut être utilisé en tant que sac éco contemporain. De la tradition dans votre quotidien.
¥ 2 625 WISE・WISE tools (WISE・WISE tools)
Robe ◉ Y’s Robe au design tombant tout droit jusqu’aux hanches, et d’un noir d’ébène descendant jusqu’aux mollets. Elle révèle la beauté intérieure en cachant la féminité de l’aspect extérieur.
¥ 54 600 Y’s (Y’s bureau d’information)
Accessoires en bambou ◉ Takayuki Shimizu Takayuki Shimizu utilise du bambou de Beppu, dans la région de Oita, qu’il coupe en fines lamelles. Afin de conserver la texture initiale, il les empile sans les râcler et leur donne forme en les tressant. Pour accompagner un mode de vie résolu.
Parure de coiffure ¥ 2 100 / Boucles d’oreillles ¥ 3 150(Rin)
Eventail ◉ Eventail Motoshibu Co-création entre la tradition longue de 300 ans de la ville de Takashima, dans la préfecture de Shiga, réputée en tant que région de production de montures d’éventails,
et un designer de Kyoto. La profondeur de ces coloris particuliers est rendue possible grâce à l’utilisation du tanin de kaki datant du Japon ancien. Innovation en harmonie avec la tradition.
9 800 Atelier SEN-KOTSU (THE COVER NIPPON)
¥ 63 000 / veste ¥ 28 350 / pantalon anglasad(anglasad)
T-shirt à message ◉ Taro Okamoto, Shinro Otake, AZ T-shirt standard qui diffuse un message audacieux. Pour se draper d’un message en toute simplicité.
Taro Okamoto T ¥ 3 000 / Fondation Commémorative Taro Okamoto pour la Promotion de l’Art Contemporain (Mémorial Taro Okamoto) / Shinro Otake T ¥ 3 150 / AZ ¥ 7 140 (mikirihasshin)
¥ 14 700 MIYAO (MIYAO)
Zori ◉ Atelier Mihashi Des zori à nulle autre pareilles faites avec les patrons utilisés pour les teintures des motifs Edo Komon. Un luxe exclusif.
¥ 29 400 Atelier Mihashi (THE COVER NIPPON)
(gauche) ¥ 6 000 / (centre) ¥ 18 000 / (droite) ¥ 5 000 S.nakaba (mikirihasshin)
Veste ◉ AKIRA NAKA Veste aux motifs élaborés mettant en scène la féminité, et qui alterne audacieusement des materiaux différents. Une élégance hors norme.
¥ 81 900 AKIRA NAKA(ESTEEM PRESS)
Cardigan ◉ near.nippon Cardigan fait de matériaux agréables et qui ressemble, à première vue, à une veste. A porter sans faire de manières, justement parce que le design en est chic.
¥ 26 250 near.nippon(near.co.ltd)
Sac ◉ monacca Sac qui utilise les fines découpes de bois, ordinairement jetées, du village de Umaji dans la préfecture de Kochi. La richesse de ces matériaux jetés pour un accessoire de mode raffiné.
¥ 29 400 monacca(Rin)
Setta ◉ anglasad Paire de setta trouvant leur inspiration chez Tora-san, connu pour être le héros de la série de films “Otoka ha tsurai yo” (C’est dur d’être un homme). A porter avec insouciance comme pour des sandales.
¥ 14 800 anglasad(anglasad)
Chapeau ◉ Education From Young Machines Chapeau en laine sur la surface duquel sont dessinées des roses menues. Classique et attachant.
¥ 15 750 Education From Young Machines (GUILD PRIME Shibuya)
Broche ◉ ARTS&SCIENCE Soie délicate teinte avec audace, et ornée de motifs de fleurs de prunier. Un pétale de couleur pour votre parure.
(gauche) ¥ 14 700 / (centre) ¥ 4 200 / (droite) ¥ 3 990 ARTS&SCIENCE (ARTS&SCIENCE Marunouchi, OVER THE COUNTER BY ARTS&SCIENCE)
Naito
Bijoux ◉ S.nakaba Bijoux fabriqués à la main avec des matériaux jetés. Leur design, novateur et chaleureux, s’inspire de la nature.
Par-ures 02 - 03 Photo◉Satoru
Jupe ◉ MIYAO Motifs simples et alternance osée de coton et de dentelle. Jupe pleine d’audace et d’esprit ludique.
L’avant-garde de la voie Royale.
Costume ◉ anglasad Ces motifs qui rappellent les arabesques s’inspirent des “vêtements sacrés” portés par l’ethnie des Ainus lors de leurs prières aux Dieux. Le costume lui-même en devient sacré.
Veste en matériau spécialement contracté par le select shop
mikirihasshin. Design qui met en décalage l’image stéréotypée
de « l’uniforme d’écolier », en utilisant des boutons couleur de
lait, des coutures faites à la main et un tissu ivoire lamé.
Uniforme d’écolier ¥ 47 250
keisuke kanda × mikirihasshin (mikirihasshin)
Cardigan arborant le logo de « l’éléphant », l’icône de la
marque. L’oeil est attiré par ses coutures blanches faites
à la main, ainsi que par son alternance de tissus sur les
différentes parties du corps. Le créateur s’attache au fait
que la ligne du cou soit légèrement asymétrique.
Cardigan cousu à la main (divers tons de noir) ¥ 35 700
keisuke kanda(candyrock)
Geta (coutures rouges) : ces geta, qui semblent
appartenir à un écolier effronté des temps jadis, ou
encore à Tora-san déambulant dans la ville, sont
formées de manière authentique avec leur planche en
paulownia et leurs deux dents. A porter dans un esprit
de contradiction humoristique : « des getas comme pour
le faire exprès ».
Getas (coutures rouges) ¥ 18 900
keisuke kanda(candyrock)
keisuke kanda réinterprète le blouson à sa sauce et
décore le jersey de l’école, qui était le plus réputé
des vêtements « moches et qui font honte », avec des
coutures blanches faites à la main et une alternance de
tissus aux différences subtiles de tons.
Haut de jersey unique, article de référence
keisuke kanda(candyrock)
Dans ce monde de la mode où, depuis
la tendance vers l’importabilité où nous
mènent les concepts, jusqu’aux vêtements
de style extra-terrestre des films de sciencefiction de seconde classe, ou auxquels sont
attachés des ours en peluche, quel que soit
le « vocabulaire du design » qui nous attend
au tournant, nous ne nous étonnons plus de
rien, mais les vêtements que nous révèle
keisuke kanda ainsi que sa manière de les
présenter continuent à nous surprendre.
Par exemple, la ligne homme de la
Au style « stéréotype de l’écolier » qui
remonte à l’ère Showa, avec ces boutons bon
marché en plastique à l’effigie du sceau de
l’école, ou la couleur inchangée de l’uniforme,
ont été ajoutées les coutures à la main que
l’on connaît bien, mais le tissu blanc d’ivoire
finement lamé d’or, et la coupe de petite
taille qui rappelle les vêtements de femmes,
ajoutent une touche de raffinement. La
haute technicité et l’attention au travail bien
fait, ne sont pas spécifiques à la collection de
cette saison, mais constituent le fil d’Ariane
vêtements » pour être plus précis), et de les
distribuer.
Il lui est arrivé de lancer un défilé de mode
de type accidentel dans le train du matin
où montaient et descendaient les passagers
ordinaires, ou de mettre en oeuvre une
collection avec pour décor la tour de Tokyo
et pour mannequin une actrice porno. Sa
première boutique exclusive qui doit
s’ouvrir cet automne, n’est pas un simple
magasin ordinaire, mais, ô surprise ! est un
bar.
collection automne/hiver 2011. Des tricots
et des jeans auxquels ont été rajoutés des
coutures à la main sans ambition (ce
n’est ni dans la lignée de la « chaleur des
choses faites à la main », ni dans celle du
« méticuleux travail manuel », mais on dirait
plutôt le devoir à faire à la maison du cours
sur les tâches domestiques d’un écolier de
primaire). Un blouson jersey qui rappelle
le jersey-sac à patates du temps de l’école.
Un éléphant qui ressemble à un logo de
marque comme on en voit souvent du côté
du design de keisuke kanda.
C’est un ami rencontré alors qu’il était
étudiant à l’université de Waseda qui
a incité le designer keisuke kanda à se
plonger dans la mode. Érudit, détenteur
d’une large connaissance tant en littérature
qu’en sous-culture, ce que portait cet ami
qui était plus mature que les gens du même
âge de son entourage, c’étaient des marques
telles que Seditionaries, Comme des Garçons
ou Undercover. Cet ami, nous dit-il, a fait
prendre conscience à Kanda, qui éprouvait
A partir d’août est lancé le projet en
collaboration avec le photographe Masashi
Asada intitulé « le devoir à la maison de
la photo de classe ». Asada a repensé
et détourné le principe de la « photo de
famille un jour de fête », avec des « photos
en cosplay » de sa propre famille. Grâce
à la mise en scène d’une atmosphère
décontractée et à l’utilisation de motifs
clichés, il fait paradoxalement ressurgir la
structure de la « photographie » ou de la
« mode ». Les oeuvres de Asada et de
des vêtements de golf, mais dont la trompe,
si on regarde de près, est un pénis. Rien que
le son du mot « zob» est la personnification
telle quelle de l’esprit de drôlerie des
garçons, du temps où l’on passait la pause
de la résistance quant au fait d’attacher de
l’importance aux vêtements, que « en réalité,
la mode est du même côté que la littérature ».
Kanda baptise les vêtements qu’il crée luimême de « anti-mode ». Il dit qu’il
Kanda ont cela en commun qu’elles font
vaciller les limites.
Tout en y mettant une ardeur sincère et
en y intégrant une philosophie de pensée,
keisuke kanda continue à mettre en oeuvre
entière à se tordre de rire.
Cependant, est-ce que ce design se
positionne dans le territoire du dit « art
extrême » ? Pas vraiment. Par exemple,
l’ « uniforme d’écolier », créé en collaboration
avec le select shop « mikirihasshin ».
« souhaite créer des vêtements qui donnent
l’impression d’être montré du doigt par
derrière » (depuis son compte Twitter), et il
semble également remettre en question en
permanence la signification même du fait de
présenter ses vêtements (« l’image de ses
des concepts que les gens ne peuvent
quitter des yeux. Comment nous étonnera-til la prochaine fois ? Comment nous fera-t-il
rire ? Je suis dans l’attente et impatiente de
le savoir.
Kyoko Ozawa. Née en 1976 à Gunma. Quitte l’Université de Tokyo après l’obtention d’un doctorat. Attachée temporaire de recherche pour le « Global COE Program » University of Tokyo Center for Philosophy (UTCP).
◉Satoru Naito Texte◉Kyoko Ozawa
T-shirt sur la poitrine duquel brille le disque solaire
rouge du Japon, et orné d’un travail d’aiguille au fil
rouge. C’est justement parce que ce symbole a tendance
à se charger d’une signification excessive, que l’on veut
le porter avec confiance et style.
T-shirt cousu à la main (disque solaire japonais)
¥ 17 850
keisuke kanda(candyrock)
Par-ticulier 04- 05 Photo
Troisième épisode: keisuke kanda
Alors qu’il imite le vintage de Levi’s, des détails
amusants ont été ajoutés à ce pantalon en jean tels que
des gros pois peints à la main de manière aléatoire, des
coutures grossières piquées à la main également, et des
rapiéçages cousus à l’arrière.
Jean cousu main (à pois) ¥ 33 600
keisuke kanda(candyrock)
Le « iki »’
n
Par-entés 06 - 07 Photo ◉ Takemi Yabiku
[FEMME](P.6、8、10、12), Maki Taguchi (P.7、9、11、13)Maquillage, coiffure ◉Tsukushi IchikawaMannequin◉Sayo Akasaka (P.8、12), Shohei Yamashita (P.10, 14)Texte◉Hiroshi Ashida
Kaori Shinohara (esthéticienne / Kaminarimon) Chemisier ¥ 28 140 ANTIQUE / the Virgin Mary, Robe ¥ 16 590 ANTIQUE / the Virgin Mary, Maillot de corps ¥ 5 040 USED / the Virgin Mary, Jupe ¥ 21 000 ONNA:) / the Virgin Mary
Manteau ¥ 126 000 SOMARTA / ESTEEM PRESS Chemise ¥ 31 500 SOMARTA / ESTEEM PRESS Boucles d’oreilles ¥ 35 000 S.nakaba / S.nakaba Coiffe article de référence S.nakaba/S.nakaba
’
’
Endiguer une avant-garde débordante avec du classique. Que les esthétiques des parures se confrontent.
est pas le stylé. Le « iki » ne peut se contenir dans un modèle qui a été parachevé. Permettons-nous donc de trahir l impression, cette impression d une dentelle élégante et féminine.
Par-entés 08 - 09
’
’
’
’
Hideo Oshima (acteur / Senso-ji) Veste ¥ 71 400 anglasad / anglasad, Pantalon ¥ 26 250 anglasad / anglasad
Après que le japonisme a connu du succès dans le monde occidental, l est et l ouest ont fusionné d une étrange manière.
La touche japonaise intégrée aux vêtements occidentaux rompt l harmonie pré-établie et donne naissance à un équilibre différent.
Manteau ¥ 178 500 araisara / ESTEEM PRESS Pantalon ¥ 54 600 araisara / ESTEEM PRESS Corset ¥ 47 250 araisara / ESTEEM PRESS Ceinture article de référence araisara / ESTEEM PRESS
Par-entés 10 -11
Maho Kambara (employée de magasin/ Nakamise) Escarpins remake de baskets ¥ 31 500 POTTO / mikirihasshin, Masque-écouteurs en baskets article de référence POTTO / mikirihasshin, Sac
/ ESTEEM PRESS Sac ¥ 45 150 motonari ono / ESTEEM PRESS Coiffe ¥ 115 500 Stephen Jones / test,
Robe ¥ 52 500 SOMARTA / ESTEEM PRESS Collants ¥ 16 800 SOMARTA / ESTEEM PRESS Ceinture ¥ 11 760 motonari ono / ESTEEM PRESS Chaussures ¥ 46 200 motonari ono / ESTEEM PRESS Gants ¥ 29 400 motonari ono
’
Une chaussure perchée sur la tête, comme Elsa Schiaparelli, adepte du surréalisme. Des baskets informelles changées en
escarpins chics.
Un esprit ludique qui ne s en tient pas à la forme et qui détourne les intentions.
PHENOMENON/ THE CONTEMPORARY FIX Ras de cou ¥ 25 000 S.nakaba / S.nakaba Bague ¥ 120 000 S.nakab / S.nakaba Lunettes de soleil ¥ 26 250 LINDA FARROW / test,
Chemise ¥ 35 700 PHENOMENON / THE CONTEMPORARY FIX Pantalon ¥ 37 800 PHENOMENON/ THE CONTEMPORARY FIX Boléro ¥ 36 750 PHENOMENON / THE CONTEMPORARY FIX Chaussure ¥ 45 150 PHENOMENO / THE CONTEMPORARY FIX Bretelles ¥ 6 300
’
On ne sait pas à quoi pense ce clown loufoque. En dépit de son apparence, c est justement parce qu il porte une attention sincère
à autrui, qu il sait comment émouvoir.
Par-entés 12-13
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Iccho (Blogueur de mode / Hanayashiki) Chapeau \ 23 100 CHRISTOPH COPPENS / destination Tokyo, Cravate \16 800 CHRISTOPH COPPENS/ destination Tokyo
JAPAN QUALITY REVIEW
JQR MODE
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2011 octobre Vol.3
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Le Japon et moi
Un essayiste
-Quand modernité nait de la tradition-
VOI.
Françoise Moréchand
Différences de cultures
Françoise Moréchand
4
私と日本
Dans cette série, Le Figaro ne parle pas du
je reçus très vite une petite boîte remplie de
Japon. Je vais donc faire ma propre liste. Le
« sakura mochi » autrement dit « gâteau des
journaliste aurait pourtant pu citer le sushi, arrivé
cerisiers », emblème des gâteaux du printemps...
en force en France en même temps que les
La pâte en est de haricot sucré, entouré d’une
manga.
feuille de cerisier macérée dans de l’eau
légèrement salée pour donner un contraste subtil
Avant même de parler « tofu » (fromage de soja),
entre le sucre et le sel. Consommé avec un thé
« o miso »,( pâte de soja fermentée), riz cuit à
vert, c’est à mourir de plaisir ! Et sans trop de
l’eau, sushi et autres spécialités japonaises qui
calories !
sont excellentes pour la santé et vous préservent
disons le franchement, n’est pas considéré
de l’obésité, il faut mentionner les gâteaux,
On ajoutera à ce que nous pourrions prendre aux
comme de la cuisine.
« okashi ».
Japonais avec grand avantage : les dîners qui se
En bonne Française, c’est aussi mon avis.
Tous sont à base de pâte de haricots sucrée
prennent tôt et la présentation des plats digne
Mais le journaliste du Figaro estime que nous
sans jamais aucune matière grasse ce qui permet
d’un tableau.
Le journal Le Figaro, le quotidien le plus lu en
devrions respecter davantage ce genre de
d’éviter les dégâts de santé des gâteaux
France, publie en juillet une série d’articles
nourriture. Il explique que savoir gérer le feu de
occidentaux.
intitulés « Le goût des autres ». Il s’agit
braise et la cuisson (ni trop grillé ni trop cru), ne
Comme le reste de la cuisine japonaise, les
d’éplucher les cultures des autres pays, surtout,
pas envoyer des éclats de graisse partout ,
gâteaux suivent les saisons.
cette fois, en ce qui concerne la table.
servir quand c’est prêt, ni trop chaud ni trop froid,
Un souvenir : j’arrivais au Japon au printemps et
Le Figaro prend chaque pays et analyse ce qu’on
mérite le respect.
Quels aspects de la culture culinaire
Japanaise les Francais derraient-ils
piquer?
Nous voilà bien loin des hamburgers…
peut prendre absolument, et ce qu’on ne doit pas
piquer.
Et puis il continue la liste en faisant l’apologie
du doggy bag.
Voici les conclusions tirées par le journaliste du
Là, je suis d’accord. En France on ose pas. Ça
Figaro sur les États Unis.
ne fait pas chic. En vérité, en France, laisser une
miette sur son assiette relève de la pire mauvaise
Ce qu’on pourrait leur piquer, dit-il, c’est rire au
éducation. On ne se comporte pas comme cela
restaurant .
quand la moitié du monde crève de famine.
Il est vrai qu’en France, on ne rit pas beaucoup à
Mais si vraiment nous laissons dans l’assiette, le
table. Manger pour nous est une activité sérieuse
doggy bag est une bonne solution. Et puis le
où on est là pour apprécier les mets et pour
chien de la maison sera content.
discuter du dernier film. On rit surtout quand
quelqu’un se met à raconter des histoires drôles.
Quand au hamburger que les Français se sont
Personnellement, ce style me convient
approprié,( beaucoup moins que les Japonais), le
parfaitement. Mais le journaliste du Figaro, plus
journaliste n’a pas l’air contre.
américanisé que moi, estime qu’on pourrait rire
Il y a jouté même le Coca Cola et le banana split !!!
plus, comme les Américains.
Bon, admettons, si ce n’est qu’une fois par mois.
Pour moi, les rires américains sont si bruyants
qu’aux autres tables, on ne s’entend plus parler.
Après avoir aussi fait ces compliments sur le
C’est insupportable.
Coca Cola et le banana split, il conclue sur ce
qui ne faut absolument pas leur piquer : l’obésité.
Là nous sommes tous d’accord. Mais pour éviter
Le Figaro enchaîne sur le barbecue qu’il trouve
l’obésité, il y a une solution : se nourrir à la
intéressant de leur emprunter..
japonaise. Cuisine traditionnelle évidemment.
Pour les Français, le barbecue reste primitif, et,
41
2 011 Octobre
2 011 Octobre
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Un nihonshu à déguster dans un verre à vin.
Le culte des
beaux esprits Vol.
6
Jun Ai Shikomi Junmai
Miyaizumi Meijo Co, Ltd.
Higashisakae-machi 8-7, Aizuwakamatsu-shi, département de Fukushima.
Tél 0242-27-0031 http://www.miyaizumi.co.jp/
● Alcool : 16%
● Seimai-buai (pourcentage de riz restant après polissage du grain) : 60%
● Nihonshu-do (densité) : +0,5
● Acidité : 1,5
● Riz : Yume no kaori (produit par l’exploitation Kamimawatari Yume Noujou,
Minato-machi, Aizuwakamatsu-shi)
● Contenance : 1,8 l
● Prix : 2310 yens (taxes comprises)
SHARAKU
●Texte / Kaori Haishi (sommelière en nihonshu), photos / Susumu Nagao
Toute l’émotion d’un
nishonshu brassé avec
amour
fruité ne veut pas dire exclusivement
trait d’union, rehausse la saveur de
sucré. Sa fraîche acidité forme un
chacun. Buvez-le entre 10 et 12 degrés.
équilibre admirable avec un côté brut qui
Trop rafraîchi, sa saveur se durcira et il
fait son apparition, en final, sur la pointe
perdra la moitié de son moelleux. Sortez-
Quand je pense à un jeune brasseur plein
des pieds. Il a un doux parfum de ferment
le du réfrigérateur un peu avant de le
d’élan, c’est tout d’abord le visage de
lactique qui lui vient du riz avec lequel il
déguster : il sera à point quand de fines
Yoshihiro Miyamori de la brasserie
est fait. Verre après verre après verre, on
gouttelettes d’eau commenceront à perler
Miyaizumi qui me vient à l’esprit : toujours
ne s’en lasse toujours pas.
sur la bouteille…
en train de décrypter l’air du temps et de
En accompagnement, osez de fines
J’allais oublier : non, ce n’est pas une
lancer de nouveaux défis, il concocte des
tranches de pomme. Deux saveurs
coquille, là, sur l’étiquette collée au goulot
sakés qui font soupirer d’aise les
aigres-douces ensemble : voilà qui peut
de la bouteille. C’est bien Jun Ai (« amour
amateurs. Il y a dans sa posture virile et
surprendre, mais qui s’accorde bien.
pur ») et non pas « Junmai » (« alcool de
sans affectation quelque chose qui
Saupoudrez les pommes d’une touche de
riz pur »). Une petite attention typique de
évoque les loyalistes de la fin du
sel, elles n’en seront que plus délicieuses.
M. Miyamori qui cache en fait un grand
Shogounat.
J’aimerais que vous ressentiez par
souci du détail. L’amour de la fabrication
On pourrait croire que l’alcool produit par
vous-mêmes que les sakés de belle
du saké et l’amour envers Fukushima, son
un vaillant brasseur doit forcément être un
facture se satisfont de fruits en
terroir : chaque goutte recèle plusieurs
saké ultra-sec et viril, mais en fait, il n’en
accompagnement. Je recommande aussi
formes d’amour. Ressentez sur votre
est rien. Le Jun Ai Shikomi Junmai
les plats vinaigrés, comme la salade de
palais la force d’esprit qui est celle de ce
SHARAKU est moelleux en bouche avec
seiche et concombre à la vinaigrette
brasseur.
une saveur fruitée à la séduisante acidité
sanbaizu, ou encore les ailes de poulet
évocatrice des pêches blanches. Mais
mijotées au vinaigre. L’acidité, véritable
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