Le plus grand hôtel de Bruxelles, mais juste 2 étoiles

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Le plus grand hôtel de Bruxelles, mais juste 2 étoiles
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sauvetage
bancaire
P L’Etat
français apporte sa
garantie au CIF. Et pourrait
bientôt agir pour Dexia ?
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BESIX RED – ARCHI 2000
L
a crise financière a fait une nou­
velle victime dans la zone euro. Il
s’agit du Crédit immobilier de
France (CIF), une petite banque contrô­
lée par des sociétés coopératives. A
court de financement, elle a dû faire ap­
pel à l’aide de l’Etat français qui a ac­
cepté ce week­end de donner sa garan­
tie. On évoque un montant d’au moins
20 milliards d’euros. Après Dexia il y a
moins d’un an, il est donc de nouveau
contraint d’intervenir. Jean­Marc Ay­
rault a soutenu dimanche que le contri­
buable ne serait pas mis à contribution.
“L’Etat a pris ses responsabilités en don­
nant sa garantie mais comme cet établis­
sement dispose de fonds propres, l’argent
des contribuables ne sera pas mis en
cause”, a expliqué le Premier ministre.
Si l’Etat est monté au créneau, c’est
sans doute de peur que la faillite de
l’institution ait un effet domino dans la
mesure où le CIF est un émetteur d’obli­
gations foncières et un acteur dans le fi­
nancement du logement en France (sur­
tout pour les bas revenus).
Faut­il voir dans ce sauvetage les pré­
mices d’une crise immobilière en
France? Bertrand Veraghaenne, chief
economist à la Banque Transatlantique
Belgium, estime “qu’il est trop tôt pour le
dire”. Pour lui, le CIF a dû faire appel à
l’aide d’Etat d’abord parce que son “bu­
siness model” basé sur le financement
sur les marchés est devenu intenable vu
l’assèchement des marchés interban­
caire et obligataire. “Les acteurs dépen­
dant du financement du marché sautent
les uns après les autres”, explique un ana­
lyste.
Y aura­t­il un éventuel impact sur les
négociations à propos de Dexia toujours
en cours? Difficile à dire. Comme on le
sait, les Français tardent à mettre la der­
nière main à la mise en route d’une en­
tité consacrée au financement des col­
lectivités locales dans l’Hexagone. Et
cela en raison notamment de dissen­
sions franco­françaises entre l’Etat et
certains de ses véhicules financiers
(dont la Banque postale). En attendant,
cela bloque d’autres points du plan de
restructuration qui doit être approuvé
par la Commission européenne.
Toutefois, pour nombre d’analystes,
malgré cet octroi de garanties au CIF,
l’Etat français n’a pas d’autre choix que
d’apporter sa contribution au dossier
Dexia. Même s’il ne faut pas s’attendre à
ce qu’il allège le poids des garanties sup­
portées par les Belges…
AvC
Le lobby sur deux niveaux, avec un double accès rue Royale et place de Louvain, reliera haut et bas de la ville.
l Immobilier | Hôtellerie
Le plus grand hôtel de
Bruxelles, mais juste 2 étoiles
P Motel
One, dont l’ouverture
est annoncée au printemps
2014, réunira 490 chambres.
I
l fut un temps, pas si lointain, où les
hôteliers ne rêvaient, pour la capi­
tale de l’Europe, que de 4 ou 5 étoi­
les. C’est qu’il n’y avait – dans leur esprit
assurément, mais dans les faits aussi –
que des Eurocrates et des congressistes
à loger. Et peu importe que le week­end
ils doivent brader leurs chambres
pourvu que pendant la semaine ils les
vendent à prix fort.
Certes, les congressistes ne visent pas
tous autant d’étoiles, mais la saison des
congrès est trop courte pour faire vivre
des hôtels moins étoilés. Pour attirer
l’indispensable complément de touris­
tes de loisirs, encore fallait­il que
l’image de Bruxelles change. “Devienne
touristiquement moins… ennuyeuse”, sou­
rit Philippe Close, échevin du tourisme
de la Ville de Bruxelles. Ce à quoi Région
et Ville ont œuvré, imaginant des temps
forts (festivals, événements…), en été
comme en hiver. Avec un objectif, lancé
en 2006, de doubler le nombre de nui­
tées d’ici 2020. C’est­à­dire de passer de
5 à 10 millions. Un cap que les villes si­
milaires d’Amsterdam et Vienne ont
déjà passé. “L’Horeca est un secteur qui
crée beaucoup d’emplois”, ajoute Philippe
Close, qui évoque le chiffre de 35 000
dans la Région. “Car hôtel signifie aussi
La Libre Belgique - mardi 4 septembre 2012
services. Le tourisme est le nouveau levier
économique de Bruxelles. Malgré la crise, il
est en croissance. Bruxelles avait un pro­
blème de diversification de l’offre. Du luxe,
oui, mais rien en accès de gamme. Depuis
2009, on note l’émergence de 2 et 3 étoiles.
Mais il manquait un vaisseau amiral ‘bud­
get’pour les gros congrès et les city­trips.”
Ce vaisseau abordera les rives de la très
centrale rue Royale d’ici le printemps
2014, à l’emplacement des anciens lo­
caux du journal “Le Soir”. Sa première
pierre a été officiellement posée lundi,
aux abords d’un chantier qui est actif
depuis novembre dernier (démolition,
fondations), en présence de représen­
tants de la Ville et de la Région, mais sur­
tout de son développeur (Besix RED), de
son entrepreneur (Jacques Delens et Be­
six) et de son futur occupant, l’enseigne
allemande Motel One. Créée en 2000,
elle compte 39 hôtels et environ 8 500
chambres, générant un chiffre d’affaires
de 135 millions d’euros. Mais elle voit
grand : Bruxelles sera sa 60e adresse
(pour un total de 15 000 chambres) et sa
première au Benelux (la seconde sera
amstellodamoise). “Un grand groupe, in­
dique encore Philippe Close, plusieurs
fois primé, qui connaît bien le secteur, pro­
fite d’un large réseau et a une grande soli­
dité financière.” Il est très bien noté par
les investisseurs. C’est d’ailleurs un
comparse – le fonds allemand Union In­
vestment – qui en a acquis les murs il y a
quelques mois. “Ce développement mon­
tre que Bruxelles intéresse désormais les
acteurs importants du secteur.”
Avec ses 490 chambres (sur 15 000
m²), Motel One Bruxelles deviendra le
plus grand hôtel de la Région (devant
le Sheraton qui en aligne quelque
460). Mais sa première particularité
est qu’il s’agit d’un 2 étoiles, labélisé
“budget­design”. Ses tarifs s’étageront
entre 59 et 69 euros, en mordant non
sur l’aménagement des chambres (qui
ne font pas l’impasse sur le design, les
bons matériaux et le mobilier de mar­
que), mais sur les services (pas de res­
taurant, ni de salles de conférences).
Les sous­sols, dévolus aux voitures,
n’intéressent pas l’enseigne dont les
clients viennent en car ou en trans­
ports en communs, et deviendront un
parking public (199 emplacements ex­
ploités par Besix Park). “Et ce que les
touristes ne dépenseront pas dans leur
chambre, on peut penser qu’ils le dépen­
seront dans la Région”, suggère Philippe
Close. Selon les dernières statistiques,
un congressiste dépense environ
400 euros par jour, un touriste de loi­
sirs se contente de 150 euros.
Si le développement de Motel One est
symbolique pour la Région, c’est aussi
qu’il est le fait d’une reconversion de
bureaux. Quand il a racheté les bureaux
du “Soir”, le groupe Besix comptait y
déménager son propre siège social, ve­
nant de Woluwe­Saint­Lambert. Un
permis avait d’ailleurs été introduit et
obtenu dans cette optique. Il a néan­
moins fait marche arrière et rentré un
autre permis.
C.M.

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