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ALLOCUTION DU COLONEL ERIC FAURE, PRESIDENT DE LA FNSPF
A L’OCCASION DE LA VENUE DE MONSIEUR FRANCOIS HOLLANDE, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, AU 120e
CONGRES NATIONAL DES SAPEURS-POMPIERS
CHAMBERY- SAMEDI 12 OCTOBRE 1013
Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Ministre,
Madame la Députée-Maire,
Monsieur le Sénateur, président de la Conférence nationale des services d’incendie et de secours,
Monsieur le Président de l’Assemblée des Départements de France,
Mesdames, Messieurs,
Chers amis sapeurs-pompiers et personnels des SDIS,
En NOTRE nom à tous, merci, Monsieur le Président, de votre présence en clôture de ce 120e congrès,
magnifiquement organisé par nos collègues de la Savoie.
La venue du chef de l’Etat est un grand honneur pour nous, sapeurs-pompiers de France, et un puissant
témoignage de reconnaissance de NOTRE engagement au service de nos concitoyens.
Principaux acteurs de la protection des populations, les sapeurs-pompiers sont la colonne vertébrale du modèle
français de secours.
Ce modèle, né de l’association volontaire d’hommes et de femmes pour la défense de leur territoire, souple et
pragmatique, a su s’adapter au fil du temps.
C’est aux sapeurs-pompiers que font d’abord confiance les Français, à tout moment et en tout lieu, quand ils ont
besoin de secours. Parce qu’ils sont certains, qu’ils pourront disposer d’une réponse de proximité, rapide et
efficace, même dans la catastrophe.
Dernièrement, vous l’avez constaté, Monsieur le Président, dans les Pyrénées, à La Rochelle et à Brétigny-sur
Orge.
Ce modèle performant :
C’est un service public qui associe des citoyens engagés et des fonctionnaires, ensemble sur le terrain !
Une complémentarité entre volontaires et professionnels qui garantit un maillage sans égal de notre pays, avec
7300 centres d’incendie et de secours.
Ce modèle, c’est aussi un service public où les collectivités locales et l’Etat agissent de concert !
C’est encore, un service public qui assure 24h/24h une réponse de proximité, tout en restant capable de monter
en puissance en cas de circonstances exceptionnelles !
Effectivement, c’est une seule et même force, aussi performante pour tendre la main au quotidien que dans
l’urgence la plus extrême ; la dernière force mobilisable immédiatement et dans la durée, en ville comme en
campagne, en plaine comme en montagne.
Ce modèle, c’est enfin un service public qui se complète d’un réseau associatif solidaire !
Les sapeurs-pompiers ont su se rassembler au sein d’une grande Fédération, que vous voyez aujourd’hui devant
vous. Pour former une communauté solidaire.
Mais aussi, une Fédération pour exprimer d’une voix puissante, au nom de l’intérêt général, leur vision de la
sécurité civile.
Pour être ainsi un véritable partenaire du dialogue social.
C’est tout cela les sapeurs-pompiers de France.
Une combinaison des énergies, un caractère hybride, iconoclaste dans notre pays si cartésien, mais qui fait la
force de notre modèle de secours.
Forcément, au quotidien, le pilotage d’un tel ensemble est exigeant.
Il l’est d’autant plus dans un contexte compliqué :
- D’un côté, en raison même de son efficacité et de la crise sociale, notre dispositif est toujours plus sollicité.
- De l’autre, la pression budgétaire s’exerce de plus en plus fortement.
Quatre points de fragilités apparaissent :
-
Notre ressource humaine diminue,
-
Le maillage territorial s’effrite,
-
Une coopération insuffisante entre l’Etat et les collectivités,
-
Et une répartition problématique des compétences entre les acteurs du secours aux personnes.
Dans ce contexte, notre modèle de secours, qui demande de l’équilibre, est menacé.
Une réaction rapide s’impose !
C’est pourquoi votre parole est particulièrement attendue, Monsieur le Président de la République.
*****
En effet, l’Etat doit fournir des réponses.
Parce que la sécurité est une mission régalienne.
Mais aussi au titre du dialogue nécessaire avec les collectivités territoriales.
Première réponse attendue (et elle est capitale): consolider nos ressources humaines.
La sollicitation des sapeurs-pompiers volontaires s’accroit sans cesse, tandis que les effectifs baissent.
Et en plus, on envisage de leur faire supporter la réduction du temps de travail de leurs collègues professionnels.
Les services d’incendie et de secours doivent participer à l’effort collectif pour maîtriser la dépense publique.
Nul ne le conteste.
Mais de grâce, ne faisons pas du volontariat la variable d’ajustement budgétaire des SDIS !
A défaut, nous finirons par porter un coup fatal à cet engagement citoyen, l’un des plus beaux, l’un des plus
généreux, l’un des derniers.
Car alors, c’est l’ensemble de notre modèle de secours, ce service public de proximité, ce pilier de la solidarité
dans nos territoires, qui s’écroulera.
Cela, nous devons tous le refuser !
Pour consolider nos ressources humaines, fixons-nous donc l’objectif d’accroître le nombre des volontaires.
Faisons ainsi barrage à la menace européenne d’une qualification de travailleur.
Evitons d’opposer professionnels et volontaires, mais consolidons plutôt leur indispensable complémentarité.
Agissons pour élargir le recrutement.
Répondons à la soif d’engagement des jeunes, des femmes, des populations issues de la diversité.
Augmentons nos effectifs de Jeunes Sapeurs-Pompiers, eux aussi en baisse, dans une véritable coproduction
entre les SDIS et notre réseau associatif.
Ayons aussi le courage d’adapter nos pratiques de management au volontariat car il ne suffit pas de commander
des hommes, il faut tirer mieux parti de leur volonté de donner.
Assurons aux sapeurs-pompiers volontaires les marques de reconnaissance qu’ils attendent en contrepartie de
leur engagement :
-
A travers un accès plus large aux responsabilités, à l’encadrement.
-
Mais aussi en intégrant le coût de la vie dans l’évolution annuelle des indemnités perçues pour se former et
intervenir.
Car l’engagement volontaire ne doit pas coûter. Ce serait un comble.
Deuxième réponse indispensable à apporter: préserver les secours de proximité.
Qui, en juin dernier, aurait porté assistance aux habitants de Barèges, inondés et isolés du reste du monde, sans la
présence de leur caserne de sapeurs-pompiers ?
Nul ne doit l’oublier : nos 7300 casernes, gages de rapidité et d’efficacité des interventions, sont un bien précieux
à sauvegarder et un pilier d’égalité entre les territoires.
Et pourtant, en 6 ans, près de 600 ont disparu. Et avec elles plus de 6000 volontaires.
Désormais, nombre d’élus préconisent la fermeture des casernes de proximité, accusés d’être insuffisamment
rentables ou alors sous prétexte d’une fusion de plusieurs centres.
Aussi, notre Fédération lance-t-elle un appel solennel.
Arrêtons de fermer des centres, par facilité et pour des raisons prétendument budgétaires !
Rompons avec cette logique absurde qui consiste à ignorer le coût politique irrémédiable de ces fermetures :
délitement de la cohésion sociale, accroissement de la fracture territoriale, recul du service public, perte des
valeurs de solidarité et d’engagement.
Sans parler du coût économique en termes de protection des populations, des biens et de l’environnement, et
comme on le sait désormais, de coûts fixes bien supérieurs induits par ces fusions.
Alors, ayons le courage de faire du maintien du maillage territorial des sapeurs pompiers un objectif partagé.
Vous le savez, Monsieur le Président de la République : la pérennité du volontariat, à travers le maillage territorial
et la consolidation des effectifs, conditionne celle de notre modèle de secours.
Vous comprenez pourquoi, nous avons mis tant d’énergie pour conclure l’engagement en faveur du volontariat
signé hier avec le Ministre de l’Intérieur et les élus.
Nous attendons de vous les soutiens nécessaires pour que les mesures qui le composent soient mises en œuvre.
Troisième réponse que nous attendons de l’Etat et des collectivités territoriales, parce que c’est là que nous
pourrons renforcer l’efficacité de notre modèle tout en maîtrisant ses dépenses : Moderniser la gouvernance de
la sécurité civile.
L’an dernier, à notre précédent congrès, notre Fédération a résumé ses attentes en une formule : plus d’Etat au
niveau des SDIS, plus d’élus des SDIS au niveau de l’Etat.
Le pacte de sécurité civile, proposé par le ministre de l’Intérieur, s’inscrit dans cette démarche et offre une chance
pour progresser.
Saisissons là, pour faire mieux travailler les SDIS ensemble, et l’Etat avec eux.
Coopérons, partageons, au profit d’une meilleure efficience opérationnelle : entre SDIS, avec les autres services
publics de secours et même avec l’Europe : puisque les avions bombardiers d’eau coûtent chers, créons une flotte
commune !
Saisissons cette chance, pour réformer la gestion de notre encadrement supérieur.
Nous attendons notamment de l’Etat qu’il dote enfin nos collègues affectés à son service d’un véritable statut,
mais aussi qu’il favorise leur plus forte présence dans ses grands corps. Ce sera pour lui un atout.
Enfin, saisissons ce pacte, pour dialoguer sereinement autour des enjeux humains de nos SDIS : les volontaires, les
professionnels, leur complémentarité, la pérennité de notre service de santé et de secours médical, mais aussi
l’avenir de notre Ecole nationale des officiers, qui ne doit plus être un sujet de tiraillement entre l’Etat et les
collectivités.
Monsieur le Président de la République, nous en appelons à votre autorité pour réussir enfin à mettre en œuvre
une gouvernance partagée, apaisée et responsable.
Quatrième et dernière réponse pour laquelle votre intervention est essentielle : faire reconnaître notre position
dans le domaine du secours aux personnes
Ces opérations représentent désormais plus de 80% de notre activité. Et cela progresse encore.
Les sapeurs-pompiers sont ainsi les premiers à intervenir lorsque la vie est menacée.
Et pourtant, ils ne sont pas associés à la mise en œuvre de votre engagement pour garantir à tous un accès aux
soins d’urgence en moins de 30 minutes.
Parfois même, ils en sont exclus, comme dans certaines zones de montagne.
Nous ne demandons qu’une chose : travailler en partenariat et en complémentarité avec les autres acteurs du
secours, dans un respect réciproque.
Le plus difficile, c’est avec le ministère de la Santé. Parce qu’il décide seul !
Plusieurs exemples :
-
Le développement unilatéral des médecins correspondants de SAMU, alors que cela existe déjà: ce sont les
médecins sapeurs-pompiers volontaires.
-
L’élaboration de plans régionaux sur les urgences, qui oublient tout simplement les sapeurs-pompiers.
-
Ou bien encore, le déploiement non coordonné d’hélicoptères par les SAMU.
Notre pays n’a pas les moyens de laisser subsister, sans aucune coordination, deux flottes aux champs de missions
largement similaires.
Il convient donc d’étendre au ministère de la Santé la réflexion déjà engagée pour optimiser la flotte
d’hélicoptères du ministère de l’Intérieur.
Si les SAMU ont besoin de machines pour faire des évacuations sanitaires entre les hôpitaux, la sécurité civile a
besoin d’hélicoptères pour les sauvetages, les secours d’urgence et les missions de sauvegarde des populations,
de jour comme de nuit.
L’hélicoptère doit rester un moyen de secours, et non une vitrine de prestige.
- Autre exemple : le blocage de la mise en œuvre du référentiel SDIS-SAMU.
Alors qu’une application, dans sa globalité, aurait pratiquement suffi à remplir votre engagement présidentiel et
permis d’avancer sur les enjeux financiers qui préoccupent tant les élus.
- Enfin et c’est un comble, lors d’un accident avec de nombreuses victimes, on constate désormais l’émergence
d’un dispositif de commandement opérationnel propre à la Santé, en marge de celui dont le Préfet assure la
direction !
Face à la succession de ces initiatives unilatérales et cette absence de dialogue, nous nous interrogeons, Monsieur
le Président.
La mise en œuvre de la garantie d’accès aux soins d’urgence en moins de 30 minutes relève-t-elle du seul
ministère de la Santé ?
Peut-elle, vraiment, se passer des sapeurs-pompiers, eux qui interviennent déjà, en tout point du territoire, dans
un délai moyen de 12 minutes ?
*****
Monsieur le Président de la République,
De par la Constitution, vous assurez, par vos arbitrages, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que
la continuité de l’Etat.
Des arbitrages de nature à conforter notre modèle de secours, pilier de la cohésion sociale : c’est ce que les
sapeurs-pompiers attendent de vous aujourd’hui.
Eux, qui prennent part à la construction d’une société fondée sur la solidarité et l’entraide.
Le sapeur-pompier est un homme simple – et de plus en plus une femme ! – des villes ou des campagnes, qui
décide de s’engager pour les autres.
En retour de cet altruisme et de cet engagement, il n’attend rien d’autre que la reconnaissance qu’il peut lire dans
le regard de la personne secourue.
Rien d’autre que l’estime de ses pairs, et la considération de ses concitoyens, de leurs représentants et de la
France.
Mais la considération, Monsieur le Président, elle ne peut pas être que de l’empathie, des promesses non tenues.
La considération, elle se marque :
Dites-nous, dites à la France entière que chacun de ces hommes et femmes fait partie du trésor de la Nation, et
que les rayer, c’est agir contre la République.
Que l’engagement de volontaires est une priorité nationale.
Dites-nous assez fort pour que ce soit entendu au ministère de la Santé que nos équipes de secours, notre service
de santé sont incontournables pour atteindre votre objectif des 30 minutes pour la délivrance d’un soin
d’urgence.
La considération ? C’est là, Monsieur le Président, le sens profond de leur regret que si peu d’entre eux se voient
attribuer l’Ordre national du Mérite ou la Légion d’Honneur.
Et que notre participation au défilé du 14 Juillet sur les Champs-Elysées soit, chaque année, remise en cause.
Eux qui constituent la plus grande armée de France !
Aujourd’hui, Monsieur le Président de la République, à travers mes mots et le regard de ceux qui les représentent
dans cette salle, les sapeurs-pompiers de France vous disent qu’ils sont d’accord pour continuer à se mobiliser,
dans le respect de leurs valeurs historiques, en s’adaptant aux évolutions de notre société.
Je sais, et vous savez, qu’ils rendront au centuple la considération qui leur sera portée.

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gironde Sauver avec les commissions sociales des UR et des UD mais aussi les services sociaux des SDIS.

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