journal MNL 6 - Regards socialistes sur l`industrie
Transcription
journal MNL 6 - Regards socialistes sur l`industrie
N°3- Juin 2005 Regards socialistes sur l’entreprise Ce troisième numéro de Regards socialistes sur l’entreprise est principalement consacré à la question de la sécurité des trajectoires professionnelles, notamment sous l’angle de la formation professionnelle Combattre l’insécurité de l’emploi Jean-louis LEVET Responsable national aux entreprises, chargé des politiques industrielle et technologique une telle situation, la réforme de notre système de formation continue et la création de ponts entre formation initiale et formation continue représentent un enjeu fondamental pour la cohésion de notre société. Salariés menacés par les récentes restructurations Il ne s’agit pas ici de proposer un bilan mensuel relatif aux créations et aux destructions d’emplois du système productif, mais d’illustrer les ravages d’une absence de véritable politique technologiques et industrielle et de sa dimension territoriale en sensibilisant tous les acteurs concernés au processus de désindustrialisation en cours, qui s’accélère. FRANCE ENTIERE es inégalités économiques s’accroissent. Instabilité professionnelle et fragilisation de l’emploi : une interrogation majeure persiste sur le contenu et la finalité du travail. L Depuis trois ans, le fossé s’accroît entre entreprises et salariés : du côté des premières, il y a l’expression d’un besoin de flexibilité, car la fluctuation de la demande augmente et la croissance stagne ; les salariés quant à eux, expriment un fort sentiment d’insécurité dans leur emploi. Pour toute réponse, les gouvernements Raffarin successifs essaient de faire de la « réhabilitation de la valeur travail » un outil de reconquête idéologique ; mais donner crédit à une déjà ancienne dénonciation de « la France paresseuse » ne peut qu’exaspérer encore davantage tous ceux qui s’échinent à trouver du travail et ceux qui travaillent dans des conditions de plus en plus stressantes. Or avec une politique de croissance, face à Actuellement à peine 10% des ouvriers non qualifiés reçoivent une formation, et encore, celle-ci est le plus souvent très courte (quelques jours pour la plupart) et correspond à une simple actualisation de connaissances sur des aspects très spécifiques de leur activité au sein de l’entreprise. Ils sont alors les premières victimes des transformations du système productif, des restructurations qui en découlent et de l’instabilité. L’absurdité est à son comble quand l’essentiel de la formation continue porte sur la main-d’œuvre la plus qualifiée et la plus stable (voir en ce sens le récent rapport du Cerc sur la sécurité de l’emploi). Or dans le discours de politique générale de Villepin qui souhaite remettre « la France en marche » et qui vaut réquisitoire (conscient ?) contre la décennie Chirac, la principale réponse consiste à accroître davantage la précarité, en transformant la période d’essai d’un contrat de trois mois à deux ans (contrat nouvelle embauche). Il est vrai qu’en « cent jours », il est difficile de s’attaquer aux problèmes de fond. EN BREF Rencontre avec la fédération des actionnaires salariés Une délégation du secteur entreprise et emploi (Anne-Juliette Tillay, Jean-Louis Levet, Jean-Alain Steinfeld) a rencontré le 15/5/05 Jean-Claude Mothié, président de la (FAS) fédération des actionnaires salariés. Celle ci se développe avec un but d’information distinct des syndicats en visant à coordonner, à former les représentants de ces salariés et à les représenter. Présente dans les grandes sociétés (Arce- lor, Air, France, Crédit lyonnais, Soc. générale, Aventis , France télécom... elle vise à promouvoir des comportements à long terme fondés sur la défense du projet industriel des sociétés. De ce point de vue - partagé par le PS - la FAS est apparue critique sur les déblocages opportunistes de participation et d ‘épargne salariale promus par Nicolas Sarkozy. Un point d’information réciproque (avec veille parlementaire si besoin est convenu. Exxon Mobil délocalisé, tous les syndicats appellent à la grève dans tous les établissements du groupe, (du 11 au 19 mai), certaines usines seront à l’arrêt total pour protester contre les délocalisations. Les syndicats craignent la suppression de 363 postes en France, transférés en Thaïlande, Malaisie, Hongrie et la République tchèque. FNAC Service, La filiale photo de la FNAC, en pleine restructuration, prévoit la fermeture de 18 magasins avant la fin 2005, et potentiellement 10 en 2006, en fonction des conditions du marché, soit la suppression de 59 emplois en 2005 et potentiellement de 35 en 2006. La direction argue du virage de la photo au numérique et souhaite qu’il n’y ait pas de licenciements. Les syndicats parlent eux de 115 suppressions d’emplois selon eux, et opposent l’argument selon lequel les magasins de proximité sont appréciés par la clientèle. Neuf Telecom-Cegetel La fusion des deux opérateurs de téléphonie fixe, Neuf Telecom et Cegetel inquiète la fédération syndicale SUD-PTT qui a évalué son impact « entre 500 et 1.000 suppressions d’emplois ». « Le nouvel ensemble s’est déjà fixé des objectifs de réduction des coûts : il s’agira d’économiser 160 millions d’euros par an en deux ans, dont 15 % réalisés par des suppressions d’emplois qui pourraient se chiffrer entre 500 et 1.000 pour en effectif total de 4.000 salariés Noiret-Bohain Le groupe textile mis en redressement judiciaire. Une centaine d’emplois, 30 à la maison mère basée dans l’Aisne, à Bohain, 50 à Mondrepuis et 24 à Roubaix sont menacés. …/… Regards socialistes N°3 1 SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE Le groupe français de distribution électrique va supprimer 730 emplois et fermer des sites en Normandie (Pacy-surEure), en Isère (Moirans, près de Grenoble) et en Charente (Angoulême) d’ici à la fin de l’année 2007. La direction s’engage à ne pas recourir à des licenciements secs. 280 départs à la retraite ne seront pas remplacés, tandis que 450 employés seront reclassés, en formation, ou sur d’autres sites en France. Suite au CCE, la CFDT tablait sur 2 000 emplois supprimés en France dans les vingt-quatre mois à venir. Un chiffre que la direction a formellement nié. Sogerma La société de sous-traitance et maintenance aéronautique a annoncé la suppression de quelque 300 emplois sur ses sites de Rochefort (Charente-Maritime) et de Mérignac (Gironde). ST Microelectronics supprime 1000 emplois en France. Le fabricant FrancoItalien de semi-conducteurs va supprimer 2 300 postes en Europe d’ici la mi2006, dont 1000 en Italie, sur les 3 000 prévus dans le monde. Certains postes d’intérimaires ne sont pas renouvelés. FONCTION PUBLIQUE, SERVICES PUBLICS ET ENTREPRISES PUBLIQUES La CGT évalue “entre 12.000 et 21.000, le nombre de suppressions d’emplois” prévues en 2006 dans la fonction publique d’Etat (FPE, ministères, enseignants), et à 7.200 le nombre de fonctionnaires non remplacés en 2005 dans la seule Fonction publique d’Etat (FPE). Le ministre délégué au Budget JeanFrançois COPÉ a confirmé dimanche la baisse des effectifs de fonctionnaires en 2006, sans toutefois préciser le nombre. Dans sa lettre de cadrage de février, le Premier ministre de l’époque, JeanPierre Raffarin, avait indiqué que le niveau de recrutement en 2006 pour les services de l’Etat était “compris entre 55.000 et 60.000 agents”. Ainsi, entre 16.000 et 21.000 postes d’agents de l’Etat seraient amenés à disparaître en 2006, année au cours de laquelle 76.000 départs en retraite sont prévus à la FPE. Ministère des Finances La CGT Bercy veut un moratoire, sur les réformes en cours à Bercy, alors que 5 700 postes de fonctionnaires ont été supprimés entre 2003 et 2005. Le ministre annonce d’ores et déjà la suppression d’au moins 2 100 emplois en 2006. Quel regard porter sur la politique conduite en matière de formation professionnelle ? E n 1971, la loi fondant la politique de formation professionnelle telle que nous la connaissons se donne trois objectifs fondamentaux : garantir l’efficacité économique aux entreprises, assurer aux individus leur promotion personnelle et leur développement culturel. 30 ans après l’entrée en vigueur de cette loi, pour 70% des personnes formées, l’objectif de la formation concerne essentiellement l’adaptation à leur emploi ; seuls 10% suivent une formation pour obtenir ou changer d’emploi (majoritairement des chômeurs), moins de 10% le font pour acquérir un diplôme. Quant aux formations pour le développement personnel, elles concernent un peu plus de 10% des salariés (majoritairement des inactifs et notamment des retraités). Au fil des années, les formations deviennent de moins en moins qualifiantes, de plus en plus courtes, la tendance des employeurs étant de se concentrer sur la formation que pour l’adaptation à l’emploi. Ce constat s’inscrit en outre dans un contexte marqué par de fortes inégalités. Les inégalités d’accès à la formation concernent la catégorie socioprofessionnelle (parmi les personnes en emploi, 43% de cadres accèdent à la formation contre 14% des ouvriers non qualifiés), la taille des entreprises (le taux de formation des entreprises privées de moins de 10 salariés s’élève à 15% en 2000 …/… Regards socialistes N°3 2 Le patron de cette petite société installée à Shirmeck, fabricant de bobines électriques, adresse, le 4 avril dernier, à neuf de ses salariés faisant l’objet d’un licenciement, une lettre où il leur fait une proposition de reclassement : partir travailler en Roumanie pour 110 euros brut par mois, à raison de 40 heures par semaine. Soit 30 euros de plus que le SMIC roumain, mais 50 euros de moins que le salaire moyen... Seuls 10% suivent une formation pour obtenir ou changer d’emploi Environ 22 Mds d’euros soit 1,5% du PIB sont consacrés chaque année à la formation professionnelle sans parvenir ni à réduire ces inégalités désormais bien connues, ni à garantir à chaque salarié, dans des proportions autres que marginales, l’acquisition d’une qualification. Or, la persistance d’un taux de chômage élevé, l’accroissement des inégalités ou encore la précarisation d’une partie croissante de la population nécessite une politique publique de formation efficace non seulement pour garantir la compétitivité de nos entreprises mais aussi pour sécuriser les parcours professionnels y compris, et surtout, des salariés les moins qualifiés. es syndicats d’IBM en Europe, aux EtatsUnis et au Japon se sont mobilisés, lundi 23 mai, pour une journée internationale d’action contre le plan de restructuration du groupe américain, qui prévoit de supprimer 13 000 emplois dans le monde, sur un total de 329 000 salariés. En France, selon les syndicats, un millier d’emplois sur 11 000 seraient menacés. “Après la délocalisation du système de production, maintenant c’est la délocalisa- L ALSACE Bas-Rhin, Sem Suhner. contre 44% des entreprises privées de 500 salariés et plus) les secteurs d’activité et le genre (le taux d’accès à la formation des salariées ayant au moins un enfant de moins de 6 ans est systématiquement inférieur à celui des salariés). Katia JULIENNE Déléguée nationale à la formation professionnelle IBM : journée internationale d’action EN BREF Schneider tion des cerveaux : des postes d’ingénieur sont délocalisés en Tchéquie, Hongrie, Roumanie, Biélorussie, Inde, Philippines Il y a 10 ans, on était 24.000 à IBM France, aujourd’hui on est 11.000 ”, a déploré Annie Jarry (CFDT), devant le siège social d’IBM à la Défense, en région parisienne. La grève a touché tous les sites en France, les salariés d’IBM, à 70 % des cadres, exprimant leur inquiétude. D’après AFP AQUITAINE 33 • Gironde Le Bélier La fonderie automobile, qui s’est Un droit tout au long de la vie a commission formation professionnelle du Parti travaille à l’élaboration de propositions dans la perspective des échéances de 2007 en s’appuyant à la fois sur l’expérience des régions désormais dirigées par la gauche et sur des contacts très réguliers avec les organisations syndicales. Notre objectif est de garantir un droit nouveau : le droit à la formation tout au long de la vie. Tout travailleur, toute personne devrait en effet pouvoir avoir accès à la formation tout au long de sa vie. L’objectif est à la fois : ■ de permettre à chacun de pouvoir se former à tout moment de sa vie quelle que soit sa situation pour s’épanouir, se cultiver ou s’informer ; ■ de permettre à chacun de progresser, d’améliorer sa qualification, de rebondir tout au long de sa vie professionnelle et de connaître en conséquence une promotion sociale et professionnelle ; ■ de mieux protéger les salariés face aux bouleversements économiques et scientifiques du monde d’aujourd’hui. Nous ne pouvons accepter que l’avenir d’un jeune se décide à 20 ans. Nous devons faire en sorte qu’à tout moment grâce à son expérience professionnelle, sa qualification puisse être reconnue et qu’il puisse grâce au droit à la formation qui doit être effectif L pour tous ceux qui le souhaitent, acquérir de nouvelles compétences, de nouvelles qualifications qui lui permettront à la fois promotion sociale et promotion professionnelle. Ce droit individuel sera garanti collectivement. Il devra compenser les inégalités de formation initiale et accordera un droit plus important à ceux qui ont quitté le système scolaire plus tôt. Chacun disposera en quelque sorte d’un droit de tirage qu’il pourra utiliser quand il le souhaitera ou en fonction de ses besoins professionnels. C’est pourquoi nous devons créer des passerelles à tous les niveaux entre formation initiale et supérieure pour permettre à ceux qui ont commencé à travailler plus jeunes de rebondir. Les mutations techniques et scientifiques, avec leurs conséquences économiques bouleversent le mode du travail. En outre, des évolutions démographiques importantes sont en cours avec des départs à la retraite importants entre 2005 et 2012. Nous voulons anticiper et accompagner ces évolutions. Nous devons ainsi à la fois anticiper la mobilité professionnelle choisie par les salariés et sécuriser les parcours professionnels : la formation est le meilleur moyen de le faire. Clotilde VALTER Secrétaire nationale à la formation professionnelle Regards socialistes N°3 3 déjà délestée de la quasi-totalité de ses intérimaires, va se séparer de 86 CDI, sur son site historique de Vérac, au bénéfice de ses deux usines hongroises, où le personnel est déjà beaucoup plus nombreux qu’en France. Des dizaines de millions vont être investis en Chine et au Mexique pour permettre au groupe de se développer à moindre coût salarial sur ces deux continents. Solectron-France L’hypothèse d’un nouveau plan social commence à germer alors que la société vient d’en vivre six successifs en moins de cinq ans. 40 • Landes Gascogne La branche distribution (Cem- pac), du papetier landais, qui s’était redressée, a lancé un nouveau plan de restructuration se traduisant par une quarantaine de suppressions d’emplois. BASSE-NORMANDIE 14 • Calvados Polystand L’usine de Moult, 65 salariés, spé- cialisée dans la fabrication de meubles en bois, en redressement judiciaire depuis septembre 2002, a fermé ses portes le 13 juin. BRETAGNE 35 • Ille-et-Vilaine Max Sauer La direction de cette société de pinceaux a offert, fin mars, à 29 des 32 salariés de son site de Rennes de prendre un poste dans un autre établissement du groupe, situé à l’île Maurice, pour un salaire brut mensuel de 4 000 roupies, soit environ 117 euros. Ayant refusé, ces travailleurs ont reçu, mi-avril, leur lettre de licenciement et confirmation de la fermeture du site le 17 juin. …/… SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE Développer l’emploi Un vraie chance pour les jeunes et sécuriser le travail Interview de Malek BOUTIH, Secrétaire national en charge des questions de société de la direction est parvenu jusqu’au local CGT à Laval, envisageant la fermeture de cette entreprise de 397 salariés, spécialisée dans la téléphonie mobile, d’ici mars ou juin 2006. Le texte présente la stratégie de Flextronics en trois options, en fonction d’une commande à venir d’un de leurs clients, le groupe Thales : la première option est un plan de licenciement de 273 salariés, les deux autres prévoient une fermeture d’ici juin 2006 MPO Plan de restructuration industrielle chez le presseur de disques optiques, basé à Averton, Une centaine d’emplois vont disparaître. CHAMPAGNE-ARDENNE 51 • Marne Reims Aerospace L’usine production de pièces pour avion de Reims menacée de liquidation.Les 220 salariés et le directeur général font pression sur Airbus pour obtenir une meilleure rémunération des pièces fournies à Airbus.dont il est un sous-traitant de « second rang » (pour l’entreprise Socata) pour la production d’une partie de la coque de l’A340 nommée « ventre mou ». Valéo L’entreprise qui compte 1000 salariés pourrait supprimer 243 emplois sur son site reimois, dans le cadre d’un processus d’automatisation combiné à une réduction de production au profit de son site polonais. Sur 2, 4 millions de condensateurs fabriqués actuellement, 1.2 million partiraient à Skawina en Pologne d’ici 2006. Nouvelles galeries Une vingtaine de licenciements suite à la fermeture du magasin de Reims, le 25 juin. FRANCHE-COMTÉ 25 • Doubs ST2M La liquidation judiciaire de la société de maintenance et de services aux industries, implantée à Etupes a été prononcée mercredi par la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Montbéliard, entraînant le licenciement de 34 salariés Cébé La société Cébé, fabricant français de lunettes solaires, masques et casques de ski, a décidé de cesser la production de lunettes solaires sur son site de Frasne, entraînant la suppression de 35 à 40 emplois sur 110 au sein de l’entreprise. La direction souhaite finaliser le projet de restructuration « durant l’été ». Quel constat portez-vous sur l’accès des jeunes qui sortent de formation initiale professionnelle au monde de l’entreprise ? C’est une réalité diverse. Certaines formations (Bac Pro, BTS) répondent parfaitement à leurs besoins et s’avèrent être très utiles pour débuter une vie active ; de ce point de vue, il y a un lien entre la qualité de l’enseignement et le débouché professionnel. Mais je vois aussi beaucoup de jeunes qui ont l’impression d’avoir été mis dans une voie de garage et qui pensent que leur formation ne valait rien. Cela touche souvent les jeunes sortis trop tôt du système scolaire et qui ont eu des formations désuètes particulièrement dans certains CAP et BEP. Comment lutter contre la représentation négative de l’industrie qu’ont les jeunes générations, fils et filles d’ouvriers ? L’enfant d’ouvriers ne peut accepter comme une fatalité une vie professionnelle qui ressemble à celle de ses parents, un métier « à l’ancienne ». Cela est particulièrement vrai chez les enfants d’ouvriers immigrés qui ont de l’usine une mauvaise image au regard du parcours de leurs parents. D’ailleurs leur père n’est pas le dernier à leur déconseiller de suivre la même voie. La maîtrise de nouvelles technologies, la possibilité d’évolution dans sa carrière et d’augmenter ses revenus sont indispensables pour créer une motivation. Quelles propositions souhaiteriez-vous mettre en débat dans le cadre de la préparation du projet socialiste concernant les dispositifs d’accès à la formation et à l’emploi des jeunes dans les quartiers en difficulté ? Sans être un spécialiste, il me semble primordial de donner un contenu fort d’émancipation sociale et culturelle pour cette jeunesse. C’est sur cet aspect que les emplois jeunes avaient été utiles pour ces jeunes. Ils avaient tous l’impression d’avoir une vraie chance d’épanouissement et de reconnaissance sociale. Contrairement aux préjugés, cette jeunesse a d’autres valeurs que celle du gain financier à tout prix. Leur dignité est au cœur de leurs préoccupations pour l’avenir. CONFLITS DANS LA GRANDE DISTRIBUTION : EN BREF 56 • Mayenne Flextronics Un document confidentiel la double question des bas salaires et du dialogue social Depuis trois mois des conflits durs , souvent inter-syndicaux se multiplient dans la grande distribution : ➡ Mars, grève dans 25 magasins Conforama contre des augmentations insuffisantes ➡Avril, grève chez Logidis , filiale logistique de Carrefour (6800 employés) pour 50 euros par mois pour tous alors que le PDG Daniel Bernard venait de percevoir une prime de départ de 38M?, grève chez Champion (32 000 employés, 500 magasins, filiale super marchés de Carrefour) ➡ En mai, grève chez Virgin Mégastore refusant une augmentation insuffisante ➡ En mai, toujours grève sur les salaires dans 12 magasins Fabio Lucci La droite a trouvé sa nouvelle marotte : après trois ans de casse sociale qui conduit une part croissante des Français au chômage et à la précarité, le gouvernement Villepin prétend vouloir transposer en France les réussites du modèle scandinave, et notamment danois, en matière d’emploi. Le modèle social danois a deux caractéristiques principales : une flexibilité accrue du marché du travail, et un service public de l’emploi doté de moyens considérables qui garantit à chaque salarié au chômage une indemnisation conséquente et un parcours personnalisé de recherche d’emploi. La majorité ne retient que le premier pilier du système danois ; elle s’emploie depuis plus de trois ans à casser systématiquement les protections des salariés dans leur emploi (lois sur les 35 heures, le dialogue social ou les restructurations), sans pour autant promouvoir la moindre amélioration du service public de l’emploi. La récente proposition de Villepin de créer un nouveau contrat de travail avec période d’essai de deux ans dans les petites entreprises marque un nouveau recul inacceptable, puisqu’elle revient à restaurer le système des travailleurs journaliers du début du siècle. Avec la droite, les salariés perdent donc sur tous les tableaux : privés de nombreux droits au cours de l’exécution du contrat de travail, ils ne sont pas L mieux pris en charge, bien au contraire, une fois qu’ils se retrouvent au chômage. Le chantier de la sécurisation des parcours professionnels est un enjeu majeur pour la gauche. Il lui revient de montrer que pour elle, la sécurité des salariés dans leur emploi ne s’oppose pas à la promotion de la mobilité professionnelle ou à la lutte contre le chômage. Les trois sont au contraire indissociables. Ce n’est en effet pas la mise en œuvre d’une sécurisation des parcours qui, à elle seule, permettra de lutter contre les temps partiels subis, les mauvaises conditions de travail ou les bas salaires. Ainsi, la gauche, une fois revenue aux responsabilités, devra mener les deux combats de front. L’amélioration des conditions de travail, qui se sont fortement dégradées ces dernières années, passera par un meilleur encadrement des différentes formes de modulation du temps de travail, une désincitation au recours au temps partiel et une politique salariale volontariste. Parallèlement, la promotion d’un principe général de sécurité professionnelle est nécessaire : elle devra être fondée sur la prise en charge et le suivi des victimes de licenciements, la modernisation du service public de l’emploi et la refonte du fonctionnement de la formation professionnelle et des moyens qui lui sont alloués. Etienne COLIN Ces conflits , dont la liste n’est pas limitative, ont évidemment un air de famille . Ils sont une nouveauté dans un monde qui ne défrayait jusqu’ici la chronique que par des conflits de licenciements (caissières Auchan à Bordeaux) ou de plans sociaux (Marionnaud, Tati..) Deux premières conclusions : ➡ la montée de la question du pouvoir d’achat des bas salaires qui mobilise des branches naguère mieux traitées grâce à des primes maison ; ➡ l’échec tout récent des négociations de branche entre la FCD (fédération du commerce et de la distribution) et les syndicats est très préoccupant : 600 000 salariés sont concernés. À suivre. 4 Dans cette entreprise de connectique de Dole, où 78 emplois sur 116 ont été supprimés, des salariés se sont vu proposer, dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi, des postes dans les usines du groupe en Chine ou au Mexique pour un salaire de 2 euros de l’heure, avec billet allerretour en avion par an pour la France. HAUTE-NORMANDIE 27 • Eure TNT Copal Mauvaise surprise pour les quelque 140 salariés de la plate-forme logistique de Vironvay (Groupe Transports Nicolas, France) : ils viennent d’apprendre que le seul client du site, le Groupe de grande distribution Carrefour, ne reconduira pas son contrat en mars 2006, date de l’échéance du contrat en cours. La PME a donc neuf mois pour trouver un repreneur. Roon Mise en redressement judiciaire fin 2004 par le Tribunal de Commerce d?Evreux, l’entreprise Roon spécialisée à Gisors dans la transformation de matières plastiques va fermer ses portes dans deux mois. Ce sont 37 salariés qui seront licenciés d’ici l’été. Cartonnerie de Pont-Audemer. La Cartonnerie de Pont-Audemer, la société (43 salariés) spécialisée dans la fabrication de feutre cellulosique a été placée en liquidation judiciaire. La PME bénéficie toutefois d’un mois pour trouver un repreneur. ILE DE FRANCE 75 • Paris Lycos France Le portail Internet sup- prime 75 postes sur 109 en France et propose à 34 développeurs informatiques de se reclasser en s’installant à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour un salaire de “300 à 500 euros par mois”, selon le secrétaire du CE. Le Monde Plan de suppression d’emplois à l’imprimerie, devant aboutir au départ de 92 salariés, et réductions d’effectifs programmées au prépresse (une quarantaine de personnes) après une perte d’exploitation de 12 millions d’euros en 2004 du quotidien et de son imprimerie. Lycos France Le portail Internet supprime 75 postes sur 109 en France et propose à 34 développeurs informatiques de se reclasser en s’installant à Erevan, la capitale de l’Arménie, pour un salaire de “300 à 500 euros par mois”, selon le secrétaire du CE. Jean-Alain STEINFELD. …/… Regards socialistes N°3 39 • Jura Amphenol-Socapex Regards socialistes N°3 5 …/… SPÉCIAL FORMATION PROFESSIONNELLE 92 • Haut-de-Seine Hôpital Foch de Suresnes Après, un déficit de 13 millions d’euros en 2004, 20 millions d’euros prévisibles pour 2005, la direction a accepté un plan de restructuration et la Suppression de 260 postes. 94 • Val-de-Marne Institut Gustave-Roussy de Villejuif Débrayages quotidiens pour s’opposer à la suppression de 176 postes d’ici 2008. Sous prétexte d’améliorer l’accueil, cette réorganisation prévoit la suppression du service rendez-vous, soit plus de 24 postes. LORRAINE 88 • Vosges Le Tissage Dorval L’entreprise de Granges-sur-Vologne a fermé ses portes en laissant 31 salariés sur le carreau. Madelaine Création L’entreprise hightech de textile de Remiremont, licencie ses 46 salariés . Lohmann Medical A l’issue de la dernière réunion du comité d’entreprise de la filiale du groupe Lohmann & Rauscher à Remiremont (3 000 salariés, 350 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2004), les représentants du personnel ont fait de l’annonce de fermeture du site, qui emploie une cinquantaine de salariés, dont 42 en production (consommables médicaux). Selon les syndicats, les différentes activités seraient transférées, pour partie sur le site de Plancy-l’Abbaye dans l’Aube, et pour une autre part en République Tchèque et en Chine. Anne de Solène Le fabricant de linge de maison de Gérardmer cessera son activité à la fin du mois de juin entraînant la suppression de 40 postes. NORD-PAS-DE-CALAIS 59 • Nord Ercel Nord Le tribunal de commerce de Lille a prononcé, la liquidation judiciaire d’Erciel Nord. L’entreprise tourquennoise d’électricité, qui emploie 150 personnes, avait été placée en redressement judiciaire à la fin mars. La performance économique passerait-elle par l’humanisme ? a formation accroît les inégalités : les moins diplômés, les moins protégés y ont le moins accès (67% des cadres d’entreprises de plus de 2000 salariés contre 3% des ouvriers non qualifiés d’entreprises de 10 à 19 salariés). La loi de mai 2004, relative à la formation professionnelle tout au long de la vie, résoudra-t-elle ce paradoxe ? Cette loi apporte 3 grandes innovations : 1 - Obligation pour l’employeur d’assurer l’adaptation de tout salarié à son poste de travail ; 2 - Droit individuel à la formation, soit 20 heures par an ; 3 - Attention particulière envers les personnes plus vulnérables (handicapés, chômeurs, femmes revenant d’un congé maternité...) Si son application fait débat chez les DRH, qu’en est-il dans les PME-PMI ? Les écueils ne seront-ils pas les mêmes que pour les 35 L Mobilisation pour l’emploi en sud Seine-et-Marne : Le PS à la pointe du mouvement heures ? Côté employeurs : manque de temps, de motivation, complexité de la loi, ... Côté salariés : sentiment d’inégalité accru. La formation offre au salarié progrès, opportunités et échanges professionnels. C’est la meilleure assurance contre le chômage. Pour la PME, elle est souvent synonyme de coût et d’absence, mais doit devenir un investissement, un facteur d’innovations et de productivité. 100 ans après la loi de 1905, l’instruction doit se développer aujourd’hui tout au long de la vie, y compris pour les 30% de personnes qui travaillent dans les TPE. A nous de construire des propositions ambitieuses, d'inventer des méthodes, pour réconcilier, dans les PME-PMI-TPE, performances économique et sociale. G. SALMAT et JM CHAMARD Groupe PME-PMI Formation professionnelle et Culture e meilleur des apprentissages est celui qui affranchit de toute censure celui ou celle qui se destine à l’exercice des métiers de la culture. C’est dire que la formation professionnelle doit être le centre de toutes les attentions pour une meilleure expression de la pédagogie et de la déontologie au-delà des apprentissages techniques qui fondent la majorité des cursus. Elle doit développer aussi la créativité, l’esprit critique et les compétences sociales, favoriser l’éducation à la notion de service public et à la diversité des pratiques culturelles qui tienne compte avant tout des notions d’indépendance et de refus de se soumettre à une forme de pensée unique sous tendue par l’”employeur”. L’accès à la formation continue doit être un droit fondamental. On ne doit pas rogner les budgets de la formation. Formation et culture sont étroitement liées. “ La connaissance et l’innovation sont comme des moteurs de la croissance durable dans l’Europe “ préconise la com- L mission européenne chargée de l’éducation et de la formation. Nous pouvons demander à l’Europe de continuer sur sa lancée et de donner une suite aux actuels programmes soutenant la mobilité et la coopération dans les domaines de l’éducation et de la formation. Nous attendons l’adoption lors de la prochaine Conférence générale de l’UNESCO (octobre 2005 ) du projet de convention sur ace à une cascade de plans sociaux en sud Seine-et-Marne entraînant une véritable hémorragie d’emplois, il fallait réagir avec vigueur. Après SKF à Thomery, Nina Ricci à Ury sans parler de Kappa à Vaux–Le–Pénil, Thomson Vidéo Glass à Bagneaux, l’annonce de la fermeture D’ABB à Champagne-surSeine a représenté la goutte d’eau qui a fait déborder le Vase : au total, 1 500 emplois directs ont été ou vont être supprimés. Les élus socialistes ont immédiatement réagi : après le vote par le conseil municipal de Champagne d’une délibération rendant illégale la fermeture de l’entreprise, le maire de Champagne rendait public l’appel des maires pour l’emploi en sud Seine-et-Marne invitant la population à rejoindre le mouvement en participant à une marche pour l’emploi le 16 avril. Plus de 60 maires ont signé l’appel tandis que près de 2 000 personnes ont participé à cette marche qui rassemblait, outre les élus, les salariés des entreprises concernées. Le 12 mai dernier, une délégation d’élus accompagnait les salariés d’ABB qui se sont rendus à l’assemblée générale des actionnaires du groupe à Zürich pour sensibiliser les dirigeants et actionnaires à la situation de l’usine de Champagne-sur-Seine, présen- tant à cette occasion la première ébauche d’un plan alternatif. Le 24 mai dernier, une deuxième marche pour l’emploi rassemblait un millier de participants dans la ville de Bagneaux, où l’entreprise Thomson Vidéo Glass est menacée de fermeture (600 emplois menacés). la diversité culturelle finalisé le 3 juin par la réunion intergouvernementale d’experts de l’UNESCO au grand dam des Etats-Unis. Les programmes nationaux doivent avoir pour ambition de définir un cadre de politique général dans lequel devront également s’inscrire les initiatives culturelles de chaque région, voire de chaque importante collectivité. En guise de vœu pieux, affirmons en ce qui concerne la culture, qu’il faudrait pousser la formation professionnelle à sensibiliser les futurs professionnels à la notion exemplaire de service public, large part de notre économie française mixte. Leur expliquer par exemple qu’il faut lutter contre tout démantèlement de l’audiovisuel public ; les exhorter à ne jamais céder à la fréquence des multiples com- mandes thématiques faites par les programmateurs des chaînes et de certaines radios publiques dont les investissements semblent relever davantage d’une logique industrielle et d’audience que d’une mission de service public. C’est notre exception culturelle française qui se défendrait là. Il reste enfin à la marge que les publics ayant le plus besoin de formation ne soient pas pénalisés par l’orientation actuelle (dispositifs et financements en diminution) de la formation des adultes, des jeunes, des immigrés et des demandeurs d’emploi. Il en va de l’avenir durable de la culture citoyenne du pays. F ▼ dit à la société de fermer son site, il a demandé à au conseil municipal de voter une délibération interdisant cette décision, et le licenciement de tout ou partie des 213 salariés. Loi sur la formation et les PME-PMI ▼ 77 • Seine-et-Marne Champagne-sur-Seine ABB Le maire de la commune a inter- Face à cette intense activité, l’Etat est resté étrangement absent, comme anesthésié par cette situation que le Préfet n’a semblé ni comprendre, ni maîtriser. Puis, face à la mobilisation sans précédent des élus et des populations, les représentants des pouvoirs publics ont fini par apporter une réponse tardive et inadaptée : la convocation par le Préfet d’une table ronde le 9 mai évoquant sans calendrier précis le projet de l’ouverture d’une maison de l’emploi (ce qui n’a même pas été confirmé dans les projets finalement retenus par la commission nationale). Désormais une nouvelle phase s’ouvre, celle des recours judiciaires et de l’interpellation du nouveau Premier Ministre qui vient justement de décréter… une mobilisation générale pour gagner la bataille de l’emploi. François KALFON Délégué Fédéral Entreprises, Seine et Marne Patrick Ducôme Responsable du GSE de la Culture et des médias Regards socialistes N°3 Regards socialistes N°3 6 7 Roquette L’entreprise de Wasquehal spécialisée dans la teinture de tissus, a annoncé le licenciement sec de 34 salariés. La société emploie 170 salariés sur son site de Wasquehal. Nydel Un comité d’entreprise extraordinaire s’est tenu hier matin à l’usine de textile Nydel à Hellemmes, qui fabrique des nappes et serviettes de table. La direction y a divulgué son plan de restructuration, qui doit permettre de maintenir l’activité de l’entreprise mise en redressement. 41 suppressions d’emploi seraient prévues dans ce document. Mainetti L’annonce de la liquidation judiciaire de leur entreprise, mardi, a surpris les salariés de MainettiFrance, leader mondial du cintre plastifié à Templemars. Flandre Artois Peinture 89 licenciements annoncés dans l’entreprise dont la voisine Isodal (25 salariés) elle aussi, à Saint-André, va également fermer ses portes prochainement. C2N L’entreprise a annoncé que cinq emplois sont supprimés à Wattrelos à cause de la concurrence chinoise. Cewe Color Un Plan de sauvegarde de l’emploi du labo photo détruit par un incendie dans la zone Unexpo de Seclin, est obtenu de haute lutte par les salariés sur la base de 6 mois de congés de reclassement et 7.000 euros d’indemnité forfaitaire de préjudice pour chacun des 68 salariés en passe de perdre son emploi. 62 • Pas-de-Calais Envelnor Packaging À l’issue d’une réunion extraordinaire du comité d’entreprise commun à ses deux unités (Kuvert pour les enveloppes industrielles et Packaging pour les emballages de produits alimentaires essentiellement), Envelnor, basée à Ecques, près de Saint-Omer, a annoncé huit licenciements. PAYS DE LOIRE 85 • Vendée Samedia L’entreprise arrêtera cet été son activité industrielle aux Herbiers. La société qui fabrique des outils diamantés de découpe à usage grand public et professionnel délocalise sa production vers une autre usine du groupe en Allemagne, au nord de Fribourg. La mesure touche directement 31 des 64 salariés vendéens qui seront licenciés sauf à accepter une mutation en Allemagne, en Espagne ou éventuellement en Isère où se trouve le siège de Wheelabrator Allevard, la société mère. Industrie PICARDIE 60 • Oise Goss International La société (ex-Heidel- berg) de Montataire, spécialisée dans l’imprimerie et la publicité, vient d’annoncer 301 suppressions d’emplois sur un effectif de 347 salariés. 80 • Somme Abélia Décors Le tribunal de commerce d’Abbeville a prononcé la liquidation de l’entreprise de papier peint (274 salariés). Cette liquidation met en difficulté la filiale de Puteaux (46 salariés) et l’entreprise ACR Logistics (28 salariés) d’Abbeville, qui assurait le transport de la production de papiers peints. POITOU-CHARENTES 16 • Charente Schneider Electric À Angoulême, les élus du personnel redoutent la suppression de quelque 400 postes. RHONE-ALPES 74 • Haute Savoie Bouverat La direction du groupe améri- cain Autocam envisage de supprimer 83 postes sur 300 au sein de sa filiale Bouverat Industries spécialisée dans les pièces de décolletage à Marnaz. Réfléchir et agir mondialement epuis 3 ans, une équipe du Massachusetts Institut of Technology mène, sous la houlette de Suzanne Berger (« Notre première mondialisation » la rép des idées 2000), la 1ère grande enquête mondiale sur la mondialisation. Composée de chercheurs en science politique, en sociologie et en science de la production, cette équipe a procédé à l’interview approfondie de 700 grandes industries dans le monde en Asie, aux Etats-Unis et en Europe. L’objectif est d’appréhender les stratégies de moyen terme de ces entreprises de l’électronique, du textile, des technologies de l’informatique et de la communication et des biotechnologies, au regard de leurs choix de sous-traitances et délocalisation de leur production. Qu’envisagent-elles de continuer à produire elles-mêmes ? Que comptent-elles délocaliser ? Pourquoi, dans le même secteur professionnel, des industries font-elles des choix stratégiques totalement opposés, certaines délocalisent tout et d’autres rien ? D dans la fabrication d’articles d’art de la table en Inox (couverts, plats et casseroles) et de coutellerie, qui emploie 231 personnes, vient d’annoncer qu’il procédera, dans les dix-huit prochains mois, au licenciement d’une centaine de salariés de ses sites de Thiers et de Courpière (Puy-de-Dôme). Directeur de la publication : Jean-Louis LEVET Comité de rédaction : Etienne COLIN, Christine DELBARY, Katia JULIENNE, Thierry LE PESANT, Mireille LE CORRE, Jean-Alain STEINFELD, Gwenaëlle THOMAS, Pierre-Alain WEILL PRIVATISATION AUVERGNE 63 Puy-de-Dôme Couzon Le groupe Couzon, spécialisé Les territoires peuvent-ils développer des actions spécifiques pour « faire coller » la production à leur terrain ? Afin de bénéficier de cette 1ère étude mondiale et de ces enseignements, le Conseil général de l’Essonne, présidé par Michel Berson, a décidé de s’associer aux travaux du MIT et d’y intégrer, par le biais de son comité d’expansion, l’Agence pour l’Economie en Essonne, un panel de 30 grandes entreprises franciliennes. Des équipes universitaires d’Ile de France seront associées au suivi de ce travail par le biais d’un comité de pilotage présidé par Nicolas Veron. Au moment où les délocalisations et inégalités territoriales préoccupent tous les élus socialistes, les pistes nouvelles pour l’action que révèlera ce programme de recherche pourront nourrir nos réflexions sur le projet. Elles sont attendues pour la fin d’année 2005. Thierry MANDON 1er Vice-Président du Conseil général de l’Essonne Au lendemain du referendum le gouvernement cède en catimini 6% du capital de France Télécom Descendu à moins de 35% de participation, l’Etat est tout prêt de perdre la minorité de blocage Le gouvernement accentue la privatisation de France Télécom en cédant 6,2 % de sa participation au capital de l’opérateur de télécommunications, qui descend de 41% à moins de 35%. Au lendemain même de l’échec du gouvernement au referendum, cette opération a été décidée cyniquement et en catimini au cours du week end du 5 juin par Thierry Breton, ministre de l’économie et ex PDG de France Télécom. L’Etat cède ainsi une partie de ses derniers bijoux de famille et utilisera les 3,4 milliards d’euros que lui rapportera cette opération pour réduire le volume astronomique de la dette publique française. Seule une petite partie de cet argent servira à financer la politique industrielle, à travers l’agence nationale de la recherche et la nouvelle agence de l’innovation industrielle. MAQUETTE : Solfécommunication Regards socialistes N°3 8 Surtout, à travers cette opération de désengagement purement financière et sans aucune logique industrielle, l’Etat perd encore d’avantage de son pouvoir de contrôle d’actionnaire et de sa capacité d’orientation stratégique sur la politique de cette grande entreprise. Alors qu’il détenait la majorité sous le gouvernement de la gauche, l’Etat ne sera plus représenté au conseil d’administration que par quatre administrateurs sur seize. Plus grave encore, il faut alerter les français sur le risque que représente cette opération : il suffira désormais au gouvernement de céder moins de 2% supplémentaires du capital de France Télécom pour passer en dessous du seuil de la minorité de blocage. La collectivité nationale perdrait alors totalement le contrôle ce fleuron national, pour le plus grand profit des différents intérêts privés français et étrangers. GSE “France Telecom” et Groupe Politique Industrielle