Gestion des cours doubles

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Gestion des cours doubles
Introduction
Le fonctionnement en atelier principalement utilisé en maternelle ne crée pas de grandes différences
entre la gestion d’un cours simple et d’un cours double. Hormis bien entendu la prise en compte du
rythme de l’enfant en fonction de son âge qui implique des adaptations certaines (TPS/PS par
exemple). Les propositions qui suivent peuvent toutefois être transférées à l’école maternelle.
La classe multi niveau nécessite un aménagement particulier du temps, de l’espace et des modalités
de prise en charge des élèves. Pour une gestion efficace, l’alternance des différentes phases est un
principe à instaurer et à inculquer aux élèves. Cette alternance implique des phases de transition
pour lesquelles également une réflexion doit être engagée.
La plus grande des difficultés, que l’on retrouve d’ailleurs lors de la mise en place de toute forme de
différenciation pédagogique y compris dans un cours simple, est bien entendu la disponibilité de
l’enseignant. Ce point ne doit pas être éludé ou considéré comme implicitement compris par la
classe. Faute de quoi, la gestion du groupe classe risque d’être compliquée. Des règles précises
doivent être énoncées et enseignées aux élèves.
Du temps pour qui ? pour quoi ?
Au cours de la journée, comme au cours d’une même séance, il y a des temps forts et des temps
faibles. Il convient d’équilibrer ces temps pour pouvoir utiliser au mieux les capacités de
concentration des élèves. On évitera par conséquent d’enchaîner trop d’enseignements lourds
cognitivement ou des phases d’apprentissages de même type. Pour ce qui est de la gestion de la
journée, je vous renvoie aux propositions d’emploi du temps sur 4 jours et demi distribuées en 2013.
Au sein d’une même plage horaire, que ce soit sur des champs disciplinaires différents ou identiques,
c’est la disponibilité de l’enseignant qui détermine les tâches et les supports confiés aux élèves.
Il est primordial d’habituer les élèves d’un groupe donné ou d’un niveau à réaliser une tâche de la
manière la plus autonome possible à partir du moment où l’enseignant s’occupe du reste de la
classe. Il s’agit d’un véritable apprentissage pour lequel des repères doivent être donnés aux élèves.
Ces repères peuvent prendre la forme d’affichages spécifiques, d’un codage visuel au tableau tel
qu’un pictogramme positionné à côté d’un niveau pour signifier de quel groupe l’enseignant
s’occupe. Cet affichage plus efficace qu’une simple consigne orale s’accompagnera toujours
d’éléments relatifs au temps et de règles de fonctionnement claires.
Exemple : « lorsque la maîtresse est avec les CE2, les CM1 doivent faire leur travail seuls et en
silence. La maîtresse ne répondra pas aux questions des CM1 pendant 20 min mais au bout de ce
temps-là ça sera aux CE2 de travailler seuls et la maîtresse s’occupera des CM1». Si cet énoncé est
évident, il ne l’est qu’en apparence. En effet, pour qu’il soit suivi d’effet, plusieurs éléments doivent
être présents :
Le groupe en autonomie doit avoir une tâche adaptée à ce fonctionnement
Jérôme SENAC. IEN de Brest Est.
La durée d’autonomie doit être limitée (15 à 30 min suivant l’âge des élèves, voire 10 min en
début de CP par exemple) et annoncée (avec support visuel comme l’horloge par exemple)
Des outils d’aides peuvent exister pour faciliter l’autonomie
Le recours à l’aide d’un pair peut être parfois envisagé (Ex en binôme mais en chuchotant)
L’explicitation des consignes par les élèves avant le lancement de l’activité vérifiée
Quoi faire quand ?
Une fois posé le principe d’alternance, deux questions se posent immédiatement :
Ce fonctionnement doit-il se mettre en place en permanence dans une journée de classe ?
Plus le cours double sera rodé, plus la part de séances clairement différenciées sous ce format sera
importante. Il reste toutefois essentiel que le groupe classe au complet partage des mêmes activités
pour la vie de classe. Il paraît donc évident que certaines séances seront communes tout en étant en
partie différenciées (exercices plus ou moins difficileS, travail de groupe sur un support ou une tâche
un peu plus complexe pour le niveau supérieur…). Quelques exemples :
En EPS, CP et CE1 pourront pratiquer ensemble une même activité mais avec des adaptations
des règles ou du niveau d’exigences qui tiendront compte des niveaux d’habiletés. Ces
niveaux étant d’ailleurs le plus souvent liés à l’âge ou à la maturité de l’enfant plus qu’au
niveau scolaire.
En sciences ou en histoire/géographie, en utilisant des programmations spiralaires au sein du
cycle, une même thématique peut être abordée par le groupe entier. Le niveau d’attente des
connaissances ou de maîtrise de certaines compétences pourra toutefois différé d’un groupe
à l’autre.
En anglais, une même fonction langagière peut être abordée mais à des niveaux différents.
Dans un CM1/CM2, les CM2 devront par exemple exprimer ce qu’ils aiment mais avec des
formulations plus complexes, bénéficier de moins d’aide (vocabulaire pour comprendre un
document audio par exemple) ou réaliser une tâche à l’écrit plus exigeante.
Pour être tout à fait clair, même si dans ces disciplines le travail avec le groupe classe entier sur un
même support ou thématique est possible à condition d’opérer une différenciation pédagogique,
l’alternance proposée précédemment sera privilégiée en français et en mathématiques. Les repères
de progressivité des programmes par niveau de classe l’induisent.
Quels choix complémentaires opérer pour qu’une séance d’enseignement soit
efficace ?
Si l’on reprend le principe d’une séance alternant des phases de prises en charge des élèves par
l’enseignant et des phases d’autonomie, il convient d’appliquer quelques principes éprouvés. Cela
n’a toutefois rien de dogmatique car la pédagogie doit s’adapter aux objectifs d’apprentissage et aux
contraintes imposées par le contexte.
Ce qui ne fonctionne pas bien :
Aborder la découverte d’une notion en même temps avec chaque niveau
Changer de groupe en permanence
Jérôme SENAC. IEN de Brest Est.
Ce qui favorise la réussite des séances :
Lorsqu’une nouvelle notion est découverte avec un groupe, donner une tâche
d’entrainement au reste de la classe ou une activité autonome sans difficulté particulière.
Traiter des notions différentes (domaines ou disciplines) entre les 2 niveaux facilite le travail.
Prévoir des outils d’aide pour les élèves en « autonomie » et/ou du travail en plus ne
nécessitant pas la présence de l’adulte pour les plus rapides (jeux à compter, mots fléchés
adaptés, fiches de lecture compréhension…)
Proposer une courte activité (5 min), ne nécessitant que peu de consignes (réactivation de la
séance précédente, activité de tri plus ou moins guidée…), au groupe qui sera pris en charge
en premier par l’enseignant, le temps d’expliquer au second groupe « autonome » ce qu’il va
devoir faire et s’assurer de la bonne compréhension de la tâche.
Un exemple concret pouvant être transféré à d’autres niveaux et/ou d’autres disciplines : CE1/CE2
Découverte de la notion de féminin/masculin avec des CE1. Leur donner des étiquettes de mots et
leur demander de les trier en 5 min en binôme (sans consigne particulière). Pendant qu’ils réalisent le
tri avec leurs propres critères, expliquer aux élèves de CE2 qui vont travailler en autonomie ce qu’ils
ont à faire (problèmes à résoudre en binôme, série d’opérations à faire seul, exercices d’application
de la séance de grammaire de la veille…). Une fois l’activité lancée, revenir au groupe de CE1 pour
faire le point sur leur tri et faire ressortir la notion de féminin/masculin. Prolonger par une
structuration de la notion (20 à 25 min). Leur faire recopier la trace écrite et revenir pour les 10 min
qui restent avec les CE2 pour corriger en collectif le travail réalisé. Enchainer sur une autre séance.
Conclusion
Dans cette perspective, l’emploi du temps ne doit pas rester figé et tenir fortement compte de la
démarche d’apprentissage au sein de chaque séquence. Penser son emploi du temps sur 2 à 3
semaines devient donc préférable. Il est d’ailleurs important de garder à l’esprit que si les horaires de
mathématiques et de français sont fixés à la semaine, ce n’est pas le cas des autres enseignements
qui sont annualisés. En projetant une organisation du temps qui dépasse la semaine, on assouplit la
mise en place du projet pédagogique de la classe, particulièrement en cours double.
Les conseillers pédagogiques de la circonscription peuvent vous donner des exemples d’emploi du
temps, toutefois, c’est surtout la manière dont vous organisez l’alternance des phases au sein de
chaque séance et au sein de la journée qui fera l’efficacité de la gestion du cours double.
Jérôme SENAC. IEN de Brest Est.