Ministère de la Justice et des Droits de l`Homme TUNISIE
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Ministère de la Justice et des Droits de l`Homme TUNISIE
Mme Rouissi Néjiba Avocat Général auprès des services judiciaires: Ministère de la Justice et des Droits de l'Homme TUNISIE Programme EuroMed Justice Coopération judiciaire internationale en matière de droit de la famille (Le plan d'action et les activités futures) Introduction La réforme du droit de la famille a été une des principales priorités de la Tunisie, en effet le code du statut personnel promulgué en 1956 a établi les bases d’une société moderne fondée sur une interprétation éclairée de l’islam et adaptée aux interactions sociales, économiques, politiques et culturelles modelées par les spécificités nationales et les élans des réformistes Tunisiens .Le code du statut personnel par l’interdiction de la polygamie et de la répudiation et l’instauration du divorce judiciaire à pied d’égalité entre l’homme et la femme a ainsi été un instrument législatif de grande portée civilisationnelle qui a contribué à la reconnaissance de la dignité humaine de la femme et à instaurer des relations intra-familales équilibrées . Depuis le législateur Tunisien n'a cessé de déployer de grands efforts pour moderniser le droit de la famille et s'aligner sur les paramètres internationaux à travers de nombreuses reformes et par la promulgation de différents codes: (code de la protection de l'enfant en 1995 et le code de la nationalité en 1963 ect… 1 En 1998 un code de droit international privé(C.D.I.P), régissant les rapports privés internationaux la Tunisie a été adopté il détermine: "1-La compétence judiciaire des juridictions tunisiennes. 2-Les effets en Tunisie des décisions et jugements étrangers. 3-Les Immunités juridictionnelles et d'exécution. 4-Le droit applicable". Face à l'augmentation de nombre de couples internationaux "c'est-à-dire des couples dans lesquels les conjoints sont de nationalités différentes ou résidant dans des Etats différents, le code de droit international privé a réservé un chapitre III aux droits de la famille. Le C.D.I.P. ne retient plus comme critère de rattachement la nationalité du demandeur en tant que critère de compétence auquel des époux de déférentes nationalités peuvent être affrontés. Ainsi aux termes de l'article 46 du C.D.I.P les conditions de forme de mariage seront soumises, "soit à la loi commune, si les deux époux ont la même nationalité, soit la loi du lieu de célébration du mariage…" Quant à la loi applicable aux obligations respectives, séparation de corps et divorce des époux qui n'ont pas la même nationalité c'est la loi de leur dernier domicile commun, ou à défaut de celui-ci, la loi du for d'après les articles 47 et 49du code précité. Le régime matrimonial quant à lui est régi par la loi du premier domicile commun des deux époux de nationalités différentes, ou par la loi du lieu de conclusion du contrat du mariage (Art 48). Reste que pour les conflits et les litiges concernant la garde, le code a donné le choix entre la loi en vertu de laquelle le lien matrimonial a été dissous,ou la loi nationale de l'enfant ou de son domicile, seulement il a conditionné ce choix par la recherche de "la loi la plus favorable à l'enfant". C'est-à-dire que le choix doit s'aligner à l'impératif de l'intérêt suprême de l'enfant. 2 Ces choix vers des normes qui ne favorisent pas le citoyen dans la résolution des conflits en matière de droit de la famille impliquant un élément étranger , démontrent l’orientation prise par la Tunisie de s’insérer pleinement dans les nouvelles orientations du droit international en la matière, cet effort d’adaptation et de modernisation de l’arsenal juridique en matière du droit de la famille se poursuit toujours et les actions futures porteront notamment sur les axes suivants . I -La multiplication des conventions bilatérales comme alternative essentielle. La Tunisie et conformément à la charte des Nations Unies:"Favorise le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales pour tous sans distinction de race, de sexe, de langue et de religion". Il apparaît aujourd'hui que les problèmes dans le domaine du droit de la famille se posent en termes de la détermination de la juridiction compétente et la règle de droit applicable en cas de divorce, héritage, garde… et exequatur… La Tunisie cherche à actualiser le contenu des conventions bilatérales conclues avec certains pays Européens ou Arabes pour faciliter la résolution de ce genre de conflits familiaux, d'une part, de même la Tunisie tend à établir de nouvelles conventions bilatérales avec d'autre pays concernés afin de mettre en œuvre toutes les procédures susceptibles de parvenir à des solutions aux problématiques posées et ce, dans le cadre des principes des droits de l'Homme et du droit international privé. II –L'instauration de relations de coopération multilatérale entre les membres de la société internationale. Pour assurer une bonne coopération judiciaire internationale en matière de droit de la famille, la Tunisie oeuvrera à l'harmonisation des règles de conflit de lois qui facilite la reconnaissance mutuelle des décisions judiciaires: le fait que les juridictions des Etats concernés appliquent les 3 mêmes règles de conflit de lois pour déterminer la loi applicable à une situation déterminée. Pour se faire les Etats concernés doivent trouver des compromis, multiplier les rencontres, échanger les points de vue afin d'aboutir à une meilleure coopération qui pourrait permettre de trouver des solutions pérennes à ce type de conflits. De même, il faut penser à l'application de la médiation comme une autre alternative pour la résolution des conflits en matière du droit de la famille que ce soit au sein de commissions gouvernementales spécialisées ou dans le cadre d’autres structures adaptées. Pour conclure, nous dirons que notre destin est de conjuguer nos efforts en vue de donner à la mondialisation et à l'ouverture sa dimension réelle, en essayant de rechercher et trouver des paramètres consensuels qui favorisent l'adoption d'une conception exacte, évoluée et créative d'une coopération judiciaire internationale en matière de droit de la famille permettant d'éviter que la spécificité nationale ne soit avancée comme prétexte pour vider les principes universellement reconnus de leurs valeurs et les éloigner de leurs finalités. 4