Rue Frontenac - Je m`voyais déjà — Chansons légendaires, voix

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Rue Frontenac - Je m`voyais déjà — Chansons légendaires, voix
Rue Frontenac - Je m'voyais déjà — Chansons légendaires, voix solides et décor en carton-pâte
Écrit par Philippe Rezzonico
Jeudi, 14 octobre 2010 03:15 - Mis à jour Jeudi, 14 octobre 2010 09:03
L’une des plus grandes qualités du répertoire universel de Charles Aznavour est son pendant
«chanson populaire», dans le sens le plus noble du terme. Cet élément a été fort bien servi par
la comédie musicale Je m’voyais déjà présentée en grande première, mercredi, à l’Olympia,
mais le volet presque académique et le livret trop dense ont tempéré de beaucoup l’impact de
ce spectacle hommage.
Les quelque 45 chansons proposées offrent un panorama époustouflant de l’œuvre d’Aznavour
dont la présence dans les premières rangées avec sa fille Katia et une fournée d’immortels de
la chanson québécoise (Reno, Vigneault, Plamondon) a dû rajouter au trac de la troupe de
comédiens menée par Judith Bérard et Frédérick De Granpré.
En bâtissant la production autour d’une bande de rejetés d’auditions qui décident de créer un
spectacle reposant sur le répertoire d’Aznavour, Laurent Ruquier, qui a écrit le livret original
dans la production française née il y a deux ans, ramenait directement aux débuts modestes et
difficiles d’Aznavour.
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Judith Bérard est celle qui a su véritablement interpréter les chansons d'Aznavour dans le sens le pl
Cette bonne idée de base empêtre toutefois comme un boulet le spectacle dans le premier
quart d’heure – dieu, que ça tarde à décoller – et le prolonge indûment en finale.
Curieusement, même pour le féru d’Aznavour que je suis, un autre écueil de mise en scène se
voulait la somme phénoménale d’informations et anecdotes fournies à travers les tableaux.
Même dans le contexte où Francesca (Bérard) apprend l’ABC du grand Charles à Adam
(Jean-François Poulin), Virginie (Sarah Dagenais Hakim), Nicolas (Martin Rouette), Chloé
(Elise Cormier) et Alexandre (Hugo Lapierre), cela cassait souvent la fluidité du spectacle.
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Écrit par Philippe Rezzonico
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Cela dit, en passant: ce n’est pas en 1973 qu’Aznavour chante pour la première fois Comme ils
disent
–
comme nous l’apprend Chloé – mais en 1972. Il existe un enregistrement à l’Olympia (de Paris)
du 12 décembre de cette année-là.
L’union fait la force
Charles Aznavour interprète certaines des chansons entendues dans cette production depuis
40, 50 ou 60 ans.
Seul, le plus souvent. Ce sont pourtant des titres repris de façon collective, en chant et en
danse, qui auront eu le plus de relief et de punch : Le feutre taupé avec l’inévitable chapeau de
circonstance et le numéro à la Fred Astaire;
Les deux guitares
avec ses rythmes tziganes;
Les plaisirs démodés,
éclatant!, avec la boule disco et les costumes hippies période
Hair
; le doublé
J’aime Paris au mois de mai
et l’obscure
J’ai souvent envie de la faire,
avec complets et Bixis en prime; ainsi que
Quand tu m’embrasses,
dans le droit final.
Moins bonne décision de transformer La bohème en ode de groupe. Ce qu’on gagnait au plan
de l’exubérante jeunesse, on le perdait dans l’esprit dramatique.
Individuellement, personne n’était faux et tout le monde servait fort bien les titres choisis.
Poulin ne s’est pas cassé la gueule dans l’acrobatique Emmenez-moi, peut-être le titre avec le
plus dur phrasé d’Aznavour; Lapierre a été impeccable dans
Comme ils disent;
De Grandpré (Danny) était plus Johnny Hallyday que Johnny dans
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Écrit par Philippe Rezzonico
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Retiens la nuit
; alors que Cormier et Dagenais Hakin étaient à point dans
La plus belle pour aller danser.
N’empêche, du lot, seule Judith Bérard a su véritablement interpréter les chansons dans le
sens le plus absolu du terme. Comprendre ici, les faire vivre comme Aznavour sait le faire en
offrant des compositions théâtrales durant l’interprétation. Non je n’ai rien oublié était
touchante, alors que
Mourir d’aimer
était vraiment bouleversante.
Musique live
Bonne décision d’avoir de vrais musiciens sur scène dans ce genre de production, mais Pierre
Légaré, qui a adapté le spectacle à la sauce québécoise, a inséré franchement trop de blagues
à travers nos références (Vincent Lacroix, Commission Bastarache, Winners, etc). Par contre,
c’était brillant d’entendre Qui? avec Bérard comme interprète, la femme étant cette fois la plus
âgée de ce couple impossible.
Bon flash d’adaptation des paroles également avec Et pourtant, non plus chantée par l’amant
éconduit, mais par un copain gai (Alexandre) à une amie (Virgine) qui lui rappelle de ne pas
désespérer envers Nicolas.
Après explications obtenues à l’entracte de la production, il semblerait que les écrans qui
servent à projeter les images qui font office de décor sont «concept». Je veux bien, mais j’ai eu
l’impression de voir un spectacle en répétition durant de grands bouts et pas seulement parce
que les élèves de Francesca sont effectivement en répétition en première partie. Il y avait
quelque chose de préfabriqué, de carton-pâte, dans ce parti pris de conception.
Je m’voyais déjà est en définitive aussi peu linéaire, dans la forme et dans le ton, que l’œuvre
d’Aznavour elle-même. Mais au final, c’est la musique qui l’emporte nettement sur la
production. Et, en toute justice, on ne s’attendait pas à autre chose.
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Écrit par Philippe Rezzonico
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Je m’voyais déjà, à l’Olympia de Montréal, jusqu’au 30 octobre.
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