Portrait d`une Belge à Paris J`ai découvert la physique des particules

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Portrait d`une Belge à Paris J`ai découvert la physique des particules
Portrait d’une Belge à Paris
J’ai découvert la physique des particules pendant mes études de Physique à l’Université
Libre de Bruxelles, lors d’un TP d’une semaine durant lequel on étudiait des clichés de chambres
à bulles. Cette approche visuelle des interactions m’a plu. Cela m’a donné l’envie de faire mon
mémoire de fin de Licence dans ce laboratoire des hautes énergies de Bruxelles (IIHE). Ce stage
consistait à analyser de données accumulées auprès d’un collisionneur d’électrons et de protons.
Ces quelques mois ont suffi pour piquer ma curiosité. J’étudiais des événements en excès par
rapport aux prédictions du Modèle Standard de la physique des particules. Etait-ce une
fluctuation statistique ou un phénomène nouveau ? Rien de tel pour développer l’envie de
comprendre ce qui se passe au cœur de la matière, et les interactions entre ses différents
constituants élémentaires!
Après ma licence, j’ai eu envie de commencer une thèse. Mon travail portait sur l’étude de
la production diffractive de mésons vecteurs auprès du collisionneur électron-proton HERA à
Hambourg, au sein de la Collaboration H1. Le but caché était d’essayer de mieux comprendre le
mécanisme de la diffraction dans le cadre de la théorie de la chromodynamique quantique (QCD).
Quatre années pas toujours roses… Une thèse, ça n’a rien de facile. On avance doucement, on
recule souvent. On essaie de comprendre ce que les données nous disent, ce qu’on en apprend, et
cela sans aucune garantie de résultats à l’arrivée. Alors quand ça marche, qu’on a un peu avancé,
la joie est grande ! La thèse est une première réelle approche de la recherche, tout en nous
fournissant une solide formation.
Après la thèse, il faut être sur de ce qu’on veut faire dans sa vie. Le métier de chercheur
n’est pas un choix facile à faire. En Belgique, si on veut continuer dans la recherche, il est
nécessaire de partir en post-doctorat à l’étranger. C’est le début de l’aventure (et parfois du
parcours du combattant) : Combien de post-doc, dans combien de pays ? Est-ce qu’on aura la
possibilité de rentrer après ça, de trouver un poste permanent ? Souvent la vie personnelle en
prend un sacré coup, même si les séjours à l’étranger sont aussi source d’enrichissement
personnel.
Dans mon cas, j’ai eu la chance de trouver un poste en France comme chargée de
recherche au CNRS après un post-doc de 3 ans passé à l’Ecole Polytechnique. J’ai aujourd’hui le
plaisir de faire un métier que j’aime. J’ai rejoint la Collaboration ATLAS auprès du collisionneur
de protons LHC encore en cours de construction au CERN. On est à un stade de la science où
beaucoup de choses peuvent arriver avec le LHC, comme la découverte du boson de Higgs ou la
détection de nouvelles particules prévues au-delà du Modèle Standard. Les prochaines années
s’annoncent palpitantes.
Si j’ai un message à donner, c’est celui-ci : si vous êtes motivés, accrochez-vous ! La
recherche vaut la peine qu’on se lance à 100%.
Caroline Collard, 30 ans
Physicienne au Laboratoire de l’Accélérateur Linéaire (LAL), Orsay
Licence en Sciences Physiques à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), Belgique
DEA en Sciences à l’ULB
Thèse en Sciences à l’ULB
Post-doctorat au Laboratoire Leprince-Ringuet (LLR), Ecole Polytechnique, Palaiseau