salsa picante 0.pub - Festival Les Reflets du cinéma Ibérique et
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0 Le journal des Reflets Samedi 12 mars 2011 / numéro 0 Picante ininterrompue, les mineurs sont toujours là. Généralement originaires des campagnes quechuaphones des environs, ils sont venus tenter leur chance à Potosí. Dans les coopératives minières où ils travaillent à leur compte dans des conditions extrêmement archaïques, la chance possède un nom et un visage : ceux du Tio, la divinité diabolique des galeries, propriétaire du minerai et de la vie des hommes. La nuit venue, il se présente parfois en personne au travailleur resté seul dans les galeries pour lui proposer de passer un pacte avec lui. Ce contrat diabolique consiste à s'assurer l'apparition de filons exceptionnels par des offrandes, ellesmêmes exceptionnelles : des sacrifices humains, dit-on, ainsi que l'âme du mineur dont tous les faits et gestes sont désormais dictés par le malin. La tentation de Potosí O n raconte qu’à Potosí, un homme a fait un pacte avec le diable afin de devenir riche. Fasciné par l’idée de rencontrer un homme ayant approché le diable, le narrateur entreprend le voyage à Potosí, dans les Andes boliviennes, pour retrouver la trace de cet homme et percer le mystère de son pacte. Il questionne, il enquête, au risque de se perdre dans les méandres de l’univers baroque de ses interlocuteurs. Ses rencontres l’entraînent d’églises en bordels, de beuveries en cimetières… jusqu’aux tréfonds d’une montagne sacrée où, à la lumière vacillante de leurs torches, des hommes traquent le bon filon. La frontière entre le réel et l’imaginaire devient de moins en moins visible. Racontée comme un voyage initiatique, la quête du narrateur se dérobe peu à peu pour prendre un tour inattendu. Mais qui tire vraiment les ficelles de l’histoire ? Nous sommes en Bolivie, à plus de 4000 mètres d'altitude au coeur de la cordillère des Andes. En 1555, les conquistadores espagnols découvrent à Potosí le plus riche gisement d'argent du monde. Cet événement va organiser la conquête et la mise sous tutelle de l'Amérique. De l'Equateur à l'Argentine, des milliers d'Indiens sont envoyés de force travailler dans les mines pour soutenir, au prix de leur vie, l'hégémonie des Habsbourg. Avec ses 140.000 habitants, la ville qui surgit aux pieds de la montagne riche (sumaq urqu) rivalise alors avec les métropoles européennes ; elle est nommée Ville impériale par Charles Quint. Aujourd'hui, Potosí est devenue une petite bourgade, capitale du département le plus pauvre et indigène du pays. Avec la chute des cours de l’étain en 1985, beaucoup de mines ont fermé ; celles qui fonctionnent encore ne permettent pas aux mineurs de vivre décemment. La région est l'un des bastions du MAS, le parti du président Evo Morales, lui-même fils de mineur ayant migré dans le Chaparé suite à la crise de l’étain. Malgré 500 ans d'exploitation Interview de Philipe Crnogorac extrait du site du film http://www.latentationdepotosi-lefilm.fr/ Quel est l'élément qui a déclenché votre désir de faire ce film ? Potosí est un fantastique décor de cinéma. Je l'ai découvert il y a plus de 10 ans. J'avais été fasciné par ce lieu, en pleine cordillère, à plus de 4000 mètres d'altitude. Un lieu qu'on croirait inventé par un romancier fou tant l'histoire de cette ville est sidérante. Richissime, violente, décadente… puis abandonnée, Potosí est un lieu de mémoire de notre civilisation, de notre passé de conquérants, de l'origine de notre argent. Elle est un peu l'arrière-cuisine de nos sociétés modernes et monétaires. Alors, quand Pascale (Absi) m'a raconté l'histoire de cet homme, qui, pour devenir riche, aurait passé un pacte avec le diable avant de disparaître, j'ai immédiatement été assailli par des images. J'ai vu de la terre, des paysages, du vent, et surtout des visages, des visages de cinéma, abîmés, avec des regards inquiétants. De ceux qui ont vu le diable… et une intrigue universelle, archaïque, d'un pacte tabou, (Suite page 2) Reflets du Cinéma Ibérique et Latino-américain (Suite de la page 1) qui nous parle de nos peurs et de nos désirs, de notre histoire religieuse, dans l'obscurité inquiétante de la mine. Ce sont ces images fortes que j'avais aperçues à Potosí et que je n'avais jamais oubliées ni revues ailleurs, qui m'ont donné envie de faire ce film. A chœur... … et à cri www.lesreflets-cinema.com Considérez-vous davantage La tentation de Potosí comme un documentaire ou une fiction ? La tentation de Potosí est clairement un documentaire, dans le sens où il a été tourné en prise directe avec la réalité du lieu. Il n'y a aucun dialogue préétabli, aucun comédien qui aurait été payé pour tenir un rôle. Mais la particularité de ce film est que son postulat de départ nous interroge sur le réel et l'imaginaire. Qu'est-ce que vendre son âme au diable ? Une fiction ou une réalité ? Et jusqu'où ? Quelle en serait la frontière ? C'est cette dimension que le film cherche à approcher à travers le voyage d'un homme qui cherche à retrouver la trace de Manuel Morales, celui qui a pactisé avec le démon. Alors bien sûr, la question s'est posée de scénariser cette histoire et de la mettre en scène avec des comédiens. Mais il est très vite apparu que le romanesque viendrait de la réalité, que les récits des gens sur place seraient bien plus forts que ce qu'un scénario de fiction pourrait inventer. C'est cette certitude qui a insufflé sa forme au film. Le cinéma s'est souvent emparé du diable en fiction, mais soudain, se trouver confronté à des récits de vraies gens qui disent avoir vu le diable, avoir passé un pacte avec lui… Ça, je ne connaissais pas. C'est de cet étonnement et de cette curiosité qu'est né le film et son dispositif. Et le personnage qui entreprend cette quête dans le film pourrait être vous, moi, plongeant dans cet univers si particulier des Andes boliviennes, avec ce désir de percer le mythe, la légende, et avec l'espoir secret que derrière cette histoire, il y a sûrement des choses à apprendre, à comprendre, à prendre peut être. C'est une tentative de s'approcher de la fable, du conte, de rendre universelle cette histoire, avec une certaine forme d'esprit baroque si présent en Bolivie. La tentation de Potosí de Philippe Crnogorac France / 2010 / 74’ - vostf production : IRD et Zorba Productions Séance de rattrapage le mercredi 23 mars à 12h30 Université Catholique de Lyon-amphi D202-23, place Carnot-69002 Lyon. Pascale Amey, Laura Haro & Julien Fayet Page 2 O ù l’on suit la vie d’Antonio, garçon d’une dizaine d’années, qui a choisi d’entrer à la Escolanía de la Santa Cruz, pour le chant et l’enseignement qui y est dispensé. Chaque année, le Padre Laurentino auditionne quelque 2 000 enfants dans les écoles publiques et les paroisses de toute l'Espagne. Il en sélectionne une quinzaine pour maintenir la relève et assurer chaque matin la messe en grégorien dans la basilique de la Santa Cruz. Située près du palais de l'Escorial sur la commune de San Lorenzo de El Escorial, dans la province de Madrid, la Escolanía (manécanterie) est intégrée au Mémorial de la guerre d'Espagne, el Valle de los Caídos (la Vallée de ceux qui sont tombés) et elle a été inaugurée le 1er avril 1959 par le général Franco. Car c’est bien au Caudillo que l’on doit la réalisation de ce monument religieux dans le but de rendre hommage « aux héros et martyrs de la Croisade », plus clairement : aux combattants nationalistes tués au combat pendant la guerre civile espagnole (1936-1939) et même si ce mausolée devait, plus tard, accueillir des combattants républicains catholiques. C’est ainsi que près de quelques 35 000 combattants (en majorité nationalistes) des deux bords sont enterrés là. chanteurs, participe à des concerts et enregistre des disques… et l’on peut se renseigner sur son site : http://www.valledeloscaidos.es/ Journée type des petits chanteurs : Les élèves se lèvent à 7h30 en semaine, à 8h30 le week-end et jours fériés. Après avoir fait une brève toilette et rangé leur lit, ils descendent à la chapelle de la manécanterie pour l’oraison du matin ; ceux qui le souhaitent peuvent alors se confesser. Ils vont ensuite dans la salle à manger, située dans le monastère et prennent le petit déjeuner. Les cours débutent à 8h30. Deux heures après, ils se rendent à la salle du chœur pour des essais de chants de la messe. A 11h, ils chantent la Sainte Messe dans la basilique. Après cela, c’est le moment du casse-croûte de la matinée et de la récréation ; enfin les cours ont lieu jusqu’à 14h. C’est enfin l’heure du déjeuner, puis de la récréation et du sport, en salle ou à l’air libre. La fin de la journée se répartit ainsi : à partir de 16h, entre les cours classiques et l’étude d’un instrument et les cours de musique, avec une récréation d’une demi -heure et le goûter. A 20h30, c’est l’heure du repas du soir . Puis vient le temps de l’oraison du soir dans la chapelle et ceux qui veulent se confesser peuvent le faire. Ensuite chacun vaque à ses occupations du soir : douche, appel aux parents etc. Extinction des feux vers 22h30. A savoir aussi que dans la nef centrale se trouvent les sépultures de José Antonio Primo de Rivera (chef de la Phalange, depuis le 29 mars 1959) et de Franco (depuis novembre 1975), là même où la messe est chantée chaque matin par les A chœur et à cri escolanes, les petits chanteurs. de Lucas Mouzas, Jérôme Pavlovsky et Nathalie Pelpel C’est donc dans ce contexte, symbolique- France / 1999 / 52’ / vostf ment lourd, que les jeunes garçons évo- production : Cinexport luent, étudiant le chant grégorien sous la férule des moines. Samedi 12 mars à 15h bibliothèque du 4ème arrondissement – Tourné en 1999, le film de Lucas MouLa Croix Rousse zas, Jérôme Pavlovsky et Nathalie Pelpel n’a pas pris une ride… En 2011, la manécanterie de la Abadía de la Santa Cruz de El Escorial forme toujours de jeunes Pascale Amey, Laura Haro & Julien Fayet Salsa Picante n° 0