Journal 09+10+photo expédié nov 03

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Journal 09+10+photo expédié nov 03
Anabeli, Baltazar, Carmen, Diana, Elisa, Gladys, Joge, Julien, Ligia, Miriam, Nathalie,
Sandra, Tómas, Vanesa, Irene, Martha, Omar, Narcisa, Pilar, Katarine, Ana, Laura,
Javier, Dolores, Carlos, Sintha, Jonathan, Jesica, Aldo, Hilda, Gordis, Angel, Eugenio,
Marianita, Gregorio, Paula, Bertha, Jaime, Manuel, Transito, Céline, Mariano, Marcela,
Sofía, Rosita, Zoilita. Cecilia, Patricia, Isabel, Yolanda, Mayra, Victor, Pedro, Carola,
Segundo, Monica, José, Carina, Odile, Sarah, Inti, Rosario, Maxi, Magdalena, Carmen.
Columbe, le 7 novembre 2003
Chères Marraines
Chers Parrains
Voici deux mois, jour pour jour que j’ai décollé pour atterrir dans le Nouveau
Monde ! Presque un siècle donc ! Il me semble tellement difficile de vous en livrer une
synthèse... Et pourtant, c’est ce que vous attendez de moi !! Alors je vais faire un gros
effort de concentration !!
Mais avant toutes choses, je souhaite vous remercier une nouvelle fois pour votre
générosité, votre soutien, et vos marques d’affection. Votre présence est un réconfort
dans l’ascension des parois escarpées… Comme je l’imaginais, votre aide est aussi
précieuse pour moi que pour mon entourage.
Mon débarquement s’est fait en douceur et en chanson ! J’ai été accueillie
chaleureusement pendant dix jours, à Quito, chez les Sœurs de L’Immaculée
Conception : temps profitable de dérouillage du Castillan et de découverte de la capitale
avec les jeunes du Volontariat International Dominicain. J’ai pu entamer des relations
fraternelles et amicales qui me sont inestimables aujourd’hui.
Señorita Florence SANYAS, Casa de la Hermana Ligia (COLUMBE), Diocesis de Riobamba,
Apartado 36, RIOBAMBA, ECUADOR
–
http://perso.wanadoo.fr/florenceenequateur
Rapport Missionnaire n°1 : Septembre - Octobre 2003 ____________________________________________ Page 1
Changement de ville, changement de décors ! L’accueil à Columbe a été différent mais tout
autant de qualité : la Hna Ligia, avec qui je vis, a tué une de ses quatre poules pour mon arrivée et
l’équipe pastorale m’a offert un superbe poncho…
Il n’empêche que le choc culturel, la différence de niveau de confort et le changement de
cadre de vie ont été déroutants les premières semaines. Je m’aperçois aujourd’hui, que je suis déjà
bien attachée à mon entourage et à notre vie quotidienne trépidante.
J’ai l’occasion de prendre le temps de regarder, d’admirer, de comprendre, de sentir et de
vivre la culture, les traditions, les langages, les coutumes locales.
J’apprends la simplicité des moyens, l’humilité, l’écoute, la patience, l’échange, le troc, et une
autre notion du temps, du travail, de la vie en communauté et de la valeur de certains gestes. La
rencontre du pauvre et de sa misère me rend plus simple, moins fière. Je me ridiculise parfois par mes
maladresses et mes gaffes…mais heureusement l’humour est là pour me sortir d’affaire !
Les paysages sont magnifiques ! Et c’est peu de le dire ! Les montagnes ! Les volcans !
L’herbe bien verte ! Les milliers de fleurs !
A Columbe (à une heure de Riobamba), les habitants vivent essentiellement de l’agriculture et
de l’élevage et dépendent donc à 100% de conditions climatiques. Le moindre bout de terre cultivable
est travaillé. Les paysans ont conservé le savoir-faire des cultures en terrasses du temps des Incas.
Alors on prie souvent pour la pluie, surtout en cette période de semis.
Nous sommes en hiver car il ne pleut pas trop (et l’été c’est quand il pleut !) et malgré le froid
dû à l’altitude, les gens vivent pas mal dans la rue accompagnés de la musique traditionnelle locale et
du ballon de foot !
Je suis parfois bouleversée de la pauvreté matérielle de certaines familles mais aussi
impressionnée par l’esprit de communauté et de solidarité de tous. Nous avons perdu en occident
cette façon de vivre et cette spontanéité du partage des biens.
Nous échangeons ou donnons des œufs, du pain, des plantes médicinales et on nous offre du lait,
des pommes de terres, du fromage. Nous ne demandons jamais mais on nous offre souvent,
bizarrement, au moment où nous en avons besoin !
Un autre geste m’a fortement marqué. Une femme très pauvre a été gravement malade et dans
l’impossibilité de payer quoi que ce soit. Les villageois se sont cotisés et ont récolté porte par porte,
une petite somme d’argent qu’ils ont donné à cette femme.
Il paraît que lors des décès de personnes très pauvres, les gens se cotisent et payent la nourriture à
partager avec la famille.
La santé ! La santé est encore plus importante que le besoin d’argent. On prie beaucoup pour
la conserver. Qui dit maladie : dit fatigue, dit pas de travail donc pas de revenu donc pas de pain sur la
table. C’est un engrenage infernal qui ruine et tue très rapidement. Les médicaments sont chers et les
opérations hors de prix.
C’est pourquoi la médecine alternative a un grand succès auprès de la population.
Une équipe diocésaine de Biosanté (dont Ligia est un membre très actif) organise des cours de santé
et d’hygiène alimentaire et corporelle. Elle développe et informe des médicaments à base de plantes
natives provenant de la Patchamama (la Terre) qui offre à bas prix des défenses naturelles.
Columbe compte plus ou moins 500 habitants (!), une école, un collège et un centre de
formation.
Les enfants sont très présents dans le village. C’est un bonheur de sortir et de les voir se
multiplier à mes côtés. Le mardi nous faisons des travaux manuels, chantons et jouons. C’est un
moment épuisant mais tellement sympathique ! La dernière fois, une maman a voulu elle aussi
participer au cours et réaliser son dessin…
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Les jeunes sont aussi en nombre et squattent quotidiennement le terrain de volley/basket de la place
centrale.
De même qu’il est parfois inscrit sur les devantures de magasins : « Ici, l’attention est
permanente » : je n’ai ni horaire fixe, ni bureau et je suis à la disposition de tous !
Je réponds à la demande et tache d’être disponible. C’est ainsi que je donne des cours de
comptabilité, d’anglais, de mathématiques, d’informatique ou de français, à des adultes, des jeunes,
des enfants, individuellement, en communauté ou dans des collèges.
Les gens ont l’impression que je sais tout (ce qui n’est pas pour me déplaire !l). Quelle responsabilité !
Parfois il n’y a pas d’électricité mais cela ne les empêche pas d’être des lumières et d’être débordants
de bon sens ! Et aussi, quelle soif impressionnante de connaissances !
Ma mission consiste aussi à participer activement à l’animation de la pastorale paroissiale, zonale et
diocésaine ainsi que de la jeunesse.
Côté tourisme, j’ai eu la chance (car c’est vraiment une chance de voyager) de passer trois
jours à l’Oriente, région équatoriale, à l’est du pays avec l’équipe pastorale de la Zone Colte-Guamote.
L’ambiance du groupe était particulièrement agréable et drôle, les paysages dépaysants et l’état de la
route abominable !
Le lundi de Toussaint, Ligia et moi avons visité la ville d’Ambato « tierra de flores » selon une chanson
populaire et notamment la maison de Juan Leon Mera, auteur des paroles de l’hymne national.
Quelle joie aussi de marcher dans la neige immaculée du volcan Chimborazo ! Nous sommes montés
en voiture ( !) jusqu’à 4850 mètres…Il paraît qu’en haut, j’étais visage pâle !
Le pays est en pleine campagne de ponctualité ! Une loi a été votée fin septembre, pour lutter
contre le quart d’heure toulousain et/ou légèrement plus…Et c’est avec allégresse, que je me délecte
à lire certains panneaux d’affichage, placés au dessus des horloges publiques comme : « Es hora de
ser puntuales » ou encore « Es hora de sonreir más »…
Si je devais vous citer quelques moments forts de ces deux mois en Equateur, je vous
parlerais sûrement longuement des fêtes de Columbe (Processions quotidiennes dans les rues de la
statue de la Vierge, les corridas pendant trois jours, le feu d’artifice et le défilé de tous les habitants),
des 33 ans de l’Equipe Missionnaire Itinérante (Plantation d’arbres, ambiance sereine et chargée
d’histoire), du congrès des Catéchistes de Columbe, du tragique accident d’une camionnette qui a fait
6 morts, de la fête des défunts (Messe dans le cimetière, offrande de fleurs et de nourriture aux
défunts), de la messe d’action de grâces des 25 ans de Pontificat du Saint Père, à la Cathédrale de
Riobamba.
Mes journées sont bien remplies et le rythme soutenu. Je n’ai pas avancé d’un seul point de
croix, mon ouvrage de broderie : c’est pour dire ! J’espère que cela vous impressionne !!
Je vous laisse sur ces deux citations d’Emmanuel et de François :
« Que de mots sont pour nous devenus inaudibles ! Nous ne savons plus entendre, discerner, bénir la
radicalité d'
un Évangile qui nous demande de nous convertir, mais pas seulement notre cœur, notre
regard, notre vision du monde, notre amour pour les hommes. Tout est à convertir. C'
est une véritable
révolution du cœur que nous devons sans cesse opérer ».
« Présente ta vie, tes joies et tes misères et en même temps celles de tes amis, avec cette joie de
savoir que d'
une certaine manière vos sorts sont liés. Tu as reçu plus qu'
eux, mais à présent tu te
donnes pour eux, et vous devenez un même pain de douleur et un même vin d'
allégresse que le Père
reçoit et transforme en son Fils, la source de la Vie ».
La Hna Ligia et le Padre Joge se joignent à moi pour vous saluer.
Equatoriennement vôtre,
Sisa
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En quelques mots…
Culture
Río Napo…ribera oriental
Napo heredó su nombre del río que la atraviesa
de Oeste a Este y que sirve de medio de
comunicacion entre las decentas de comunidades
que se asientan a lo largo de sus 80 kilómetros.
En los últimos años, Napo redujo su territorio a un
tercio del que ocupaba originalmente como
provincia, para dar paso a la creacíon de nuevas
como Sucumbios y Orellana.
« Bon à savoir »
* J’ai essayé de faire du pop corn avec le mais
des poules : cela ne marche pas !!
* La nourriture ne se refuse jamais ! Si l’on n’a
plus faim, on demande une poche (= sac
plastique, pour les français du nord !) et on repart
avec les restes…
* Pour dire bonjour, on tend le bras droit et on fait
une seule bise !
L’humour de P. Joge
* Un membre du gouvernement promet serment au Président de la République :
- « Promettez - vous de servir le pays, de respecter la loi Equatorienne et de ne pas tutoyer le
Président de la République ? ».
- « oui, je te le promets ».
* Un Indigeno de la Sierra va visiter la région « el Oriente ». Un habitant del Oriente lui dit : « Qu’estce que tu fais avec ton poncho, ton chapeau, tes grosses chaussures et ton pantalon de laine : ici, il
fait chaud ! ». Et l’autre de lui répondre : « J’aimerais bien t’y voir, tout nu, dans la Sierra ! ».
Kichwa
Dédicaces
Los Indigenos sont très fiers de m’appeler Sisa o Aux nouveaux venus : Capucine, Hugues, Sarah,
Curi sisa c’est-à-dire Fleur ou Fleur d’Or…
Maria de los Angeles, Imanol et Gabriel.
Un peu de vocabulaire :
Aux 60 ans de Thérèse, Henri, Jean-Louis et aux
Bonjour : Alli Punsha
80 ans de Pierre.
Oui, Non : Ari, Mana
Aux départs de M. Francis Bancarel, Bon Papa,
Gracias : Yupaichani
Christiane et aux accidentés de Columbe.
Chant : Madre de América Latina
Madre de los pobres, de los peregrinos
te pedimos por América Latina,
tierra que visitas con los pies descalzos
apretando fuerte un niño entre tus brazos.
América despierta,
Sobre tus cerros despunta
La luz de una mañana nueva.
Día de la salvación, que ya se acerca,
Sobre los pueblos que están en tinieblas
Ha brillado una gran luz.
Luz de un niño frágil que nos hace fuertes,
Luz de un niño pobre que nos hace ricos,
Luz de un niño esclavo que nos hace libres,
Esa luz que un día nos diste en Belén.
Madre de los pobres, hay mucha miseria
Porque falta siempre el pan en muchas casas,
El pan de la verdad, falta en muchas mentes,
El pan del amor, falta en muchos hombres.
Conoces la pobreza, porque la viviste,
Alivia la miseria de los cuerpos que sufren,
Arranca en egoísmo que nos empobrece,
Para compatir y avanzar hacia el Padre.
La recette de la Hna Ligia
Torta de Quinua
Dans le mixeur : une tasse de jus de fruit de
tomates ou d’ananas ou le mieux d’oranges (jus
maison !) + 6 œufs + 1 tasse de sucre + 1 cuillère
de Vanille + 2 cuillères de levure (Polvo Royal !) +
1 tasse d’huile = mélanger
Mettre dans un saladier la préparation et mélanger
avec un verre de farine petit à petit puis 2 peaux
de citrons rapés + 1 tasse de carottes et de
betteraves râpées.
Préparer le moule (si il n’est pas Téfal !) : en
mettant de l’huile et de la farine sur les parois.
Faire revenir dans une poêle : 2 pommes coupées
en cubes + du miel jusqu’à ce que les pommes
soient bien dorées. Les mettre dans la
préparation.
Au four pendant 25 mns
Température inconnue.
¡ Un délice !
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