analyse de la concurrence dans le secteur de la visioconference

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analyse de la concurrence dans le secteur de la visioconference
MASTER ECONOMIE TECHNOLOGIE TERRITOIRE
SPECIALITE RECHERCHE ECONOMIE ET GESTION DE
L'INFORMATION ET DES RESEAUX
ANALYSE DE LA CONCURRENCE DANS
LE SECTEUR DE LA VISIOCONFERENCE
DE LA VISIOCONFÉRENCE
AUX COMMUNICATIONS UNIFIÉES
Auteur : Eric BRIANTAIS
Mémoire dirigé par le Pr. Alain RALLET
FACULTÉ JEAN MONNET
DROIT - ECONOMIE - GESTION
Remerciements
Je remercie l’équipe pédagogique du MASTER EGIR1, les Professeurs
Alain RALLET et Fabrice ROCHELANDET, pour leur enseignement et leur
conseil pour réaliser cette étude.
1
Le Master Economie Technologie Territoire dans lequel se situe cet enseignement est centré sur
l'étude des nouvelles technologies (innovation, réseaux, numérique) et des dimensions territoriales
(européenne, régions et villes) de l'activité économique. Il s'inscrit dans une grande université
scientifique et technologique (Paris Sud 11) et dans le cadre de la technopole de Paris Sud, une des
plus fortes concentrations européennes de laboratoires de recherche, d'universités et de grandes
écoles et d'industries high-tech (site web du Master http://www.egir.u-psud.fr). Master en partenariat
avec l’école d’ingénieur SUPELEC de Gif-sur-Yvette.
De la visioconférence aux communications unifiées
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Table des matières
1.
Introduction.......................................................................................................... 3
1.1. Objectifs, méthodologie et champ de l’étude................................................ 3
2. Intensité de la concurrence du secteur................................................................ 6
2.1. L’intensité concurrentielle actuelle et future ................................................. 6
2.2. La menace de substituts ............................................................................ 10
2.3. La menace de nouveaux entrants .............................................................. 13
2.4. Le pouvoir de négociation des acheteurs................................................... 17
2.5. Le pouvoir de négociation des fournisseurs ............................................... 19
2.6. Le pouvoir de l’Etat..................................................................................... 21
2.7. Hexagone sectoriel..................................................................................... 22
3. Intensité de la concurrence à l’interieur du secteur ........................................... 23
3.1. L’intensité des dimensions stratégiques par acteur.................................... 23
3.2. La carte des groupes stratégiques du secteur ........................................... 41
3.3. Les interactions entre groupes stratégiques............................................... 44
3.4. Le pouvoir de négociation de chaque groupe ............................................ 46
3.5. La situation des groupes face aux substituts.............................................. 46
3.6. Les scénarios de mobilité........................................................................... 47
4. Evolution du secteur .......................................................................................... 49
4.1. L’innovation dans les produits .................................................................... 50
4.2. La modification dans les segments de la clientèle..................................... 52
4.3. L’extension des limites du secteur.............................................................. 53
4.4. Les conséquences sur les acteurs du secteur ........................................... 54
5. Conclusion......................................................................................................... 56
6. Bibliographie...................................................................................................... 58
ANNEXE A : Le cadre théorique 1............................................................................ 60
ANNEXE B : Le cadre théorique 2............................................................................ 62
ANNEXE C : Le cadre théorique 3 ........................................................................... 64
ANNEXE D : Quelques définitions............................................................................ 65
ANNEXE E : Les fondamentaux techniques............................................................. 67
ANNEXE F : La normalisation .................................................................................. 71
ANNEXE G : Les produits......................................................................................... 73
ANNEXE H : Les marchés........................................................................................ 75
ANNEXE I : Les chiffres clés du secteur .................................................................. 77
De la visioconférence aux communications unifiées
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1. Introduction
1.1. Objectifs, méthodologie et champ de l’étude
Objectifs :
9 Mener une analyse structurelle du secteur de la visioconférence pour mesurer
l’intensité de la concurrence entre les firmes établies et les nouveaux entrants,
9 Construire les scénarios de mobilité des groupes stratégiques à l’intérieur du
secteur en tenant compte de la convergence de la voix, des données et des
images sur IP et de l’unification des moyens de communication.
9 Donner les tendances d’évolution du secteur et conclure sur les conséquences
stratégiques pour les constructeurs et leurs clients.
Méthodologie :
Le cadre théorique de Michaël PORTER, développé dans l’ouvrage « Techniques
d’analyse des secteurs et de la concurrence dans l’industrie »2, sera adapté à l’étude
du secteur de la visioconférence. Pour plus de commodité de lecture, les techniques
d’analyse sont présentées dans les Annexes A, B et C de l’étude.
2
Le modèle de Michael PORTER permet d’élaborer un cadre d’analyse intermédiaire entre l’ensemble
du secteur de la visioconférence et les firmes appréhendées isolement en faisant appel à la notion de
groupes stratégiques. Cette cartographie de l’industrie permet de repérer la concurrence intra-groupe,
entre les firmes d’un même groupe, et inter groupes, la mobilité stratégique des firmes pour juger de
l’intensité de la concurrence à l’intérieur du secteur et de sa rentabilité.
De la visioconférence aux communications unifiées
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9 Première partie de l’étude : l’analyse structurelle des secteurs, servira à
mesurer l’intensité actuelle et future de la concurrence dans le secteur de la
visioconférence pour le B to B3. Un hexagone sectoriel permettra de visualiser
les intensités concurrentielles du secteur sur six axes.
9 Deuxième partie de l’étude : l’analyse structurelle à l’intérieur des secteurs,
dressera la carte des groupes stratégiques et étudiera les scénarios de
mobilité inter et intra groupes provoqués par le nouveau cycle technologique
de la convergence sur IP et de l’unification des moyens de communication.
Une carte des groupes stratégiques permettra de visualiser les interactions
entre les groupes, les scénarios de mobilité, plus particulièrement l’arrivée de
nouveaux entrants issus des secteurs voisins, la sortie probable de firmes.
9 Troisième partie de l’étude : l’évolution des secteurs, permettra d’appréhender
les conséquences de l’extension des limites du secteur, de la visioconférence
aux communications unifiées, sur les firmes et leurs clients.
Un état de l’art des produits, des applications, des marchés, des technologies et des
standards de l’industrie, est présenté dans les Annexes D à I de l’étude.
L’objectif est de donner des bases techniques aux non spécialises pour comprendre
les enjeux stratégiques liés à l’innovation technologique dans les domaines de la
compression des sons et des images, des réseaux de télécommunication, des
formats et des normes.
Champ de l’étude :
Le périmètre de l’étude se limitera volontairement au secteur des produits et services
professionnels de visioconférence pour les entreprises (de qualité standard et en
haute définition) sur les réseaux fixes, plus spécifiquement ceux utilisant le protocole
Internet (IP) : les équipements terminaux, les équipements d’infrastructure, les
applicatifs réseaux et le applicatifs de travail coopératif.
3
Le secteur du business to business définit les services professionnels aux entreprises et s’oppose au
segment du B to C (business to consumer).
De la visioconférence aux communications unifiées
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L’offre de visioconférence IP grand public de l’opérateur SKYPE sera comparée dans
le but d’étudier les stratégies de substitution possibles des solutions B to B par des
solutions C to C4 et d’analyser les barrières à l’entrée du secteur pour ces nouveaux
entrants. Les secteurs voisins comme la Voix sur IP (VoIP) et les applications
logicielles de travail coopératif seront également étudiées.
Enfin, la visioconférence sur les réseaux mobiles 3G5 ne sera pas étudiée dans ce
mémoire en l’absence d’offre commerciale réelle ou potentielle de visiophonie mobile
pour le segment de la clientèle professionnelle.
4
5
Consumer to consumer
Norme de technologies de téléphonie mobile de troisième génération
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 5
2. Intensité de la concurrence du secteur
L’objectif de cette partie d’étude, l’analyse structurelle des secteurs6, est de mesurer
l’intensité actuelle et future de la concurrence dans le secteur de la visioconférence
professionnelle. En synthèse, un hexagone sectoriel permet de visualiser les
intensités des six forces de la concurrence.
2.1.
L’intensité concurrentielle actuelle et future
Le secteur de la visioconférence est constitué d’une dizaine de compétiteurs
internationaux ayant des savoirs faire technologiques importants dans les domaines
de la compression numérique, des systèmes et des réseaux informatiques. Le
revenu de l’ensemble des marchés monde, tout segment de produits et tout segment
de clientèles, est de 20.139 millions de dollars7 en 2007.
Du fait de la complémentarité des produits, l’histoire du secteur de la visioconférence
est liée à celle du secteur voisin des réseaux de télécommunication. La croissance
du secteur de la visioconférence a été impactée par l’ouverture du secteur des
télécommunications à la concurrence en 19968. L’analyse de la concurrence, à partir
des données collectées dans les bilans 2007 des firmes, montre que le secteur de la
6
Lire le rappel du cadre théorique de Michael PORTER en ANNEXE A
Lire ANNEXE I
8
La dérégulation s’est faite en deux étapes, au niveau européen puis au niveau national.
En 1988, la commission européenne publie un livre vert qui propose aux Etats nationaux de libéraliser
certains services de télécommunication dont les services professionnels aux entreprises.
En 1996, une loi sur la réglementation des télécommunications ouvre définitivement le secteur à la
concurrence. France Télécom devient une société anonyme.
7
De la visioconférence aux communications unifiées
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visioconférence est passé d’une forme de quasi monopole public, composé de
l’opérateur historique et de ses équipementiers ALCATEL et SAGEM, de sa filiale de
commercialisation et de distribution de terminaux de télécommunication EGT, à un
oligopole privé de quelques sociétés multinationales.
2.1.1. Une forte concentration
Le secteur des terminaux de visioconférence est fortement concentré : une faible
intensité de la concurrence sur les équipements matériels et une plus forte intensité
sur les solutions logicielles. Deux acteurs, POLYCOM et TANDBERG, détiennent
80% de part de marché du segment des terminaux, en termes de revenu9. Le leader
POLYCOM domine fortement l’ensemble de la gamme des produits par sa politique
de prix dont voici la structure pour le marché Europe :
9 La licence du logiciel de visioconférence sur micro ordinateur : 100 € ;
9 La solution de groupe : 5 K€ ;
9 Le système de salle de conférence : 20 K€.
Ne considérant que le segment des équipements matériels de terminaison, il n’y a
que peu de pression sur les prix10. On peut prévoir que cette domination sur le prix
évoluera avec l’entrée des produits de substitution :
9 Les logiciels et clients légers de type navigateur et plug-in11,
9 Les services externalisés de visioconférence.
Dans le segment des équipements d’infrastructure, les revenus sont répartis entre
six compétiteurs et un leader TANDBERG qui détient 36% de part de marché12.
Dans le segment plus large des solutions de voix sur IP13 et les communications
unifiées14, il existe un leadership de deux compétiteurs : CISCO et MICROSOFT.
9
Lire ANNEXE I
La baisse des prix, un prix observé de 30.000 francs en 2000 pour un système compact de groupe,
résulte de la baisse des coûts des composants informatiques et des périphériques audiovisuels.
11
C’est le cas par exemple de la dernière version de Breeze (Acrobat Connect Professional) qui utilise
le lecteur FLASH pour traiter la vidéo
12
Lire ANNEXE I
13
La voix sur le réseau IP, ou VoIP pour Voice over IP, est une technique qui permet de communiquer
par la voix via l'Internet ou tout autre réseau acceptant le protocole TCP/IP. Cette technologie est
notamment utilisée pour supporter le service de téléphonie IP.
14
Dans l'industrie des télécommunications et de la bureautique, on désigne par Communications
unifiées (en anglais « unified communications ») un ensemble de nouveaux services destinés aux
professionnels en entreprise permettant d'intégrer (« unifier ») étroitement : les moyens de
10
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 7
2.1.2. Une projection de croissance rapide
Les revenus tirés de la vente des systèmes de visioconférence ont triplés de 2000 à
200715. Cette croissance rapide est le résultat de deux facteurs de changement dans
les deux marchés amont et aval16 :
9 L’innovation technologique des produits ;
9 L’introduction de nouveaux segments de la clientèle.
La généralisation des technologies IP dans la boucle locale et le développement des
accès ADSL17 ont créé un besoin de renouvellement des terminaux H.320 par de
nouveaux terminaux H.323 pour assurer la migration des conférences du réseau
publique téléphonique vers les réseaux privés informatiques d’entreprise utilisant le
protocole IP. Le développement des conférences H.323 a eu pour conséquence de
déporter les coûts d’infrastructure de réseau, jusqu’alors supportés par l’opérateur du
réseau public, vers les entreprises clientes qui doivent investir pour mettre à niveau
leur réseau informatique18. Ce nouveau besoin de renouvellement des équipements
d’infrastructure pour la visioconférence IP19 a généré un revenu additionnel pour le
secteur de 510 millions de dollars en 200720.
La croissance rapide du secteur en Europe et dans le monde est également le
résultat de l’apparition de nouveaux segments de clientèle. Avec le dégroupage21 des
offres ADSL, la taille des entreprises potentiellement clientes change. Les offres
commerciales ne sont plus adressées aux grands groupes multinationaux mais
également aux PME. La généralisation de l’usage des technologies de l’information
et de la communication dans les organisations, les changements dans les pratiques
de management, contribuent à ne plus restreindre la visioconférence aux directions
communications interpersonnelles temps réel, comme la téléphonie fixe et mobile, la visiophonie, les
ponts de conférence audio/vidéo, les outils de travail coopératif (messagerie instantanée, partage de
documents), et les outils de bureautiques.
15
Données du bureau d’études Frost & Sullivan : croissance de 314% en sept ans.
16
Le marché amont est constitué des fournisseurs de l’entreprise. Le marché aval englobe les
prescripteurs, les clients et les distributeurs
17
25 millions d’abonnés avec un accès haut débit en France, câble ou ADSL, avec une progression
de 25% par an. Source Médiamétrie 2008.
18
Lire ANNEXE E
19
Pont multipoint (MCU), Passerelle H.320-H.323 (GW), Contrôleur d’appel H.323 (GK)
20
Lire ANNEXE I
21
Le dégroupage est une opération technique permettant l'ouverture du réseau téléphonique local à la
concurrence.
De la visioconférence aux communications unifiées
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générales mais à proposer plus généralement ces services au middle management22
dans le cadre de réunions de travail quotidiennes à distance.
2.1.3. Une différenciation importante des produits
La structure de différenciation des produits est identique à celle observée dans
d’autres secteurs matures : plus on monte dans la gamme et plus les produits sont
différenciées entre les marques. Ainsi, les logiciels de visioconférence sont peu
différenciés en termes de fonctionnalité et de qualité, conçus sur une base commune
d’algorithmes implémentés à partir des recommandations de la normalisation
internationale23. A contrario, les systèmes de salle sont des produits très différenciés,
pouvant être des prototypes d’intégration réalisés sur mesure, et proposent des
fonctions avancées implémentées sur la base de protocoles propriétaires. En haut de
gamme, la marque choisit volontairement de limiter l’interconnexion avec les produits
concurrents pour dresser des barrières à l’entrée.
Le long processus de normalisation s’oppose aux cycles courts des produits. Il a fallu
presque dix ans pour stabiliser la visioconférence H.32024 pour rendre un appel
visioconférence aussi simple à passer qu’un appel téléphonique et enfin limiter les
risques d’échec de la connexion liés aux difficultés d’interopérabilité des terminaux.
Puis, la visioconférence H.32325 a de nouveau créé un cadre d’incertitude
technologique concernant l’interconnexion des terminaux et généré de nouvelles
contraintes d’exploitation nécessitant l’intervention de nouveaux spécialistes26. Les
firmes bénéficiant d’une base installée ont profité de l’asymétrie de l’information27 sur
les normes d’interopérabilité pour verrouiller leurs clients lors du renouvellement des
terminaux H320 vers H.323. Ces firmes se sont appuyées sur leurs réseaux de
prescripteurs28 qui, dans la chaîne de valeur de l’industrie, sont les distributeurs et les
intégrateurs, pour faire peser sur leurs clients les coûts de changement en cas de
22
Niveau de responsabilité au sein d'une entreprise, intermédiaire entre le cadre (qui bénéficie donc
du statut associé) et le technicien supérieur.
23
Lire ANNEXE F
24
Idem
25
Idem
26
L’administrateur réseau prend en charge la gestion des adresses, de la translation de celles-ci, des
filtrages de ports, de l’usage de proxy et de pare-feu… un niveau de connaissance de l’environnement
technique qui dépasse celui de l’utilisateur moyen.
27
En économie, on parle d'asymétrie d'information lors d'un échange quand certains des participants
disposent d'informations pertinentes que d'autres n'ont pas (le prix par exemple).
28
A noter que le métier d’assistance à la maîtrise d’ouvrage indépendant des marques n’existe
pratiquement pas sur le marché français
De la visioconférence aux communications unifiées
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passage d’une marque à l’autre. Pour l’utilisateur final, la différenciation des produits
du secteur est souvent basée sur des croyances technologiques. Ainsi, l’utilité qu’il
pense avoir du produit dépend de l’importance du réseau d’utilisateurs29.
Dans la phase d’introduction et de croissance, le leader qui bénéficie d’un parc de
terminaux a tout intérêt à, maintenir l’asymétrie de l’information et la différenciation
de ses produits, limiter l’interconnexion comme armes de la concurrence. Ce sont
des barrières à l’entrée pour contrer les nouveaux compétiteurs qui choisissent
d’implémenter les normes d’interconnexion pour profiter de l’effet réseau des bases
installées. Ainsi, les deux leaders TANDBERG et POLYCOM jouent la carte de la
différenciation et communiquent sur la qualité de leurs algorithmes propriétaires30.
2.2.
La menace de substituts
La tendance du secteur est à la dématérialisation des terminaux. La substitution des
solutions matérielles par des logiciels n’est pas un fait nouveau et est née en même
temps que la visioconférence IP. Cependant, la menace des substituts n’a pas la
même intensité sur l’ensemble des segments selon la différenciation des produits. Le
segment des solutions individuelles de visioconférence est exposé aux logiciels de
substitution. Les segments hauts, les systèmes de groupe, les systèmes de salle, la
TELEPRESENCE, ne sont pas directement concurrencés par les substituts logiciels.
Deux types de substitut logiciel sont concurrents des terminaux de visioconférence
individuels et des visiophones :
a) Les logiciels de visioconférence gratuits venant du secteur des logiciels GPL31
b) Les Softphones, téléphones logiciels gratuits associés à une offre VoIP
a) Les logiciels de visioconférence gratuits ou shareware32 : Le monde universitaire
a produit les premiers prototypes logiciels pour ses propres usages, s’appuyant
sur ses capacités de développement de haut niveau dans les protocoles de
29
Externalités positives dues à la mise en réseau d’un bien dont l’utilité dépend du nombre
d’utilisateurs. U ar = ar + f (na) ou r est la population, a le produit, f (na) l’effet réseau de nombre de a
30
Arguments repris par les distributeurs des deux marques
31
General Public License. Licence dont la principale caractéristique est de préserver la liberté
d'utiliser, d'étudier, de modifier et de diffuser le logiciel et ses versions dérivées sans verser de droit
de licence en contrepartie de son usage
32
Partagiciel (shareware en anglais). Logiciel propriétaire, protégé par le droit d'auteur, qui peut être
utilisé gratuitement durant une certaine période ou un certain nombre d'utilisations
De la visioconférence aux communications unifiées
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transport réseau et les algorithmes de compression. On peut citer le logiciel
CUSeeme33 de visioconférence via Internet développé en 1992 par Tim DORCEY
de l’université de CORNELL et racheté par l’équipementier Israélien RADVISION.
OPENPHONE et GNOMEMEETING sont deux autres logiciels de visioconférence
distribués sous la licence GPL et issus des travaux de la communauté de
développement open source H.32334 utilisables gratuitement avec le système
d’exploitation Linux.
b) Les softphones35 associés à un service payant de VoIP : Les Softphones
propriétaires, SIP36 ou H323 issus des services de Voix sur IP sont des biens
complémentaires aux services de voix sur IP, distribués gratuitement aux
utilisateurs finals pour développer rapidement une base de clients, abonnés
payants à un service de téléphonie et de visiophonie. Le plus connu : le logiciel
SKYPE37. Ces substituts proposent des fonctionnalités identiques aux terminaux
dédiés de visioconférence et deviennent des produits de remplacement très
concurrentiels des terminaux de télécommunication matériels.
2.2.1. Le rapport qualité/prix et le potentiel de profit
Le substitut logiciel bénéficie d’avantages compétitifs importants sur les équipements
matériels. Ils ont un coût de fabrication bas pour des grandes échelles de
production38. Ils utilisent les circuits courts de distribution sur Internet, sont plus
faciles et moins chers à déployer, permettent d’atteindre rapidement une masse
critique en utilisant les effets directs de réseau.
La dématérialisation du terminal permet également de nouvelles approches de
marché comme la subvention du coût du terminal de visioconférence par le paiement
du service. En effet, devenant un bien numérique, il est plus facile d’utiliser les effets
directs de réseau en proposant un lecteur gratuit associé à un service de
visioconférence externalisé payant39. Les coûts de développement, de promotion et
33
Prononcer See You, See Me pour "je te vois, tu me vois"
Les sources du programme sont modifiables selon les termes de la licence par une communauté de
développeurs de logiciels de visioconférence pour Internet
35
Lire ANNEXE G
36
Lire ANNEXE F
37
Le logiciel client de SKYPE a été téléchargé plus de 500 millions de fois et traduit dans 34 langues
38
Devenant des biens immatériels, plus ils sont copiés et plus leur coût marginal tend vers zéro
39
Carl SHAPIRO et Hal VARIAN in Economie de l’information, De Boeck, 1999
34
De la visioconférence aux communications unifiées
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de distribution du terminal logiciel sont amortis par le financement croisé du service,
par abonnement ou par paiement à l’usage. C’est le modèle économique adopté par
SKYPE et WEB EX : diffusion gratuite du lecteur pour gagner rapidement une base
clients et un financement croisé du coût du terminal par le paiement du service de
connexion. De ce fait, le substitut devient à termes plus compétitif pour l’utilisateur
individuel avec un niveau de qualité identique au terminal matériel et un prix plus
bas : un potentiel de profit supérieur pour le client comme pour le vendeur
bénéficiant tous deux des externalités positives de réseau.
2.2.2. La stratégie des firmes existantes
Deux stratégies cohabitent : bottom-up et top-down
Stratégie botton-up : l’ensemble des compétiteurs existants considère les produits de
remplacement, le logiciel, le web conférence, les infrastructures IP, comme un
facteur inévitable de concurrence et ajuste leur stratégie de marché en élargissant
leur gamme, du bas vers le haut, aux nouveaux segments de produits couverts par
les substituts et choisissent, pour ceux qui peuvent adapter leurs produits,
l’interopérabilité H.323 et SIP pour atteindre une masse critique.
Stratégie top-down : les firmes existantes cherchent à conserver leur avantage
compétitif dans le haut de la gamme, la TELEPRESENCE, en préservant leur cœur
de métier dans la vidéo. Ils maintiennent les barrières à l’entrée40. L’offre est encore
limitée à seulement trois compétiteurs. A termes, leur stratégie de différenciation
s’estompera pour faciliter l’interconnexion des solutions de TELEPRESENCE avec
l’ensemble du système d’information et de communication via SIP.
AETHRA
LIFESIZE
POLYCOM
SONY
TANDBERG
V CON
RADVISION
TERMINAUX
MATERIELS
TERMINAUX
LOGICIELS
INFRA
STRUCTURES
WEB
CONFERENCE
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
X
TELE
PRESENCE
X
X
X
X
Tableau 1. : Etendue de la gamme de produits et solutions par marque
40
Ticket d’entrée à 50 k€ l’unité
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 12
L’entrée de substituts, venus du web conférence et des softphones de la VoIP, a eu
pour conséquence de multiplier les alliances stratégiques entre les constructeurs de
terminaux et les intégrateurs de solutions de VoIP pour favoriser l’interconnexion des
équipements H.323 existants avec les plates-formes de communication unifiée SIP :
-
L’alliance de CISCO pour interconnecter ses PBX41 et les autres éléments
actifs de réseau H323 à l’offre de POLYCOM et de TANDBERG ;
-
L’implémentation de SIP dans le terminal logiciel PVX de POLYCOM.
2.3. La menace de nouveaux entrants
Comme vu plus haut, les innovations technologiques, la migration des solutions de
visioconférence des réseaux ISDN sur les réseaux IP, l’interconnexion des terminaux
H323 avec les plateformes de communication unifiée SIP, ont intensifié la
concurrence en permettant l’émergence de nouveaux produits portés par de
nouveaux compétiteurs. Ceux-ci venus des secteurs voisins, réseaux et services
informatiques, ont un périmètre financier plus large que celui des firmes du secteur42.
On peut identifier trois types de nouveaux entrants :
-
Les constructeurs d’infrastructure pour la VoIP (CISCO) ;
-
Les éditeurs de solutions logicielles pour l’entreprise (MICROSOFT) ;
-
Les offreurs de services externalisés (WEB EX et SKYPE).
La menace venue de ces nouveaux entrants est bien réelle pour les firmes
existantes, car au-delà de leur taille, les firmes possèdent des atouts stratégiques
pour réussir à imposer leur leadership au secteur et remettre en cause celui des
firmes existantes, souvent par voie d’intégration verticale :
a) Capacité de financement importante pour réussir leur entrée dans le secteur
par voie d’acquisition43 ;
b) Savoirs faire technologiques considérables et transférables au secteur avec
10% du revenu consacré au financement de leur R&D44 ;
41
Un Private Automatic Branch eXchange (plus généralement appelé PABX et parfois PBX) est un
Multiplexeur Téléphonique privé qui sert principalement à relier les postes téléphoniques d'un
établissement (lignes internes) avec le réseau téléphonique public (lignes externes).
42
A titre de comparaison, le revenu des ventes 2007 de POLYCOM représentent moins du 1/16ème du
revenu de la branche Business de MICROSOFT.
43
Montant de l’acquisition de WEB EX par CISCO de 3,2 milliards de dollars US
44
Montant des dépenses 2007 en R&D de MICROSOFT de 7 milliards de dollars US (13% du CA)
De la visioconférence aux communications unifiées
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c) Circuit de distribution bien installé avec des canaux spécialisés longs et des
canaux généralistes courts ;
d) Réseau puissant de prescripteurs intervenant directement dans la décision
d’achat au niveau des DSI45 des entreprises ;
e) Capacité à bénéficier des externalités positives de réseau dans le cadre des
opérations d’intégration de la VoIP et de la Communication Unifiée à l’échelle
de l’organisation. Exemple : synchronisation de l’annuaire de l’entreprise avec
les services réseaux dans le cadre de la messagerie unifiée.
LES CONSTRUCTEURS
LES EDITEURS DE
LES HEBERGEURS DE
D’INFRASTRUCTURE DE
LOGICIELS POUR
SOLUTIONS DE
VOIX SUR IP
L’ENTREPRISE
VISIOCONFERENCE
CAPACITE DE FINANCEMENT
SAVOIR FAIRE TECHNOLOGIE
CIRCUITS DE DISTRIBUTION
RESEAU DE PRESCRIPTEURS
EFFETS DIRECTS DE RESEAU
Tableau 2 : Intensité de la menace des nouveaux entrants pour les firmes existantes
Les firmes en place dressent des barrières à l’entrée pour contrer, pour un temps
seulement, la menace de ces nouveaux entrants bien armés :
9 verrouiller leurs clients sur des technologies propriétaires qui engendrent des
coûts de changement en cas d’infidélité à la marque ;
9 maintenir une asymétrie d’information sur les normes d’interconnexion en
utilisant le pouvoir de prescription de leur réseau d’intégrateurs.
2.3.1. Les constructeurs d’infrastructure pour la VoIP
La stratégie de ces firmes est de mener une intégration verticale vers les couches
hautes du modèle OSI46, pour entrer les applications métiers et le terminal utilisateur.
45
Le directeur des systèmes d'information (DSI) d'une organisation (entreprise, association, etc.) est
responsable de l'ensemble des composants matériels (postes de travail, serveurs, équipements de
réseau, systèmes de stockage, de sauvegarde et d'impression, etc) et logiciels du système
d'information, ainsi le plus souvent que du choix et de l'exploitation des services de télécommunication
De la visioconférence aux communications unifiées
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La société CISCO, opérateur leader des réseaux d’entreprise, propose une offre
VDI47 totalement intégrée où la gestion des fonctions applicatives d’échange de
données multimédia est traitée dans les couches basses du réseau de transport.
C’est un argument fort pour les DSI et RSSI48 appuyé par les préceptes de la sécurité
informatique et une méfiance sur la propension des applications multimédias à créer
des failles de sécurité au niveau des systèmes et réseaux du système d’information.
Néanmoins, CISCO, au nom de la convergence de la VDI a été contraint d’unifier
son offre réseaux data, voix sur IP et visioconférence, en tenant compte de l’existant
H.323. Pour se faire, il a noué des alliances stratégiques avec RADVISION pour
interconnecter les équipements H.323 de réseau49 et POLYCOM pour les terminaux
et intégrer des pare-feu H.323 à son offre technique.
2.3.2. Les éditeurs de solutions logicielles pour l’entreprise
Les logiciels n tiers50 de production bureautique pour l’entreprise sont jusqu’alors
orientés sur les échanges de données entre les collaborateurs de l’organisation dans
le cadre de groupes de travail distants. Il s’agit principalement de l’offre de gestion
des flux de partage de documents pour ADOBE, la solution de gestion électronique
de documents Live Cycle PDF51, et l’offre de serveur de travail coopératif
interconnecté à la suite bureautique Office pour MICROSOFT, le serveur de
coopération Communication Server52. La stratégie de ces deux nouveaux entrants
est d’enrichir leurs solutions en ajoutant le partage de l’audio et de la vidéo :
-
La société ADOBE, leader dans le secteur des logiciels auteurs de production
vidéo (montage, effets spéciaux, retouche d’image), qui commercialise le
serveur de visioconférence ADOBE ACROBAT CONNECT, peut diversifier
ses revenus à partir de technologies possédées en propres et déjà amorties et
46
Le modèle OSI de l'anglais Open Systems Interconnection est un modèle en sept couches
d’interconnexion en réseau des systèmes ouverts proposé par l'ISO (Organisation internationale de
normalisation), de la couche basse « physique » à la couche haute « application »
47
Voix Données Images
48
Le responsable de la sécurité des systèmes d'information (RSSI, ou CISO en anglais) d'une
organisation (entreprise, association ou institution) est responsable du maintien du niveau de sécurité
du système d'information
49
Passerelle (GW) et pont multipoint (MCU)
50
Désigne les logiciels conçus selon une architecture n tiers : clients légers et serveurs d’application
51
Voir la description de la société ADOBE, page 28.
52
Voir la description de la société MICROSOFT, page 25.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 15
bénéficier de l’effet réseau du lecteur FLASH53, 90% des navigateurs dans le
monde.
-
La société MICROSOFT, leader dans le secteur des logiciels de bureautique,
peut unifier les traitements de l’ensemble des données de l’entreprise, dont la
vidéo, dans la suite bureautique OFFICE en réinvestissant le savoir faire
acquis lors du développement de son logiciel de visioconférence gratuit
NetMeeting54 et de son réseau d’échanges instantanés MSN55. La société
profite de la base installée de ses logiciels de production bureautique.
2.3.3. Les offreurs de services externalisés
Un certain nombre de freins récurrents au développement de la visioconférence sont
encore en place pour les entreprises qui font le choix d’internaliser un système de
visioconférence. Ils sont au nombre de quatre :
9 la difficulté technique d’intégrer un service de visioconférence dans le système
d’information d’une entreprise du fait de la complexité des normes et des
protocoles ;
9 l’incertitude technologique qui pèse sur les choix d’investissement pour les
prescripteurs de l’entreprise avec des coûts fixes importants : Est-ce la bonne
technologie ? Est-elle là pour longtemps ?
9 la difficulté d’usage pour l’utilisateur final qui n’a pas la connaissance
technique de son environnement de travail et qui nécessite une technicité du
niveau d’un ingénieur réseaux et systèmes ;
9 l’absence
d’externalité
directes
de
réseau
du
fait
des
problèmes
d’interconnexion des réseaux et des terminaux qui ne donne pas une bonne
image d’utilité à l’utilisateur final et au financeur.
Deux nouveaux entrants positionnés sur des offres de visioconférence hébergées,
proposent aux clients finals d’externaliser le service de visioconférence en même
temps que de s’affranchir de l’ensemble des risques évoqués plus haut :
9 WEB EX est leader de la conférence en mode hébergée pour l’entreprise et
les particuliers ;
53
Flash Player, développé et distribué par ADOBE qui acheta MACROMEDIA en 2005, est une
application client fonctionnant sur la plupart des navigateurs Web. Ce logiciel permet la création de
graphiques vectoriels et vidéo en streaming au format SWF.
54
Netmeeting était préinstallé de base sur les systèmes d'exploitation Windows, il a été remplacé par
le serveur d’entreprise Microsoft Live Meeting.
55
Microsoft Network
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 16
9 SKYPE est leader de la conférence en mode hébergé pour les particuliers et
propose une nouvelle offre aux PME via l’ADSL.
Tous les deux sont des concurrents sérieux qui bénéficient de bons atouts auprès
d’une clientèle professionnelle pour réussir leur croissance dans le secteur :
9 flexibilité de leur offre commerciale basée sur le forfait ou le paiement à la
consommation ;
9 absence de coûts fixes du fait de la dématérialisation du terminal et de sa
gratuité ;
9 rapidité d’intégration technique de la solution hébergée chez le prestataire
extérieur et facilité d’usage ;
9 externalité positive de réseau des deux solutions qui s’appuient sur un
annuaire de plusieurs millions d’utilisateurs dans le monde56.
2.4. Le pouvoir de négociation des acheteurs
Traditionnellement les firmes du secteur ont établi un canal de distribution long qui,
du constructeur à l’utilisateur final, est constitué de plusieurs intermédiaires :
-
l’importateur,
-
le distributeur,
-
le revendeur,
-
l’intégrateur.
D’usage, il n’y a pas ou peu de vente directe pour ces produits qui nécessitent un
accompagnement commercial et technique fort. Cependant, les nouveaux substituts,
les logiciels et les services web, empruntent des canaux de distributions courts,
jusqu’à la vente directe sur Internet.
Le circuit de distribution des produits de visioconférence est composé de trois
canaux avec des longueurs différentes :
9 Le canal 1, pour les logiciels de visioconférence : produits peu différenciés,
demande très élastique, fort pouvoir de négociation de l’acheteur ;
56
SKYPE a plus de 276 millions de clients dans le monde pour son offre de téléphonie sur IP.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 17
9 Le canal 2, pour les terminaux individuels et les systèmes de groupe : produits
moyennement différenciés, demande peu à moyennement élastique, faible
pouvoir de négociation de l’acheteur ;
9 Le canal 3, pour les systèmes de salle et de TELEPRESENCE : produits très
différenciés, demande peu élastique, faible pouvoir de négociation de
l’acheteur.
Les règles qui régissent les échanges de produits et de services entre les
intermédiaires des canaux 2 et 3 dépendent du degré de maturité du circuit de
distribution. Par exemple, la société POLYCOM propose un accès à l’ensemble du
marketing mix57 de la firme, dont la formation et le support de deuxième niveau, à
travers un programme de certification à plusieurs étoiles : partner, silver partner, gold
partner. En comparaison, le circuit de distribution de la société AETHRA est moins
formalisé. L’ensemble de ces règles influera sur le pouvoir de négociation du
revendeur, de l’intégrateur, de l’utilisateur final.
Figure 1 : Circuit de distribution de la visioconférence
57
Le plan de marchéage ou politique de marchéage (ou marketing mix en anglais) désigne l'ensemble
cohérent de décisions relatives aux politiques de produit, de prix, de distribution et de communication
des produits d'une entreprise ou d'une marque
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 18
L’intensité du pouvoir de négociation de l’acheteur change avec le niveau de
différenciation du produit et sa place dans la gamme du constructeur ou du
revendeur qui référence la marque. L’acheteur a un pouvoir de négociation plus
important sur un produit peu différencié pour lequel il conserve l’alternative de choisir
parmi des produits de remplacement. Dans ce cas, la demande est élastique. A
contrario, plus on monte dans la gamme, plus les produits se différencient de leurs
concurrents et plus le pouvoir de négociation de l’acheteur s’affaiblit. Dans ce cas, la
demande est peu élastique58.
2.5. Le pouvoir de négociation des fournisseurs
Le terminal de visioconférence, individuel, de groupe, de salle, est un produit
d’assemblage constitué a) de composants matériels et b) de logiciels venus du
secteur de la micro-informatique, c) de périphériques audiovisuels. Chacun de ses
secteurs à sa structure propre : son échelle de production, ses coûts fixes, son prix.
La fonction achat est donc très importante dans la chaîne de valeur de la firme qui
manufacture l’équipement de visioconférence.
a) Les composants matériels sont communs à ceux de la micro-informatique à
l’exception de certains circuits spécialisés de traitement du signal59 qui sont
internalisés par le constructeur dans le processus de fabrication de l’équipement.
La Loi de Moore60 s’applique au marché des composants : réduction des coûts,
amélioration de la capacité et de la qualité des circuits. Les fournisseurs pèsent
peu sur la rentabilité du secteur. La menace sur les prix est faible.
b) Les composants logiciels sont produis sous la licence directe du constructeur du
terminal ou de l’équipement d’infrastructure. Leur développement est internalisé
dans un service de R&D afin de protéger l’indépendance de la firme. Cependant,
dans le cas de SKYPE les algorithmes propriétaires sont la propriété d’une
société de développement extérieure. Il y a un risque pour SKIPE de perdre le
contrôle sur la technologie et des coûts des brevets qui pourraient peser sur sa
58
L’élasticité du prix d’un produit se mesure par la variation des actes d’achat lorsque l’on fait varier le
prix du produit. Dans le cas des produits peu différenciés pour lesquels il existe des produits de
remplacement la demande est très élastique. La réciproque est vraie. La demande est peu élastique
pour les produits très différenciés qui n’ont pas de substitut possible
59
DSP spécialisé (digital signal processor)
60
A prix égal la puissance d’un ordinateur double tous les trois ans
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 19
rentabilité61. Importance de maîtriser la technologie logicielle en interne : CISCO
rachète la société de développement SCIENTIFIC ATLANTA pour garantir son
leadership technologique dans le domaine de la vidéo sur IP et de maintenir son
indépendance technologique sur les algorithmes de compression. Il y a peu de
pression de la part des fournisseurs de logiciel sur la rentabilité du secteur. La
pression peut d’avantage venir des coûts fixes de R&D internes.
c) La menace des fournisseurs de composants audiovisuels de captation image, les
caméras, est plus forte du fait de la concentration des marques dans le secteur
de la vidéo professionnelle. Cette situation d’oligopole62 se renforce avec l’arrivée
de la haute définition. La société SONY, à la fois fournisseur et constructeur de
terminaux de visioconférence, pourrait à termes contrôler plus radicalement la
fourniture de périphériques audiovisuels et imposer des prix qui pèseraient sur la
rentabilité du secteur. Cette menace s’exercerait dans le segment des systèmes
de salle haute définition et de TELEPRESENCE. De ce point de vue, le
positionnement de SONY dans le secteur doit faire l’objet d’une observation
particulière.
61
62
Ce risque de dépendance est d’ailleurs souligné dans le rapport annuel 2007 de la société
SONY, JVC, PHILIPS, LOGITECH
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 20
2.6. Le pouvoir de l’Etat
Le secteur de la visioconférence est un secteur où l’intervention de l’Etat se limite au
contrôle a posteriori du droit qui s’applique aux règles de concurrence entre les
entreprises. En Europe, il y a deux catégories de contrôles qui existent tant en droit
communautaire que dans les droits internes des États membres, notamment en droit
français :
-
le contrôle des infractions concernant les ententes entre compétiteurs pouvant
aboutir à un abus de position dominante ;
-
le contrôle des concentrations lors des fusions et des acquisitions pour
prévenir la formation de position monopolistique63.
Pas de règles particulières des Etats concernant les échanges internationaux :
l’importation des produits de visioconférence étrangers est soumise aux règles des
échanges commerciaux entre territoires, aucunes restrictions ne s’appliquant à ces
produits de communication64, hors leur conformité aux normes techniques et de
sécurité des équipements de télécommunication65.
Le pouvoir de l’Etat est de nature économique. C’est un client important qui peut
peser sur les revenus du secteur par la voie des appels d’offres publics. Ses
investissements dans le secteur de la visioconférence, sont menés par les entités
nationales, régionales et départementales, dans le cadre des applications verticales
de télémédecine, de téléformation, dernièrement de e-administration et de e-justice66.
63
Microsoft fut poursuivie pour infraction au Sherman Act à partir de 1991. La société avait souhaité
utiliser sa position dominante dans le secteur des systèmes d’exploitation pour imposer son réseau
d’échange MSN et son logiciel de visioconférence Netmeeting
64
Cependant, on peut rappeler que les universités françaises ont reçu l'ordre du Secrétariat général
de la défense nationale (SGDN) et de la direction de la surveillance du territoire (DST)de proscrire
l'utilisation de SKYPE dans toute l'enceinte de leur établissement
65
FCC patent de la Federal Communications Commission pour le Etats-Unis, conformité CE pour les
équipements terminaux de télécommunication (1999/5/CE) pour l’Europe
66
Lire ANNEXE H
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 21
2.7. Hexagone sectoriel
L’objectif de cette figure est de représenter sur un même axe les six forces de la
concurrence pour en montrer l’intensité sur une échelle de 1 à 10, de faible à fort.
L’intensité de la concurrence de départ, faible lors du cycle technologique H320
augmente sur l’ensemble des axes avec le passage au cycle technologique de
l’interconnexion H323 et SIP.
HEXAGONE SECTORIEL VISIOCONFERENCE H320 ET H323 SIP
Figure 2 : Hexagone sectoriel
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 22
3. Intensité de la concurrence à l’interieur du secteur
L’objectif de cette partie d’étude, l’analyse structurelle à l’intérieur des secteurs67, est
de dresser la carte des groupes stratégiques et d’étudier les scénarios de mobilité
inter et intra groupes dans le cadre de la convergence des services réseau sur IP et
l’unification des moyens de communication. En synthèse, une carte des groupes
stratégiques permet de visualiser la position des groupes, une autre carte, place les
scénarios de mobilité, les entrées et sorties probables.
3.1. L’intensité des dimensions stratégiques par acteur
Pour chaque firme, une analyse stratégique est faite à partir des données de marché
et des bilans financiers présentés dans les rapports annuels des sociétés. Une figure
radar présente les intensités des dimensions stratégiques par acteur et permet de
déterminer le groupe stratégique avec lequel la firme a le plus d’affinités.
Liste des acteurs du secteur par volume du chiffre d’affaire :
67
1. SONY
7. SKYPE
2. MICROSOFT
8. WEB EX
3. CISCO
9. AETHRA
4. ADOBE
10. RADVISION
5. POLYCOM
11. LIFESIZE
6. TANDBERG
12. VCON
Lire le rappel du cadre théorique de Michael PORTER en ANNEXE B
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 23
3.1.1. SONY
9 Code bourse : (Nikkei) SN
9 Date de création : 1946
9 CA 2007 70 milliards de dollars68
9 Progression CA : 10 %
9 Effectifs : 163.000
La stratégie de SONY est tournée vers les produits électroniques de communication
audiovisuelle en haute définition et les mobiles. SONY est une des rares firmes à
être présent sur l’ensemble de la chaîne de valeur de la haute définition : de la
caméra à l’écran de restitution. Egalement, sa position dans ces secteurs est
originale puisque SONY est à la fois intégrateur et fabriquant de composants
électroniques avec la fabrication de processeurs vidéo HD (DSP), de capteurs de
caméras HD (CCD, CMOS) et de dalles LCD HD. Avec la baisse des prix des
composants et des produits audiovisuels, SONY a concentré son effort sur la
maîtrise des coûts de fabrication et conserve un avantage compétitif dans les
processus de fabrication et le design des produits. C’est un des premiers acteurs
technologiques dans le développement de composants pour la télévision numérique
et interactive. La firme fait parti des principaux consortiums de standardisation pour
les services vidéo sur les réseaux IP (Open IPTV Forum). Sony consacre plus de 7%
de son CA global dans les R&D, un financement de 5 milliards de dollars. Ce
leadership technologique dans la vidéo numérique lui a permis de construire une
offre commerciale pour le segment de la vidéo HD et standard sur les réseaux IP
pour les solutions professionnelles baptisées IPELA. L’adaptation directe de ses
périphérique au monde IP (camera IP, enregistreur numérique IP) entre dans la
fourniture de service de vidéosurveillance et de visioconférence. Néanmoins, en
2007, le secteur de visioconférence n’entre pas dans le champ des développements
stratégiques de la société (rien n’est évoqué directement dans le rapport annuel
2007) et ne représente qu’une part très négligeable de revenu de la branche des
produits électroniques (inferieur à 1%). La place de SONY dans le secteur de la
visioconférence est inferieur à 10%. Son offre de visioconférence est portée par la
68
Part CA segment des produits électroniques : 65%. Part CA segment de la visioconférence 2007 :
0,002% (136 millions de dollars)
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 24
branche des produits professionnels (Broadcast) avec une gamme limitée. Sa part
de marché s’explique par la notoriété de la marque dans la vidéo professionnelle et
un circuit de distribution bien établi du fait d’un portfolio de produits de vidéo très
fourni. Egalement, les possibilités de financement et de location de produits
professionnels expliquent la pénétration de marché. L’offre de visioconférence dans
la branche professionnelle reste très dépendante des décisions stratégiques de la
firme et surtout du maintien d’activités marginales comme la visioconférence dans la
branche des solutions professionnelles. En conclusion, l’offre Sony peut très bien
disparaître au profit d’une distribution OEM de ses composants pour la haute
définition.
Figure 3 : SONY
3.1.2. MICROSOFT
9 Code bourse : NSFT
9 Date de création : 1975
9 CA 2007 51 milliards de dollars
9 Progression CA : 15%
9 Effectifs : 79.000
La stratégie de MICROSOFT dans le secteur de la visioconférence, proche de celle
de CISCO avec qui il entre directement en concurrence, est d’offrir une offre
technique intégrée de communication unifiée pour les entreprises. Son avantage
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 25
compétitif est de faciliter l’usage et le déploiement des services voix, données et
images sur les réseaux IP interconnectés avec les outils de production et de travail
en groupe largement diffusés de la suite Office : le portail de collaboration et de
partage de documents SharePoint, la solution d’annuaire et d’agenda partagé
Communication
Server,
de
messagerie
instantanée
MSN,
d’audio
et
de
visioconférence Office Live Meeting. Pour aboutir à cette offre globale, MICROSOFT
a basculé les logiciels clients comme Netmeeting sur les versions serveurs Live
Meeting. Ce segment est traité par la division Business qui représente 31% du
revenu global de la société en bilan consolidé (16 milliards de dollars) et en
progression de 13% par an. MICROSOFT a un leadership technologique
incontestable dans le secteur de la visioconférence en tant que système
d’exploitation majoritaire des terminaux et conduit les évolutions du marché en
participant à l’ensemble des groupes de standardisation de l’industrie du logiciel pour
la vidéo et les réseaux. SIP est implémenté dans son offre de visioconférence de
communication unifiée. Sa puissance de développement est également hors norme
pour le secteur avec 7 milliards de dollars investi en 2007 en R&D, 13% de son
chiffre d’affaire. Concernant la vente et le marketing de ses produits, la société
MICROSOFT est capable d’imposer sa technologie via une présence commerciale
dans plus de 100 pays et son réseau OEM69, la vente de logiciels déjà installés sur
les machines neuves générant la majorité des revenus. La firme bénéficie
d’externalités positives de réseau importantes du fait de sa base installée de logiciels
dans
l’entreprise.
Malgré
la
concurrence
d’autres
systèmes
d’exploitation,
MICROSOFT connaît une forte progression sur les marchés émergents avec par
exemple 70% de progression de ses revenus en Russie et au Vietnam, 40% en
Chine et en Inde.
69
OEM sont les produits (cartes mères, cartes d'extension, périphériques de toutes sortes) que les
fabricants de composants mettent sur le marché des assembleurs et des constructeurs
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 26
Figure 4 : MICROSOFT
3.1.3. CISCO
9 Code bourse : (Nasdaq) CSCO
9 Date de création : 1984
9 CA 2007 35 milliards de dollars70
9 Progression CA : 23%
9 Effectifs : NC
CISCO est le leader mondial dans les infrastructures réseaux et les services IP pour
les entreprises. La société a été pionnier dans la migration des réseaux d’entreprise
sur le protocole IP en commercialisant des équipements de routage et de
commutation. CISCO est dominant technologique et possède une assise de premier
plan du fait d’une politique d’acquisition stratégique très importante et des dépenses
en recherche et développement de 4,5 milliards de dollars, 13% de son chiffre
d’affaire. La firme a établi sa domination par développements internes sur les
secteurs des technologies avancées, dont les applications de travail collaboratif, de
vidéo et de visioconférence, par acquisition de sociétés ayant un savoir faire, par
l’achat de brevets, par la voie des alliances stratégiques. CISCO est présent sur
l’ensemble du globe avec plus de 200 bureaux de représentation et un circuit de
70
CA communication unifiée : 390 millions de dollars (hors Web Ex)
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 27
distributeurs spécialisés très organisé. Il offre un service de support technique direct
en ingénierie qui représente 16% de son chiffre d’affaire, le reste étant la vente des
produits de réseau. La firme axe son développement sur les nouveaux marchés : les
TPE et les PME qui migrent sur les réseaux IP et les marchés géographiques
émergents qui représentent en 2007 39% de son CA. Egalement, CISCO poursuit
son développement sur le segment des technologies avancées avec un revenu net
de 1,2 milliards de dollars en 2007. C’est principalement sur les segments de la
vidéo sur IP avec l’acquisition du SCIENTIFIC ATLANTA en 2006 et celui de la
communication unifiée, la VoIP et les applications de collaboration et de
visioconférence avec l’acquisition de WEB EX en 2007, que CISCO se positionne en
nouveau leader. Le CA sur le seul segment de la communication unifiée représente
390 millions de dollars pour l’année 2007. Sur ce secteur CISCO a une gamme de
produit étendu, de la plateforme logicielle H323 et SIP, du web conférence (WEB EX)
à la solution haut de gamme de TELEPRESENCE. CISCO bénéficie d’une image de
marque et d’une très forte notoriété auprès des DSI, les nouveaux prescripteurs de la
visioconférence. CISCO estime que les réseaux sont la plate-forme de tous les
modes de communication et de collaboration et les services et les technologies de
WEB EX renforcent le leadership de CISCO sur le marché des Communications
Unifiées. WEB EX fournit à CISCO un modèle économique nouveau et inédit qui lui
permettra de développer sa présence dans le marché en rapide croissance des
PME.
Figure 5 : CISCO
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 28
3.1.4. ADOBE System Inc.
9 Code bourse : (Nasdaq) ADBE
9 Date de création : 1982
9 CA 2007 3,158 milliards de dollars71
9 Progression CA : 22 %
9 Effectifs : 6.959
La société ADOBE structure son activité autour de trois segments de marché : les
logiciels de création, les solutions de partage de documents et de collaboration pour
les entreprises, les logiciels pour terminaux mobiles. Le premier segment concerne
l’édition de logiciels auteurs pour la création graphique, web et vidéo. L’acquisition de
MACROMEDIA en 2005 pour un montant de 3,5 milliards de dollars lui a permis
d’être le leader incontesté dans le secteur des logiciels auteurs pour le web et de
bénéficier de la technologie FLASH et du lecteur gratuit installé sur 95% des
navigateurs pour exploiter les contenus riches et la vidéo en ligne. Avec son lecteur
gratuit de format de documents PDF, ADOBE est en situation quasi de monopole sur
le web enrichi avec deux standards propriétaires devenus standards de facto : PDF
et FLASH. Le deuxième segment adresse les solutions de productivité pour
l’entreprise vendu sous la forme de licence serveur aux entreprises clientes ou aux
services d’hébergement et prend également appuis sur les deux lecteurs gratuits
PDF et FLASH pour des services de partage de documents (LIVECYCLE PDF) et la
vidéo collaborative (ADOBE ACROBAT CONNECT). Ce deuxième segment
représente un chiffre d’affaire de 960 millions de dollars en croissance de 15% sur la
deuxième année et une progression sur le marché des PME. ADOBE ACROBAT
CONNECT entre en compétition directe avec les autres solutions de web
conférence, Cisco Web Ex et MS Office Live Meeting, et utilise la technologie et le
lecteur gratuit FLASH avec un déploiement facile sur le web. ADOBE bénéficie d’un
circuit de distribution mondial très implanté avec un canal de distribution long établi
sur le base d’un réseau de distributeurs, de revendeurs, d’intégrateurs, et un canal
de distribution court pour la vente directe de ses logiciels aux utilisateurs finals sur
son site web. La vente de ses produits est accompagnée d’un service d’assistance et
de support au niveau mondial, de consulting aux clients et aux développeurs, de
71
CA segment solutions de productivité pour les entreprises : 960 millions de dollars
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 29
formation en ligne. La société est leader technologique sur le segment des logiciels
de traitement de la vidéo professionnelle, un avantage compétitif qui est préservé par
sa politique de brevets et un effort de R&D important qui représente un peu moins de
20% de son CA, 613 millions de dollars en 2007.
Figure 6 : ADOBE
3.1.5. POLYCOM
9 Code bourse : PLCM
9 Date de création : 1990
9 CA 2007 : 930 millions de dollars
9 Progression CA : 36%
9 Effectifs : 2.478 (755 R&D)
La firme est leader du secteur avec 50% de part du marché mondial des terminaux
de visioconférence. Sa gamme de produits est très étendue avec une offre pour
chaque
segment
de
marché,
de
la
visioconférence
individuelle
à
la
TELEPRESENCE. La firme est également présente sur l’ensemble des applications
verticales (télémédecine, pharmacie, éducation, finance, grande distribution, etc.) et
sur les cinq continents. POLYCOM impose aux autres compétiteurs sa politique de
prix sur tous les segments, avec des produits fiables et de qualité. Sa santé
financière (excédant de trésorerie de 148 millions de dollar en 2006) et son savoirDe la visioconférence aux communications unifiées
Page 30
faire technologique assure à POLYCOM une domination technologique que la firme
consolide
au
travers
de
ses
alliances
avec
les
leaders
des
secteurs
complémentaires pour l’interconnexion de ses produits avec les plateformes VoIP et
SIP : réseaux et infrastructures, applications de voix sur IP, systèmes d’exploitation.
Ainsi, la firme a mis en place un programme de partenariat stratégique au niveau
mondial avec ALCATEL LUCENT, CISCO, MICROSOFT et un programme
d’acquisition stratégique ambitieux depuis sa création en1990.
La stratégie de distribution et de support de POLYCOM évolue vers une intégration
verticale des réseaux de distribution spécialisé au niveau mondial et des services de
supports à la fois tourné vers le réseau de partenaires intégrateurs (portail de
services professionnels) et à la fois tourné vers les utilisateurs finals. Depuis peu,
POLYCOM a construit un bouquet de service complet d’assistance au déploiement
de solution de visioconférence adressé directement aux entreprises clientes,
comprenant l’audit, le conseil, le support et la formation. La visioconférence reste son
cœur de métier avec 72% de ses revenus qui viennent de la vente de produit de
vidéo et de réseaux et seulement 28% des terminaux voix. Enfin, 60% de ses
revenus viennent des ventes sur le territoire américain.
Figure 7 : POLYCOM
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 31
3.1.6. TANDBERG
9 Code bourse : TAA
9 Date de création : NC
9 CA 2007 : 630 millions de dollars
9 Progression CA : 50%
9 Effectifs : 1.243 (250 en R&D)
La firme est leader du secteur des terminaux de visioconférence avec POLYCOM.
TANDBERG adresse l’ensemble des segments de produits : le terminal matériel et
logiciel, le web conférence, la solution HD de TELEPRESENCE. En janvier 2007,
l’acquisition de CODIAN72 lui donne une solide position dans les infrastructures de
visioconférence sur les réseaux IP, plus particulièrement les ponts multipoints en
haute définition. De ce fait, le revenu des ventes d’équipements d’infrastructure,
passerelles, gatekeper, routeurs vidéo, représente 13% du revenu global en 2007.
La société Danoise est présente sur l’ensemble des applications verticales et fait la
moitié de son chiffre d’affaire aux Etats-Unis, 40% en Europe et 10% en Asie.
TANDBERG a établi une forte image de marque avec des produits haut de gamme
dédiés aux directions des entreprises à un prix fort. La firme a une forte domination
technologique qu’elle maintient à coup d’acquisition et de dépenses en R&D à
hauteur de 8% de son chiffre d’affaire (50 millions de dollars). Ce leadership
technologique s’exprime par le développement de nouveaux produits aux extrémités
de la gamme (logiciel PC MOVI et TELEPRESENCE HD Experia) et des éléments
d’infrastructure interconnectables avec la voix sur IP (passerelle H323 et SIP).
TANDBERG s’appuie sur un réseau de distribution spécialisé de revendeurs
accrédités et propose en direct pour les utilisateurs finals et les revendeurs un
programme d’assistance à l’installation et au déploiement au niveau mondial. Le
portail de services propose également de la formation et du conseil de consultant
experts des solutions TANDBERG au travers d’un service aux professionnels. Avec
une hausse du revenu net après impôt de 50% (630 millions de dollars) et une
balance positive de sa trésorerie de 85 M de dollars, la firme a une capacité
d’autofinancement importante pour de nouvelles acquisitions ou coûts de R&D. Son
indépendance financière s’accroît avec un plan de rachat de ses actions. La firme est
également positionnée sur le nouveau secteur des communications unifiées par le
72
Book value de 274 millions de dollars. C’est la valeur comptable d’une société telle que estimée
dans une opération d’acquisition moins les amortissements et les dépréciations éventuelles
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 32
biais d’alliances stratégiques avec MICROSOFT (MS Office Communication Server)
pour l’interconnexion de ses produits avec les plateformes de VoIP et SIP.
Figure 8 : TANBERG
3.1.7. SKYPE TECHNOLOGIES SA
9 Code bourse : eBay (EBAY)
9 Date de création : 2003
9 CA SKYPE : 382 millions de dollars
9 Progression CA : 70 %
9 Effectifs : eBay 15.000
La société SKYPE est spécialisée dans les communications à bas prix sur Internet
VoIP. L’objet tel que définit par la société est « de mettre en contact les personnes
sur le réseau Internet, à la maison, au travail ou en mobilité », en téléchargeant un
logiciel client gratuit lié à un abonnement ou à une carte prépayée. Le service
s’appuie sur les réseaux peer to peer et un ensemble de technologies propriétaires
de compression et de cryptage des données. Prioritairement, dédié à la téléphonie IP
bas prix pour le grand public, SKYPE devient un concurrent direct des solutions de
visioconférence pour les entreprises depuis que la version 3.6 pour Windows intègre
de la vidéo haute qualité et qu’une offre Pack PME à 99 € HT est proposée aux
petites et moyennes entreprises. Depuis 2005, SKYPE est filiale à 100% de la
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 33
société d’enchères en ligne eBay, aux côtés du système de paiement PayPal, et
constitue le segment communication de la société eBay. La stratégie de
développement de SKYPE est de devenir un leader mondial de la VoIP via une
politique de distribution de son logiciel en OEM sur les nouveaux ordinateurs, le
développement de terminaux mobiles SKYPE 3G. L’avantage compétitif de la société
est de bénéficier d’un réseau large d’utilisateurs avec plus de 276 millions clients
répartis dans le monde, son logiciel client ayant été téléchargé plus de 500 millions
de fois et traduit dans 34 langues. Des alliances récentes avec la grande distribution
pour la vente de ses IP Phones, ainsi que le fabriquant de webcam LOGITECH,
permettent d’étendre rapidement sa base d’utilisateurs vers le grand public et les
PME. Cependant, SKYPE doit faire face à des risques importants de concurrence
sur le secteur de la VoIP. Ainsi, les fournisseurs d’accès Internet (FAI) entrent
aujourd’hui directement en concurrence avec des offres de service en bundle triple
play (internet + télévision + téléphone). Le modèle SKYPE est également sensible
aux changements de la réglementation dans les télécom et Internet, aux politiques
de sécurité des grandes organisations gouvernementales73, le filtrage des FAI, la
renégociation des brevets liés aux technologies utilisées par SKYPE.
Figure 9 : SKYPE
73
Interdiction d’utiliser SKYPE sur le réseau RENATER
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 34
3.1.8. WEB EX (filiale 100% CISCO)
9 Code bourse : WEBX
9 Date de création : 1996
9 CA 2007 380 millions de dollars
9 Progression CA : 50%
9 Effectifs : 2.200
La société est leader mondial pour la fourniture de services en ligne de collaboration
web incluant les réunions en audio et en vidéo en mode hébergé. Son modèle
d’affaire propose un coût de licence bas du service qui correspond au panier des
PNE et TPE. Un prix unitaire de 10€ par personne et par mois pour avoir accès à la
plateforme de réunion mondial et créer des réunions à distance. Une licence site est
proposée au TPE à 59€ par mois. L’offre est très flexible puisqu’elle repose sur
l’hébergement de la conférence et propose également une facturation à la minute
(pay-per-use) de 0,29 € la minute utilisateur. L’offre mono produit est entièrement
dédiée au segment du web conférence, aucun terminal dédié n’est requis. WEB EX
est leader technologique mondial dans le web conférence et s’appuie sur un réseau
mondial privatif MEDIATONE qui sécurise son offre : garantie de la qualité et de
débit, confidentialité de la conférence, fiabilité de la connexion. En termes d’image de
marque, l’avantage compétitif de WEB EX repose sur la sécurisation des
conférences avec MEDIATONE mais également sur la simplification des usages et
du déploiement de la visioconférence, avantage lié au mode hébergé et au terminal
client léger. Ses avantages compétitifs sur les autres solutions sont : le déploiement
rapide, un service d’assistance en ligne efficace, une formation en ligne bien faite, un
fichier de plusieurs millions de clients. Son canal de distribution est court : vente
directe sur son site Internet. Depuis mai 2007, WEB EX est devenu filiale détenue à
100% par CISCO suite à un rachat pour une valorisation de 3,2 milliards de dollars, 8
fois le CA 2007 de WEB EX.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 35
Figure 10 : WEB EX
3.1.9. AETHRA
9 Code bourse : Non cotée
9 Date de création : NC
9 CA 2007 108 millions de dollars
9 Progression CA : NC
9 Effectifs : NC
La firme italienne est présente sur le segment des terminaux avec une gamme
étendue : du visiophone au codec intégrateur pour les systèmes salle. Elle vient
d’entrer le segment de la haute définition et propose une offre de TELEPRESENCE.
AETHRA a également une offre de produits sur le segment des infrastructures de
réseaux de télécommunication avec des éléments actifs dédiés à la visioconférence
(pont multipoints et passerelle). Ses produits sont distribués sur plus de 60 pays, son
chiffre d’affaire est réalisé à 60% sur le marché intra européen. La firme s’appuie sur
des circuits spécialisés de distribution d’intégrateurs. La firme n’a pas de leadership
technologique avec des capacités de R&D très moyennes et des produits qui ne sont
interconnectés avec les plateformes VoIP et SIP. La firme offre des services de
supports directs aux utilisateurs finals via un système de help desk et du support
technique et logistique aux intégrateurs via son réseau de points de présence. Sa
politique de prix est très moyennement compétitive face aux deux leaders
POLYCOM et TANDBERG. Ses produits ne sont pas suffisamment différenciés de
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 36
l’offre POLYCOM avec un prix supérieur, une image de qualité inférieure à
TANDBERG, et des difficultés d’interconnexion avec certains sous ensembles de la
norme H323.
Figure 11 : AETHRA
3.1.10.
RADVISION
9 Code bourse : (Nasdaq) RVSN
9 Date de création : NC
9 CA 2007 : 92 millions de dollars
9 Progression CA : Stable
9 Effectifs : NC
La société Israélienne RADVISION propose une offre spécialisée d'équipements
d'infrastructures de réunion à distance, voix, vidéo et données sur IP, pour les
besoins des entreprises, des administrations et des fournisseurs de services. Une
des solutions majeure de RADVISION est l'offre Web conférence CLICK TO MEET,
qui s'intègre aux applications de visioconférence existantes dans une organisation
telles que MICROSOFT Office Live Communications Server (LCS) et Communicator
2005 - en facilitant les appels multimédia grâce à la planification d'une réunion
Outlook, les appels téléphoniques, ou le démarrage d'une conversation de
Messagerie Instantanée. Son leadership technologique dans la conception des
équipements d’infrastructures pour les communications vidéo unifiées sur IP est
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 37
incontestable et sont totalement interconnectés aux plateformes de VoIP et SIP. Ses
produits sont également commercialisés sous la marque CISCO, son principal
distributeur et revendeur. Son leadership technologique lui permet dernièrement de
présenter une passerelle de visioconférence entre les flux IP de son serveur SIP et
les flux de visiophonie 3G.
Figure 12 : RADVISION
3.1.11.
LIFESIZE
9 Code bourse : Non cotée
9 Date de création : 2003
9 CA 2007 : 70 millions de dollars
9 Progression CA : NC
9 Effectifs : NC
La firme Texane a été fondée en 2003 par deux ingénieurs issus de la société
POLYCOM souhaitant développer une offre de produits exclusivement dédiée à la
visioconférence haute définition. La firme a construit en quelques années une image
de marque forte sur le segment de la haute définition et domine ce segment par un
positionnement de précurseur technologique. Sa spécialisation dans la haute
définition s’accompagne d’une intégration verticale des équipements actifs, des
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 38
réseaux HD aux terminaux HD. Cette forte spécialisation de la firme correspond aux
besoins techniques de certaines applications verticales comme la télémédecine
(cancérologie et dentaire) et la TELEPRESENCE pour les directions d’entreprises.
Cette offre encore aujourd’hui très différencié des autres offres de produits HD
s’accompagne d’une politique de prix forts avec des produits de très bonne qualité.
La distribution des produits et des solutions HD, le support technique, sont
directement pris en charge par LIFESIZE à travers un programme de déploiement et
de support technique, Global Deployment Program, à l’échelle du monde et au
travers d’un réseau de distributeurs et d’intégrateurs très spécialisés qui sont
présents dans plus de trente pays.
Figure 13 : LIFE SIZE
3.1.12.
VCON (Zone IP Ltd)
9 Code bourse : NC
9 Date de création : NC
9 CA 2007 27 millions de dollars
9 Progression CA : NC
9 Effectifs : NC
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 39
La société Israélienne VCON a été le pionnier de la visioconférence sur IP avec son
logiciel de visioconférence individuel VPoint. La firme avait établi des alliances
stratégiques avec les sociétés les plus en pointe dans le monde, pour une
collaboration de haut niveau en audio, vidéo et données. Pourtant la firme ne détient
aujourd’hui que 2% du marché global des terminaux de visioconférence malgré la
progression importante de ce segment et ses produits n’ont pas d’interconnexion
avec les plateformes VoIP et SIP. En 2007, la firme a réorganisé les produits de sa
gamme étendue pour se repositionner sur les segments de la haute définition avec le
pont VCBpro HD et sur le segment des systèmes de salle avec le terminal xPoint. La
société commercialise ses produits et services exclusivement par le biais d'un réseau
mondial de partenaires équipementiers et revendeurs à valeur ajoutée (OEM). Basée
en Israël, VCON Telecommunications Ltd a des filiales aux Etats-Unis (avec des
bureaux à Dallas, Chicago, New York, San Jose et Washington DC), en Allemagne,
en Espagne, au Royaume Uni, en France, en Chine et au Japon. VCON propose une
solution de web conférence pour l’entreprise IP NEXUS couplée à son logiciel de
visioconférence VPoint pour les communications en vidéo.
Figure 14 : VCON
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 40
3.2. La carte des groupes stratégiques du secteur
L’analyse de l’intensité des dimensions stratégiques qui vient d’être faite pour
chaque acteur permet de positionner les firmes par groupe stratégique sur une carte
du secteur ayant en abscisse et en ordonnée deux dimensions principales :
9 La domination technologique : stratégie de R&D par voie de développement
interne ou externe (acquisition, achat de brevets, alliance stratégique) pour
intégrer les nouveaux protocoles d’interconnexion H.323 et SIP ;
9 La spécialisation des produits : stratégie de concentration des efforts de
l’entreprise sur une gamme étroite de produits ou au contraire le maintien
d’une gamme étendue sur l’ensemble des produits.
Figure 15 : Carte des groupes stratégiques du secteur de la visioconférence et des
communications unifiées
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 41
Quatre groupes d’affinité se distinguent sur la carte du secteur avec le volume
d’affaire et le taux de croissance moyen des acteurs d’un même groupe stratégique :
9 Groupe A, dominants spécialisés, chiffre d’affaire total de 1.638 millions de
dollars, taux de croissance annuelle des revenus de l’activité 20 % ;
9 Groupe B, suiveurs spécialisés, chiffre d’affaire total de 382 millions de
dollars, taux de croissance annuelle des revenus de l’activité 70 % ;
9 Groupe C, suiveurs généralistes, chiffre d’affaire total de 135 millions de
dollars et taux de croissance annuelle des revenus de l’activité 10 % ;
9 Groupe D, dominants généralistes, chiffre d’affaire total de 17.950 millions de
dollars et taux de croissance annuelle des revenus de l’activité 30% ;
Groupe A dominants spécialisés : Gamme étroite, domination technologique, image
de marque forte, peu de concurrence sur les prix, bonne qualité des produits, canal
de distribution long et court, intégration forte en aval, beaucoup de services annexes.
Figure 16 : dominants spécialisés
Groupe B suiveurs spécialisés : Gamme étroite, suiveur technologique, concurrence
sur les prix, qualité moyenne des produits, canal de distribution court (Internet),
intégration forte en aval, services annexes moyens.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 42
Figure 17 : suiveurs spécialisés
Groupe C suiveurs généralistes : Gamme étendue, suiveur technologique,
concurrence sur les prix, qualité moyenne des produits, canal de distribution long et
court, pas d’intégration en aval, niveau moyen des services annexes.
Figure 18 : suiveurs généralistes
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 43
Groupe D dominants généralistes : Gamme étendue, domination technologique,
concurrence moyenne sur les prix, bonne qualité des produits, canal de distribution
long et court, intégration forte en aval, beaucoup de services annexes.
Figure 19 : dominants généralistes
3.3. Les interactions entre groupes stratégiques
Le groupe A subit, et va certainement encore subir, les entrées par acquisition. Ce
sont les firmes ayant développées un savoir faire technologique très spécialisé sur la
visioconférence haute définition et le Web conférence. Ces acteurs sont les proies
des sociétés des groupe D et B soucieuses de proposer une différenciation plus
poussée de leur produit et de leur service. Par exemple : l’acquisition de WEB EX
par CISCO pour compléter son offre de communication unifiée ; la vente des produits
d’infrastructure RADVISION sous la marque CISCO pour interconnecter ses produits
VoIP à la base existante de terminaux H323.
Le groupe B va voir de nouveaux entrants venus de secteurs voisins tels que les
FAI74 et leur offre triple play75, leader sur le segment des communications pour les
particuliers. Ceux-ci sont à termes intéressés par une diversification dans le secteur
des services aux entreprises. Le ticket d’entrée est accessible pour ces sociétés
74
75
Fournisseur d’Accès Internet
internet + téléphonie + télévision
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 44
ayant déjà déployées des offres similaires à plus grande échelle. La menace de
nouveaux entrants est donc réelle amenant de nouveaux modèles d’affaires avec
des offres de visioconférence quasi gratuite76. Par contre, ces nouveaux entrants ne
possèdent pas de leadership technologique en propre et sont exposés aux cycles du
secteur (coût des brevets).
Le groupe C rassemble les acteurs qui n’ont pas pus, ou ne pourront pas à termes,
maintenir un avantage compétitif sur l’ensemble de leurs produits (qualité,
technologie, prix) et entretenir une gamme étendue. Ces sociétés ne possèdent pas
une base installée suffisante (part de marché inférieure à 10%) et n’ont pas de
ressources financières suffisantes pour installer un leadership sur l’ensemble des
segments qu’ils couvrent face à la concurrence des produits des groupes D et A.
Leur part de marché est en régression, se situant en dessous de celle du secteur.
Dans l’incapacité de développer l’interconnexion avec les plateformes de VoIP et
SIP, se sont les prochaines victimes de l’extension du secteur aux communications
unifiées. Le risque probable est d’assister à leur sortie du secteur.
Le groupe D est celui des candidats à l’extension du secteur de la visioconférence à
celui des communications unifiées et de la VoIP. C’est le groupe stratégique le plus
protégé avec le plus de barrières à l’entrée. Pour entrer ce groupe, la firme doit avoir
une taille suffisante pour financer le maintien de son leadership technologique sur
l’ensemble des segments de ses produits et de sa clientèle à l’échelle mondiale. Elle
doit avoir une capacité financière suffisante pour financer des coûts de R&D ou
d’achat de brevets entre 7 et 10% des revenus, et avoir suffisamment de liquidité
pour faire les acquisitions de sociétés possédant les avantages technologiques. Ce
groupe est dominé par la stratégie des deux nouveaux leaders : CISCO et
MICROSOFT. Des alliances stratégiques sont en cours dans ce groupe entre les
nouveaux venus et les leaders historiques TANDBERG et POLYCOM. Une
concentration plus accrue est à prévoir à l’intérieur de ce groupe stratégique. Donc,
mobilité probable à l’intérieur du groupe et du groupe D vers A et B.
76
L’offre de conférence d’ordinateur à ordinateur de l’opérateur WENGO est gratuite
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 45
3.4. Le pouvoir de négociation de chaque groupe
Le tableau ci-dessous donne une évaluation de l’intensité, faible ou forte, du pouvoir
de négociation de chaque groupe stratégique relatif aux clients et aux fournisseurs.
GROUPE A
GROUPE B
GROUPE C
GROUPE D
POUVOIR DE NEGOCIATION FACE
AUX CLIENTS
POUVOIR DE NEGOCIATION FACE
AUX FOURNISSEURS
Tableau 3 : pouvoir de négociation des groupes stratégiques
3.5. La situation des groupes face aux substituts
La menace des produits de remplacement est différente d’un groupe stratégique à
l’autre, à l’intérieur du secteur et des secteurs voisins :
9 Pour le groupe A, la menace des produits de substitution peut venir des
services hébergés comme SKYPE (Groupe B) ;
9 Pour le groupe B, la menace des produits de substitution vient des FAI qui
peuvent proposer la visioconférence avec le triple play (secteur voisin) ;
9 Pour le groupe C, la menace des produits de substitution vient des offres d
services hébergées (Groupe B), des offres spécialisées (Groupe A) et des
offres de communications unifiées et de VoIP (Groupes D).
9 Pour le groupe D, la menace vient des services hébergés (Groupe B)77.
77
Deux leaders possèdent des services hébergés : CISCO avec WEB EX et MICROSOFT avec MSN
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 46
3.6. Les scénarios de mobilité
Figure 20 : les scénarios de mobilité
Détails des scénarios de mobilité sur la carte des groupes stratégiques du secteur
avec les mouvements inter groupes, les entrées et les sorties probables :
a) Premier scénario de mobilité : La distance entre le groupe D et le groupe A va
disparaître suite à des acquisitions et des alliances stratégiques pour différencier
d’avantage les produits en complétant les offres de communication unifiée et de VoIP
avec de la haute définition (LIFESIZE), du web conférence hébergé (WEB EX), des
passerelles d’interconnexion H.323 et SIP (RADVISION) et se déplacer sur le
segment de clientèle des PME.
b) Deuxième scénario de mobilité : La distance entre le groupe D et le groupe B va
également se raccourcir du fait de la nouvelle concurrence des services hébergés et
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 47
de l’externalisation possible de la visioconférence. Le rapprochement est déjà en
cours avec CISCO qui fait l’acquisition de WEB EX. Egalement, le rapprochement
est dans le sens du groupe B vers le groupe D avec un chevauchement de clientèle,
la société SKYPE proposant une offre professionnelle aux PME ;
c) Troisième scénario de mobilité : L’entrée possible de nouveaux acteurs dans le
secteur de la visioconférence professionnelle en service hébergé venu de secteur
voisin : les fournisseurs d’accès Internet et leur offre triple play. Il est possible de voir
apparaître Orange dans le secteur ;
d) Conséquence des scénarios deux et trois : Le doublement rapide des revenus
dans le groupe B, l’arrivé des nouveaux acteurs puissants et ceux du groupe D ;
e) Quatrième scénario de mobilité : La sortie éventuelle des acteurs du groupe C du
fait du manque d’interconnexion de leurs produits avec SIP et la VoIP et une gamme
étendue de produits coûteuse à maintenir.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 48
4. Evolution du secteur
L’objectif de cette dernière partie d’étude, l’évolution des secteurs78, est
d’appréhender l’évolution du secteur au regard de ses processus d’évolution et d’en
analyser les conséquences pour les constructeurs et leurs clients. Les principaux
déterminants de changement proposés dans le cadre théorique de Michael PORTER
sont regroupés dans deux dimensions de changement :
9 l’innovation dans les produits : Les cycles technologiques sont associés à trois
périodes historiques de la normalisation79 du secteur : H320, H323 et SIP ;
9 les nouveaux segments de la clientèle : La pénétration des accès au réseau et
la croissance des usages augmentent le potentiel démographique du secteur.
De 1997 à 2004, après sept ans de croissance molle (9% de moyenne annuelle), le
revenu global du secteur de la visioconférence progresse de 30% sur l’année 2007
et de 22% sur les quatre dernières années80. Les prévisions pour 2008 sont moins
bonnes, suite au ralentissement de l’activité américaine et malgré le maintien de
l’activité en Europe, avec une prévision de taux de croissance consolidé de 20%. Les
pays émergents, la Chine et l’Inde, continuent de tirer la croissance mais sans
assurance de durabilité pour 2009.
78
Lire le rappel du cadre théorique de Michael PORTER en ANNEXE C
Lire ANNEXE F
80
Worldwide growth rate in Information and analysis on unified communication, Wainhouse Research
Collaboration submmit BERLIN 2008
79
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 49
4.1. L’innovation dans les produits
L’innovation dans les produits de visioconférence dépend de l’extension des cœurs
de réseau et des boucles d’accès ISDN et IP. Les cycles de vie des produits et leur
renouvellement sont liés à l’adoption des nouvelles normes H320, H323, SIP. Les
périodes historiques du secteur s’enchaînent sur des cycles de dix ans, pour le
secteur de la visioconférence stricto sensu.
4.1.1. L’évolution des produits complémentaires
Du point de vue des réseaux d’accès, la demande pour les services de
visioconférence IP est mécaniquement tirée par le déploiement de l’offre ADSL81 et
l’avancée du dégroupage.
Du point de vue des terminaux, le doublement des capacités des micro-ordinateurs
tous les 18 mois82 augmente les capacités des ordinateurs de bureautique à traiter
les données multimédia et les applications vidéo. Le doublement des capacités et
l’optimisation des algorithmes de compression de la vidéo pour des débits plus
faibles banalisent la visioconférence sur le poste de travail.
4.1.2. Les cycles technologiques
Les cycles technologiques favorisent le remplacement des produits et sont des relais
de croissance lorsque la phase de déclin est atteinte. En 1995, la vente des
terminaux H320, limitée un temps par la pénétration du réseau NUMERIS en France,
amorçait un déclin lorsqu’un nouveau relais de croissance a été trouvé avec le
déploiement des réseaux IP et l’adoption de H323. Depuis 2005, le protocole SIP
amorce un nouveau cycle de vie des produits. Dans ce cycle, la visioconférence
n’est plus un stand alone83 mais devient a feature84 intégrée au système d’information
et de communication unifiée des organisations.
81
Rappel : 25 millions d’abonnés haut débit en France avec un taux de croissance annuel de 25%
Loi de Moore
83
Stand-alone est une application à part entière
84
Caractéristique fonctionnelle d’un programme ou d’une application
82
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 50
Figure 21 : Le cycle de vie des produits vu selon les trois étapes de l’histoire de la
visioconférence
Ci-dessous, le détail des trois phases historiques du secteur, associées à l’évolution
des réseaux, la normalisation des protocoles, le renouvellement des produits :
1985 – 1995
Intensité de la concurrence faible dans le secteur de la visioconférence H320 sur le
réseau téléphonique commuté numérisé (ISDN). Monopole public de l’opérateur
historique pour les services d’accès et d’interconnexion aux réseaux numériques.
Seul les terminaux sont ouverts à la concurrence mais avec la formation d’un
oligopole public/privé : filiale de commercialisation EGT et équipementiers ALCATEL
et SAGEM.
1995 – 2005
Extension des limites du secteur aux équipements de réseaux IP pour le déploiement
des services de visioconférence H323 dans les réseaux d’entreprise. Entrée de
nouveaux acteurs experts de la vidéo sur Internet, des firmes de R&D qui
développent une politique de licence sur la compression numérique pour la fourniture
de logiciels de visioconférence et l’intégration de la voix et de l’image sur IP.
Depuis 2005
Nouvelle extension des limites du secteur avec l’unification des moyens de
communication de l’entreprise sur le réseau IP et le protocole SIP : la téléphonie, la
messagerie, les applications de travail coopératifs et la visioconférence.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 51
4.2. La modification dans les segments de la clientèle
4.2.1. La démographie
La croissance démographique est le résultat de l’ouverture de nouveaux marchés
géographiques dans les pays émergents, en Chine principalement85. Sur les
territoires déjà couverts, l’extension des réseaux IP avec l’évolution des accès ADSL
en boucle locale augmente le potentiel démographique de la clientèle des PME.
S’ajoute, au sein des grands comptes utilisateurs de visioconférence, les couches
intermédiaires qui sont les nouveaux utilisateurs de la voix et des services vidéo sur
IP ainsi que de nouvelles applications verticales.
Figure 22 : WAINHOUSE RESEARCH - WR Collaboration Summit BERLIN 2008
4.2.2. L’évolution des besoins
Les besoins de réunion à distance évoluent considérablement avec la globalisation
des activités et l’éclatement géographique des organisations86. La communication
corporate a besoin de différencier ses messages avec des outils de communication
et de production intégrant de la vidéo de bonne qualité87. La vidéo sur Internet se
banalise88. Cette nouvelle demande pour la vidéo fait émerger un nouveau marché
85
Selon WAINHOUSE RESEARCH il se vend actuellement six fois plus de terminaux de
visioconférence en Chine qu’en France sur une même période
86
NEMERTES RESEARCH estime que le nombre de travailleurs virtuels a augmentés de 800 % ces
cinq dernières années
87
Livre blanc de BRAINSONIC sur l’impact du rich media sur la communication corporate
88
Plus de 8 internautes sur 10 ont déjà consultés une vidéo au moins une fois sur Internet. HARRIS
INTERACTIVE, janvier 2008,
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 52
pour des outils de visioconférence en haute définition et incite les sociétés à ajouter
de la vidéo de qualité à leur service de web conférence. Par contre, l’augmentation
du coût des déplacements professionnels n’a pas encore d’incidence sur le taux de
pénétration de la visioconférence89.
4.3. L’extension des limites du secteur
L’innovation technologique a pour conséquence d’étendre les limites du secteur de la
visioconférence, de définir un nouveau secteur plus vaste, celui des communications
unifiées : doubler le nombre des acteurs et multiplier par dix les revenus du secteur90.
Figure 23 : extension du secteur de H.320 à H.323 et SIP
L’élargissement du périmètre, de la visioconférence aux communications unifiées, a
des conséquences sur la concurrence entre les acteurs du secteur : clients,
fournisseurs, nouveaux arrivants, firmes produisant des produits de remplacement.
89
La visioconférence n’est pas un substitut du voyage professionnel : progression du trafic mondial de
50% en dix ans - direction de l’aviation civile
90
De H323 à SIP, de 2.027 millions de dollars à plus de 20.000 millions de dollars
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 53
4.4. Les conséquences sur les acteurs du secteur
H.320
H.323
SIP
Segment de clientèle
Segment de clientèle
Nouveaux segments
réduit : nb. limité de
élargi : tous les grands
de clientèles : PME,
grands comptes
comptes
TPE, SOLO
Monopole publique du
Oligopole de quelques
Infrastructures VoIP
réseau et oligopole des
sociétés (infrastructures
et communications
équipementiers privés
et terminaux)
unifiées
Carte fille de
Logiciels de
Services Web
visioconférence
visioconférence, web
hébergés sur réseaux
associée à un logiciel
conférence
privatifs
NOUVEAUX
Ouverture du marché
Ouverture du marché des
Externalisation des
ARRIVANTS
des terminaux
réseaux (interconnexion
services de
(PICTURETEL, VCON)
IP et boucle locale ADSL)
visioconférence
CLIENTS
FOURNISSEURS
PRODUITS DE
REMPLACEMENT
Tableau 4 : nouvelles forces de la concurrence
La colonne de droite du tableau donne une image des forces concurrentielles en
présence en 2008 avec l’implémentation de SIP dont l’objectif est d’interconnecter
les terminaux de visioconférence à l’ensemble des autres services de communication
en utilisant le Web comme vecteur de mise en réseau. En unifiant les services H.323
de visioconférence à l’ensemble des flux de travail et de communication de
l’entreprise (messagerie, téléphonie, partage de documents), SIP crée une situation
inédite pour ce secteur qui a toujours limité l’interconnexion entre les équipements.
Bénéficiant, des effets directs de réseau de l’Internet et du web, le secteur est appelé
à un fort développement et des changements importants avec des conséquences sur
l’avenir les constructeurs et sur les choix d’investissement des clients finals.
4.4.1. Les conséquences pour les constructeurs
Pour les constructeurs, l’interconnexion de leurs produits de visioconférence H.323
avec les services SIP ouvre des nouveaux potentiels de clientèle mais en contre
partie intensifie la concurrence. Cependant, ne pas choisir l’interconnexion est à
courts termes s’isoler et disparaître. Le conseil à donner aux firmes est de s’allier
avec les opérateurs de VoIP, être référencées dans les offres de communication
unifiée, d’adapter rapidement les produits au nouveau protocole SIP si ce n’est pas
déjà fait. Egalement, la concurrence des services externalisés risque de peser sur
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 54
les revenus actuellement générés par l’adaptation des réseaux d’entreprise aux
services de visioconférence internalisés91. Cette diminution prévisible du revenu peut
être mécaniquement relayée par la constitution d’un nouveau segment de marché
pour la fourniture d’équipements d’interconnexion des réseaux privatifs des
hébergeurs de services externalisés. En effet, avec la montée en intensité de la
concurrence entre hébergeurs, ces nouveaux opérateurs auront la nécessité d’offrir
une excellente qualité de service pour proposer de la vidéo.
4.4.2. Les conséquences pour les clients
Pour l’utilisateur final, le choix de l’externalisation fait disparaître les freins
technologiques (incertitude de l’interconnexion) et d’usage (difficulté de mise en
œuvre) au profit des moteurs de l’externalisation (flexibilité de l’offre, facilité
d’usage). Pour le financeur, la possibilité est donnée de faire le choix de
l’externalisation des coûts fixes au profit des coûts de fonctionnement proportionnels
aux besoins des utilisateurs : par abonnement ou à la connexion. Pour l’exploitant, la
maintenance se limite à la mise à jour des clients légers sur les postes de travail.
Pour tous, l’interconnexion des terminaux H.323 aux plateformes SIP valorise les
investissements existants et améliore le taux de connexion des terminaux. Lorsqu’il y
a unification des services de réseau et des annuaires, le sentiment d’utilité de la
visioconférence et des équipements en place bénéficie de l’effet direct de réseau.
Les services hébergés créent une nouvelle situation de concurrence qui bénéficie à
l’utilisateur final. Le financeur a tout intérêt à utiliser son pouvoir de négociation en
comparant le TCO92 d’un système de visioconférence internalisé aux coûts des offres
commerciales des hébergeurs.
91
En rappel, ce marché représente un revenu de 510 millions de dollars
Le coût total de possession, en anglais TCO : Total Cost of Ownership, est un coût qui intègre tous
les éléments constitutifs d'un produit manufacturé
Le TCO doit inclure :
* le coût des matières premières ;
* le prix d'achat éventuel, les mensualités pour une location, les frais financiers ;
* les dépenses de mise en route (installation, formation...) ;
* les dépenses de fonctionnement (fonction de l'usage prévu) ;
* les dépenses d'entretien régulier ;
* les dépenses liées à la sécurité et à la qualité ;
* les dépenses d'arrêt de fonctionnement (dépollution, démontage...) ;
* les dépenses de retrait éventuel (reprise du matériel), ou la recette liée à la revente,
* les dépenses liées aux équipements et logiciels informatiques et aux conseils associés.
92
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 55
5. Conclusion
Depuis 1990, la croissance du secteur s’est heurtée aux freins d’adoption du fait de
la complexité de la technologie et de sa mise en œuvre :
9 la difficulté technique d’intégrer un service de visioconférence dans le système
d’information d’une entreprise du fait de la complexité des normes et des
protocoles ;
9 l’incertitude technologique qui pèse sur les choix d’investissement pour les
prescripteurs de l’entreprise avec des coûts fixes importants : Est-ce la bonne
technologie ? Est-elle là pour longtemps ?
9 la difficulté d’usage pour l’utilisateur final qui n’a pas la connaissance
technique de son environnement de travail et qui nécessite une technicité du
niveau d’un ingénieur réseaux et systèmes ;
9 l’absence
d’externalité
directes
de
réseau
du
fait
des
problèmes
d’interconnexion des terminaux qui ne donne pas une bonne image d’utilité à
l’utilisateur final et au financeur.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 56
Depuis 2005, le secteur de la visioconférence est entré dans un nouveau cycle
technologique, celui de l’interconnexion des terminaux à Internet et aux services web
avec l’adoption du protocole SIP93.
L’interconnexion des terminaux de visioconférence aux passerelles H323 et SIP a
pour objectif d’unifier les moyens de communication, de lever les freins à l’utilisation
de la visioconférence, de généraliser la vidéo au sein du système d’information.
Cette étude sectorielle s’est attachée à rechercher les conséquences94 de ce new
deal technologique sur la concurrence à l’intérieur du secteur et à en montrer les
effets :
9 L’interopérabilité des équipements augmente l’intensité de la concurrence à
l’intérieur du secteur95 ;
9 L’ouverture des standards crée de nouvelles menaces de substituts
commercialisés par de nouveaux entrants96 ;
9 La multiplication des offres technologiques renforce le pouvoir de négociation
des clients97 ;
9 La dématérialisation des terminaux au profit de logiciels clients serveur
favorise de nouveaux modèles économiques98.
Cette étude de secteur révèle également les nouvelles opportunités de marché pour
les services de visioconférence hébergés99 qui pourraient êtres évaluées dans le
cadre d’une étude focalisée des besoins des DSI pour ce type de services.
93
Figure 21, page 51
Tableau 4, page 54
95
Figure 2, page 22
96
Figure 20, page 47
97
Elasticité de la demande, page 19
98
SKYPE et WEB EX, pages 33 à 35
99
Pages 16 et 17
94
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 57
6. Bibliographie
PORTER Michaël. Choix stratégiques et concurrence. Techniques d’analyse des
secteurs et de la concurrence dans l’industrie. Economica, 1990. 426 p.
SHAPIRO C. et VARIAN H.R. Economie de l’information. Bruxelles : De Boeck,
1999.
RALLET Alain, Les deux économies de l’information. Réseaux, 2000, n°100, 31 p.
ROCHELANDET Fabrice, MBO’O IDA Michèle Francine. Les enjeux économiques
de l’interopérabilité. Revue Lamy – Droit de l’immatériel, ADIS-Aneis, 2007, 11 p.
BRIANTAIS Eric, LARHER Tanguy. Visioconférence : les échanges multimédias en
multipoints. Note technique CNDP, 1998, 36 p.
BRIANTAIS Eric, LARHER Tanguy. Les accès à haut débit. Note technique CNDP,
1999, n°37, 36 p.
Jean-François PINCHON. La visioconférence en haute définition, Etat de l’art 2006.
IRIS Ressources, 2006, 68 p.
SONDAGE HARIS INTERACTIVE (07/01/2008). Les nouveaux usages de la vidéo
des internautes français. Communiqué de presse, p. 1-3
Anne CONFOLANT. Rich media : quelles applications favorites pour les
entreprises ? L’atelier, 2006
Jean-Louis BENARD et Margaux MISSKA. E-commerce de nouvelles armes pour
faire face à la concurrence. Livre Blanc BrainSonic, 2007, p 1-47
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 58
Andrew W. DAVIS. Visual communications : hypes and reality. Information and
analysis on unified communications. WR Collaboration Summit, Berlin2008
The WAINHOUSE RESEARCH Bulletin, www.wainhouse.com/bulletin
Rapports annuels des sociétés du secteur :
-
ADOBE Systems, Inc. Annual Report 2007, 124 p.
-
CISCO Systems, Inc. Annual Report 2007, 79 p.
-
eBay Inc. Annual Report 2007, 128 p.
-
TANDBERG. Annual Report 2007, 94 p.
-
POLYCOM, Inc. Annual Report 2007, 128 p.
-
SONY. Annual Report 2007, 117 p.
-
RADVISION. Annual Report 2007, 8 p.
-
ZONE IP-LtD (VCON), Annual Report 2007, 8 p.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 59
ANNEXE A : Le cadre théorique 1
Michael PORTER a identifié cinq forces plus une – le rôle des Etats – qui influencent
durablement l’attrait d’un secteur économique. Chacune de ces forces constitue une
menace pour la firme déjà présente tout comme les firmes qui ont le projet d’entrer
dans le secteur :
-
La menace liée à l’intensité de la concurrence : une forte concurrence
risque de réduire les marges et diminue la rentabilité du secteur. Cette
situation de mise en tension de la concurrence conduit généralement à une
guerre des prix qui aboutit à une dégradation de la rentabilité de l’ensemble
du secteur.
-
La menace liée aux nouveaux entrants : des barrières à l’entrée peu
élevées attirent de nouveaux concurrents et intensifient la concurrence. Les
barrières à l’entrée peuvent être de nature très différente dans un secteur.
Technologique : le brevet, le savoir-faire spécifique. Financiers : une industrie
réclamant un fonds d’amorçage important, les coûts de fabrication et de
distribution, marketing. Les obstacles à la sortie sont également à prendre en
compte par la mesure des sunk costs100.
-
La menace liée aux produits de substitution : l’identification des produits
de remplacement consiste à chercher dans d’autres secteurs (proches ou
d’apparence éloignés) les autres produits qui peuvent remplir les mêmes
fonctions que le produit du secteur. Ces produits de remplacement entre en
concurrence et limitent les rendements potentiels du secteur. Plus les produits
de remplacement offrent des possibilités intéressante au niveau du prix plus le
plafond auquel se heurtent les profits du secteur est résistant.
-
La menace liée au pouvoir de négociation des clients : ce risque existe
lorsque la firme a un portefeuille avec un nombre réduit de clients. Ainsi une
entreprise qui vend ses produits à un nombre limité de clients devient très
vulnérable car le défaut d’un seul client représentant une part importante de
son chiffre d’affaire peut générer des difficultés financières et mettre la firme
100
Dépenses induites par la création d'activités nouvelles dont le coût ne peut être récupéré en cas de
sortie du secteur (R&D, formation, marketing, déploiement de réseaux commerciaux...).
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 60
en péril. Dans cette éventualité la firme perd tout pouvoir de négociation face
à son client qui peut lui imposer ses conditions101.
-
La menace liée au pouvoir de négociation des fournisseurs : les
fournisseurs disposent d’un pouvoir de négociation à l’égard des firmes du
secteur en menaçant d’augmenter leurs prix ou de réduire la qualité des
produits et des services achetés. Des fournisseurs puissants ont la possibilité
de comprimer la rentabilité d’un secteur si celui-ci est incapable de récupérer
dans ses prix les hausses de coût.
-
Le rôle de l’Etat : l’Etat peut influer sur les cinq forces de la concurrence du
secteur par le biais de la réglementation, des subventions ou d’autres moyens
comme la commande et l’achat via les appels d’offre publiques. L’Etat peut
également influer sur la rivalité entre concurrents en influant sur la croissance
du secteur, la structure des coûts, au moyen de réglementations.
Les forces de la concurrence qui définissent l’attractivité du secteur sont présentées
dans le schéma suivant repris de l’ouvrage théorique de Michael PORTER :
Figure : Les forces qui commandent la concurrence au sein d’un secteur
Techniques générales d’analyse de M. PORTER
101
Par exemple, les centrales d’achat de la grande distribution face aux petits producteurs.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 61
ANNEXE B : Le cadre théorique 2
Michael PORTER définit cinq étapes principales pour analyser l’intensité de la
concurrence entre les groupes stratégiques à l’intérieur du secteur.
Dans la première étape, caractériser les stratégies des principaux concurrents sur 13
dimensions stratégiques de lutte et de résistance :
1. La spécialisation : concentrer l’effort en ce qui concerne l’étendue de la
gamme de produits, les segments de clientèle, les zones géographiques.
2. L’image de marque : rechercher d’une image de marque plutôt que d’une
concurrence fondée essentiellement sur le prix ou d’autres variables.
3. Attirer ou inciter : s’adresser directement à l’utilisateur final ou s’appuie sur les
circuits de distribution pour vendre le produit.
4. Sélection du circuit de distribution : posséder ses propres circuits de
distribution, d’utiliser des circuits spécialisés de détaillants ou des circuits à
vocation générale.
5. La qualité du produit : quelle est la qualité du produit.
6. La domination technologique : chercher à prendre la tête en matière de
technologie ou se contente de suivre et d’imiter.
7. L’intégration verticale : le degré d’intégration en amont et en aval (réseau de
distribution captif, réseau de services internes).
8. La situation dans le domaine des coûts : chercher à minimiser les coûts dans
les domaines de la fabrication et de la distribution.
9. Les services : offrir des services annexes par rapport à la gamme de produits
comme l’assistance technique, des crédits, etc.
10. La politique de prix : comment se situe la politique de prix sur le marché.
11. L’influence : pression qui s’exerce sur les finances et le fonctionnement de la
firme.
12. Les rapports avec la société mère : le degré d’autonomie de l’unité avec la
société mère influe sur les ressources et les objectifs.
13. Les rapports avec les autorités publiques : quelles sont les relations entre la
firme son pays d’origine et son pays de marché
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 62
La mesure de l’intensité des dimensions stratégiques de chaque acteur permet de
positionner les firmes par groupe stratégique sur une carte du secteur.
Dans la deuxième étape, évaluer le niveau et la structure des obstacles à la mobilité
qui protègent chaque groupe.
Dans la troisième étape, évaluer le pouvoir de négociation relatif à chaque groupe
face à ses clients et ses fournisseurs.
Dans la quatrième étape, évaluer la situation relative de chaque groupe face aux
produits de remplacement.
Dans la cinquième étape, évaluer les interactions entre groupes et la vulnérabilité
aux attaques des autres groupes selon quatre facteurs :
9 Le chevauchement des clientèles
9 La différenciation des produits
9 Le nombre de groupes et leur taille
9 La distance entre groupes
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 63
ANNEXE C : Le cadre théorique 3
Michael PORTER donne les instruments d’analyse qui permettent de prédire
l’évolution d’un secteur à partir de l’étude de 13 processus d’évolution généraux aux
secteurs :
9 Evolutions dans la croissance ;
9 Modification dans les segments de la clientèle ;
9 Apprentissage des acheteurs ;
9 Réduction de l’incertitude ;
9 Diffusion des connaissances en propre ;
9 Accumulation de l’expérience ;
9 Expansion de l’échelle de production ;
9 Modification des coûts et des taux de change ;
9 Innovation dans le produit ;
9 Innovation dans les procédés ;
9 Changements structurels dans les secteurs voisins ;
9 Modification de la politique gouvernementale ;
9 Entrées et sorties.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 64
ANNEXE D : Quelques définitions
La visioconférence
On appelle visioconférence la technologie multimédia qui permet à deux ou plusieurs
interlocuteurs distants de communiquer en temps réel par l’intermédiaire d’un
dispositif de sonorisation et de visualisation (écrans, téléviseurs) et de travailler sur
des documents communs (textes imprimés, photographies, médias audiovisuels ou
informatiques…). La mise en relation de deux groupes de personnes grâce à l’image
et au son s’appuie sur deux entités technologiques distinctes : d’une part, un réseau
de transmission et d’autre part, des équipements et des terminaux spécifiques pour
les utilisateurs. Des dispositifs particuliers ont été développés pour permettre des
relations entre plusieurs groupes (liaison multipoint).
Les équipements pour les utilisateurs sont placés aux points terminaux. Tous les
équipements reposent sur les mêmes principes de base, même s’ils ne s’appuient
pas exactement sur les mêmes normes. Un dispositif de visioconférence, qu’il soit
construit autour d’un micro-ordinateur pour un usage individuel ou autour
d’équipements spécifiques pour une utilisation collective, est formé de la même série
de composants :
-
une (ou plusieurs) caméra,
-
un (ou plusieurs) microphone,
-
les codecs,
-
les dispositifs de visualisation (téléviseurs, moniteurs, vidéo projecteur, écrans
numériques),
-
l’interface réseau,
-
des éléments annexes (pont, passerelle, gatekeeper…) sont ajoutés lorsque
des fonctionnalités plus étendues seront nécessaires.
La visioconférence haute définition
La visioconférence HD repose sur des technologies similaires à celles de la
télévision haute définition, du moins en ce qui concerne le traitement numérique des
images et des sons : MPEG-4 et plus précisément de la norme H264 pour la
compression des images. Tous les fabricants d'équipements de visioconférence en
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 65
haute définition ont, sans exception, adoptés cette norme pour la vidéo. Pour l'audio,
on s'appuie également sur des codecs spécifiques et performants afin d'offrir une
restitution de haute qualité. A l'opposé de la vidéo, pour laquelle le codec H.264 a fait
la quasi unanimité, les techniques d’encodage de l'audio se sont orientés dans deux
directions différentes : d'une part vers des solutions normalisées, MPEG-4 et ses
différentes déclinaisons102 et d'autre part, vers des standards propriétaires103.
La norme de la télévision numérique 720 lignes en affichage progressif (720p) a été
retenue par les constructeurs pour leurs équipements de visioconférence en haute
définition. Avec une définition de 1280 x 720 pixels, c'est 9 fois plus de pixels que
pour le format CIF104. En s'appuyant sur la norme H264, les services techniques des
différents fabricants préconisent un débit de réseau minimal de 1 ou 2 Mb/s pour
réaliser une conférence en haute définition. Sur les équipements commercialisés, les
débits maximums annoncés sur IP sont compris entre 4Mb/s pour AETHRA et 8
Mb/s pour SONY. Plus le débit est élevé et meilleure est la qualité de la conférence.
La TELEPRESENCE
Comme pour la visioconférence en haute définition, la norme de compression vidéo
H264 est utilisée dans tous les systèmes de TELEPRESENCE. TANDBERG, a pour
sa part développé une variante particulière : RCDO105. L'audio devra être également
de très haute qualité. Les codecs utilisés dans les dispositifs en haute définition et
évoqués plus haut sont utilisés dans les équipements de TELEPRESENCE. Pour
tous ces systèmes, les volumes des données numériques échangés sont très
importants : compris entre 6 et 10 Mb/s et plus par site. Les performances
nécessaires pour parvenir à un niveau de qualité optimal pour créer l’impression
d’immersion recherchée impliquent donc des coûts importants de périphériques HD,
le terminaux HD, de mise à niveau du réseau IP, qui font monter le ticket d’entrée de
ces solutions de 10 à 40 fois celui de la visioconférence standard106.
102
Le MPEG-4 AAC-LD pour les matériels TANDBERG ou AETHRA, MPEG-4 AAC LC pour les
équipements SONY.
103
Le Siren14 ou Siren22 pour les équipements POLYCOM.
104
Le format CIF (Common Intermediate Format), préconisé par la norme H261, composante vidéo de
la norme H320, assure un débit de 15 images/seconde avec une résolution de 288 X 352 pixels.
105
Reduced-Complexity Decoding Operation (RCDO) est spécifié comme étant un mode séparé de
H264 et il est distinct de tous les profils définis dans H264. C’est une technologie proposée par
Tandberg Telecom. Elle permet de réduire la complexité du décodeur de 25 à 30 % et celle de
l’encodeur de 10% à 15 % pour une augmentation du débit inférieure à 5%.
106
Prix liste observé dans une fourchette de 50 K€ à 300 K€.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 66
ANNEXE E : Les fondamentaux techniques
La compression numérique
C’est le cœur de métier des constructeurs de terminaux et le premier enjeu de la
concurrence entre les marques. Maîtriser les algorithmes de compression permet à
la firme de conserver un avantage compétitif et de se différencier des autres. Les
images vidéo exigent des débits importants comparativement aux autres médias.
Des technologies spécifiques ont été développées afin de diminuer le débit, la
quantité d’informations devant être transmise, pour être compatible avec les
capacités des lignes de transmission utilisées. Cette réduction s’accompagne le plus
souvent d’une altération de la qualité des images et de leur fréquence de défilement.
On appelle CODEC l’entité chargée de la CO-mpression des données audio ou vidéo
dans un sens (à la prise de vue) et de leur DEC-ompression dans le sens contraire
(pour en permettre l’affichage). Plus le débit est élevé et meilleure sera la qualité de
la restitution, l’idéal étant d’obtenir la meilleure qualité possible pour un débit qui
reste le plus faible. Pour garantir le bon fonctionnement du couple compression
décompression, les équipements distants doivent utiliser des protocoles de
communication et des algorithmes de traitement des images et des sons identiques.
C’est le rôle des standards et de la normalisation internationale de garantir
l’interconnexion entre les terminaux de visioconférence : l’interopérabilité. Différents
codecs sont proposés dans les normes. Ils sont différents pour l’audio et pour la
vidéo.
Les codecs audio
Les codecs pour l’audio ont pour nom générique G7xx. : G711 est peu utilisé,
G723.1, G728, G729 le sont davantage. Ces codecs diffèrent par le débit nécessaire
pour obtenir le niveau de qualité de la téléphonie améliorée. G722 permet une
restitution de meilleure qualité avec une bande passante atteignant 7 KHz, offrant de
ce fait un bon confort d’écoute. La version G.722.2 permet d’obtenir la bonne qualité
pour des débits pouvant aller jusqu’à 6,6 Kb/s. Il existe également des codecs
propriétaires107, par exemple, le codec TDAC développé par France Telecom qui
offre une bande passante de 7 KHz. De nouveaux codecs plus performants ont été
107
Standard sous brevet d’un industriel à opposer à la normalisation collective
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 67
développés récemment. La société POLYCOM a ainsi implémenté sur ces matériels
la technologie VSX Siren 14 qui permet d’obtenir un son de qualité optimale avec
une bande passante de 14 KHz. Une restitution stéréophonique est également
disponible sur certains modèles. TANDBERG a pour sa part intégré un codec AACLD108. AAC est un codage standardisé par l'ISO109 et faisant partie de la spécification
MPEG-4110. Sa particularité est d’offrir des encodages de qualité avec un temps de
calcul très court. Il convient donc particulièrement bien pour des applications
bidirectionnelles comme la visioconférence.
Les codecs vidéo
Pour la vidéo, trois normes de compression sont utilisées. H261, la plus ancienne, a
été élaborée par le CCITT111 entre 1988 et 1990. Elle a été développée à l’origine
pour une utilisation sur RNIS. La norme H263, plus récente et plus performante, est
plus adaptée aux communications à faible débit sur les réseaux informatiques IP.
Des développements récents ont été réalisés en direction de la norme MPEG-4, plus
particulièrement vers H264, qui apporte des gains de qualité importants. Pour des
débits inférieurs à 1 Mb/s, ce codec délivre un niveau de qualité d’image 60 %
supérieur à celui du MPEG-2 utilisé pour la télévision numérique ou le DVD. Appliqué
à la visioconférence, il offre à qualité d’image égale avec une réduction importante
des débits. Pour pouvoir profiter pleinement des avantages de H264, il faut que ce
codec soit présent aux deux extrémités de la chaîne, faute de quoi le système
basculera automatiquement sur un autre codec, H263 par exemple.
Les réseaux
Le réseau de transmission assure l’acheminement de toutes les informations
nécessaires à la conférence à distance : les images, les sons, les données
informatiques, les signaux de services. Traditionnellement, cette fonction s’opérait
via le Réseau Numérique public, connu en France sous le nom commercial de
NUMERIS. Avec le développement de l’Internet et des réseaux d’entreprises, on
assiste aujourd’hui à une véritable montée en puissance de dispositifs qui s’appuient
108
Advanced Audio Coding Low Delay.
International Organisation for Standardisation.
110
MPEG-4 (ISO/CEI 14496), introduit en 1998, est une norme de codage d’objets audiovisuels
spécifiée par le Moving Picture Experts Group. Les usages de MPEG-4 englobent toutes les nouvelles
applications multimédias comme le téléchargement et le streaming sur Internet, le multimédia sur
mobile, la radio numérique, les jeux vidéo, la télévision et les supports haute définition.
111
Comité Consultatif International Télégraphique et Téléphonique remplacé par l'UIT-T
109
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 68
désormais sur les protocoles utilisés pour Internet, plus communément nommés over
IP pour indiquer le transfert sur le protocole Internet (IP).
Le réseau Numeris
Le réseau de télécommunication numérique de France Telecom, RNIS pour Réseau
Numérique à Intégration de Service, en anglais ISDN112, plus connu en France sous
le nom commercial de NUMERIS, est disponible en France depuis le début des
années 1990. C’est un réseau numérique de bout en bout par opposition au réseau
téléphonique (RTC) où les liaisons terminales avec l’usager sont toujours
analogiques et le débit y est garanti. L’offre se découpe en accès de base qui
comprend deux canaux B de 64 kb/s pour les données, un débit utile de 128 Kb/s, et
un canal D pour la signalisation de 16 Kb/s. Des débits supérieurs, 256 Kb/s ou 384
Kb/s, sont possibles par agrégat de plusieurs accès de base. Des couplages plus
importants sont également réalisables avec un accès primaire qui comprend 30
canaux B à 64 Kb/s pour un débit utile total de 2 Mb/s. La qualité des images et des
sons est directement dépendante du débit du réseau de transmission : plus il sera
élevé et meilleure sera la restitution. Pour obtenir une fluidité correcte des images, il
est nécessaire d’opter au minimum pour une liaison à 384 Kb/s.
A l’image d’une communication téléphonique classique, on établit une connexion
temporaire pour mettre en relation les interlocuteurs distants113. Elle permet
l’établissement d’un chemin direct qui est dédié à la communication entre les points
participants. Toutes les données vont suivre le même chemin pendant toute la durée
de la session. La qualité de service est assurée : le débit est garanti, la qualité des
images et des sons n’est pas sujette à variations, voire à des coupures.
Numéris est disponible sur abonnement auprès de France Télécom. Le RNIS est
pratiquement disponible dans le monde entier et est normalisé. Comme pour le
téléphone, les communications sont facturées en fonction de la durée de la
communication et de la distance. Le coût est également proportionnel au nombre de
canaux B utilisés. De ce fait, dans la majorité des cas, les débits adoptés ne
dépasseront pas 384 Kb/s.
112
Integrated Service Digital Network
La commutation de circuits est à opposer à la commutation de paquets de données sur les réseaux
informatiques.
113
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 69
Les réseaux IP (Internet Protocole)
Le terme visioconférence sur IP est utilisé pour désigner des visioconférences qui
s’appuient à la fois sur les technologies d’Internet mais aussi sur celles des réseaux
privés ou locaux d’entreprise. A l’inverse de Numeris, la visioconférence sur IP
repose sur des principes techniques totalement différents. Cette technologie apporte
de nombreux avantages mais engendre aussi des inconvénients spécifiques. La
visioconférence sur IP utilise une infrastructure qui n’a pas été conçu à l’origine pour
des applications vidéo. Que ce soit sur Internet ou dans le cadre du réseau
informatique d’une organisation, les lignes utilisées sont parcourues par des flux de
données hétérogènes qui partagent le même canal. Le débit n’y est pas garanti d’où
le risque d’une mauvaise fluidité des images et des sons. Sur le plan qualitatif, les
problèmes de transit évoqués peuvent se matérialiser à l’écran par une dégradation
des images (apparition d’artefacts) voire leur gel ou leur disparition complète. Des
protocoles spécifiques ont été développés pour adapter les réseaux IP aux
contraintes du transport des données vidéo et audio en temps réel, ce qui fait
émergé un besoin de mise à niveau des infrastructures informatiques et l’émergence
d’un nouveau segment de produits pour les équipements de routage et de
commutation spécialisés dans la visioconférence.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 70
ANNEXE F : La normalisation
L’objectif de la normalisation des algorithmes de compression et des protocoles de
transmission est de garantir l’interopérabilité des équipements entre eux, au moins
sur les fonctions de base. C’est un domaine complexe mais incontournable pour
analyser la concurrence entre les produits et comprendre les enjeux stratégiques
pour les firmes de choisir l’interconnexion ou au contraire de limiter l’interopérabilité
de leurs équipements. Ainsi, de 1980 à 1990, l’absence de normalisation commune
entre les terminaux a limité l’interopérabilité des marques avec pour effet direct de
brider la concurrence et de limiter l’extension du secteur. L’adoption de
recommandations internationales par la majorité des acteurs de l’industrie permet de
réaliser des économies d’échelle sur les développements et sur la fabrication des
composants techniques, de bénéficier des effets de réseau direct suffisants pour
inciter les usagers à s’équiper. La normalisation est donc le facteur principal de
progression du taux de pénétration de la visioconférence114. Les procédures de
normalisation sont prises en charge par une instance internationale indépendante
sous l'égide de l'ONU. L'Union Internationale des Télécommunications (UIT) définit
plusieurs séries de recommandations pour les services de communication
audiovisuelle. L'UIT se rapproche de l'IETF (Internet Engineering Task Force) pour la
normalisation des échanges de visioconférence sur Internet.
H.320 et H.323
Pour les deux méthodes de transmission, RNIS et IP, des normes spécifiques ont été
établies afin de garantir l'interopérabilité de tous les matériels de visioconférence.
Elaborée au début des années 90, la norme H320 a été prévue pour les réseaux à
commutation de circuits et s'applique donc aux communications sur les lignes RNIS.
La norme H323 concerne les réseaux à commutation de paquets, c’est à dire
notamment les réseaux IP. Les deux normes H320 et H323 sont des normes
conteneurs qui correspondent à un assemblage de normes spécifiques pour tous les
domaines concernés : l’établissement et la gestion des communications, le contrôle
et la signalisation115, le traitement de la vidéo et de l’audio, le partage
114
L’introduction de la norme H.320 pour la visioconférence sur le RNIS a agi favorablement sur le
taux de pénétration des équipements, à deux reprises, en 1990 avec l’adoption de la recommandation
H.320 et en 1993 avec la fabrication en série des circuits H.320.
115
H225 et Q931 pour l’initialisation des appels. H245 pour la négociation des canaux audio et vidéo.
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 71
d’applications116, le contrôle des caméras distantes117 ou le fonctionnement en
multipoint118. Ces normes garantissent le bon fonctionnement des différentes phases
d’une visioconférence et l’interopérabilité entre des matériels d’origines différentes.
SIP (Session Initiation Protocol)
SIP est à l’origine un protocole téléphonique sur lequel on a ajouté la possibilité de
transmettre de la vidéo. SIP est plus récent que H323, c’est le protocole dédié aux
systèmes de voix sur IP et aux communications unifiées. Ce protocole a été
développé et normalisé sous la tutelle de l’ITU-T par opposition à H.323 qui a été
développé sous l’égide de l’IETF. Ce protocole s’implante largement dans les
entreprises grâce au succès croissant de la téléphonie sur IP. Pour la
visioconférence, SIP n’a cependant pas la richesse de H.323 avec des
fonctionnalités plus réduites119. Mais il présente l’avantage de pouvoir être déployé
avec les réseaux téléphoniques d’entreprise sur IP et sera à termes l’alternative à
H.323. L’interconnexion entre les plateformes de téléphonie SIP et les terminaux de
visioconférence H.323 pour intégrer l’existant dans les systèmes de communication
unifiée a fait émergé un nouveau besoin pour des équipements passerelles.
116
T.120 qui n’est pratiquement pas implémenté par les constructeurs hors Microsoft.
H281 en mode RNIS, H282 et H283 en mode IP.
118
H243.
119
SIP ne permet pas de faire nativement du multipoint et présente des insuffisances pour la prise à
distance des caméras.
117
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 72
ANNEXE G : Les produits
Dans le début des années quatre-vingt, l’utopie des téléphonistes120 était de
généraliser le téléphone à image, le visiophone, à l’ensemble de la population avec
un modèle d’affaire identique à celui du Minitel : fournir à l’usager un terminal unique,
celui de l’opérateur public. Vingt ans plus tard, le secteur est ouvert à la concurrence,
les terminaux puis les réseaux. Pourtant les promesses de massification ne sont
toujours pas réalisées.
Les terminaux
Partant d’une offre mono produit, le visiophone, les constructeurs de terminaux ont
étendues leur gamme pour répondre aux besoins des différents segments de leurs
clientèles : les ordinateurs et les logiciels de visioconférence, les systèmes de
groupe et les systèmes de salle, les solutions de web conférence et de
TELEPRESENCE. Le développement de nouveaux produits a été également tiré par
les innovations dans les secteurs de la micro-informatique et des réseaux.
Ci-dessous, les principales définitions des produits qui composent la gamme étendue
des constructeurs de terminaux :
-
Les visiophones : terminaux téléphoniques dédiés à la visioconférence ;
-
Les ordinateurs de visioconférence : micro-ordinateurs équipés d’une carte
codec ou d’un logiciel de visioconférence sous les systèmes d’exploitation
mac OS, Windows, Linux ;
-
Les logiciels de visioconférence : logiciels installés sur un micro-ordinateur
permettant de faire de la visioconférence sans ajout de carte supplémentaire ;
-
Les systèmes de visioconférence de groupe : équipements matériels
dédiés de visioconférence reliés au réseau pour mettre en communication un
groupe restreint de personnes ;
-
Les systèmes de visioconférence de salle : ensemble des équipements
matériels dédié à la visioconférence et intégré à l’échelle d’une salle avec ses
périphériques audio-visuels et informatiques ;
120
Terme consacré pour définir l’employé du téléphone. Cette image ancienne de la commutation
manuelle du central téléphonique est utilisée ici comme contraste historique avec la numérisation
actuelle du réseau et le développement des services de visioconférence
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 73
-
Les systèmes de visioconférence d’intégration : boitiers codec121 de
visioconférence intégré par un spécialiste dans une installation technique
complexe ;
-
La TELEPRESENCE : systèmes de visioconférence en haute définition avec
tous les avantages de cette technologie, aussi bien en vidéo qu'en audio pour
créer une impression d’immersion totale dans l’environnement distant.
Les équipements d’infrastructure
A partir de 1996, le développement de la visioconférence IP sur les réseaux
d’entreprise et le réseau publique Internet a ouvert un nouveau marché pour les
équipements d’infrastructure réseau permettant de déployer les services de
visioconférence H.323122 et d’installer les passerelles entre le réseau privé IP et le
réseau public téléphonique.
-
Les ponts multipoints (MCU) : unité de traitement placée dans une
infrastructure réseau qui met en communication plusieurs terminaux distants ;
-
Les passerelles (GW) : unité de traitement placée dans une infrastructure
réseau qui permet d’établir des visioconférences entre les réseaux IP (H.323)
et le réseau RNIS (H.320)123 ;
-
Les
logiciels
conférences :
de
réservation,
logiciels
serveurs
de
qui
planification,
de
gestion
administrent
un
ensemble
des
de
conférences et leur planification ;
-
Les serveurs d’enregistrement et de streaming : logiciels serveurs qui
donnent la possibilité de conserver un enregistrement de la conférence et de
la diffuser sur Internet ;
-
Les serveurs de web conférence : outil de collaboration synchrone qui
échange de la voix, des données et de l’image vidéo dans le cadre de
conférences sur le Web.
121
Codeur et DECodeur
Lire dans Fondamentaux de la visioconférence la définition des normes H.320 et H.323
123
Idem
122
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 74
ANNEXE H : Les marchés
Le secteur de la visioconférence est formé de trois segments de clientèle : les grands
comptes publics, les grands comptes privés et le PME, les particuliers. Le secteur
peut également être segmenté par grandes applications verticales : la santé,
l’enseignement, la banque, etc.
Les grands comptes publics
Il s’agit du marché des solutions professionnelles de visioconférence pour des
applications initiées et financées par les Etats dans le cadre de politiques publiques
volontaristes. L’objectif est généralement de désenclaver un territoire mal desservi
par les services publics et plus généralement de développer l’usage du numérique124.
Trois applications verticales principales :
-
L’enseignement et la recherche : le déploiement des réseaux académiques
pour l’extension du télé-enseignement, la certification de diplôme entre
plusieurs universités, le travail à distance de groupes de recherche125.
-
La santé : a minima une unité de télémédecine est déployée dans tous les
centres hospitalo-universitaires pour effectuer des diagnostiques à distance
entre services et pour compléter l’enseignement des internes à partir de cas
réels. C’est un marché de niche pour la visioconférence en haute définition.
-
La justice : en 2007, le ministère de la Justice a lancé l'expérimentation du
Point visio-public. C’est un accueil administratif virtuel équipé d'un accès à
Internet. Le citoyen peut effectuer ses démarches, consulter des informations
directement à l'écran, recevoir des documents, les signer et dialoguer avec un
correspondant à distance grâce au son et à l'image.
Les grands comptes privés et les PME
Il s’agit du marché des solutions professionnelles financées par les entreprises dans
le cadre de leurs besoins pour la communication, la coordination et la prise de
décision. La globalisation des échanges commerciaux et la mondialisation des
organisations sont les facteurs de développement de la visioconférence. Un nouveau
124
Exemple du réseau de visioconférence Manche Numérique en Normandie, une SAEM qui met à la
disposition des organismes publics et de leurs usagers des guichets de visioconférence.
125
Ces services sont généralement adossés à des artères IP d’interconnexion très haut débit (gigabit)
gérées par un GIP (RENATER, RAP, etc.)
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 75
segment de la clientèle des entreprises nationales et des PME s’ouvre avec le
développement des accès haut débit et la généralisation des outils de productivité en
groupe. Cinq applications verticales principales :
-
Direction
-
Recherche et développement
-
Vente et marketing
-
Echange internationaux
-
Production
Les particuliers
Il s’agit du marché des solutions non professionnelles pour le grand public dans le
cadre de l’usage familial ou de l’usage entre une entreprise et un particulier pour
accompagner les échanges B to C et C to C. La visioconférence est proposée en
plus de la communication par messagerie instantanée ou de la téléphonie126.
Deux applications verticales principales :
126
-
Banque
-
Usage familial
Le réseau MSN intègre de la visioconférence basse qualité
De la visioconférence aux communications unifiées
Page 76
ANNEXE I : Les chiffres clés du secteur
Revenu total du
2%
5%
segment des
4%
AETHRA
27%
LIFE SIZE
POLYCOM
SONY
9%
53%
terminaux de
visioconférence en
2007 calculé à partir
TANDBERG
des données
V-CON
collectées dans les
rapports annuels des
sociétés : 1.517
millions de dollars
Fig : Parts de marché dans le segment des terminaux
Revenu total du
5%
15%
segment des
7%
AETHRA
22%
LIFE SIZE
POLYCOM
RADVISION
36%
15%
équipements
d’infrastructure de
visioconférence en
TANDBERG
2007 calculé à partir
RADVISION
des données
collectées dans les
rapports annuels des
sociétés : 510
Fig : Parts de marché dans le segment des infrastructures
millions de dollars
Données rapports
1517
annuels 2007 de
510
CISCO, WEB EX,
MICROSOFT,
Terminaux
infrastructures visio
VoIP & Com Unifiées
ADOBE, SKYPE,
revenus tirés des
produits et services
de la VoIP et des
18112
services de
Communication
Unifiée pour les
Fig : Volume des revenus du secteur 2007 (millions de $)
De la visioconférence aux communications unifiées
réseaux d’entreprise
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