Informatique embarquée : Les modules processeurs au
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Informatique embarquée : Les modules processeurs au
Solutions INFO R M A T I Q U E E M B A R Q U É E Les modules processeurs se portent candidats à la Men MikroElektronik lance le format de modules processeurs ESMexpress pour répondre aux applications les plus exigeantes et souhaite en faire un standard. Il a mis l’accent sur la robustesse notamment grâce au boîtier métallique qui protège la carte processeur et évacue la chaleur auquel s’ajoutent des connecteurs de type militaire et des composants soudés. Bien entendu les températures élevées et les forts niveaux de vibrations ne lui font pas peur. Ce standard en devenir s’appuie sur les performances du bus série PCI Express, et offre le choix de plusieurs architectures processeur. Les premiers modèles commercialisés sont disponibles avec le processeur Atom d’Intel et le PowerQuick III de Freescale. L es modules processeurs se sont généralisés pour toutes applications d’électronique et d’informatique embarquée. Toutefois, les principales innovations restent l’apanage d’un nombre très réduit de constructeurs. L’allemand Men MikroElektronik est de cela. Il fut notamment à l’initiative en 2003 du format ESM. Ces modules processeurs, au format proche des PMC (PCI Mezzanine Card), utilisent un connecteur de type PC/104 pour relier le processeur à la carte porteuse. Ils présentaient déjà d’intéressantes caracL’essentiel téristiques de durcissement, mais aujourd’hui ESMexpress est une évolution du standard de avec ESMexpress, Men modules processeurs MikroElektronik franchit COMexpress, conçu pour un nouveau pas. les applications sévères ESMexpress propose ou critiques. un nouveau facteur de La carte processeur est forme compatible avec enfermée dans un caisson COMexpress (Computer métallique. Il la protège On Module express). Ce des chocs, des vibrations et dernier est un standard des décharges électromadéfini par Kontron en gnétiques, mais assure aussi 2005, aujourd’hui l’évacuation de la chaleur. soutenu par le consor Le format est en voie de tium PICMG (PCI standardisation auprès Industrial Computer du VITA. Il deviendra par Manufacturers Group). la suite Rugged System Mais c’est surtout dans on module Express (RSE, le durcissement que se ou VITA 59). trouve la réelle nou- 50 veauté. Car ESMexpress est le premier module processeur adapté à une utilisation en environnements sévères, voire critiques. « Nous souhaitions développer un module qui réponde à ces besoins en durcissement, explique Barbara Schmitz, directeur marketing chez Men MikroElektronik, car nous avions identifié un réel manque sur ce marché particulier. Mais notre volonté n’est pas simplement de vendre des modules ESMexpress, nous voulons que ceux-ci deviennent de véritables standards. C’est pourquoi nous avons soumis ses spécifications au comité de standardisation VITA. » Après validation, les modules s’appelleront RSE (Rugged System on module Express) et porteront le nom de code VITA 59. Un concept conforme aux standards existants ESMexpress appartient à la catégorie des System On Module (SOM), ou encore Computer On Module (COM). Il s’agit donc d’une carte interchangeable sur laquelle sont installés le processeur, le jeu de composants associés, la mémoire vive, les contrôleurs audio et vidéo ainsi que les différentes interfaces de communication et de stockage. On y retrouve donc toutes les fonctions de base d’un ordinateur. Libre ensuite à l’industriel de définir une carte porteuse pour son application, avec ses entrées/sorties et ses fonctions spécifiques. La seule contrainte est donc de laisser suffisamment de place sur la carte pour placer le module, la position de ces connecteurs étant standardisée. Cette dernière est conforme au standard COMexpress du PICMG (par le biais d’un adaptateur), et satisfait aux normesVITA 30.1 etVITA 46. La normeVITA 30.1 concerne les cartes processeur durcies, et définit les principes à respecter pour la création de cartes refroidies par conduction. Quant à la norme VITA 46, appelée également VPX, elle pose les principes de la répartition des signaux sur les connecteurs à bus série. Comme son nom l’indique, le format ESMexpress utilise un bus série PCI Express pour les interfaces de stockage (liaisons SATA) et de communication (ports USB et Gigabit Ethernet). Il embarque les technologies informatiques les plus récentes, pour s’adapter aux applications gourmandes en puissance de calcul ou en rapidité de transmission des données. Un durcissement important Malgré sa conformité avec les autres standards du marché, ESMexpress ne ressemble à aucun autre format. Tout ou presque a été repensé pour l’adapter aux applications à fortes contraintes. D’abord, les modules ESMexpress offrent le choix entre plusieurs possibilités de refroidissement. Bien entendu, tous les systèmes emLes concepteurs du format ESMexpress ont choisi le connecteur QSH de Samtec. Un connecteur à haut débit, résistant aux températures les plus extrêmes (de -55 à +125 °C). MESURES 806 - JUIN 2008 - www.mesures.com Solutions au format ESMexpress standardisation Ci-dessus, les différents éléments constitutifs d’un module ESMexpress : le circuit imprimé et son connecteur, puis le châssis (ou frame) et le capot. Le radiateur est optionnel, il sera utilisé dans le cas d’un refroidissement par convection. Sur le module “nu”, c’est-à-dire sans son boîtier, on aperçoit les contacts sur le bord du circuit imprimé. Ce sont eux qui assurent l’évacuation de la chaleur vers le boîtier. Le modèle présenté ici est équipé du processeur Freescale (architecture PowerPC). barqués à bord des modules de ce type fonctionneront sans ventilateur, mais selon le processeur choisi et sa dissipation thermique, les utilisateurs opteront pour un refroidissement par conduction ou par convection. Cela est rendu possible par une conception de la forme d’un caisson métallique, doté d’un châssis (aussi appelée frame) et d’un capot. Les deux parties sont maintenues en position par 5 vis, et la carte processeur qui s’insère entre les deux est munie de contacts latéraux. Ces contacts, qui sont en lien avec la masse du circuit imprimé, remplissent deux fonctions : ils assurent une continuité dans la conduction de chaleur (pour l’évacuation des calories vers l’extérieur) et le maintien de la carte en position. De fines cales métalliques (0,2 mm d’épaisseur) viennent également appuyer sur les contacts. En minimisant les jeux, elles garantissent une bonne résistance aux vibrations. De plus, étant donné que la carte est maintenue par ses côtés et non par des vis, cela permet de disposer de tout l’espace disponible sur le circuit imprimé, soit une surface totale de 85 x 115 mm. Enfin, le caisson métallique qui enserre la carte processeur fait office de cage de Faraday, et isole ainsi les circuits imprimés et les composants de toute perturbation électromagnétique. L’option de refroidissement par convection, aussi appelée refroidissement passif, met en œuvre un radiateur qui se fixe sur le capot du module. Il évacue la chaleur émise par le processeur, mais aussi celle provenant de la carte porteuse (la base du caisson touche la porteuse et transporte la chaleur). Le refroidissement par conduction est plus indiqué pour les processeurs à très forte dissipation thermique. Il s’agit alors de transmettre la MESURES 806 - JUIN 2008 - www.mesures.com chaleur non pas de la porteuse vers le module, mais du module vers la porteuse. Celle-ci sera équipée de contacts spéciaux, reliés au bâti de la machine, qui se chargeront de libérer les calories. Dans ce cas, il est impératif que le capot soit adapté à la carte processeur. Il doit disposer de “plots”, ou “touches”, qui restent en contact avec les principaux composants producteurs de chaleur. Ainsi armés, les modules peuvent accueillir des processeurs produisant 35 W de puissance thermique dissipée. L’autre aspect essentiel de la conception d’un module ESMexpress concerne les connecteurs. Car contrairement à l’essentiel des modules processeurs du marché, ceux-ci sont durcis. Le choix s’est porté sur les modèles QSH de chez Samtec. Ce sont des connecteurs haute densité (0,5 mm par pin) et hautes performances (jusqu’à 18 Gbit/s de bande passante) dont la robustesse les certifie pour les applications militaires et ferroviaires. Les 240 pins sont répartis en deux connecteurs de 120 pins, ce qui améliore encore le maintien de l’ensemble. Autre particularité : le type de plastique utilisé, le QSH, garantit à ces connecteurs une ➜ 51 Solutions Comparatif entre les différents formats de modules à bus PCI EXPRESS Caractéristiques ESMexpress COM Express XTX (ETX express) Standard/Organisation ANSI-VITA 59 (en cours) PICMG COM.0 XTX Standards Organisation Facteur de forme Fixe : 95 x 125 mm 4 facteurs de formes différents, Fixe : 95 x 114 mm incompatibles entre eux : étendu (110 x 155 mm), basique (95 x 125 mm), micro (95 x 95 mm) et nano (55 x 84 mm) Répartition des pins Fixe : 2 x 120 pins 5 répartitions différentes, incompatibles entre elles : 2 x 220 pins Fixe : 4 x 100 pins Technologie de bus Exclusivement série Selon les versions : exclusivement série, ou série et parallèle Série et parallèle Connecteur Samtec QSH (durci, certifié militaire et ferroviaire) Tyco Hirose Résistance aux chocs et vibrations Oui : connecteurs durcis et composants soudés Non : connecteur et composants classiques Non : connecteur et composants classiques Plage de températures De - 55 à + 125 °C De - 40 à + 85 °C de - 40 à + 85 °C Refroidissement Conduction et convection Pas d’indication particulière Pas d’indication particulière Protection CEM Coque métallique protégeant la carte et les connecteurs Non Non Plates-formes processeurs Multiplate-forme : x86, PowerPC, MIPS, etc. x86 seulement x86 seulement Applications Milieux difficiles et réglementés, applications mobiles, de sécurité ou critiques Pour milieux non sévères, applications non critiques Pour milieux non sévères, applications non critiques Marchés cibles Transports, aéronautique, médical, industrie Industrie, télécoms, kiosques Industrie, télécoms, kiosques Nombre de fabricants Moins de 10 Plus de 20 Environ 10 Lancement du concept fin 2007 2005 2006 A l’initiative de MEN Mikro Elektronik Kontron Congatec ➜ résistance aux températures pouvant aller de - 55 °C à + 125 °C. Enfin, il est à signaler que ces connecteurs ne transportent que des signaux série. Il n’est donc plus possible d’utiliser les bus PCI ou ISA classiques. Mais les modules ESMexpress disposent toutefois de 4 liens PCI Express simple voie (PCI Express x1) ainsi que d’un lien 16 voies (PCI Express x16) configurable. Initiateur du format ESMexpress dont il souhaite faire un standard, Men MikroElektronik est logiquement le premier à commercialiser de tels modules. Le constructeur propose deux modèles à architectures différentes. La version à processeur PowerQuick III de Freescale sera principalement conseillée pour les applications de communication et de traitement à haute vitesse de trames réseau. Son architecture PowerPC permet également de bonnes performances de calcul en virgule flottante. Pourquoi un module pour le processeur ? Différentes raisons expliquent le succès du concept du Computer On Module (COM), lancé au début des années 2000. D’abord, l’industriel se dégage de tout le savoir-faire spécifique aux fabricants de microprocesseurs. Ingénieur ou technicien n’ont pas à se soucier de savoir comment relier les pins d’un processeur aux différents composants qui lui sont associés. Avec le concept de modules, le tracé des différentes pistes sur la carte porteuse se fait uniquement à partir de connecteurs standard, pour lesquels la fonction de chaque pin est clairement identifiée. On gagne ainsi beaucoup de temps à la conception, d’autant plus qu’il devient possible de repousser à plus tard le choix définitif 52 du processeur. L’industriel développe sa carte applicative et peut s’apercevoir par la suite que les performances du processeur ont été sous-évaluées ou au contraire surévaluées. Le COM autorise en effet le remplacement d’un processeur par un autre à n’importe quel moment dans le cycle de vie du produit. A condition bien entendu de respecter le type d’architecture (x86, PowerPC, ARM, etc.) et le nombre de cœurs du module processeur original. Une fois qu’un facteur de forme obtient le statut de standard et qu’il est adopté par un certain nombre de constructeurs, la pérennité d’un système avec module processeur est garantie sur de nombreuses années. MESURES 806 - JUIN 2008 - www.mesures.com Solutions Architectures Intel x86 ou Freescale PowerPC La seconde version, quant à elle, est équipée du nouveau processeur Intel Atom. Ce processeur, le premier à utiliser une technologie de gravure à 45 nm, a la particularité de n’être accompagné que d’un seul composant annexe. La finesse de gravure aidant, la gestion de la mémoire et la gestion des entrées/ sorties ont été regroupées sur une puce unique, une première pour une architecture x86. L’utilisation de l’Atom procure des performances relativement proches à celles d’un Pentium M. En revanche il offre des capacités graphiques plus avancées, et sa consommation est remarquable : elle reste inférieure à 7 Watts quelle que soit la charge CPU. Il sera donc préféré pour les besoins d’affichage et pour tous les systèmes mobiles, soumis à des contraintes environnementales et à des impératifs d’autonomie. Par le choix de ce processeur, le premier module ESMexpress bénéficie ainsi de l’impact marketing du lancement de l’Atom. Mais d’autres modèles sont prévus, puisque ESMexpress est compatible avec toutes les architectures mobiles d’Intel. Pour les applications gourmandes en performances de traitement, des modules équipés du jeu de composants Intel i965 seront bientôt disponibles. Ces derniers supportent les processeurs multicœur, jusqu’à quatre cœurs. Pour quels types d’applications ? Ce concept de modules durcis de Men MikroElektronik adresse tous les marchés qui ne pouvaient pas encore utiliser de modules processeurs, en raison d’une robustesse insuffisante. Les secteurs d’activité visés sont Le premier module ESMexpress adopte l’Atom « Le nouveau processeur d’Intel est idéal pour le standard ESMexpress », annonce Michel Goujet, responsable Men France. Sa compacité, sa consommation réduite et sa faible dissipation thermique se marient bien au système de refroidissement par conduction et à sa gamme de températures étendue. Principales caractéristiques du module XM1 : Processeur Intel Atom Z510 à 1,1 GHz ou Z530 à 1,6 GHz Jusqu’à 1 Go de mémoire SDRAM DDR2 soudée Jeu de composants US15W, avec contrôleurs graphique et sonore intégrés Interfaces : 1 port Gigabit Ethernet, 1 interface SATA (via convertisseur), 8 ports USB 2.0, 1 voie PCI Express Plage de températures de fonctionnement : de - 40 à + 85 °C Consommation : 5 à 7 W Alimentation : 12 V Résistance aux chocs : 15 g pendant 11 ms (norme EN 60068-2-27) Résistance aux vibrations : 1 g sur la bande 10 à 150 Hz (norme EN 60068-2-6) donc naturellement ceux du militaire et des transports ferroviaires ou aéronautiques. Le XM50, par exemple, sera particulièrement adapté aux fonctions de contrôle de vol et de navigation, tandis que le XM1 sera plus à l’aise pour gérer les différents afficheurs embarqués.Viennent ensuite les applications de contrôle industriel (là encore pour des fonctions de communications rapides ou de visualisation), les applications médicales ainsi que les dispositifs de sécurité comme la vidéosurveillance, le contrôle d’accès, la gestion de trafic, etc. L’adoption d’un format dépend de l’engouement des autres constructeurs à proposer des produits sous leurs propres marques. Mais MESURES 806 - JUIN 2008 - www.mesures.com Michel Goujet, responsable de Men France, assure que : « ESMexpress bénéficie de tous les atouts pour s’imposer sur le marché des applications difficiles. Et sitôt que l’organisme ANSI-VITA en aura validé les spécifications, nous parlerons de RSE. Le processus de certification devrait aboutir dans neuf mois environ. Nous n’avons aucune inquiétude quant à son succès, d’autant moins que nous pouvons compter sur le soutien de grands constructeurs tels que Schroff qui participe déjà au comité de certification. Et les utilisateurs finaux ne sont pas en reste, puisque des groupes tels que Curtis-Wright, Rupert Collins ou encore Boeing sont également moteurs dans la certification et dans l’adoption du format. » Frédéric Parisot 53