Gioacchino ROSSINI (1792-1868)

Transcription

Gioacchino ROSSINI (1792-1868)
Gioacchino ROSSINI (1792-1868)
Ouverture
de Guillaume Tell
1829
Transcription piano 4 mains, Louis NIEDERMEYER (1892)
Guillaume Tell est le trente-septième et dernier opéra de Rossini.
Le héros se voit contraint d’abattre une pomme posée sur la tête de son propre fils … !
L’histoire se déroule sur un fond de mouvement révolutionnaire où le peuple de la région du lac des Quatre-Cantons se
soulève contre l’oppression des Autrichiens (nous sommes au XIIe siècle).
L’ouverture de Guillaume Tell a quatre parties bien distinctes.
Sans reprendre aucun motif de l’opéra, elle est à elle seule un véritable poème symphonique.
Elle débute par un andante en mi mineur qui est une évocation bucolique d’un grand lyrisme.
S’enchaîne alors un allegro décrivant l’orage, qui se rapproche et éclate.
Dans la troisième partie, nous entendons le piano (cor anglais dans l’orchestre) jouer un « ranz des vaches » qui nous
transporte dans les pâturages de la montagne.
Puis c’est l’arrivée des soldats suisses et une marche militaire brillante qui fait de cette page le bonheur des harmonies
municipales et la page la plus jouée de Rossini !
Félix MENDELSSOHN-BARTHOLDY (1809-1847)
« Es ist genug ! » (C’en est assez !)
air de l’oratorio Elias (opus 70),
d’après l’ancien Testament,
1845-1847
Es ist genug !
So nimm nun, Herr. Meine Seele !
Ich bin nicht besser denn meine Väter.
Ich begehre nicht mehr zu leben,
denn meine Tage sind vergeblich gewesen.
C’en est assez !
Seigneur, prends ma vie,
Car je ne vaux pas mieux que mes pères !
Je ne veux pas vivre davantage,
Laisse-moi mourir car mes jours ont été vains.
Ich habe geeifert um den Herrn, um den Gott Zebaoth,
denn die Kinder Israels haben deinen Bund verlassen,
und dein Altäre haben sie zerbrochen,
und dein Propheten mit dem Schwert erwürgt.
J’ai veillé le Seigneur, Dieu des armées,
Car les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance,
Et brisé tes autels,
Et égorgé tes prophètes par l’épée.
Und ich bin allein übriggeblieben;
und sie stehen danach,
daß sie mir mein Leben nehmen !
Et je demeure seul,
Et ils me poursuivent afin de me tuer
Es ist genug !
So nimm nun, Herr, meine Seele !
Ich bin nicht besser denn meine Väter.
Nimm nun, o Herr, meine Seele!
C’en est assez !
Seigneur, prends ma vie,
Car je ne vaux pas mieux que mes pères !
Laisse-moi mourir, Seigneur, prends ma vie !
Quatre mélodies de
Johannes BRAHMS (1833—1897)
1. « Wie rafft ich mich auf » (Alors que je m’étais levé …), 1864
2. « An eine Äolsharfe » (A une harpe éolienne), 1862
3. « Die Mainacht » (La nuit de Mai), 1868
4. « Von ewiger Liebe » (D’un amour éternel), 1868
1. « Wie rafft ich mich auf » (opus 32, n°1). Poésie de A. von Platen
Wie rafft ich mich auf in der Nacht
und fühlte mich fürder gezogen,
die Gassen verließ ich vom Wächter bewacht,
durchwandelte sacht in der Nacht das Tor
mit dem gotischen Bogen.
M'étant levé dans la nuit, je me sentis poussé au dehors;
Je laissai derrière moi les ruelles sous la garde du
veilleur
Et passai doucement dans la nuit la porte à l'arc gothique.
Der Mühlbach rauschte durch felsigen Schacht,
Le bief du moulin murmurait dans les roches du gouffre
Ich lehnte mich über die Brücke, tief unter mir nahm ich Je me penchai par dessus le pont, voyant tout au fond,
der Wogen in acht,
sous moi, les ondes;
die wallten so sacht in der Nacht,
Elles coulaient si doucement dans la nuit;
doch wallte nicht eine zurücke.
Nulle pourtant ne revenait en arrière.
Es drehte sich oben unzählig entfacht, melodischer
Wandel der Sterne, mit ihnen der Mond in beruhigter
Pracht,
sie funkelten sacht in der Nacht,
durch täuschend entlegene Ferne.
Au-dessus de moi c'était la mélodieuse rotation de
myriades d'étoiles embrasées dans l'éclat apaisé de la
lune;
Elles étincelaient doucement dans la nuit,
d'un lointain trompant nos sens.
Ich blickte hinauf in der Nacht und blickte hinunter aufs J'élevai mes regards dans la nuit et regardai de nouveau
neue : O wehe, wie hast du die Tage verbracht,
en contrebas : Hélas, comment as-tu vécu jusqu'ici !
nun stille du sacht in der Nacht,
Apaise maintenant doucement dans la nuit
im pochenden Herzen die Reue !
le remords de ton cœur battant à grands coups.
2. « An eine Äolsharfe » (opus 19 n°5). Poésie de F. Mörike
Angelehnt an die Efeuwand dieser alten Terrasse
Du, einer luftgebor'nen Muse
geheimnisvolles Saitenspiel.
Fang' an, fange wieder an, deine melodische Klage !
Appuyé contre cette vieille terrasse à ton mur de lierre,
Toi, jeu de cordes mystérieuses,
enfant d'une muse née des airs,
Laisse entendre, entendre encore ta plainte mélodieuse!
Ihr kommet, Winde, fern herüber, Ach !
Von des Knaben, der mir so lieb war, frischgrünen dem
Hügel.
Und Frühlingsbluten unterweges streifend, übersättigt mit
Wohlgerüchen.
Wie süss, wie süss bedrängt ihr dies Herz !
Vous verrez de loin, ô vents,
De la colline vert tendre, du pays de ce garçon qui me fut
si cher.
Vous avez, sur votre chemin, frôlé les fleurs de
printemps, vous vous êtes emplis d'odeurs bienfaisantes,
ô avec combien de douceur vous troublez ce cœur !
Und säuselt her in die Saiten, angezogen von Vous faites vibrer les cordes, attirés par les sons de ma
wohllautender Wehmut, wachsend im Zug meiner langueur, grandissant dans l'attente de mon cœur, vous
Sehnsucht, und hinsterbend wieder.
allez mourir à nouveau.
Aber auf einmal wieder Wind heftiger herstösst.
Mais soudain, le vent se fait plus violent.
Ein holder Schrei der Harfe wiederholt mir zu süssen
Erschrecken meiner Seele plötzliche Regung.
Und hier, die volle Rose …
streut geschüttelt all' ihre Blätter vor meine Füsse !
Un cri doux de la harpe fait frémir mon âme,
Et me rendit l'émotion, si brusque, si douce;
Et la rose se secoue …
Et jette toutes ses pétales à mes pieds.
3. « Die Mainacht » (opus 43 N°2). Poésie de L. Hölty
Wann der silberne Mond durch die Gesträuche blinkt,
Und sein schlummerndes Licht über den Rasen streut,
Und die Nachtigall flötet,
Wandl' ich traurig von Busch zu Busch.
Überhüllet von Laub girret ein Taubenpaar
Sein Entzücken mir vor; aber ich wende mich,
Suche dunklere Schatten,
Und die einsame Träne rinnt.
Wann, o lächelndes Bild, welches wie Morgenrot
Durch die Seele mir strahlt, find ich auf Erden dich?
Und die einsame Träne
Bebt mir heißer die Wang herab!
Quand la lune argentée à travers les arbustes scintille
Et que sur l’herbe diffuse sa lumière reposante,
Que le rossignol chante,
Je me promène tristement à travers bois.
Devant moi, masqué par le feuillage, un couple de
colombes roucoule de plaisir; mais je me détourne
cherchant l’ombre profonde,
et coule une larme solitaire
Quand, ô image souriante qui comme l’aurore éclaire mon
âme, te trouverais-je sur la terre ?
Et la larme solitaire glisse en tremblant et réchauffant ma
joue.
4. « Von ewiger Liebe » (opus 43 N°1) adaptation de J. Wentzig (d'après une chanson Wende)
Dunkel, wie dunkel in Wald und in Feld !
Abend schon ist es, nun schweiget die Welt.
Nirgend noch Licht und nirgend noch Rauch.
Ja, und die Lerche, sie schweiget nun auch.
Sombre, comme il fait sombre dans la forêt et les champs !
Le soir est déjà là, l'univers se tait.
Plus de lumière, plus de fumée,
Plus rien; l'alouette elle-même se tait.
Kommt aus dem Dorfe der Bursche heraus,
gibt das Geleit der Geliebten nach Haus,
führt sie am Weidengebüsche vorbei,
redet so viel und so mancherlei;
Le jeune homme sort du village
et reconduit sa bien-aimée chez elle;
en passant devant la saulaie,
il parle et il parle de choses et d'autres :
« Leidest du Schmach und betrübest du dich,
leidest du Schmach von Andern um mich.
werde die Liebe getrennt so geschwind,
schnell wie wir früher vereiniget sind,
Scheide mit Regen und scheide mit Wind,
Schnell wie wir früher vereiniget sind. »
« Si tu souffres un outrage et si tu t'affliges,
si tu souffres un outrage à cause de moi,
que les liens qui nous unissent soient dénoués
aussi vite qu'ils ont été noués,
quittons-nous avec la pluie et le vent
aussi vite que nous avons été unis. »
Spricht das Mägdelein, Mägdelein spricht :
« Unsere Liebe, sie trennet sich nicht !
Fest ist der Stahl und das Eisen gar sehr,
unsere Liebe ist fester noch mehr.
La jeune fille dit alors :
« Notre amour ne sera pas brisé !
L'acier est solide et le fer aussi,
mais notre amour l'est plus encore.
Eisen und Stahl, man schmiedet sie um,
Unsere Liebe, wer wandelt sie um ?
Eisen und Stahl, sie können zergehn,
unsere Liebe muß ewig bestehn ».
On forge le fer et l'acier,
mais l'amour, qui le transforme ?
Le fer et l'acier peuvent fondre,
Mais notre amour doit être éternel ».
Trois Danses hongroises de
Johannes BRAHMS (1833—1897)
(Ohne Opuszahl)
n°1 en Sol mineur (Allegro molto)
n°5 en Fa # mine ur (Allegro)
n°17 en Fa # mineur (Andantino)
Le succès immédiat de ces Danses hongroises suscita
d'innombrables transcriptions, des arrangements divers et variés
qui n'ont rien à voir avec les versions de l'auteur pour piano, à 2
ou 4 mains, ni avec la version orchestrale de certaines de ces 21
danses, autant hongroises que tziganes !
La version 4 mains a été écrite entre 1852 et 1869.
Le piano imite les trémolos du cymbalum.
L'alternance de tempi lents et rapides ainsi que de passages
majeurs ou mineurs font que nous sommes entraînés dans des
csardas effrénées.
4 mains
PAUSE
Georges ENESCO (1881—1955)
Rhapsodie roumaine en La Majeur
(opus 11 n°1), 1901-1902
Adaptation piano 4 mains, Françoise Menghini & Vital CHAUVE
Georges Enesco violoniste virtuose donne son premier concert à 12 ans .
Musicien hors normes, il est également compositeur, chef d'orchestre et pédagogue (Menuhin fut son élève).
Très attaché à la musique de son pays, ses compositions se nourrissent à la source même de la musique roumaine
traditionnelle.
Cette 1e Rhapsodie roumaine par son dynamisme, sa rythmique explosive, sa sensualité, sa sauvagerie met l'auditeur en
état de transe. Personne ne peut résister à ces thèmes pulsionnels, ni à cette écriture se voulant libre comme improvisée,
dans des tempi bougeant sans cesse et évoluant vers des accelerandi vertigineux !
Chants et danses de la mort
Modeste Petrovitch MOUSSORGSKI (1839-1881)
Poésies de Arsenii Arkadievich Golenistchev-Koutouzov
1. « Kолыбельная » (Berceuse)
2. « Cеренада » (Sérénade)
3. « Трепак » (Triépak)
4. « Полководец » (Le chef d’armée)
1875-1877
1. « Kолыбельная » (Berceuse)
Стонет ребёнок... Свеча, нагорая,
Тускло мерцает кругом.
Целую ночь колыбельку качая,
Мать не забылася сном.
Раным ранёхонько в дверь осторожно
Смерть сердобольная стук!
Вздрогнула мать, оглянулась тревожно...
Le petit enfant gémit… La bougie se consume,
Et sa lueur blafarde vacille alentour.
Toute la nuit, berçant son enfant,
La mère n'a pas fermé l'œil.
De très bon matin, à l'aube, avec douceur
La mort compatissante frappe à la porte : Toc !
La mère sursaute, regarde autour d'elle avec inquiétude…
— « Полно пугаться, мой друг!
Бледное утро уж смотрит в окошко...
Плача, тоскуя, любля,
Ты утомилась, вздремника немножко,
Я посижу за тебя.
Угомонить ты дитя не сумела.
Слаще тебя я спою. »
— « N'aie pas peur, mon amie !
Le matin blafard apparaît déjà à la fenêtre…
Tes pleurs, tes tourments, tes prières t'ont fatiguée.
Repose-toi donc un peu, je vais prendre ta place.
Tu n'as pas su calmer l'enfant.
Je chanterai plus doucement que toi ».
— « Тише! ребёнок мой мечется, бьётся,
— « Chut ! Mon enfant s'agite, se débat,
Душу терзая мою! »
il me fend le cœur ! »
— « Ну, да со мною он скоро уймётся.
— « Hé bien, avec moi il s'apaisera vite.
Баюшки, баю, баю. »
Do-do, l'enfant do ».
— « Щёчки бледнеют, слабеет дыханье...
— « (Ses) petites joues pâlissent, son souffle faiblit…
Да замолчи же, молю! »
Mais tais-toi donc, je t'en supplie ! »
— « Доброе знаменье, стихнет страданье,
— « C'est bon signe, sa souffrance va s'apaisant.
Баюшки, баю, баю. »
Do-do, l'enfant do».
— « Прочь ты, проклятая!
— « Arrière, tu es maudite !
Лаской своею сгубишь ты радость мою! »
Tes caresses détruiront la joie de ma vie »
— « Нет, мирный сон я младенцу навею.
— « Non! je ferai dormir l'enfant d'un sommeil paisible.
Баюшки, баю, баю. »
Do-do, l'enfant do."
— « Сжалься, пожди допевать хоть мгновенье,
— « Il s'est recroquevillé ; cesse de chanter, au moins un
Страшную песню твою! »
instant, ta terrible chanson ».
— « Видишь, уснул он под тихое пенье.
— « Tu vois, il s'est endormi au doux son de mon chant.
Баюшки, баю, баю. »
Do-do, l'enfant
2. « Cеренада » (Sérénade)
Нега волшебная, ночь голубая,
Трепетный сумрак весны...
Внемлет, поникнув головкой, больная...
Шепот ночной тишины...
Сон не смыкает блестящие очи,
Жизнь к наслажденью зовет;
А под окошком в молчаньи полночи
Смерть серенаду поет:
« В мраке неволи, суровой и тесной,
Молодость вянет твоя;
Рыцарь неведомый, силой чудесной
освобожу я тебя.
Встань, посмотри на себя: красотою
Лик твой прозрачный блестит,
Щеки румяны, волнистой косою
Стан твой, как тучей, обвит.
Пристальных глаз голубое сиянье,
Ярче небес и огня.
Зноем полуденным веет дыханье...
Ты обольстила меня.
Слух твой пленился моей серенадой,
Рыцаря шепот твой звал.
Рыцарь пришел за последней наградой
Час упоенья настал.
Нежен твой стан, упоителен трепет.
О, задушу я тебя в крепких объятьях;
Любовный мой лепет
Слушай... молчи... ты моя! »
Volupté enchanteresse, nuit d'azur,
Crépuscule palpitant du printemps…
La tête inclinée, une malade écoute
Le chuchotement du silence nocturne.
Le sommeil ne clôt pas ses yeux brillants,
La vie incite au plaisir!
Et sous sa fenêtre, dans le silence de minuit,
La mort chante une sérénade :
« Dans les ténèbres d'une captivité austère et étouffante,
Ta jeunesse se fane;
En chevalier inconnu doué d'une force merveilleuse
Je viens te délivrer.
Lève-toi, regarde-toi : de quelle beauté ton visage
lumineux resplendit !
Tes joues sont vermeilles, et ta chevelure ondoyante,
t'enveloppe comme un nuage.
L'éclat bleu de tes yeux intenses
Est plus vif que le ciel et le feu …
Ton souffle est comme la chaleur de midi …
Tu m'as séduit.
Ton oreille a été charmée par ma sérénade,
Ton murmure appelait le chevalier.
Le chevalier est venu pour la récompense ultime
L'heure de l'extase est arrivée.
Ton corps est tendre, son émoi, délicieux.
Oh, je t'étoufferai dans une puissante étreinte;
mes mots d'amour,
écoute-les… tais-toi… tu es mienne ! »
3. « Трепак » (Triépak)
Лес да поляны, безлюдье кругом.
Вьюга и плачет и стонет,
Чуется, будто во мраке ночном,
Злая, когото хоронит.
Глядь, так и есть!
В темноте мужика
Смерть обнимает, ласкает,
С пьяненьким пляшет вдвоём трепака,
На ухо песнь напевает :
— « Ох, мужичок, старичок убогой,
Пьян напился, поплёлся дорогой,
А метельто, ведьма, поднялась, взыграла,
С поля в лес дремучий невзначай загнала.
Les bois, les clairières, tout est désert…
La tempête de neige pleure et gémit
On dirait que dans les ténèbres nocturnes
La méchante ensevelit quelqu'un;
Regarde! c'est pourtant vrai!
Dans l'obscurité la mort enlace
et cajole un paysan;
Avec cet ivrogne elle danse le trépak,
En lui chantant à l'oreille sa chanson :
— « Oh pauvre paysan, vieillard misérable;
Tu t'es soûlé puis mis en route,
Mais la tempête de neige, cette sorcière, s'est déchaînée
Et t'a chassé du champ pour t'égarer dans la sombre forêt.
Горем, тоской да нуждой томимый,
Ляг, прикорни да усни, родимый!
Я тебя, голубчик мой, снежком согрею,
Вкруг тебя великую игру затею.
Взбей ко постель, ты, метель лебёдка!
Гей, начинай, запевай, погодка,
Сказку да такую, чтоб всю ночь тянулась,
Чтоб пьянчуге крепко под неё заснулось!
Ой вы, леса, небеса да тучи,
Темь, ветерок да снежок летучий,
Свейтесь пеленою снежной, пуховою.
Ею, как младенца, старичка прикрою.
Спи, мой дружок, мужичок счастливый,
Лето пришло, расцвело!
Над нивой солнышко смеётся
да серпы гуляют,
Песенка несётся, голубки летают... »
Épuisé par le malheur, le chagrin et la misère,
Allonge-toi, fais un petit somme, mon ami !
Je te réchaufferai avec de la neige mon pigeon
Autour de toi je me livrerai au grand jeu.
Fais-lui donc son lit, toi, neige, de ta blancheur de cygne !
Vas-y ! Chante, tempête, entonne une chanson !
Un conte qui dure toute la nuit,
Afin que l'ivrogne s'endorme profondément !
Et vous, forêts, cieux, et nuées,
Ténèbres, vent et neige tourbillonnante,
Tissez une couverture de neige duveteuse
Et j'en recouvrirai le vieux comme un enfant.
Dors, mon ami, paysan bienheureux,
L'été est arrivé, tout est en fleurs !
Au-dessus du champ, un petit soleil rit,
Et les faucilles sont au travail,
Une chanson s'élève, et les colombes volent… »
4. « Полководец » (Le chef d’armée)
Грохочет битва, блешут брони,
Орудья жадные ревут,
Бегут полки, несутся кони
И реки красные текут.
Пылает полдень, люди бьются;
Склонилось солнце, бой сильней;
Закат бледнеет, но дерутся
Враги все яростней и злей.
И пала ночь на поле брани.
Дружины в мраке разошлись...
Всё стихло, и в ночном тумане
Стенанья к небу поднялись.
Тогда, озарена луною,
На боевом своём коне,
Костей сверкая белизною,
Явилась смерть;
и в тишине,
Внимая вопли и молитвы,
Довольства гордого полна,
Как полководец место битвы
Кругом объехала она.
На холм поднявшись, оглянулась,
Остановилась, улыбнулась...
И над равниной боевой
Раздался голос роковой :
« Кончена битва!
я всех победила!
Все предо мной вы смирились, бойцы!
Жизнь вас поссорила, я помирила!
Дружно вставайте на смотр, мертвецы!
Маршем торжественным мимо пройдите,
Войско моё я хочу сосчитать;
В землю потом свои кости сложите,
Сладко от жизни в земле отдыхать!
Годы незримо пройдут за годами,
В людях исчезнет и память о вас.
Я не забуду и громко над вами
Пир буду править в полуночный час!
Пляской тяжёлою землю сырую
Я притопчу, чтобы сень гробовую
Кости покинуть вовек не могли,
Чтоб никогда вам не встать из земли! »
La bataille fait rage, les cuirasses étincellent,
Les canons de cuivre mugissent,
Les régiments courent, les chevaux galopent,
Et les rivières rouges coulent.
Midi est brûlant, les gens se battent :
Le soleil a décliné mais le combat est plus fort !
Le couchant pâlit mais les ennemis luttent
Toujours plus violemment et plus cruellement.
La nuit est tombée sur le champ de bataille.
Les détachements, dans l'obscurité, se sont dispersés …
Tout s'est apaisé et dans le nocturne brouillard
Des gémissements sont montés vers le ciel.
Alors, éclairée par la lune,
Sur son cheval de bataille,
Les os scintillant de blancheur,
Apparût la mort.
Et dans le silence,
Écoutant les gémissements et les prières,
Emplie d'une satisfaction fière,
Comme un général,
Elle parcourt le lieu de la bataille à l’entour.
Étant montée sur une colline,
Elle regarde tout autour, s'arrête, sourit …
Et au-dessus de la plaine du combat
Se répand sa voix fatidique :
« Terminée est la bataille !
J'ai vaincu tout le monde.
Tous, devant moi, vous vous êtes soumis, combattants!
La vie vous a brouillés, je vous ai réconciliés !
Tous ensemble, levez-vous pour la revue, Morts !
En marche solennelle, passez devant moi
Je veux compter mon armée.
Vous déposerez ensuite vos os dans la terre;
Il est doux, de se reposer de la vie dans la terre !
Les années passent imperceptiblement, année après année ;
Chez les gens, disparaîtra jusqu'à la mémoire de vous !
Moi je n'oublierai pas et au-dessus de vous, avec bruit,
je conduirai un festin à l'heure de minuit !
Par une danse, lourde,
Je foulerai la terre humide, pour que vos os
Jamais ne puissent quitter l'ombre du cercueil !
Pour que jamais vous ne puissiez vous lever de terre ! »

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