Allégorie de la caverne (transcription et codes de
Transcription
Allégorie de la caverne (transcription et codes de
Transcription Les Editions M-Edites, en partenariat ave Philosophie et le Lieu Unique de Nantes présentent JEAN-MARIE FREY, « La vérité L’allégorie de la caverne ou de l’éthique de la démonstration ». « On départ sur un constat : le philosophe cherche la vérité. Euh - Au début du livre 7 de la république, Platon propose une représentation de l’objet de cette recherche, et cette représentation fort célèbre que chacun connaît est une allégorie, c’est une image qui nous parle de la vérité. Les images servant de support de cette allégorie peuvent être décrites ainsi : on a des prisonnier qui sont au font d’une caverne, ils sont enchaînés là depuis leur enfance, ils ont le cou et le corps – hein - vraiment tenu de sorte qu’ils ne peuvent voir ailleurs que devant eux. Ils n’aperçoivent que la paroi de la caverne. Dans leur dos au dessus il y a l’entrée de la caverne. Euh - un peu au-delà de cette entrée il y a une petite route qui passe avec un feu… Alors le feu donne sur l’extérieur de la caverne ; un petit muré qui donne à l’entrée de la caverne ; entre le feu et les murés passent des hommes qui portent des objets ; de temps en temps ils parlent nous dit Platon. Donc de temps en temps au fond de la caverne on entend quelques voix. Et à chaque fois qu’ils passent, en tous cas, ils projettent des ombres au fond de la caverne. Donc nos prisonniers, depuis leur enfance - puisqu’ils sont là depuis toujours et qu’ils n’ont jamais rien vu d’autre – N’aperçoivent que des ombres projetées devant eux, des ombres dansantes qu’ils aperçoivent quotidiennement. Une allégorie constituée d’images et l’image qui constitue l’allégorie est un symbole, c'est-à-dire une image qui dit quelque chose, mais en montrant autre chose. Lorsque par exemple on considère que la colombe est le symbole de la paix, ça montre quelque chose : l’oiseau, mais ça dit autre chose qui est la paix. Donc euh si on prend tour à tour chacune des images qu’on vient d’évoquer, on peut tenter d’en dégager le sens, le sens caché. On peut tenter de… de les interpréter. Je crois qu’on sera tous d’accord pour reconnaître que l’ombre symbolise l’apparence des choses. L’apparence des choses. L’ombre n’est pas ce dont elle est l’ombre. L’œil du prisonnier, cet œil qui perçoit l’apparence des choses - parce que le corps est enchaîné - cet œil me semble-t-il, pourrait bien représenter la partie pensante de notre âme – ce qui juge, et ce qui en l’occurrence juge mal, puisque en l’occurrence là l’œil confond l’apparence et la réalité puisque nos prisonniers n’ont jamais vu que cela. Du coup, le corps du prisonnier – en son entier – symbolise l’âme ; et les chaînes symbolisent ce qui emprisonne l’âme et contraint cette âme à ne percevoir que des apparences. Les chaînes me semble-t-il ne doivent nécessairement représenter quelque chose qui est de l’ordre du sensible, c'est-à-dire de l’ordre du corps. Je récapitule : on a des ombres au fond de la caverne. Ces ombres ce sont des apparences. Ces apparences sont perçues par la partie pensante de notre âme, c'est-à-dire par quelque chose qui est de l’ordre du jugement et de la pensée. L’œil symbolise donc la partie pensante – le corps symbolise l’âme et les chaînes, dans l’allégorie, symbolisent le corps – Les chaînes symbolisent le corps. On peut immédiatement percevoir dans la signification de ce qui se joue en dehors de la caverne – puisque s’il y a une caverne, c’est qu’il y a un monde extérieur. Dans ce monde extérieur il y a des objets : des arbres, des plantes, des animaux, enfin un paysage… Bon. C’est objets sont éclairés par la lumière du soleil et au dessus donc on a le soleil. Voilà, on a donc des objets qui sont hors de la caverne, et qui – et bah je pense que ce sera évident pour chacun – symbolisent de toute euh - de toute évidence la réalité, par opposition aux ombres qui ne sont que l’apparence de la réalité. On notera d’ailleurs que les ombres qui sont au fond de la caverne ne sont pas des projections qui proviennent de la lumière du soleil et des objets qui sont à l’extérieur, mais d’un fond allumé sur une hauteur et d’objets qui passent entre ce feu et un petit muré, complètement décrit comme ressemblant aux cloisons que le montreur de marionnettes utilise afin de faire voir leur merveilles. Donc si je vais au-delà de cette région intermédiaire là - ce montreur de marionnettes – si je regarde vraiment à l’extérieur les objets qui symbolisent la réalité ; une lumière qui éclaire ce qui symbolise la réalité – bon, qu’est-ce qui éclaire la réalité ? Qu’est-ce qui nous permet de voir les choses telles qu’elles sont et non pas simplement telle qu’elles nous apparaissent sinon la vérité ? Donc le soleil symbolise la vérité et à la fois source de la réalité qui est extérieure – elle ne serait pas tout à fait la même s’il n’y avait pas le soleil – et de la lumière, puisque sans soleil il ferait nuit. Donc notre soleil symbolise à la fois la source de la réalité, puisque nous avons dit que les objets extérieurs symbolisent le réel ; et de la vérité puisque nous avons dit que la lumière symbolise la vérité. Au passage donc, Platon nous invite à distinguer très précisément l’objet éclairé et la lumière qui l’éclaire : c'est-à-dire la réalité et la vérité. La vérité n’est pas tout à fait la réalité. Ou plutôt la vérité est ce qui éclaire la réalité. Un objet en lui-même – un objet réel – si on l’considère en lui-même, n’est ni vrai ni faux. Il est ou il n’est pas – être ou ne pas être, enfin c’est la question – l’objet en lui-même il n’est pas vrai ou faux, ce qui est vrai ou faux c’est le jugement que nous portons sur cet objet. Donc ce qui est vrai ou faux c’est quelque chose qui est de l’ordre de la pensée. La vérité n’est pas la réalité c’est l’accord de la pensée avec la réalité. Donc si la vérité c’est l’accord de ce que nous pensons, de nos représentations avec le réel, si la vérité est de ce côté-là, ça veut dire que la vérité est du côté de la pensée – du côté de nos représentations. Nous obtenons donc une description qui distingue deux plans : y’a le fond de la caverne, et y’a le monde extérieur. Au fond de la caverne on a un nombre d’apparences auxquelles on accède, on l’a dit, à cause de nos chaînes, donc finalement par la médiation de notre corps. Au fond de la caverne il y a un monde d’apparences sensibles. Ce monde là, la tradition philosophique a coutume de l’appeler le monde sensible qui contient, sur le plan des objets, des objets sensibles : les ombres - et qui contient, sur le plan de la pensée, la pensée qui a pour objet seulement ces objets sensibles. C’est ce que Platon appelle « l’opinion » - enfin l’opinion c’est une croyance, c'est-à-dire une pensée qui n’est pas démontrée ; mais une croyance qui n’est pas une croyance comme la croyance religieuse qui nous porte vers un au-delà, vers un invisible religieux qu’on ne voit pas, mais ici le prisonnier de la caverne ne croit qu’en ce qu’il voit. Donc l’opinion dont il s’agit, c’est une pensée non démontrée mais qui a pour objet le monde sensible – L’opinion c’est une pensée qui n’a pas fait l’objet d’une démonstration et qui porte simplement sur la réalité sensible : « C’est vrai puisque je l’ai vu » « euh c’est vrai puisqu’on me l’a dit » « bah ça doit être vrai puisque la tradition me le rappelle depuis tellement longtemps… Y’a pas de raison que.. hein ! « Ou c’est vrai –j’sais pas euh- que je l’ai vu à la télé – la boite à ombres ou quelqu’chose qui… » Donc on voit bien comment l’esprit est porté : à juger qu’il a affaire au réel simplement parce que ce réel lui est donné par le moyen des sens – par le moyen de la sensibilité. Du coup, le projet philosophique peut être décrit comme le projet de passer d’un monde à l’autre : du fond de la caverne – ce monde qui contient les objets sensibles et l’opinion – de passer de ce monde là au monde qui est à l’extérieur de la caverne et que la tradition philosophique là aussi a coutume d’appeler le monde intelligible - même si les termes ne sont pas après sous la plume de Platon – On peut l’appeler monde intelligible dans la mesure où les objets réels qui sont à l’extérieur supposent pour qu’on y accède qu’on se libère des chaînes – et on a dit que les chaînes c’était le corps – donc s’il faut se libérer du corps pour accéder au réel, ça veut dire que le réel n’est pas sensible – bah s’il faut se libérer du corps pour accéder au réel ça veut dire qu’on a affaire à une réalité qui n’est pas tangible, enfin qui n’est pas sensible, qui n’est pas donné par euh, par le biais de qualité sensible, de qualité seconde hein.. Donc à l’extérieur on a un monde qui contient le réel qui n’est pas sensible et qui contient la pensée de ce réel qui n’est pas sensible, la pensée vraie : la lumière, non ? C'est-à-dire la science. Et donc le projet philosophique consiste à passer d’un monde à l’autre : de l’opinion à la science. De l’opinion qui porte sur les objets sensibles à la science qui porte sur des objets qui ne sont pas sensibles ; des objets qui sont intelligibles… enfin on comprend par là même pourquoi sur le fronton de l’académie de Platon il était inscrit que nul n’entre ici s’il n’est géomètre parce que le géomètre a pour objet non pas telle ou telle figure géométrique dessinée qu’on peut regarder comme ça, mais l’essence de la figure géométrique que l’on dessine. Si je dessine un triangle rectangle et que j’énonce les propriétés de ce triangle, en réalité le discours que je tiens sur le triangle n’a pas pour objet tant l’objet que j’ai dessiné que l’essence du triangle… » Police et couleurs : Notions philosophiques (en gras) Images utilisées comme support dans l’allégorie de la caverne (soulignées) Indicateurs langagiers relevé à l’aide du programme Tropes : Bleu = Verbes statifs, exprimant des états ou des notions de possession (être, avoir, percevoir, sembler, constituer, représenter, consister) Verbes déclaratifs, exprimant comme son nom l’indique une déclaration sur un état, une action, un objet, un sentiment… (Dire, voir, croire, penser, juger, pouvoir, considérer, apparaître, supposer, énoncer…) Orange = Connecteurs de cause, introduisant l’expression d’une conséquence (Alors, du coup, puisque, donc, c'est-à-dire) Connecteurs de condition marquant la conclusion d’un raisonnement ou le retour à un point antérieur après une digression ou une interruption ; introduisant également une explication ou une rectification (si, ou que) Connecteurs de disjonction permettant de relier des mots ou des propositions en séparant les idées (ou) Connecteur de temps permettant de situer l’action (lorsque, chaque fois, enfin…) Violet = Modalisation de Lieu permettant également de situer l’action (Là ; ici ; ailleurs ; à l’extérieur ; au fond ; vers) Modalisation d’affirmation, permettant d’affirmer quelque chose ; le narrateur s’implique (Vraiment : de toute évidence ; d’ailleurs ; tout à fait ; précisément). Modalisation de négations, permettant d’intensifier, de dramatiser le discours (Jamais rien ; jamais ; non pas ; ni) Rose = adjectifs subjectifs, indiquant un jugement de valeur (Tangible ; évident) Rouge = système d’énonciation (pronoms)