les logiciels d`ecriture choregraphique

LES LOGICIELS D’ECRITURE CHOREGRAPHIQUE
Université
Lyon 1
LES LOGICIELS D’ECRITURE
CHOREGRAPHIQUE
Les arts en général, la danse en particulier, ne fait pas l’objet d’un effort particulier par
les informaticiens, d’autre part, les danseurs accaparés par leur formation et leur discipline ont
un intérêt limité pour les ressources informatiques en danse. Néanmoins, le travail qui a déjà
été effectué indique un potentiel considérable pour le développement futur de l’utilisation
informatique dans la danse. Les utilisations sont de deux types : les utilisations non
graphiques et les utilisations graphiques. Les utilisations non graphiques relèvent de la
gestion : la gestion des ressources qui recourt à l’utilisation de logiciel standard de
Bureautique permettant de gérer des listes d’adresses, de correspondance, de comptabilité et
de publicité, la gestion de l’éclairage, et la gestion des résultats des concours de danse appelée
«scrutineering ». Les utilisations graphiques développent des aides à la notation de la danse,
l’infographie constitue une véritable ressource pour les chorégraphes. Ce document a pour
objet d’aborder l’intérêt présenté par les utilisations graphiques en danse et notamment les
logiciels d’aide à la notation chorégraphique, produits d’utilisation restreinte en France. La
presse informatique n’aborde pas le thème, quant à la presse spécialisée en danse, elle est, en
France, tournée beaucoup plus vers le grand public que le milieu professionnel de la danse,
par conséquent on n’y trouve pas plus de renseignements. Les informations sur l’existant, les
recherches et les utilisations sont diffusées par le milieu professionnel et universitaire via
Internet. En France, les seules sources d’information sont le conservatoire national de Paris,
département des études chorégraphiques, lieu d’enseignement et d’utilisation des systèmes de
notation et le ballet Preljocaj Galerie Vauvenargues à Aix en Provence. Le ballet Preljocaj est
la seule compagnie professionnelle française à utiliser la notation.
1) La notation, objet de discussion
De nouvelles technologies, comme le camescope, qui enregistre une représentation de
ballet de manière plus rapide et plus économique ne rendent-elles pas la notation de la danse
obsolète ? La question de la pertinence de la notation a toujours existé : autrefois et
aujourd’hui encore les danses et le ballet se transmettent par la tradition orale. D’autre part, la
notation de danse a connu de nombreuses évolutions et remaniements, pour ces raisons, elle
ne fait pas nécessairement l’unanimité.
De nombreuses méthodes existent pour transcrire sur papier la description de la danse,
ces méthodes utilisent un lexique spécifique très complexe de symboles et repèrent le
positionnement par un relevé précis de points significatifs. Beaucoup de systèmes de notation
de danse ont été conçus: on estime, qu’il y a eu en moyenne, un système de notation tous les
quatre ans depuis 1928. Actuellement il y a deux principaux systèmes de notation utilisés en
danse : - le système le plus répandu est la labanotation- le système le plus utilisé pour la
notation chorégraphique est la notation Benesh.
§
La notation Laban
C’est un système standardisé pour analyser et enregistrer n’importe quel mouvement
humain, cette méthode n’est au préalable pas spécifique à la danse. Son inventeur autrichien
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-1avril 2000
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est Rudolf von Laban. Il a édité cette notation en 1928 qu’il nommait alors Kinétographie. Par
la suite plusieurs personnes ont contribué au développement de cette notation, aux Etats-Unis
Ann Hutchinson est à l’origine de la labanotation alors qu’ Albrecht Knust, en Allemagne,
développe la Kinétographie Laban. Ces deux systèmes ne sont pas équivalents, ils diffèrent
par leur écriture et leur analyse du mouvement. Actuellement la notation Laban ou
Labanotation fait figure de référence. Le principe de la notation Laban est de partir du corps
de l’homme et de noter spécifiquement tous les changements qui sont transmis par le
mouvement. Il s’agit de la notation Laban sous forme «de description structurale ». D’autres
systèmes d’écriture dérivés de la notation Laban existent : « la description de motifs » est une
description simplifiée où sont notés seulement les changements qui semblent importants, la
description d’Effort-Shape est employée pour enregistrer la teneur en énergie d’un
mouvement. Tous les changements forment les points de notation et sont transcrits sur une
partition. Les partitions sont verticales et se lisent du bas vers le haut.Contrairement à la
notation Laban destinée à l’enregistrement de tous types de mouvements, il existe d’autres
systèmes de notation spécifique à la danse tel que la notation de Benesh.
§
La notation Benesh
Ce système de notation est basé sur le ballet classique anglais. La notation de Benesh
enregistre les mouvements de danse également sur une partition, structurée identiquement aux
partitions musicales, horizontale et dont la lecture se fait de gauche à droite. La portée
comporte cinq lignes utilisées de bas en haut pour la tête, les épaules, le buste, les genoux et
les appuis.
2) Des écritures manuscrites aux solutions logiciels : les notations
informatisées
Les deux systèmes de notation Laban et Benesh proposent un langage formalisé
d’écriture manuscrite de la danse. Des programmes informatiques ont été conçus comme outil
d’aide à la notation pour les deux systèmes.
§
LabanWriter
Editeur de notation Laban pour Macintosh, développé par le service d’état de l’Ohio
de la danse, qui se présente comme un éditeur de texte et propose la structuration de la
partition chorégraphique selon les préceptes de notation manuscrite. Il existe plusieurs
versions de LabanWriter.
La partition se présente sur trois lignes verticales, une ligne centrale(C) correspond à
l’axe du corps, de part et d’autre une ligne à droite forme une colonne droite pour enregistrer
tous les mouvements qui se passent à droite(R) et une colonne gauche pour tout ce qui se
passe à gauche(L). Chacune de ses colonnes est subdivisée en sous colonnes (on crée autant
de colonnes que le besoin d’enregistrement l’exige) affectées à une partie du corps(support(1),
jambes(2), corps(3), bras(4), tête(5)…
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-2avril 2000
LES LOGICIELS D’ECRITURE CHOREGRAPHIQUE
L = côté gauche
C = ligne centrale
R = côté droit
1 = colonne de support
2 = colonne de geste de jambe
3 = colonne du corps
4 = colonne de bras
5 = colonne de tête
Verticalement, la partition est structurée par des lignes, semblables aux partitions de
musique, ces lignes intermédiaires sont reportées à intervalle régulier, une double ligne
indique le début ou la fin du mouvement. Le mouvement peut se prolonger sur plusieurs
portées verticales. Le début de la portée est noté par une ligne simple. Contrairement aux
partitions musicales, la durée d’un mouvement n’est pas notée par des symboles spécifiques
mais elle est indiquée par la longueur du symbole. Pour indiquer la direction du mouvement,
l’orientation, les gestes des membres, le transfert du poids, les sauts, les parties du corps, les
mouvements accentués, les appuis…on utilise d’autres symboles.
Les parties du corps
P = Endroit
F = Avant
B = Arrière
L = Gauche
R =Droit
LF = Avant gauche
RF = Avant droit
LB = Arrière gauche
RB = Arrière droit
U = Vers le haut
M = Milieu
D = Vers le bas
Il existe d'autres éditeurs de la notation Laban sous forme de prototype : le logiciel LED
Ce logiciel est un éditeur graphique interactif pour la notation Laban qui fournit 109
symboles de base et 10 menus. Ces symboles peuvent être effacés, copiés ou modifiés. Le
logiciel prévoit des fonctions de création, d'enregistrement, de recherche et d'impression et
propose un fichier de points de notation. A cet éditeur, il est possible d'adapter un interprète
LINTER qui permet de produire des animations à partir des fichiers de notation.
§
MacBenesh
MacBenesh est une application Macintosh qui permet l'écriture des points de notation
Benesh. Le logiciel Macbenesh a été développé dans le milieu universitaire canadien et
commercialisé par l'éditeur canadien Dance Write. Le système de notation MacBenesh
présente l'avantage d'être plus visuel, on a une figuration des positions du ballet alors que la
notation Laban est beaucoup plus abstraite. MacBenesh doit prochainement sortir une
nouvelle version qui ne se limitera pas à la notation du solo, il sera possible de noter les duos,
la chorégraphie de plusieurs danseurs.
Plus confidentiel dans le monde de la danse, un troisième système informatisé de
notation opère sur la base de la notation Eshkol : la notation d’Eshkol-Wachman (EW)
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-3avril 2000
LES LOGICIELS D’ECRITURE CHOREGRAPHIQUE
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La notation de mouvement d’Eshkol-Wachman : EW
L’EW a été conçu comme système de notation généralisable à n’importe quel
mouvement(rotation des membres, mouvements détaillés de la main…). Ce système prend le
squelette comme point de départ et traite le corps comme un ensemble de segments(le
segment étant formé par le lien entre deux articulations ou points finaux, exemple l’avant-bras
est matérialisé par le lien poignet-coude). Le corps est un jeu de segments formant des lignes
imaginaires, la notation d’Eshkol exprime le rapport de ces segments dans l’espace
tridimensionnel en donnant à chaque mouvement les coordonnées sphériques du point
d'articulation qui initie le mouvement. Chacun des cercles décrits est divisé en unités de
segments de 45°et numérotés de 0 à 7,dans le sens des aiguilles d’une montre. N’importe
quelle position est définie par les coordonnées du segment relatives à cette sphère imaginaire.
§
Une autre démarche pour la notation de la danse
A partir d'une source images, l'ordinateur permet de traduire le mouvement des figures
animées en points de notation. Cette technique présente
des limites, d'une part,
l'enregistrement se fait sur la base d'une source visuelle dont la fiabilité est plus ou moins
grande., d'autre part, ce qui est noté est l'exécution de la danse et non sa conception. Enfin,
dans une image animée les points à noter sont beaucoup trop nombreux, l'ordinateur est inapte
à faire la sélection des points pertinents.
La première utilisation de l'infographie( utilisation des images produites par
l'ordinateur des figures dansantes) pour la danse remonte à 1967 par Mickael Moll.
L'utilisation de telles figures a servi ensuite à la création, l'exécution et l'enseignement de la
danse. Les développements sont nombreux mais l'usage reste encore limité dans le monde de
la danse.
La notation informatisée présente les mêmes avantages qu'un logiciel de traitement de
texte, elle offre la possibilité de faire des copier-coller, de retravailler une partition, d'enrichir
la partition à partir de la prise de notes pendant les répétitions, de modifier, d'enregistrer et
d'imprimer. Toutefois on lui reproche d'alourdir les procédés de notation avec la nécessité de
maîtrise du logiciel. La notation informatisée est encore contestée par rapport à la notation
manuelle jugée plus souple et plus esthétique. Lorsqu'il y a notation informatisée, celle ci
intervient souvent en phase finale , c'est une mise au propre des notes prises à la main. Un
autre aspect en limite l'usage, la commodité: bien que de plus en plus de professeurs de danses
se déplacent avec leur micro ordinateur portable, l'encombrement du matériel est souvent
décrié et freine l'utilisation de l'informatique. L'arrivée des ordinateurs de poche ou palmtop
pourrait constituer une réponse à cet inconvénient.
§
Les nouveaux produits informatiques
pour la notation de la danse
LabanPad est un programme interactif
qui sera mis en application sur un ordinateur de
poche, à l'aide d'un crayon lecteur il sera
possible de pointer les symboles préalablement
écrits, et permettra d'enregistrer les mouvements
avec beaucoup plus d'aisance.
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-4avril 2000
LES LOGICIELS D’ECRITURE CHOREGRAPHIQUE
3) Pourquoi développer des logiciels de notation de danse alors que leur usage
semble si marginale, tout du moins en France?
Les chorégraphes et les danseurs s'intéressent peu à la question de la mémoire et du
répertoire. Le souci du chorégraphe est avant tout d'ordre créatif, il ne porte pas beaucoup
d'attention à la notation de la chorégraphie , celle-ci sera fixée essentiellement par la mémoire et
les traces laissées par l'exécution de la danse. Comment préserver cette mémoire dans le temps?
La notation chorégraphique pose le problème essentiel de l'archivage des chorégraphies. Une
autre question semble aussi importante, celle du répertoire. La représentation chorégraphique est
un moment unique , éphémère alors que la chorégraphie si elle est minutieusement notée peut
voyager dans le temps et dans l'espace, ce qui permet aux danseurs de travailler sur un véritable
répertoire( le ballet Preljocaj pratique la notation et enseigne ainsi, dans le monde, ses ballets). La
littérature, la musique trouvent à travers leur processus de création, une forme validant la
protection des droits d'auteur (œuvre d'art). Pour la danse, le processus de création est spécifique
et soulève les problèmes de protection de la création chorégraphique.
§
La notation au regard d'autres techniques d'enregistrement de la danse
La notation de la danse, manuelle ou informatisée, est une méthode d'enregistrement de la
danse aux côtés d'autres méthodes parmi lesquelles, la vidéo, la description par le langage, les
figures dessinées.
La plupart de ces méthodes ne sont pas suffisamment précises pour un enregistrement de
tous les aspects chorégraphiques. La description par les mots, est caution à interprétation. Le film
peut cacher des mouvements , l'enregistrement vidéo est totalement dépendant des conditions
présentes lorsque le film a été réalisé. Le film ou la vidéo sont des représentations, ils témoignent
du travail d'interprétation et non de celui de la création. La notation est à la danse ce que les
partitions sont à la musique, la notation est plus scientifique, elle enregistre au moyen de
symboles presque chaque mouvement. L'informatisation de la notation renforce ses atouts, de
plus, elle permet le passage du papier à l'animation. La vidéo et les partitions notées de
chorégraphie sont complémentaires et répondent ensemble aux questions de propriétés et de
transmission des œuvres chorégraphiques. La danse peut vivre sans le chorégraphe si les points
de notation sont transcrits de manière précise. Les partitions déposées, le chorégraphe est protégé
du plagiat.
4) L'informatique dans la danse développe d'autres outils que celui de la
notation
L'usage de l'informatique comme outil de création reste marginal, les chorégraphes
préfèrent travailler de manière traditionnelle, en phase avec la danse, néanmoins cette voie existe.
A noter comme usage de cette pratique, le travail de Merce Cunnigham "Trackers" pour lequel le
chorégraphe a eu recours à la manipulation des figures sur écran avec la possibilité de visionner
leurs positions et mouvements de manière interactive grâce au seul logiciel de création
chorégraphique Lifeforms développé à l'université Simon Fraser à Vancouver par Tom Calvet.
En parallèle à l'utilisation de la notation informatisée, l'éditeur Danscores a développé des
logiciels d'apprentissage de la labanotation , des produits conviviaux qui intègrent le son:
Metacard version 3.0 développé pour Macintosh et maintenant disponible sur PC.
Dans l'enseignement de la danse, l'informatique est une aide précieuse pour comprendre
les mouvements qui ne peuvent pas être démontrés au ralenti en raison des problèmes liés à
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-5avril 2000
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l'équilibre ou l'élan. A noter comme exemple d'utilisation informatique dans l'enseignement de la
danse le système d'animation NUDITE crée en 1982 par Herbison-Evans.
§
Un interpréteur du langage de ballet
A titre expérimental, des expériences universitaires ont été conduites pour mettre au point
un interprète de ballet sur la base d'une analyse lexicologique: le système Ballones.
Dans le programme appelé NUDITE est entré un fichier contenant une description formelle des
consignes du ballet classique, le lexique est analysé et affiche à l'écran sur un poste de travail le
mouvement animé. Divers utilisations sont possibles de ce système: une aide assistée par
ordinateur des instruction du ballet, l'enregistrement des travaux chorégraphiques et l'étude du
mouvement. Ce système fait l'économie de l'apprentissage de la notation chorégraphique.
§
Où trouver ces logiciels?
Nom et version du Remarques
commercialisation
Prix
logiciel
MacBenesh 6.0
Application Macintosh, nécessite Dance Write
50 $ USA
une imprimante de haute qualité 119 Glen Crescent Thornhill, Ontario L4J 4W3,
64 $ CA
CANADA
LabanWriter 4.0
Pour Macintosh
http://www.dance.ohio-state.edu/research/LabanWriter/
Lifeforms studio 3.5 Il existe plusieurs versions
http://www.credo-interactive.com/
495 $
5) Bibliographie sommaire et sites web
Quelques adresses
Dance Notation Bureau
33 West 21st Street, New York, New York 10010
(212) 807-7899
Conservatoire de Paris, Dpt des Études
Choregraphiques,
209 avenue Jean-Jaurès,75019 Paris, France
Tel: 33 (1) 40 40 46 19
Introduction à la Labanotation
http://www.rz.uni-frankfurt.de/~griesbec
Site consacré à la notation
http://www.dance.ohiostate.edu/files/Odrg/notation.html
The Benesh Institute,
12 Lisson Grove,, London NW1 6TS,
Tel No 44 (0) 171 258 3041
Fax 44 (0) 171 724 6434
The Royal Acadamy of Dancing
36 Battersea Square, London, SW11 3RA
Tel: +44 0171-223 0091
Congress on Research in Dance
SUNY/Brockport, Brockport, N. Y. 14420
(716) 395-2590
Quelques livres clef
Ann Hutchinson Labanotation
The System of Analyzing and Recording
Movement Routledge/Theatre Arts Books, New
York,1991
Hutchinson Guest, A. 1989. Choreo-Graphics: A
comparaison of Dance Notation Systems from the
Fifteenth Century to the Present. New York:
Gordon and Breach.
Eshkol, N.& Wachmann, A.1958. Movement
Notation. London: Weidenfield & Nicholson.
Labanotation Institute, Dpt of Dance Studies,
University of Surrey
GU2 5XH Guilford, Surrey, U.K.
Tel: 44 (1483) 259351
http://www.surrey.ac.uk/NRCD/nrcd.htmltion
studies
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-6avril 2000