Au Congo-Brazzaville, des hommages funèbres sélectifs

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Au Congo-Brazzaville, des hommages funèbres sélectifs
Au Congo-Brazzaville, des hommages funèbres sélectifs
Écrit par Benjamin BILOMBOT BITADYS
Vendredi, 20 Mars 2015 10:25 - Mis à jour Vendredi, 20 Mars 2015 17:27
Tout le monde a en mémoire la photo qui a tourné en boucle sur les réseaux sociaux montrant
Denis Sassou Nguesso pleurant à chaudes larmes lors du décès de sa fille Edith Lucie Bongo
Ondimba le 14 mars 2012.
Tout le monde se souvient aussi des larmes versées par Florent Ntsiba à l’occasion des
obsèques des victimes de l’explosion du 4 mars 2012 sur l’esplanade du palais des congrès de
Brazzaville. Si les larmes de Sassou Nguesso étaient sincères comme le prouvent les
différentes célébrations de l’anniversaire de la disparition d’Edith Lucie Bongo Ondimba, celles
de l’homme lige Florent Ntsiba, l’homme du « petit matin », s’apparentaient aux larmes de
crocodile comme le montre le sort désormais réservé aux morts de la déflagration du 4 mars
2012.
Commémorations à géométrie variable
Dans le cœur de Sassou et des épigones du « chemin d’avenir », les morts ne se valent Pas.
Selon que l’on est fille du chef de l’Etat ou pas, le Congo-Brazzaville est plus ou moins
reconnaissant. A Edith Bongo Ondimba, des hommages en grandes pompes avec en prime le
déplacement des chefs d’Etats d’Afrique, du gouvernement, du corps diplomatique accrédité au
Congo-Brazzaville et du gratin de la Jet 7 à Oyo. [Interrogé par la presse, Thomas Boni Yayi a
déclaré] : « Je suis venu saluer la mémoire d’Édith Lucie Bongo Ondimba, précocement
arrachée à l’affection des siens. Elle s’était fait connaître par ses œuvres sociales, par l’amour
et pour nous qui avons la foi, nous pouvons dire, au regard des valeurs que l’ex-première dame
du Gabon portait, qu’elle était habitée par Dieu. »
(Les dépêches de Brazzaville, 15
mars 2015).
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Au Congo-Brazzaville, des hommages funèbres sélectifs
Écrit par Benjamin BILOMBOT BITADYS
Vendredi, 20 Mars 2015 10:25 - Mis à jour Vendredi, 20 Mars 2015 17:27
Sainte Edith
De facto, au Congo-Brazzaville, le 14 mars a été institué fête nationale et la fille de Sassou
Nguesso, Edith Lucie Bongo Ondimba élevée au rang des saints (Sainte Edith d’Oyo, priez
pour nous, pauvres pêcheurs, mwinda.or, 14 mars 2015). « Sainte, tu seras ma fille », doit se
dire Sassou fort d’espèces sonnantes et trébuchantes tirées de l’exploitation du pétrole au large
de Pointe-Noire.
Le procès en béatification ou canonisation du Cardinal Emile Biayenda, attendu depuis
plusieurs années par les catholiques du Congo-Brazzaville notamment, risque d’être relégué
aux calendes grecques au profit de celui d’Edith Lucie Bongo Odimba. Les cardinaux du
Vatican qui pourraient défendre le dossier de la fille de Sassou ont du pognon. Face à
l’argument financier l’avocat du diable souvent n’y peut rien car la grâce comme les indulgences
dans l’Eglise Catholique notamment au moyen-âge sont financièrement négociables.
Même pas pour le Cardinal Emile Biayenda
Aux morts de l’explosion du 4 mars 2012, l’indifférence nationale. Aucune gerbe de fleur n’a
été déposée en mémoire aux victimes. Deux poids, deux mesures. Au Congo-Brazzaville,
Sassou Nguesso a inauguré l’ère des commémorations à géométrie variable. En somme, des
hommages sélectifs. Il y a d’ailleurs belle lurette que Sassou, le digne continuateur de l’œuvre
de l’immortel Marien Ngouabi, ne se donne plus la peine de se déplacer le 18 mars pour
commémorer l’anniversaire de la mort de son frère d’arme. Les restes mortuaires du
Commandant Marien Ngouabi auraient été déplacés du mausolée d’après les révélations du
trublion Maurice Massengo Tiassé. Sassou ne se dérange point pour commémorer celle du
Cardinal Emile Biayenda assassiné le 22 mars 1977 ; encore moins pour celle du président
Alphonse Massamba Débat (tué dans la nuit du 22 au 23 mars 1977) qui ne dispose guère de
sépultures.
Qui a chanté : « toutes les morts n’ont pas la même signification » ? Franklin Boukaka
dans
« Les immortels
»
.
Benjamin BILOMBOT BITADYS
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