APRIL, Association de Promotion du Logiciel Libre

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APRIL, Association de Promotion du Logiciel Libre
APRIL, Association de Promotion du Logiciel Libre
L’interlocuteur associatif de référence dans l’espace francophone du logiciel libre
Benoît Sibaud, Président
Benoît Sibaud nous présente dans cet article l’APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en
Informatique Libre, dont il assure la présidence.
Le logiciel libre
Définition
Un logiciel libre est un logiciel dont la licence
d’utilisation vous garantit quatre libertés :
utilisation : la liberté d’utiliser/exécuter le logiciel
pour quelque usage que ce soit ;
étude : la liberté d’étudier le fonctionnement du
programme, et de l’adapter à vos besoins. L’accès
au code source est une condition pour tout ceci ;
redistribution : la liberté de redistribuer des
copies ;
modification : la liberté d’améliorer le programme,
et de rendre publiques vos améliorations de telle
sorte que la communauté tout entière en bénéficie.
L’accès au code source est une condition pour tout
ceci.
Ce sont des libertés fondamentales à l’utilisation de
l’informatique, à la création et au partage des informations. Les logiciels libres sont avant tout porteurs
de liberté, de partage et d’accès à la connaissance.
Elles sont bien sûr essentielles aux informaticiens,
mais aussi aux utilisateurs, auxquels elles apportent
une maîtrise des outils et des informations, en
empêchant toute dépendance permanente vis-à-vis
d’un quelconque éditeur de logiciels.
Le terme logiciel libre vient de l’anglais Free
Software, où « free » doit être compris dans le sens
de « free speech » (libre expression) et non pas
« free beer » (gratuité). Logiciel libre ne signifie donc
pas « non commercial » ou gratuit : un logiciel libre
doit être disponible pour un usage commercial, pour
le développement commercial et la distribution
commerciale. On peut d’ailleurs noter que les quatre
libertés caractérisant une licence de logiciel libre ne
traitent pas du prix de ce logiciel.
Le logiciel libre s’oppose au logiciel propriétaire qui
n’offre pas les « quatre libertés ». « Commercial » et
« propriétaire » ne sont donc pas synonymes : si la
plupart des logiciels commerciaux sont propriétaires,
il en existe aussi des libres ; il existe de même des
logiciels non-commerciaux libres et d’autres nonlibres.
La Lettre d’ADELI n° 61 – Automne 2005
Logiciel libre, freeware, shareware, ... ?
Un logiciel libre protège la liberté des utilisateurs. À
l’opposé, toutes les autres formes de distribution
posent des problèmes en matière de liberté pour les
utilisateurs. Voici quelques exemples de ces formes
de distribution qu’il ne faut pas confondre avec le
logiciel libre :
un « freeware » (logiciel gratuit ou graticiel), contrairement au « free software », indique simplement
que l’utilisation du logiciel est gratuite. Le code
source du programme n’est pas forcément disponible, ce qui interdit, par exemple, de corriger des
bugs ou d’effectuer des améliorations ;
un « shareware » (partagiciel) est un logiciel dont
l’auteur demande aux utilisateurs réguliers de son
programme une rétribution volontaire. La rediffusion
ou la modification d’un tel programme ne sont
généralement pas autorisées ;
un logiciel du domaine public n’est plus soumis au
droit d’auteur. Si le code source est dans le domaine public, c’est un logiciel libre, mais très souvent le
code source n’est pas disponible (seul le code
binaire est disponible). Dans ce cas, ce n’est pas un
logiciel libre. Parfois, on utilise le terme « domaine
public » d’une façon peu précise pour dire « libre »
ou « disponible gratuitement ». Toutefois, « domaine public » est un terme légal qui signifie précisément que le logiciel n’est pas « soumis au droit
d’auteur ».
Un peu d’histoire
Des débuts de l’informatique aux années 80, les
programmeurs trouvaient tout à fait naturel le fait de
partager les codes sources de leurs programmes.
Cette démarche était encouragée par les constructeurs d’ordinateurs, comme IBM par exemple, qui
cherchaient surtout à augmenter les ventes de leurs
ordinateurs. Le logiciel libre existait déjà dans la
pratique si ce n’est dans la forme juridique.
Au début des années 80, différents éléments ont
remis en cause cette habitude de partage, et la
notion de logiciel propriétaire va apparaître par la
création notamment de licences d’utilisation restrictives. L’un des plus célèbres hackers (au sens
original de programmeur expert) du MIT, Richard
Stallman considérait que cette nouvelle conception
de l’informatique était aux antipodes de la manière
naturelle de travailler, à rapprocher des pratiques
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scientifiques de publication, de partage, de revue par
les pairs.
par l’assemblée générale. Le conseil d’administration
élit le bureau.
Il a donc, en réaction, initialisé en 1983 le projet GNU
(GNU’s Not Unix) visant à concevoir un système
d’exploitation complet et entièrement libre. Aujourd’hui ce système existe, et sa variante la plus répandue est GNU/Linux, combinaison du système GNU et
du noyau Linux. Pour soutenir le développement du
projet GNU, la Fondation du Logiciel Libre (Free
Software Foundation, http://www.fsf.org) a été créée
en 1985. Elle a formalisé la définition du logiciel libre
et créé la licence GNU GPL (pour GNU General
Public License), la licence des logiciels libres par
excellence (70 % de ceux-ci sont couverts par cette
licence). Elle détermine des conditions de distribution
qui garantissent les libertés de l’utilisateur.
L’APRIL est un acteur majeur de la démocratisation
et de la diffusion du logiciel libre auprès du grand
public, des professionnels et des institutions dans
l’espace francophone.
Parmi l’ensemble des figures du logiciel libre, Richard
Stallman est considéré comme le fondateur du logiciel libre. Il a conceptualisé le mouvement du logiciel
libre, écrit quelques-uns des plus célèbres logiciels
libres et initié la théorie légale du logiciel libre.
Des exemples de logiciels libres
Parmi les milliers de logiciels libres existant, allant du
logiciel embarqué au super-calculateur, des couches
système au poste client, pour les serveurs ou les
utilisateurs finals, citons les plus connus à titre
d’exemple :
le système d’exploitation GNU/Linux ;
le serveur de fichiers et d’imprimantes Samba ;
la plate-forme web dite « LAMP » (système
GNU/Linux, serveur web Apache, base de données
MySQL, langage PHP, Python ou Perl) ;
la suite bureautique OpenOffice.org ;
le navigateur web Firefox ;
le logiciel de messagerie Thunderbird.
Présentation de l’APRIL
L’association
L’Association pour la Promotion et la Recherche en
Informatique Libre a été créée en 1996, et est la
pionnière du logiciel libre en Europe. Elle a pour objet
d’engager toute action contribuant à la promotion, au
développement, à la recherche et à la démocratisation de l’informatique libre. Son action est donc de
promouvoir le logiciel libre auprès des particuliers,
institutionnels et professionnels, de sensibiliser le
plus grand nombre aux enjeux des standards
ouverts, d’amener des décisions politiques favorables
au logiciel libre et de favoriser le partage de la
connaissance.
L’association compte plus de deux cent cinquante
membres personnes physiques et une vingtaine de
personnes morales. Elle est dirigée par un conseil
d’administration élu chaque année sur liste complète
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Son délégué général, Frédéric Couchet, préside le
chapitre français de la Fondation du Logiciel Libre
(FSF France), et ancien président fondateur de
l’APRIL. La pérennisation et le développement de
son équipe de permanents sont essentiels à la
poursuite de l’action de l’association.
Son rôle : promouvoir, défendre, fédérer
Promouvoir :
- promouvoir les offres commerciales à base de
logiciel libre ;
- mettre en place des formations sur les licences et
le contexte juridique du logiciel libre ;
- sensibiliser les décideurs aux tenants et aux
aboutissants d’un passage total ou partiel au
logiciel libre ;
- accompagner les institutionnels dans leurs démarches liées au Logiciel Libre ;
- participer ou organiser de grands évènements
(Sommet Mondial de la Société de l’Information,
Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, ...) ;
- promouvoir une législation progressiste en matière
de droit d’auteur et de brevets ;
Défendre :
- contrecarrer les campagnes de désinformation des
opposants au développement du logiciel libre ;
- informer les élus sur les dangers de certaines
dérives juridiques et proposer des alternatives plus
favorables aux principes du logiciel libre ;
- être présent dans les cercles où sont élaborées les
politiques en matière de TIC, de droit d’auteur et
de brevet ;
Fédérer :
- initier un réseau de mutualisation des PME ;
- renforcer les partenariats avec les associations
sectorielles (éducation, administrations et collectivités territoriales) ;
- renforcer les liens avec les associations locales ;
- porter le nombre de ses adhérents à 500 d’ici 2
ans.
Actions de l’APRIL
L’équipe de l’APRIL donne régulièrement des présentations sur l’informatique libre, en tant qu’intervenante (une trentaine de conférences par an) ou en
tant que co-organisatrice : Rencontres Mondiales du
Logiciel Libre, Sommet Mondial sur la Société de
l’Information, salon Solutions GNU/Linux, Libre en
Fête, etc.
L’APRIL contribue par ailleurs aux travaux du Forum
des droits sur l’internet (sur la carte d’identité électro-
La Lettre d’ADELI n° 61 – Automne 2005
nique et sur le P2P, par exemple) et du Comité
Interministériel pour la Société de l’Information sur le
pourriel (spam).
L’APRIL a également produit en 2005 un ensemble
de fiches pour le portail CyberBase de la Caisse des
Dépôts et Consignations et contribué au livre blanc
« Organisations et logiciels libres » de la société
Di&mark.
L’association diffuse des communiqués de presse,
répond à de multiples interviews et publie des
tribunes, notamment dans Libération (« La Commission européenne fait les gros yeux à Microsoft et
entérine son monopole » en mars 2004, « Accord
Microsoft/Unesco: Bill Gates à la conquête du Sud »
en janvier 2005).
Et, bien entendu, l’APRIL informe les élus sur les
dangers de certaines dérives juridiques, telles que la
brevetabilité des logiciels, la directive européenne sur
le droit d’auteur (EUCD, « European Union Copyright
Directive »), la vente liée, etc. Elle propose également des alternatives plus favorables aux principes
du logiciel libre et, plus globalement, à une société de
l’information ouverte.
L’association a pour projets de :
développer le réseau de professionnels et institutionnels ;
renforcer le maillage local et national de nos partenaires ;
accompagner les actions de la communauté du logiciel libre ;
créer la première « Maison du Libre » (centre de
ressources en informatique libre) ;
proposer des formations sur les licences des logiciels libres ;
renforcer notre équipe de permanents : délégué
général, juristes, chargé de communication, etc. ;
analyser l’impact culturel, social, juridique et
économique des TIC, pour élaborer des solutions
équilibrées.
Vous pouvez retrouver ses actions et suivre
l’évolution de ses projets via sa lettre d’information
mensuelle accessible gratuitement sur le site de
l’association, http://april.org, et par courrier électronique.
Relations avec les autres associations, un
fonctionnement en réseau
L’APRIL est l’interlocuteur associatif de référence
dans le monde du logiciel libre francophone et
travaille en coopération avec de nombreuses autres
associations.
Elle est une organisation associée de la Free Software Foundation France (FSF France), une adhérente du Forum des droits sur l’Internet, une des
associations fondatrices de l’Association Française
des Sciences et Technologies de l’Information
(ASTI), membre bienfaitrice d’OFSET (Organization
for Free Software in Education and Teaching), de
Scideralle (logiciels libres dans l’éducation) et de
l’Association des Développeurs et Utilisateurs de
Logiciels Libres pour l’Administration (ADULLACT).
L’association est présente au conseil d’administration
des quatre dernières organisations citées.
L’APRIL publie régulièrement des communiqués de
presse communs avec la FSF France, l’Association
pour une Infrastructure Informatique Libre (FFII),
l’Association Francophone des Utilisateurs de Linux
et des Logiciels Libres (AFUL), l’Association Electronique Libre (AEL), etc.
Elle compte différentes associations parmi ses membres (Association Francophone PYthon, PostgreSQL
Fr, des groupes locaux d’utilisateurs de logiciels
libres, etc.).
Elle travaille actuellement à la mise en place de la
première « Maison du Libre » en Île de France avec
les associations VECAM et Mosaïque du monde.
Relations avec les entreprises
L’APRIL compte des entreprises parmi ses membres
personnes morales. Cela lui permet de faire remonter
ceux de leurs besoins qui contribuent à l’intérêt
général et de mutualiser le travail de veille et
d’information juridique.
Elle travaille de manière générale avec toutes les
entreprises dès lors que les actions engagées
contribuent à promouvoir l’informatique libre. Par
exemple, l’APRIL a écrit la préface et relu le livre
blanc « Organisations et logiciels libres » de la
société Di&mark paru en septembre.
L’APRIL n’est cependant pas une association professionnelle : elle n’a pas pour mission de défendre des
intérêts particuliers.
Rejoindre le mouvement du logiciel libre
Aujourd’hui, comme l’indique Di&mark dans son livre
blanc sur le logiciel libre, « la question de fond ne
réside plus tellement dans l’interrogation, vais-je
utiliser des logiciels libres ou non ? Car la réponse
est nécessairement positive ». L’APRIL vous propose
de la rejoindre et de négocier avec elle cet inévitable
virage. ▲
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