La socialisation de l`enfant et les différences genrées

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La socialisation de l`enfant et les différences genrées
La socialisation de l’enfant et les différences genrées
Quand nous rencontrons une personne, nous sommes en général capables de déterminer son sexe et nous ne pouvons pas nous en empêcher. Cette division du monde en
deux, hommes et femmes, nous amène à penser que les hommes sont semblables les
uns aux autres, comme les femmes sont semblables les unes aux autres. En réalité, il y a
un grand recouvrement entre ces deux catégories, mais la socialisation crée l’écart entre
les genres en polarisant les différences, emprisonnant chacun/e dans des rôles spécifiques, très difficiles à faire évoluer.
Les individus reçoivent des socialisations différentes selon leur sexe. C'est l'un des
aspects les plus puissants de la socialisation que de transformer une différente biologique
en une différence sociale : « on ne naît pas femme, on le devient », écrivait Simone de
Beauvoir. Apparemment dictées par une différence génétique, les identités masculines et
féminines sont en réalité des constructions sociales, produites par la socialisation primaire,
et confortées par la socialisation secondaire, à l'école, dans le couple, et au travail.
Quel rôle joue l'éducation sur les différences de genres ?
Après avoir évoqué la socialisation genrée imposée par la famille, nous analyserons
comment les adolescents deviennent acteurs de leur propre différenciation.
I ) L a s o c i é té , l a f a m i l l e i m p o s e n t u n e s oc i a l i s a t i o n g e n r é e
1) Les stéréotypes par genre imposés dès la petite enfance
a - L’enfant est immergé dans un environnement familial et social
A la naissance, il n'y a pas de différence entre un garçon et fille. La différence survient
à la petite enfance lors de la socialisation. L'apprentissage de normes et de valeurs est
différent : une fille et un garçon ne seront pas élevés de la même façon.
C'est durant la socialisation primaire que commence la socialisation différenciée,
c'est alors que les parents entrent dans les stéréotypes sans s'en rendre compte, car
eux-mêmes sont victimes de leur propre socialisation. Les petites filles seront donc
davantage sollicitées dans des activités « calmes », assises autour d'une table ; on va leur
donner des poupées, des dînettes, les engager dans des activités manuelles, ce qui les
dirigera plutôt vers la sphère privée. Les petits garçons, quant à eux, seront plus sollicités
pour participer à des activités motrices : « On leur propose des jeux, des activités où ils
vont se dépenser, des jeux où ils vont pouvoir courir », ce qui les dirigera vers la sphère
publique.
Les stéréotypes les plus archaïques semblent tenaces, à l’exemple de celui de la
couleur des vêtements. Dans notre enquête réalisée auprès de trois classes du lycée
Raymond Naves, (1re S, Terminale L, et Terminale Bac Professionnel), nous avons
demandé « à quoi voit-on qu'un bébé habillé est une fille ou un garçon ? », sur 60 élèves,
31 ont répondu : « à la couleur de leur vêtements, rose pour les filles et bleu pour les
garçons ».
On peut donc voir qu'aujourd'hui encore ces stéréotypes sont toujours présents à
l'adolescence, ils témoignent de cette socialisation différenciée.
b - Normes et valeurs transmises par les parents
Le milieu social permet donc la transmission de normes et valeurs par les
parents. Les normes sont des règles qui régissent l'action des individus à l'intérieur d'une
société. C'est grâce à elles que l'individu va se développer.
Mais ces normes et valeurs seront différentes selon le sexe. Par exemple, au niveau
des activités : certaines activités sont plus associées aux filles et d'autres aux garçons. En
effet, notre enquête auprès de trois classes du lycée a révélé que la majorité d'entre eux
associait la danse aux filles et les sports d'équipe, comme le football ou le rugby, aux
garçons. Si un garçon veut faire de la danse, comme on peut le voir dans le film Billy
Eliott, réalisé en 2000 par Stephen Daldry, ça dérange... et ça inquiète parfois les parents.
D'ailleurs ils transmettent des normes et des valeurs conformes à la société. Pour
entrer dans la norme, ils imposent donc des activités à leur enfant : coloriage, dessin pour
les filles, sport et activités manuelles, jeux de construction par exemple, pour les garçons :
pour que l'enfant s'intègre à la société.
2) La socialisation primaire : l'apprentissage de la notion de genre
a – Pierre Bourdieu : La théorie de l'habitus
La notion d'habitus a été popularisée par le sociologue Pierre Bourdieu et met en
évidence les mécanismes d'inégalité sociale. Il permet à un individu de se mouvoir dans le
monde social et de l'interpréter d'une manière qui, d'une part, lui est propre et, d'autre part
est commune aux membres des catégories sociales auxquelles il appartient. Le rôle des
socialisations primaire (enfance) et secondaire (adolescence, âge adulte) est très
important dans la structuration de l'habitus. Bourdieu pense que ces dispositions sont à
l’origine des pratiques futures des individus.
L'habitus influence tous les domaines de la vie (alimentation, culture, éducation,
consommation...). L'individu incorpore lentement un ensemble de manières de penser,
sentir et agir durables.
Toutefois l’habitus n’est pas une habitude que l’on accomplit machinalement. En effet,
ces dispositions ressemblent davantage à la grammaire de sa langue maternelle. Grâce à
cette grammaire acquise par socialisation, l’individu peut, de fait, fabriquer une infinité de
phrases pour faire face à toutes les situations. Il ne répète pas inlassablement la même
phrase, comme le ferait un perroquet. Il permet à l’individu de produire un ensemble de
pratiques nouvelles adaptées au monde social où il se trouve. Bourdieu définit ainsi
l’habitus comme des « structures structurées prédisposées à fonctionner comme
structures structurantes ». L’habitus est structure structurée puisqu’il est produit par
socialisation ; mais il est également structure structurante car générateur de pratiques
nouvelles.
L'habitus sexué engendre des processus de pensée différents. Des élèves de 15 à 16
ans ont évalués 11 professions selon 12 descripteurs. Les résultats montrent une
différence entre les représentations des garçons et des filles, en particulier concernant les
professions dites féminines. Les garçons les perçoivent comme moins prestigieuses,
moins utiles et exigeant moins de responsabilité. Selon eux, les professions dites
masculines sont mieux rémunérées. Pour les filles, ce sont au contraire les professions
dites féminines qui sont mieux rémunérées. Toutefois, garçons et filles s’accordent sur le
caractère masculin ou féminin des professions.
Le modelling différencié est une des conséquences de l'habitus. Dès 3 ans,
l'enfant a compris qu’il appartenait à un des deux sexes, et que ces sexes étaient liés à
des choses particulières : dès l’école maternelle, les petits garçons et les petites filles sont
capables de classifier un nombre impressionnant d’objets, jouets, occupations et
vêtements comme étant féminins ou masculins. Avant 7 ans, les enfants réalisent
également que l’appartenance à un genre est stable et constante. Quand cette
identification est réalisée, l’enfant commence à utiliser son environnement, ce qu’il
observe, pour en apprendre plus sur qui il est et ce qu’il doit faire. Plus particulièrement,
l’enfant observe les modèles du même genre que lui et adopte leurs comportements,
goûts et attitudes. C’est ce qu’on appelle le « modelling » différencié. Ainsi, si maman fait
la vaisselle, et papa tond la pelouse, les ambitions des petites filles et garçons vont
reproduire ces observations. De plus, l’enfant met en place une forme de pression
personnelle pour correspondre à son genre.
En définitive, l'habitus sexué et le modelling différencié provoquent la différenciation
garçon/fille très tôt chez l'individu, le poussant à adopter un comportement conforme à son
genre. Cette opposition s'amplifie avec l'intervention de la famille et de l'école.
b - Acteurs et instances de la socialisation primaire
Les acteurs de la socialisation primaire sont la famille et l'école. Dans ces deux cas
l'enfant pratique des activités qui le poussent à se socialiser. Sa famille lui apprend la
politesse (« bonjour, au revoir, merci… »), à bien se comporter (écouter les adultes...). Il
intègre et reproduit ainsi les normes et les valeurs de la société à travers ses parents.
Pour les participants de notre sondage, être élevée comme une fille, c’est apprendre
les bonnes manières, apprendre à faire le ménage (réponses de 7 élèves filles de
terminale L sur 18 ) ; être élevé comme un garçon, c’est être actif. Trois filles de
Terminale L, et quatre filles de bac pro, ont répondu qu’être élevée comme une fille et un
garçon c’est la même chose.
À l'école, l'enfant est amené à jouer avec les autres enfants, et à appliquer ce que lui
a appris sa famille. Les filles sont qualifiées, selon les chercheuses Mosconi (écrivaine,
professeur en sciences de l'éducation à l'Université Paris Ouest - Nanterre La Défense
Membre du CA de l’ANEF - Association nationale des études féministes) et Duru-Bellat
(professeur de sociologie à Sciences-Po et à l'Observatoire Sociologique du Changement)
comme « obéissantes, dociles et passives ». Les garçons, quant à eux, méprisent les
règles et se préoccupent davantage de la compétition scolaire. De plus, suivant notre
sexe, nous n'avons pas les mêmes centres d’intérêts, les mêmes passions ni les mêmes
passe-temps. Les jeux et les activités extra-scolaires pratiqués démontrent qu’il existe une
vraie différence. On distingue chez les petits garçons que les personnages guerriers,
aventuriers et les supers-héros comme Batman, Power Ranger, Spiderman, Dragon Ball Z
et bien d’autres… mais aussi des consoles vidéos, occupent une place importante. Pour
les garçons, leur rôle sera de garantir la sécurité et leur rôle de père. Du côté des filles, on
retrouve les Barbies, les dînettes, les Polypockets, les poupons, les ustensiles de cuisine
et de ménage et bien d’autres encore…
Le choix des jouets, des activités ou de l'éducation se fait souvent inconsciemment
par les parents et/ou par les pairs, en réponse à des stéréotypes, pour les filles dans le
rôle qui est censé être le leur : c'est-à-dire assurer leur rôle en tant que femme et mère au
sein de la maison, tandis que les garçons, eux, sont orientés vers les activités extérieures.
Ainsi les différences de genre sont le produit de l'éducation des parents et de l'école.
Mais l'individu ne fait-il que subir cette socialisation genrée ? Ne devient-il pas, à un
moment donné, acteur de sa différenciation ?
I I ) L e s a d o l e s c e n t s d e vi e n n e n t l e s a c t e u r s d e l e u r d i f f é r e n c i a t i o n
genrée
1 ) L'acquisition de l'autonomie à l'adolescence
a - Accentuation des différences, continuité des normes et des valeurs
À l'adolescence, l'acquisition d'une certaine autonomie se met en place. C'est entre
autres grâce aux différentes instances (amis, collège, lycée…) que cette indépendance
survient.
Or, les différences dans les choix d'activités selon le genre sont très fortes et ancr ées
dans notre société.
Selon une étude de l'INSERM, les garçons sont plus nombreux à pratiquer un sport
(73 %) et de manière plus intensive que les filles (48 %) qui, en revanche, apprécient
davantage la lecture (53 % des filles contre 35 % des garçons). Les garçons sont aussi
plus intéressés que les filles par les jeux vidéo (59 % contre 27 %). Cet écart augmente
avec l’âge puisque, si 79 % des garçons et 62 % des filles disent pratiquer souvent du
sport en dehors de l’école entre 11 et 13 ans, on compte encore à 18 ans 64 % des
garçons et seulement 33 % des filles.
Ainsi les garçons privilégient les activités physiques au détriment des activités
intellectuelles, comme la lecture, et inversement pour les filles. De plus cette différence
semble s'accentuer avec l'âge.
Quant aux cours d’EPS, c’est-à-dire au socle obligatoire de pratique, le recul net du
phénomène des « dispenses » (souvent à prétextes) peut indiquer une meilleure adhésion
des filles qu’il y a dix ou vingt ans, mais – comme dans d’autres enseignements – cette
présence, en particulier en lycée, ne garantit pas leur engagement dans l’activité
physique. En témoignent les notes d’EPS au baccalauréat qui, même si elles restent
élevées, mettent les filles plus d'1 point « derrière » les garçons. Témoignent également
de difficultés les aléas de la mixité : ainsi, en collège, si les sixièmes et les cinquièmes
restent mixtes (à 90 %), à partir de la quatrième, une classe sur deux au moins est
« démixée » pour les cours d’EPS. C’est en particulier à ce niveau du système éducatif
que s’observe un désengagement des filles dans la plupart des activités sportives,
particulièrement en sports collectifs et en athlétisme. Cette distance ne fera que croître au
lycée.
Le clivage reste donc persistant persistant entre l'engagement des filles dans les
activités physiques et celui des garçons ainsi que la difficulté du système éducatif
d'atteindre la parité.
Aux dires des élèves, certaines activités apparaissent nettement plus « mixtes »,
d’autres plus sexuées. Dans le premier groupe citons les activités de pleine nature (ski,
équitation, escalade, voile, planche à voile, etc.) et la natation. Dans le second, le
patinage, la danse et « l’expression » sont privilégiés par les filles, tandis que le football et
les activités comme le roller ou le skate le sont par les garçons. Les répulsions disent plus
nettement encore des différences puisque les filles rejettent le rugby, la lutte et la boxe, les
garçons la danse et la gymnastique.
Les activités sportives généralement pratiquées en EPS, s’inscrivent, pour l’essentiel,
dans l’histoire des hommes. Elles sont, pour une part importante, sous-tendues par des
logiques d’affrontement, de défi, d’épreuve. Ce sont des stéréotypes forgés par les rôles
sociaux, certes, mais ces usages restent fortement emblématiques, et peuvent même
constituer l’un des derniers refuges des identifications de genre.
Selon notre propre enquête réalisée au lycée Raymond Naves, les avis divergent
concernant l'égalité entre les lycéens et lycéennes face au barème sportif du
baccalauréat. En terminale Bac professionnel, les garçons et les filles ne sont pas égaux
pour 7 filles interrogées sur 13 ainsi que pour 3 garçons sur 6. De plus, en Terminale
Littéraire, 8 filles sur 18 pensent que les filles sont avantagées par le barème. Cependant,
en 1èreS les 8 filles consultées pensent qu'il y a égalité face à l'épreuve sportive car « les
filles n'ont pas les mêmes capacités physiques que les garçons ».
En entrant dans un traitement qualitatif de cette disparité, on voit bien que ces
clivages sont inscrits en profondeur.
Malgré la crise de l'adolescence, certaines normes et valeurs perdurent, ainsi que
des stéréotypes, qui restent profondément ancrés dans l'esprit des individus. Ceci a pour
conséquence d'accentuer les différences de genre, par les activités choisies, comme nous
venons de le voir.
b – L'adolescence : l'âge des libertés ou bien encore l'âge du mimétisme ?
L'adolescent acquiert de nouvelles libertés par les parents qui le jugent apte à être
autonome. Cependant, lorsqu'il est avec son groupe de pairs, son comportement s'adapte
à celui de ses amis, cela s'approche de l'imitation.
Par exemple, quand il s'agit de consommer de l’alcool. Le souci d’intégration donne
à l’alcool une fonction sociale. On le voit notamment lors de soirée où l’adolescent cherche
à ressembler à un groupe. La consommation festive du week-end en est l’exemple.
Selon certaines études, les comportements face à l’alcool varient selon le sexe. Les
adolescents n’ont pas conscience qu’au travers de cette pratique se cachent parfois des
problèmes psychologiques ou encore une forme de mimétisme. En ce qui concerne les
garçons, il semblerait que le fait de ne pas parler de problèmes personnels en famille soit
une des raisons qui les inciterait à consommer de l'alcool. De même, boire de l’alcool
nécessite un « train de vie » élevé, en effet la pratique d’un sport peut être aussi un
facteur associé, les « troisièmes mi-temps », par exemple, sont synonyme de moments où
les garçons boivent entre amis. Chez les filles, en revanche, la consommation fréquente
d’alcool relève plutôt d’ordre psycho-environnemental. C’est-à-dire du mimétisme.
Pour les filles et les garçons, boire de l’alcool ne rime pas avec une forme de solitude
ou de mal-être. Ce n’est pas seuls qu’ils boivent mais ente amis ou en famille. Il s’agit
simplement d’un moment de socialisation.
2 / De la socialisation primaire à la socialisation secondaire
a - Sous la pression des pairs
À l’adolescence, le groupe de pairs devient l’institution la plus importante pour
l’adolescent car elle lui donne une nouvelle vision des choses. En effet, avec son groupe
de pair, l’adolescent est plus libre qu’avec la famille ou l’école, il a plus de liberté car le
groupe de pairs juge moins sévèrement certaines actions par rapport à l’école ou à la famille. Le groupe de pairs se forme dès que l’enfant rentre à l’école et, une fois le groupe
constitué, ses membres vont tendre à se conformer à ce qui se dit ou se fait dans le
groupe. Le conformisme c’est l'attitude sociale qui consiste à se soumettre aux opinions,
règles, normes, modèles qui représentent la mentalité collective. Et il arrive que se groupe
de pairs change à l’adolescence. Il y aura donc nouvelles normes, nouvelles valeurs et si
l’adolescent n’est pas conforme à celles-ci, il risque d’être rejeté. C’est donc à l’adolescence que survient la pression des pairs (c’est quand une personne essaie d’en persuader
une autre de faire quelque chose que cette dernière ne veut peut-être pas faire) et quelle
est très importante. À cause de cette pression, l’adolescent peut donc commencer à fumer
ou consommer de l’alcool « pour faire comme les copains », et il se peut même que l’adolescent remette toute sa socialisation primaire en cause, c’est-à-dire l’infléchissement des
normes et valeurs inculquées par la famille.
Il y a le rejet des valeurs intériorisées au profit de nouvelles normes et valeurs.
b – Sous la pression des médias
Les adolescents rejettent de plus en plus les valeurs de leurs parents et essayent
d'en trouver ailleurs de façon inconsciente. Par ailleurs, ils sont de plus en plus influencés
par leurs pairs. De plus, les adolescents sont constamment en contact avec les médias.
Les jeux vidéos, la télévision, Internet, tous ces médias font partie de leur vie et il est
vraiment difficile pour les adolescents de vivre sans eux. Mais ceux-ci influent de façon
considérable leur façon de penser, se nourrir, se vêtir.
Selon une étude de François Coulombe et Christian-Alexandre Fiset, les publicités
nombreuses que l’on voit à la télévision, sur Internet ou dans les revues ont beaucoup
d’influence sur l' image corporelle des adolescents. En effet, l’image des femmes minces
et avec un beau corps qui passe à la télévision va être admirée et les jeunes adolescentes
vont vouloir ressembler à cela. Même chose pour les garçons qui vont consommer des
images où l’homme doit être à tout prix musclé et fort. « Des études ont lié l’idéal actuel de
beauté physique, la glorification des femmes minces et des hommes musclés, à toute une
gamme de problèmes de santé incluant le rejet de son apparence et les troubles
alimentaires».
De surcroît, nombreux sont les films qui font référence à la cigarette, l’alcool et les
drogues. Les adolescents sont donc marqués par ce qu’ils voient à la télévision, car « les
recherches ont prouvé que les jeunes étaient influencés par l’attitude de leurs acteurs
préférés face au tabac, sur l’écran comme dans la vie réelle, et de nombreux films récents
montrent des célébrités en train de fumer».
De ce fait, Monique Dagnaud, sociologue et ancien membre du CSA, directeur de
recherche au CNRS, nous rappelle que « les médias immergent les jeunes dans un bain
culturel à un âge où ils sont plus réceptifs, plus influençables, plus sensibles… L’univers
des médias est souvent un univers qui amène les jeunes à se rattacher aux groupes des
enfants de leur âge (...) adoptant une référence culturelle commune, que ce soit une
marque de vêtement, l’adoption d’une chaîne de radio, etc. ».
Ainsi, Serge Tisseron, psychanalyste, évoque le succès des romans d’Harry Potter
qui montent ce profond changement que produisent les médias dans notre société,
particulièrement chez les jeunes sensibles à leur influence.
Mais les médias peuvent jouer un tout autre rôle que celui qui lui est propre :
maintenant, ils peuvent être des psychologues, des médiateurs. En effet, les émissions du
soir à la radio le prouvent. Les personnes, surtout les jeunes, se tournent vers elles pour
trouver des réponses à leurs questions, du réconfort… Ce nouveau rôle est une
conséquence du changement opéré par les médias et dans notre société.
Pendant l'enfance, la société et la famille imposent une socialisation genrée,
cependant durant la socialisation secondaire, les adolescents deviennent les acteurs de
leur différenciation. Lors de la crise de l'adolescence, les adolescents cherchent à se
détacher de leur famille mais acceptent aussi inconsciemment des pressions, d'autres
stéréotypes imposés par leurs pairs et les médias. Ainsi les stéréotypes perdurent de la
petite enfance à la fin de l'adolescence : c'est à dire à tous les ages de l'apprentissage.
On peut donc essayer de lutter, mais comment lutter quand toute la société est
stéréotypée ? Des actions ont été mises en place dans différents collèges et lycées ayant
pour thèmes le respect des différences garçon/fille et la sensiblisation à l'égalité des
sexes. Notamment dans le collège de Fabrègues, dont l'action consiste à faire prendre
conscience aux collégiens des préjugés dans les relations filles-garçons et à travailler sur
les droits des femmes. Au collège Vincent Badie à Montarnaud, on constate que les
stéréotypes courent toujours dans les romans, les rôles traditionnels restent attribués à
chacun des sexes. Les filles et garçons sont loin d’être à égalité dans les ouvrages de
fiction. L'objectif est de faire réfléchir les élèves sur la notion d’égalité entre les garçons et
les filles et d'améliorer l’orientation des filles notamment vers les filières scientifiques. Le
lycée général et technologique Joliot Curie à Sète, quant à lui, a choisi de faire une
exposition sur la parité pour mettre en évidence cette parité, les problèmes rencontrés,
les différentes étapes pour parvenir à une égalité de citoyenneté ; le but étant de changer
les représentations et d'élargir les choix professionnels.