Compte rendu du colloque "Les Grenelles de l`animation"

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Compte rendu du colloque "Les Grenelles de l`animation"
Moulins de Beez,18 juin 2008
Table des matières
Table des matières ____________________________________________________________________ 1
I. Ouverture du colloque par Marie-Dominique Simonet ________________________________________ 3
II. Interventions de la matinée en session plénière ____________________________________________ 5
1. Introduction par Serge de Poucques, Nexus Factory, président d’Anim.be : _____________________ 5
2. L'animation au niveau européen, Marc Vandeweyer, Cartoon________________________________ 6
3. Spécificités du secteur de l'animation, Léon Perahia, Dupuis ________________________________ 7
4. Avancées technologiques, Ben Stassen, N’Wave ________________________________________ 10
5. Investir dans l'animation. Stéphane Cordier, Directeur Général Adjoint, Cofiloisirs _______________ 12
6. Séance questions-réponses_________________________________________________________ 12
III. Tables rondes _____________________________________________________________________ 14
1. L’évolution technologique, présidée par Anne-Marie Straus, Ministère de la Région Wallonne _____ 14
1.1. Tour de table _________________________________________________________________ 14
1.2. Interventions _________________________________________________________________ 14
1.3. Séance de questions-réponses ___________________________________________________ 17
2. Formation, présidée par Anne-Marie Straus, Ministère de la Région Wallonne__________________ 17
2.1. Tour de table _________________________________________________________________ 17
2.2. Interventions _________________________________________________________________ 18
2.3. Pistes de réflexion proposées par Anne-Marie Straus _________________________________ 21
3. Financement, présidée par Philippe Reynaert, WALLIMAGE _______________________________ 21
3.1. Tour de table _________________________________________________________________ 21
3.2. Interventions _________________________________________________________________ 22
3.3. Séance de questions / réponses __________________________________________________ 26
4. Coproductions internationales, présidée par Ariane Payen, Chamazolou Productions ____________ 27
4.1. Tour de table des orateurs ______________________________________________________ 27
4.2. Interventions _________________________________________________________________ 27
IV. Synthèse des débats par les présidents de séance ________________________________________ 31
1. TECHNOLOGIE, par Anne-Marie Straus _______________________________________________ 31
2. FORMATION, par Anne-Marie Straus _________________________________________________ 31
3. COPRODUCTIONS INTERNATIONALES, par Ariane Payen _______________________________ 32
4. FINANCEMENT, par Philippe Reynaert________________________________________________ 32
V. Conclusions du colloque _____________________________________________________________ 34
VI. Annexe : Liste des participants _______________________________________________________ 36
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Les Grenelles de l’animation ont pris place dans les anciens moulins de Beez. Une petite centaine de
professionnels issus du secteur de l’animation se sont retrouvés toute la journée pour aborder les différents
thèmes qui régissent l’actualité du secteur. Les professionnels étaient tantôt belges, tantôt originaires de
l’étranger, notamment la France et du Luxembourg. Une multiplicité dans les nationalités qui démontre le
caractère international du secteur.
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I. Ouverture du colloque par Marie-Dominique Simonet
Marie-Dominique Simonet, Ministre de la Recherche, des Technologies nouvelles et des relations extérieures de
la Région Wallonne, a débuté son intervention en rappelant que le domaine des TIC (Technologies de
l’Information et de la Communication) représente, en Wallonie, environ 15.000 emplois répartis dans 625 sociétés
pour un chiffre d'affaires de près de 2,5 milliards d’euros. Autant dire que son impact économique est loin d’être
négligeable.
«Mesdames, Messieurs,
C’est avec plaisir que je vous vois réunis aujourd’hui pour ce colloque consacré au secteur de l’animation en
Région wallonne et plus largement en Belgique francophone.
Comme vous le savez, je suis à la fois Ministre du Gouvernement de la Région wallonne et du Gouvernement de
la Communauté française. Les thèmes de vos débats me concernent donc à plus d’un titre et j’aimerais m’attarder
plus particulièrement sur deux d’entre eux : le financement des projets et la formation.
Le financement des projets
En Région wallonne, c’est le programme mobilisateur PROMIMAGE qui a le premier ouvert ses portes aux courts
et longs métrages d’animation. Lors de chacune de ses quatre éditions, des films d’animation ont été soutenus,
permettant notamment aux technologies de trouver des terrains d’expérimentation.
Des projets ambitieux ont été menés à bien grâce, entre autre, aux aides régionales.
Je ne vais pas les citer tous, mais certains qui ont déjà vu le jour :
-
Le portefeuille,
-
Square Couine,
-
Piccolo Saxo & Cie,
-
Les Paniques,
-
Les fables en délire,
-
Papillon et Mamillon,
-
Max & Co.
Et d’autres qui sont attendus avec impatience :
-
Sambora
-
Brendan,
-
La véritable histoire du chat botté,
-
Bob et Bobette et les diables du Texas,
-
Taro et le démon du volcan.
J’en profite pour faire avec vous le point sur les aspects administratifs de l’édition 2007 de ce programme
mobilisateur :
Les bénéficiaires des quinze projets retenus ont tous reçu une proposition de convention,
Pour ma part, j’ai signé neuf contrats d’avance récupérable et l’administration a mis en liquidation cinq fonds de
roulement.
Un nouvel appel à projets ? Parlons-en. J’envisage de lancer, en 2009, une cinquième édition du programme
PROMIMAGE. Mon cabinet étudie avec l’administration les modalités qui s’appliqueront à la sélection et au
financement des œuvres. En effet, comme je l’évoquais, PROMIMAGE 2009 devra tenir compte du nouveau
décret wallon sur la recherche, lequel s’intègre dans un encadrement européen modifié.
Puisque je vous parle ici de financement de la recherche, j’en profite pour rappeler le programme d’excellence
NUMEDIART qui vise à mettre la recherche au service des entreprises du secteur numérique et multimédia. Il
réunit des chercheurs, des industriels et des artistes.
La formation
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Second thème qui me tient à cœur, l’enseignement. Avec le financement des projets, la formation est un des
éléments cruciaux de la croissance du secteur.
Les écoles et universités de la Communauté française forment de bons éléments dans les métiers qui vous
concernent. Ils sont trop peu nombreux et, selon les professionnels, nécessitent de nombreuses heures d’écolage
avant d’être vraiment opérationnels.
Les compétences, les fonctions, les formations et les filières sont complexes dans les différents domaines du
multimédia, dont l’animation. C’est la raison pour laquelle, j’ai demandé à l’Agence Wallonne
des
Télécommunication d’éditer un ouvrage consacré aux «Métiers du multimédia». Il vient de vous être remis.
C’est la Faculté d’Informatique des FUNDP qui a été chargée de la rédaction, l’AWT jouant le rôle d’éditeur. Par
ailleurs, des entreprises du secteur ont été consultées sur la pertinence du contenu.
Ce livre sera envoyé aux écoles secondaires, aux écoles spécialisées dans les domaines étudiés et aux Centres
de compétences. Il pourra être commandé gratuitement sur le site de l’AWT. Une version Web sera aussi mise en
ligne.
Le guide est avant tout un outil destiné aux jeunes en scolarisation… et aux professionnels en recherche de
réorientation pour les aider à mieux comprendre les métiers ou profils de compétence dans le monde du
multimédia.
Il doit aider à la fois les enseignants et formateurs du multimédia ainsi que les recruteurs dans la formulation de
leurs demandes de services.
La première partie permet de mieux comprendre ce qu’on entend par multimédia. Le guide décrit sous forme de
fiches 36 métiers répartis en cinq catégories représentatives des étapes qui permettent à un produit ou un service
multimédia de prendre vie depuis la décision de production jusqu’à sa réalisation et sa diffusion.
Suit une courte description de l’enseignement secondaire et supérieur en Communauté française de Belgique
avec quelques suggestions d’orientations en rapport avec le monde de la production de produits ou services
multimédias.
J’espère modestement qu’il contribuera à éclairer les choix des étudiants qui veulent s’orienter vers ces fonctions
d’avenir.
Pour conclure, je trouve particulièrement encourageant que ce soit le secteur de l’animation lui-même qui ait pris
l’initiative d’organiser cette journée de débats. Il s’agit là, avec la naissance il y a quelques jours de l’union
professionnelle des métiers de l’animation d’Anim.be, d’une nouvelle preuve de son dynamisme et de sa
nécessaire structuration.
Je lirai avec attention les conclusions de vos travaux et en tirerai, je l’espère, des enseignements utiles pour les
compétences ministérielles qui sont les miennes.»
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II. Interventions de la matinée en session plénière
1. Introduction par Serge de Poucques, Nexus Factory, président d’Anim.be :
Licencié en science économique et en journalisme, Serge de Poucques commence sa carrière dans l’immobilier et
dirigera pendant dix ans une entreprise industrielle. Passionné de littérature de cinéma et de théâtre, adaptateur à
ses temps libres, il quitte l’industrie pour la postproduction son et en 2005 se lance dans la production
audiovisuelle. Il crée alors NEXUS FACTORY avec Sylvain Goldberg. (Fauteuil d’orchestre, Max & Co, La
véritable histoire du Chat Botté, etc.)
Les remerciements étant d’usage lors de l’introduction de ce genre d’événement, Serge de Poucques s’est prêté à
l’exercice. Il a donc remercié tous les participants d’être venus d’horizons si divers (France, Belgique,
Luxembourg, Suisse, etc.) ; les Parrain et Marraine de ce colloque en la personne des Ministres Marie Dominique
Simonet et Jean-Claude Marcourt ; ainsi que les chevilles ouvrières qui ont œuvré afin que les Grenelles voient le
jour.
-
Anne-Marie Straus de PROMIMAGE,
-
Stéphanie Hugé et Philippe Reynart de WALLIMAGE,
-
Pierre Colle de l’AWT,
-
Pierre Rion et Michel Colinet du Cluster Twist,
-
Laurent Simon du Pôle Image de Liège,
-
Ariane Payen, binôme de Serge pour l’organisation du colloque,
-
Les scribes attitrées des Grenelles (Delphine & Audrey, de Co-Toon)
Merci à WALLIMAGE pour le million d’euros attribué au secteur de l’animation ! Si tous les ministres pouvaient
faire un tel don, l’animation serait un secteur heureux.
Présentation d'Anim.be
C’est une première en Belgique, face à l’explosion du secteur, les Studios et les producteurs d’animation se sont
regroupés en union professionnelle : Anim.be ! Ensemble, ils ont décidé de prendre leur destin en main. L’union
regroupe aujourd’hui quatorze des principaux acteurs de l’animation belge. Ouverte aux producteurs et aux
studios d’animation aussi bien en Flandre qu’à Bruxelles et en Wallonie, l’Union est nationale. Une position sans
doute à contre courant de la politique actuelle qui s’explique par le pragmatisme des professionnels de
l’animation : les films et séries d’animation des projets de longue haleine qui traversent les frontières linguistiques.
Les métiers de l’animation, aujourd’hui en pleine expansion sont particulièrement structurants et pérennes. Il était
donc urgent de fédérer les producteurs et les studios de façon à défendre les spécificités de ce métier afin de le
consolider.
Anim.be s'est donné 4 chantiers principaux :
-
Augmenter les passerelles entre les membres d’Anim.be pour renforcer la place de la Belgique sur le
marché européen de l’animation;
-
Mieux représenter les spécificités liées aux métiers de l’animation dans les différentes commissions et
niveaux de pouvoirs (VAF, Communauté française, WALLIMAGE, TaxShelter...) et adapter le financement
des structures et des projets aux besoins propres à cette activité;
-
Mettre l’accent sur la formation et le statut des infographistes;
-
Nouer des contacts avec les structures équivalentes en Europe afin d’augmenter les possibilités et faciliter
les coproductions européennes.
Pourquoi des Grenelles ?
Le secteur de l’animation est en effervescence. La référence à mai 68 est évidente… Mais notre référence n’est
pas le bouillonnant Président français, mais plutôt Dany le Rouge, Daniel Cohn-Bendit, qui a dit récemment avec
du recul sur les événements que mai 68 avait eu le mérite de faire éclater les tabous et les verrous politiques et de
poser les problèmes mais qu’ils n’avaient pas réussi à l’époque à transcender cet élan ni dans une organisation ni
dans une tendance lourde.
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Notre tâche à tous aujourd’hui est de faire le constat de la situation, de poser les vraies questions sans tabous,
d’aborder les vrais problèmes et de dégager les lignes de force pour l’avenir de l’animation en Wallonie et plus
largement en Belgique. Et ce sera ensuite à Anim.be d’en assurer le suivi concret en concertation avec tous les
acteurs du secteur.
2. L'animation au niveau européen, Marc Vandeweyer, Cartoon
Licencié en Communication Sociale, il commence sa carrière comme journaliste dans la presse spécialisée en
l'audiovisuel. Il a ensuite dirigé pendant dix ans le studio d'animation Graphoui où il a employé jusqu'à 45
personnes. Depuis 1988, Marc Vandeweyer est secrétaire général de Cartoon, qu'il a fondé avec Corinne Jenart à
l'initiative d'Henry Ingberg, dans le cadre du Programme MEDIA de l'Union Européenne. En créant au fil du temps
le Cartoon Forum, le Cartoon Movie et les Cartoon Masters, il a contribué largement à la structuration du secteur
et a rendu l'animation européenne plus compétitive sur le marché mondial.
«Quelle magnifique initiative que ces Grenelles de l’Animation ! Une nouvelle énergie, une nouvelle génération
lance une nouvelle dynamique. C’est vivifiant et tonique !
Pragmatisme
Et dans ce secteur où il est si difficile de trouver les financements et encore plus difficile de trouver le personnel
compétent et expérimenté - et de le garder ! – vous avez choisi d’unir vos forces et vos complémentarités au-delà
des conflits linguistiques. Je reconnais bien là votre pragmatisme, si nécessaire dans ce métier.
Et vous avez raison d’être pragmatique, vous qui évoluez dans un secteur qui change tout le temps. C’est sans
doute le secteur qui a le plus changé en 20 ans.
En 20 ans seulement, vous êtes passés des cellulos à la 3D, à la motion capture, à la haute définition et même au
film en relief.
Et aujourd’hui vous, les producteurs, vous ne pouvez plus vous contenter de présenter un projet destiné à la
télévision, non, vous devez concevoir un concept multiplateforme. Un concept qui puisse se décliner en jeu
vidéo, en format court pour la télévision mobile sur GSM, etc.
Des formats de plus en plus courts
Le format, voilà votre chance ! Pour vous les producteurs dits des petits pays. Cette émergence des nouvelles
plateformes met paradoxalement et progressivement fin au règne tentaculaire des 26 ou 52 minutes, des durées
qui constituaient une frontière inabordable pour beaucoup d’entre vous.
Oui, les formats ont actuellement tendance à diminuer. On parle aujourd’hui davantage de 13 minutes, voire de 7
minutes, parfois même de 3 minutes. Enfin des séries à la portée de tous !
Enfin des séries où vous pourrez jouer un rôle majoritaire dans la coproduction. En effet, avec les aides de la
Communauté française de Belgique, celles, plus récentes et franchement favorables au film d’animation, de
WALLIMAGE et le Tax Shelter, qui vous aident déjà fameusement. Tous ces mécanismes de soutien peuvent
vous aider à mieux vous positionner sur le marché. Un marché que vous devez concevoir au niveau du grand
marché européen. Car quoique que vous fassiez, à quelques rares exceptions près, vous serez amenés à devoir
faire une coproduction pour mener votre projet à bien.
Les mécanismes européens
Alors profitez des mécanismes européens qui sont à votre disposition.
Faites appel aux aides à la pré-production ou au film pilote du Programme MEDIA. Mais il y a bien plus que cela,
comme les aides à la distribution. Thierry Leclercq du Mediadesk va en parler de manière bien plus précise cet
après-midi.
Profitez aussi et surtout du Forum Cartoon pour les séries TV. Et profitez de Cartoon Movie pour les longs
métrages d’animation.
Vous savez, j’ai tellement souffert moi-même d’être producteur indépendant dans ces mégas marchés que sont le
MIP-TV ou le MIPCOM, que j’ai inventé le Forum Cartoon et Cartoon Movie précisément pour mettre les diffuseurs
à la portée de tous et offrir au producteur une meilleure visibilité de son projet. Au Forum et à Movie, les projets
ont une véritable chance d’être remarqués, d’être «repérés» comme on dit à l’Euro 2008 et ainsi d’aboutir.
Cette année encore, je suis certain qu’un des projets belges va se faire remarquer et je pense qu’il devrait trouver
le financement. Et il s’agit à nouveau d’une petite structure. Si le projet est bon tout est possible.
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Vous savez, au Forum ou à Movie, au-delà des diffuseurs, des distributeurs et des investisseurs, il y a des
producteurs «à tête chercheuse». Nous avons un magnifique exemple présent aujourd’hui, en la personne de
Didier Brunner, Les Armateurs, en France, qui coproduit souvent avec la Belgique mais qui est toujours à l’affût
d’un beau projet, comme Brendan, à la base un projet irlandais !
La formation permanente
On parlera aussi cet après-midi de la formation, profitez donc aussi des Cartoon Masters, ce sont des formations
professionnelles données par des professionnels pour des professionnels. Cela signifie que les sujets traités
suivent toujours de très près l’évolution de votre métier. Vous allez y apprendre beaucoup en peu de temps parce
que les intervenants transmettent vraiment leur savoir et vous aurez la possibilité de rencontrer dans un milieu
plus restreint (on parle de 100 personnes ici) des producteurs, des diffuseurs, des experts de manière beaucoup
plus proche. C’est parfois très utile pour plus tard.
Les atouts du secteur
Je ne vais pas m’étendre maintenant, nous le ferons cet après-midi et après mon approche généraliste, Léon
Perahia complétera mon intervention par une approche plus spécialiste.
Mais je souhaite cependant ajouter une dernière chose :
-
vous avez la dynamique, cette spirale positive que vous mettez en place,
-
vous avez la chance que les formats changent, au meilleur moment pour vous,
-
vous avez des soutiens financiers très intéressants en Belgique qui attirent en outre des partenaires de
coproduction,
-
vous avez des mécanismes structurels pour faire émerger plus rapidement vos projets comme le Forum
Cartoon et Cartoon Movie, il ne reste plus que le talent et la créativité …
Projets concrets
Et le talent vous en avez ! Quand je vois la conférence de presse de France Télévisions où France 5 annonce
comme un des piliers de sa prochaine programmation… Les Noukies de Noukies Productions
Quand France 3 de son côté met l’accent sur la troisième série de Cédric qui est attendue par leurs jeunes
téléspectateurs. (Cédric est produit par Dupuis Audiovisuel et fabriqué en partie par DreamWall à Charleroi)
Quand on voit l’accueil du public mais aussi des professionnels au film en relief de Ben Stassen Fly Me To The
Moon.
Quand on observe les coproductions successives qui se signent entre les Armateurs et Vivi Films avec entre
autres le très attendu Brendan.
Et enfin quand je me rappelle l’accueil d’un tout petit projet d’un tout petit producteur d’un tout petit pays, projet qui
s’appelait Panique au Village et qui à Garmisch Partenkirchen fut la révélation du Forum Cartoon et quand
j’entends 7 années plus tard, aux quatre coins de l’Europe, qu’on attend avec impatience la sortie du long métrage
de Panique au Village...
Alors je me dis… oui, il y a quelque chose qui a changé au Royaume de Belgique.
Et ce quelque chose est très enthousiasmant !»
3. Spécificités du secteur de l'animation, Léon Perahia, Dupuis
Diplômé de la Solvay Business School de l'Université Libre de Bruxelles, Léon Perahia commence sa carrière par
trois ans en tant que consultant chez Arthur Andersen. Il est ensuite contrôleur de gestion chez Donnay pendant
huit ans, avant d'être engagé comme Directeur Financier par les Éditions Dupuis. En 1990, il met sur pied le
studio de fabrication de dessins animés à Paris, Dupuis Audiovisuel, dont il prend la direction générale. Il est
également administrateur délégué d'Araneo Belgium, société belge de production du groupe et président du
comité de direction de Dreamwall, filiale de prestation infographique.
«Le secteur de l’animation est en pleine expansion en Wallonie et plus généralement en Belgique. Tant en ce qui
concerne la production de films d’animation qu’en ce qui concerne les programmes destinés à la télévision.
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Ce secteur a, sans conteste, bénéficié de l’existence de système d’aides publiques tant en Belgique que dans les
pays voisins. Il s’agit d’une activité structurante par l’importance à la fois des effectifs employés que par celui des
investissements nécessaires.
Bien que s’agissant d’une activité de production audiovisuelle, elle a ses propres spécificités. Je souhaite en
brosser ici les grandes lignes.
Spécificités
1.1. Coproductions minoritaires
Le financement repose très majoritairement, pour ne pas dire toujours sur une coproduction entre plusieurs
territoires et plusieurs partenaires. Cela tient notamment à la taille de notre pays et aux faibles sommes investies
tant par les chaînes TV que les distributeurs cinéma. Il est donc incontournable de trouver des partenaires, la
plupart du temps en Europe et au Canada.
Il est rare que les belges soient majoritaires dans les projets d’animation. Cela a donc des conséquences sur la
part des recettes du projet que le producteur belges conserve ainsi que sur les droits d’exploitations qu’il doit
aliéner pour boucler le financement du projet.
1.2. Financement et droits
Pour illustrer la situation, j’ai pensé qu’il était intéressant de décrire un modèle moyen de la structure de
financement d’un projet de série d’animation pour la TV coproduit entre la Belgique et la France (modèle très
fréquent en Wallonie), on aurait :
-
20% pour les chaînes françaises,
-
20% pour le CNC,
-
10% pour le crédit d’impôt français,
-
5% pour le coproducteur français
Soit un total de 55% à 60% pour la France.
On aurait ensuite :
-
entre 15 et 20% pour les aides belges (TS et WALLIMAGE),
-
2 à 5% pour la chaîne et
-
5% pour le producteur
Soit un total de 25% pour la Belgique.
Il reste ensuite :
-
entre 15% et 20% à trouver soit de préventes internationales, soit d’un troisième coproducteur.
On comprend pourquoi le producteur belge, même s’il est à l’origine du projet, doit en abandonner une grande
partie des droits. On voit également à quel point les aides, WALLIMAGE ou le Tax Shelter, peuvent être
importantes d’un point de vue patrimonial, permettant au producteur de conserver une plus grande partie des
droits. Cela lui permet alors de se constituer un catalogue de droits. Ce qui est la vraie richesse à terme.
1.3. Télévisions
On voit également que ce secteur se caractérise par un sous-financement des chaînes de télévision, tous
territoires confondus. En France, si une chaîne peut aller jusqu’à 60% du financement pour la fiction ou le
documentaire, elle ne dépasse pas 20% pour une série d’animation.
1. 4. Cycle de production
Une autre spécificité est la longueur du cycle de production. En général 2 ans pour le développement du projet est
le montage du financement et 2 ans pour la production à proprement parlé.
1.5. Emploi et formation
Ce secteur, avec un niveau d’emploi élevé est très consommateur de main d’œuvre. Les nouvelles technologies
de traitement de l’image permettent de rapatrier en Europe et plus particulièrement en Belgique des travaux
précédemment faits en Asie.
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Le problème qui se pose aujourd’hui est de reformer les talents dans des métiers qui ont disparu de notre
territoire.
1.6. Activités dérivées et plateformes
Le secteur se caractérise également par l’importance des activités dérivées. Elles constituent une source non
négligeable de revenus.
De plus, de nos jours, il est rare qu’une production de film ou de série TV d’animation ne s’accompagne de la
production de produits destinés à d’autres plateformes telles que le web, les mobiles, les jeux, etc. La réflexion sur
ces aspects doit être travaillée dès la phase de développement.
1.7. Produits d'exportation
Les productions d’animation sont parmi les productions audiovisuelles, celles qui sont le plus exportables. Elles
permettent le rayonnement de notre culture à l’international. À titre d’exemple, les séries Spirou ou les Nouckies
ont été vendues dans plus de 50 pays dans le monde.
1.8. Audience continuellement renouvelée
D’autre part, ces séries, lorsqu’elles sont bien réalisées, vieillissent peu et peuvent être rediffusées pendant de
nombreuses années. D’où l’importance d’en garder un maximum de droits patrimoniaux.
1.9. Interdépendance
On l’a vu, les productions d’animation reposent en grande partie sur des coproductions internationales. Elles sont
donc dépendantes de la situation du secteur dans les territoires coproducteurs. Les productions Wallonnes étant
majoritairement coproduites avec la France, elles sont donc très dépendantes de la santé du secteur dans ce
pays. L’inquiétude que suscite la suppression de la pub sur les chaînes publiques ou le projet de la ministre de la
santé concernant la probable suppression de la publicité des produits alimentaires notamment sur les créneaux
destinés aux enfants a d’ores et déjà des répercussions sur les projets belges.
Aides belges
2.1. Le Tax Shelter :
Il s’agit d’un excellent système qui a eu le mérite de booster la production audiovisuelle en Belgique depuis son
instauration. Les investissements TS sont passés de 15 millions d’euros en 2004 à 50 millions d’euros en 2007.
Ce système est maintenant bien connu des producteurs étrangers qui sollicitent de plus en plus les producteurs
belges pour coproduire.
Système plus particulièrement adapté au cinéma en prise de vue réelle. Il nous semble qu’il serait justifié de
réfléchir comment développer, au sein de ce système, un règlement tenant plus particulièrement compte des
spécificités de l’animation.
Chez notre voisin français, les systèmes d’aides (CNC ou crédit d’impôt) comportent des règles adaptées à
chaque genre (fiction, documentaire, animation).
Sans être exhaustif, je souhaite évoquer quelques exemples de règles qui pourraient être aménagées :
- limite des 18 mois pour les dépenses éligibles : Se retrouver avec 2 ans de développement suivis de 2
ans de production implique forcément qu’une grande partie des dépenses sortent du champ de la période
d’éligibilité. Pourquoi toutes les dépenses belges ne serait-elles pas éligibles?
- le plafond de 500.000€ par investisseur (dont seulement 300.000€ en investissement réel) est un
handicap. Les projets d’animation étant moins «glamours» que les films et les investisseurs TS étant de plus en
plus sollicités, il est dommage de ne pas permettre à ceux qui le souhaitent et dont les résultats le permettraient,
d’investir de plus grosses sommes. L’important n’est-il pas finalement qu’un maximum de travaux soient faits en
Belgique ?
Compte tenu de la difficulté de trouver des investisseurs et surtout de l’importance de canaliser les sommes très
majoritairement vers les productions, on pourrait se poser la question de l’intérêt qu’il y aurait à introduire un
système qui permette au producteur de bénéficier d’un crédit d’impôt en direct, à l’instar de ce qui se fait en
France et au Luxembourg. L’important n’est-il pas que les travaux soient faits en Belgique? Si sa base taxable est
suffisante, le producteur pourrait déduire par exemple 20%. Dans le cas contraire, il recevrait un chèque de cette
valeur.
2.2. Régions et Communautés
9
-
Les aides WALLIMAGE ont récemment été adaptées aux besoins du secteur de la production
d’animation. C’est un bel exemple de la recherche d’une adéquation entre le système d’aide et les besoins
d’un secteur.
-
Compte tenu de son caractère structurant, une ligne spécifique a été attribuée à ce secteur pour lui
permettre de continuer à se développer de manière pérenne.
-
Le règlement a également été adapté pour mieux correspondre aux contraintes du secteur.
Il y a également PROMIMAGE: lorsque de nouvelles technologies sont concernées et la Communauté Française
de Belgique, essentiellement orientée «cinéma». Citons encore le Vlaams Audiovisueel Fonds (VAF).
Pays amis ou «faux amis»
On a vu à quel point la production d’animation était dépendante de la coproduction avec l’étranger. Il est donc
essentiel que les systèmes des divers pays coproducteurs soient compatibles et homogènes.
3.1. France
-
Compte de soutien du CNC : système automatique qui dépend des dépenses horaires françaises mais
avec un plafond. Il y a toutefois un bonus à plus de 70% de dépenses françaises et un super bonus audelà de 80%.
-
Crédit d’impôt : système de points par grandes catégories de travaux. Ce mécanisme rend la réalisation
de travaux à l’étranger assez difficile et a donc contribué à la diminution de l'axe de coproduction FranceCanada. D’autant que le système est binaire. Si le niveau minimum de point est atteint, l’aide est
attribuée, sinon, elle est nulle.
-
Compte tenu des contraintes du système, il n’est cumulable avec le TS belge que si les dépenses sont
faibles.
-
SOFICA : Ce système est similaire à notre Tax Shelter dans la mesure où il permet à des investisseurs de
déduire fiscalement les sommes injectées dans la production audiovisuelle.
-
Soutiens locaux comme en Poitou-Charente par exemple
On voit donc que les systèmes français tendent à favoriser les travaux locaux, ce qui est normal, mais à s’effacer
en cas de transfert de certains travaux à l’étranger.
Quotas imposés aux chaînes de télévision concernant à la fois la coproduction et la diffusion.
3.2. Luxembourg
-
Certificats d'investissement audiovisuel dont la valeur dépend à la fois du budget global de l’œuvre et de
l’importance et de la qualité des dépenses locales.
3.3. Allemagne
-
Aides octroyées par les Lander. Selon les différentes régions, il est possible d'obtenir des soutiens sur les
dépenses locales.
En tant que petit pays, je le répète, nous dépendons de nos voisins.
L’animation étant très «labor intensive», c’est-à-dire à coût élevé de main-d’œuvre, si nous voulons continuer le
développement local de cette activité, il est essentiel que le surcoût de notre main-d’œuvre par rapport à celle des
pays asiatiques soit en partie compensé par des aides.
Il est également très important que les aides des pays voisins soient compatibles et puissent s’additionner avec
les nôtres.
L’avenir de notre secteur repose également sur la taille du marché. L’Europe œuvre dans ce sens depuis de
nombreuses années en cherchant à favoriser la circulation de nos productions dans les divers territoires
européens. »
4. Avancées technologiques, Ben Stassen, N’Wave
Ben Stassen (New Wave International), aubelois d'origine, a fait ses études en sciences politiques à la KUL et
puis en cinéma dans une université de Los Angeles. Il travaille ensuite à la télévision américaine, sur deux longs
métrages dont un a été nominé aux Golden Globe. Il poursuit une carrière axée sur le ride, ces films courts pour
les parcs d'attraction. Dans les années 90, il rentre au pays, engagé par Little Big One, pour développer du
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contenu. Quand LBO ferme ses portes, il se retrouve chez Movida qui devient vite le premier fournisseur mondial
de ride. Ben Stassen est réalisateur et producteur du long métrage Fly Me To The Moon. Sa société N'Wave,
créée en 2000, est un pur produit de la révolution digitale.
Il a vu le développement du secteur de l’Animation, un secteur intimement lié à l’évolution des technologies. Se
basant sur son expérience, il tire plusieurs réflexions.
1. La prestation de service face à la création de contenu
Il est extrêmement difficile de maintenir une certaine rentabilité en tant que prestataire de service. La nécessité de
renouveler son équipement parfois pour un seul projet implique d’importants investissements sans garantir
l’amortissement du matériel si les projets ne se succèdent pas. Or aucune garantie ne peut être fournie quant à
l’enchainement des projets. Par contre, lorsque la société crée son propre contenu et qu’elle gère elle-même la
distribution, elle met en place une «bibliothèque» de produits dont les revenus permettent la production de projets
futurs.
2. L'Imax et la 4D
En 1997 sort le premier film Imax. On passe du format des rides de quatre minutes à un film de 40 minutes. Un
partenariat avec Sony Pictures, sur les coulisses de la fabrication des rides est réalisé en stéréoscopie. Rester
propriétaire du contenu était déjà une étape importante, maîtriser la distribution en est une autre tout autant
intéressante. Sur 36 films Imax qui ont vu le jour, Ben Stassen en a réalisé huit. Cela démontre sa grande
expérience dans le domaine.
En 2000, Ben Stassen découvre un autre segment: le film 4D avec, en plus de la projection 3D, des effets
physiques comme du vent, de la pluie etc. Comme par exemple dans Chérie j'ai rétréci le public qui passe en
boucle dans le parc à thème de Disneyland Paris. On parle d'immersion physioscopique.
3. La stéréoscopie doit être considérée comme une révolution et non pas comme une évolution
La nuance est la suivante : l’évolution n’implique pas un changement fondamental dans le langage
cinématographique (exemple : du noir et blanc à la couleur), tandis que la révolution pousse à la création d’une
nouvelle écriture (exemple : du cinéma muet au parlant). La stéréoscopie existe depuis très longtemps (les Frères
Lumières y avaient déjà eu recours), mais les différents essais ne montrent pas de changement dans la manière
d’appréhender le langage cinématographique. Ce qui explique le fait que les productions soient peu concluantes.
4. La stéréoscopie est en marche et le mouvement sera irréversible
Aujourd’hui, tant les producteurs que les distributeurs investissent dans ce type de productions. Les différents
acteurs, producteurs, distributeurs et exploitants partagent cette volonté farouche de voir le projet aboutir. Une des
explications de ce mouvement est le fait que les exploitants de salle ont besoin aujourd’hui d’un nouvel argument
pour attirer les spectateurs hors de chez eux.
Hollywood s’est réveillé et s’est rendu compte du potentiel de la 3D relief. En 2003, Disney a sorti le troisième
épisode de SpyKids en 3D relief (avec l’ancien système de lunettes rouges et bleues). Cela a généré 116.millions
de Dollars au box office aux USA.
DreamWorks a d’ores et déjà annoncé que tous ses prochains films seront en 3D stéréoscopique dès 2009. Pixar,
quant à lui, a prévu de convertir Toy Story I et II avant de réaliser le tournage en 3D stéréoscopique de Toy Story
III. L’an prochain, onze films de studios (Majors américaines) sortent dans ce format.
5. Ben Stassen, réalisateur et producteur belge
Si l'on prétend que Fly Me To The Moon (de Ben Stassen) est le premier dessin animé à sortir uniquement en 3D,
c'est parce que, d'une part, il a été conçu en 3D et non converti ensuite et d'autre part, parce qu'il a été projeté en
3D relief uniquement.
Pour son deuxième projet de stéréoscopie, Around The World In 50th Years, Ben Stassen prévoit un budget de 21
millions d’euros. Il espère aller chercher entre sept et huit millions d’euros en Tax Shelter. (Fly Me To The Moon
représentait un budget de 17,3 millions d’euros et une levée Tax Shelter de quatre millions d’euros).
6. Manque de salles équipées pour la 3D
Actuellement, outre-Atlantique, 4.000 salles sont équipées pour la diffusion en digital dont un tiers en
stéréoscopie. Vu le nombre de sorties prévues prochainement, il y a actuellement un risque qu’une partie de ces
films soient projetés en 2D s’il n’y pas suffisamment de salles pour accueillir ces projections.
7. Uniquement de l’animation
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Si la stéréoscopie est concluante pour les films en animation, c’est loin d’être le cas pour les productions en prises
de vue réelles. Aujourd’hui, seuls des concerts ont ainsi été diffusés (U2 et Hannah Montana). La coexistence du
cinéma en relief et de la 2D devrait contenter tous les spectateurs.
5. Investir dans l'animation. Stéphane Cordier, Directeur Général Adjoint, Cofiloisirs
Investir dans un domaine comme celui de l’audiovisuel est toujours risqué. Or l’investissement à risque est loin
d’être une priorité dans le domaine bancaire. Bien qu’étant une filiale d’ABN Amro, Cofiloisirs, créé il y a 35 ans,
n’est pas une banque mais un établissement de crédit dont l’objet social est de financer les projets audiovisuels
(sociétés de production, films, développements comme le jeu vidéo etc.). On ne trouve donc pas de comptes
courants chez Cofiloisirs, établissement qui compte parmi ses partenaires des institutions comme Fortis mais
aussi UGC. 70 % de la masse des crédits va sur les projets de long métrage et 30% va sur la télévision (animation
audiovisuelle).
Les difficultés inhérentes au financement de l'animation sont les multiples.
1. Peu de fonds propres
Les producteurs n’investissent que très partiellement dans leurs productions. Leurs fonds propres sont rarement
élevés: ils doivent donc aller chercher beaucoup des financements ailleurs. Les partenaires qui s’engagent dans
ce genre de projets ne prennent pas le risque de fournir des fonds en avance. Ces crédits sont remboursables à la
fin de la production.
2. Activité de prototype
Le secteur des médias se cherche en permanence, il expérimente sans cesse avec tous les risques que cela
implique. Comment envisager des crédits classiques pour ce domaine d'activité? Les crédits sont demandés très
tôt. Cofiloisirs se charge ainsi d’accompagner le producteur dès sa recherche de financement.
3. Comptabilité à l’envers
Le montage financier s’établit parallèlement au développement du projet. Les investisseurs demandent ce
montage avant de fournir les fonds, même si le développement entraîne déjà des frais.
4. Gestion de garantie de bonne fin du projet
Cofiloisirs accompagne le producteur tout au long du développement et essaye de mettre en place des
financements qui épousent le rythme des productions. Le crédit de production, quant à lui, n’est mis en place que
quand le plan de financement est complètement bouclé. La sécurisation est un objectif poursuivi par cet
organisme qui rentre les demandes complémentaires à l'IFCIC (établissement de crédit qui gère des fonds de la
collectivité des producteurs qui permettent d’asseoir un jeu de garanties) pour les projets qui en ont besoin.
5. L'international
La plupart du temps, 50% du budget provient du financement international. Cofiloisirs offre un service d'expertise
non négligeable. Il suit les clients dans leur recherche de finances à travers des accords de coproduction ou de
partenariat.
La rencontre et la qualité de la relation avec le producteur est fondamentale. Cofiloisirs a pu accompagner très tôt
ses clients français vers des grands marchés comme l’Allemagne, le Canada, etc. Depuis plus de 10 ans, il y a un
accompagnement direct des clients à l’international, même sur des films qui n’ont aucune part française.
Cofiloisirs a suivi avec intérêt le Tax Shelter belge. Il a accompagné ING dans la mise en place du système. Les
coproductions belgo-françaises sont les bienvenues. Cofiloisirs continuera à accompagner les initiatives belges.
6. Séance questions-réponses
1) Question de Philippe Reynaert. «Faut-il des sociétés de production spécialisées en animation ? Un
modèle est-il plus favorable qu’un autre ?»
Stéphane Cordier répond qu'il n’est pas obligatoire que des sociétés de productions soient spécialisées en
animation. Le bonheur du métier est qu’il n’y a pas de modèle, pas de règles générales. On fait du prototype.
Mais il est vrai que l’animation implique des modalités économiques très diverses. Il ne faut pas que les chefs
d’entreprise oublient la particularité industrielle en matière d’animation. (Contrôle des coûts, processus de
fabrication long,…)
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Marc Vandeweyer ajoute qu'il y a des sociétés de production de film de fiction qui font de l’animation (ex/ Luc
Besson). Tout est possible mais le métier de l’animation est très spécifique. Il est donc nécessaire d’avoir des
personnes qui ont des compétences spécifiques. En animation de synthèse, si on doit refaire une partie du travail
car elle ne convient pas au client, on ne peut la facturer: c'est à charge du studio. On doit recommencer jusqu’à ce
que cela convienne et on ne sera pas payé pour les modifications. Il faut donc savoir où on met les pieds.
2) Question de Monique Licht : «Est-ce que le système du Tax Shelter belge manque de souplesse pour
l’animation par rapport aux autres mécanismes d’aide ?»
Léon Perahia répond que le Tax Shelter est plus orienté fiction qu’animation. En France, toutes les subventions
publiques sont réparties en différentes catégories avec des spécificités propres à chaque genre et surtout,
contrairement au Tax Shelter, il n’y a pas de périodes déterminées par rapport à l’éligibilité des dépenses. Le
mécanisme est ainsi beaucoup plus souple.
3) Question de Jan Goossen : «La 3D stéréoscopique entraîne-t-elle un surcoût ? Quid du support
DVD avec cette technique ?»
Ben Stassen n’a jamais vraiment calculé le surcoût. Il finance en fonds propres. Il est vrai que chez N’Wave on
peut parler de surcoût au niveau créatif. Il existe des contraintes techniques objectives: d’une part les scènes en
stéréoscopie nécessitent un éclairage spécifique; d’autre part, le déplacement de l’objet à l’écran se calcule
différemment. C’est délicat car les deux yeux ne «stroppent» pas de la même façon. Cela peut donc rendre
malade. Il faut donc faire deux films (rendu sur deux films, un pour chaque œil).
Quant au DVD, Spykids a été tiré à neuf millions de copies aux USA (avec lunettes rouges et bleues). La version
anaglyphe de Fly Me To The Moon va sortir. Dans trois à cinq ans, beaucoup de foyers auront un écran plat qui
permet la 3D relief. Mais le grand gagnant incontestable sera le jeu vidéo en 3D relief à la maison !
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III. Tables rondes
1. L’évolution technologique, présidée par Anne-Marie Straus, Ministère de la
Région Wallonne
1.1. Tour de table
Anne-Marie Straus, juriste de formation, est Directrice Générale au Ministère de la Région Wallonne. Elle est
chargée de mission en matière de recherche et d’innovation. Elle est également présidente du jury PROMIMAGE.
Les technologies du numérique ont sans conteste révolutionné le monde de la production. Au moment où le
programme PROMIMAGE a été mis en œuvre, on avait imaginé, à côté du financement de la recherche, la mise
en commun d'outils de production. L'évolution a été tellement rapide qu'on y a renoncé d'autant plus que les coûts
d’acquisition du matériel avaient fortement diminué.
Par ailleurs, le cinéma d'animation a pris sa place parmi les autres genres. Il suffit de voir le succès qu’il rencontre
dans des programmes comme PROMIMAGE pour s’en rendre compte. On peut donc se poser la question de
savoir quelles sont les évolutions technologiques majeures qui ont eu lieu les dix dernières années et ce que l’on
peut prévoir dans le futur.
Pour en parler cet après-midi et répondre à vos questions nous avons réunis cinq personnes.
Ben Stassen est véritablement passionné par le cinéma du futur. Son credo : le cinéma 3D en relief est le moteur
du futur. Fondateur de la société NEW Wave International, il réalise à lui seul une production impressionnante et
donne la preuve que les films IMax font recettes.
Benoît Macq est quant à lui dans le monde de la recherche. Il dirige le laboratoire de télécommunication et de
télédétection de l'UCL. Il est également actif dans le domaine des communications visuelles. Parmi ses multiples
activités, il a participé à la définition des normes MPEG et JPEG. Il anime le plus gros projet européen pour les
technologies du cinéma numérique. Autre atout, il a participé à la création de 7 sociétés Spin Off. Il pourra nous
dire quelles sont les déterminants du transfert de technologie entre un laboratoire de recherche fondamentale et
les entreprises.
Luc Van Driessche, après avoir été actif pendant dix ans dans la publicité, il se concentre aujourd’hui sur les
films d’animation. Il a fondé et dirigé la société de postproduction GRID, puis la société de production créative
Conspiracy installée à Gand. Il a connu et utilisé tous les programmes 3D. Il pourra nous parler de l'évolution dans
le domaine – il a démontré ses compétences dans de multiples productions, y compris dans des longs métrages
d’animation comme, par exemple, Max & Co.
Arnaud Demuynck est quant à lui scénariste de formation, producteur indépendant depuis 15 ans. Véritable
homme orchestre – spécialiste du court métrage, il produit des films de fiction à la limite de l'expérimental (La
Flamme papillon, Le Portefeuille). Il pourra nous expliquer ce que l'image de synthèse a amené à la création et
certainement aborder le problème de la diffusion car diffuser un court métrage n'est pas évident: festival, salle de
cinéma, DVD, téléchargement sur pc et aujourd'hui téléphonie mobile.
Serge Plasch, après des années passées dans le tourisme et l’intérim, a dirigé pendant sept ans Screenvision
International. Il a récemment rejoint XDC international comme CEO. Cet ingénieur commercial vient de décrocher
un contrat de neuf millions d'euros dans le monde de la distribution cinématographique, soit 8000 installations de
projecteurs numériques dans 22 pays européens. La production cinématographique a-t-elle les moyens d’assumer
ce passage au numérique? C’est la question qui lui sera posée.
1.2. Interventions
1.2.1. Intervention de Luc Van Driessche, Studio Creative Conspirancy
Les évolutions au niveau technologique dans le secteur de l'animation peuvent être classées en trois domaines :
a) Le Hardware
Les ordinateurs sont aujourd’hui de plus en plus performants, en terme de rapidité et de fiabilité, et de moins en
moins coûteux. Parallèlement, les exigences du spectateur augmentent elles aussi. En d’autres termes, les temps
de calcul par image n’ont pas diminué, voire ont légèrement augmenté. Si les avancées technologiques
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permettent d’aller de plus en plus vite, les artistes trouvent tout aussi vite de nouvelles applications exigeantes,
élevant toujours plus la barre de la qualité.
Du côté des fabricants de hardware, beaucoup de sociétés spécialisées dans la technologie de la 3D se sont vues
racheter. Par exemple, Digital a été rachetée par Compaq, elle-même intégrée par Helwett Packard. À l'heure
actuelle, les deux sociétés principalement actives dans le domaine sont Apple et HP. Le marché reste donc assez
limité.
b) le Software
Du côté des logiciels, les évolutions sont beaucoup plus nettes et bien au-delà de ce qui pouvait être espéré il y
encore dix ans. Ils peuvent être utilisés indifféremment pour la série, la publicité ou le long métrage. Les rendus
sont d'une qualité bien supérieure et tous les éléments semblent tendre vers un temps réel de rendu.
Maya, 3D Studio Max, 4D Cinema XL, Softimage ou encore Lightwave, sont pour la plupart présents sur le
marché depuis plusieurs années. Ils sont de manière générale beaucoup plus complets, ce qui n’empêche pas
des logiciels plus spécialisés, ne traitant que d'un seul aspect du travail, de trouver leur place (Realflow, ZBrush,
etc.). Les fabricants ont visiblement misé sur la compatibilité de ces softs, ce qui permet à l’utilisateur d’aller
chercher les spécificités dont il a besoin dans chaque logiciel. Un format de fichier (sous mainmise Autodesk) tend
à prendre le pas sur les autres: il s'agit du FBX.
En ce concerne les prix, certains fabricants mettent une certaine pression sur le marché. Si la plupart des logiciels
tournent autour de 2.000 € la licence, d’autres sont beaucoup plus démocratiques (Xtacy, LightWave), voire
gratuits (Blender, un logiciel open source). À l'heure actuelle, le prix maximum d'une licence est de 7.000€ alors
qu'il tournait autour de 20.000€ il y a encore quelques années.
c) le personnel
Précédemment les personnes qui travaillaient dans le secteur de l'animation n’étaient pas habituées à utiliser un
ordinateur comme outil de travail, ce qui créait des réticences et demandait, pour les personnes qui désiraient
évoluer dans l’animation 3D, un temps d’adaptation non négligeable. Aujourd’hui, pour ceux qui sortent de l'école,
l’ordinateur est un outil familier. Ils possèdent de bonnes bases pour pouvoir se plonger dans une production en
cours en un temps d’adaptation relativement court.
Mais si le coût du hardware et des logiciels diminuent, le coût du personnel ne suit pas la même courbe. On
compte à l'heure actuelle près de 90% du budget pour le personnel contre 80% il y a quelques années. C'est que
le personnel qualifié dans le secteur de l’infographie manque. Il y a pourtant quelques écoles qui offrent des
formations spécialisées dans la 3D comme Digital Arts Entertainment.
L’animation n’est pas un secteur où les diplômes sont indispensables. Quand des candidats se présentent pour un
poste, on regarde surtout leurs expériences et leurs compétences.
1.2.2. Intervention de Ben STASSEN, N'Wave
Puisque la 3D (entendez la stéréoscopie) semble prendre son essor, de nouvelles approches techniques et
créatives doivent être développées. Pour Ben Stassen, il faut concevoir le cinéma en relief différemment. Il ne
s’agit pas de prendre un sujet où l’image converge (deux caméras fixent une seule et même personne) et faire
sortir de l’écran ce qui est devant ce point de convergence, mais envisager une convergence à l’infini. L’écran ne
doit pas être considéré juste comme une fenêtre ouverte sur le monde. Le spectateur doit être en immersion dans
l’histoire.
Il prend l’exemple de Fly Me To The Moon. Contrairement aux films qui ont été tournés en 2D puis transformés en
3D, ce dernier a été conçu et réalisé en 3D. Pour la stéréoscopie, il faut envisager le tournage différemment : il
s’agit non plus de faire de la convergence mais du parallèle. En mettant en place un nouveau langage
cinématographique, Ben Stassen entend amener le spectateur au centre de l’action, l’immerger dans les scènes.
Son objectif est ainsi de faire vivre une nouvelle expérience cinématographique.
A l’heure actuelle, cette technologie n’est pas encore facilement accessible au public. Le constructeur Samsung a
développé pour le grand public un écran plat de 50 pouces (125 cm) qui fait de la 3D, le tout pour 1.500 dollars. Ils
ont comme objectif de vendre un million d’unités aux Etats-Unis en 2008. C’est l’avenir de la 3D. Au niveau du
son, Ben Stassen explique qu’il y a des systèmes qui sont sur le marché et qui permettent la diffusion du son dans
des cinémas en 3D.
Pour le réalisateur de Fly Me To The Moon, un bon film en 2D ne sera pas forcément un bon film en 3D et
inversement.
15
1.2.3. Intervention de Benoît Macq, UCL
L’université et les départements de recherche sont parfois en avance, comme par exemple pour le tracking du
mouvement, la compression... mais également parfois en retard sur les avancées technologiques. Malgré tout,
faire de la recherche est indispensable et a permis par exemple le lancement de plusieurs sociétés Spin off
actives dans le domaine.
La recherche est un stimulant important pour les étudiants. Il faut dire qu’elle crée une dynamique en amenant des
personnes motivées dans le secteur. Les universités et les laboratoires ont besoin de challenges pour faire
avancer la recherche.
1.2.4. Intervention d'Arnaud Demuynck, Digit Anima
Lorsque l’on lance une production, on met l’accent sur le projet artistique. La technologie doit avant tout être au
service d’un projet et non pas un prétexte de création. La technologie n’est pas un but en soi, c’est un outil. Une
histoire relève avant tout du domaine de l’émotion. Arnaud Demuynck essaie avant toute chose, avec toute son
équipe, de faire raconter des histoires aux personnages…
Un des problèmes qui est régulièrement soulevé dans le secteur de l’audiovisuel est la diffusion des courtsmétrages. Bien qu’il y ait peu de retour commercial pour ce genre de production, il s’agit d’un faux problème. Par
contre, le passage (ou le gonflage) en pellicule 35 mm reste une barrière financière pour leur diffusion en festival
ou en salle. L’équipement des salles en numérique va favoriser la diffusion de courts-métrages.
1.2.5. Intervention de Serge Plasch, XDC
Serge Plasch craint de passer pour un «parasite» à cette table ronde sur la technologie car il représente l’aspect
économique. La société XDC est active dans le cinéma numérique et s’occupe de favoriser et de renforcer le
déploiement du cinéma digital.
On compte près de 100.000 salles de cinéma dans le monde. 5.000 sont équipées pour la projection en
numérique, soit environ 5% du réseau, dont 4.000 aux Etats-Unis. D’ici quelques années, au moins deux à trois
salles sur dix seront équipées pour la 3D.
La 3D (ou la stéréoscopie) a amené une certaine émulsion pour le digital même si, actuellement, il s’agit avant
tout d’un argument marketing. En d’autres termes, un film ne rencontrera pas de succès parce qu’il est en 3D,
mais parce qu’il possède des qualités cinématographiques. Malgré le fait que les qualités du cinéma digital sont
largement démontrées, cela n’empêche pas la croissance de ce marché d’être lente.
Cela s’explique sans doute par l’investissement qui est encore très coûteux. Pour équiper une salle, il faut compter
environ 80.000 €, une somme à laquelle il faut ajouter près de 13.000 € pour la stéréoscopie. L’installation est
donc plus onéreuse pour le numérique que pour le 35mm. XDC utilise un modèle de financement qui s’appelle le
VPF (Virtual Print Fee).
Le VPF est un système qui offre aux exploitants de salles des solutions financières qui leur permettent de
s’équiper de projecteurs numériques sans en assumer l’achat complet. Concrètement, des studios comme la
Warner Bros, la 20th Century Fox, la Paramount ou encore Walt Disney, injectent de l’argent pour que les
exploitants puissent avoir la diffusion digitale dans leurs salles. Le matériel nécessaire est pris en charge à
hauteur de 25% seulement par l’exploitant. Reste à ce dernier alors de payer l’équivalent d’une location.
Les copies digitales sont actuellement beaucoup moins onéreuses que les copies en pellicule, mais cette
économie est compensée par la location du projecteur. En Europe, des sociétés comme XDC et Arts Alliance
Digital Cinéma ont développé des techniques afin d’accélérer le développement de la digitalisation dans les salles.
A l’heure actuelle, les exploitants qui comptent des salles équipée pour le cinéma digital, en profitent pour
augmenter fortement le prix de leurs billets. D’un autre côté, la diffusion de films en 3D dans les salles permet un
afflux de téléspectateurs plus important que pour un film classique car les téléspectateurs sont curieux de
découvrir ce nouveau cinéma. Autre élément économique à prendre en compte : avec des salles équipées en
digital, les exploitants pourront se passer de certains membres de leur personnel chargés de diffuser les films.
Il existe également une menace car toutes les salles, surtout les petites, ne sont pas viables dans l’ère du digital.
Pour Serge Plasch, on finira pour avoir une technique cohérente dans les salles de cinéma. L’effet 3D sera
destiné à la diffusion de la 3D pour l’animation (mais aussi par exemple pour des clips en 3D) et le reste des salles
en diffusion «classique».
16
1.3. Séance de questions-réponses
Question à Ben Stassen sur la difficulté d'une sortie salles 3D uniquement.
Pour lui, la sortie de films uniquement en 3D reste difficile à l’heure actuelle car il n’y a pas assez de salles qui
permettent de diffuser ce type de films, même aux Etats-Unis ! Aujourd'hui, la meilleure façon de fonctionner est
de combiner la sortie d’un film en 3D et de le diffuser ensuite en 2D. Le film peut donc être sur les écrans plus
longtemps.
2. Formation, présidée par Anne-Marie Straus, Ministère de la Région Wallonne
2.1. Tour de table
Anne-marie Straus
36 métiers répartis dans cinq grandes familles :
-
la conduite de projet;
-
la scénarisation et à la conception;
-
la mise en œuvre et la réalisation graphique et artistique
-
le développement informatique et technique;
-
la valorisation et au soutien du multimédia.
Tout cela réparti, en termes de formation, entre universités, hautes écoles et écoles supérieures d'arts.
Le multimédia est un domaine porteur d'emplois mais à chaque débat revient la question lancinante du manque
d'ingénieurs et de techniciens (formés aux métiers de l’animation), mais aussi de seniors capables d'encadrer les
équipes.
Il ne suffit pas de constater l'inadéquation entre l'offre et la demande en la matière mais aussi d'examiner quelles
sont les raisons de ce problème. S'il est exact que les sciences de l'ingénieur n'attirent plus autant qu'avant et
surtout que les besoins se multiplient, on peut aussi s'interroger sur l'organisation du secteur lui-même et sur le
statut des personnes.
-
Quels sont les besoins du secteur à court et à moyen terme?
-
Existe-t-il des conventions collectives applicables aux domaines de la production cinématographique?
-
Est-il imaginable de mettre en place un système de convention collective, à l’instar de ce qui se fait en
France avec l’AFDAS?
-
Comment créer une stratégie de formation individuelle en région wallonne?
-
Est-il envisageable d'instaurer une collaboration entre hautes écoles et centre de formations publics et
privés, à l’intérieur et/ou l’extérieur de nos frontières?
Pour réfléchir à ces questions et en susciter d'autres, nous avons fait appel à des spécialistes dans le domaine.
Pascal Keiser, ingénieur civil de formation, détenteur d’une maîtrise en gestion et administration des affaires,
s’est investi dans l’ingénierie à l’internationale pendant dix ans. Dans le domaine de la formation, il crée en 2003
le CECN (Centre de formation Continue aux Métiers de la Culture et Technologie Numérique) au sein du Manège
à Mons et du Manège à Maubeuge. Depuis 2007, il dirige également TechnocITé, centre de formation NTIC et
Digital media. Il est coadministrateur de Virtualis. Enfin, depuis 2008, du point de vue artistique, il dirige le versant
belge du Festival international de VIA.
A celui qui connaît aussi bien la France que la Belgique, on pourrait demander une comparaison entre les
politiques de formation menées dans ces deux pays et s'il est envisageable une dynamique de formation continue
du type AFDAS ou si d’autres formules sont possibles. Etant à la base de deux centres de formations, il pourrait
expliquer comment il perçoit les attentes du secteur de l’animation et quelles solutions il pourrait proposer pour y
répondre.
Serge Flamé a été formé à l'IAD. En 1976, il a commencé sa carrière à la RTBF comme journaliste. Il y a ensuite
occupé des postes à responsabilité comme producteur, rédacteur en chef du journal télévisé, ou encore, directeur
17
du Centre régionale RTBF du Hainaut à Mons. Il est depuis 1997 directeur de l'IAD (Instituts des Arts de Diffusion)
et du CAV (Centre Audio Visuel de l'UCL).
L'IAD est un institut universitaire important pour la formation des spécialistes dans le domaine de la production et
de la réalisation cinématographique.
L’émergence du secteur de l’animation a-t-il une influence sur le programme de l’institut? Le nombre d’étudiants
est-il en baisse? Le manque de personnel sur le marché de l’animation peut-il trouver réponse dans une école
telle que l’IAD? Peut-on envisager des collaborations entre instituts et centre de formation professionnelle? En
communauté française, voire à l'étranger?
Serge Flamé est aussi conseiller de la ministre Marie-Dominique Simonet. Dans le cadre politique, envisage-t-on
des alternatives? De nouvelles pistes?
Et peut-être, de manière plus générale, le développement du secteur de l'animation, des métiers du multimédia, at-il changé le cursus de formation?
Yolanda Alonso, chargée aujourd'hui de la direction du secteur de la formation chez Cartoon organise des
programmes impressionnants tant par le nombre que par la diversité. Cette jeune femme formée au management
de PME et aux relations internationales, connaît bien le secteur de l'animation puisqu'elle a coordonné les cinq
premiers forums européens de l'animation qui réunissent depuis 1988; les réalisateurs, les producteurs et les
chaînes de TV – La dernière édition réunissait 800 professionnels de 30 pays européens – Comment cette
professionnelle perçoit-elle le problème de la formation continue? Partage-t-elle le propos de Daniel Couvreur
suivant lequel la Belgique "qui commence à être à la traîne en matière d'animation pourrait grâce aux mécanismes
de soutien (Tax Shelter, WALLIMAGE, PROMIMAGE) suivre l'exemple de la Catalogne qui s'est imposée depuis
cinq ans comme pôle émergent du dessin animé? Ou craint-elle, comme un des opérateurs le disait, sous forme
de boutade, qu'il faille arrêter le système du Tax Shelter, faute de personnel qualifié?
Stéphan Roelants, Directeur général du Studio Sika. Cet économiste a pratiqué plusieurs studios pour finir par
créer le sien (studio 352) et une société de production et de financement (Mélusine).
Comment ce producteur qui pratique la coproduction parvient-il à résoudre le problème du recrutement? Mais
aussi celui de l'encadrement d'équipe? Comment fidéliser le personnel? Y-a-t-il moyen de créer ou de renforcer
les formations en alternance? Les collaborations entre studios sont-elles imaginables en dehors d'un lien
patrimonial? Qu'est-ce qui a changé depuis la création de son studio, il y a douze ans? Comment a-t-il recruté ses
33 collaborateurs permanents?
2.2. Interventions
2.2.1. Intervention de Pascal Keiser, TechnocITé
TechnocITé est un centre de formation continue qui a pour mission de diffuser les technologies de l’Information,
de la Communication (TIC) et des médias numériques (audiovisuel) et d’en favoriser l’usage par la formation
hautement qualifiante. En tant que centre de compétence présent en Région Wallonne et dans le nord de la
France, il dispense depuis plus de 15 ans environ de 200 000 heures de formations par an. Afin de répondre à la
demande du marché, TechnocITé a adopté une certaine flexibilité dans son programme. Aussi les formations
durent de deux jours à six mois. Près de 3000 personnes par an passent par le centre dont 2000 demandeurs
d’emploi et 55% d’entre eux trouvent un travail dans l’année qui suit.
La demande du secteur étant souvent très particulière, le centre tend à être proactif et à proposer des formations
adaptées. Le secteur ne recherche pas seulement des responsables de projets. Le marché demande bien plus
souvent des «ouvriers spécialisés». L’objectif du centre est donc le suivant : créer un vivier de compétences pour
alimenter le secteur.
TechnocITé est un centre de ressources doté d’une équipe qualifiée de plus de 20 personnes et dotée
d’équipements ultramodernes en informatique et en audiovisuel. Les formations proposées peuvent être choisies
sur catalogue ou décidées sur mesure. Les formateurs sont issus du milieu professionnel et donc ont une bonne
perception des besoins d’amélioration des compétences au sein des entreprises et des institutions.
Le centre est situé près de la frontière française. La comparaison entre le modèle de financement belge et celui de
nos voisins est donc facile à établir. Dans l’hexagone, les travailleurs inscrits à l’AFDAS (Fond d’Assurance
Formation des secteurs de la culture, de la communication et des loisirs) ont le droit de suivre des formations
pour se maintenir à niveau. Ce mécanisme est une obligation légale basée sur un droit individuel du salarié. En
Belgique, il y a des conventions collectives qui sont établies et qui régissent la formation du personnel mais il n’y a
pas vraiment d’obligations à respecter dans ce domaine pour l’employeur.
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Pascal Keiser explique qu’il existe en Communauté Française un contrat cadre qui permet par exemple à
TechnocITé de développer des cursus intensifs dans des écoles supérieures de la communauté française. Les
écoles supérieures doivent faire la demande du matériel dont elles ont besoin afin de dispenser la formation.
Beaucoup de formations qui relèvent du domaine de l’animation sont dispensées grâce à des fonds en
provenance du FOREM. En ce qui concerne les médias numériques, les programmes de formation ont démarré
en 2003. On remarque aussi que la demande de formation a fortement évolué dans le sens où la demande des
entreprises à l’heure actuelle s’oriente plus vers des formations pointues et ponctuelles. On retrouve régulièrement
des formations sur un logiciel spécifique (par exemple sur un logiciel que les producteurs demandent d’utiliser et
dont personne ne connaît vraiment le fonctionnement).
Selon le directeur de TechnocITé, afin de pallier aux soucis de manque du personnel dans le domaine de
l’animation 3D, il faut analyser de manière quantitative la demande du secteur. De même, les studios d’animation
doivent s’entourer de quelques leaders en production et d’ouvriers spécialisés (OS).
2.2.2. Intervention de Yolanda Alonso, Cartoon
Le mandat de Cartoon est de supporter l’industrie de l’animation européenne et depuis 20 ans, l’association reçoit
dans ce but le support financier du programme MEDIA de l’Union Européenne. Cartoon a véritablement deux
missions : la formation et la mise en réseau. Concrètement, un réseau de près de 15.000 professionnels issus des
pays européens s’est tissé autour de cet organisme. Le Cartoon Forum et le Cartoon Movie ne sont pas étrangers
à cette prouesse.
Deux axes de formation sont développés. Tout d'abord, vers les producteurs. Des séminaires de formation
(Master) sont donnés par des professionnels autour de sujets bien spécifiques. Ces séminaires, conçus par une
équipe d’experts, sont les seuls séminaires professionnels pour la communauté de l’animation à l’échelle
européenne. Le contenu du programme de ces formations donne à la fois une approche théorique mais aussi une
approche pratique (études de cas) sur les questions d’actualité auxquelles font face les sociétés.
Le programme est concentré sur trois domaines :
-
Cartoon Digital : Les possibilités et les défis rencontrés avec les nouvelles technologies.
-
Cartoon Finance : Donner aux producteurs des pistes pour les aiguiller dans leur recherche de sources de
financement et augmenter les revenus des séries d’animation TV.
-
Cartoon Feature : Tous les aspects relatifs aux longs métrages, du développement à la production, en
passant par le marketing, la distribution et l’exploitation.
Le deuxième axe de formation développé par Cartoon est dirigé vers les écoles. Cartoon réunit chaque année 25
écoles (sur 13 pays) afin de permettre aux étudiants de rencontrer des experts et pouvoir appréhender les réalités
professionnelles du secteur. De plus, un quatrième master, Training for Trainers, est spécialement développé pour
les écoles et les universités de l’animation européenne. De cette façon, les Masters profitent à la fois aux
professionnels de l’animation mais aussi aux futurs employés.
Les Cartoon Masters offrent aux personnes évoluant dans l’animation l’opportunité à la fois d’apprendre et de
mettre à jour leurs connaissances à travers des rencontres avec des acteurs clés de l’industrie de l’animation et
tout cela dans une atmosphère relaxante. Ces lieux d'apprentissage leur permettent aussi de rencontrer et de lier
de bons rapports avec d'autres du métier (réalisateurs, producteurs, directeurs de studio, financiers, diffuseurs,
distributeurs...) et de pouvoir aussi s’apercevoir des soucis que rencontrent les autres acteurs du domaine.
2.2.3. Intervention de Serge Flamé, IAD
L'Institut des Arts de Diffusion (IAD) a été créé en 1959. Sa raison d'être a toujours été de rassembler, en y
privilégiant la dimension artistique, l'ensemble des formations de l'audiovisuel et du spectacle au sein d'une même
institution. En près de 50 ans, l'IAD a formé plus de 1.900 professionnels qui occupent aujourd'hui une place tant
dans le monde audiovisuel et théâtral belge, qu'européen ou international.
L'IAD relève de l'Enseignement Supérieur des Arts – Domaine des Arts du spectacle et des Techniques de
diffusion et de communication - et les diplômes délivrés sont homologués par l'Etat. Installé à Louvain-la-Neuve,
l'IAD entretient des liens étroits avec l'Université Catholique de Louvain-la-Neuve. Ainsi, une collaboration
fructueuse et intense s'est installée entre le Centre Audiovisuel de l'Université (CAV) et l'IAD.
L'IAD accueille des professeurs/professionnels aux horizons aussi multiples que divers qui font découvrir et
transmettent aux étudiants leur art, leur expérience et leur savoir-faire. Dans cette même volonté d'ouverture, l'IAD
multiplie aussi les partenariats avec les écoles de cinéma à travers le monde. Depuis septembre 2006, l'IAD
19
organise aussi trois nouveaux certificats : un en production audiovisuelle, un autre en production de spectacles
vivants et un troisième en animation 3D.
Si, en 40 ans d’existence, l’IAD a connu peu d’évolution, ces dix dernières années, beaucoup de choses ont dû
être modifiées. L’option de Montage Multimédia (Web, trucage image, infographie, etc.) a été lancée en 1997. Afin
de rester à la pointe de la technologie, des partenariats ont été établis avec des professionnels du secteur. Cela
dit, en ce qui concerne le matériel, chaque renouvellement reste douloureux, parce que, d’une part, une école
n’amortit pas le matériel comme le ferait une société privée et, d’autre part, les fonds ne sont pas forcément
disponibles pour le faire.
Il y a véritablement un panel de lieux de formations qui sont proposés aux étudiants. Mais les différences entre
ceux-ci existent (plus artistique, plus technique, etc.). Il faut pouvoir considérer ces formations en tenant compte
de leurs particularités.
Face aux différentes possibilités de formation qui lui sont proposées, l’étudiant doit se poser la question de savoir
s’il préfère suivre une formation qui lui permettra d’être directement engageable et opérationnel dans le milieu de
l’animation (formation plus technique) ou alors d’opter pour un cursus plus artistique auquel il faudra peut-être
ajouter quelques formations techniques afin de parfaire sa formation.
Les écoles traditionnelles ne sont pas là pour répondre aux demandes directes du marché, encore moins aux pics
passagers. L’enseignement se construit dans la durée avec une stabilité indispensable au bon fonctionnement
d’un établissement.
2.2.4. Stéphan Roelants, Studio Sika
Stéphan Roelants prône le développement de la formation en animation en Belgique, moyen essentiel pour
pérenniser le secteur. Le manque de personnel auquel doivent faire face les studios d’animation à l’heure actuelle
est bien plus qu’un simple pic de demande de personnel. Il faut que le secteur se mobilise afin de mettre en place
une formation spécifique. Quand les employeurs recrutent des infographistes, il faut très souvent les former avant
qu’ils puissent vraiment être capables de travailler dans la société et tout cela à bien évidemment un coût !
Cette formation pourrait, selon lui, permettre de trouver un bon compromis entre la formation que les personnes
qui entrent sur le marché de l’emploi possèdent et ce dont ils ont besoin afin d’être opérationnels dans une société
même si on est conscient que les formations plus pointues comme expliqué ci-dessus sont très souvent
nécessaires pour affiner les connaissances par après. Il faut également que les infographistes apprennent à
concilier le côté artistique de leur métier au côté plus industriel (délais de livraison, rentabilité) qui est aussi une
réalité du marché de l’animation.
Actuellement, il y a encore trop peu de synergies entre les entreprises et les écoles compétentes. Stéphan
Roelants aimerait que tous les acteurs de la formation comme TechnocITé, l’IAD, La Cambre et Saint-Luc par
exemple, se rencontrent pour passer au dessus du pic de demande et développer vraiment le secteur au niveau
des ressources disponibles.
L’animation réussit à réunir à la fois le domaine de la création et de la fabrication industrielle. Les studios
d’animation évoluent dans ce secteur particulier où il faut réussir à atteindre ce compromis d'allier les côtés
créatifs et industriels, deux aspects qui ne se côtoient pas toujours facilement.
Avec le manque de continuité dans les projets (dû aux caractères temporaires des productions), la Belgique doit
ainsi faire face à deux problèmes majeurs : l’expatriation des talents belges vers l’étranger ou leur reconversion
dans d’autres fonctions.
Responsable du studio luxembourgeois 352, il a mis en place un système de formation continue en interne. Ce
système permet ainsi au personnel de rester au goût du jour au niveau des techniques utilisées mais aussi de
garder le personnel en place. En effet, en lui permettant de suivre des formations il peut ainsi répondre aux
exigences des producteurs et mettre ses connaissances à jour.
Etant donné que le personnel est un des moteurs principaux du secteur de l’animation, il est très important de
croiser les regards. Que ce soit des institutions formatrices, des étudiants en infographie et des professionnels du
secteur afin que chacun puisse faire part des ses envies, de ses attentes et de ses compétences et que tout le
monde avance. Que le milieu puisse s’entourer de personnel de qualité et surtout que le secteur de l’animation
puisse continuer à évoluer comme il l’a fait ces dernières années et puisse perdurer.
Stéphan Roelants souhaite utiliser Anim.be, dont il est un des administrateurs et membre avec sa société Sika
sprl, pour mettre en avant ses désirs de créer des pôles de formation pour les futurs professionnels du milieu de
l’animation.
20
Anim.be est une union professionnelle qui s’est instaurée afin de permettre au secteur de l’animation de se
développer dans un environnement qui puisse tenir compte des spécificités liées à la production de séries et de
films d’animation. Dans cette logique, l’emploi représente un point non négligeable dont il faut également se
soucier. A l’instar des Forum Cartoon, Anim.be aimerait mettre en place des rencontres entre les différents
intervenants de l’animation.
Stéphan Roelants tient à souligner que Serge Flamé a évoqué le phénomène de «pic passager» avec lequel il
n'est pas d’accord. En effet, il y a un pic, mais derrière, on assiste à la structuration d’un véritable secteur. Il s’agit
donc, au delà d'un pic que les écoles traditionnelles peuvent ignorer, d’une véritable opportunité de
développement d’un secteur. Les écoles traditionnelles doivent donc être aussi à l’écoute des activités pour
lesquelles celles-ci enseignent.
2.3. Pistes de réflexion proposées par Anne-Marie Straus
Anne-Marie Staus : «Dans les modes de financement de ces formations, ne pourrait-on pas envisager de couvrir
une partie des frais de formation, par exemple, dans le mécanisme du Tax Shelter belge?»
Pascal Keiser se demande quant à lui, où vont les cotisations que les entreprises payent en tant que charges.
Est-ce que cet argent destiné aux formations est bien utilisé à cette fin?
Il souligne qu’il serait vraiment bénéfique au secteur que le milieu de l’animation puisse s’entourer d’un organisme
qui gérerait par spécialité un genre de base de recrutement. Cette dernière pourrait ainsi être consultée par les
sociétés lorsqu’elles désirent engager du personnel. Cette méthode est déjà appliquée dans le milieu de
l’audiovisuel, pourquoi ne le serait-elle pas dans le milieu de l’animation?
Surtout que les inscriptions dans les écoles et centres de formation dans la branche infographie 3D/animation ne
font qu’augmenter ces dernières années! Alors profitons de cette recrudescence d’intérêt que les futurs
professionnels du métier témoignent envers notre secteur et profitons-en pour mettre en place les outils et trouver
les moyens de financement nécessaires à la formation, ce qui permettra que le secteur de l’animation perdure
encore de longues années…
3. Financement, présidée par Philippe Reynaert, WALLIMAGE
3.1. Tour de table
L'idée aujourd'hui est de profiter d'avoir réuni dans cette salle un panel large et bien représentatif de la profession
pour faire le point sur les financements disponibles, à un moment stratégique de redémarrage du secteur de
l’animation en Belgique.
Aux aides accordées depuis plus de 30 ans par le Centre du Cinéma de la Communauté Française, sont venus
s’ajouter le Tax Shelter qui est fédéral, mais aussi WALLIMAGE et PROMIMAGE qui sont des aides régionales. À
part la Catalogne, il n’y a pas vraiment de régions qui sont aussi bien dotées en dispositifs de financement que la
Wallonie.
Comment peut-on optimiser tous ces moyens ?
Pour faire un premier tour d'horizon sur la question, nous avons autour de la table six personnes.
Emmanuel Roland, après une licence en philologie romane, commence par enseigner le français. Passionné de
cinéma, il intègre le Ministère de la Communauté française en 1990. D’abord chargé de mission, il est par la suite
coordinateur du groupe d’agrément, en charge du secteur de la production, secrétaire du Comité de Concertation
et délégué de la Communauté française à Eurimages, dont il est vice-président en 2005. Depuis septembre 2006,
il est directeur au sein du Service Général de l’Audiovisuel et des Multimédias du Ministère.
Philippe Reynaert, après des études de Lettres, a enseigné pendant deux ans la littérature et l'orthographe.
Rattrapé également par son tempérament cinéphile, il s'est initié au métier de journaliste qu'il a ensuite pratiqué
avec autant de sérieux que de plaisir, créant notamment le magazine Visions dont il fut rédacteur en chef de 1982
à 1988. Ses débuts à la télévision, il les fait en 1983, reprenant la présentation du Ciné-Club de Minuit à la RTBF.
Depuis sa collaboration avec les chaînes du service public a été permanente et si, aujourd'hui elle se réduit à
l'émission mensuelle L'Envers de l'Ecran, l'Homme aux Lunettes Blanches a par contre fait son entrée au Conseil
d'Administration de la grande maison… Depuis février 2001, ce qui lui donne l'honneur d'être autour de cette table
de débats, il assume la direction de WALLIMAGE.
21
Pierre Colle, expert à l’Agence Wallonne des Télécommunications, est chargé de l’organisation du programme
mobilisateur PROMIMAGE. L’AWT est un organisme de la Région wallonne dont l’objectif est de promouvoir
l’utilisation des TIC par les citoyens et les entreprises.
Françoise Plateborse, après une licence en droit à l'ULB, a été avocate pendant huit ans au barreau de
Bruxelles, spécialisée en droit fiscal et économique. Elle est actuellement la créatrice et la responsable du
département de recherche et développement DEFI chez ING et s'investit dans la cause du Tax Shelter.
Thierry Leclercq, journaliste de formation, est d'abord responsable d’édition au quotidien économique L’Echo et
journaliste free-lance spécialisé en audiovisuel et cinéma, correspondant belge pour la presse spécialisée
internationale. En 1989 il coordonne avec André Lange l’édition du premier Guide de l’audiovisuel européen
(Edimedia). C'est depuis 2002 qu'il est en charge du MEDIA Desk Belgique, le bureau d’information et de
documentation sur la politique audiovisuelle européenne et plus particulièrement les actions du Programme
MEDIA, mis en place conjointement par la Communauté française de Belgique et la Commission européenne. Il
publie notamment une lettre d’information, des brochures et un site internet donnant accès à toute l’information
utile pour tirer le meilleur parti des aides européennes et des nouvelles opportunités du marché.
Raphaële Ingberg est licenciée en droit de l'Université Libre de Bruxelles. Elle travaille depuis août 2001 aux
Éditions Dupuis. Engagée comme juriste, en 2002, elle passe Business Affairs Manager. Les arcanes du
financement, et tout spécifiquement les arcanes belges, n'ont pas de secrets pour elle. Elle témoignera de son
expérience de bénéficiaire (ou non) des différentes sources de financement.
3.2. Interventions
3.2.1. Intervention d'Emmanuel Roland, Ministère de la Communauté française de Belgique
La Communauté française intervient en faveur du cinéma depuis 40 ans, uniquement sur une base sélective et
culturelle. Il s’agit d’une entité qui n’a pas de moyens propres ni de capacité légale à en obtenir. La Communauté
française dépend d’une dotation qui, à l’origine, est fédérale. Pour la comparaison, le Centre cinéma et
audiovisuel compte 45 personnes, contre 550 au CNC français.
La Communauté française de Belgique gère, pour l’entièreté des projets, une enveloppe de 9,5 millions d’euros. Il
n’y a pas d’enveloppe spécifiquement dédiée à l’animation.
On retrouve l'aide à l’écriture, à la production,… pour longs métrages, courts métrages (non éligible Tax Shelter)
et collections télévisuelles. La Communauté française a un rôle important dans le soutien sélectif à la production
du court métrage, notamment dans l’animation mais les interventions restent insuffisantes.
-
Pour un court métrage, d’animation ou non, le montant de l'aide est de 50.000 €.
-
Pour les programmes télévisuels et les séries : les interventions de WALLIMAGE et du Tax Shelter sont
plus importantes. Les retombées économiques au niveau des séries sont plus faciles à mettre en
évidence. Pour une série, fiction et animation confondues, les montants de l'aide, sous forme d'avance
récupérable, comme toutes les aides de ce service, peuvent aller de 75.000 à 150.000 €.
-
Pour les longs métrages, on montera jusque 500.000€ si projet est majoritaire et 100.000€ pour un projet
minoritaire.
3.2.2. Intervention de Philippe Reynaert, WALLIMAGE
WALLIMAGE forme un couple informel avec la Communauté française depuis sept ans. Ils fonctionnent en
parallèle, WALLIMAGE travaillant sur base de critères économiques, ce qui le rend complémentaire du Centre du
Cinéma de la Communauté française qui analyse les dossiers d’un point de vue culturel. Seul difficulté pour la
profession : de par sa source de financement, WALLIMAGE ne couvre logiquement que la Wallonie, là où la
Communauté soutient la Wallonie ET Bruxelles…
Il y a une volonté depuis le démarrage de WALLIMAGE de se positionner en tant que «banque spécialisée»
même si c'est de l'argent public qui est en jeu. Il y a quatre ans, le Fonds wallon a adapté son règlement pour le
caler sur celui du système Tax Shelter : WALLIMAGE intervient à 60% en Equites et 40 % en prêt investi.
Toutefois, n’agissant pas pour des raisons fiscales mais bien stratégiques, WALLIMAGE offre à ses interlocuteurs
la possibilité de faire baisser de manière automatique la part de prêt dans l’argent apporté. Chaque fois qu’une
production excède de 5% les 100% obligatoires de dépenses régionales, elle fait baisser d’1% sa part de prêt. Et
ce jusqu’à un plancher de 10% de prêt pour 90% d’investissement en coproduction.
Les moyens de WALLIMAGE sont de 2,5 millions d’euros par an et, depuis cette année, un million d’euros
additionnel est spécifiquement dédié à l’animation. Million qui sera pérennisé et donc reconduit chaque année. Il y
22
aura désormais deux sessions spécifiques pour les séries «animation»: une avant l'été et l'autre après. Avant ce
million supplémentaire, WALLIMAGE avait investi dans Nouky et ses amis et Spirou 3. Fort de ce complément,
WALLIMAGE va déjà réinvestir sur la deuxième série des Noukies et sur Cédric 3.
Pour accompagner la réécriture de son règlement en matière d’animation, WALLIMAGE avait créé un comité
d'expertise comprenant Iris Cadoux (Eurimages), Marc Vandeweyer (Cartoon), Léon Perahia (Dupuis), Serge de
Poucques (Nexus), Stéphan Roelants (Sika), Philippe Kaufmann (La Parti) et Simon-Pierre Gilliot (Noulies Prod)
afin de prendre une photographie de la situation de la série d'animation au moment de la mise en place de cette
aide supplémentaire et d'analyser ensuite les évolutions du secteur.
Pour ce qui est des longs métrages d’animation, ils peuvent être introduits aux quatre sessions annuelles, au
même titre que les autres longs. WALLIMAGE a soutenu des projets comme Panique au village, Brendan et le
secret de Kells, La Véritable histoire du chat Botté.
La pertinence des dossiers soumis est évaluée selon trois critères principaux : l’effet structurant sur le secteur
audiovisuel en Wallonie; la viabilité du projet (la crédibilité du promoteur du projet et de son équipe) et les
possibilités de retour sur investissement. L'aide reste bien entendu sélective. Tout dossier doit avoir réuni au
moins 30% de son financement et justifier d'un minimum de 250.000 € de dépenses audiovisuelles en Wallonie.
Le montant maximum octroyé (prêt + investissement) par projet est de 500.000 € mais disposant d’une enveloppe
annuelle limitée à 3,5 millions d’euros, le conseil d'administration favorise habituellement les demandes
environnant 300.000 €. À fin 2007, WALLIMAGE avait soutenu 64 productions pour un montant de 16.762.532 €
d'investissement. Ce qui a généré 36.374.694 € de dépenses audiovisuelles en Wallonie, soit 217 % de
retombées et près de 47.830 jours de prestations en sept ans. WALLIMAGE a également contribué au soutien à
la création de neuf sociétés de services.
3.2.3. Intervention de Pierre Colle, AWT, PROMIMAGE
PROMIMAGE est une aide régionale liée au recours à la technologie. Il s’agit d’une initiative politique sur base
d’un budget identifié. En 2007, la Ministre de la Recherche a décidé d’investir environ quatre millions d’euros
dans l’audiovisuel. Il y a eu quatre éditions en huit ans. Une cinquième édition PROMIMAGE est prévue pour
2009.
La Ministre a laissé entendre la procédure de PROMIMAGE devrait tenir compte du nouvel encadrement
européen des aides à la recherche. PROMIMAGE vient d’un monde d’ingénieurs pur et dur. Il est basé sur des
conventions écrites au départ pour de la Recherche et Développement. Cela entraîne une certaine lourdeur au
niveau de la gestion des projets. Au dernier appel à projets, la libération des fonds à été assez lente. Ce sont des
éléments que la Ministre aimerait modifier. Il faudra donc plus de souplesse et moins de temps pour libérer
l’argent.
PROMIMAGE a pour finalité le financement du développement ou de l'utilisation d'outils ou de procédés
numériques innovants, dans le cadre de projets audiovisuels ou multimédia. Lors des précédentes
sélections, des dossiers ont été retenus dans les catégories suivantes:
•
longs et courts métrages de fiction,
•
longs et courts métrages d'animation 2D ou 3D,
•
documentaires,
•
jeux vidéo,
•
etc.
Les entreprises sélectionnées doivent avoir un ancrage réel en Région wallonne et développer des projets
technologiquement innovants, avec un objectif de commercialisation.
L'appel à propositions s'adresse à des entreprises (sociétés commerciales) qui disposent d'un siège d'exploitation
sur le territoire de la Région wallonne et dont les projets ont des retombées significatives pour l'économie
régionale. Les universités, hautes écoles et centres de recherche peuvent intervenir comme sous-traitants. Les
projets proposés ont pour objet la mise au point, ou l'utilisation originale et innovante de technologies numériques,
dans le cadre d'une production ou d'un projet pilote, dans le secteur de l'audiovisuel ou du multimédia.
Il est important de souligner que PROMIMAGE investit dans les courts métrages d’animation et dans les pilotes.
La Ministre de la recherche de la Région Wallonne a laissé entendre que PROMIMAGE 2009 aurait plus de
souplesse que lors des éditions précédentes au niveau de la gestion des projets. Il faut rappeler que le
programme PROMIMAGE a été conçu à l’origine par des ingénieurs plus habitués aux défis technologiques
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qu’artistiques. Cette démarche a certainement entraîné une lourdeur au niveau de la gestion des projets. Au
dernier appel à projets, la libération des fonds a été assez lente. Ce sont des éléments que la Ministre aimerait
modifier en vue d’apporter plus de souplesse dans la gestion des projets. De même, les fonds devraient être
libérés plus rapidement.
3.2.4. Intervention de Françoise Platteborse, responsable DEFI chez ING
Au FIFF 2007, Françoise Platteborse pouvait annoncer la naissance d'un nouveau produit bancaire initié par ING
Belgique, le Tax shelter Invest. Ce produit est destiné au financement d'œuvres audiovisuelles belges grâce à la
mise en œuvre d'incitants fiscaux en faveur des investisseurs. ING est la première banque à jouer le rôle
d'intermédiaire entre les investisseurs et les producteurs. Un intermédiaire qui travaille de façon plus individuelle
et sécurisée pour les investisseurs.
D’autres organismes bancaires font du Tax Shelter. Comme Fortis, avec Scope ou encore Dexia au travers de
Casa Kafka. Les banques ont apporté plus de rigueur dans l’exécution par rapport à ce qui existait auparavant.
Comme il ne s'agit pas de fonds publics mais privés, cela oblige à une plus grande discipline au niveau des
budgets de la production.
Aujourd’hui, l'investisseur tend à ne pas choisir le cinéma. En termes de risque, ce secteur arrive en deuxième
position, juste après l'Horéca. Il s'agit donc de fournir des garanties qui rassurent l’investisseur. Les règles
relatives au choix des projets sont évolutives car il faut faire face à des situations nouvelles :
L’intervention a lieu en bout de course : 80% du financement doit être trouvé hors Tax Shelter. Il s'agit plutôt d'un
«Gap Financing», plus sécurisant.
Volonté de favoriser les productions majoritairement belges : il s’agit donc de promouvoir le cinéma belge dans
toute sa diversité de genre (animation, documentaire, long métrage) ou culturelle (francophone ou
néerlandophone).
Le but d’ING est de défendre la culture belge avec des critères de différentiation objectifs et des critères de
sélection subjectifs, qui ont leur raison d’être suite aux dernières demandes de soutien qui ont été énormes. ING
va donc devoir faire des choix au niveau de l’acceptation des dossiers. En novembre 2007, il y a eu une levée de
13 millions d'euros pour 22 projets. Il y a actuellement une demande de 30 millions alors qu'ING espère lever 20
millions en fin d'année. Le marché n’est pas encore prêt à faire du Tax Shelter massivement. Il faudrait un
engouement généralisé et donc mieux sensibiliser les investisseurs.
Dans les 20 millions d’euros il y aura bien évidemment une part réservée à l’animation, mais pas de montants
fixes. Notons qu'ING a apporté du Tax Shelter sur Brendan. Le mécanisme du Tax Shelter implique des critères
rigoureux souvent mal adaptés à l’animation. Il va falloir des demandes de ruling spécifiques à l’animation. ING se
calquera toujours sur les critères des lignes du Tax Shelter belge, et ING restera toujours favorable aux projets
d’animation structurants en Belgique.
L'impact positif du produit ING, Tax Shelter Invest, s'est déjà fait ressentir lors du dernier festival de Cannes. Cinq
des dix films belges présents en ont profité. ING, en collaboration avec les producteurs flamands et francophones,
a conçu ce produit «clé en main», accompagné d'une charte. Dans les grandes lignes, cette charte propose de
privilégier les films belges et le caractère structurant du mécanisme en donnant la priorité aux retombées
financières, qui retombées qui doivent bénéficier aux professionnels du cinéma. De même, la charte de la banque
garantit aux investisseurs la sécurité fiscale grâce à son expertise.
3.2.5. Intervention de Thierry Leclercq, Programme MEDIA
Thierry Leclercq souhaite aujourd'hui casser l'image de MEDIA, forteresse imprenable regorgeant de caisses
remplies d'or. Les difficultés d'accès s'aplanissent chaque jour: ils travaillent à l'assouplissement des procédures
et des dossiers.
L’intervention que propose MEDIA est ciblée à des moments stratégiques. En effet, MEDIA intervient tout d'abord
au moment du développement, qui est une phase très coûteuse et prenante (recherche graphique, écriture, bible,
tournage du pilote, recherche de financement etc.) La subvention peut aller de 10.000 à 60.000 € sur les séries, et
80.000 € sur les longs. Les œuvres interactives peuvent également être prises en compte. Une aide intitulée
«Slate Funding», pouvant aller jusqu'à 190.000€ est là pour les sociétés qui envisagent de développer trois à six
projets.
Le message principal de Thierry Leclercq est d’inciter les producteurs à tirer profit des guichets MEDIA et
notamment du guichet développement. Ne pas oublier des actions comme le Forum Cartoon qui favorise la
recherche de partenaires. C’est d’autant moins négligeable que le producteur se retrouve bien souvent seul pour
financer son projet en amont.
24
Le deuxième guichet concerne le soutien à la diffusion télévisuelle. Il s’agit en réalité d’un soutien à la
coproduction puisqu'il va directement au producteur indépendant, ce qui évite à ce dernier d’aliéner tous ses
droits. L’aide peut aller jusqu’à 500.000 € pour un projet TV. Pour ce faire, il faut être le producteur majoritaire et
bénéficier d’une participation d’un grand nombre de diffuseur en coproduction ou en préachat. Le soutien doit
donc être demandé en fin de montage financier pour couvrir les derniers 12,5% du budget.
Enfin l’aide i2i peut s’avérer très importante pour couvrir les frais liés à l’escompte de tous les contrats de
financement (taux de crédit bancaire et assurances audiovisuelles, dont la garantie de bonne fin) et générer la
trésorerie nécessaire à la production du projet. Les crédits ont un coût dans lequel le Programme MEDIA peut
intervenir à concurrence de 5.000 à 50.000 €.
Enfin, en dehors du programme MEDIA, il y a aussi Eurimages pour le long métrage, tant de fiction que
d'animation.
3.2.6. Intervention de Raphaële Ingberg, Dupuis
Quel est son sentiment, par rapport à l’expérience de producteur de Dupuis ?
MEDIA
Dupuis a obtenu trois fois l’aide de MEDIA distribution TV pour Cédric 2, Kid Paddle 1 et Kid Paddle 2 (500.000 €
à chaque fois). Malheureusement, ils ont modifié leur règlement et n’aident plus les suites de séries. Il y a toutefois
un petit problème pratique, c’est que l’éligibilité des dépenses commence à courir six mois avant le premier jour de
tournage, ce qui rend inéligibles toutes les dépenses de pré-production pour une série d’animation.
Pour le reste, les dossiers sont relativement faciles à remplir et les demandes qui sont faites au producteur sont
des plus légitimes.
La Communauté française
Jusque là, Dupuis n'a jamais tenté de dépôt de dossier, estimant ne pas répondre correctement au critère culturel
qui est imposé mais peut-être que la notion de culture est également évolutive et pourquoi pas essayer dans un
avenir prochain.
PROMIMAGE
Nous n’avons jamais tenté d’y déposer un projet car les appels à projets ne sont jamais connus à l’avance et donc
soit vous avez un projet déjà bien ficelé au moment à l’appel à projets, soit vous rentrez un projet bâclé pour
tenter d’obtenir une aide dans les délais. Le problème de manque de régularité de ces appels, qui se font pour le
moment plus ou moins tous les deux ans, mais sans calendrier préalable ne permet pas aux producteurs de s’y
préparer correctement.
WALLIMAGE
Dupuis a obtenu leur aide pour Spirou 3 au moment où il n’y avait pas de guichet distinct pour l’animation. Depuis
que WALLIMAGE a débloqué un million d’euros pour les séries d’animation, Dupuis a déposé le dossier Cédric 3
pour lequel a été obtenue une aide conséquente. Raphaële Ingberg fait remarquer qu’il est vraiment rassurant de
pouvoir bénéficier d’une enveloppe d’un million d’euros destinée à la série d’animation car cela permet de ne pas
être concurrent avec des projets qui ne ressemble pas du tout aux projets d’animation.
Le Tax Shelter et ING
Jusqu’à présent, Dupuis a toujours été chercher lui-même les investisseurs Tax Shelter. Dupuis s’est rendu
compte que les dépenses que l’on pouvait réaliser en Belgique relevaient souvent de la postproduction son et
image. Afin d'enrayer ce processus, Dupuis a constitué, avec la RTBF, le studio DreamWall pour développer de
nouvelles compétences.
Le problème du Tax Shelter est le montant maximum de 500.000€ que les sociétés peuvent investir ainsi que la
fameuse limite de 18 mois pour effectuer les dépenses.
Deux projets ont été présentés à ING, refusés, notamment par le manque de belgitude. Comme ING n’avait pas
récolté suffisamment d’investissements pour tous les dossiers, des règles supplémentaires ont été édictées en
cours de route, comme par exemple le fait de privilégier les producteurs majoritaires. Étant bien souvent
minoritaire, en tant que producteur belge de série d’animation, cela reviendrait à interdire l’accès à un tout un pan
de la profession.
25
3.3. Séance de questions / réponses
Q1. Serge de Poucques constate que si l’on veut pérenniser le secteur de l’animation en Belgique, il y a une
nécessité évidente pour les producteurs et les studios de conserver leurs droits, de se créer des catalogues. À
quand un soutien avec des moyens disponibles pour le développement, alors que cela existe du côté
néerlandophone ?
Il souligne également qu’il est très difficile de faire un film sans passer par la production d’un pilote.
Emmanuel Roland suggère que, de façon plus globale, on pourrait, sur base d’une réflexion, réintroduire au sein
des aides sélectives, un continuum de l’aide au développement pour la fiction et l’animation avec la volonté
d’isoler le secteur de l’animation en tant que tel.
Philippe Reynaert souligne que WALLIMAGE n’est pas équipé juridiquement pour faire du développement. Mais
il réfléchit à une piste : l’argent rendu par les producteurs lors de la remontée des recettes peut-être leur être
«rendu» pour couvrir des frais de développement. Normalement, les recettes de WALLIMAGE doivent être
rendues à la Région wallonne, qui, jusque maintenant, n’a pas récupéré cet argent. La Région wallonne pourrait
peut-être affecter cet argent au développement ? Cela pourrait être non négligeable dans la mesure où l’animation
est un secteur des plus rentables au niveau des recettes.
Les maisons de production auraient un droit de tirage sur ce qu’elles ont remonté en recettes. C’est une manière
de pouvoir inclure une case «développement» que les bénéficiaires de l’aide réinvestiraient eux-mêmes sur leurs
nouveaux projets.
Stéphan Roelants se demande alors comment gérer le développement des jeunes maisons de production, qui
n'auraient pas d'accès à ces fonds. La question reste posée...
Viviane Vanfleteren expose son expérience du VAF : il y a des aides au développement pour les projets
minoritaires et pour les projets majoritaires. Pour ces derniers, il y a obligation de passer par une aide à l’écriture
ou au développement avant d'avoir accès à l'aide à la production.
Q2. Serge de Poucques, toujours dans un souci de pérenniser le secteur et puisqu’une des spécificités de
PROMIMAGE est le développement, il est important pour les producteurs d’avoir une meilleure visibilité sur les
financements. A quand donc un PROMIMAGE annuel et récurrent ? (et non l’hypothétique PROMIMAGE qui a lieu
tous les deux ans).
Pierre Colle rappelle que PROMIMAGE soutient les pilotes, car ils sont le laboratoire pour la technologie. On ne
pourra pas parler de récurrence au niveau de PROMIMAGE. Il s’agit d’un choix politique à un moment donné sur
un budget. Ce choix politique ne sera pas de rendre récurrent l’appel à projet. Ceci dit, il y a de facto récurrence,
puisqu’il y a eu quatre appels à projets PROMIMAGE depuis 2000.
Hubert Toint interroge : La base annuelle ne serait pas mieux ? Deux ans c’est trop long pour la vie d’un projet.
Un an permettrait d’être plus à l’aise par rapport à la durée de vie réelle d'un film. Les processus de décision plus
ou moins longs, voire aléatoires, posent problème. C'est une des causes de report de projet.
Pierre Colle se demande si la base annuelle d’un programme comme PROMIMAGE ne serait pas trop courte, si
les deux ans ne sont pas mieux.
Emmanuel Roland souligne l'importance du calendrier. À partir du moment où les producteurs (y compris à
l’international) travaillent sur de longues périodes et planifient leurs projets de longues années à l’avance et les
échéanciers des divers guichets de soutien sont indispensables.
On sait par exemple qu'on va déposer un dossier :
•
En mars à la Communauté française
•
En juin chez PROMIMAGE si d'aventure c'est l'échéance
•
En septembre auprès de WALLIMAGE
•
En avril suivant chez ING
Les échéances sont importantes car elles permettent de prévoir la construction solide des dossiers en vue des
différentes dates.
Q3. Le problème de la majorité belge : il est difficile de garder la majorité du projet sur une série. Il faudrait une
dérogation pour l’animation. Les problèmes liés au financement sont trop importants.
26
Françoise Platteborse souligne qu'en ce qui concerne ING, ce n’est pas une obligation d’être majoritaire, mais
cela fait partie des critères subjectifs.
Léon Perahia préférerait connaître l'ensemble des critères (selon les genres, l’impact structurant, etc.) car en
série d’animation, il est compliqué de rester majoritaire, alors même que son côté structurant est évident. Quid
d'un sous règlement qui tiendrait compte des spécificités de l’animation pour que ce genre ne soit pas défavorisé?
Il lui semble également que la valeur patrimoniale des droits conservés par le producteur belge devrait rentrer en
ligne de compte pour l’évaluation du caractère structurant et pérenne du projet. Ce sont en effet les revenus futurs
générés par le catalogue du producteur qui lui permettront d’investir dans de nouveaux projets.
Q4. Remarque de Belle Productions : Le jeu vidéo est un marché peu existant en Wallonie. Belle Productions
travaille avec beaucoup de programmateurs et bénéficie d’aides européennes (Plan Média). Il regrette que le
domaine du jeu vidéo ne soit pas encore éligible Tax Shelter.
4. Coproductions internationales, présidée par Ariane Payen, Chamazolou
Productions
4.1. Tour de table des orateurs
Dans un petit pays comme la Belgique, la coproduction internationale a un côté indiscutable. Du point de vue du
producteur étranger, quels sont les atouts des coproductions avec la Belgique? Est-ce un pays accueillant et
attractif? Y a-t-il des lacunes? Si l'on se place ensuite du point de vue du producteur belge, qui voit
essentiellement (mais pas uniquement) la France et le Luxembourg lorgner sur ses capacités à récolter des fonds,
comment fait-il pour conserver les spécificités de projets qu'il met en chantier dans le cadre de la coproduction
internationale? Autour de la table de discussion, quatre personnes.
Didier Brunner a étudié l'histoire et le théâtre. En fait d'histoire, il est un peu à lui seul celle du long métrage
d'animation européen. Il a notamment produit chez Les Armateurs Kirikou, L'enfant qui voulait être un ours, Les
Triplettes de Belleville, Princes et Princesses, T'choupi, Brendan et le secret de Kells. D'abord assistant
réalisateur, puis réalisateur, c'est dans la production qu'il assouvit le mieux sa passion du cinéma depuis 20 ans
maintenant. Le but de Didier Brunner est de promouvoir des auteurs de qualité. La filmographie confirme à ce
gestionnaire de renom, cet équilibriste du financement, que son objectif est largement atteint.
Stéphane Delhougne est actuellement responsable du secteur jeunesse de la RTBF. Réalisateur, avec Anne
Leclercq, des Niouzz, un journal télévisé quotidien pour les enfants de huit à douze ans. Stéphane Delhougne a à
cœur de dynamiser ce secteur en créant de nouvelles cases, dont des cases familiales.
Philippe Jacot commence sa carrière comme professeur et rejoint la Télévision Suisse Romande (TSR) en 1986
où il produit des programmes éducatifs. Très vite, il s'implique dans la gestion de programmes multimédia. En
1996, il rejoint l'Union Européenne des Radiodiffuseurs (UER) dont il prend rapidement la responsabilité de la
branche éducation-jeunesse. Dès 2002, il prend la tête des coproductions (séries d'animation, documentaires et
fictions).
Arnaud Demuynck est un farouche défenseur du court métrage et arpente avec bonheur depuis 15 ans bon
nombre de ses chemins de traverse. Après avoir écrit plusieurs scénarii, il se lance dans la réalisation avec
L'Écluse en 2000. De 1992 à 2006, avec ses sociétés belges et françaises, il produit une cinquantaine de films
d'auteur, majoritairement courts, en fiction, documentaire et animation. C'est à partir de 2008 qu'il commence,
parallèlement, la production de longs métrages de séries d'animation.
4.2. Interventions
4.2.1. Intervention de Didier Brunner, les Armateurs
L’essentiel des coproductions se fait entre la France, La Belgique et le Luxembourg. Il y a là un véritable triangle
d’or. Didier Brunner a longue expérience de ces partenariats: pour Kirikou et la Sorcière, il avait déjà obtenu l'aide
de la Communauté française. France-Belgique-Luxembourg permet une facilité de déplacement et, de facto, une
meilleure proximité et interactivité.
Les aides belges constituent un système formidable car elles permettent le cumul d’un certain nombre de
financements : VAF, Communauté française, PROMIMAGE, WALLIMAGE et Tax Shelter. Pour Brendan, le
budget total est de huit millions d’euros dont 2,1 millions d’euros ont été réunis sur la Belgique en aides diverses.
L’auteur de Brendan est irlandais. C’est un bel exemple de montage où on fait valoir toutes les possibilités de
financements européens.
27
Il faut essayer d’établir une équation adéquate par rapport à la répartition du travail, de façon logique, afin de ne
pas casser la créativité de l’équipe artistique du film. Sur le long métrage on a de plus en plus affaire à des
créateurs qui ont besoin d’avoir leur équipe à une certaine proximité. Pour Brendan, cela n'a pas toujours été
simple, il a fallu qu'il joue à «l'European trotter»: France, Belgique, Hongrie, Irlande et même une fois le Brésil!
Avoir bénéficié des aides belges et irlandaises a handicapé le recours à des aides françaises car il ne restait pas
assez de points en termes de barème CNC: exit le fonds de soutien donc. Didier Brunner est souvent contraint par
le manque de complémentarité dans les systèmes d’aides, surtout côté français. Cela oblige à localiser les aides
de façon très contrôlée, avec un minimum de 50% par poste à effectuer sur le territoire.
Le crédit d’impôt français a demandé que l’animation soit au moins réalisée en France à 70%, laissant 30% sur un
autre territoire, sinon elle n’était plus éligible pour ce mécanisme d’aide. (Ce qui est dommage, car au départ,
Didier Brunner souhaitait faire une répartition 50 / 50 France/Belgique). Il y a une véritable nécessité de regarder
les différents calculs et barèmes auxquels on est soumis pour les harmoniser auprès de nos instances nationales,
afin d'obtenir une meilleure flexibilité. Cela se situe sur le plan de la répartition des tâches.
Les règlementations, quand elles sont protectionnistes, sont néfastes à la sauvegarde des droits sur catalogue et
sur le travail artistique. Ce qui est positif et mérite d'être mis en avant, c’est que des séries puissent maintenir
l’animation en Europe (rien n’a été délocalisé pour Noukie’s par exemple). Il serait intéressant de renforcer cette
tendance et d’essayer de créer un groupe de réflexion franco-belge sur l’harmonisation de la répartition des
différents travaux. Cela permettrait d’obtenir ainsi plus de flexibilité par rapport aux aides.
Il faut également que tout devienne plus gérable au niveau artistique. Car si les systèmes d’aides restent si rigides
par rapport à la localisation, cela pourrait, à terme, aller contre la créativité des artistes. Au travers du SPFA
(Syndicat des Producteurs de Films d'Animation en France), le groupe de réflexion pourrait établir un
dénominateur commun, une sorte de «clause du meilleur allié». Chaque nouvelle aide entraîne une nouvelle
obligation. Avec des participations croisées, on avancerait plus sereinement dans une optique de maintien du
travail en Europe.
Léon Perahia, comme beaucoup de ses collègues producteurs français, considère que le Tax Shelter belge ne
constitue pas un incitant à transférer des travaux de la France vers la Belgique, mais qu’au contraire, il rend
souvent possible, le financement de projets qui sinon, ne pourrait être produit que moyennant la réalisation d’une
part importante des travaux en Asie. Dans le domaine de l’animation, une harmonisation des systèmes de crédit
d’impôts européens permettrait le rapatriement de travaux faits hors Europe pour l’instant.
Bâtir un financement de film avec le crédit d’impôt en France, le Tax Shelter en Belgique et les CIAV+ du
Luxembourg est quasi impossible dans l’état actuel des législations. Le crédit d’impôt a été une révolution
économique pour les producteurs français qui l'ont largement sollicité, si bien que l’enveloppe de départ a explosé.
Cela a entraîné plus de rigidité sur les critères d’éligibilité.
Hubert Toint pense qu'il y a eu pression des prestataires français pour conserver les tâches en France. Cela est
vrai sur le plan de la fiction mais pas de l'animation.
Jean-Michel Spinner, prestataire français, fait partie de ce groupe de travail de la SPFA où il y a actuellement
une volonté d'aller expliquer la complémentarité saine des ententes Belgique/France dans la mesure où elles
permettent de conserver le travail en Europe et de ne pas l'expatrier en Asie.
4.2.2. Intervention de Stéphane Delhougne, RTBF
Stéphane Delhougne est responsable du secteur jeunesse à la RTBF, qui diffuse 15 heures de programmes
jeunesse par semaine, soit près de 33 heures si l'on compte les multidiffusions. L’enveloppe est maigre : moins
d’un million d’euros. Pour avoir une idée de comparaison, sur une chaîne comme France Télévision, il y a un
budget de 23 millions d’euros.
L’enveloppe pour la coproduction d’animation n'est que de 200.000 €/an. Sur Cédric la RTBF a apporté 5% du
budget. Malgré cela, les apports de la RTBF ne sont pas pérennes. Dans les lignes budgétaires de la RTBF, le
souhait de Stéphane Delhougne est de doubler l’enveloppe qui était allouée. L'idéal serait de la monter à 500.000
€ afin que la RTBF puisse soutenir plusieurs projets. Il suggère à la profession, au travers d'Anim.be, de faire
pression dans ce sens.
4.2.3. Intervention de Philippe Jacot, UER
L'UER, Union Européenne des Radiodiffuseurs, a été créée en 1950. Il s'agit d'une association des chaines TV
nationales de l’Europe. C'est la même structure que l’Eurovision. La zone délimitée est toute l’Europe
géographique plus la Russie. L'UER représente 75 radios/TV sur ce territoire. La plupart d’entre elles étaient au
départ des chaînes publiques. Au moment de la privatisation des différentes chaînes, l’UER a souhaité s’investir
28
dans la défense les chaînes publiques. Les quelques membres privés sont des membres historiques, comme TF1,
YTV ou Channel 4.
Le siège de l’UER, situé à Genève, en Suisse, rassemble 350 personnes. Il s’agit de la plus grande association de
diffuseurs de la planète.
L’UER est active sur cinq fronts :
•
•
•
•
•
la télévision
la radio
le développement technique (recherche, industrie, normes européennes, et hors Union Européenne pour
s’échanger des programmes…)
le développement juridique (défense des intérêts des membres, droits d’auteurs, diversité culturelle,...)
le développement des opérations, qui occupe plus de la moitié des employés de l’UER, ayant trois grands
domaines en charge: l'exploitation du réseau Eurovision; l'échange des news et l'acquisition des droits
sportifs pour le continent européen. À ce titre, l’UER est systématiquement en compétition avec d’autres
structures qui veulent également acquérir ces droits.
Philippe Jacot est responsable des coproductions internationales. Cette cellule a pour objectif et mission :
•
•
de défendre les intérêts des membres (en Belgique, par exemple, de la RTBF et de la VRT) qui
demandent d’entrer sur un projet, de manière à coordonner la production ou le financement du projet en
question.
de proposer à la prévente ou à la coproduction les projets à d’autres membres de l’UER.
Cela signifie que l'UER est amenée à proposer ses services sur des modèles économiques dans lesquels les
membres de l’UER sont majoritaires en termes d’investissements, mais aussi dans des projets minoritaires où les
membres de l’UER ont alors un rôle d’agent. Ce rôle d'intermédiaire amène l'UER à proposer aux sociétés de
production de coopérer avec d’autres sociétés de production sur d’autres territoires, permettant le cas échéant, un
contact avec les investisseurs à la fois privés et institutionnels. L'UER joue alors un rôle de distributeur. L'UER
n’est pas un fond de soutien, les services de l’UER sont des prestations rémunérées (partie comparable au travail
des diffuseurs). Le coût de ses services se calcule sur un pourcentage du budget global allant de 3 à 20 % selon
les cas.
Environ 60 projets par an, tous genres confondus (fiction, jeunesse, animation, documentaires, variétés),
bénéficient des ces services de distribution. En animation, il faut tabler sur quatre à sept projets suivant les
années. L’UER travaille dans l’intérêt des chaînes de télévision et sociétés de production, favorisant le
financement flottant. L’UER souhaite donner une plus grande visibilité des séries et programmes européens en
Europe.
Il s’agit d’une logique de mise en réseau plus interventionniste que ce que peut faire Cartoon par exemple au
travers du Forum ou du Movie dans le mesure où il y a des recherches de propositions plus globales. Pour avoir
accès aux services de l’UER, il faut passer par un membre de l’UER. La procédure est très souple. Il y a en mai
un système de Pitching Session à Lucerne où 600 professionnels se réunissent. (www.ebu.ch : infos relatives aux
lancements d’appels d’offres.)
Il faut souligner que l'UER, parmi ses missions, doit proposer des projets de sociétés de production à un maximum
de diffuseurs. Afin d’assurer un contrôle des détails de production, elle désigne deux ou trois personnes
(maximum) qui seront «producteurs exécutifs» pour toutes les chaînes impliquées. Ces personnes suivront la
production au jour le jour. Une fois que le projet retenu est diffusé, l’UER assure encore le suivi de la défense des
intérêts des sociétés de production en matière de financements.
4.2.4. Intervention d’Arnaud Demuynck, Digit Anima
Il considère le court métrage comme un lieu fondamental de création pour la vivacité de l’animation. Non
seulement il est légitime qu’un auteur puisse envisager la carrière d’une vie dans la forme courte tant celle-ci est
riche en possibilités artistiques, mais le film court est un laboratoire irremplaçable pour les réalisateurs autant que
pour les techniciens ou les jeunes producteurs.
Arnaud Demuynck travaille actuellement sur trois longs métrages par lesquels qui sont d’ailleurs les fruits de ses
collaborations entamées sur des courts métrages. Ses partenaires techniques en Wallonie, dont Digital Graphics
et le Studio Suivez Mon Regard ont tous fait leurs armes dans la forme courte.
Il milite pour la reconnaissance de cette forme courte à laquelle il manque les aides économiques auxquelles ont
droit le long métrage et la série animée :
29
•
•
•
Tax Shelter,
WALLIMAGE,
préachat et coproduction avec la RTBF.
Seule la Communauté française, sur base de ses compétences culturelles, et le programme PROMIMAGE de la
Région Wallonne pour les nouvelles technologies reconnaissent le soutien au court métrage. Ce n’est pas
suffisant.
Heureusement la province du Hainaut a plusieurs fois soutenu les courts métrages d’Arnaud Demuynck, venant lui
apporter une bouffée d’air frais. La seule solution de survie aujourd’hui est la coproduction internationale dont
Arnaud Demuynck est, pour le court métrage, un pionnier. Le court métrage survit grâce à la coproduction et à la
collaboration entre la France et la Belgique. Les projets ne pourraient pas être bouclés sans l’aide française. Ces
aides, de part et d'autre, permettent de maintenir à la fois les spécificités du film court belge et celles du film
français. De la même façon, selon le réalisateur, la coproduction n’aplanit pas ces spécificités. Au contraire, elle
les renforce.
Pour résoudre les soucis du long et de la série, il faudrait continuer à aider le court et à structurer la coproduction
européenne du court métrage. Pourquoi pas une sorte de Cartoon du court métrage?
Marc Vandeweyer souligne qu'une initiative a été prise dans ce sens mais qu'elle n'a pas été couronnée de
succès. À son sens, le secteur n'est pas prêt pour cela. Mais Cartoon ne néglige pas le court métrage d'animation,
loin s'en faut! Le Cartoon d'Or, l'équivalent du César européen de l'animation, est un prix remis à un court
métrage, au travers d'une sélection des projets ayant obtenu un prix lors des festivals partenaires de Cartoon.
Philippe Jacot insiste sur le fait que les diffuseurs peuvent jouer un rôle clef dans le court métrage. À un moment
donné, par rapport à l’industrie européenne du cinéma, le fait de voir des œuvres qui traversent les frontières est
un excellent moyen pour la visibilité du court métrage. À l'UER, il existe un fonds au développement d’un million
d’euros. Pour y accéder, il faut être soutenu par une chaine de télévision membre. Cette aide peut monter jusqu’à
70% du budget de développement.
30
IV. Synthèse des débats par les présidents de séance
1. TECHNOLOGIE, par Anne-Marie Straus
Premier constat : Le secteur de l’animation se développe bien. Il faut dire qu’il est porté par des professionnels
passionnés. Mais ce secteur doit apprendre à se structurer. Anim.be est une réponse à cette problématique.
Les dix dernières années ont vu une profonde modification dans le monde de la production cinématographique,
notamment avec l'introduction de la 3D. Ajouté à ces nouvelles images de synthèse, l'image en relief (3D
stéréoscopie) a pris sa place dans les salles de cinéma, même si ce type de productions s’adresse
majoritairement à un public de niche.
Dans le domaine de la diffusion, les choses sont en train d'évoluer et l'équipement des salles en numérique verra
sans doute une réelle accélération au cours des prochaines années. Le matériel existe, encore faut-il le rendre
accessible du point de vue financier.
Le groupe de travail s'est réjoui de l'annonce de la ministre de la recherche, Marie-Dominique Simonet, annonce
suivant laquelle il y aura en 2009 une cinquième édition de PROMIMAGE, une édition dont les modalités seront
adaptées au nouveau décret sur la recherche et l'innovation.
Quelques pistes de réflexions peuvent être dégagées :
Il serait intéressant de développer la fonction de veille technologique (que ce soit dans le cadre du Cluster TWIST
ou d’Anim.be) dans le cadre de l’animation. Cela consisterait à suivre les évolutions technologiques en Belgique et
à l'étranger des produits et des procédés (hardware et software) et aider les opérateurs dans le choix de leur
matériel en fonction de leurs besoins, mais aussi en fonction du coût et de la durée d'utilisation.
De même, il faudrait renforcer le lien entre les centres de recherches spécialisés dans le domaine du numérique et
les entreprises de manière à favoriser le transfert technologique et à améliorer la prise en compte des besoins du
secteur. Par exemple, la table ronde a permis de mettre en évidence les besoins de recherche en matière de
rapidité de temps de calcul de rendu d’ image, un domaine où des collaborations entre la recherche et les sociétés
de production seraient largement profitable aux deux parties. Autres exemples, les problèmes spécifiques aux
productions en stéréoscopie (mouvement des personnages, éclairages spécifiques et ghosting) et le cinéma 4D
(le quatrième D étant la dimension physique) doivent également faire l’objet d’une réflexion approfondie tant en
terme de production qu’en terme de diffusion.
Dernier élément, il serait intéressant de suivre les expériences de l’AWT en matière de déclinaison des contenus
sur différents supports depuis les écrans larges jusqu’aux téléphones portables.
2. FORMATION, par Anne-Marie Straus
Après avoir souligné l'importance de l'initiative prise par la Ministre Simonet en publiant un ouvrage sur les métiers
du multimédia, il a été proposé de la compléter par la mise en œuvre d'un répertoire permanent sur les besoins du
secteur de l'animation et par une cartographie des compétences disponibles sur le marché.
Les constats suivant lesquels le secteur de l'animation en plein développement manque de personnel qualifié et
de personnel d'encadrement ont été confirmés.
Par ailleurs, l'inadéquation entre l'offre et la demande ne pose pas seulement la question de la formation mais
aussi celle du financement de la formation et du statut du personnel relevant de ce secteur d'activité. À l'exemple
de la France, qui bénéficie d'un système de financement individuel de formation, couvert obligatoirement par
l'entreprise, on pourrait réfléchir à un système de prise en charge totale ou partielle par le secteur lui-même. À cet
égard, il conviendrait de s'interroger sur le problème de l'absence de convention collective propre au secteur
culturel et à la difficulté de déterminer ce qu'il advient des fonds destinés à la formation.
Le secteur de l'animation en Wallonie vit sa seconde vie. Les métiers sont complexes, mais au départ d’une
réflexion en profondeur on pourrait avoir des gens plus que compétents.
Quelques réflexions pour apporter des solutions :
Anim.be mettra en place un groupe de travail, qui à l'instar de ce qui existe au niveau européen avec Cartoon,
aura pour objectifs de créer un réseau entre les utilisateurs et de proposer des solutions pour faire face aux
besoins du secteur tant à court qu'à moyen terme. A cet égard, Anim.be entend créer un répertoire permanent des
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métiers propres à l'animation faisant état des demandes d'emplois et permettant de repérer les manques en
termes de personnels disponibles.
Le groupe de travail a également souligné l'importance de mettre en œuvre des collaborations entre les instituts
d'enseignement en Belgique mais aussi avec l'étranger. L'existence d'un système de contrat cadre au sein des
centres de compétence (TechnocITé, technofutur) a été rappelée. Elle permet non seulement d'avoir des
accords en matière de formation mais aussi d'utilisation du matériel indispensable à celle-ci.
Il faudrait également envisager les possibilités de collaborations entre les instituts de formation (universités et
hautes écoles) et les centres de formation tant publics que privés. Ces collaborations pourraient être envisagées
sur le plan des cursus de formation, mais aussi au niveau du personnel et de l'équipement qui pourraient se
rendre disponible pour les formations. Enfin, analyser les demandes du secteur et créer si nécessaires de
nouvelles formations (en Belgique et à l'étranger).
3. COPRODUCTIONS INTERNATIONALES, par Ariane Payen
Il existe un triangle d’or de la coproduction entre la Belgique, la France et le Luxembourg. Cette situation permet
de maintenir en Europe une partie plus grande des travaux sur les projets d'animation, limitant la délocalisation
vers l'Asie.
Il serait donc intéressant de faire se rencontrer les organismes nationaux belges et français afin de permettre une
meilleure compatibilité et flexibilité des aides respectives. Un groupe de réflexion entre le SPFA et Anim.be
permettrait cette rencontre, l'argument phare étant la clause du meilleur allié. Tax Shelter et le crédit d'impôt
seraient au centre du débat. Léon Perahia, présent dans les deux structures, a déjà abordé le sujet au sein des
deux unions professionnelles. À la demande aujourd'hui de Didier Brunner, il est important d'activer cette
mobilisation. Anim.be arrive décidément au bon moment et va permettre d’ouvrir un groupe franco-belge sur
l’harmonisation des travaux.
Groupe de réflexion ou groupe de pression, c'est la RTBF, au travers de Stéphane Delhougne, qui salue la
possibilité d'un secteur structuré qui puisse démontrer que les besoins du département jeunesse sont insuffisants
et doivent être revus dans un cadre où la production de dessin animé a évolué. En interne, la demande a déjà été
effectuée d'augmenter les budgets. La balle est désormais dans le camp du secteur pour la soutenir.
Pour le long métrage et la série : la coproduction s’avère intéressante pour tous les types de produits. L’identité de
chacun est préservée. Le court métrage trouve sa place dans cette atmosphère de coproduction internationale,
inévitable certes mais respectueuses des identités culturelles respectives.
L'UER enfin, insiste sur le soutien au développement disponible en son sein et sur son attention toute particulière
donnée à des pays comme la Belgique, petit par la taille, où la diversité culturelle, comme en Suisse, est une
réalité.
Il ne serait pas inutile, lors d'une prochaine édition, d'aborder une réflexion approfondie sur la diffusion et la
distribution de l'animation. Cette réflexion devra obligatoirement intégrer les nouveaux supports.
4. FINANCEMENT, par Philippe Reynaert
Philippe Reynaert est très touché par l’atelier des Grenelles de l’Animation qui a vu le jour à l'initiative des
professionnels. Il constate aujourd'hui un réel climat confraternel entre les producteurs, les studios et les autres
acteurs du secteur…. A la différence du «Cercle des Poètes disparus», il s’agit d’un cercle des animateurs qui ont
un grand avenir.
La création de WALLIMAGE a par un hasard malheureux coïncidé avec la disparition de Neuroplanet et tout le
traumatisme que cela a causé. Six ans plus tard, on est en train de refaire de l’animation en Wallonie et il y a eu
une vraie sincérité dans les propos qui ont été échangés.
Le souci de créer un laboratoire d’harmonisation des différentes aides et de les faire fonctionner les unes par
rapport aux autres se retrouve autant entre PROMIMAGE, WALLIMAGE et la Communauté française sur le plan
local, que du côté international au travers de MEDIA, de l'UER ou encore de Cartoon, acteur non négligeable de
mise en réseau sur tous les plans abordés aujourd'hui: technique, formation, financement et coproduction.
Le Tax Shelter gagnerait à tenir compte des spécificités de l'animation, son côté structurant jouant comme un réel
atout.
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L'harmonisation passe aussi par des échéanciers clairs sur lesquels le producteur peut se reposer. Passer
PROMIMAGE en soutien annuel, à date fixe serait du pur bonheur dans un paysage où les autres structures ont
établi et adapté leurs agendas, comme récemment WALLIMAGE avec l'instauration des deux sessions
spécifiques aux séries d'animation.
Côté développement, les manques sont évidents. MEDIA et l'UER insistent aujourd'hui sur leur présence au
niveau européen. En Belgique, voire côté francophone, le VAF ayant son propre système d'aide au
développement, pourquoi ne pas envisager un renforcement au sein de la Communauté française des
caractéristiques de l'animation afin de dégager une aide spécifique? Pourquoi encore, ne pas utiliser les fonds
remboursés par les producteurs à WALLIMAGE lors de la remontée des recettes pour mettre sur pied une
enveloppe de recherche et développement?
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V. Conclusions du colloque
Serge de Poucques salue cette vague positive dans l’animation et nous exhorte tous à la transcender pour que
cela devienne une véritable lame de fond.
Les conclusions du colloque seront disponibles sur le site d’Anim.be et des Grenelles le plus rapidement possible.
Jean-Louis Rollé – porte parole du Ministre Marcourt :
«De tous les secteurs de l’activité cinématographique, l’animation est celui qui incarne le mieux le concept
d’Industrie Culturelle. C’est un secteur extrêmement structurant en termes d’emploi et de développement
technologique dans une région. C’est la raison pour laquelle, ces derniers mois, en tant que Ministre de
l’Economie et de l’Emploi, je me suis réjoui devant ce que l’on peut réellement qualifier de «résurrection» d’une
branche d’activité qui avait été sinistrée par le terrible accident financier survenu, il y a six ans, à l’entreprise
NeuroPlanet, naguère un des leaders européens de l’animation…
Sans vouloir jeter d’ombre sur l’enthousiasme qui a présidé à vos travaux, il n’est pas inutile de se rappeler que ce
secteur dont on vient de vanter les qualités et l’impact, est aussi un secteur dans lequel règne une concurrence
internationale féroce et où la fulgurante évolution des technologies remet sans cesse en cause les leaderships
que l’on croit établis.
Il importe donc que tous les acteurs du secteur, qu’ils relèvent du privé ou du public, se serrent les coudes si nous
voulons relever le défi de pérenniser une industrie du cinéma d’animation wallon. C’est ce que vous avez
commencé à faire en vous réunissant aujourd’hui et je vous en félicite ! Mais comme on disait en Mai 68, période
à laquelle le titre de votre colloque nous ramène : ce n’est qu’un début, continuons le combat !
Que faut-il pour qu’une Région devienne un Pôle européen de l’Animation ?
Du talent bien sûr ! Mais cela, nous en avons ! Il faut rompre avec les discours faussement modestes ! Oui, il y a
en Belgique, et en Wallonie plus particulièrement, une longue et merveilleuse tradition graphique qui, pendant des
années et aujourd’hui encore, a trouvé à s’exprimer dans la Bande Dessinée. Les 50 ans des éditions Dupuis sont
là pour nous le rappeler et il est d’ailleurs remarquable que cette vénérable maison d’édition à qui nous devons
tant de héros de réputation mondiale, soit aujourd’hui à l’initiative de la création d’un des trois grands studios qui
font notre fierté et sur lesquels reposent nos espoirs.
Faut-il rappeler également qu’alors que Steven Spielberg et Peter Jackson mettent en chantier une trilogie
consacrée à Tintin, la Columbia vient d’acquérir les droits nécessaires à porter les Schtroumpfs au grand écran !
Outre-Atlantique, on a bien compris la valeur de ces personnages nés dans notre Région… D’ailleurs les Studios
Hanna Barbera l’avaient compris déjà dans les années 80. Et à l’époque, il n’existait pas chez nous de structures
suffisamment performantes pour porter ce genre de projet…
Car il ne faut pas que du talent. Il faut aussi de l’argent ! Aujourd’hui la Wallonie a pris le chemin du redressement
économique et tous les indicateurs montrent que nous sommes en train de relever le formidable pari du Plan
Marshall. Alors, oui, disons-le, le cinéma d’animation entre dans cette logique de redéploiement et d’audace.
Dès que j’ai été sollicité par WALLIMAGE, j’ai créé une ligne financière spécifique d’un million d’euros qui sont
venus s’additionner au 2,5 millions d’euros consacrés annuellement au financement du cinéma en Wallonie.
Aujourd’hui, c’est un plaisir pour moi de pouvoir vous annoncer que ce million d'euros est en passe d’être
pérennisé !
Par ailleurs, WALLIMAGE étant un fonds économique, il lui revient aussi d’impulser une stratégie forte au niveau
de l’équipement infrastructurel. C’est pourquoi j’ai décidé de renforcer également les moyens financiers de la
structure dirigée par Philippe Reynaert en lui associant une nouvelle filiale dénommée WALLIMAGE Entreprises.
Forte d’un capital de base de six millions d’euros, elle entrera dès septembre en synergie avec la traditionnelle
filiale de WALLIMAGE que nous appellerons désormais WALLIMAGE Coproductions.
La presse a récemment révélé un projet d’extension des Studios Sika où se produit la très belle série Nouky et ses
Amis ! Eh, bien que Nouky et ses amis sachent qu’ils pourront compter sur WALLIMAGE Entreprises s’il en est
besoin, tout comme Co-Toon ou DreamWall !
Le moment est crucial et les pouvoirs publics l’ont bien compris : le Gouvernement Wallon, on vient de le dire,
mobilise des moyens inédits en faveur du cinéma d’animation mais, nous en sommes sûrs, la Communauté
française, dans ses spécificités culturelles, ne va pas rester insensible à ce nouvel essor. PROMIMAGE, ce
programme totalement original et précieux, ne peut lui aussi qu’adapter son règlement pour entrer plus
efficacement encore dans la danse des technologies de l’animation. Et enfin le Tax Shelter, via ses intermédiaires
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les moins gourmands, est là pour compléter les plans de financements… Mais toute cette mobilisation n’a de sens
que si vous continuez à être performants et créatifs, bref si vous continuez à vous … animer !
Un dernier mot ! On ne peut que souhaiter que le dialogue ouvert aujourd’hui se prolonge dans le futur mais, par
pitié, abandonnez le titre de Grenelles ! Pour moi comme pour tous les hommes et les femmes de gauche,
héritiers de Mai 68, Grenelle symbolise le renoncement, un compromis au goût de défaite. Pire, les accords qui s’y
sont négociés, furent le fruit d’un affrontement entre des pouvoirs publics sclérosés et les forces vives qui
unissaient des travailleurs motivés et une jeunesse plus créative que jamais ! Aujourd’hui, nous ne sommes pas à
Grenelle ! Nous sommes à Namur ! Et votre Ministre de tutelle n’a qu’un slogan en tête : remettre l’imagination au
pouvoir ! »
Jean-Claude Marcourt,
Ministre wallon de l’Economie, de l’Emploi, des Relations Internationales et du Patrimoine
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VI. Annexe : Liste des participants
Adant Pascal
Antal Boris
Baras Thibault
Bastianelli Toni
Bertrand Pascal
Breuls de Tiecken Virginie
Coenen Philippe
Colinet Michel
Colle Pierre
Couraud Melanie
Creste Didier
Darville Christelle
de Baenst-Vandenbroucke Anne
Delescaille Serge
Delhougne Stéphane
Delmotte Jean-Marie
Delpierre Francois
Denis Michel
Deru Cedric
Devillers Bernard
Eche Lilian
Francois Cédric
Frydman Gerald
Gillet Pierre
Gilot vincent
Glorennec Armelle
Goldberg Sylvain
Goossen Jan
Guelette Elodie
Halleux Audrey
Hannequart Paul
Hugé Stéphanie
Jacquot Eric
Kauffmann Philippe
Keiser Pascal
KIBUSHI NDJATE WOOTO Jean-Michel
Kinet Geneviève
Lardinois Jean-Christophe
Leclercq Thierry
Leprince Laurent
Levie Sophie
Licht Monique
LORENT Isabelle
Magis Valérie
Mahé sylvie
Marchal Pascal
Mazuc Karolina
Mélard Myrto
Meurant Alain
Meurisse Marc
Mortier Maurice
Musique Jean Marie
Neira Jean-Jacques
NEZRI Annabella
Parisse Christine
Payen Ariane
Perahia Léon
Sogny Films
Silver Ray Studio, Escapelab
DreamWall
Haute Ecole de la Province de Liège
Onyx Films / Method Films
Cluster TWIST
Pixanima
Cluster TWIST
AWT
come-and-see
Everybody On Deck
AWT
Facultés Universitaires de Namur
Cepegra
RTBF
Averbode Publishers
Belle Productions
Victor 3D Studio
Victor 3D Studio
CoToon sa
LuxAnimation
Atelier ALFRED
La Cambre
Sinematik
NEXUS FACTORY
Grid & Tinkertree
Victor 3D Studio
CoToon S.A
NeuroTV SA
WALLIMAGE S.A
Sinematik
LA PARTI
Technocité
Studio Malembe Maa asbl
Wallonie Bruxelles Images
IN CASU
MEDIA Desk Belgique - Communauté française
www.leprincelaurent.be
Editions Casterman
Promimage
DreamWall
Noukie's Pictures
Luciole Image
La Défense
AWT
Affinitic
Belle Productions
Technocité
Fabrique d'Images
Saga Film
AT-Production
Chamazolou Productions
Dupuis Audiovisuel
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PONCELET Olivier
Rakoto Olivier
Rensonnet Benoît
Reynaert Philippe
Rigotti Stéphane
Schulman Marc
Simal Stephane K.E.E.N.
Simon Laurent
Simons Luc
Spiner Jean-Michel
Straus Anne-Marie
Tellin Jérôme
Toint Hubert
UME Pierre
UME Marc
UME Serge
URLUS Marc
Vanderkelen Marie
Vanderstocken Nathalie
Vanfleteren Viviane
Verbois Jean
Vincent Sébastien
Vonarb Alexis
Zamparutti Thierry
Onyx Film
Datavision
Wallimage
Victor 3D SA
Zabriskie Films
CoToon S.A
AWT
2 minutes
Ministère de la région wallonne
Versus production
SAGA FILM
DIGITAL GRAPHICS
DIGITAL GRAPHICS
DIGITAL GRAPHICS
DreamWall
AWT
NEXUS Factory
Vivi Film
bureau d''expertises
Les médias associés / Studio Elsanime
Onyx Films / Method Films
Ambiances... asbl /PBC Pictures sprl
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