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N ° 2 9 9 1 D U 2 8 AV R I L 2 0 1 2 • L E M A G A Z I N E D E L A M A R I N E N AT I O N A L E L ET INE A R EC NT ORITÉS LA MAR RT S AUT X DE A ENC AUTE ÉRAU 3:HIKLNJ=[UWYUV:?m@j@j@b@k; H ÉN LES RS G IE C I F OF M 01396 - 2991 - F: 2,40 E ESCALE À NANCY DU 12 AU 13 MAI LA LORRAINE ACCUEILLE LA MARINE Commando de Penfentenyo Raid sur Calvi et Crovanie PAGE 20 Concours Lépine PAM 2012 Rugby Le filtre à bassin à l’honneur PAGE 25 Bien préparer son déménagement en métropole PAGE 27 Victoires pour le RCMN PAGE 31 LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE ÉDITORIAL SOMMAIRE AZIMUT 4 ACTUALITÉ 6 Reconnaissance de la nation aux morts pour la France • L’amiral Launay quitte la Marine • Les marines de l’océan Indien au Cap • Fanal 12 : bilan des opérations • Les restaurants du SSV Toulon sous le signe du chocolat • Piraterie : un nouveau groupe de pirates neutralisé par l’Aconit • Interception d’une cible supersonique au ras de l’eau • Charles de Gaulle : entraînement conjoint entre le GAé et l’armée de Terre • Sargento Aldea : expertise française à bord • ACM à Obock pour la mission Jeanne d’Arc 2012 • Le bout du tunnel grâce au BMPM PASSION MARINE PAGE 12 MARINS CONTINENTAUX EN PASSANT PAR LA LORRAINE AVEC MES BATEAUX… VIE DES UNITÉS 20 Commando de Penfentenyo : raid commando sur Calvi et Crovanie ! • Afghanistan : deux marins du ciel en montagne • Pont azur sur l’Aquitaine • Le Jacques Cartier en escale dans le dernier royaume polynésien TÉMOIGNAGE DE MARIN 25 Le filtre à bassin au concours Lépine CHRONIQUE DU PERSONNEL 26 CSFM : omniprésent, déterminant et actif pour faire progresser la condition militaire en 2011 • Aide à la mobilité : PAM 2012 − bien préparer son déménagement en métropole • Embarqués… pour mieux recruter ! • L’ANOCR manifeste sa solidarité • Signature d’un partenariat entre la Marine et l’EDHEC HISTOIRE 29 Le régiment blindé de fusiliers marins INFO SPORT 30 Défi rames Bouvet Guyane : le sel de l’aventure • Le RCMN défait la Royal Navy ESPACE LOISIRS 32 Titanic : centenaire d’un naufrage AGENDA L e premier numéro de Cols Bleus est daté du 23 février 1945. Dès sa création, le magazine se donnait explicitement le double dessein de « fournir aux marins une lecture choisie spécialement pour eux » et de « tenir le public au courant de la vie de notre Marine nationale », en symbolisant ainsi l’étroite union entre celle-ci et la nation. Cols Bleus a ensuite toujours su évoluer avec son temps, tout en conservant le même objectif. Dans les années 2000, le ministère de la Défense avait voulu envisager le regroupement de toutes les publications de Défense sous forme de feuillets insérés au sein de larevue Armées d’Aujourd’hui. Mais l’attachement des lecteurs, tout autant que celui aux institutions, avait permis la préservation des différentes revues spécifiques d’armées. Après le passage en septembre 2010 à une régularité bimensuelle de Cols Bleus, imposée aussi par des réductions de budget et d’effectifs, la pérennité du support papier pourrait à nouveau être remise en cause au profit d’une version numérique. Une étude interarmées en ce sens est actuellement en cours. Cette fois encore, nous aurons à rappeler les spécificités de la Marine. En effet, nombreux sont ceux, en particulier parmi les marins embarqués, qui ne disposent pas d’un accès facile à Internet, rendant absolument nécessaire la conservation d’une version papier, même si la complémentarité des supports d’information permettra de nouvelles perspectives d’évolution et d’enrichissement multimédias. Puisque les raisons qui motivent cette nouvelle remise en cause semblent être essentiellement économiques, la réflexion nous incite à rechercher un modèle de fonctionnement où les coûts de réalisation (fabrication et expédition) pourraient être couverts par les recettes provenant de la vente au numéro, mais aussi des abonnements et de la publicité. Cet objectif peut sembler ambitieux, mais il est sans doute accessible, en proposant un contenu renouvelé de façon à toujours mieux satisfaire les lecteurs, et bien sûr, à développer le réseau de distribution. Il faudrait alors trouver une structure juridique adaptée, qui pourrait probablement être un établissement public administratif déjà existant (structure administrative ayant vocation à assurer une activité économique indépendante) et pouvant porter de manière autonome cette activité d’édition. Nous aurions aussi besoin du soutien et de la fidélité de nos lecteurs, en rappelant à tous ceux qui nous sont proches, comme les futurs ou anciens marins, qu’il est facile de s’abonner pour garder ce lien attrayant avec l’actualité de la Marine. Heureux d’avoir ainsi pu travailler avec l’équipe de rédaction de Cols Bleus, en lien avec nos interlocuteurs de l’agence Idé Édition et de l’ECPAD, c’est avec confiance que je transmets aujourd’hui l’avenir de notre magazine à Philippe Ébanga, qui me remplace comme directeur de la publication. Merci à tous de votre attentive et exigeante fidélité. Dominique de Lorgeril, directeur de la publication. 33 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 3 0 A 33 zimut 5 31 285 30 0 SITUATION DES BÂTIMENTS DÉPLOYÉS AU 18 AVRIL 2012 DÉPLOIEMENT ATLANTIQUE 270 -BPC Tonnerre/Opération Corymbe/ -Batral Dumont d’Urville/Surveillance maritime/ -FS Germinal/Surveillance maritime/ -BH Borda, BE Guépard, BE Églantine, Patrouilleur Fulmar, BRS Altaïr Saint-Pierre-et-Miquelon DÉPLOIEMENT OCÉAN PACIFIQUE -P400 La Glorieuse/Mission permanente de sécurité maritime/ -FS Vendémiaire/Déploiement en Asie/ -RR Révi 255 Saint-Barthélemy Saint-Martin Guadeloupe Martinique Clipperton 24 0 Guyane française Polynésie française 5 22 0 21 4 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 0 exclusives françaises 195 Département, collectivité ou territoire d’outre-mer 30 45 DÉPLOIEMENT MÉDITERRANÉE 60 -FLF Guépratte/Opération Active Endeavour/ -P 400 Capricorne/Surveillance des mines/ -BH La Pérouse/Déploiement hydrographique/ -FLF Courbet/Entraînement Raïs Amidou/ -FLF Lafayette, PE Adroit, PR Meuse, FASM Montcalm, BBPD Achéron, Aviso CDT Bouan, Aviso EV Jacoubet, BBPD Pluton 75 DÉPLOIEMENT OCÉAN INDIEN 90 -FAA Cassard/Opération Enduring Freedom/ -FLF Aconit/Opération Atalante/ -BPC Dixmude/Opération Atalante/ -FASM Georges Leygues/Opération Atalante/ -BCR Marne/Opération Atalante/ -FS Nivôse/Opération Atalante/ -BH Beautemps-Beaupré/Mission hydrographique/ -Batral La Grandière/Surveillance maritime/ -FS Floréal/Police des pêches/ 105 12 0 Mayotte Wallis-et-Futuna La Réunion Nouvelle-Calédonie 5 13 15 0 En mission permanente Sous-marin lanceur d’engin (SNLE) Atlantique II Commandos COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 5 165 INFO actus RECONNAISSANCE DE LA NATION AUX MORTS POUR LA FRANCE 1 Vendredi 6 avril 2012, tous les fusiliers marins et les commandos de la base de Lanester ont accueilli les familles de leurs six camarades morts pour la France au cours des vingt dernières années. Les associations d’anciens comptaient de nombreux représentants. À cette occasion, une stèle qui porte leurs noms a été dévoilée. Elle est plantée à côté de celles qui entretiennent la mémoire de ceux qui sont tombés en Indochine et en Algérie. Elles entretiennent la reconnaissance de la Nation. CAPITAINE DE CORVETTE JEAN-LOUP EYCHENNE DISCOURS DU VICE-AMIRAL CHRISTOPHE PRAZUCK, COMMANDANT LA FORCE MARITIME DES FUSILIERS MARINS ET COMMANDOS, 6 AVRIL 2012. Capitaines de corvette Jean-Loup Eychenne et Yvon Graff, Maîtres principaux Loïc Le Page et Frédéric Paré, Maîtres Jonathan Lefort et Benjamin Bourdet, Mes chers camarades, Au cours des vingt dernières années vous êtes morts au combat en ex-Yougoslavie ou en Afghanistan. Vous étiez les mieux entraînés, les plus endurants, les plus rusés, les plus habiles, les plus enthousiastes, les meilleurs des camarades. C’est pour cela que vous étiez commando marine. Et c’est parce que vous étiez commando marine que la France vous a envoyé défendre ses valeurs et ses intérêts dans la mission la plus difficile, celle où l’ennemi a pris votre vie. Capitaines de corvette Jean-Loup Eychenne et Yvon Graff, Maîtres principaux Loïc Le Page et Frédéric Paré, Maîtres Jonathan Lefort et Benjamin Bourdet, Mes chers camarades, Vous êtes tombés au champ d’honneur, c’est-à-dire que vous avez honoré votre parole, votre engagement au service de votre pays quoi qu’il en coûte. Ce sacrifice vous vaut la reconnaissance de la Nation. Elle vous a distingués en vous désignant « morts pour la France ». La Nation assume ainsi totalement le sens de votre sacrifice. Elle vous a décoré, elle vous a promu, elle vous a rendu les honneurs, elle s’est souciée du devenir de vos proches ravagés par l’affliction. Capitaines de corvette Jean-Loup Eychenne et Yvon Graff, Maîtres principaux Loïc Le Page et Frédéric Paré, Maîtres Jonathan Lefort et Benjamin Bourdet, Mes chers camarades, La reconnaissance de la Nation s’est exprimée solennellement lors de votre disparition. Mais la nécessité de cette reconnaissance perdure et perdurera. C’est la raison pour laquelle nous honorerons désormais vos noms sur cette stèle dévoilée aujourd’hui. Cette stèle témoigne, comme les autres stèles plantées sur cette base. Elle est un relai. Le temps est venu pour que la reconnaissance de la Nation passe désormais par l’âme de chacun des marins qui foulera cette esplanade et s’arrêtera devant vos noms, aujourd’hui et demain. Capitaines de corvette Jean-Loup Eychenne et Yvon Graff, Maîtres principaux Loïc Le Page et Frédéric Paré, Maîtres Jonathan Lefort et Benjamin Bourdet, Mes chers camarades, Nous savons vos noms, Nous les honorerons Et nous les conserverons, Comme le souvenir de vos vertus. 6 ® COLS BLEUS ® N° 2991 ® 28 AVRIL 2012 Officier sous contrat en 1979, le capitaine de corvette Jean-Loup Eychenne est certifié plongeur démineur, fusilier marin de spécialité. Second de la compagnie des fusiliers marins de Cherbourg en 1988, il est sur le Clemenceau en 1991 lors de la guerre du Golfe. Il décède le 7 janvier 1992 en Croatie, alors qu’il opère pour la mission de contrôle de la Communauté européenne. Ce jour-là, l’hélicoptère dans lequel il vole avec quatre observateurs militaires italiens est abattu. CAPITAINE DE CORVETTE YVON GRAFF Mousse en 1964, le capitaine de corvette Yvon Graff devient fusilier marin, puis commando en 1969. Il sert à Penfentenyo, à Jaubert, en état-major, au commandement de la compagnie des fusiliers marins de Cherbourg en 1994. Affecté à Belgrade comme adjoint au chef des observateurs de la Communauté européenne, il y trouve la mort le 19 novembre 1997. MAÎTRE PRINCIPAL LOÏC LE PAGE Maistrancier, le maître principal Loïc Le Page devient fusilier marin puis commando en 1997. Il sert alors à Jaubert. Major de sa promotion du brevet supérieur en 2003, il devient chef de groupe à Trepel. Il tombe au combat le 4 mars 2006 dans le Sud-Afghan. MAÎTRE PRINCIPAL FRÉDÉRIC PARÉ Maistrancier, le maître principal Frédéric Paré choisit la spécialité d’infirmier. Il sert au bataillon des marinspompiers de Marseille, puis à la base des fusiliers marins et des commandos en 2004. Lors de son deuxième séjour afghan, le 25 août 2006, il perd la vie dans une embuscade alors qu’il se portait au secours de ses camarades blessés. MAÎTRE JONATHAN LEFORT Le maître Jonathan Lefort s’engage en 2000. Il sert au groupement de fusiliers marins de Brest, puis au commando Jaubert à partir de 2002. Le 18 décembre 2010, il est tué au combat en province de Kapisa lors de son troisième séjour afghan. Il opère alors au sein du groupe spécialisé en contre-terrorisme et libération d’otage de Trépel. MAÎTRE BENJAMIN BOURDET Le maître Benjamin Bourdet s’engage en 2003. Il sert au groupement de fusiliers marins de Brest, puis dans la compagnie de l’île Longue. Commando en 2008, il est affecté à Jaubert où il fait partie des premières EPE déployées en océan Indien. Tireur de précision, il est tué au combat le 14 juillet 2011 en province de Kapisa. ® L’AMIRAL LAUNAY QUITTE LA MARINE 1 Au cours d’une cérémonie militaire à l’École navale, sous un soleil brestois radieux, l’amiral Launay a quitté la Marine le 5 avril dernier, après, comme il l’a lui-même résumé, « 37 ans de service, dont 17 embarqués, 10 ans à Paris, 9 ans à l’étranger, dont 5 en Allemagne et… 18 déménagements ». Cette « remarquable carrière » comme l’a rappelé l’amiral Rogel, chef d’état-major de la Marine, a connu trois dominantes : marin, diplomate et haut responsable militaire. Marin d’abord (et surtout) : après l’École navale où il rentre en 1974, il choisit la spécialité de détecteur. Sa carrière l’amène à embarquer sur de nombreux bâtiments et il en commande trois : le dragueur côtier Pivoine, l’aviso Commandant L’Herminier et la frégate Latouche-Tréville. Parmi ses affectations à terre, il a aussi été gestionnaire du personnel officier. Diplomate ensuite : attaché naval à l’ambassade de France à Bonn puis, devenu amiral, attaché de défense à Londres. Il fut aussi sous-directeur E N L’IGA PINTARD EN VISITE À TOULON chargé des questions européennes auprès du Secrétariat général pour la défense nationale. Haut responsable militaire enfin : amiral commandant la zone maritime de l’océan Indien, puis major général de la Marine et dernièrement, pendant plus de deux ans, inspecteur général des armées-Marine. Au moment de quitter le bord, devant ses pairs et les plus hautes instances du ministère ainsi que de nombreux marins, l’amiral a rappelé les principaux enseignements qu’il a retirés de ses multiples expériences : la qualité de nos institutions dans les moments intenses d’engagement des forces ; le trésor de la formation ; la compétence et la solidité des équipages ; la complémentarité et la qualité des armées et de la Gendarmerie ; la dynamique de la passion et la force de l’émotion ; l’urgence du décloisonnement intellectuel pour comprendre les ressorts du monde ; la nécessité d’une vision commune franco-allemande ; la nécessité de la persévérance et de l’endurance au quotidien comme la mer nous l’enseigne ; la vertu de la fidélité aux valeurs et la valeur de la fidélité ; la certitude que la mer est l’avenir du monde. LES MARINES DE L’OCÉAN INDIEN AU CAP 1 Les membres de l’Indian Ocean Naval Symposium (IONS) ont tenu leur troisième rencontre en Afrique du Sud du 10 au 14 avril 2012. Ce symposium a été lancé par la marine indienne en 2008, et regroupe actuellement les marines de 32 pays riverains de l’Océan Indien, dont naturellement la France, très présente avec les départements de La Réunion et de Mayotte B R E F ainsi que les îles Éparses et les terres australes et antarctiques françaises. Après avoir exercé la présidence de ce symposium de 2010 à 2012, la marine émirienne a passé le témoin cette semaine à la marine de l’Afrique du Sud, qui le conservera jusqu’en 2014. Pour la France, l’amiral Benoît Chomel-de-Jarnieu, inspecteur général des armées - Marine, représentait le chef d’état-major de la marine. Quatre jours durant, les hauts responsables des marines ont exposé leurs préoccupations et leurs projets. La question de la piraterie, qui sévit notamment dans le golfe d’Aden et au large de la Somalie, où elle perturbe le trafic maritime, a évidemment été au cœur des discussions. Cette initiative regroupe des marines très diverses, aux capacités et aux ambitions très différentes, mais qui partagent toutes la certitude d’une nécessaire coopération et la volonté d’améliorer le dialogue régional. L’IGA Pintard, directeur central du Service de soutien de la flotte (SSF), s’est rendu le 29 mars dernier sur la base navale de Toulon. Il y a prononcé une conférence sur le thème du MCO naval et a rencontré les unités, à terre et embarquées, qui y sont implantées. L’IGA Pintard a présenté le bilan des actions menées par le SSF en 2011, les actions actuellement en cours pour répondre aux objectifs d’amélioration du MCO, ainsi que les perspectives pour les années à venir. Le directeur du SSF a insisté sur l’importance de l’anticipation dans la préparation des arrêts techniques, du contrôle au fil de l’eau des prestations et du dialogue entre les acteurs du MCO. L'IGA PINTARD, DIRECTEUR CENTRAL DU SSF ET LE VA JOLY, CHEF D'ÉTAT-MAJOR D'ALFAN. ADMISSION AU SERVICE ACTIF DE L’ADROIT Le patrouilleur d’expérimentation l’Adroit a été admis au service actif le 19 mars 2012. Objet d’un partenariat avec la société DCNS, le patrouilleur a été pris en charge par la Marine nationale le 21 octobre 2011, pour une durée de trois ans. Ce patrouilleur hauturier, doté d’équipements innovants et armé par un équipage réduit, participera aux capacités d’intervention en haute mer de la Marine. Ce bâtiment a pour mission d’explorer le spectre d’emploi d’un patrouilleur moderne de la classe 1 500 tonnes et de conduire des expérimentations de nouveaux systèmes navals, tels que les drones aériens à voilure tournante. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 7 INFO actus FANAL 12 BILAN DES OPÉRATIONS 1 Fanal 12, période d’entraînement du groupe aéronaval (GAN) qui s’est déroulée du 5 au 12 avril en Méditerranée, vient de s’achever avec le retour des frégates et du porte-avions Charles de Gaulle à Toulon. Les dix-huit aéronefs du Groupe aérien embarqué (GAé) – sept Super Étendard Modernisé, neuf Rafale Marine et deux E-2C Hawkeye – ont quant à eux repris la direction des bases aéronavales de Landivisiau et de Lann-Bihoué. À la barre du GAN pendant l’ensemble des manœuvres, le contre-amiral Philippe Coindreau et son état-major ont conduit les activités des unités déployées, en intégrant notamment les retours d’expérience d’Harmattan pour définir les objectifs d’entraînement. Le rythme de travail et l’intensité des missions n’ont cessé de monter en puissance, jusqu’à la phase tactique finale. Fanal 12 s’est en effet conclu par une Composite Air Operation (Comao), dispositif complet permettant de frapper en territoire « ennemi », pour atteindre tous les objectifs inscrits au scénario. Pendant environ trois heures, les marins de l’Air se sont affrontés au-dessus d’une zone de combat de 100 km2. Les Comao impliquent le maximum d’aéronefs et combinent plusieurs types de missions aériennes : assaut mer ou contre terre, patrouilles de combat et de reconnaissance, interdiction aérienne, appui rapproché… Garante de la maîtrise de l’espace aérien, la frégate de défense aérienne Chevalier Paul était chargée du contrôle E N B R E F LA PFAF−SE, SUR LE TERRAIN DES FOURNISSEURS LOCAUX Le 12 avril 2012, une représentation de la Plate-forme achat-finances sud-est (PFAF-SE) a participé à la première « agora du business » à Vitrolles. Cette manifestation, à l’initiative de la chambre de commerce des Bouches-du-Rhône, entend rapprocher les PME et les grands donneurs d’ordre publics et privés du bassin local. Elle aura permis de démystifier l’accès des entreprises aux offres d’achat du ministère de la Défense et au paiement par la carte achats. Cette tribune a également offert une occasion de découvrir, ou d’approfondir la connaissance mutuelle entre fournisseurs et acheteurs, et permis à la PFAF d’élargir sa démarche de parangonnage régional. Les informations collectées permettront à la PFAF-SE une meilleure préparation de ses marchés, pour sa manœuvre de performance économique des achats. Les prochaines « agora » sont prévues à Fos/Martigues, Aubagne, Toulon. 8 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 et du suivi des opérations. Les frégates anti-sousmarines Dupleix et Montcalm ont elles aussi pu s’entraîner de façon réaliste et opérationnelle, grâce à la présence d’un sous-marin d’attaque. Au bilan, Fanal 12 a vu la réalisation de 222 sorties opérationnelles des avions de chasse et de guet, dont 78 de nuit. Sorties qui ont notamment permis de qualifier 16 nouveaux pilotes sur les 35 déployés. Depuis le début de la période de mise en condition opérationnelle du porte-avions, le 16 mars, c’est plus de 740 appontages qui ont été réalisés, soit une moyenne de 28,5 par jour d’activité aérienne. Les frégates ont quant à elles réalisé des missions de contrôle d’embargo, de protection anti-sous-marine et de combat contre des unités de surface. Constante de la plupart des théâtres d’opérations, la menace asymétrique a également été simulée, grâce au concours de la gendarmerie maritime. Aujourd’hui, toutes les entités qui constituent le GAN ont retrouvé leur pleine capacité opérationnelle, fortes des leçons apprises et de la cohésion retrouvée. EV GLOCK LES RESTAURANTS DU SSV TOULON SOUS LE SIGNE DU CHOCOLAT 1 Les équipes des restaurants du Service soutien vie (SSV) de la base de défense de Toulon étaient à pied d’œuvre en prévision des fêtes de Pâques. Sous l’impulsion de deux cuisiniers passionnés par le chocolat, toute une équipe de l’un des restaurants du SSV (Titan) s’est investie pendant un mois pour réaliser des sujets en chocolat destinés à décorer les buffets de cinq restaurants de la portion centrale du SSV Toulon. À l’instar des prestations à forte valeur ajoutée plus courantes, tous les décors ont été réalisés à partir de produits de base, non transformés au préalable. Au-delà du travail que cela représente, ce projet demande beaucoup d’organisation et d’anticipation mais est également très fédérateur pour cette équipe qui compte de nombreux passionnés, civils et militaires. Ces cuisiniers sont très heureux de montrer à la clientèle ce qu’ils sont capables de faire, bien audelà de la restauration classique de collectivité. Dans un contexte de rationalisation et d’économie, les cuisiniers ont ainsi transmis un savoir-faire à leurs pairs dans le cadre de la formation continue, et prouvé qu’en mettant du cœur à l’ouvrage et qu’avec de la créativité, on pouvait apporter une réelle valeur ajoutée à une prestation. Ce projet relève de la prouesse technique nécessitant patience et précision. PIRATERIE UN NOUVEAU GROUPE DE PIRATES NEUTRALISÉ PAR L’ACONIT 1 Le 7 avril 2012, la frégate Aconit, engagée dans l’opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante, a intercepté puis neutralisé un groupe de pirates à près de 600 km au large de la Somalie. Dans la matinée du 7 avril 2012, la frégate Aconit se dirigeait vers le Nord de la Corne de l’Afrique pour y rejoindre la frégate espagnole Infanta Elena, et prendre en charge l’escorte d’un navire du Programme alimentaire mondial, une des missions prioritaires de l’opération Atalante. Tandis qu’à Djibouti, l’Espagne s’apprêtait à confier le commandement de la force Atalante à la France, l’Aconit a repéré une baleinière remorquant un skiff. L’éloignement avec la côte, près de 600 km, et l’absence d’activité de pêche ont immédiatement éveillé les soupçons des marins de l’Aconit. L’interception a alors été rapidement ordonnée par le commandant. Après la mise à l’eau de l’Etraco (embarcation rapide semi-rigide), l’Aconit étant à proximité, il n’a fallu que quelques minutes à l’équipe de visite pour intercepter la baleinière et ses huit occupants, ainsi que le skiff remorqué. Du matériel lié à une activité de piraterie a pu être retrouvé à bord (grappin, arme…) bien qu’une bonne partie ait vraisemblablement été jetée par dessus bord. En liaison avec le commandant de la Task Force 465, le contre-amiral Dupuis et son étatmajor à bord de la Marne, les pirates ont été transférés à bord de l’Aconit. La baleinière qui servait de support logistique au groupe de pirates a été détruite et le skiff embarqué à bord de la frégate. Après une journée de transit pour se rapprocher de la côte somalienne, le 8 avril en fin de matinée, les huit pirates interceptés la veille ont été relâchés. La frégate Aconit a une nouvelle fois permis de rendre inopérant un groupe de pirates, qui a perdu sa capacité à attaquer les navires transitant dans l’océan Indien. La France commande l’opération Atalante depuis le 7 avril 2012. Elle participe à cette opération avec le déploiement permanent d’une frégate et la participation ponctuelle d’un avion de patrouille maritime, Atlantique 2 (ATL2) et d’un E3F, basés à Djibouti. L’interception de pirates en mer représente une des missions prioritaires d’Atalante, au même titre que l’escorte de bâtiments du Programme alimentaire mondiale dans une zone couvrant le Sud de la mer Rouge, le golfe d’Aden et une partie de l’océan Indien. ® INTERCEPTION D’UNE CIBLE SUPERSONIQUE ÉVOLUANT AU RAS DE L’EAU 1 Le 4 avril 2012, la frégate de défense aérienne Forbin a engagé une cible supersonique, simulant un missile antinavire à très basse altitude, tirée depuis le centre d’essais missiles de la Direction générale de l’armement, basé sur l’île du Levant (Var). Le Forbin a intercepté la cible en vol avec son système Aster 30. Le Chevalier Paul a assuré le suivi de la cible et des missiles tirés. Cet essai constitue une première en Europe. Mené TIR DU ASTER 30 DEPUIS LE FORBIN. en collaboration avec la DGA, il conforte la capacité de la Marine à assurer la protection de forces à la mer (groupe aéronaval ou groupe aéromobile) face aux menaces de missiles antinavires les plus contraignants. Au cours de cet essai, les deux frégates se sont préparées, puis ont mené à bien un scénario opérationnel complexe, faisant face à une menace supersonique en vol rasant au-dessus de l’eau. La zone de tir au large de l’île du Levant avait au préalable fait l’objet d’un arrêté de la préfecture maritime de la Méditerranée pour en interdire l’accès. Les frégates Forbin et Chevalier Paul, équipées du système PAAMS, ont notamment été engagées au cours du déploiement Agapanthe dans l’océan Indien entre octobre 2010 et février 2011, puis lors de l’opération Harmattan. Au large de la Libye, elles ont assuré la protection des groupes navals autour du porte-avions Charles de Gaulle puis des BPC Tonnerre et Mistral, mené des opérations de tir contre terre et assuré la coordination de l’activité aérienne aux profits de la coalition opérant au large de la Libye, fonction dite « Red crown ». ® E N B R E F UN TRICENTENAIRE TOUJOURS EN VOGUE Cette année, la mémoire du marquis de Montcalm est célébrée à l’occasion du tricentenaire de sa naissance. Les villes de Nîmes et de Vestric-et-Candiac, où le marquis a vécu, se sont mobilisées pour organiser plusieurs manifestations. La frégate Montcalm s’est naturellement associée aux hommages rendus à cet homme remarquable qui s’est illustré au XVIIIe siècle durant la campagne militaire au Québec. Le courage exemplaire et la détermination sans faille qui ont animé ce marin, admiré de ses hommes et respecté par ses ennemis, sont aujourd’hui une source d’inspiration inestimable pour l’équipage. DANS LE GRAND BASSIN Le championnat de France militaire de natation rassemblait, les 4 et 5 avril derniers à l’École navale, des sportifs de haut niveau de la Défense. À 100 jours des Jeux olympiques de Londres, ce championnat a permis à ces nageurs de faire une compétition supplémentaire. Sans surprise, le MDL Alain Bernard a remporté le 100 m nage libre messieurs, l’AGIV Hugues Dubosc le 100 m brasse, le soldat Florent Manaudou le 50 m papillon, le GAV Bertrand Ventury le 400 m nage libre et le GAV Mélanie Hénique, le 50 m papillon. Après le championnat, Alain Bernard a eu l’occasion de visiter le centre d’entraînement à la survie et au sauvetage de l’aéronautique navale (Cessan) et d’assister à un passage à la « glote » de personnel de l’aéronautique navale. LE SLM À QUERQUEVILLE En présence du contre-amiral Guillaume, sous-chef « soutiens et finances » de l’EMM, le service logistique de la Marine (SLM) était sur le site l’École des fourriers de Querqueville, les 3 et 4 avril derniers. Ce déplacement a été l’occasion de réfléchir à la façon de mieux conduire les actions tout en se préparant à affronter les nouveaux défis. Le SLM marque ainsi son unité au service de la Marine et du MCO naval. COLS BLEUS ® N° 2991 ® 28 AVRIL 2012 ® 9 INFO actus E N B R E F BON ESPRIT SUR LE SPI ! Les passionnés de voile se sont retrouvés à La Trinité-sur-Mer du 5 au 9 avril 2012, pour la 34e édition du Spi Ouest-France. 448 bateaux, 3 000 marins, 12 nationalités et de bonnes conditions météorologiques étaient au rendez-vous ; la Marine nationale également, avec une exposition sur les forces et le cotre Mutin ouvert au public. Après quatre jours de régates, le prix du « Fair Play », remis au nom du chef d’état-major de la Marine, à été décerné au skipper Pierre Bigot du J80 J’boulet. Bien que placé dans les voiliers de tête, il a modifié sa route pour porter assistance à un concurrent venant de chavirer. RETOUR A ROCHEFORT CHARLES DE GAULLE ENTRAÎNEMENT CONJOINT ENTRE LE GAÉ ET L’ARMÉE DE TERRE 1 Alors que le porte-avions Charles de Gaulle et son groupe aérien étaient déployés pour un mois en mer Méditerranée, une patrouille de Rafale Marine a participé, le 28 mars dernier, à la préparation opérationnelle d’un sous-groupement tactique interarmes (SGTIA) appartenant au 16e bataillon de chasseurs de Bitche (Moselle), prochainement déployé en Afghanistan. Au départ du porte-avions, les aéronefs sont intervenus sur le camp de Canjuers dans le cadre d’un entraînement d’appui aérien rapproché. Lors de ces scénarios inspirés des situations vécues en Afghanistan, les forces terrestres sont chargées de guider les aéronefs sur les objectifs désignés. Les tirs sont simulés mais les procédures d’appui feu sont les mêmes et la mission se rapproche de la réalité du théâtre afghan. Le Groupe aérien embarqué s’y était engagé en novembre 2010 dans le cadre de l’opération Pamir. L’entraînement à ce type d’opération est essentiel puisqu’il nécessite à la fois un usage précis de la puissance de feu, un délai de réaction rapide et une bonne synchronisation avec les unités au sol en terrain hostile. Il s’inscrit dans la volonté des armées d’agir avec un haut niveau d’efficacité dans les opérations interarmées. SARGENTO ALDEA EXPERTISE FRANÇAISE À BORD LA PROMOTION ENERA LORS DU COURS « MAINTENANCE COMMANDES DE VOL » SUR MIRAGE F1. Du 19 au 30 mars 2012, les élèvesofficiers « énergie aéronautique » (Enera) ont effectué un stage pratique à l’École de formation des techniciens de maintenance aéronautique. Depuis 2011, cette école est située sur le site de l’École de formation des sous-officiers de l’armée de l’Air à Rochefort. Ces deux semaines de stage parachèvent quatre mois de formation théorique à l’École des officiers de l’armée de l’Air de Salon-de-Provence. Depuis 1999, aucune promotion d’Enera n’était venue à Rochefort. Ce « retour aux sources » a permis aux élèves-officiers d’appréhender l’aspect technique de leur futur métier au contact des instructeurs des spécialités porteur, avionique et armement. Ils apprécient ainsi davantage ce que l’on attendra d’eux en tant que cadres en unité. 10 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 1 Après la cession du TCD Foudre, devenu le LSHD Sargento Aldea, l’Armada du Chili (Marine chilienne) a sollicité la Marine nationale pour embarquer une équipe de conseillers techniques lors de son transit retour vers le Chili, du 26 janvier au 10 mars 2012. Ce détachement, composé de six marins ayant chacun une compétence particulière, était en mesure de répondre à la majorité des interrogations. En matière de formation, le bord a mis l’accent sur le rôle amphibie du bâtiment. L’équipe française a été sollicitée pour élaborer les scenarios et contrôler les exercices sécurité quotidiens. Elle a formé l’équipage sur le radar V21 et le système d’aide à la navigation Senin, L’EX-FOUDRE. et traduit en espagnol différentes procédures. Au niveau technique, les marins chiliens ont fait appel au détachement français pour les aider à surmonter des difficultés sur les moteurs tribord et babord. Des questions sur le système Senin et la station inertielle Minisin lui ont également été posées. Enfin, les Français ont assisté leurs homologues chiliens pour commander une hélice de chaland de transport de matériel afin de pallier une avarie à Port-au-Prince (Haïti). La présence des conseillers techniques français à bord du Sargento Aldea a été réellement appréciée par les marins chiliens. Il s’agissait également, côté français, d’une première dans le cadre d’une cession d’un bâtiment de la Marine à une marine étrangère. ACM À OBOCK POUR LA MISSION JEANNE D’ARC 2012 1 Le 31 mars 2012, le groupe Jeanne d’Arc a distribué du fret humanitaire au centre « Lire, écrire et compter » tenu par les Sœurs de la Présentation à Obock, à Djibouti. Une délégation d’une trentaine de militaires des équipages du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Dixmude et de la frégate antisous-marine (Fasm) Georges Leygues s’est rendue par voie maritime jusqu’à Obock pour délivrer cinq palettes de fret humanitaire essentiellement composé de livres, de vêtements et de jouets, recueillis avant le départ en mission par l’association Marine Partage (une association humanitaire fondée par plusieurs officiers-élèves de l’École navale). L’engin de débarquement amphibie rapide (EDA-R) du BPC, servant au débarquement de troupes, de véhicules et de matériels, a été mis à disposition afin de traverser la baie de Tadjoura. Après une heure et demie de navigation, l’EDA-R a accosté au bout de la jetée du village. Chaleureusement accueillis par le préfet de la région et le commandant de la base navale d’Obock, les volontaires ont ensuite pu acheminer le fret jusqu’à l’école des Sœurs de la Présentation, où, une fois trié et rangé, il pourra participer au soutien scolaire que les religieuses apportent aux enfants d’Obock. Une soixantaine d’entre eux sont inscrits à ce programme scolaire gratuit. En début d’après-midi, la délégation a repris la mer sur l’EDA-R après une visite du village bien méritée pour revenir sur le Dixmude et le Georges Leygues, et continuer la mission de formation des officiersélèves de marine et rejoindre l’opération Atalante de lutte contre la piraterie maritime à laquelle les bâtiments français de la mission Jeanne d’Arc apportent leur soutien depuis la fin du mois de mars. E N B R E F PORTE-AVIONS CHARLES DE GAULLE – TIR D’ASTER 15 Dans le cadre de la remontée en puissance du groupe aéronaval, le porteavions Charles de Gaulle a effectué un entraînement de tir de missile Aster 15 en Méditerranée le 29 mars 2012. C’est le 8e tir de ce type depuis l’histoire du porte-avions. Le dernier tir Aster 15 datait du 17 février 2010. Ce tir avait pour but de vérifier l’état des munitions de combat, le bon fonctionnement du système d’armes SAAM et l’entraînement à la mise en œuvre des armes. La cible a été engagée à plus d’une dizaine de kilomètres du porte-avions, le drone remorqueur de cible qui simulait un avion du groupe aéronaval embarqué en difficulté a été sauvé. LE RETOUR DES INTÉGRÉS LE BOUT DU TUNNEL GRÂCE AU BMPM 1 Le 3 avril 2012, à 23 h 14, la SNCF alerte le bataillon de marins-pompiers (BMPM). À l’intérieur du tunnel LGV (Marseille 16e) un TGV est en panne. Bloqué 1,5 km après l’entrée du tunnel, le train partait en direction d’Aix-en-Provence avec à son bord quelque 700 passagers. Le BMPM dépêche immédiatement ses moyens spécifiques d’intervention en milieu ferroviaire, ainsi qu’un dispositif sanitaire préventif avec à sa tête un directeur des secours médicaux du SMUR du bataillon. À 00 h 30, une vingtaine de membres du BMPM et huit employés de la SNCF pénètrent dans le tunnel. Ils atteignent le TGV et constatent que de nombreux passagers sont descendus des rames. Les missions des équipes sanitaires consistent alors, par mesures de sécurité, à faire réintégrer les passagers dans les trains, à procéder à un premier bilan sanitaire et à porter assistance aux passagers. Aucune victime n’étant signalée, aucune prise en charge médicale n’est nécessaire. À 2 h 15, un autre TGV rejoint le tunnel afin de rapatrier l’ensemble des passagers vers la gare SaintCharles. Les marins-pompiers aident et soutiennent les passagers lors des opérations de transfert vers le TGV de secours. À 4 h 10, le transbordement est terminé. À 4 h 45, le train de rapatriement entre en gare Saint-Charles où des agents SNCF et 25 marinspompiers les attendent. Aucun besoin sanitaire ne se manifestant, le dispositif du BMPM est réduit à deux véhicules de secours et d’assistance et un chef de colonne. Ils ne quitteront les lieux qu’à la fin du débarquement des passagers et une fois le départ des trains de correspondance confirmé, à 5 h 40. Au bilan, 21 engins du BMPM et 71 marins-pompiers ont été engagés dans cette intervention. Samedi 31 mars 2012, au centre d’instruction naval de Brest, les étudiants des classes préparatoires du Lycée naval ont célébré le retour des intégrés dans les grandes écoles militaires. Les intégrés ont quitté le CIN il y a deux ans. Aujourd’hui, ils sont aspirants au sein de l’École navale, l’École de l’Air, l’École de Saint-Cyr ou encore l’ENTSA Bretagne. En deux ans, ils ont grandi, muri et surtout se sont imprégnés des valeurs et des mœurs de leurs armées respectives. Cette cérémonie, comme l’a rappelé le capitaine de vaisseau Nicolas Bezou, commandant le CIN de Brest, tombe à point nommé pour redynamiser les étudiants, à un mois des concours aux grandes écoles militaires. Ce fut l’occasion pour les « anciens » de témoigner de leur expérience et pour les étudiants de se conforter dans leurs choix d’orientation. Cet échange est enrichissant et important dans la tradition de l’école, sorte de passation de flambeau. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 11 12 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 PASSION Marine MARINS CONTINENTAUX EN PASSANT PAR LA LORRAINE, AVEC MES BATEAUX… out au long de l’année, la Marine nationale est présente sur l’ensemble des côtes, outre-mer et, bien sûr, à Brest, Toulon, Cherbourg, Lorient ou Bayonne, ses ports de métropole. Mais elle est aussi présente, plus modestement, il est vrai, dans l’ensemble de la France, y compris dans les régions considérées à juste titre comme terriennes. Loin des côtes, on retrouve donc des marins, et fiers de l’être. Ces « marins continentaux », parfois aussi appelés « isolés », sont affectés dans différentes unités comme les services de recrutement ou de reconversion, les bureaux et centres du service national, les T bases de défense, et des unités d’autres armées (détachements sur les bases aériennes, service de la solde…). Partout où ils travaillent, ils apportent à l’intérieur des terres une brise marine originale. Des opérations de relations publiques d’envergure permettent aussi à la Marine de partir à la rencontre des Français afin de leur faire découvrir ses missions. Après avoir posé leur sac à Cahors, en mai 2011, les marins font escale à Nancy, au cœur de la Lorraine, les 12 et 13 mai prochain. Dans cette région éloignée de la mer, cet événement sera aussi l’occasion de rappeler et de faire découvrir aux Nancéiens le rôle et l’action de la Marine nationale, de les transporter dans l’univers des bateaux gris, des sous-marins et des aéronefs, de les faire voyager à travers le monde et de participer aux missions des équipages. Avec, en exclusivité, la présentation d’un tout nouvel espace scénographique en forme de frégate. Cols Bleus est donc passé par la Lorraine pour aller à la rencontre des « marins continentaux », ces « cols bleus isolés » qui contribuent, tous les jours, au rayonnement de la Marine, loin de la mer. DOSSIER RÉALISÉ PAR LV COLOMBAN ERRARD COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 13 PASSION Marine Les marins en Lorraine NANCY ACCUEILLE LA MARINE LA JEANNE D’ARC. Monsieur le maire, la Marine nationale fait escale à Nancy. Pouvez-vous nous expliquer le lien entre la Marine et votre ville, une association un peu particulière à première vue pour une ville continentale ? À l’image du centenaire à venir de la Grande Guerre, au cours duquel nous commémorerons en 2014 la bataille de Nancy et du Grand Couronné, la ville de Nancy a une longue histoire militaire, et reste très attachée à l’amitié tissée au fil des décennies avec l’armée française, ainsi qu’à la qualité des relations qu’elle entretient avec les autorités militaires, les associations d’anciens combattants et les sociétés patriotiques. Pour la ville de Nancy et les Nancéiens, c’est naturellement un véritable plaisir de recevoir la Marine nationale. Cette démarche vers le grand public a pour objectif de faire prendre conscience à nos concitoyens que la Marine nationale est au service de chacune et de chacun. En cela, elle s’inscrit pleinement dans la volonté de notre ville de mieux faire comprendre les enjeux de l’organisation militaire, tant au niveau local qu’au niveau international. Cet accueil, les 12 et 13 mai prochain, sera le symbole fort de notre amitié. Au travers de cette approche, nous tenons à renouveler l’attachement de la ville de Nancy et des Nancéiens à la Marine nationale. Comment les Nancéiens vont-ils accueillir la Marine ? Près de 200 femmes et hommes vont participer à l’organisation de cette manifestation, dont 80 marins. C’est avec amitié et reconnaissance que les Nancéiennes et les Nancéiens vont les recevoir. J’éprouve une grande fierté à rendre hommage de cette façon à celles et ceux qui sont engagés pour protéger les populations et garantir la paix dans le monde. À Nancy, ce sera un moment de bonheur partagé entre toutes « ANDRÉ ROSSINOT, MAIRE DE NANCY. Native de Domrémy, petit village de 153 âmes, en Lorraine, Jeanne d’Arc a donné son nom à plusieurs bâtiments de la Marine. Le plus célèbre d’entre eux est, bien évidemment, le porte-hélicoptères à bord duquel ont été formés les officiers de marine de 1964 à 2010. Ce patronyme glorieux a cependant été conservé, puisqu’il perdure sous le nom de « mission Jeanne d’Arc », pour désigner la campagne d’application des officiers de marine qui a lieu chaque année sur un bâtiment différent – cette année le BPC Dixmude accompagné par la frégate George Leygues. La Marine profitera de son escale en Lorraine pour offrir à la mairie de Nancy – l’une des villes marraines de la Jeanne – une maquette de l’ancien navire. les générations, grâce à l’après-midi réservé aux scolaires et aux seniors sur le Village de la Marine nationale. Les Nancéiens seront également très touchés par la proximité souhaitée par les marins, en particulier grâce aux rencontres et animations proposées dans les quartiers et auprès des plus fragiles d’entre nous. Nancy est candidate pour être ville marraine de la future frégate multimission Lorraine. Pouvez-vous nous en dire plus ? Comme vous le savez, la ville de Nancy est fière d’être déclarée « ville marraine d’honneur » par l’association des Villes marraines des forces armées, en lien avec les militaires concernés, après le parrainage du porte-hélicoptères Jeanne d’Arc, désormais désarmé. Le parrainage de la future frégate Lorraine ne sera prononcé que lors de l’admission au service actif du bâtiment, qui devrait intervenir en 2019. Nous préparons ici avec détermination et enthousiasme le dépôt d’un dossier de candidature pour obtenir ce parrainage. C’est un geste fort qui confirme que l’histoire entre la ville de Nancy et la Marine nationale continue de s’écrire… Rendez-vous les 12 et 13 mai prochain à Nancy ! La ville de Nancy a une longue histoire militaire, et reste très attachée à l’amitié tissée au fil des décennies avec l’armée française. M. ANDRÉ ROSSINOT, MAIRE DE NANCY 14 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 LA JEANNE CHEZ SA MARRAINE » VUE D’ARTISTE DE LA MAQUETTE. Les marins en Lorraine DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Nouveau bâtiment pour la FAN Même en consultant attentivement le fameux Flottes de combat (une référence en la matière), pas de trace de cet étonnant (et nouveau) bâtiment de la Marine nationale. Pour retrouver les caractéristiques techniques de cette frégate « à fond plat », c’est plutôt vers le service communication de la Marine qu’il faut se tourner. En effet, ce service, ou plutôt sa cellule événementielle, vient d’acquérir un véritable « espace scénographique » qui lui permet désormais d’expliquer au mieux les missions de la Marine au public. Exposé pour la première fois à Nancy, à l’occasion de l’escale de la Marine, le « navire » de 15 mètres sur 10 ouvrira ses portes au public durant plusieurs jours. Par la suite, il sera capable d’accueillir partout en France, même à l’intérieur des terres, un public nombreux et des marins prêts à témoigner de leur expérience embarquée. La partie extérieure présente, en particulier, un groupe aéronaval et ses missions. Elle est pourvue également d’un écran de projection orientable qui autorise la diffusion de supports vidéo ou multimédias. Prévu pour une trentaine d’expositions par an, sur une durée minimale de cinq ans, l’espace scénographique est parfaitement modulable, et tout particulièrement la partie intérieure, conçue pour accueillir différents panneaux d’information et écrans plats. Les « coursives » du navire peuvent donc être adaptées aux thématiques abordées par l’exposition. L’ensemble est dans des boîtes transportables par camion, et l’espace est électriquement indépendant. Pour ceux qui ne pourront le découvrir à Nancy, une visite virtuelle de cet exceptionnel outil de représentation sera disponible sur le site Internet de la Marine, peu de temps après sa première présentation au public. Dossier complet sur l’escale de la Marine à Nancy à retrouver sur www.lamarineenescale.fr LA RÉGION EST, EN BREF Le capitaine de frégate Paul-Henri Fouquet est commandant de la Marine à Strasbourg. Dans son secteur géographique, il assure le lien entre la Marine nationale et les institutions civiles, ainsi qu’avec les autres armées. Parmi ses missions figure le rayonnement de la Marine, dans des régions à forte tradition militaire, mais où elle est naturellement peu présente. Pour le recrutement, la région Est couvre cinq secteurs : Besançon (ville française la plus éloignée de la mer) pour la Franche-Comté, Strasbourg pour l’Alsace, Reims pour la Région Champagne-Ardenne et ceux de Nancy et Metz pour la Lorraine. À la tête de ces deux derniers secteurs, officie le lieutenant de vaisseau Jean-Michel Latargez. Nancy compte également l’un des cinq centres interarmées d’évaluation en France, par lesquels passent l’ensemble des jeunes que recrute la Marine. Au total, la Lorraine représente un bassin de 300 000 jeunes de 15 à 24 ans. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 15 PASSION Marine Les marins en Lorraine IMPORTATEURS D’EMBRUNS En Lorraine, comme dans l’ensemble des Régions de France, les marins œuvrent au rayonnement de la Marine. Interview du LV Jean-Michel Latargez, chef du service de recrutement de la Marine Est. Pourquoi avez-vous choisi de travailler au service de recrutement de la Marine à Nancy ? Je cherchais un poste où le rayonnement et le sens du contact étaient au cœur du métier. Je me suis donc naturellement orienté vers le service de recrutement de la Marine et les Cirfa. Il s’agit d’un poste aux activités très variées, je ne fais jamais deux jours de suite la même chose ! J’étais par exemple, la semaine passée, en conférence auprès des jeunes de l’antenne rémoise de Sciences-Po. Marin à Nancy, c’est un peu particulier, non ? Le « marin isolé » est un marin qui se démarque plus facilement. Le commandant du groupement de soutien de la base de défense, avec qui je travaille souvent, me surnomme d’ailleurs « l’amiral » (sourire fier et amusé) ! Notre singularité suscite l’intérêt, même si cela part souvent d’une plaisanterie comme : « Vous naviguez où, sur la Meurthe ou la Moselle ? » Être marin dans une ville continentale demande une grande culture générale marine. On devient en effet de facto le référent pour toutes les questions qui touchent à l’institution. Quels types de candidats recevez-vous ? Entre les dossiers ouverts et ceux qui aboutissent, il y a très peu d’attrition. Un Lorrain qui se rend au service de recrutement de la Marine est souvent déjà prêt. La plupart du temps, il cherche l’aventure et veut vivre autrement. Il sait qu’il va devoir quitter sa région d’origine, et il a souvent des projets assez bien muris. En règle générale, 50 % de nos candidats s’orientent vers un cursus d’officier marinier, l’autre moitié vers les équipages. Les officiers, quant à eux, s’orientent indépendamment vers l’École navale, principalement grâce à Internet. « Le rayonnement de la Marine fait partie de notre quotidien. Paroles de « marins continentaux » « En tant que Mosellan, j’aime ma région, mais aussi le milieu maritime. C’est au fil des rencontres, et en particulier celles avec le Cirfa de Metz, que l’idée de devenir marin s’est imposée à moi. Après différentes affectations, à terre ou embarquées, je suis aujourd’hui chef du détachement Marine sur la base aérienne 133 de Nancy. » MAÎTRE GEORGES MAMMOLITI, CHEF DU DÉTACHEMENT MARINE SUR LA BASE AÉRIENNE 133 DE NANCY-OCHEY 16 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 » Comment apporte-t-on les embruns à l’intérieur des terres ? Pour toutes les conférences ou les interventions que j’organise au profit des jeunes, je fais venir différents orateurs, marins d’active ou de réserve. Entre les partenariats avec les BTS, l’organisation de séjours à Toulon pour les journalistes ou les professionnels, l’opération « Train pour l’emploi », les conseils de classe des bac pro, la réactivation de la préparation militaire marine de Nancy, les relations avec l’académie de Nancy–Metz ou l’École navale franco-allemande où nous envoyons des élèves en formation…, l’activité ne manque pas. L’actualité de la région est aussi marquée par l’ouverture d’une classe de bac pro Marine au lycée Jean-Prouvé, à Nancy. Le rayonnement et la multiplication des contacts font partie de notre quotidien. La Marine fait escale à Nancy au mois de mai, un bel événement en perspective… L’escale de la Marine à Nancy est l’occasion d’activer l’ensemble de notre réseau : collèges, lycées, fac, réservistes, associations d’anciens marins… Au Cirfa, nous savons que ce type d’opération générera une exposition médiatique intéressante, même si l’objectif de cette opération de relations publiques, en plus du recrutement, est aussi de contribuer à faire connaître les missions de la Marine. « Après avoir vécu de nombreuses expériences opérationnelles, acquis des compétences et fait bon nombre d’escales autour du monde, je reviens aujourd’hui sur ma terre d’origine, où j’ai ma famille et mes racines. Fort de cette expérience, je suis devenu conseiller en recrutement au Cirfa de Nancy, où mon rôle est d’informer et de conseiller les jeunes sur les perspectives que peut apporter la Marine. » MAÎTRE GRÉGORY LAMY, CONSEILLER EN RECRUTEMENT AU CIRFA DE NANCY TÉMOIGNAGE D’UN MARIN AU LYCÉE FABERT DE METZ. À Metz, un équipage motivé Dans les locaux de la Marine à Metz, l’officier marinier et les officiers mariniers supérieurs conseillers en recrutement ont des profils variés : un marin-pompier, un fusilier commando, un électronicien et un gérant de collectivité. Tous ont déjà une belle expérience embarquée derrière eux, une passion qu’ils sont fiers de partager avec les jeunes qu’ils rencontrent. « C’est sûr que notre uniforme fait réagir. En Lorraine, les jeunes sont plus habitués aux uniformes de l’armée de Terre », commente le premier maître Franc Delaunay, chef du Cirfa Marine. « C’est aussi cette singularité qui constitue notre force. Nous suscitons les curiosités. » Dans les bureaux de la caserne Ney, au 15 avenue Robert-Schumann, les permanents de la Marine côtoient leurs homologues de l’armée de l’Air et de l’armée de Terre. « Les jeunes ont une bonne image des marins, mais ils ne savent pas toujours ce que nous faisons au quotidien, ni à quoi sert la Marine, précise le premier maître Emmanuel Galland. C’est l’occasion pour nous d’échanger sur nos métiers respectifs et sur nos expériences. » Ici, on réfute catégoriquement le statut de « marin isolé » : « Nous ne sommes pas isolés, puisque nous sommes quatre, cinq avec la secrétaire ! », répondent en chœur les recruteurs lorrains qui ne manquent pas d’humour. Chacun d’entre eux a fait le choix de revenir quelques années dans sa région d’origine, ou celle de son épouse, pour promouvoir l’image de la Marine loin de la mer. Les jeunes Lorrains qui veulent intégrer la Marine ont, en effet, souvent les yeux qui brillent. « Bien sûr, le dépaysement est l’un des atouts majeurs de notre argumentaire, avec la diversité des emplois et des missions ! Beaucoup de jeunes s’intéressent aussi à la Marine dans la perspective de voir du pays, souligne le maître Alexandre Mazurczak. Mais il faut aussi qu’ils prennent conscience de la difficulté et des particularités du métier de marin. » « Toulonnais d’origine, je viens d’être affecté à Nancy. Bien que je n’aie aucune attache particulière en Lorraine, je me suis adapté rapidement à cette ville où il fait bon vivre. Depuis mon engagement, j’ai occupé divers postes, et suis actuellement officier chargé des partenariats et des relations extérieures, où je coordonne les actions de communication dans le cadre de la journée Défense et citoyenneté. » « Être affectée à Nancy peut paraître loin de la mer, des marins et de leurs préoccupations. Dans mon métier, on peut se projeter dans une situation sans pour autant l’avoir vécue. Cependant, je ressens fortement le besoin de prendre part à des stages embarqués, et j’apprends aussi beaucoup à partir des échanges avec mes collègues qui connaissent mieux la Marine dans la pratique. La Marine est une famille, et on ressent cette cohésion, même à distance. Pour s’approprier ce monde particulier, il faut comprendre les problématiques du marin en théorie, mais aussi les vivre. C’est ce que je m’attache à faire du mieux possible. » ENSEIGNE DE VAISSEAU 2E CLASSE BENJAMIN NÉGROTO, ÉTABLISSEMENT DU SERVICE NATIONAL NORD-EST. ASPIRANT SARAH DESIRÉ-SEYISSIAN, PSYCHOLOGUE AU SERVICE LOCAL DE PSYCHOLOGIE APPLIQUÉE À VANDOEUVRE-LÈS-NANCY. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 17 PASSION Marine Portraits CES LORRAINS QUI ONT CHOISI LA MARINE LA FORMATION DES ASPIRANTS, INITIATION ET ESPRIT D’ÉQUIPAGE. Comment avez-vous connu la Marine ? LM : J’ai un père qui m’a fait découvrir très tôt la mer, ce qui m’a beaucoup plu et attiré. Par ailleurs, étant intéressé depuis le lycée par une carrière militaire, j’ai décidé de m’inscrire au lycée naval, à Brest, en classes préparatoires. C’est le lycée naval qui m’a permis, en me confrontant à la réalité de la Marine, de confirmer mon choix de carrière. PM : En classes préparatoires, le monde militaire m’attirait, mais l’armée de Terre et l’armée de l’Air avaient plutôt mes faveurs. Dans un reportage à la télévision, un jeune officier de marine présentait son parcours. Il était passé par la même filière que moi en classes préparatoires. C’est à ce momentlà que je me suis imaginé être à sa place, et que je me suis intéressé à la Marine. Ensuite, j’ai découvert l’institution en me documentant et au travers de discussions avec des marins. « Comment avez-vous attrapé le virus de la mer, en dépit de l’éloignement géographique ? LM : Mon cas est un peu spécifique, puisque mon enfance a été rythmée par les déménagements entre la Lorraine et la Guadeloupe. C’est bien entendu là-bas qu’il m’a été donné de découvrir l’environnement marin dans toute sa richesse. Mais, une fois revenu définitivement en Lorraine, j’ai maintenu des activités comme la plongée et la voile, qui me ramenaient régulièrement au contact de la mer. PM : La Marine me plaisait dès le départ. J’ai surtout été séduit par l’esprit d’équipage et les valeurs véhiculées. J’ai vraiment pris goût à la mer en entrant à l’École navale, la proximité géographique aidant. Quel type de carrière envisagez-vous ? LM : Je suis entré dans la Marine avant tout pour être officier, mais j’aimerais me spécialiser dans le pilotage d’aéronefs » Faire un métier qui me plaît, et servir la nation. 18 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 embarqués (que ce soit sur chasseur ou hélicoptère). L’un des avantages de la Marine est de proposer un grand nombre de spécialités, de sorte que chacun puisse trouver celle qui lui convient. PM : Mon souhait est de devenir pilote d’hélicoptère. Pour la carrière, je ne me fixe pas d’objectif précis. Quelle sera ma situation dans dix ans, quelles seront mes envies ? Je ne peux pas encore le savoir. Un message pour les Lorrains ? LM : Si j’avais un conseil à donner à d’autres Lorrains, ce serait de ne pas se focaliser sur la distance relative jusqu’à la mer : les marins sont amenés à beaucoup voyager, et peu importe que leur port d’attache soit sur la côte ou dans le nord-est de la France, pourvu que la passion soit là. PM : La mer est un milieu exigeant et enrichissant. Servir en mer est à la fois un défi et une fierté. (D’autres portraits de marins lorrains à retrouver sur le site Internet www.lamarineenescale.fr) Originaire de Metz, et fascinée depuis longtemps par la vie militaire, Sabrina Ouchache a décidé de rejoindre l’école des Fourriers de Querqueville, l’une des écoles de formation des quartiers-maîtres et matelots de la Marine. De sa terre natale, elle a hérité d’un caractère enthousiaste et convivial, deux valeurs essentielles pour les marins. « Quelques mois après l’obtention de mon bac, je n’avais qu’une idée en tête : vivre le défi de la vie embarquée ! », témoigne la jeune Lorraine. Sortie cinquième de son cours dans la spécialité bureautique, Sabrina s’est donné les moyens d’atteindre son objectif. « Ce classement m’a permis de réaliser mon rêve », avouet-elle, satisfaite. Elle choisit comme première affectation le bâtiment de projection et de commandement Mistral. Aussitôt affectée, elle navigue plus de cinq mois en océan Indien en 2011 pour la mission Jeanne d’Arc, une aventure unique ponctuée d’une douzaine d’escales. Puis les missions s’enchaînent : « Au cours de l’été 2011, j’ai eu la chance de participer à l’opération Harmattan, au large de la Libye ! », s’enthousiasme le matelot Ouchache. Début 2012, on retrouve la jeune femme au large des États-Unis dans le cadre des manœuvres amphibies internationales Bold Alligator. À bord, son énergie débordante séduit partout où elle passe. « J’ai servi tour à tour au secrétariat de l’infirmerie, au sein de la brigade de protection, comme coiffeuse ou comme brancardier. » Cette sportive dans l’âme ne s’ennuie jamais ! Elle partage d’ailleurs sa passion pour la mer avec les autres Lorrains du bord, dont la cordialité et la chaleur humaine ne passent pas inaperçues. « Nous sommes tous très attachés à notre région natale, où nous venons régulièrement nous ressourcer », indique Sabrina. Son prochain challenge ? Réussir son bre- Bac + 3 en management et logistique en poche, Sophie Rémy a la Marine chevillée au corps. Lorsqu’elle se rend au Centre d’information et de recrutement des forces armées, à Nancy, SOPHIE RÉMY EN ENTRETIEN AU CIRFA DE NANCY. « » Vivre le défi de la vie embarquée. vet d’aptitude technique (BAT) comme marin-pompier afin de continuer à naviguer « de nombreuses années… (AVEC LA CONTRIBUTION DE L’ASP ÉTIENNE BAGGIO) » Avoir l’honneur de servir la nation. la jeune étudiante est déjà sûre de sa voie. « La Marine est un milieu qui m’a toujours attirée. Quand je me suis renseignée pour la première fois, on m’a conseillé de passer des diplômes avant d’intégrer les rangs. C’est une vraie vocation par rapport aux autres armées : j’ai pu effectuer une visite du Charles de Gaulle qui m’a confortée dans ma décision. » Lorraine « pure souche », comme elle le souligne volontiers, Sophie est allée au lycée à Tomblaine, puis validé un BTS au lycée Chopin pour ensuite passer par l’université de Nancy 2. « Pour moi, intégrer la Marine dans le domaine des ressources humaines, c’est à la fois faire un métier qui me plaît et avoir l’honneur de servir la nation. C’est un dépaysement de partir en mission, même si la mobilité n’est pas à prendre à la légère. » Sophie Rémy est bien consciente de la spécificité du métier de marin, mais souhaite par-dessus tout embarquer : « La Marine est ancrée dans ma tête. J’ai rencontré des personnes qui aiment leur métier et qui m’ont communiqué leur passion, et souligné les avantages de ce métier sans pour autant m’en cacher les inconvénients. Cela m’a vraiment confortée dans mon idée initiale. » Selon sa propre expression, la récente campagne de recrutement a ravivé son envie, même si la jeune étudiante a toujours pensé rejoindre la Marine. « Pareil pour les documentaires que je vois régulièrement à la télévision. Ça fait vibrer ! », témoigne-t-elle, pleine d’enthousiasme. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 19 VIE DES unités Commando de Penfentenyo RAID COMMANDO SUR CALVI ET CROVANIE ! Tous les deux ans, après la prise de fonction d’un nouveau commandant, chaque commando refait ses gammes, individuelles d’abord, puis en équipe, en groupe et avec le commando au complet. Cette mise en condition opérationnelle (Meco) dure près de quatre mois. Elle est organisée par le bureau Entraînement d’Alfusco et est sanctionnée par l’attribution de la qualification opérationnelle… ou pas. 1 1 Pour les marins du commando de Penfentenyo, le point d’orgue de la Meco, l’exercice de synthèse, se déroulait en mer au large de la Corse à bord du Tonnerre et du Guépratte. Le thème en était « littoral » : des groupes armés basés à terre entretiennent l’insécurité au large des côtes de la Corse. La mission du commando : ramener la paix et la sérénité en neutralisant les perturbateurs avec l’empreinte au sol la plus faible possible. Le commando de Penfentenyo reçoit l’ordre de rallier le Tonnerre et le Guépratte parTarpon (aérolargage en mer) : 7 tonnes de colis sont condition- nées, les 60 commandos parés. Une météo « dynamique et peu coopérative » impose de revoir la mise en place. Seule une dizaine de commandos rejoint les bâtiments par les airs. Les autres empruntent la voie maritime (Futuras et CTM). C’est la première d’une longue série utile de reconfigurations. Utile car la capacité du PC tactique du commando à planifier, adapter, ajuster, reprendre, annuler, replanifier fait partie de l’exercice. Faire, défaire, refaire, c’est le b.a.ba du cousu main et des opérations spéciales. Les voilà donc à bord du Tonnerre et du Guépratte en pleine Rano(1) au large de la Corse. L’expérience montre que les objectifs et les contraintes de la Rano d’un bâtiment de la FAN se marient heureusement avec ceux d’un commando de la Force des fusiliers marins et des commandos en Meco. Travailler les fondamentaux du métier 2 20 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 Pour les commandos marine, il s’agit de travailler les fondamentaux du métier : agir sur terre à partir de la mer. Afin de déstabiliser le réseau des perturbateurs armés qui harcèlent le trafic maritime dans LE COMMANDO DE PENFENTENYO EN BREF Créé en décembre 1947 et basé à Lorient depuis 1969, le commando de Penfentenyo se compose de plusieurs groupes d’actions spéciales et groupes spécialisés dans l’appui/renseignement et la reconnaissance. L’effectif total est de 90 personnes. Il a participé à l’ensemble des opérations dans lesquelles ont été engagés les commandos marine, en Afrique, en ex-Yougoslavie et au Proche et Moyen-Orient. 4 3 5 1 VUE D’UNE GRAPPE DE COMMANDOS MARINE DEPUIS LE « FUNNEL » DE L’HÉLICOPTÈRE. 2 DÉBUT DE MISSION DEPUIS LE RADIER DU BPC. 3 EXTRACTION EN GRAPPE AU-DESSUS DE LA BAIE DE CROVANIE. 4 MISE EN PLACE DEPUIS UN POINT HAUT DE L’OBJECTIF. 5 EMBARQUEMENT À BORD D’UN TRANSALL SUR L’AÉRODROME DE CALVI. 6 CARACAL À LORIENT SUR L’ILÔT SAINT-MICHEL LORS DE LA PRÉPARATION DE L’EXERCICE. 6 la zone de l’exercice, les commandos enchaînent les actions « coups de poing » en territoire hostile. En six nuits consécutives ils neutralisent les infrastructures et les moyens de détection maritime de l’ennemi, l’amputent d’une voie stratégique d’approvisionnement, recherchent et détruisent ses plots logistiques après s’être assuré de la neutralisation de la défense anti-aérienne. In fine ils mettent hors de combat les principaux chefs des groupes ennemis. Après avoir neutralisés les SA7 et SA8(2) adverses, le commando s’appuie sur les hélicoptères du 4e RHFS(3) (EC 725) pour coordonner ses actions à terre, infiltrer ses équipes dans la profondeur et évacuer ses blessés. Tout au long de l’exercice, les commandos bénéficient aussi de l’appui aérien des Mirage 2000 de la base d’Istres, guidés par les FAC de « Penfen », quand les drones du commando Kieffer moissonnent le renseignement. L’action du commando le long des côtes resserre les liens entre les groupes ennemis qui se déplacent vers l’intérieur du pays pour échapper aux rudes coups des marins français. Le commando reçoit alors l’ordre de neutraliser leurs chefs. Le rensei- BIO PENFENTENYO Alain, Henri, Georges, Marie de Penfentenyo de Kervereguen est né à Montpezat le 28 octobre 1921. Il fait ses études à Brest et à Versailles, puis entre à l’École navale le 28 novembre 1939. Le 20 juin 1940, toute sa promotion embarque sur le Richelieu qui quitte Brest pour Dakar afin d’échapper aux troupes allemandes qui envahissent la France. Après différents embarquements lors de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint à sa demande les Forces maritimes d’ExtrêmeOrient en 1945. Il est affecté à la flottille fluviale de la brigade marine d’ExtrêmeOrient le 3 janvier 1946. Le 12 février de la même année, il est mortellement touché lors d’une opération de nettoyage d’îlots de résistance Viêt-Minh sur le fleuve Donaï. Il rend son dernier soupir au cours de son évacuation sur Saïgon. gnement confirme la présence de deux cibles de haute importance, sur deux bases placées aux deux extrémités nord et sud du territoire ennemi. L’ensemble des groupes du commando est mis à terre et s’infiltre jusqu’aux objectifs. La cellule de commandement du commando, déployée sur le terrain pour l’occasion, ordonne l’assaut simultané des deux campements. L’attaque est fulgurante, les cibles neutralisées, leurs troupes désorientées. Le commando reflue, se réarticule sur l’aéroport de Calvi tenu par le 2e REP et s’exfiltre grâce à un ATT (avion de transport tactique) de l’escadron Poitou. Mission accomplie. Au bilan ! Les capacités du bâtiment de projection et de commandement (BPC) ont permis d’accueillir simultanément la totalité du commando, de déployer la flotte de douze Futuras utilisée pour les phases de reconnaissance de plage ou d’infiltration maritime, d’héberger en zone état-major le PC tactique du commando et de mettre en œuvre les hélicoptères dédiés aux forces spéciales. La cinématique propre du Tonnerre, mais aussi les conditions météorologiques ont imposé un dialogue permanent entre le PC tactique et le commandement du BPC afin de coordonner la mise en œuvre des vecteurs de mise en place des commandos (Futuras et hélicoptères). Le remarquable soutien logistique du BPC a facilité la régénération des commandos engagés chaque nuit et a permis une conduite efficace des travaux de planification. De son côté, le Guépratte a encore une fois démontré dans cet exercice la parfaite adéquation des frégates La Fayette avec les missions des commandos marine. Cet exercice a balayé une large partie du spectre capacitaire d’un groupe de commandos marine agissant à partir de plates-formes maritimes majeures dans un cadre interarmées. Il ouvre également des pistes prometteuses pour de futurs exercices entre la Force d’action navale et la Forfusco. La démonstration est faite de la compatibilité entre les Rano de la FAN et des Meco de la Forfusco. Elle permettra de reproduire et de tester une posture opérationnelle puissante et adaptée aux menaces d’aujourd’hui : celle d’un groupe de forces spéciales interarmées embarquées sur un BPC. ASPIRANT FRANÇOIS L’AMIRAL, COMMANDO DE PENFENTENYO (1) Remise à niveau opérationnelle. (2) Moyens de lutte anti-aérienne d’origine soviétique. (3) Régiment d’hélicoptère des forces spéciales. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 21 VIE DES unités Afghanistan DEUX MARINS DU CIEL EN MONTAGNE Ils sont deux marins intégrés au bataillon hélicoptères de la Task Force Lafayette positionné à Kaia (Kabul International Airport). Affectés en métropole à l’escadron à vocation interarmées EH 01.067 Pyrénées de l’armée de l’Air de Cazaux, le lieutenant de vaisseau Z. et le premier maître C. sont déployés pour trois mois en Afghanistan en soutien des troupes françaises participant à la force d’assistance internationale en Afghanistan (ISAF). 1 Capitaine, c’est votre troisième séjour au sein de ce bataillon interarmées. Expliquez-nous en quoi consiste votre mission ? Je suis le chef du détachement de l’escadron Pyrénées au sein du bataillon qui est encadré par l’aviation légère de l’armée de Terre (Alat). Ici, nous mettons en œuvre un hélicoptère EC725 Caracal afin d’assurer le soutien des troupes au sol. Le bataillon dispose de quatorze hélicoptères d’attaque (Tigre et Gazelle) et de manœuvre (Caracal et Cougar) pour effectuer des missions d’évacuation médicale (Medevac/Casevac), de transports tactiques, d’opérations héliportées, d’appui des troupes au sol et de renseignement. Le rythme des vols est soutenu, environ cinquante heures par mois, et les vols éprouvants. En quoi les vols sont-ils différents ici ? D’abord, l’environnement est peu favorable aux voilures tournantes. Kaboul est à 1 800 m d’altitude et la température avoisine les 40 °C en été. En hiver, les températures descendent jusqu’à -15 °C en vol. En outre, la poussière est présente partout et gène la visibilité lors des atterrissages au fond des vallées. De plus, les nuits sont extrêmement sombres et l’absence de sources lumineuses dans les montagnes limite les performances de nos jumelles à intensification de lumière. Heureusement, le Caracal dispose d’un pilote automatique particulièrement performant qui nous permet de nous affranchir en partie de ces contraintes environnementales. Et la menace ? Elle est présente partout et les tirs contre les hélicoptères nous obligent à voler très bas et le plus vite possible. Il nous faut aussi supporter le poids du gilet de combat (près de 30 kg) pendant le vol. Chaque vol fait l’objet d’une préparation très minutieuse afin de parer à toutes éventualités, y compris celle de devoir se retrouver au sol. Nous sommes accompagnés d’hélicoptères d’attaque capables de riposter en cas de tir. Un marin en montagne ce n’est pas trop difficile ? Il a fallu que je m’adapte et que j’apprenne de nouvelles méthodes de travail. Ceci étant, mon expérience acquise au sein de l’aéronavale sur Super Frelon me sert beaucoup ici, notamment lors des Medevac et lorsque les conditions météorologiques deviennent difficiles. Et même si je préfère tout de même l’air iodé à la poussière, c’est une mission vraiment passionnante 22 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 UN VILLAGE AFGHAN AU NORD DE KABOUL. Intégré au sein du Bathelico, je suis l’interlocuteur privilégié du commandement pour toutes les questions d’ordre technique ou logistique concernant le Caracal air. CARACAL POSÉ SUR LA BASE DE SUROBI. TIGRE AU POSTE EN RETOUR DE MISSION. et unique, de pouvoir soutenir les troupes engagées dans les combats au sol et de travailler en interarmées. Premier maître, quel est votre rôle au sein de ce détachement de l’armée de l’Air ? Je suis le chef de piste du détachement EC725 Caracal de l’armée de l’Air. Ma fonction est comparable à celle d’adjoint technique embarqué. J’encadre une équipe de quatre techniciens afin d’assurer la mise en œuvre et la disponibilité opérationnelle du Caracal air. Le travail d’un technicien en Afghanistan est-il si différent du travail en mer ? En mer, hormis sur le porte-avions, un détachement hélicoptères est totalement autonome alors qu’ici l’entretien de deuxième niveau et le soutien logistique sont de la responsabilité de l’Alat. Cette sous-traitance demande d’adapter les procédures de travail air et terre, chose aisée pour un marin ! Sur le plan technique, l’entretien d’un Caracal en Afghanistan n’est pas si différent de celui d’un hélicoptère embarqué. Les règles aéronautiques sont les mêmes et seules les conditions atmosphériques diffèrent. Kaia est situé à 1 800 m d’altitude et très loin de toute étendue d’eau salée. La quasi absence de corrosion est remplacée par un environnement particulièrement poussiéreux et une grande amplitude thermique. Que retiendrez-vous de ce premier déploiement en Afghanistan ? Cette expérience interarmées sur ce théâtre particulièrement difficile m’a permis de retrouver ici l’esprit d’équipage si naturel sur les bâtiments de la Marine nationale. L’expérience et les valeurs acquises tout au long de mon parcours au sein de l’aéronavale m’ont permis une intégration rapide au sein d’un dispositif très différent en termes d’environnement de travail et de situation géographique. PROPOS RECUEILLIS PAR LA CELLULE DE COMMUNICATION À KABOUL PONT AZUR SUR L’AQUITAINE LE CAÏMAN MARINE (NH90) APPONTE SUR L’AQUITAINE. Mardi 31 janvier, 10 h 34, au large de l’île de Groix « Commandant, vert appontage ? » « Vert appontage. » En passerelle, l’atmosphère est attentive. Le chef du quart transmet l’ordre à la passerelle aviation. L’Aquitaine poursuit sa route dans les eaux morbihannaises, sous un ciel grisâtre chahuté par les vents, tandis qu’à l’arrière du bâtiment, l’officier de quart aviation (OQA) collationne l’ordre et le transmet au pilote du Lynx en approche. L’hélicoptère a décollé de Lann-Bihoué à 10 h, avec à son bord des pilotes d’essai du CEPA. La mission des prochaines 36 heures : tester et qualifier la plate-forme hélicoptère de la frégate en réalisant plusieurs séries d’appontages/décollages, Touch n’ Go ou TAG dans le jargon aéronautique, de jour, de nuit, avec ou sans jumelles de vision nocturne, par vent fort, par vent faible et sous tous les angles d’approche. « Route Avia au 178 pour 12 nœuds, vent Avia à midi pour 25 nœuds, Roulis 2°, Tangage nul, vert appontage », crache la fréquence tour UHF. Le pilote réceptionne les éléments de l’OQA et ajuste sa course. Il vise une lointaine masse grise sur l’océan vert-de-gris… Un point sombre apparaît dans le ciel, se rapprochant à vive allure. Sur le pont d’envol, le chien jaune s’affaire pour guider le pilote. Phase critique. En direct ou par écran vidéo, tout le personnel de quart a les yeux rivés sur la plate-forme aviation. L’hélicoptère stabilise son vol quelques mètres au-dessus du cercle d’appontage. Tout le « LYNX POSÉ, HARPONNÉ. » PREMIER APPONTAGE RÉUSSI. monde retient son souffle. L’aéronef de 4,8 tonnes se pose en souplesse sur la plate-forme. Au fil de la journée et de la soirée, les Touch n’ Go se succèdent. Le commandant, le chef du quart, l’équipe passerelle, le central opérations, l’officier de quart aviation, le personnel aviation, l’équipe de quart navire, militaires, industriels… tous veillent à la bonne conduite des essais. Ils s’y préparent depuis une semaine et chaque membre d’équipage a un rôle essentiel dans la mise en œuvre de l’une des multiples capacités de la frégate. Vingt-quatre heures plus tard, le pont d’envol a accueilli plus d’une cinquantaine de fois les roues de l’hélicoptère d’expérimentation. Sur la fréquence, le pilote rend son verdict : « L’aérologie est bonne. La plate-forme est tout à fait praticable et fonctionnelle. Elle est même plutôt agréable ! » 5 mars, 8 h 30, Poste 2, site industriel de DCNS Lorient La frégate est à quai, au poste aviation. Tout le personnel civil a quitté le bord. La zone est sécurisée. Le site de Lorient est prêt pour une grande première : le tout premier appontage du Caïman Marine (NH90) à bord d’une Fremm, au sein même de l’enceinte industrielle. L’hélicoptère apparaît. Il est scruté, photographié, filmé depuis les deux rives du Scorff. Il reconnaît la zone, puis se pose en douceur sur l’Aquitaine. Il est 8 h 32. Les opérations de pré-Vamon (visite de l’aptitude à la mise en œuvre et à la maintenance) peuvent débuter. Les tests d’interface s’enchaînent : mise en place du lot de maintenance, essais d’accorage, roulage à la main, puis saisinage de l’hélicoptère dans le hangar, vérification du débattement des apparaux de levage, tests de compatibilité électrique… Les quelques points à reprendre sont scrupuleusement notés, puis l’hélicoptère est repositionné et harponné sur la grille de la plate-forme Avia, paré à effectuer son premier décollage à la mer. La frégate appareille et franchit les passes de la rade de Lorient. Les premiers vols peuvent débuter. Ils se déroulent sur deux jours. Les observations réalisées avec le Lynx sont confirmées : l’aérologie est excellente et la plate-forme est parfaitement apte à la mise en œuvre d’un hélicoptère de la classe des 11 tonnes. Avec plus de six mois d’avance sur le planning initial, les premiers liens sont établis. Ce succès initie une coopération particulièrement prometteuse entre les deux plates-formes et leurs équipages. En effet, l’Aquitaine accueillera dès le second semestre 2012 cet hélicoptère de nouvelle génération, plus proche de l’aéronef de patrouille maritime que du traditionnel hélicoptère ASM. Servi par un détachement aéronautique de quinze personnes comprenant deux équipages, équipé du sonar actif Flash aux capacités de détection antisous-marine accrues, de la torpille MU-90 et de liaisons de données performantes, le Caïman Marine (NH90) conférera aux Fremm une allonge et des capacités inédites à ce jour dans la Marine nationale. EV WINDY MARTY COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 23 VIE DES unités LE JACQUES CARTIER EN ESCALE DANS LE DERNIER ROYAUME POLYNÉSIEN GILLES MONTAGNIER, AMBASSADEUR DE FRANCE AUX TONGA, DÉCERNANT LA MÉDAILLE DE LA DÉFENSE NATIONALE NIVEAU OR AU CV FONOKALAFI. ENTRAÎNEMENT COMMUN AVEC LE PATROUILLEUR SAVÉA. 1 Trois ans après sa dernière visite au « Friendly Kingdom », le Batral Jacques Cartier a appareillé de son port-base de Nouméa pour une mission de représentation au Royaume du Tonga du 7 au 22 mars 2012. L’occasion pour la France de réaffirmer à ce royaume du Pacifique son amitié et sa volonté de continuer à développer la coopération de défense avec ce pays. Quatre jours de transit plus tard, le Jacques Cartier et son équipage commençaient leur mission sur place. Au programme, six jours d’escale répartis dans les trois principaux archipels que compte le royaume (Vava’u, Ha’apai et Tonga’tapu). Bien qu’il s’agisse du onzième déploiement du Batral aux Tonga, le bâtiment s’arrêtait pour la première fois dans les îles Ha’apai. Cette mission a été l’occasion d’un exercice commun avec un patrouilleur de la Marine tongienne venu accueillir le Batral lors de son arrivée à l’archipel de Vava’u, première étape de sa mission. Lors de cet exercice, les bâtiments se sont entraînés aux manœuvres d’approche pour ravitaillement à la mer. LORD FULIVAI, GOUVERNEUR DES ÎLES VAVA’U. 24 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 Les trois étapes successives ont permis à une partie de l’état-major et à l’attaché de défense français pour le Tonga (embarqué pour la mission) de rencontrer aussi bien les autorités et principaux acteurs locaux des différents archipels (gouverneurs, responsables humanitaires locaux…) que les autorités gouvernementales et militaires (secrétaire d’état aux Affaires Étrangères, chef d’état-major des armées tongiennes, et Premier ministre.). Ces rencontres ont eu pour objectifs de mieux comprendre les besoins et les attentes des populations locales et du gouvernement en matière de défense et d’aide au développement, mais ont également permis d’évoquer les projets de coopération, achevés ou en cours, entre les forces de défense tongiennes et les Forces armées de Nouvelle-Calédonie. L’équipage a en outre été très sollicité à plusieurs reprises pour organiser des visites du bord et permettre à la population de découvrir le bâtiment et ses capacités. La dernière escale dans la capitale tongienne, Nuku’alofa, a été marquée par la venue de l’ambassadeur de France au Royaume de Tonga (mais résidant à Fidji). Ce dernier a notamment remis, lors d’une cérémonie organisée à bord, la médaille de la défense nationale niveau or au capitaine de vaisseau tongien Fonokalafi pour son implication dans la coopération militaire entre la France et les Tonga durant ces dernières années. Cette visite du Batral a permis de réaffirmer les liens d’amitié forts entre la France et ce royaume polynésien. L’équipage du Jacques Cartier a ensuite repris la mer en direction de Nouméa. Le transit retour a cependant été assombri par la nouvelle du décès de sa majesté le roi des Tonga Georges Tupou V survenu à Hong Kong le jour même du départ de l’archipel. L’équipage en apprendra la nouvelle le lendemain matin. L’ÉQUIPAGE DU BATRAL JACQUES CARTIER TÉMOIGNAGE de marin Innovation LE FILTRE À BASSIN AU CONCOURS LÉPINE 1 1 Port de Cherbourg. Dans les bassins, le carénage des bâtiments génère un certain nombre de rejets dans les « formes », espaces dédiés à la maintenance des navires. Alors qu’il travaille au Service de soutien de la flotte et que se multiplient les normes environnementales, le premier maître Sébastien Vrac, mécanicien de spécialité, a une idée. Pour éviter que les eaux souillées soient rejetées à la mer, il réfléchit à la mise en place à l’intérieur même des bassins, d’un système de filtration des eaux polluées. Principales victimes de cette opération « carénage propre » : les hydrocarbures ou les résidus de grenaille, de sable et de peinture générés à l’occasion du sablage des coques ou dans l’éventualité d’un incident dans l’usage des installations dédiées à cette activité particulière. « Cela s’est passé un peu à la Mac Gyver. On a fixé des tôles avec des collègues soudeurs, avant de tester l’appareil en conditions réelles », témoigne l’intéressé. Le filtre pour bassin est né. Les premiers essais étant concluants, le premier maître présente son innovation à la Mission pour le développement de l’innovation participative (MIP), qui assiste à une démonstration dynamique. Séduite, la mission lui propose de financer la réalisation d’un modèle industriel par une entreprise locale. Ainsi fut fait. Testé de nouveau grâce au Laboratoire de surveillance, d’analyse et d’expertise de la Marine (Lasem), l’appareil montre encore tout le bien fondé de sa conception. Un principe simple « Le principe est simple. Le filtre pour bassin permet une filtration gravitaire en ligne par écoulement de l’eau polluée au travers de comparti- 3 2 1 ET 2 UN DISPOSITIF SIMPLE ET INGÉNIEUX COMPOSÉ DE FILTRES SUCCESSIFS. 3 PM SÉBASTIEN VRAC. ments successifs. Le premier compartiment permet la rétention des particules solides. Un couvercle bourré de paille est installé, puis les particules sont retenues grâce à l’action du couvercle la comprimant. Le second compartiment est équipé d’un couvercle maintenant sous l’eau un boudin absorbant en polypropylène. Il retient les hydrocarbures. Un dernier compartiment assure la fil- tration des particules plus fines par l’action de sable calibré contenu dans un sac en toile de jute. » La fabrication d’un appareil revient à un peu plus de 3 000 euros, mais la cartouche qui regroupe les trois compartiments coûte moins de 20 euros. Ce dispositif simple et peu onéreux peut donc être adopté dans de nombreuses installations. Le port militaire de Cherbourg vient de le mettre en place, mais on peut imaginer que d’autres utilisateurs comme les pêcheurs, les navires de commerce, les bateaux de plaisance ou ceux du secteur fluvial suivent le mouvement. Aujourd’hui affecté sur le Saire, le PM Vrac suit son innovation et poursuit son développement. Le représentant de la MIP à Cherbourg, le LV Loquen, lui a d’ailleurs conseillé de présenter son idée au concours Lépine à l’occasion de la Foire de Paris, qui se tiendra Porte de Versailles du 27 avril au 8 mai. S’inscrivant dans la grande lignée des inventions présentées depuis 1901, il présentera, parmi plus de 400 innovateurs, son invention au grand public et aux acteurs du monde de la mer en particulier. « C’est une grande satisfaction tant personnelle que professionnelle d’avoir mené à bout ce projet. Si c’était à refaire, je le referai sans doute. D’ailleurs, j’ai d’autres idées en tête, toujours dans le domaine de l’antipollution. » Une belle promesse pour les concours Lépine à venir. En attendant, pourquoi pas, une récompense dès cette année ? LV COLOMBAN ERRARD Pour plus de renseignements, site Intramar : http://totem.dga.defense.gouv.fr/innovation/node/20019116 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 25 CHRONIQUE dupersonnel CSFM OMNIPRÉSENT, DÉTERMINANT ET ACTIF POUR FAIRE PROGRESSER LA CONDITION MILITAIRE EN 2011 1 Le Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) a été consulté sur de nombreux sujets de condition militaire en 2011. Il a été à l’origine directe de certaines évolutions ou a été déterminant dans les résultats obtenus en soutenant ardemment les projets. Au titre des grands enjeux de condition militaire, le CSFM a été un acteur important des évolutions suivantes : – l’extension du bénéfice des primes et indemnités aux militaires ayant conclu un pacte civil de solidarité ; – la transposition de la grille indiciaire de la catégorie B de la fonction publique (Nouvel espace statutaire) aux sous-officiers des armées et de la gendarmerie nationale ; – le bénéfice de la campagne double, dans les conditions en vigueur, pour le théâtre afghan et ce, depuis 2001. D’autres sujets de condition militaire ont évolué favorablement : – l’ouverture du droit à la délégation de solde dès le lendemain du décès d’un militaire en opération extérieure ; – l’amélioration du montant de l’indemnité proportionnelle de reconversion ; – l’allongement du délai de reconnaissance de garnison qui passe à trois jours francs sur zone, hors délais de trajet ; PERMUTATIONS GECOLL QM1 BAT Gecoll (maître d’hôtel), affecté Brest aviso Cdt Blaison (non féminisable), cherche permutation Toulon embarqué principalement ou terre. Étudie toutes propositions. Contact au 06 45 96 23 41 (laisser message). MORESTAU Mot Restau, affecté Toulon embarqué, cherche permutation région Bretagne, terre ou embarqué. Contact au 07 70 57 20 88. ANNONCES CLASSÉES CONGRÈS DE L’AEMEF L’Amicale des anciens élèves des écoles de mécaniciens et énergie de la flotte tiendra son congrès annuel du 4 au 7 octobre 2012 à Colombiers (Hérault). Le samedi 6 octobre, les congressistes sont invités à participer à la cérémonie organisée chaque année par la Fammac à Prémian (lieu-dit « La Sicardière ») devant le monument érigé en 26 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 – la possibilité pour les militaires mutés à moins de trois ans de leur limite d’âge de bénéficier de la prise en compte de leur déménagement sur leur lieu de repli ; – le séjour gratuit dans les établissements de l’Igesa pour le blessé et sa famille ou pour le blessé accompagné de la personne de son choix (pour les célibataires) ; – le lancement du projet de réalisation d’un monument pour le souvenir des militaires tués en opérations. En outre, la publication de la circulaire portant charte de la concertation et sa large diffusion, ainsi que la création de l’insigne de membre du CSFM ont contribué à rénover la pratique de la concertation et à valoriser les membres du CSFM. En ce début d’année 2012, la moitié des membres du CSFM ont été renouvelés offrant la possibilité à tout militaire de se porter can- souvenir des victimes de l’accident d’avion du 25 novembre 1977 où les membres du Bagad de Saint-Mandrier avaient trouvé la mort. Pour tous renseignements : M. François Lagneau - Saint Martial 34360 Saint-Jean-deMinervois, tél. : 04 67 38 05 14. VOUS VOULEZ PASSER UNE PETITE ANNONCE DANS COLS BLEUS N’HÉSITEZ PAS ! Tarifs des insertions : Permutations (exclusivement réservé aux marins en activité) 1 parution : 7,62 € 3 parutions : 18,29 € 6 parutions : 25,91 € Autres annonces (hors permutations) 3 parutions : 57,93 € Pour toute information ou demande de parution vous pouvez contacter le secrétariat de la rédaction au 01 42 92 17 17 ou [email protected] didat à l’exercice d’un mandat. L’ensemble des avancées en matière statutaire et de condition militaire est consultable sur le site intradef du CSFM : www.csfm.defense.gouv.fr. AMICALE DE LA POSTE AUX ARMÉES L’Amicale de la Poste aux armées recherche ses anciens. Si vous avez été (ou êtes) personnel militaire de carrière (ou du contingent) – de la Marine, armée de Terre ou armée de l’Air, de La Poste, et que vous avez occupé des fonctions en France ou à l’étranger (militaire pour emploi ou en renfort, agent postal, vaguemestre, agent de La Poste détaché à la Poste aux armées/interarmées (agents détachés du PLM au BCM « C »…) au sein d’un bureau postal militaire (BPM) ou interarmées (BPI), d’un bureau postal naval ou du centre de tri de Paris, l’amicale vous est ouverte et sera heureuse de vous accueillir. Pour tout renseignement, écrire à : Amicale de la Poste aux armées, 141 rue Lamartine 88650 ANOULD ou envoyer un mail à : [email protected] ÉDITIONS Vous écrivez ? Les Éditions Elzévir publient de nouveau auteurs. Nous vous proposons une véritable liberté éditoriale et le respect de la liberté des auteurs. Pour vos envois de manuscrits : Les Éditions Elzévir, 11 rue Martel (C/B) 75010 Paris Contact au 01 40 20 09 10, www.editions-elzevir.fr Aide à la mobilité PAM 2012 BIEN PRÉPARER SON DÉMÉNAGEMENT EN MÉTROPOLE DÉMÉNAGEMENT PAM 2012 : LOGEMENT FAMILIAL ET HÉBERGEMENT La réglementation relative au remboursement des frais de déménagement des militaires en métropole a évolué en 2007. Cette nouvelle réglementation améliore les droits à cubage des militaires en les fondant non plus sur le grade mais sur l’ancienneté de service. Cette réforme prend également en compte, dans les droits à cubage, les partenaires d’un Pacs (liés depuis au moins deux ans) dans les mêmes conditions que les conjoints mariés. En application de cette réglementation, les droits du militaire sont plafonnés. Cela permet en particulier de vérifier ses droits par rapport aux estimations faites à domicile par les entreprises de déménagement. À l’occasion du PAM 2012, des informations pratiques sur le logement familial et l’hébergement ont été mises en ligne sur le Portail RH (chemin d’accès depuis la page d’accueil Intramar : Fonction RH / Portail RH / Politique / Condition du personnel / Conditions de vie et de travail / Mobilité – Changement de résidence). Le logement familial Soyez acteur de votre déménagement ! Chaque déménagement étant différent, le ministère de la Défense a préféré laisser au militaire le choix de son entreprise de déménagement pour obtenir la prestation la mieux adaptée à sa situation. L’objectif étant de faire jouer pleinement la concurrence entre les entreprises de déménagement, une allocation d’accompagnement à la mobilité géographique (ACMOBGEO) a été créée : si le coût du déménagement est inférieur au plafond financier, 50 % de la différence entre le montant de la facture et le plafond financier est reversé au militaire. Il est important d’établir un dossier préalable auprès de son BARH d’appartenance. Le militaire doit toujours présenter au moins deux devis d’entreprises concurrentes. L’administration retiendra le devis détaillé le moins cher. Une avance de 90 % maximum peut être accordée dans les trois mois avant la date d’affectation dans le nouveau poste. Informations pratiques Retrouver le calcul des plafonds applicables à votre déménagement, ainsi que des conseils pratiques sur le Portail RH dans la rubrique de CPM/CVT (chemin d’accès depuis la page d’accueil Intramar : Fonction RH / Portail RH / Politique / Condition du personnel / Conditions de vie et de travail / Mobilité – Changement de résidence). CHANGEMENT DE RÉSIDENCE Quoi de neuf en 2012 ? Avant Les militaires célibataires de plus de 15 ans de service, ainsi que les militaires chargés de familles, qui déménageaient pour installer leur résidence principale en dehors du périmètre prévu de leur nouvelle affectation pouvaient être indemnisés à titre exceptionnel dans la limite des droits ouverts sur la base du trajet forfaitaire entre leur garnison de provenance (ou la résidence de repli s’ils revenaient d’une affectation outre-mer) et leur nouvelle garnison d’affectation. Après Une nouvelle directive d’octobre 2011 élargit désormais ce droit à tout le personnel célibataire sans condition d’ancienneté. Cette directive est consultable sur le Portail RH dans la rubrique CPM (chemin d’accès depuis la page d’accueil Intramar : Fonction RH / Portail RH / Politique / Condition du personnel / Conditions de vie et de travail / Mobilité – Changement de résidence). Les droits en volume En m3 15 ans d’ancienneté et plus Groupe I Moins de 15 ans d’ancienneté Groupe II Militaire Époux (se) ou conjoint pacsé(1) Autre membre de la famille(2) 25 20 5 20 15 5 (1) Conjoint ou partenaire d’un Pacs de plus de deux ans (2) Enfant à charge fiscalement, parents s’ils vivent avec le militaire et sous réserve qu’ils ne soient pas assujettis à l’impôt sur le revenu. Le bureau logement (BL) de votre base de défense de destination est votre point d’entrée. Vous trouverez leurs coordonnées sur le site Intramar CPM. Quelques rappels : L’attribution d’un logement familial est une aide et non un droit. En métropole, le personnel suivant est éligible à l’attribution d’un logement familial : – les militaires du rang et les officiers mariniers en position d’activité ou de non activité pour raison de congé de longue maladie ou pour congé de longue durée pour maladie, et qui sont dans l’une des situations suivantes : • mariés, • pacsés depuis plus de deux ans, • ayant la garde alternée ou un droit de visite pour des enfants en âge d’éducation, • ayant au moins une personne à charge, • célibataires de plus de 15 ans de service(1) ; – le personnel officier en position d’activité, de non activité pour raison de congé de longue maladie ou pour congé de longue durée pour maladie ; – le personnel civil en position d’activité, de mise à disposition ou de détachement en fonction au ministère de la Défense ; – à titre exceptionnel, et si les ressources en logements le permettent, le personnel militaire en situation de célibat géographique ou en situation de concubinage peut déposer un dossier de demande de logement. L’hébergement L’hébergement concerne tous les marins non éligibles au logement familial. À noter que les quartiers-maîtres et matelots, les volontaires des armées (y compris officiers) sont ayant droits ce qui signifie qu’ils sont obligatoirement logés par l’administration. Les bureaux hébergement des bases de défense sont les points d’entrée uniques pour obtenir une place en hébergement. Les coordonnées de ces bureaux sont consultables sur le Portail RH, rubrique CPM. (1) Les bureaux logement de Brest, Lorient et Cherbourg acceptent les candidatures des sous-officiers et militaires du rang non chargés de famille ou de moins de 15 ans de services. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 27 CHRONIQUE dupersonnel EMBARQUÉS… POUR MIEUX RECRUTER ! 1 Acteurs réguliers des campagnes de recrutement du SCA, le commissaire capitaine Olivier Espel (chef SAF du GSBdD de Pau) et le commissaire capitaine Jonathan Bourlet (chef division finances-achats de la Base aérienne 128) ont eu l’occasion de découvrir la Marine en opérations à bord la frégate anti-sous-marine Dupleix lors de l’exercice Tamouré. Avaries diverses, exercices d’évacuations médicales, alertes nocturnes, promiscuité, appontages d’hélicoptères et mer force 5 bien réels : rien n’a été épargné aux deux commissaires, heureusement endurcis par l’expérience opérationnelle acquise dans leurs armées respectives, qui ont découvert avec enthousiasme les vicissitudes de la vie embarquée. Cet embarquement devait permettre aux deux commissaires de mieux cerner les spécificités du métier de commissaire embarqué au contact du commissaire de 2e classe Philippe Dubreuil pour renseigner efficacement les étudiants intéressés par les recrutements proposés par le service du commissariat des armées. Ils espèrent à leur tour pouvoir faire découvrir leur armée à leurs camarades par- ticipant à la campagne d’information pour le recrutement des futurs commissaires. Prochainement, d’autres commissaires embarqueront pour vivre une expérience similaire sur des bâtiments de la Marine nationale. L’ANOCR MANIFESTE SA SOLIDARITÉ 1 Le président de l’Association nationale des officiers de carrière en retraite (ANOCR), le vice-amiral (2S) Michel Olhagaray, et la Marine nationale représentée par le vice-amiral d’escadre Olivier Lajous, sous-chef d’état-major ressources humaines, ont signé le 20 mars dernier à l’état-major de la Marine une convention visant à permettre à l’ANOCR de contribuer à l’amélioration du suivi et de l’accompagnement ponctuel ou dans la durée, des marins blessés de tout grade et de leurs familles. En effet, cette association, forte de son imposant maillage géographique au travers de ses 55 groupements répartis sur l’ensemble du territoire national, se propose de prendre contact, sur demande préalable de la Cellule d’aide aux blessés et d’assistance aux familles de la Marine (Cabam) ou du bureau Condition du personnel de la Marine, avec les blessés et malades de la Marine résidant dans des régions dont l’éloignement d’un grand port de guerre ou de stationnement de leur formation d’appartenance rend la visite problématique. Ainsi les bénévoles de cette association, qui compte plus de 10 000 adhérents appartenant aux trois armées, à la gendarmerie et aux différents services du ministère de la Défense, réaffirment à travers la signature de cette convention, leur volonté de manifester leur solidarité à l’égard de ceux que des « fortunes de mer » auront contraints, pour une période courte on l’espère, de mettre temporairement le sac à terre. SIGNATURE D’UN PARTENARIAT ENTRE LA MARINE ET L’EDHEC 1 M. Olivier Oger, directeur général du groupe EDHEC, et le VAE Olivier Lajous, directeur du personnel militaire de la Marine, ont 28 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 officialisé par la signature conjointe d’une convention le partenariat développé entre la Marine et la célèbre école de commerce lilloise, dont l’envergure internationale ne cesse de s’accroître avec l’ouverture de campus à Nice, Londres, Singapour et plus récemment Paris. C’est précisément dans ses locaux flambants neufs du quartier de l’Opéra que l’EDHEC accueillera désormais chaque année un stagiaire officier de marine dans son executive MBA, l’Advanced Management Programme (AMP). Après ceux admis à HEC et au Paris Executive Campus, cela porte à cinq le nombre d’officiers supérieurs qui suivent actuellement en temps partagé ces formations de haut niveau, où ils acquièrent des compétences techniques de gestion précieuses pour certains domaines d’emploi et confrontent leurs expériences avec celles des autres participants issus du monde de l’entreprise. En retour, la vingtaine de stagiaires de l’AMP et leur encadrement seront accueillis, dans le cadre de leur formation, à bord du BPC effectuant la mission Jeanne d’Arc d’école d’application des officiers de la Marine, pour un séminaire sur le thème du management sous tension. Le prochain embarquement aura lieu sur le BPC Dixmude, entre La Réunion et Le Cap, du 7 au 16 mai 2012. Histoire Le régiment blindé de fusiliers marins Le 27 mars dernier l’amiral Rogel, chef d’état-major de la Marine, présidait la cérémonie de remise de drapeau du régiment blindé de fusiliers marins au commandement de la Marine à Paris. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce régiment de marins dont l’existence fut aussi brève que glorieuse. . CHAR PLACE DE L’ÉTOILE Le RBFM est créé en septembre 1943 par la volonté de la Marine de mettre sur pied un régiment de chasseurs de chars destiné au corps expéditionnaire qui débarquera en France. À partir de personnels issus du bataillon de Bizerte et d’éléments de provenances diverses, l’effectif initial du régiment atteint alors 500 hommes. Une fois complété en personnel, il est rassemblé à la fin du mois de septembre à Casablanca au Maroc où il commence son instruction et son entraînement. En avril 1944, le régiment est affecté à la 2e division blindée et part pour l’Angleterre parfaire sa formation avec le reste de la division. La libération de Paris et la campagne de France La 2e DB débarque en France le 2 août 1944, puis gagne le Sud-Ouest du Mans. Les escadrons du régiment remportent au cours du mois d’août leurs premières victoires sur les troupes allemandes. Le 23 août, relevée par des troupes anglaises, la division se regroupe et fonce vers Paris qu’elle atteint dès le 25. Le régiment entre dans Paris et l’un de ses chars est le premier à atteindre la place de l’Étoile. Ses escadrons engagés au Luxembourg, à la porte Saint-Denis, sur les Champs Élysées, à la Concorde et aux Tuileries se couvrent de gloire dans la libération de la capitale. Ces journées seront immortalisées quelques vingt ans plus tard dans le célèbre film de René Clément : Paris brûle-t-il ?. Les jours suivants se passent au nettoyage de la banlieue Nord et Nord-Est. Puis, le 30 août, le PHILIPPE DE GAULLE. régiment se regroupe à nouveau dans Paris. En septembre, la 2e DB poursuit son avance vers l’Est malgré une puissante contre-attaque des chars allemands au cours de laquelle le 4e escadron du RBFM, engagé près de Dompaire, détruit en deux jours plus de 13 chars ennemis. Le char Siroco gagne sa 9e victoire à cette occasion. Arrivé devant Baccarat, le régiment se reconstitue jusqu’au 30 octobre. Les mois suivants voient la division participer à la dure campagne des Vosges, puis après la prise de Colmar, à celle d’Alsace avant d’être mis au repos et cantonné dans la région de Sarrebourg, puis de Châteauroux. Entre le 30 mars et le 10 avril, il fait mouvement pour venir occuper des cantonnements dans la région de Saintes et Saint-Jean-d’Angély en prévision de sa participation à la réduction des poches de Royan et de La Rochelle. L’Allemagne À partir du 25 avril, le régiment est acheminé vers l’Allemagne. Le 2 mai, il est à Augsbourg et le 2e escadron participe les 4 et 5 mai à la capture de l’un des symboles du régime nazi : Berchtesgaden. Il reste cantonné en Allemagne jusqu’au 23 mai, puis rentre à Paris où il arrive le 30 mai. L’Indochine et la dissolution Le bilan des six mois d’opérations en Europe est élogieux. Le RBFM a été très souvent engagé lors des missions les plus difficiles qui visaient à enfoncer le front ennemi. JEAN GABIN DEVANT SON CHAR. Le palmarès officiel est de 68 chars, 82 canons, 27 véhicules blindés pour 10 tanks destroyers et 65 hommes perdus. Le régiment est titulaire de deux citations à l’ordre de l’Armée et d’une autre pour l’un des escadrons. La guerre est terminée en Europe, mais elle continue dans le Pacifique et en Asie. Le général Leclerc est nommé au commandement d’un corps expéditionnaire français en ExtrêmeOrient qui est destiné à délivrer l’Indochine de l’occupation japonaise. Le RBFM, « parce que c’est le meilleur », selon le général Leclerc est intégré au corps expéditionnaire. Mais la capitulation du Japon le 15 août 1945 modifie la donne, le régiment part en ExtrêmeOrient comme unité d’infanterie avec un effectif d’environ 800 hommes. Dès son arrivée en Indochine, le régiment opère par escadron et se distingue dans les opérations en Cochinchine face aux rebelles nationalistes. Puis, il reçoit des petits engins de débarquement et devient régiment amphibie d’assaut. Le 6 mars 1946, le débarquement au Tonkin marque le début de l’ouverture des hostilités avec le Viet Minh. En mars-avril 1947, le régiment est regroupé au Cap Saint-Jacques et après une prise d’armes d’adieu embarque pour la France. Il arrivera à Toulon le 16 mai et sa dissolution intervient le 20 mai 1947. Le 7 juillet 1947, le régiment est cité à l’ordre de l’Armée de mer et son drapeau reçoit la Croix de Guerre TOE avec palme. Aujourd’hui, ce drapeau est confié à la garde du commandant de la Marine à Paris. CF (R) JEAN-FRANÇOIS CARET EV1 THIERRY MAGUET COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 29 INFO INFO INFO actus actus sport Défi rames Bouvet Guyane LE SEL DE L’AVENTURE 4 800 kilomètres sans escale ni assistance, à la seule force des bras, pour traverser l’océan Atlantique en 41 jours, tel est le défi accompli le 9 mars dernier par Christophe Dupuy, devenu le premier officier de marine (d’active) à réussir pareil exploit. Récit a posteriori d’un embarquement forcément pas comme les autres… 1 Christophe, vous voilà désormais devenu le premier officier de marine en activité à réussir la traversée de l’Atlantique à la rame, que vous inspire ce titre ? Une certaine fierté. Je suis surtout fier de pouvoir me dire complètement et véritablement « marin ». Au terme de ma carrière, je pense avoir acquis mon titre complet d’officier de marine. En aucun cas, je ne minimise mes « anciens » (Ndlr : Jean-François Tardiveau et Bertrand de Gaullier des Bordes De Gauliers, concurrents respectivement des éditions 2006 et 2009), mais je suis le premier officier d’active à y parvenir. Ce titre est d’autant plus fort pour moi que ce sont eux qui m’ont inspiré. Racontez-nous cette course à la rame ? Quels en ont été les temps forts ou les moments de doute ? Cette traversée de l’Atlantique à la rame, je l’ai préparée pendant un an. Je l’ai abordée comme une mission: je l’ai déclinée en phases et séquences, comme on prépare une opération au sein des forces spéciales. Les temps forts sont incontestablement le départ et l’arrivée. Le départ, car on part un peu vers l’inconnu. L’arrivée, car c’est la fin et lorsque je suis tombé dans les bras de Bruno (Ndlr : ancien officier marinier commando en charge du technique) sans qui cette aventure n’aurait pas été possible ! Quant aux instants de doute, j’en ai eu au moment du coup de vent au sud des îles du Cap Vert. Je n’ai pas pu ramer pendant 36 heures. Je me suis dit que si cela devait durer, tout allait vite devenir compliqué. J’apprenais en plus que les autres se retournaient les uns après les autres. On prend alors vraiment conscience que l’on est tout petit face à la mer. En quoi avoir été un commando et nageur de combat vous a-t-il servi ou desservi pendant cette aventure ? Dans la préparation, la réalisation, l’exécution, je n’ai 30 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 la concentration s’est mise en place, il n’y avait plus d’états d’âme. La solitude ne m’a pas pesé et le danger était appréhendé, donc pris en compte. Je ne me suis jamais laissé déborder. rien laissé au hasard. Je n’ai rien changé à ce que j’avais prévu. Ce que j’ai un peu occulté, c’est peutêtre le côté contemplatif. Mais rassurez-vous, je garde en tête des images intenses et extraordinaires. Quels enseignements de la course tirez-vous ? Primo : la rigueur dans la préparation et dans l’exécution paye. Secundo : j’ai eu raison d’écouter mes anciens, et notamment mon premier commandant sur le bâtiment de soutien logistique (BSL) La Rance, le CF Patrice Descottes. C’est lui qui m’a tout appris du sens marin que j’ai utilisé pendant cette traversée. Tertio : que tout seul, on ne fait rien ! J’étais seul sur l’eau, mais mon équipe était là : Bruno Le Tyrant pour la technique, Stéphane Barbet, mon routeur, et Mathieu Coulanges, mon médecin. Concernant la solitude et le danger, comment les appréhende-t-on ? J’ai eu peur – comme lorsqu’on part au combat ou en mission – la veille et le jour du départ. Mais dès que je me suis retrouvé seul, la mécanique de la mission, Quel avenir s’écrit désormais pour vous ? C’est assez simple : au 1er août prochain, je suis rayé des cadres d’active. Mon nouveau challenge consiste donc à préparer ma reconversion. J’ai quelques pistes pour l’instant… À tous les marins lecteurs, quel slogan prodigueriez-vous après 41 jours de solitude sur les océans? On fait un métier formidable ! Il faut savourer chaque moment. S’investir à fond dans ce que l’on fait. Grâce aux affectations, aux missions successives, on a une chance énorme de faire des rencontres humaines fortes. L’aventure c’est quoi selon vous ? La vie ! Il faut toujours avoir des projets et leur réalisation rend heureux… PROPOS RECUEILLIS PAR STÉPHANE DUGAST EN SAVOIR PLUS LE SITE DE LA COURSE RAME BOUVET GUYANE : WWW.RAMESGUYANE.COM LE SITE DE CHRISTOPHE DUPUY, LE MARIN & RAMEUR : WWW.CHRISTOPHE-DUPUY.COM INFO INFO INFO actus actus sport LE RCMN DÉFAIT LA ROYAL NAVY Sous le soleil toulonnais et un mistral persistant, les deux équipes du Rugby club de la Marine nationale ont battu leurs homologues britanniques ce 11 avril. Les filles ont d’abord surclassé leurs adversaires 60 à 5 au stade Jauréguiberry, puis les garçons ont remporté leur match 24 à 3 dans un stade Mayol survolté. 1 Le 11 avril 2012 restera une date importante pour tous les marins amateurs de rugby. Tous les ingrédients d’une grande journée étaient réunis, à commencer par le public. Au moins 10 000 spectateurs sont venus au stade Mayol pour le match des garçons. Les filles n’étaient pas en reste avec une tribune du stade Jauréguiberry bien trop petite pour contenir leurs supporteurs. « Cette victoire est, de très loin, la plus belle de toutes », commente le commissaire général Soulé, secrétaire général du RCMN, à propos du match de l’équipe masculine dont la préparation, émaillée par l’indisponibilité des joueurs, a pourtant été difficile. Les marins français ont sans doute été inspirés par Jonny Wilkinson, venu donner le coup d’envoi de la seconde période après Fabien Cibray qui avait ouvert la rencontre. Les 24 points tricolores ont été marqués au pied par le matelot Romain Lombard, associé au matelot Thomas Sylvestre pour former une charnière ravageuse face à la puissance britannique. Si, dans ce match tendu et engagé, toutes les tentatives pour marquer un essai ont échoué, la réussite n’a jamais fui le buteur de la Marine nationale alors que son adversaire n’a inscrit ses premiers et seuls points qu’un peu avant l’heure de jeu. Les joueurs de la Royal Navy n’ont jamais baissé les bras, mais étaient déjà menés de 15 points lorsqu’ils ont marqué à leur tour. La prestation des « Bleus », ainsi rebaptisés par le public, s’est terminée par une belle Marseillaise lancée depuis les tribunes. Le succès du groupe féminin était plus attendu. Mais Éric Georges, entraîneur du RCMN-F, savoure tout de même : « C’est une grande satisfaction pour cette équipe avec pas mal d’absentes, explique-t-il. Les remplaçantes ont su élever leur niveau de jeu. Mais c’est aussi la victoire de tout un groupe, avec celles qui sont à la mer ou blessées. Merci à toutes. » À l’impressionnant gabarit des joueuses adverses, les Françaises ont opposé un jeu vif et inventif, s’appuyant sur l’expérience de leurs internationales et de toutes celles évoluant au plus haut niveau national. En tout, le RCMN féminin a inscrit dix essais, par le second maître Carole Guibert, les matelots Caroline Ladagnous et Oriane Estériola, ainsi que la buteuse Evangéline Lagueyrie, élue meilleure joueuse par le staff adverse, qui a transformé cinq réalisations malgré un mistral omniprésent. Comme pour les garçons, le rythme du match n’a pas faibli, illustrant parfaitement la combativité que partagent marins et rugbymen/women. Les efforts constants des Britanniques ont été récompensés par un essai en fin de match, réduisant le score final à 60 à 5. Les trophées « Babcock » pour les garçons et « Entente cordiale » pour les filles resteront donc en France pour un an. La Royal Navy aura à cœur de les faire siens en 2013, à domicile, au Royaume-Uni. LES GARÇONS 1 – MOT Tony GASKIN 2 – QM Yulen GALLEGO 3 – MOT Florian LAPEYRADE 4 – MOT Gérald LE STRAT 5 – QM Aymeric PORTALIER 6 – MOT William WAVRIN 7 – MT Samuel SOMNICA (capitaine) 8 – SM Christophe DAUNAY 9 – MOT Thomas SYLVESTRE 10 – MOT Romain LOMBARD 11 – SM Fabrice VALETTE 12 – MOT Vincent RATTEZ 13 – MOT Guillaume CAZANAVE 14 – MOT Ludovic ACEDO 15 – SM Sébastien BENASSIS 16 – MOT Didier BELLANDO 17 – QM Gauthier BENEZECH 18 – MOT Cédric MARTINEZ 19 – MOT Luca JULIEN 20 – MOT Manuel BIDARD 21 – MOT Christopher SAUTON 22 – SM Vincent BLATCHE LES FILLES 1 – EV1 Clémence RAPHAT 2 – QM Amandine BADOL 3 – MOT Laetitia HENAULT 4 – QM Nadia CLETO LOPES 5 – IETA Katy MIKOLAJCZYK (capitaine) 6 – SM Eva DOURTHE 7 – AA Maëlle DAURIAC 8 – MOT Amandine VAUPRE 9 – MOT Jody ROMERO 10 – MOT Evangéline LAGUEYRIE 11 – Sophie MOUTON 12 – ASP Pauline DUPRESSOIR 13 – MOT Caroline LADAGNOUS 14 – SM Caroline GUIBERT 15 – MOT Oriane ESTERIOLA 16 – IETA Audrey BACONNAIS 17 – SM Aude RIBEAUCOURT 18 – SM Céline RENOULT 19 – QM Linda KACEM 20 – QM Triskèle BONNEVAL 21 – MT Sonia MARTHOURET 22 – SM Christine HOFMAN Spare : MOT Jade LOUVET MARIE-DIANE GROUCHKA COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 31 ESPACE loisirs TITANIC CENTENAIRE D’UN NAUFRAGE 1 En mer, l’accident, même s’il est très improbable n’est jamais impossible. C’est sans doute par excès d’assurance que cette évidence de la mer avait été oubliée sur le Titanic. Le navire de tous les records, par sa taille et son opulence, était réputé insubmersible. Pourtant, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, en moins de trois heures, il coulait par le fond, conduisant 1 490 personnes à la mort. Les canots de sauvetage étaient en nombre notoirement insuffisant… puisque le navire ne pouvait couler. La plus grande tragédie maritime des temps modernes a eu lieu il y a exactement cent ans. Tragédie humaine d’abord par le nombre des victimes, l’héroïsme des uns, la veulerie des autres. Deux heures entre la ren- TITANIC 1909-1912, LES SECRETS DE LA CONSTRUCTION DU TITAN DES MERS, PAR DAVID F. HUTCHINGS ET RICHARD DE KERBRECH, ÉDITIONS ETAÏ, 2012, 160 PAGES. contre de l’iceberg, l’incrédulité des premiers moments et la cohue pour échapper au monstre touché à mort. Tragédie industrielle et technique aussi, puisque ce fleuron, fierté de l’industrie navale britannique, s’avéra bien fragile. Depuis un siècle on ne cesse d’analyser la tragédie, le comportement du commandant, de l’équipage, de l’orchestre, des passagers au moment du drame, mais aussi les raisons techniques du naufrage, la solidité de la coque, la qualité des rivets… Le centenaire est l’occasion de revenir sur cet événement entré dans l’histoire. Plusieurs livres et DVD reviennent sur le bateau lui-même et sur la funeste nuit du naufrage. Pour les passionnés de techniques navales, Titanic 1909-1912, les secrets de la construction du titan des mers fera découvrir les secrets de la construction de ce navire d’exception. Les auteurs décrivent la conception, puis la construction à travers de très nombreux détails techniques et de photographies du chantier. Dans un style très différent, Titanic, l’histoire, le mystère et la tragédie retrace au jour le jour la traversée depuis Cherbourg, la vie à bord pour les passagers des trois classes, l’équipage, la passerelle et bien sûr le déroulement minute par minute du naufrage, depuis « We have struck iceberg, sinking fast, come to our assistance. » (14 avril 1912, 23 h 45) 32 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 TITANIC, L’HISTOIRE, LE MYSTÈRE, LA TRAGÉDIE, PAR CORRADO FERRULI ET PATRICK MAHÉ, ÉDITIONS DU CHÊNE, 2012, 310 PAGES. l’accident jusqu’au sauvetage des rescapés par un autre bateau le lendemain. Les nombreux portraits de passagers donnent une dimension humaine à la tragédie, la séparation des familles, les enfants perdus, et les objets remontés récemment à la surface. Deux DVD spéciaux sont aussi édités pour ce centième anniversaire et abordent Les Derniers mystères du Titanic. Des images fabuleuses de l’épave qui repose par 4 000 mètres de fond, et à travers ces images, l’autopsie du désastre, puis une enquête très bien documentée sur les causes de la tragédie. Plus de cinq heures d’images et d’enquête passionnantes. DVD : LES DERNIERS MYSTÈRES DU TITANIC, ÉDITION SPÉCIALE DU CENTENAIRE (4 FILMS : LES DERNIERS MYSTÈRES DU TITANIC (1H36), L’AUTOPSIE D’UN DÉSASTRE (1H33), LES DÉBUTS DE L’ENQUÊTE (52’) ET DES RÉPONSES VENUES DES PROFONDEURS (1H44), ÉDITION DISCOVERY CHANNEL. INFO agenda pas à nous faire part des activités que vous souhaiteriez voir figurer dans cette rubrique. [email protected] DANS LES SEMAINES À VENIR N’hésitez Du 11 avril au 4 mai, Émirats Arabes Unis Exercice de coopération interarmées Gulf 2012 (participation de la frégate Cassard). 12 et 13 avril, Toulon Tournée des ports DPMM. 17 avril, Brest, CIN Conférence de M. Pascal Le Roy, directeur de DCNS Lorient : « La construction des bâtiments de guerre aujourd’hui ». 19 avril, Ouistreham Conférence IFM-CMF : « Les Français et la mer ». Du 23 au 27 avril, Monaco Conférence hydrographique internationale. 27 avril Prise de commandement de l’Adroit. Du 9 au 12 mai, La Rochelle/Rochefort Colloque IRSEM-Université de La Rochelle : « La piraterie au fil de l’Histoire : un défi pour l’État ». Du 11 au 13 mai, Paris, Invalides Tournois de boccia (pétanque adaptée) au profit des pensionnaires des Invalides et sensibilisation aux activités handisports. 12 mai, Brest Présentation aux drapeaux de l’École de maistrance. 12 mai, Toulouse Airexpo (présence d’un Caïman Marine NH90). 12 et 13 mai Fête du nautisme (journée nationale). 29 mai Journée internationale des Casques bleus. Du 17 au 20 mai Grand prix de l’École navale. 31 mai, Brest, CIN Conférence de Jean-Christophe Victor : « Géopolitique du Moyen-Orient et du golfe Arabique ». 19 mai, Lanvéoc Journée de la presqu’île et portes ouvertes à l’École navale. 31 mai et 1er juin, Le Havre Rencontres Seagital 2.0 « Les technologies numériques au service des activités maritimes et fluviales ». Du 31 mai au 5 juin, Saint-Nazaire Record SNSM. Participation du voilier Atout Chance et d’élèves de l’École des mousses. 24 mai, Brest, CIN 47e session du Conseil de la fonction militaire de la Marine (CFMM). 24 mai, Paris, École militaire Remise du prix Armées jeunesse. 1er juin, Paris, École militaire Colloque CESM-ACORAM-CMF sur la piraterie maritime. 2 et 3 juin, Mont de Marsan (Landes) Meeting de l’air sur la base aérienne 118 (participation d’un Rafale Marine) Du 1er au 4 juin, Sables-d’Olonne Cérémonie du centenaire de la naissance de Clément Dubernet avec la présence du dundee Mutin. Du 4 au 6 juin, Hyères 4e trophée des îles d’Or. 24 mai, Lauzette 4e cross interarmées FranceSud. 12 et 13 mai La Marine en escale à Nancy. Du 4 au 8 juin, Lanvéoc, École navale Semaine de l’international (25 délégations d’écoles navales étrangères). 26 et 27 mai, Ferté-Alais (Essonne) Manifestation « Le temps des hélices ». 5 et 6 juin, Lanvéoc, École navale Colloque d’histoire navale : « Progrès techniques et stratégies navales ». 26 mai, Perpignan Rallye aérien « rêve de gosse » pour des enfants handicapés. 7 juin, Brest, CIN Colloque Mer : « Le développement pluridisciplinaire de la culture maritime dans l’enseignement en Bretagne ». 27 et 28 mai, Honfleur 151e anniversaire de la fête des marins. Du 7 au 9 juin, Dunkerque Festival mondial du film de mer « Les écrans de la mer ». 28 mai, Villeneuve (Lot) Meeting aérien (présence d’un CAP10). Du 8 au 10 juin Journées de la mer. COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012 33 COLS BLEUS N°2991 28 AVRIL 2012 CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS COUVERTURE LV (R) CHRISTIAN ERRARD ACTUALITÉS PAGE 6 : MN PAGE 7 : DÉPART AMIRAL LAUNAY: CHRISTIAN-GEORGES QUILLIVIC/MN ; LES MARINES DE L’OCÉAN INDIEN : MN ; SSF : MN ; L’ADROIT : PAUL-DAVID COTTAIS/MN PAGE 8 : FANAL : JOHANN GUIAVARCH/MN ; SOUS LE SIGNE DU CHOCOLAT : EMMANUELLE MOCQUILLON/MN PAGE 9 : PIRATERIE : MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS ; INTERCEPTION : DGA ; NATATION : CÉLINE POINOT/MN PAGE 10 : CHARLES DE GAULLE: JOHANN GUIAVARCH/MN ; SARGENTO ALDEA : GEORGES REIG/MN ; SPI OUEST-FRANCE : MN ; RETOUR À ROCHEFORT: MN PAGE 11 : ACM À OBOCK : SIMON GHESQUIERE/MN ; BMPM : THIBAUT CLAISSE/BMPM/ MN ; TIR D’ASTER 15 : MN ; LE RETOUR DES INTÉGRÉS : ASP. DELPHINE BACHELARD/MN PASSION MARINE PAGES 12-13 : LV (R) : CHRISTIAN ERRARD PAGE 14 : MN : MAIRIE DE NANCY PAGE 15 : SERGE MILLOT/MN ; NOLWENN DUPERRAY/MN ; CAP IMAGES PAGES 16 – 17 : BA 133 : LV COLOMBAN ERRARD/MN ; BSN NANCY ; MN PAGES 18 – 19 : CYRIL DAVESNE/MN ; MN ; LV COLOMBAN ERRARD/MN VIE DES UNITÉS PAGES 20 – 21 : RICHARD SÉBASTIEN PENFENTENYO/MN ; LUC CHRISTOPHE GUILLERM PAGE 22 : EMA/MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS PAGE 23 : M. (PRÉNOM POUR UNIFIER ?) PRIGENT/MN ; MN PAGE 24 : MN ; SERGE MILLOT/MN TÉMOIGNAGE PAGE 25 : SÉBASTIEN VRAC/MN CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGES 26-27 : MN PAGE 28 : EMBARQUÉS… : MN ; SIGNATURE DE L’ANOCR ET DE L’EDHEC : PHILIPPE BELINGUIER/MN HISTOIRE PAGE 29 : MUSÉE DE TRADITION DE L’ÉCOLE DES FUSILIERS MARINS SPORT PAGE 30 : DR ; SERGE MILLOT/MN PAGE 31 : SÉBASTIEN LAFARGUE/ECPAD ESPACE LOISIRS : PAGE 32 : ÉDITIONS ÉTAÏ ; ÉDITIONS DU CHÊNE ; ÉDITION DISCOVERY CHANNEL AGENDA PAGE 33 : NOLWENN DUPERRAY/MN ; MN ; PHILIPE PRUDENT/MN bimensuel DE LA MARINE NATIONALE RÉDACTION : 2, rue Royale – 75008 Paris Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01 E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë Rédactrice en chef adjointe : LV Céline Horlaville Secrétaire : Mot Phaëdra-Noor Messoussa Rédacteurs et journalistes : Stéphane Dugast ; LV Colomban Errard ; Asp. Margot Perrier Collaborateurs : EV (R) Pamela de Montleau ; Asp (R) Antoine de Surirey ; EV (R) Anne-Sophie Faubert ; LV (R) Anet Sauty de Chalon Infographie : Serge Millot Directeur de la publication : Capitaine de vaisseau Dominique de Lorgeril, directeur de la communication de la Marine Abonnements : 01 49 60 52 44 Publicité, petites annonces : ECPAD, pôle commercial – 2 à 8, route du Fort, 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92 – Mail : [email protected] Conception-réalisation : Idé Édition, 33, rue des Jeûneurs, 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant Photogravure : Média Grafik Imprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge, 77185 Lognes Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011 ISBN : 00 10 18 34 Dépôt légal : à parution 34 COLS BLEUS N° 2991 28 AVRIL 2012