Télécharger

Transcription

Télécharger
LE COURRIER ACTUARIEL
Au cœur du débat actuariel en Afrique
Banque, Finance et Assurance
Stratégie, Prospective et Décisionnel
n° 1 – trimestriel – janvier 2014
EDITORIAL
MICRO-ASSURANCE ET MICROFINANCE :
L’Actuariat en tant qu’outil de quantification des
risques demeurera élitiste. Cet élitisme n’est pas
dicté par le corporatisme mais par de compétences
exigeantes qui en font une barrière à l’entrée
nécessairement très haute. Ainsi, aussi loin que l’on
remonte dans l’histoire de ce métier, les actuaires
ont été recherchés. En 2013, l’actuaire figure en N°1
du TOP 10 des meilleurs métiers au monde.
L’actuaire aujourd’hui ne limite d’ailleurs plus son
expertise à la maîtrise des risques actuariels
(souscription, rachat…). Celle-ci couvre aussi les
risques financiers (portefeuille bancaire
ou
assurantiel). Chez DAXIAL, nous avons réuni ces
compétences afin de mettre dans les mains de nos
lecteurs l’expertise actuarielle la plus sûre et ce dans
les standards internationaux.
Dans ce premier numéro, LE COURRIER ACTUARIEL
met l’accent sur la microfinance dans sa double
dimension assurantielle et bancaire. En Afrique
subsaharienne, si la microfinance dans sa dimension
bancaire existe depuis deux décennies, elle reste
embryonnaire dans sa dimension assurantielle. Seul
l’Afrique du Sud dispose aujourd’hui d’une
réglementation de la micro-assurance. Sous
l’impulsion du Bureau International du Travail, divers
programmes de micro-assurance ont vu le jour au
cours des dernières années (Ethiopie, 2008 ;
Zambie, 2010 ; les 8 Etats de l’UEMOA et les 6 Etats
de la CEMAC réunis sous la bannière CIMA en 2011
pour les mutuelles sante…). Pour accompagner
l’éclosion de la micro-assurance, le cadre
réglementaire de l’assurance a été adapté. Nous y
reviendrons, pour ce qui est de la CIMA, dans un
prochain numéro.
Ce premier numéro s’est aussi attaché à identifier
les défis que devra relever la micro-assurance en
Afrique ainsi que les enjeux actuariels.
Enfin, l’actuariat étant indissociable des données, un
de nos experts montre comment les organiser dans
la recherche d’efficience au titre de la microfinance.
Auguste MPACKO PRISO, PhD et Actuaire
Sommaire
LE
CADRE REGLEMENTAIRE
Auguste MPACKO PRISO, PhD et Actuaire qualifié IAF
Faut-il réglementer la microfinance ? Ne pourrait-on pas se contenter d’un code de
bonne conduite ? Sinon, quid de l’autorégulation du secteur ?
La légitimité de la réglementation et la supervision des Etablissements
de Microfinance (EMF)
Si les questions supra sont légitimes, la réponse est incontestablement à chaque fois
négative. Cette réponse n’est pas dictée par la morale, qu’elle soit religieuse ou laïque.
Elle a simplement un fondement économique. La microfinance en Afrique participe de
la modernisation de nos structures économiques et même d’une certaine manière, de
nos sociétés. Il est d’ailleurs étrange de voir que le monde réuni autour de l’ONU a
multiplié les droits en tout genre et a oublié un droit aussi élémentaire et fondamental
que l’accès au compte. N’est-ce pas là un droit de base ? Est-il possible de vivre dans
le monde moderne sans accès à l’épargne, au crédit et/ou à l’assurance ? Puisque la
réponse est négative, doit-on continuer à considérer ces produits comme un luxe ? De
ce point de vue, la microfinance n’est en rien différente de la finance traditionnelle. Or,
le propre de la finance est d’être une activité qui nécessite un important capital, mais
un capital d’une extrême fragilité. Ce capital, c’est la confiance. Pour que ce capital
demeure, voire qu’il se fructifie, il faut que le système respecte à chaque instant ses
engagements. C’est ce qu’il faut mettre en place pour la microfinance.
Réglementation de la microfinance en Afrique de l’Ouest
Nous nous intéressons aux pays de l’UMOA (Union Monétaire Ouest Africaine).
L’arsenal réglementaire tourne autour des lois PARMEC 1 et 2. La première loi PARMEC
ou loi portant sur la réglementation des institutions mutualistes et/ou les coopératives
d’épargne et de crédit a été adoptée en 1993 et transposée progressivement dans les
droits nationaux des pays membres. Ses objectifs étaient : protéger les épargnants,
sécuriser les opérations, rechercher une autonomie des systèmes financiers
décentralisés et intégrer la finance informelle dans le cadre légal.
La loi PARMEC 2 a été adoptée en 2007 avec l’ambition de corriger les lacunes de la loi
PARMEC 1 mais aussi d’intégrer les standards internationaux sur la réglementation et
la supervision. Parmi les changements importants figurent le fait qu’une simple
déclaration au Ministère de l’Economie et des Finances ne suffit plus pour avoir une
existence légale mais aussi l’instauration de ratios prudentiels comme l’instauration
d’une réserve légale, la nécessité de couvrir les emplois à long terme par les
ressources stables, le contrôle des conflits d’intérêt, la limitation des risques de
l’institution au double du montant des dépôts, le contrôle de la concentration des
risques et la fixation du ratio de liquidité à 80%. La loi PARMEC 2 s’accompagne d’une
supervision à deux niveaux, régional et national.
Micro-assurance et microfinance : le cadre réglementaire
……………………………………………………………………………… 1
Micro-assurance : défis et enjeux actuariels ……………
2
Microfinance :
analyse
et
stratégies
efficientes
……………………………………………………………………………… 3
Microfinance et micro-assurance : exemples de structures
d’envergure en Afrique …………………………………………… 4
Actuaire : métier d’avenir et opportunité pour l’Afrique
……………………………………………………………………………… 4
Réglementation de la microfinance en Afrique Centrale
Dans la zone CEMAC, la réglementation de la microfinance est l’extension de la
Convention du 17 janvier 1992 portant harmonisation de la Réglementation Bancaire.
Elle s’appuie sur un certain nombre d’instructions et de réglementations (COBAC EMF
2002/02 à 2002/21). La réglementation classe les activités d’épargne et de crédit en
trois niveaux. Les EMF de premier niveau collectent de l’épargne auprès de leurs
membres et la prêtent à d’autres membres. La deuxième catégorie concerne les EMF
qui collectent l’épargne et peuvent accorder des prêts aux tiers. Les EMF de troisième
catégorie ne collectent pas de l’épargne mais accordent des prêts à des tiers.
1/4
MICRO-ASSURANCE :
Quelle performance des institutions de micro-assurance ?
DEFIS, ENJEUX ET
OPPORTUNITES ACTUARIELS
Toute institution de micro-assurance, de part sa vocation, est attendue
sur deux dimensions de performance liée, sociale et économique :
Performance sociale : ou impact social de l’activité micro-assurance.
Elle s’apprécie à l’aune de la capacité des produits conçus à vaincre ou
réduire la vulnérabilité des populations à faibles revenus auxquels ceuxci sont destinés. C’est l’efficacité des produits face aux risques des gens.
Ahoua ASSOUAN, PhD et Actuaire qualifié IAF
La micro-assurance regorge de multiples opportunités actuarielles. À
travers quatre thèmes classiques de l’assurance, à savoir Souscription,
Inventaire, Solvabilité et ALM, nous saisissons la portée de la microassurance, ses défis et ses enjeux, pour les actuaires, en Afrique.
Performance économique : c’est la capacité de l’institution à tenir ses
engagements. Elle passe par une gestion saine et transparente d’avoirs
des sociétaires ainsi qu’une très bonne maîtrise des aspects techniques
et financiers des opérations d’assurances et surtout de micro-assurance.
Souscription, maîtrise de données : Souscription renvoie pêleSolvabilité, à tous prix : Quoi que fasse le micro-assureur
mêle à demande, offre, risque, produit ou tarif. Le défi, c’est comment
modéliser le risque et offrir des produits qui répondent aux attentes
des clients dans un environnement doublement contraint : manque de
données et/ou qualité douteuse de celles-ci et faible niveau de revenus
des prétendants à l’assurance. En effet, l’assureur ne sait pas créer de
produits sans données. S’il connait bien l’ingénierie de la mutualisation,
sa limite dans le cadre de la micro-assurance résulte d’une absence de
données tarifaires, source première d’opportunité. Les deux premiers
métiers de l’assurance que sont le technique (conception de produits)
et le juridique (élaboration de contrats) sont ici inopérants. Constituer
et fiabiliser les données représentent pour le micro-assureur, et pour
l’actuaire aussi, un enjeu de taille pour mutualiser les risques et réduire
les tarifs.
(institution de micro-assurance ou assureur privé), sa solvabilité,
à savoir sa capacité à tenir ses engagements vis-à-vis des
assurés, importera. Aussi, le régisseur, la CIMA pour les pays
d’Afrique Subsahariens, édicte des normes prudentielles qui
échoient aux porteurs de risques, selon la nature de ceux-ci
(assurance non-vie et vie). La question se pose de savoir
jusqu’à quel niveau le micro-assureur est tenu. Car solvabilité
implique mobilisation de fonds propres en couverture des
engagements pris. Or l’argent du micro-assureur est rare. Quel
doit être donc le niveau d’une mobilisation optimale des fonds
propres ? Comment définir un seuil raisonné de fonds propres ?
Au sens où celui-ci permettrait de respecter les exigences CIMA
sans aggraver inéluctablement les tarifs pratiqués. Car, tout
naturellement, qu’il s’agisse de structures à but non lucratif ou
d’assureurs privés, le montant stocké ne doit pas inhiber les
opportunités de développement et l’exigence de rémunération
d’actionnaires. Conséquence, divers calculs de sensibilité doivent
alors être opérés et leur précision constamment validée, dans
des contextes toujours en évolution. Il s’agit donc, ici encore, de
vastes chantiers techniques qui échoient à l’actuaire : quand
l’argent manque, les analyses de prospective au titre de la
solvabilité sont un véritable gage d’assurance.
Inventaire, à coût raisonné : Le rôle de l’activité d’inventaire est
primordial : suivre, piloter et contrôler les engagements pris envers les
assurés. Mais aussi, établir les comptes techniques et produire les états
réglementaires et statistiques sont de son ressort. De même alimenter
les divers services Solvabilité, ALM (ou Gestion Actif/Passif ou GAP) et
Comptabilité est au cœur de sa mission. L’inventaire est le garant des
flux de provisions, d’intérêt technique, de participation aux bénéfices,
etc., qui sont incorporés dans les comptes. La micro-assurance dans
une optique professionnelle ne peut y échapper. Toutefois ici, l’argent
manque ! Et parce que l’argent manque, tout centime de franc vaut de
l’or. Le défi actuariel sera alors d’innover, voire d’inventer et remodeler
la chaîne de valeur classique d’inventaire pour réduire le coût. Il s’agit
de piloter les engagements pris à prix raisonnés, de sorte que la
charge d’inventaire n’aggrave pas la charge pure du risque. Pour cela,
des arbitrages de processus sont donc nécessaires, mais réalisés de
façon optimisée pour ne pas vider de sa substance l’inventaire : cet
enjeu d’équilibrage nécessite le travail d’un actuaire-expert.
ALM, bouffée d’oxygène : Tout tarif de micro-assurance est
contraint. En outre, la CIMA veille au respect des engagements
pris au travers d’exigences de solvabilité. Se profile toutefois la
nécessité de faire fructifier passifs et fonds propres (quand bien
même leur endossement aux actifs reste encadré, les supports
éligibles et parts allouées sont réglementés). Mais, les diverses
stratégies et les compositions des portefeuilles d’actifs sont très
dynamiques par essence. De même, la structure des contrats,
leurs horizons et toutes leurs options cachées (participation aux
bénéfices, rachats, etc.), varient. Dès lors, les réalisations et les
pilotages prospectifs de l’activité de gestion d’actifs et de passifs
(ALM) sont primordiaux. L’allocation stratégique de placements
limite les risques financiers et accroît les chances de paiements
des prestations assurées. L’actuaire sera ici aussi sollicité, et sa
compétence technique ALM aidera, naturellement, à renforcer la
performance cible. C’est le pilotage prudentiel de l’ALM.
Micro-assurance : définition, histoire et modèles
La micro-assurance est un plan financier qui utilise la mise en commun des
risques afin de fournir des compensations aux individus ou à des groupes qui
sont touchés défavorablement par un risque particulier ou par un événement.
Les personnes qui sont affectées par un événement négatif profitent des
contributions d’autres individus. Le préfixe « micro » dénote la subdivision des
produits d’assurance qui sont censés être avantageux et abordables par des
individus ou des groupes à faible revenu (Brown, Green et Lindquist, 2000).
L’offre d’assurance aux ménages pauvres n’est pas un concept nouveau. Les
associations de crédits, les coopératives et les organisations informelles avaient
en effet offert l’assurance aux pauvres pendant des décennies et même plus
longtemps encore. En outre, le secteur commercial d’assurance est une source
importante de connaissances et de compétences. Aussi, bien qu’il subsiste un
potentiel pour l’innovation dans l’offre de la micro-assurance, les acteurs de ce
secteur sont tous conscients d’utiliser davantage possibles les leçons et les
expériences historiques.
Cinq conditions classiques de succès d’une micro-assurance :
1.
2.
3.
4.
À ce jour, trois modèles institutionnels différents opèrent en micro-assurance : le
modèle assureur de service complet (cas d’un assureur commercial), le modèle
d’associé-agent (séparation de la conception du produit de son marketing et de
sa distribution) et le modèle de l’assurance basée sur la communauté (les
assurés eux-mêmes sont à la fois les propriétaires et les gestionnaires).
5.
Les produits doivent être disponibles uniquement que pour les risques
spécifiques (couverture uniquement des risques particuliers, etc.).
Le nombre d’assurés doit être suffisant pour la mutualisation des
risques ; car une taille faible d’assurés peut créer une forte volatilité.
Une absence de covariance : l’événement redouté doit toucher un
nombre limité de personnes à la fois (risques moraux et antisélection).
Le portefeuille de la micro-assurance doit inclure des cas de risques
bas et hauts pour que le risque moyen de se produire dans la mise en
commun soit similaire à la moyenne dans la population générale.
La probabilité de perte doit être mesurable : difficulté d’estimer les
actifs et de fixer les indemnités, probabilité de fausses déclarations
élevée, etc.).
2/4
MICROFINANCE : ANALYSE ET
STRATEGIES EFFICIENTES
Désiré SEU, Mathematics PhD et Actuaire
Des études récentes dirigées par la Banque Mondiale révèlent qu’en
moyenne une personne sur cinq vit avec moins de 1 dollar par jour.
Ce triste constat est plus sévère en Afrique subsaharienne où 50% de
la population vit avec 1,25 dollar par jour. Cette même étude révèle
qu’en 2010, dans cette région du monde, 414 millions de personnes
sont en situation d'extrême pauvreté, soit plus d’un tiers des cas
recensés dans le monde.
Face à ce constat de difficultés économiques, les banques concourent
peu à la l’amélioration de cette situation socio-économique, puisque
non seulement le taux de bancarisation en Afrique Subsaharienne est
de moins de 7% mais elles prêtent rarement.
L’importance des services financiers n’étant plus à démontrer, les
bailleurs de fonds ont mis en place le microcrédit pour les populations
pauvres. Des expérimentations de micro-assurance ont lieu ici et là
pour la même cible.
Même s’il reste encore des aspects à parfaire, la microfinance connaît
aujourd’hui dans les pays Subsahariens un essor spectaculaire à tel
point qu’elle arrive à apporter des services financiers diversifiés à des
dizaines de millions de clients qui n'y avaient pas accès il y a quelques
temps (instruments d'épargne, services de transfert de fonds et
d'assurance, …).
Quelques principes clés de la microfinance :
 Par essence, la microfinance ambitionne de fournir aux populations
démunies une gamme de services financiers au-delà du seul
microcrédit. Elle s’attaque en priorité à la lutte contre la pauvreté.
 Pour être pérenne, elle doit assurer la viabilité financière des
opérations pour pouvoir couvrir les populations à faible revenu. Ce qui
passe par la création d’institutions financières locales fortes.
 Les pouvoirs publics doivent garantir la sécurité des opérations de
microfinance.
 Pour gagner la confiance des clients, les activités financières doivent
être transparentes et l’information publiée par les institutions de
microfinance crédible.
Quelques bonnes pratiques de transparence :
 Faire de la transparence une valeur clé de l’organisation. La
transparence dans la gouvernance doit être ou devenir une réalité
pour les dirigeants, administrateurs et élus. Ils doivent avoir un
comportement exemplaire pour inspirer leurs équipes. Honnêteté et
compétence doivent être leurs valeurs cardinales.
 Construire des bons indicateurs de performance. Il s’agit des
indicateurs financiers, qui quantifient l’activité et mesurent la
performance financière (résultats et ratios financiers), ainsi que
les indicateurs de performance sociale qui évaluent comment
l’IMF réalise sa mission, ses objectifs sociaux et sa responsabilité
sociale (cf. Box précédent).
 Produire des informations utiles et fiables. Le système
d’information de gestion (SIG) doit garantir l’exactitude des
données recueillies et saisies, et préserver leur intégrité lors de
leur transmission et transformation (cf. Box suivant). C’est là que
le Business intelligence (BI) ou le décisionnel jouera son rôle.
 Consolider le contrôle interne permettant de minimiser les
risques, via la vérification de l’efficacité des opérations, de la
fiabilité et exhaustivité des informations, et la conformité des
opérations aux lois et réglementations en vigueur.
 Renforcer l’audit interne et organiser l’audit externe, ce dernier
étant mené par des personnes externes à l’institution.
 Organiser un rating, synthèse d’une évaluation précise (fiable et
à jour du niveau de risque/des performances des institutions),
menée par une entité externe et indépendante.
 Transformer les données en information, par une analyse
permettant de dégager les messages clés sur la performance de
l’institution et diffuser l’information.
Un historique de la microfinance à partir de 1970
Années 1970 : Développement des mutuelles d’épargne et de crédit
dans les pays en développement après l’échec des banques de
développement rural financées par l’aide internationale et les États dans
les années 1950. Mise en place de programmes expérimentaux de
microcrédits consentis à des groupes de femmes démunies.
1989 : En France, Maria Nowak crée l’Association pour le droit à
l’initiative économique (Adie).
2005 : Les Nations-Unies déclarent 2005 Année internationale du
microcrédit, sous le slogan « Mettre en place des secteurs financiers
participatifs pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le
développement ».
2006 : Le Professeur Muhammad Yunus et la Grameen Bank, qu’il a
fondée en 1976, reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix.
2009-2012 : Suite à plusieurs crises localisées, plusieurs initiatives sont
lancées pour renforcer la supervision, la transparence et la performance
des institutions de microfinance.
Quelques axes d’améliorations :
 Contre toute attente, les institutions financières plus soucieuses
de leur progression fulgurante ont tendance à tourner le dos aux
populations à faible revenu et à ne se concentrer que sur la
finance. Ainsi, il est opportun que les institutions de microfinance
pratiquent leur métier à proximité de leur vraie cible, les plus
démunis.
 Être au service de la population démunie quelle que soit le lieu
d’intervention. Telle doit être est la devise de la microfinance.
Mais cette devise serait vaine si les institutions n’intègrent pas
en leur sein les autochtones qui connaissent mieux leurs besoins
ainsi que leurs secteurs d’interventions prioritaires, à condition
qu’ils observent scrupuleusement les valeurs à l’origine de la
microfinance.
 Étant donné que les institutions de microfinance détiennent une
masse très importante de données, il serait primordial qu’elles
les exploitent à bon escient. Elles peuvent ainsi recourir aux
outils décisionnels, d’une part pour comprendre le comportement
des clients et, d’autre part, pour pouvoir prendre des décisions
pertinentes et idoines qui s’imposent dans des délais très courts.
3/4
« Actuaire : métier d’avenir et
opportunité pour l’Afrique »
MICROFINANCE ET MICRO-ASSURANCE :
EXEMPLES DE STRUCTURES D’ENVERGURE EN AFRIQUE
Ange ZORO BI, ISE, Actuariat & Finance
Bien que tous s’accordent sur l’importance et le potentiel marché
que représenterait la microfinance et la micro-assurance en
Afrique, force est de constater le peu d’engouement qu’ont encore
les entrepreneurs pour ce marché. Le secteur de la microfinance
en Afrique est ainsi structuré autour de deux types d’institutions, à
savoir les institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de
crédit et les institutions non mutualistes (ONG et Société
Anonyme). Les structures mutualistes ou coopératives d’épargne
et de crédit regroupent la quasi-totalité des institutions de
microfinance du marché. Nous présentons ici l’exemple de trois
structures d’envergure opérant sur le marché africain.
UNACOOPEC-CI : Union Nationale des Coopératives d’Epargne
et de Crédit de Côte d’Ivoire, né en 1976, sous l'initiative de
l'Office National pour la Promotion Rurale (ONPR), par la création
de la première entité de base le 28 janvier 1976 à Kouto. Au 15
septembre 2011, le Réseau comptait 69 caisses et points de
services agréés, 881.535 membres et avait un encours de dépôts
de l’ordre de 80 283 768 985 FCFA, avec un encours de crédit de
17 078 383 280 FCFA. En termes de parts de marché, ce réseau,
l’un des plus importants de l’Afrique de l’Ouest, concentre à lui
seul 80 % de la clientèle des IMF de Côte d’Ivoire, 90 % des
dépôts et 80 % des crédits.
ADVANS : Depuis l'ouverture de la première institution en 2007
au Cameroun, le réseau s'est successivement étendu au Ghana,
en RDC, en Tanzanie, en Côte d’Ivoire et au Nigeria. À travers le
monde, le groupe Advans compte 3 250 employés, et sert 375
000 clients dont 325 000 emprunteurs.
MicroCred : MicroCred est une société d’investissement créée
par PlaNet Finance et des investisseurs partenaires : la Société
Financière Internationale (SFI), la Société Générale et AXA
Belgium. L’institution est présente à Madagascar, au Nigeria, en
Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Mali… et totalise environ 75 000
clients actifs.
La majeure partie des structures de microfinance commercialisent
à leurs clients des produits de micro-assurance pour le compte de
sociétés d’assurances classiques.
L’actuaire est spécialiste du chiffrage et de l’évaluation. Il
intervient, entre autres, dans le montage de produits financiers et
d’assurances : il définit leurs conditions de rentabilité et de
pérennité et suit, aussi, leur évolution via des études d’adéquation
et d’anticipation. Il est donc au cœur des études stratégiques
d’actif/passif et de solvabilité des industries d’assurance, de banque
et de finance. L’aide à la décision qu’il propose permet de tirer
pleinement profit d’opportunités d’affaires liées aux analyses de
risques. Or, justement, risque et opportunité sont deux états
structurellement indissociables et reflets du champ économique de
l’Afrique : les opportunités des plus belles affaires côtoient les
risques des plus belles pertes. Qu’on soit clair : cette loi n’est pas
spécifique à l’Afrique. Mais, les structures économiques et
financières y sont encore très jeunes, pour des demandes fortes et
bien trop multiformes. Fréquence et coût, deux notions très chères
à l’actuaire y sont alors à conceptualiser, à construire et à opérer.
Pour ça, il faut des experts locaux qui savent décrypter la demande
et y adapter l’offre car, ici, le micro et l’informel constituent la vraie
richesse à saisir. La réelle contrepartie est pourtant la fiabilisation
préalable des données : autant ces dernières manquent avec une
grande acuité, autant elles doivent absolument être maîtrisées...
Témoignage d’un Actuaire-Expert opérant en Afrique
L’assurance telle que pratiquée chez nous a évolué pendant
longtemps en marge des problèmes sociaux qui ravagent les
revenus de nos populations et les maintiennent dans la précarité
absolue et l’insécurité financière. Le développement récent de la
micro-assurance a favorisé la correction de cette erreur qui a
voulu que les primes soient fonction de la capacité au détriment
de la quantité d’une part, et que les prestations soient de qualité
et non de nécessité d’autre part.
Mon intérêt pour la branche santé remonte à mes débuts où un
ancien professeur m’avait instruit que tout groupe se constituait à
partir d’une combinaison aléatoire d’individus et qu’à ce titre, les
couvertures santé pouvaient être proposées à des particuliers.
Tout produit fortement mutualisé détermine rapidement les
composantes endogènes de son équilibre. Mais les évidences
peuvent se heurter aux pratiques commerciales, aux règles de
souscription et à des rigidités techniques notamment les ratios
d’équilibre à 65%.
Les acteurs ont récemment assoupli les règles sans favoriser le
développement à cause de l’unicité de paiement des primes. Les
Etats semblent s’intéresser à la protection sociale de leurs citoyens
même si parfois la communication devance les préalables de
personnel, de formation et d’infrastructure. La bonne santé jaillira
manifestement de la convergence des approches du privé et du
public vers un système inclusif et participatif.
Serge POKOU, PDG de STANE International, Côte d’Ivoire - Mali
LE COURRIER ACTUARIEL est une production de DAXIAL, Cabinet de conseil
en stratégie et prospective actuarielle, global risk management et en informatique
décisionnelle. DAXIAL assiste les industries de la banque, de la finance et de
l’assurance. Nos experts œuvrent également pour le compte des institutionnelles
publiques et privées, les organismes non gouvernementaux, et accompagnent les
entreprises. DAXIAL opère uniquement en Afrique, subsaharienne notamment.
Microcare : se lance, en 2001, en Ouganda, dans l’assurance
santé, à l’époque sous la forme d’une organisation sans but
lucratif. Elle développe ensuite ses opérations et devient une
compagnie d’assurance santé commerciale en 2005.
Web : www.daxial.com - Mél : [email protected]
Au total, c’est dire combien le marché Africain reste très ouvert à
divers autres innovations en microfinance et en micro-assurance.
Capital social : 1.000.000 FCFA - CI-ABJ-2013-B-6911
01 BP 1174 Abidjan 01 - Tél. : (+225) 22 35 44 08
4/4

Documents pareils